Itinéraire d’un enfant gâté (Sukkwan Island)

Sukkwan Island par David Vann

VF : Editions Gallmeister

SPECIAL GUEST : Zok.

Ne vous asseyez jamais à côté de moi pendant un mariage, je risquerais de vous noter mentalement pour peu que votre conversation m’intéresse. Et de vous stalker des années après pour un article, tel Zok. qui, acculé, accouche ici littérature en nous parlant de SUKKWAN ISLAND.

C’est un bel objet ! Les éditions Gallmeister réalisent des livres que l’on a envie de prendre en main. C’est bon ? Ou j’ai quand même besoin de vous convaincre…
©Oli Winward
©Gallmeister

Bruce Lit est une maison prestigieuse, pas un repaire bleu de hippies. On n’y vient pas à pied et on frappe avant d’entrer. Enfin si on ose s’y présenter. Me concernant, j’ai plutôt nagé dans le brouillard lorsque j’ai reçu mon invitation. Je me sentais comme quand tu dois offrir un cadeau à quelqu’un qui a tout. Je n’allais quand même pas me pointer avec une boite de fleurs séchées ou un bouquet de chocolat. Et je ne pouvais pas non plus arriver avec quelque chose qui me dépasserait.

En arrivant, j’ai farfouillé des heures durant dans la multitude d’objets emportés dans l’urgence. Celui que je vous présente, maintenant que nous sommes installés au coin du feu auprès duquel j’ai réchauffé mes craintes, s’est imposé de lui-même.

Tout dire sans rien en dire

Je pourrais poser là cette œuvre majeure de David Vann  et m’en aller, vous laissant le plaisir de vous en saisir et de vous imprégner de son ambiance. Vous seriez vite séduits par l’illustration magnifiquement pertinente d’Oli Winward vers laquelle on revient naturellement au cours de la lecture tellement elle en vient à fusionner avec ce qu’elle étreint. Idéalement, c’est d’ailleurs un livre dont on ne devrait rien lire avant sa lecture. Je ne devrais rien vous dire, créant par là même une situation impossible puisque je suis venu vous en parler. Comme je me suis mis tout seul dans ce piège abscons, je vais toutefois me plier à l’exercice. Avec précaution cependant.

Pour ceux qui l’ont déjà en ligne de mire, voire dans la pile de lecture, et qui sont déjà convaincus, je vais vous répéter ce que vous savez déjà mais qui n’a pas empêché certains de succomber à la tentation et de se gâcher cette expérience unique. Pour les autres, ce préambule est tout simplement incontournable.

L’éditeur a commis, selon moi, une erreur en mettant en préface un texte (excellent au demeurant) de Delphine de Vigan. D’une part, sans dire tout, ça peut ruiner l’expérience (c’est arrivé, peut-être même près de chez vous) car elle met notre cerveau sur nos gardes et notre inconscient peut se mettre à chercher toutes les possibilités, de manière beaucoup plus compulsive que si on se laissait porter sans rien en savoir. D’autre part, je l’ai maintenant identifiée comme la personne qui se penche vers vous au cinéma au bout de dix minutes de film en vous chuchotant avec une bienveillance non feinte : « il voit des morts mais tu ne le sauras que plus tard ! je te laisse regarder, tu verras c’est wouaw ! ». Évidemment, j’exagère, mais quand vous l’aurez lu vous ne verrez plus que l’éléphant au milieu de la pièce.

Mes excuses auprès de Delphine de Vigan pour cette caricature. Après tout, je suis en train de reproduire ce que je dénonce. J’aurais vraiment apprécié que son texte soit plutôt placé en première postface. NE LE LISEZ PAS AVANT ! Ne lisez pas non plus cet article…
©Gallmeister
©Delphine de Vigan

Car il s’agit en effet d’un livre à twist. Un de ceux qui pousserait Oliver à envoyer sa démission à M. Night Shyamalan. Rares sont les livres dont vous vous rappellerez toute votre vie. Rares sont les livres dont vous saurez immédiatement et viscéralement qu’il y aura un avant et un après.
C’est ce genre de livre.

Mais alors, de quoi ça parle ?

Il est encore temps, purs et innocents que vous êtes, de quitter cette page et d’aller lire le livre. Mais je peux encore vous livrer quelques informations plus ou moins anodines puisque vous semblez ne pas vouloir quitter ce feu de cheminée douillet.

L’histoire pourrait se résumer ainsi : Un père, Jim, et son fils de treize ans, Roy, partent seuls passer un hiver dans une cabane isolée en Alaska, sur une île reculée et peu accessible. Ils allumèrent un feu et vécurent heureux ? Pas vraiment, mais vous vous en doutez.

Arrivés avec une première cargaison composée de vivres et de divers matériels, ils devront se débrouiller seuls et ne bénéficieront que d’un voire deux hypothétiques ravitaillements par la personne qui les a amenés en hydravion. Cela sera fonction de la météo qui pourrait rapidement devenir hostile. Il faut noter que les deux ont déjà passé du temps dans un milieu sauvage et ont des notions solides de survie. Il ne s’agit donc pas d’un caprice improvisé mais plus d’une tentative de rapprochement de la part d’un père absent qui connaît mal son fils.

L’intention est louable et tout commence plutôt bien. Mais Jim s’avère être dépressif, plongeant Roy dans un embarras qu’il va cacher pour rendre supportable cette aventure – presque – librement consentie. Cela mis à part, le duo se révèle plutôt efficace dans la préparation de l’hiver, Jim mettant à profit son expérience de manière plutôt habile vue de nos yeux néophytes. Comment ça je m’emporte ? Oui, cette perception ne concerne que ce qui se passe le jour, amplifié par mon côté irrémédiablement positif et enjoué.

On pense forcément à INTO THE WILD. Pour l’Alaska d’abord, qui nous hypnotise et nous transporte par sa capacité d’isolement et de retour à la nature. Ensuite parce que l’inconscience y côtoie finalement une préparation a priori sans faille fatale. Si l’on enlève nos peurs naturelles aiguisées par nos vies aseptisées, tous semblent savoir ce qu’ils font. Alors on se prend à croire et à espérer que tout se passera bien.

Après tout, on n’est obligés de rester tout le temps ensemble, si ?

Potentiellement, en dehors de quelques incidents inhérents à la vie sauvage, ça pourrait d’ailleurs être le cas. Car si l’on découvre une relation inversée entre le père et son fils, on se prend à imaginer que ce n’est qu’une donnée de départ. Que ce voyage pourrait finalement permettre au père de dompter ses démons, nous laissant imaginer ce que pourrait devenir cette relation abîmée mais pas définitivement perdue. Car c’est ce qui fait la force de la construction de ce roman. Rien n’est initialement impossible ou définitivement insurmontable. En équilibre instable, on imagine que l’amour réciproque entre un père et son fils peut encore être à la fois sauvé et salvateur. Après tout l’occasion semble idéale. D’ailleurs pour Roy, qui voit se confirmer les faiblesses de son père, c’est une ultime bouée qu’il lui lance pour lui permettre de reprendre pied.

C’est bien avant que la comparaison avec INTO THE WILD s’arrête ainsi que le territoire de non spoilage – Je m’efforce d’ailleurs de ne pas utiliser certains mots repris dans la préface et la postface qui, ici, ne feraient qu’attirer votre cerveau et tromper votre lecture, même inconsciemment, car il n’est nul besoin de lever le voile pour pervertir nos appréciations (même si c’est déjà trop tard, je vous ai déjà dit de ne pas lire cet article !).

Si INTO THE WILD est un drame psychologique, SUKKVAN ISLAND en est une sublimation presque perverse. C’est une vraie catharsis de l’auteur qui culmine, nous concernant, à son point de bascule, que nous pourrons appeler LA Phrase et dont l’effet est primultime.

En vrai je voulais être graphiste…
Bon, ben dis-nous des choses que tu sais, pas du rien !

J’imagine que si vous êtes toujours là, c’est que vous resterez jusqu’à la fin. Je peux donc maintenant vous confier que le livre est en deux parties.
Concernant la première partie – la seule que j’aborderai – imaginez des montagnes russes. Cette première partie où vous montez lentement la première côte…clic… très lentement… clic… clic… angoissant à l’idée… clac… de partir en trombe dans la première descente…. clic… et de reconnaître la forme de votre estomac dans le bas de votre gorge… clic…clic…

Et là, quelqu’un a enlevé les rails et vous tombez en chute libre. Impossible d’en dire plus, mais je ne peux pas vous laisser sans vous donner mon expérience personnelle. Après tout, j’ai été invité pour ça aussi, non ? Évidemment, il est préférable à ce stade d’avoir lu le livre pour éviter de brouiller vos filtres mais vous pourrez quand même vous en sortir.

Pendant la lecture, j’ai progressé à un rythme lent. J’étais envoûté par l’environnement et la narration. J’étais en même temps touché par cette relation père-fils finalement universelle. J’ai également été personnellement troublé par le rapport à la dépression parentale, lorsqu’elle flotte encore dans ce no man’s land, incomprise, avant de s’épaissir et de changer de camp.

Et le hasard a fait qu’un vendredi soir, avant de m’endormir, il me restait une page et demie avant la fin de la première partie. Je me suis dit que ça tombait bien et que je pourrai le finir pendant le week-end. Je suis finalement arrivé à cet endroit où vos yeux terminent machinalement les dernières lignes pendant que votre cerveau se prépare déjà à fermer le livre, le poser et éteindre la lumière avant de vous endormir. Cette routine a volé en éclats en deux millisecondes. J’ai lâché le livre et je suis allé pleurer dans mon canapé, ne m’endormant qu’à trois heures du matin.
Oui, je vous l’ai dit, c’est ce genre de livre.

Peut-être ne serez-vous pas autant touchés, mais il y aura définitivement un avant et un après. C’est d’abord un très bon roman. C’est ensuite un tour de force qui vous prend à contre-pied. Le reste n’est que du bonus.

J’ajoute que, pour les enfants de suicidés, il serait une évidence de le délivrer gratuitement sans ordonnance. Au pire, pour moins de vingt euros, vous gagnez entre dix et trente ans de thérapie en une seule phrase.

Fini le psy ! J’aurais vraiment dû le lire avant ! Merci Delphine !

Pour finir et faire le lien avec Bruce Lit, je confesse qu’il était mentionné « apportez une BD, venez seul et pas d’entourloupe » sur le carton d’invitation. Mais je sais les habitués ouverts à de nombreux supports et le roman, armé de sa couverture, se révèle finalement très graphique. Plusieurs semaines après sa lecture, des scènes me restent en tête, façon BD. Le rythme s’accommoderait bien d’une narration en case couleurs qui basculeraient progressivement vers du noir/blanc/rouge.

Voilà, j’aurais terriblement aimé vous en dire plus, sur les deux parties, mais ce ne serait pas raisonnable. Avec moins de talent que Delphine de Vigan, j’ai finalement tenté l’expérience impossible de vous donner envie de vous ruer sur ce livre sans vous en gâcher la lecture future. Heureux d’avoir saisi la main tendue par Bruce, j’envie ceux d’entre vous qui ne l’ont pas lu et qui vont pouvoir expérimenter ce moment unique et non reproductible.

Last but not least, David Vann (dont je lirai les autres romans, c’est maintenant certain), en plus d’être un écrivain talentueux et tourmenté incontournable, est un parfait gentleman et ce qu’il livre dans ses remerciements de son rapport aux libraires francophones, français en particulier, est vraiment touchant et rappelle bien que si Bolloré peut tout racheter, il n’aura jamais l’âme de toutes les personnes que l’auteur évoque ici avec une réelle affection.


36 comments

  • Fletcher Arrowsmith  

    Bonsoir Zok,

    je ne m’en cachais pas, ton article était celui que j’attendais le plus de cette semaine. Je suis un lecteur de roman compulsif, 5 à 6 par mois.

    Je ne peux qu’acquiescer sur la qualité des éditions Gallmeister et notamment leur couverture tellement espace naturel. a mon actif j’ai MY ABSOLUTE DARLING de Gabriel Tallent, BETTY de Tiffany McDaniel (dont le nouveau roman fait la rentrée littéraire d’ailleurs), bien évidemment DANS LA FORET de Jean Hegland, La ré édition du JEU DE LA DAME c’est eux tout comme la ressortie de FORREST GUMP (même si le film est meilleur que le livre, une fois n’est pas coutume). C’est un régal pour les yeux de contempler ces livres quand je suis dans ma librairie de quartier. Je touche avec les yeux avant que mes doigts prennent le relai.

    Ta prose m’a emporté. Tu as une véritable plume. En fais tu un passe temps ou une activité professionnelle ?

    J’étais déjà convaincu de me procurer ce roman de David Vann, c’est désormais une certitude il fera bientôt partie de mal très haute pile de lecture en attente composé actuellement d’une cinquantaine d’ouvre (une nouvelle brique a été ajouté pas lus tard que samedi dernier). Ce twist annoncé, deux partie, l’Alaska et un retour à la nature, des relation père-fils : de sacré ingrédient pour un cocktail que je devine déjà d’exception.

    J’ai lâché le livre et je suis allé pleurer dans mon canapé, ne m’endormant qu’à trois heures du matin.
    ….Peut-être ne serez-vous pas autant touchés, mais il y aura définitivement un avant et un après
    je connais cette impression. J’ai également ressenti ces émotions. Une des dernières fois ce fut pour NOS ENFANTS APRES EUX de Nicolas Mathieu. Un Goncourt mérité et surtout cette impression, que Nicolas Mathieu m’avait piqué mon livre, celui que je rêvais d’écrire, que je voulais écrire. J’ai été bouleversé. Un avant et un après.

    • Zok.  

      Attends que je mette mes lunettes… Qui ? le chanteur d’Aerosmith ?… Ha ! Non, Fletcher Arrowsmith !

      Hem… Désolé…

      Alors, reprenons dans le désordre.

      Ta prose m’a emporté. Tu as une véritable plume.*

      Wouaw, déjà, merci pour le compliment, ça fait vraiment plaisir. T’as fait ma journée, et peut-être même le lendemain. En plus, j’ai pu donner envie de le lire à au moins une personne, mission accomplie donc 🙂

      Pour l’écriture, outre des mails professionnels où je délaisse le fond depuis longtemps car ennuyeux pour me faire plaisir sur la forme, ça reste effectivement un passe-temps. Mais je suis une feignasse. Ma plus grosse production date de 2015 où j’ai réalisé un projet Bradbury (idée lancée et réalisée initialement par Julien Simon / Neil Jomunsi) qui consistait à écrire une nouvelle par semaine pendant un an. J’ai réussi à aller au bout (52 donc), d’ailleurs Cyrille M était un de mes correcteurs (ce qui m’obligeait au passage à avancer et à me dépasser). Depuis c’est le calme presque plat. Fin 2021, j’ai transformé ça en projet Read-Bury, avec objectif de lire un livre par semaine, rythme que je tiens et qui m’a permis de tomber sur cette pépite.

      5/6 livres par mois en rythme de croisière c’est impressionnant, je ne saurais pas où le caser dans l’emploi du temps.

      Oui, Gallmeister fait vraiment du bon boulot. Je vais aller piocher dans ce que tu cites, mais j’ai également une pile énorme et j’envisage à la fin de cette année de lecture de reprendre mes projets d’écriture (on y croit, faudra le déclic).
      Par contre tu as attiré mon attention sur LEURS ENFANTS APRES EUX que j’ai vu passer mais que j’ai visiblement trop vite catalogué (d’une part peut-être trop français et trop contemporain pour me faire voyager et d’autre part j’aime bien la mélancolie mais je crois que le pitch m’avait filé le cafard, après un article sur SUKKWAN ISLAND ça parait un comble mais ce ne sont pas les mêmes vibrations).

      Bon voyage en Alaska en tout cas !

      * : Du coup j’imagine déjà une vie de slasher Graphiste / Meneuse de revue…

  • Tornado  

    Voilà un article qui n’est pas banal. Ici en tout cas. Il nous prouve qu’on peut parler de tous les mediums avec la même passion et donner envie d’y aller avec n’importe lequel d’entre eux du moment qu’on arrive à rendre cette présentation passionnante. Il est fort probable que dans l’avenir je me procure ce bouquin, soit pour l’offrir, sinon pour le lire…

    • Zok.  

      Merci, j’avais peur de faire un truc banal c’est pour ça que j’ai flippé au départ (ça et les regards de Bruce dans ses mp), et que ce choix s’est imposé.

      Du coup je vais postuler comme VRP chez Gallmeister ! 🙂

  • JP Nguyen  

    Belle inventivité dans les illustrations et habile jeu avec le lecteur…
    C’est triste de mourir en mangeant une bière… 😉
    La lecture de l’article m’a donné envie de lire ce livre, avant que je ne me raisonne. Ma routine actuelle ne laisse pas beaucoup de place pour ce loisir-là et mes visites à la médiathèque sont très sporadiques.
    Toutes les intros de la semaine me donnent le sourire car elles présentent Bruce Lit comme une sorte d’institution alors que, en coulisses, nous savons que le Bruce est juste un gars avec des lunettes cassées, qui répète en boucle « Article ! » 😁

    • Zok.  

      Merci ! J’ai gardé mes tics de mon blog défouloir où je poussais Paint dans la moitié de son premier retranchement…

      Pour la bière, c’est un clin d’oeil à Renaud (Ma chanson leur a pas plu)

      Pour le Brucistan, c’est le secret d’une bonne dictature. Et ça marche puisque vous produisez à la chaîne ! 🙂
      Déjà en guest j’ai senti le sifflement des lanières du fouet derrière mes oreilles ! Je ne redors profondément que depuis demain.

  • zen arcade  

    @zok : Roman marquant en effet et comme tu l’écris, le passage de la première à la deuxième partie fait partie des moments impossibles à oublier d’une vie de lecteur.

    « David Vann (dont je lirai les autres romans, c’est maintenant certain) »

    Dans un registre très éloigné du nature writing perverti que l’on trouve notamment dans Sukkwan Island, je te conseille « L’obscure clarté de l’air », très belle relecture de l’histoire du mythe de Médée.
    Mais on y retrouve bien évidemment le souffle de la tragédie familiale qui irrigue l’ensemble de l’oeuvre de l’auteur.
    J’ai été en revanche moins convaincu par « Dernier jour sur Terre », consacré au parcours d’un tueur de masse dans une école.

    • Zok.  

      Je le note pour quand je me pencherai sur sa bibliographie à tête reposée. Je ne peux m’empêcher d’imaginer les chemins pour aller vers le tueur de masse, ça pique quand même ma curiosité sur les rouages psychologiques.

  • JB  

    Merci pour cette présentation. Intriguant, manifestement brillant mais probablement un roman que je vais éviter car risquant d’être trop proche.

    • JB  

      Aïe, j’avais pas vu la BO du jour. Oh, le mauvais point, la chute juste devant la ligne d’arrivée…

      • Zok.  

        Il ressortira peut-être un jour dans une pile à lire, quand le destin veut te mettre un livre entre les mains, rien ne l’arrête.
        Pour la BO, je pouvais pas vous laisser partir sans un air jovial pour me rattraper. Le titre s’est imposé tout seul et comme ça couine (huhu…) et que c’est devenu un running gag du côté de chez Bruce, j’ai pas pu m’empêcher… j’aurai pas l’occasion tous les jours !

  • Présence  

    Bienvenue à Zok.

    Une sacré réussite pour un article sur un roman car il n’est pas possible de s’appuyer sur des pages qui en mettent plein la vue. D’ailleurs en découvrant la 3ème illustration, j’ai un instant cru qu’il s’agissait d’un roman-photo. 🙂

    Si l’on enlève nos peurs naturelles aiguisées par nos vies aseptisées, tous semblent savoir ce qu’ils font : très belle formulation, je me reconnais bien dans ce quotidien d’une vie aseptisée.

    Je vous ai déjà dit de ne pas lire cet article ! – J’aime beaucoup cet avertissement.

    Primultime : un mot que je ne connaissais pas, mais je sens que je vais avoir du mal à le replacer.

    J’ai lâché le livre et je suis allé pleurer dans mon canapé, ne m’endormant qu’à trois heures du matin. – Ah oui, quand même, un sacré choc.

    J’ajoute que, pour les enfants de suicidés, il serait une évidence de le délivrer gratuitement sans ordonnance. – Je crois déceler comme un divulgâcheur concernant l’événement qui fait basculer le récit dans une 2ème partie.

    • zen arcade  

      « J’ajoute que, pour les enfants de suicidés, il serait une évidence de le délivrer gratuitement sans ordonnance. – Je crois déceler comme un divulgâcheur concernant l’événement qui fait basculer le récit dans une 2ème partie. »

      Hum… ce serait trop simple. 😉

    • Zok.  

      Merci d’avoir su apprécier mes talents de Roman-Photiste !

      Pour les formulations sympas, j’ai écrit l’article dans une fulgurance nocturne (et dans la crainte de celui dont on tait le nom) donc je remercie la nuit pour ses illuminations (même si des fois c’est très mauvais au réveil)

      Pour la divulgachisation, oui et non.
      Au final, il vaut mieux être influencé dans la lecture que de ne pas le lire, je crois que c’est finalement le parti que j’ai pris car de toute façon, tout ce qui est dit avant sa lecture est de trop.

  • Jyrille  

    Salut tout le monde, désolé de ne pas être trop disponible en ce moment, la saison à peine commencée j’ai déjà deux articles de retard… Je fais une exception aujourd’hui pour faire coucou à mon vieil ami Zok qui, je le constate n’a rien perdu de sa verve et de sa malice. J’ai beaucoup aimé ton texte, je pourrais rebondir sur ce qui me semble désormais évident, les points sur lesquels nous sommes d’accord, et bien sûr le fait que la scène au cinéma, je l’ai vécue en vrai (après, j’ai donc trouvé le film très mauvais).

    Je ne connais pas du tout cet auteur (je ne lis plus de romans depuis quelques années à part des K. Dick) mais la pochette non la couverture déchire, je note dans un coin pour venir te l’emprunter un de ces quatre (j’en ai à toi, toi tu as mon petit livre Beatles) ou que madame l’achète en Kindle. Ravi en tout cas que tu aies répondu à l’appel de Jonah Jameson Bruce, ce type est définitivement très persuasif ! Bravo pour en révéler le moins possible, c’est une profession de foi que je m’échine à suivre également. Reviens quand tu veux (comment ça je décide pas ?) !

    La BO : bof bof même si le titre est en effet un bon conseil.

    • Zok.  

      Merci pour le compliment.

      Tu parles de quel film du coup, j’ai vu qu’il y avait une BD et que certains lorgnaient sur les droits pour en faire un film mais je n’ai pas poussé plus loin.

      J’ai enfin lu le petit livre des Beatles. J’ai arrêté en cours de route parce que ça m’a foutu les boules. Impossible de t’expliquer. Enfin si, je crois que leur fin est profondément frustrante et triste. J’ai d’ailleurs vu Yesterday récemment que je n’avais jamais vu.
      Sukkwan est déjà prêté mais il va revenir sous peu.

      • Jyrille  

        Le sixième sens avec Bruce Willis.

        Pour les Beatles, moi j’ai maté les 7h15 environ de GET BACK, le documentaire sur l’enregistrement de Let It Be. En fait le film était sorti à l’époque mais en version courte, et était interdit depuis. Heureusement que Peter Jackson a eu les droits d’en refaire un. C’est long mais assez passionnant, c’est un témoignage incroyable. Et tu vois déjà les dissensions.

        • Zok.  

          Ha ouais, je capte même pas mes propres refs…

          7h15 au moins c’est bien on entre bien dans l’ambiance, je vais me faire ça (et te rendre ton livre, je pense qu’il ne te reconnaitra pas !)

          • Tornado  

            J’ai également vu les 7h15 de GET BACK. Passionnant effectivement (5 minutes avec Peter Sellers comme si de rien n’était !) malgré les longueurs évidentes mais c’est surtout l’image en HD qui met sur le carreau : On a littéralement l’impression d’être revenu en 1969, c’est hallucinant !

  • Bruce lit  

    Bon ça commence mal : INTO THE WILD est un film que je déteste aussi bien dans sa mise en scène emphatique que son personnage principal dont je me rappelle m’être réjouis de la mort à la fin du film. Un petit con égoïste qui refuse de donner le moindre regard aux gens qui crèvent d’amour pour lui sur son passage.
    Et c’est finit encore plus mal avec cette calamité mercurienne que même pas je clique.
    Mais, entre les deux il y a ce bagout, cet humour, cette iconographie…surprenante tout à fait dans la veine de ce qui est publié ici.
    La couverture est superbe et si le roman arrache sa larme à l’improviste, il est très probable qu’il sera quêté lors d’une prochaine expédition en médiathèque.
    Well done Zok.

    • Tornado  

      Dans ma quête de voir tous les films traitant de la chute ou de la continuité du mouvement hippie, j’avais évidemment regardé INTO THE WILD. Mauvaise pioche : Je n’ai pas aimé du tout. Pourtant c’était bien parti : J’aimais à la fois le sujet et Sean Penn…

      • Bruce lit  

        Qu’as-tu reproché au film ?

        • Tornado  

          Un peu tout pareil que toi…

    • Zok.  

      Fletcher avait fait ma journée et le lendemain, là j’ai le jour d’après gratos.

      Attends, je me roule par terre en ronronnant et je reviens…

      Rrrrrrrr Prrrrrrrrrr…

    • Zok.  

      Voilà…

      Alors, INTO THE WILD…

      Au cours du film, j’ai pensé à peu près la même chose à certains moments. On ne sait trop quoi faire de ce perso égocentrique qui meurt comme un con à 2 km de la « civilisation » alors qu’il croit tout connaître et qu’il se trompe de plante comme un pécos de la ville.

      Le problème c’est que c’est un peu plus compliqué que ça.

      Il faut impérativement lire le livre (dernière version !). L’auteur (Jon Krakauer) a fait un travail de recherche phénoménal qui prouve déjà que McCandless ne s’est pas trompé de plante, mais que, bon, pas de bol.
      L’auteur a aussi bourlingué en montagne et il donne un point de vue différent qui fait prendre un peu de recul.

      Ensuite, un petit con égoïste qui refuse de donner le moindre regard aux gens qui crèvent d’amour pour lui sur son passage, ça s’appelle l’adolescence. Certes, il est en retard mais je reste persuadé qu’à son retour il aurait, sinon repris une vie normale, apprécié les relations humaines sincères après avoir fait un tri.

      Et sommes-nous redevables de l’amour reçu ? C’est une vraie question et j’ai pas de réponse mais elle vaut d’être posée. (il y en a d’autres mais on part ensuite vers des heures de philosophie et je serai obligé de te demander de décrire le bruit d’une main qui applaudit).
      Quand on ne va pas bien (vraiment pas bien), renvoyer une image positive et jouer la comédie parce que c’est « ce qu’il faut faire » pour que les gens ne se sentent pas agressés alors qu’on est en train de crever à l’intérieur, ce n’est pas forcément une priorité. Le but est de trouver un équilibre, et cet ajustement peut prendre du temps. Le cas extrême étant la relation parent dépressif-enfant, ce qui boucle avec SUKKWEN ISLAND (salto arrière : check).

      Et il y a aussi l’amour réel de la nature qu’il ne faut pas mettre de côté. Notre société nous frustre sur ce plan alors que viscéralement nous y sommes liés.

      C’est tout ça qui fait d’INTO THE WILD une pièce qui se mange en plusieurs fois et qui, à défaut de donner des réponses définitives, ce qui serait chiant, nous fait réfléchir. En plus, la réflexion est différente avec le temps. La crise de la quarantaine peut aussi finir en Alaska, le début de la retraite, après un accouchement, après un mariage sous emprise à Las Vegas, etc.

      On pourrait en parler des heures et c’est bien ce qui prouve que nous sommes finalement des animaux sociaux et que la solitude provoquée a souvent pour objectif de se rendre compte que pouvoir partager les choses c’est quand même mieux que de parler à un ballon de volley.

      En tout cas vous avez tous été de merveilleux ballons de volley, merci pour votre accueil et merci à toi. Je suis heureux que tu aies trouvé cet article dans la veine du site, car j’y ai mis tout mon cœur et un peu de tripes (oui je me prépare pour Big Man Plans !)

      PS : Quand vous l’aurez tous lu, je vous confierai quelque chose que personne n’a vu !

  • Laetitia  

    Salut Zok
    Arès lecture de ton article j’ai cliqué sur le bouton « acheter » de la boutique Kindle pour ce roman.
    Je te reconnais bien dans cet article.
    Il est très bien écrit.
    J’espère qu’on aura l’occasion d’en discuter autour d’un bon repas. Tu connais l’adresse 🙂
    Merci Cyrille de m’avoir filé le lien de l’article.
    Enfin, merci à Bruce d’avoir eu cette initiative d’intégrer un article de roman, j’attends le prochain avec impatience.
    Bonne soirée et bon week
    Laetitia Jaman Mocellin

    • Zok.  

      Merci pour ton message !

      VRP chez Gallmeister que je vous dis ! 🙂

      Tu aurais dû prendre le papier si la version avec cette couverture existe encore, ou attendre que je le prête lors de la libération des Beatles. J’ai jamais pu kindle, le fait de ne pas savoir où j’en suis dans le roman est très déstabilisant pour moi. Et puis le papier quoi ! Souvent je sniffe le livre et je me fais marrer tout seul à me faire une ligne à l’abri des regards indiscrets.

      Oui, tu as vu, si tu cliques sur la catégorie Livres, je suis tout seul. Je suis sûr que d’autres vont suivre bientôt. Cette semaine de guests, ça m’a donné des idées, l’envie de lire des trucs nouveaux, de faire le ménage sur mes étagères et bazarder les livres dont je sais maintenant que je ne les lirai jamais. J’ai lu une quarantaine de livres cette année et c’est une goutte d’eau parmi ce qui est entassé, c’est déprimant mais ça m’a ouvert les yeux sur le rapport temps restant à vivre / livres entassés, car beaucoup des livres lus ont finalement été achetés cette année. Donc oui, il faut une rubrique Romans chez Bruce pour aérer le cerveau et les étagères.

      • Fletcher Arrowsmith  

        Pour la rubrique roman, count me in……

      • Jyrille  

        Pour le papier, je suis complètement d’accord. L’odeur de la colle neuve… même Zoé, qui ne lit pas, adore cette sensation.

  • Fletcher Arrowsmith  

    Bon j’ai craqué.

    Ma libraire : bon courage ……..

    • Zok.  

      Excellent !

      J’imagine la libraire : Non je ne vous le vends pas, ce ne serait pas raisonnable !

  • Alchimie des mots  

    Très bel article, je reconnais bien cette petite voix qui divulgue tout sans rien dire de particulier.
    Qui nous incite à en voir plus et nous donne ce sentiment de frustration parce qu’on nous gâche la surprise.
    Je plaide coupable « Je suis cette voix! » 🙂

    • Zok.  

      Merci !

      Par contre, pour information, de même que les accros aux jeux de hasard en viennent à se faire interdire de casino, j’ai demandé à l’ANSSTB (Autorité Nationale de Surveillance des Spoileurs de la Toile Blanche) de te mettre sur la liste noire des cinémas de France.
      C’est pour ton bien 🙂

  • Eddy Vanleffe  

    Bienvenue à toi
    Si j’ai bien compris la clé à molette finit en taule alors qu’elle se croyait en acier et c’est sur cette fin pas drôle que se termine cette chanson pas gaie…
    ça a l’air bien barré comme voyage …
    je note, je note…

    • Zok.  

      Merci !

      Je vois qu’il y a d’autres personnes âgées dans le public 🙂

  • Fletcher Arrowsmith  

    Hello,

    j’ai enfin lu cet iceberg.

    Bon , effectivement la fin de la première partie remue sévère. J’ai relu les lignes concernant ce choc 3 à 4 fois histoire de m’en remettre.

    Mais je n’ai pas été convaincu. Pas le grand livre annoncé. Une première partie somme toute assez classique, assez nature mais il y a un manque d’empathie envers les personnages. D’ailleurs David Vann n’arrive pas à nous faire comprendre pourquoi ils sont là. C’est quoi le but ?

    La seconde partie est irréelle. D’ailleurs jusqu’au bout j’ai cru qu’il y aurait un twist. On bascule dans l’horrifique, un mélange de Maupassant (version Horla) et Poe sous infusion de racine rances. La fin est mauvaise, ruché, manquant de nuances et d’introspectives. Il y avait clairement mieux à faire, surement une cinquantaine de page de plus en exposant le regard et les réactions de la société sur les évènements.

    C’est limite un survival-book tendance word post apocalyptique comme les américains savent si bien en faire désormais (film ou série également). Un peu MY ABSOLUTE DARLING, il manque clairement un truc de grand écrivain pour en faire une oeuvre incontournable. Il y a un côté facile dans le « twist » ou la façon de choquer. Et puis compliqué de chasser sur les terres d’un Jack London côté grands espaces.

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