Interview Marie David (Gainsbourg, rue de Verneuil)

5, bis rue de Verneuil par Marie David

Un entretien de BRUCE LIT

VF : Plon

1ère publication le 11/09/20- MAJ le21/09/23

Lorsque Gainsbourg vit sa passion avec Bardot, c’est un peu la honte quand même : abriter ses ébats avec la femme la plus désirable de l’époque dans une piaule étudiante n’est pas à la hauteur de l’aspirant Dandy qui rêve de revivre ce qu’il a ressenti en faisant l’amour avec sa première femme dans la chambre de Dali : transformer sa maison en oeuvre d’art.
Alors qu’il achète un petit hôtel particulier Rue de Verneuil sauf que… Bardot se barre entaillant à jamais l’orgueil de l’homme à tête de choux.

L’appartement noir abritera le bonheur avec JANE B, entendra les accords de ses créations, généralement plaqués après une nuit de bringue vers 6 heures du matin puis la solitude et la dépression du beau Serge qui y mourra seul.

A la fois lampe d’Aladin et Peau de Chagrin qui l’inspire autant qu’elle le draine de son énergie vitale, il fallait tout le talent et la sensibilité de Marie David pour raconter les rapports entre cet appartement et Gainsbourg, une maison qui finira littéralement par le dévorer vivant.
C’est un grand honneur pour moi d’accueillir une biographe de Gainsbourg qui s’est prêtée le plus simplement du monde à mes questions via mail.

Bonjour Marie. Le nombre d’ouvrages sur Gainsbourg sont pléthores, la bio de Gilles Verlant fait autorité, pourquoi écrire sur Serge Gainsbourg en 2020 ?

Ce livre est le fruit du hasard. Je suis réalisatrice de documentaire. J’ai été sollicitée par une société de production pour réaliser un documentaire sur Serge Gainsbourg. J’étais ravie, mais à l’image des nombreux ouvrages parus sur Serge, les films et reportages sont abondants. J’ai cherché… Bouleversée par le livre de photos de Tony Franck sur la rue de Verneuil, j’ai compris que je tenais le fil d’une histoire qui me permettait de raconter beaucoup de l’intime et de l’œuvre de Serge. J’ai réalisé d’abord un documentaire, et le lendemain de sa diffusion, les Editions Plon m’ont contactée pour me proposer de faire un livre. Je ne suis pas écrivaine, mais je me suis jetée dans l’aventure.

La lecture de ton ouvrage est limpide et à l’image de l’œuvre de Gainsbourg : on y rit (l’épisode de Munkey, le singe de Jane oublié dans un hôtel) et on y pleure : la déchéance terrible d’un homme blessé qui fuit le bonheur de peur qu’il ne se sauve….

C’est sans doute le plus bouleversant et le plus troublant chez Serge Gainsbourg. Il était aussi solaire que sombre, aussi drôle que pathétique. C’est Gainsbourg et Gainsbarre. Et plus que tout, c’est la sensibilité de cet homme qui m’a le plus touchée, elle est plus à son image que son arrogance affichée pour cacher sa timidité.

As-tu visité la rue de Verneuil ?

C’était évidemment, au point de départ, LA condition, pour faire ce film, puis ce livre, visiter la rue de Verneuil sentir l’ambiance. Il aurait été possible de le faire, mais par des moyens bien peu « officiels » et je n’ai pas voulu. Sans l’accord de Charlotte, aujourd’hui seule propriétaire du 5bis, ce n’était pas imaginable. Et je n’ai pas réussi. Mais plutôt que de renoncer au projet, je me suis nourrie d’archives de Serge dans son antre (et il y en a tant !!), et des rencontres avec ceux qui ont connu l’homme, l’artiste, et surtout la rue de Verneuil.

Ta postface ne précise pas si tu as rencontré les actrices de la vie de Gainsbourg : Jane, Bambou, Charlotte…

J’ai rencontré Charlotte, échangé avec Jane et Bambou. Et eu la chance d’interviewer très longuement des très proches.

Gainsbourg et son livre d’or

L’amour et la tendresse pour Serge Gainsbourg resplendit à chaque page. Tu ne fais pourtant pas abstraction des failles de l’homme : manipulateur, tyrannique par moment et dépressif…

La rue de Verneuil, c’est une tranche de vie de Serge Gainsbourg. Et il y a des épisodes heureux, et malheureux, des rires, des larmes, un décor qui change aussi au gré de ses humeurs et de sa popularité.

Mais quand on décrypte et que l’on cherche un peu les raisons pour lesquelles il a pu se montrer provocateur ou vaniteux, on ne peut être que ému par cet homme si fragile, si précautionneux avec les autres, comme il l’était pour les objets de sa maison

Contrairement à la croyance populaire et à ce que véhiculait Gainsbourg à l’écran, ton livre m’a appris que Serge pouvait être lassé voire blessé par les graffitis sur sa façade…

La notoriété qu’il a tant cherchée, tant attendue l’a lassé. A la fin de sa vie, Serge Gainsbourg est fatigué, il est malade et il est incroyablement seul. Le 5 bis devient un bunker et il y cultive la mélancolie. Si les graffitis sur son mur sont un livre d’or, il aspire à plus de sérénité. C’est aussi ce qu’il ira chercher en Bourgogne en quittant la rue de Verneuil pour l’Etablissement de Marc Meneau.

Une question m’est venue en te lisant concernant Fulbert son majordome, un personnage aussi dévoué à la vie de son patron que le Nestor de TINTIN ou Anthony Hopkins dans LES VESTIGES DU JOUR. Qu’est-il devenu ?

Fulbert est décédé, quelques années après Serge. Il s’est occupé un temps après la mort de Serge du 5 bis. C’était son homme de confiance, sa maman, son ami. Serge savait qu’il pouvait compter sur lui à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit.

Serge et Nana : une authentique histoire d’amour. Son décès plongera Gainsbourg dans une profonde dépression.

Gainsbourg étant ambigu en tout : à la fois conscient de son génie et affamé d’amour et de reconnaissance. Un simple compliment de l’homme de la rue pouvait le bouleverser. Comment l’expliques-tu ?

Serge était avant tout un homme très simple. Assoiffé de reconnaissance, certes, comme une revanche sur la vie, comme un pacte accompli pour son père qui a si longtemps épuisé ses doigts sur les claviers pour nourrir sa famille. Il avait sa revanche à prendre, pouvait claquer des Pascal sans compter, se montrait d’une générosité extrême. Mais il n’a jamais oublié ni renié ses origines.

Partager un moment avec un chauffeur de taxi, un éboueur, un anonyme de son quartier faisait partie de lui, de sa vie. Ce qui ne l’empêchait pas, avec son talent, de côtoyer des stars, qu’il pouvait, pour certaines, trouver profondément ennuyeuse d’ailleurs.

On sait que Gainsbourg commence à boire et fumer dès son service militaire. Sait-on à quel moment son entourage réalise son alcoolisme ? Au moment de son infarctus ?

Oui, il commence à boire et fumer avec excès, lors de son service militaire. Mais à l’époque, on ne parle pas encore d’alcoolisme… on avait une tolérance beaucoup plus grande avec le levage de coude… Et Serge, malgré un physique assez mince était d’une résistance incroyable…

On dit qu’il fumait jusqu’à 80 cigarettes par jour. Mais pour beaucoup d’entre elles, c’était un accessoire. Gainsbourg tenait une cigarette entre ses doigts, se cachait derrière ses volutes. Elles étaient des compagnes… Il aura assez tôt des soucis cardiaques et s’en inquiètera bien sur, sans parvenir à raisonnablement arrêter ces poisons.

Si timide qu’il se cachait derrière la fumée
 © Ed Illustratrice d’après une photo en Wiki Common de Claude Truong-Ngoc

Revenons à la rue de Verneuil que Gainsbourg conçoit comme une œuvre d’art à part entière. Il y a quelque chose de vampirique là-dedans, non ? Se nourrir de l’admiration de tous les visiteurs qui y pénétraient….

Vampirique, c’est tout à fait le terme. Serge voulait être peintre, mais, déçu par son talent, il se tournera vers la musique et la chanson. Si il ne reprend pas les pinceaux, il va, avec la rue de Verneuil façonner une œuvre d’art, jusqu’à sa mort. C’est tout à la fois un cabinet de curiosité, un musée. C’est tout à son image. Et tous ceux qui ont pénétré dans l’antre de Gainsbourg n’en sont pas ressortis indemnes.

Il aimait regarder ceux qui franchissaient le seuil de la porte du 5 bis. C’était hypnotique. Un génie ne peut s’accommoder de l’ordinaire. Serge l’a très vite compris, et ses amis ou ses connaissances qui entraient au 5bis l’ont constaté.

Tu racontes que Gainsbourg était très casanier et souffrait d’être éloigné de son antre. Lorsqu’il y revenait, il aimait contempler son intérieur. Peut-on assimiler cette contemplation au Flash que les héroïnomanes recherchent à chaque fix ?

Je comparerais ça plutôt au lien indéfectible, presque charnel que l’on peut avoir avec une vieille maîtresse. Quelqu’un que l’on connait par cœur, et réciproquement et dont on ne peut se séparer trop longtemps. Car si elle a été le témoin de beaucoup de vous tourments, elle a été le repère de vos plus belles aventures aussi et porte tous vos souvenirs.

Alors on se dit raisonnablement quelque fois qu’il est préférable de se quitter, de ne plus se voir un temps. Mais le lien est plus fort que tout… et vous revenez, même au prix d’une grande souffrance.

L’histoire de Gainsbourg prend un tournant dramatique au moment de l’écriture pour Vanessa Paradis. Il essaie de s’extraire des fantômes de Verneuil et de composer à l’hôtel Raphael sans succès. Verneuil est devenue une peau de Chagrin qui le nourrit et le dévore en même temps…

Serge aimait le luxe. Et il est par-dessus tout conscient de son état de fatigue. Pour l’écriture de l’album de Vanessa, il s’est battu pour être l’unique parolier, ce qui, au départ, n’était pas le projet des managers de cette « Lolita » comme Serge la surnomme.

Rue de Verneuil, il a ses habitudes, et pas les meilleures, bien ancrées… Le 102 au petit déjeuner (son double Pastis au réveil Ndr), les fans qui toquent à la porte. Il veut (re) devenir le meilleur et faire avec cet album un pied de nez avec ceux qui le pousse déjà dans la tombe. Alors, il s’éloigne et prend ses quartiers au Raphaël, comme il l’a déjà fait. Mais malgré les consignes qui sont passées au barmen, il retombe dans ses travers, et surtout, il n’est pas productif, ses textes ne sont pas bons.
C’est son retour Rue de Verneuil qui sera salvateur pour terminer ce projet d’écriture.

Le poète pleure chez Sebastien. Il paiera à bouffer à tous les gamins du plateau.

Tu te montres impitoyable envers Patrick Sabatier et les interviews que Serge lui a donné. Pourtant, il posait les bonnes questions : pourquoi avait-il besoin de souffrir pour créer ? Pourquoi se détruire alors qu’il adorait ses enfants ?

Impitoyable, je ne sais pas. Je trouve que le jeu des médias a été très cruel. Inviter Serge Gainsbourg, c’était à coup sûr faire le buzz. Il n’était pas du genre à rester sagement assis et attendre qu’on lui donne la parole. Et il a donné le change… Il a choqué, volontairement, bêtement. Mais les complices qui ensuite se sont offusqués, alors qu’en coulisses ils ont tiré les ficelles de ce jeu machiavélique, je ne les aime pas beaucoup, non.

Serge était un homme fragile, et certaines des interviews qu’il a données me mettent mal à l’aise. Les présentateurs TV qui se muent en psy de comptoir, je n’aime pas trop… Mais c’était le fonds de commerce de certaines émissions, et Serge y est allé.

Tu reviens également sur sa souffrance de ne pas avoir vu grandir ses deux premiers enfants Natacha et Paul. Ceux-ci ne se sont jamais exprimés publiquement…

Je crois que porter un nom comme celui-là n’était pas simple. Et surtout, le contexte familial était très compliqué.

Sa dernière demeure, avec ses parents qu’il adorait
©Wikicomons

J’ai toujours pensé qu’après L’HOMME A TETE DE CHOU, Gainsbourg capitule. Ses albums reggae et funk cartonnent mais sont d’avantage l’initiative de Philippe Lerichomme que la sienne. Il y vide ses fonds de tiroir juste au moment où arrive le succès. C’est désormais pour Jane qu’il se montre brillant. Partages-tu cette opinion ?

Oui, tout à fait. Il a tant cherché le succès avec des albums qui lui ressemblent, sans y parvenir qu’il va « lâcher l’affaire ». Sans se compromettre non plus avec Lerichomme, mais c’est lui qui devient un peu l’homme de main, celui qui connait les tendances et qui va embarquer Serge dans ses aventures.

L’écriture des albums de Jane est à la marge. Il reste le chef d’orchestre et personne d’autre que lui ne peut et doit prendre la main… C’est à chaque chanson un message d’amour, une lettre de désespoir. C’est d’une beauté cruelle…

Serge Gainsbourg finit sa vie romanesque en mourant chez lui, seul, apparemment sans douleur dans son sommeil. Verlant se demandait s’il ne s’agissait pas d’un suicide : il se savait condamné et n’avait pas pris ses médicaments pour le cœur…

Oui, beaucoup se posent la question. Il a demandé et insisté pour que Fulbert parte en We, N’a pas souhaité de visite cette fin de semaine là. Il était un homme épuisé, rongé par la maladie. Il avait fait en sorte de gâter ceux qu’il aime quelques jours ou semaines avant son décès. Ça peut questionner. Il n’a laissé aucune lettre, mais il a laissé la Rue de Verneuil.

Christophe nous a quittés cette année. Il y aurait beaucoup écrire sur son antre Boulevard Montparnasse… Tentée ?

Beau personnage en effet… A réfléchir.

Ton album de Gainsbourg préféré ?

MELODY NELSON

Un dernier mot pour nos lecteurs ?

J’espère que vous prendrez plaisir à découvrir, à travers ce livre, et son adresse, un homme raffiné et drôle qui a laissé un héritage musical incroyable et intemporel.


La BO du jour,

Quel meilleur guide que Charlotte pour visiter la rue de Verneuil ?

25 comments

  • Patrick 6  

    Bigre ! Ecrire un livre sur le lieu d’habitation de Gainsbourg est une démarche inattendue ! Le hasard a voulu que la semaine dernière j’achète un livre intitulé « Le Paris de Gainsbourg » on y parle évidemment de son enfance rue de la Chine jusqu’à la rue de Verneuil ! Bref pour revenir à nos moutons, cette approche (et cette interview) éveillent ma curiosité ! J’ai du reste découvert où se trouvait cette rue ! Curieusement je l’avais toujours imaginé dans le 16 ou 17eme mais non pas du tout c’est à 2 pas de Saint Germain des Prés ! A se demander pourquoi je n’y suis pas allé avant !
    Il a été longtemps question de faire de ce lieu un musée, apparemment le projet n’a pas abouti.

  • Manu  

    Approche aussi peu orthodoxe qu’intéressante dans cette interview. Je ne suis pas fan de l’artiste, mais l’interview donne envie de s’y intéresser. Et toujours le superbe dessin de Ed. Merci

  • Bruce lit  

    @Patrick : il faut absolument que l’on se fasse ensemble un pèlerinage Gainsbourg ensemble. Puisque il n’y a pas de Comic Con, voilà une idée de sortie…
    Rue de Chine : il y a une plaque ?
    Un musée Gainsbourg est envisagé par Charlotte avec des difficultés insolubles : Gainsbourg aimait le luxe mais sa maison est assez petite, bien loin des palais de Johnny. En outre la circulation serait assez exiguë et le risque que disparaissent des objets posés sur son piano ou à même le sol sont immenses. Cadres, photos, disques d’or, sa collection de médailles, les poupées de Jane, tout ça peut se barrer.
    J’adorerai visiter la rue de Verneuil mais a-t-on vraiment envie d’ouvrir ce lieu à des bobos en mal de sensations ? Gainsbourg était si maniaque qu’il a congédié Depardieu, Coluche et Dutroinc parce qu’ils avaient touché à ses objets. NOn, sérieux quand tu voix ces abrutis qui se font des selfies à Auschwitz, je ne suis pas sûr que Serge aurait aimé voir sa maison envahie par des Hipsters en sandale-chaussettes.

    @Manu : oui le dessin de Edie est très bon. Elle aura souffert la pauvre, je lui en ai refusé toute une série car le photographe à qui j’ai demandé l’autorisation de les reproduire a émis un refus catégorique.

  • Tornado  

    Mon idole ! 🙂

    J’ai vu le bouquin de Marie David en librairie et je dois dire que je suis très tenté. J’envisage de me l’offrir. J’ai déjà le livre de photos de Tony Franck que j’adore et dont je ne me lasse pas. Dans la préface, Charlotte parle effectivement d’ouvrir la maison du 5bis aux visites, façon musée. Mais elle n’a manifestement pas encore trouvé de solution pour ça. Les pièces sont exigues et surchargées. Elle n’y a rien touché depuis le décès de son père. Même les mégots dans les cendriers y sont encore. J’avoue que j’adorerais la visiter. Mais effectivement ça rendrait fou d’y voir des abrutis entrain d’y faire des selfucks et des ordures essayer d’y piquer des souvenirs…
    Je me suis fait le pélerinage depuis la rue de Verneuil jusqu’au cimetière du Montparnasse. C’était très émouvant pour un fan comme moi, malgré un épisode glauque (deux vieilles clochardes entrain de boire des bières sur sa tombe et hurler des trucs immondes). C’était tout l’univers de Serge reconstitué depuis la poésie des murs extérieurs du 5bis jusqu’au versant sordide de la décrépitude liée aux excès…

    Bon, venons-en aux choses sérieuses : J’apprends que Marie David a réalisé un documentaire avant d’écrire son bouquin. Peut-on savoir s’il est possible de le regarder ? Où est-il disponible ?

  • Eddy Vanleffe  

    J’ai vu récemment le film de Sfar qui brosse un portrait entre originalité et passe plus que convenu (Bardot et ses clébards) mais je le soupçonne de vouloir plus parler de lui (les dessins de Gainsbourg sont les siens et le drôle de génie qui le suit est clairement un trip perso de même qu’insister sur sa judaïté ) que du chanteur.
    Gainsbourg, c’est devenu le socle commun je sais déjà plein de choses sur sa vie, ses amours et ses emmerdes alors qu’il ne m’a jamais intéressé plus que ça.
    Les chansons que je préfère de lui sont celles pour Jane Birkin… il a du passer des années de sa vie à lui demander pardon.
    Le personnage de Pygmalion en lui m’a toujours laissé froid par contre, ça a donné de beaux disques, mais rien de plus…
    il faudra un jour que j’écoute L’homme à la tête de chou…

    • Bruce lit  

      Ah le film de Sfar…
      La musique est très chouette, j’en avais même fait la review sur Amazon en son temps qui avait été adoubée par son compositeur.
      Le film ne manque pas de charme avec un casting de choix. Mais c’est vrai que je ne comprends pas ce qu’il a voulu faire avec cette histoire de gueule qui n’apporte rien à l’histoire et surtout pourquoi arrêter l’histoire à la naissance de Gainsbarre qui est le personnage qui fait rentrer Gainsbourg dans l’imaginaire collectif. C’est à partir de là que le chanteur devient un héros de BD et Sfar à mes yeux passe à côté de son film.
      Les chansons pour Jane sont en effet pleines de grâce et d’élégance. De la période Gainsbarre je ne retiens que le joli album pour Charlotte, Jane et SORRY ANGEL qui est bouleversant avec DEPRESSION AU DESSUS DU JARDIN qui me glace le sang par sa tristesse absolue.
      J’aimerai dire aussi l’album avec Bashung mais je ne l’écoute quasiment jamais.

    • Jyrille  

      Oh oui Eddy, il faut écouter au moins deux disques de Gainsbourg : Melody Nelson et L’homme à tête de chou. Des albums qui s’écoutent avec attention, tant la méticulosité des textes ne permet pas de faire autre chose.

      • Tornado  

        Ce sont les deux meilleurs. Mais il y en d’autres qui sont des bijoux, à diverses époques (jazz pour les 50’s, pop pour les 60’s, psyché pour les 70’…).

        • Eddy Vanleffe  

          Mon frangin a Melody Nelson que je trouve à la limite de l’orchestral et très sympa.
          J’avais les deux albums reggaes avant de les….je ne sais pas je ne les ai plus…^^
          j’ai aussi Rock around the bunker parce que Nazi Rock me faisait marrer que voulez vous j’ai des joies simples… ^^
          et gamin on avait Love ont The Beat en vinyle…
          De tout ça je ne pas retenu grand chose à part la provoc’ qui me fait marrer….
          mais Tête de chou, je peu que j’ai entendu a l’air très « pop-psyché » et il me tente bien.

          • Jyrille  

            Pop pas trop. Psyché, pourquoi pas. Très sombre en tout cas, et presqu’aussi orchestral que MELODY NELSON qui est désormais reconnu comme un ancêtre du trip-hop (Portishead, Massive Attack).

          • Tornado  

            Il n’y a pas d’orchestre symphonique dans L’HOMME A TETE DE CHOUX et ce n’est pas J.C Vannier qui coécrit et arrange. Mais la structure de l’album est aussi ambitieuse, aussi conceptuelle et aussi psychédélique, sinon plus, que MELODY NELSON.
            C’est ici qu’il y a mes chansons et mes textes préférés.
            Notamment ces couplets de génie de la chanson CHEZ MAX COIFFEUR POUR HOMME :
            – Je tombe sur cette chienne, shampouineuse
            – Qui aussitôt m’aveugle par sa beauté païenne et ses mains savonneuses

            et plus loin :
            – Je pense à la fille du calife
            – De la mille et deuxième nuit
            – Je sens la pointe d’un canif me percer le cœur, je lui dis
            – Petite
            – Je te sors ce soir, okay?
            – Elle a d’abord un petit rire comme un hoquet
            – Puis sous le sirocco du séchoir dans les cheveux
            – La petite garce laisse choir
            – Je veux

            Ahhh… toutes ces sensations musicales et poétiques (j’ai été traversé par cet album au lycée, comme un éclair !), qui ont fait de moi ce que je suis… (ça vaut ce que ça vaut)

  • Surfer  

    Bon, je vais décevoir les fans mais je n’ai jamais adhéré personnage.

    Son arrogance m’agaçait. Sa vulgarité m’indisposait et sa volonté d’être provocant était un peu trop calculée à mon goût. Une manière malsaine de vouloir faire le buzz pour se donner de l’importance.
    Je peux citer une pléthore d’exemples pour étayer mes dires:
    Les insultes envers Christine Ringer, le clash houleux avec Guy Béart le manque de respect à l’encontre de Whitney Houston, le billet de 500 balles qui brûle inutilement entre ses doigts…

    Malgré tout, avec sa gueule et son style il a réussi à emballer de très belles femmes…
    Décidément, il y a des choses qui m’échappent avec le genre féminin !
    J’ai toujours pensé qu’il fallait être bien sapé, sentir bon, être galant et drôle pour espérer avoir une chance 🙂 .
    Y a pas, Gainsbarre avait un truc !!!! C’est p’t’être aussi pour ça que je le déteste…je suis jaloux…
    Et puis il est bon musicalement le bougre !!! C’est un songwriter de génie. Il est, en tout cas, au dessus du lot de tout ce qui a pu se faire en France en matière de musique.

    Pour résumer, il est selon moi et grand musicien et un personnage détestable.
    Sino, Ton interview a été Intéressante à lire. Comme d’hab.

    • Bruce lit  

      Une interview en chassant une autre, j’ai eu confirmation hier d’une proche amie de Gainsbourg d’un nouvel article sur l’homme à tête de choux.

    • Bruce lit  

      Je trouve le geste du billet tellement artistique et cruellement d’actualité.
      Le mois d’après Gainsbourg envoyait un chèque d’une brique pour l’Ethiopie. Pour ce que ça a servi…

  • Tornado  

    Gainsbourg était un être adorable. Tous ceux qui l’ont côtoyé le disent. Il pouvait être difficile à vivre en couple, mais avec les gens c’était une crème. Il préférait la compagnie des petites gens plutôt que des stars, et ne s’était lié qu’avec très peu d’entre elles (les stars). Il adorait tous les gens de son quartier et tous l’adoraient en retour.
    Le fils d’une amie de ma famille a été flic dans son arrondissement dans les années 80. Une nuit, avec ses collègues, ils ont ramené Gainsb bien éméché chez lui rue de Verneuil. Il m’a raconté qu’il avait été d’une gentillesse inouïe. Il les avait fait rentrer chez lui, s’était mis en quatre pour les accueillir et voulait absolument leur donner du fric pour les remercier ! (il adorait le corps de police, ce qui est paradoxal pour un provocateur de son calibre. Et il recherchait tout le temps leur compagnie en se débrouillant pour se faire racompagner chez lui. Et lorsqu’il ne les trouvait pas dans la rue, il se rendait au poste où tout le monde le connaissait et l’accueillait comme dans une famille !).
    Pour son image de star il s’était inventé ce personnage, « Gainsbarre », dont la provocation et les outrages était devenues un fond de commerce qui l’avait pris au piège. Il devait jouer ce personnage parce que finalement c’était ce que tout le monde attendait de lui. C’est pour ça qu’il jouait sur la dialectique « Gainsbourg/Gainsbarre », avec cette formule géniale : « Quand Gainsbarre se bourre, Gaisbourg se barre » ! Histoire de montrer un côté « Dr Jekyl & Mr Hyde », Hyde étant ici Gainsbarre, le « personnage » qu’il était condamné à jouer pour assurer sa célébrité.
    Evidemment, la spirale de l’alcool n’a pas arrangé sa réputation. Mais souvenez-vous de l’interview d’Alex Syndrome : Tous ceux qui l’ont connu n’en revenaient pas de sa gentillesse et sa simplicité authentique.

  • Kaori  

    Voici une interview qui me permet encore d’en apprendre sur Gainsbourg/Gainsbarre.

    On sent que tu l’as bien percé à jour, le bougre, Bruce.

    J’ai grandi avec le Gainsbarre de la télé, pour qui j’éprouvais une profonde aversion, pour les mêmes raisons que Surfer. Jusqu’à l’émission de Sébastien. Je me rappelle de ces larmes, qui m’avaient ébranlée… et sans doute fait verser quelques larmes aussi…
    Et puis ma mère ne cessait de me dire qu’il avait séduit les plus belles femmes du monde et qu’il avait un charme fou, dans un autre temps. Qu’elle-même ne comprenait pas comment c’était possible, mais c’était comme ça…

    Je me rappelle du choc médiatique de sa disparition. J’apprends aujourd’hui que c’était probablement préparé… Quelle tristesse, de mourir dans une telle solitude, alors qu’il était adoré de tellement de gens, en premier par sa famille. Marie ne répond pas à la question, d’ailleurs…

    J’ai regardé la vidéo avec Nana. J’y comprends ce que beaucoup de propriétaires, souffrant de solitude, peuvent comprendre. Il y a un lien qui nous rattache à la vie, par l’animal. Un être qui, quoiqu’on fasse, nous aimera corps et âme. Pas pour notre argent, pas pour notre gloire, mais pour qui on est, à l’intérieur, comme à l’extérieur.

    Bravo à Ed’ pour son portrait, malgré le travail refoulé. Ton portrait sous les volutes est parfait…

    30 ans bientôt qu’il est parti, et sa trace est toujours là. Continue de parler de lui, Bruce. C’est bon de le faire « vivre » encore de cette façon…

  • Bruce lit  

    La séquence avec Nana t’était, bien entendu, adressée Kaori.
    L’autopsie indique que Serge est mort les mains ouvertes et que par conséquent sans souffrance. Je suis persuadé qu’il s’est foutu en l’air. Le suicide est au centre de sa discographie. Il était très diminué et venait d’apprendre l’apparition d’un cancer incurable. Cette manière de mourir lui ressemble : partir seul, tout en pudeur, sans que nos larmes n’y peuvent rien changer.

  • Lulu  

    Cher monsieur,
    Je vous remercie pour cette analyse pénétrante de ce lien si charnel entre ce génie et sa maison.

    • Bruce lit  

      Bonjour Lulu
      Charnel oui c’est le mot.

  • Jyrille  

    Très belle interview boss, où j’apprends encore pas mal de choses. C’est un point de vue original qui a finalement beaucoup de sens en lisant les explications de Marie David.

    Je me souviens très bien de la vidéo chez Sabatier avec les gamins. Serge en pleure. De manière générale, je rejoins Marie sur l’analyse qu’elle tient des medias. A cette époque, Gainsbourg donnait le change, c’était gagnant-gagnant, mais cela n’avait pas de valeur ajoutée, c’était du cirque. Dans le second tome de Rock Strips, une de ces soirées télévisées est racontée par un journaliste. A la fin, il parle à Gainsbourg en lui disant exactement ça, qu’il faisait le clown pour avoir une présence médiatique.

    Je ne savais pas pour un éventuel suicide. C’est perturbant.

    La BO : c’est bien (très belle prod) mais je ne suis pas fan.

  • Bruce lit  

    @Cyrille : je ne garde pas un souvenir marquant de Rock Strips 2.
    Avec le recul, on pourrait assimiler la polymorphie de Gainsbourg à celle de Bowie.
    Quand l’époque le nécessite il est classe (années 50), pop (années 60), rock (les 70,s et non je ne parlerai pas de ses albums reggae que je déteste), trash (années 80).
    Gainsbourg était un homme de son temps qui aura su en capter comme personne le Zeitgeist avant d’en être victime.

  • Présence  

    J’ai lu pour toi l’interview de Charlotte Gainsbourg dans Télérama : rien de passionnant, si ce n’est la confirmation du projet de musée rue de Verneuil.

    • Bruce lit  

      Et l’histoire des objets volés que Charlotte fait semblant de découvrir que maintenant…

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