Le complexe de Dieu : SUPREME avant Alan Moore

Encyclopeggek : Supreme avant Alan Moore

Un article de JB VU VAN

VO : Image Comics

Révolutionnaire : un volume 2 sans volume 1 !
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Cet article portera sur la série SUPREME avant sa reprise par Alan Moore au n°41. 

Si je vous parle de SUPREME, les fans de comics penseront probablement au run d’Alan Moore. Le grand barbu réinvente le personnage et la série, dans un hommage aux titres de l’Âge d’or des comics. Rob Liefeld donne les coudées franches à l’auteur britannique, qui efface tout le passé et l’entourage de Supreme afin de se l’approprier. Ces publications ont eu les honneurs d’une publication VF en magazine, puis en album. Ce n’est pas le cas pour les numéros qui ont précédé ce run d’Alan Moore. Le Supreme d’origine n’est guère apparu que dans un crossover Marvel dans lequel il affronte Gladiator. Découvrez donc cette première version du personnage tel que Rob Liefeld l’a imaginé.

Le retour du héros ? SUPREME n°1 à 6 de Rob Liefeld et Brian Murray

Un Superman moderne ?
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Supreme revient sur Terre. Héros de la Seconde Guerre Mondiale, il a disparu dans de mystérieuses circonstances à l’issue du conflit. Ce retour, après 50 ans d’absence, jette un doute sur son identité. Dès son approche de la planète, il est accueilli par les Youngblood. Un premier combat s’interrompt lorsque les Youngblood proposent de l’escorter sur Terre pour une conférence de presse. Supreme reste distant, ne répond à aucune question. Ses seuls mots : Depuis combien de temps créez-vous des surhommes génétiquement modifiés ? En l’absence de réponse, Supreme repart en orbite en versant une larme devant le monde qu’il redécouvre.

Son second arrêt est la cellule de son ennemi juré, Grizlock, qu’il compte bien tuer. Équivalent de Lex Luthor pour Supreme, Grizlock a profité de l’absence de ce dernier pour tuer avec un plaisir sadique les homologues de Jimmy Olsen, de Lois Lane et de les membres de la Newspaper Legion. Une équipe de corporation, Heavy Mettle, empêche Supreme d’exécuter Grizlock. En effet, l’équipe compte recruter Supreme et le meurtre d’un homme désarmé ferait un peu tâche…

Et si Lex Luthor avait tué Lois Lane et Jimmy Olsen ?
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Pour autant, Supreme n’échappe pas à un désastre médiatique : il s’envole vers une prise d’otages dans un aéroport où se trouve déjà l’équipe black-ops Bloodstrike. Lorsque les terroristes commencent à exécuter leurs otages, Suprême entre et commet une boucherie en tuant tous les criminels. Si le leader de Bloodstrike approuve ces méthodes musclées, ce n’est pas le cas des membres d’Heavy Mettle, ni de la journaliste Maxine Winslow, dont le père est l’une des victimes.

Supreme donne bientôt du grain à moudre pour Maxine Winslow. Khrome, un ancien compagnon d’armes extraterrestre de Supreme avant de devenir un tyran galactique, attire Supreme dans l’espace pendant que lui-même arrive à Washington. Heavy Mettle tente de le contenir sans effet. Lorsque Supreme revient sur Terre, il découvre que la force de Khrome surpasse de très loin ses souvenirs. Leur combat fait rage et dévaste la capitale jusqu’à ce que Supreme réalise que la puissance de son adversaire vient d’ailleurs. Il remonte à son point d’origine, le vaisseau spatial de Khrome, et le détruit. Suprême revient ensuite sur Terre pour exposer Khrome à des radiations si intenses qu’elles le surchargent. Supreme n’a plus qu’à achever son adversaire. Mais ce qu’ignore Supreme, c’est qu’il est sur le point de faire face à son passé et son futur, en la personne d’un ancien adversaire et allié, Thor, et de Starguard, ses propres enfants !

Allons au plus évident. Oui, Rob Liefeld s’inspire de nombreux personnages Marvel et DC pour construire son univers, et surfe entre pastiche et plagiat. Pour autant, cette tendance est objectivement insuffisante pour critiquer cette série. Le MIRACLE MAN d’Alan Moore et les séries BLACK HAMMER de Jeff Lemire fonctionnent sur le même principe. Cette version de Supreme est d’ailleurs davantage un mélange entre les 2 icônes patriotiques des comics : Superman et Captain America. Son accueil sur Terre par les Youngblood renvoie à l’éveil de Captain America dans l’ère moderne dans AVENGERS n°4. Et la difficulté de Supreme à s’adapter à ce nouveau monde fait écho au décalage ressenti par Steve Rogers. SUPREME n°1 est assez efficace à ce titre en étant très subtil sur les émotions de Supreme, qui prononce peu de mots et verse une larme une fois seul.

Une douleur muette
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Le problème, c’est que Rob Liefeld est un homme ayant beaucoup d’idées, mais qui n’arrive que rarement à les exploiter. Dans la lettre d’intention du premier numéro de SUPREME, Rob Liefeld déclare vouloir explorer les motivations qu’aurait un surhomme dans la réalité. Des années avant les ULTIMATES de Millar, il veut écrire un Superman égocentrique. Non que l’idée soit particulièrement originale : Marvel avait par exemple publié DOCTOR ZERO qui suivait un Superman influençant pour le compte de sa race la destinée de l’humanité. Mais Rob Liefeld fait de son personnage un tueur dès le second numéro, sans réelle explication. Supreme décide de tuer Grizlock avant même qu’il apprenne que son vieil ennemi a massacré son entourage. Il ne montre pas plus d’hésitation à tuer les terroristes ou Khrome. Supreme est donc un Superman arrogant et violent, mais sans réelle profondeur.

Autre exemple des difficultés qu’a Liefeld à suivre ses idées : l’équipe Heavy Mettle, qu’il met en avant pendant plusieurs numéros, disparaît brutalement après cette première arche narrative. Le premier véritable obstacle qu’il oppose à Supreme est également très générique. Khrome est un conquérant galactique sans personnalité, copie lointaine de Mongul qui est déjà un succédané de Darkseid… 

Un dernier concept laissé en plan : la série SUPREME arbore la mention Volume 2. Une idée de Rob Liefeld : le Volume 1 sortira prochainement et explorera l’odyssée spatiale de Supreme ! Bien entendu, aucune série SUPREME Volume 1 ne sortira sous cette forme. Tout au plus, une minisérie SUPREME : GLORY DAY retrace une aventure du personnage dans les années 40. Pour autant, comparé aux autres titres initiaux de Rob Liefeld, SUPREME reste cohérent et évite l’écueil de comics comme YOUNGBLOOD, dont les premiers numéros ne cessent de lancer des spin-offs !

Si j’avais un marteau… SUPREME n°7 à 22 + 25 de Kurt Hathaway et Rob Liefeld

Un air de déjà vu…
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Les membres de Starguard avertissent Supreme d’une crise imminente mais doivent repartir dans leur avenir avant de lui avoir donné davantage de détails. Alors que Supreme est interviewé par une Maxine Winslow toujours aussi agressive, il apprend le retour de Thor. Le dieu d’Asgard avait été manipulé par Hitler pour combattre au nom du IIIe Reich. S’il avait appris la vérité sur le dictateur, Thor a cependant disparu pour des raisons inconnues. En réalité, il avait été placé en animation suspendue. Aussi, lorsqu’il se réveille, Thor cherche à se venger du Führer, sans réaliser qu’un demi-siècle a passé. Supreme lui fait face mais Thor ne veut rien entendre et pense que Supreme a changé de camp. Supreme l’emporte et s’empare de Mjollnir. Il rend visite à son ancien acolyte Kid Supreme, qui était capable d’utiliser une partie de la puissance de Supreme. Cette discussion persuade Supreme d’accepter une interview avec Maxine Winslow.

Cette interview ne fait pas paraître Supreme sous son meilleur jour. Le héros ne fait pas bonne impression en se qualifiant lui-même de dieu ! Il dévoile ses origines en direct à la télévision. Celui qui allait devenir Supreme a été forcé de devenir le cobaye d’une expérience dangereuse visant à créer un super soldat. L’expérience a réussi au-delà de toute espérance. Le sujet a dépassé les capacités physiques et mentales humaines, pour devenir un être suprême. Cependant, l’interview s’interrompt quand un flash info annonce le retour d’un supercriminel, Quantum, leader autoproclamé des mutants des studios Extreme, les NuGenes. Mais le combat tourne en la défaveur de Supreme quand Quantum le prive de ses pouvoirs. Supreme ne doit alors la vie qu’à Mjollnir qui lui confère des pouvoirs divins.

Je suis… un dieu !
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Désespéré à l’idée de redevenir un homme normal, Supreme va chercher de l’aide auprès de la personne qui le connaît le mieux : son ennemi intime, Grizlock. Celui-ci tente de le trahir et l’expérience finit dans une explosion qui tue Grizlock et son assistant. Elle assomme également un jeune homme dont on apprendra qu’il a reçu le pouvoir de Supreme. Pour sa part, Supreme sombre dans la folie et commence à se battre contre le héros Union, qu’il prend pour Grizlock. Après ce combat, il va se confier à Spawn, qui comprend immédiatement que Supreme est désaxé et que ses souvenirs d’un passé où il était adulé son complètement faux. Grâce aux pouvoirs de Mjollnir, Supreme affronte également l’équipe de Stormwatch ainsi que l’extraterrestre Pitt. Il semble retrouver un certain équilibre en combattant un ancien ennemi, Simple Simon, qui s’est emparé de la technologie de Grizlock., avec l’aide de Pitt. Cependant, l’arrogance de Supreme reste à son zénith et il est exaspéré d’avoir eu besoin de l’aide d’un autre.

C’est dans cet état d’esprit qu’il se rend sur la tombe de son amante humaine tuée par Grizlock. Il réalise qu’il haïssait ses compagnons humains qui le rendaient vulnérable. Lorsque Supreme rencontre le jeune Danny, l’adolescent soufflé par l’explosion qui a tué Grizlock, alors qu’il combat la mafia de Tony Twist et son cyborg Overtkill, il accepte plus facilement le soutien du jeune homme invincible qui reprend le nom de Kid Suprême. Mais une nouvelle épreuve attend Supreme : celui-ci est en effet téléporté sur Asgard, devant Odin lui-même ! La suffisance de Supreme le pousse à accepter accidentellement de mettre Mjollnir en jeu. Il doit en effet affronter Thor dans des épreuves de force. Loki tente de faire pencher la balance en faveur de Suprême. Cependant, Supreme l’emporte sans son aide et, lorsqu’il accepte de rendre Mjollnir lorsque la fourberie de Loki est découverte, Odin décrète que Suprême est digne du pouvoir du dieu du tonnerre !

Extreme Studios ou l’art de la planification
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Puis il y a le cas du SUPREME n°25. En 1994, Image Comics lance l’initiative Images of Tomorrow, et publie plus d’un an à l’avance les n°25 de plusieurs séries : BRIGADE, BLOODSTRIKE, STORMWATCH et SUPREME. Le problème est que Brigade et Bloodstrike s’interrompent avant de rattraper ce 25e numéro. STORMWATCH réussit à raccrocher les wagons. En ce qui concerne SUPREME, le numéro 25 est publié juste avant la saga Supreme Madness durant laquelle le personnage éponyme sombre dans la folie après l’expérience de Grizlock. SUPREME n°25 voit s’affronter 2 Supreme. Simple Simon a en effet investi le corps d’un Supreme venu d’une réalité parallèle. Le véritable Supreme l’affronte avec l’aide de Starguard. Probe, la fille télépathe de Supreme, aide le Supreme parallèle à regagner le contrôle de son corps. Le hic, c’est que la série prend une toute autre orientation dans SUPREME n°23 et rend impossible cette situation…

Au début du run de Kurt Hathaway, SUPREME semble enfin trouver une direction. la rencontre avec Starguard pose une échéance qu’on imagine proche, et l’interview de Supreme permet d’en savoir davantage sur le personnage et de montrer son complexe divin qui justifie sa morgue. Ses combats contre Thor puis Quantum posent un nouveau statu quo pour le personnage. EXTREME PREJUDICE dévoile d’ailleurs la véritable kryptonite de Supreme : les crossovers ! Mais l’arche narrative Supreme Madness fait figure de sortie de route. L’auteur accumule les combats sans rime ni raison entre Supreme et d’autres héros d’Image Comics. Paradoxalement, dans le courrier des lecteurs, ses histoires bourrines renforce l’intérêt du lectorat ! L’affaire de SUPREME n°25 est un nouvel exemple des difficultés des écuries Liefeld à mener une idée à terme.

Un anti-héros de plus en plus paranoïaque
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On ressent également la volonté de l’auteur de renouer avec la tradition des comics Marvel et DC. La couverture du combat contre Thor fait ouvertement référence à l’affrontement entre le Surfer d’Argent et le Dieu du Tonnerre. De même, Quantum est une copie à peine voilée de Magnéto durant le crossover Attractions Fatales. La suite de combats de Supreme Madness renvoie à la tradition des premières rencontres entre superhéros, qui ont tendance à se mettre sur la gueule avant de s’allier.

Kurt Hathaway peine à trouver un adversaire à la hauteur de Supreme. Grizlock meurt hors écran et Simple Simon est franchement peu impressionnant, harnaché dans un équipement qui rappelle vaguement celui du Bouffon vert. L’obsession croissante de Supreme pour Mjollnir relance un peu l’intérêt : privé de ses pouvoirs qui le rendaient “suprême” parmi les hommes, le personnage s’accroche à cet objet qui lui donne des capacités divines. En sous-texte, Supreme tente de fuir la réalité de sa propre humanité. C’est ce que constate Spawn lorsqu’il découvre que Supreme se ment à lui-même quant à son passé. Pourtant, la folie tant vantée de Supreme, qui ferait de lui une véritable menace, reste bien inoffensive dans les pages de sa propre série !

Le véritable visage de Supreme ! BLOODSTRIKE, TRENCHER, THE LEGEND OF SUPREME et SUPREME ANNUAL n°1 de Keith Giffen et Len Wein

Superman vs X-Force !
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Les personnages parlent beaucoup de la violence de Supreme et de sa croisade contre les surhumains créés par la main de l’homme. Le problème, c’est qu’il faut aller voir dans d’autres séries les actes les plus violents du personnage. Il est intéressant de noter que dans la plupart des cas, l’iconoclaste Keith Giffen est l’auteur de la série. Dans BLOODSTRIKE n°5, l’équipe du même nom est envoyée neutraliser Supreme. En effet, Bill Clinton a ordonné son arrestation en voyant la dévastation qu’a provoqué son combat contre Khrome. Le problème, c’est que l’équipe de surhommes réanimés ne sont pas de taille contre un Supreme encore en pleine possession de ses pouvoirs. Supreme massacre ceux qui sont pour lui des abominations dans un déluge de sang et de tripes. Énucléation, démembrements, éventrement, un festival gore ! Fort heureusement pour les membres de Bloodstrike, le principe de leur existence est qu’ils peuvent être ramenés à la vie. Supreme affronte un autre adversaire mort-vivant, Trencher dans TRENCHER n°3. Trencher finit décapité mais ses capacités de régénération lui permettent de survivre à cette rencontre.

Keith Giffen écrit également une minisérie qui doit faire le lien entre SUPREME n°22 et 23, et clarifier les origines du personnage. Co-écrit par Robert Loren Fleming et illustré par Jeff Johnson, THE LEGEND OF SUPREME revient sur Maxine Winslow, qui cherche toujours à venger son père en ternissant l’image publique de Supreme. On retrouve ce dernier dans les ruines de Genetech, dont les recherches sont une hérésie aux yeux de Supreme. Il a donc tué tout le personnel de l’entreprise à l’exception d’un seul survivant qu’il charge d’avertir tous ceux qui tentent de créer des surhommes. Maxine retrouve les responsables de l’existence de Supreme. Ceux-ci lui révèlent sa véritable identité : Ethan Crane, condamné pour le meurtre d’un violeur. Ce fils de prédicateur a accepté de servir de cobaye pour une expérience censée lui donner du pouvoir, mais a été tué par l’expérience. Cependant, il est revenu à la vie transformé : un corps différent, plus puissant. Les scientifiques ont alors décidé de le tuer en boucle afin d’obtenir un surhomme parfait !

Le Superman de Zack Snyder ?
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L’ancien Ethan Crane finit par fuir et trouve refuge dans un centre tenu par un prêtre. Sous les yeux consternés de ce dernier, Ethan devient un fou mystique en comparant ses facultés surhumaines à celles de Dieu. Il prend alors part à la Seconde Guerre Mondiale mais, selon les témoignages, la prolonge afin de prouver sa valeur au monde. Mais lorsqu’à son retour du front, il retrouve le prêtre, le pasteur l’accuse d’être un assassin. Sous la colère, Ethan le frappe et le tue sur le coup. Face à son acte, il s’enfuit dans l’espace pour 50 ans. Dans le présent, Supreme fournit son propre évangile à Maxine Winslow. Mais celle-ci refuse de devenir son apôtre et le met face à ses contradictions en lui rappelant deux des 10 Commandements : Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face, et Tu ne tueras point ! Supreme s’envole pour l’espace afin de se remettre en question.

Enfin, SUPREME ANNUAL n°1 se penche sur le passé de Supreme. Une première histoire écrite et illustrée par Keith Giffen explore l’une des étapes de l’exil de Supreme. Durant les années 60, Supreme voit l’une des planètes où il se repose détruite par un vaisseau de minage. Il  prend cela comme une offense personnelle et détruit l’appareil. Les propriétaires du véhicule, des pirates de l’espace, commanditent le meurtre de Supreme. Il se trouve que l’assassin est un nazi que Supreme a incinéré vers la fin de la guerre. L’allemand, un nommé Vergessen, s’est alors découvert le pouvoir de survivre à toute attaque en s’adaptant. Il retrouve Supreme sur une planète commerciale et utilise ses pouvoirs pour pousser Supreme à le combattre. Sans le réaliser, Supreme tue tous les habitants alentours en tentant d’exterminer Vergessen. Cependant, celui-ci trouve la mort lorsqu’il essaie de mettre fin à la vie de Supreme. En effet, il prend la forme de sa plus grande faiblesse. Mais l’arrogance de Supreme est telle qu’il estime qu’il n’a aucune faiblesse. Vergessen disparaît donc dans le néant…

Une seconde histoire écrite par Len Wein, le créateur de Wolverine, et dessinée par Sharon Denton, revient sur les actions de Supreme durant la guerre. Supreme estime déjà n’avoir besoin d’aucune aide, et extermine les soldats allemands qui se rendent. Pourtant, les Alliés, la super équipe de l’époque, lui transmettent une mission de l’Amirauté : libérer une ville française occupée. Les Alliés, en la personne de Diehard, Glory et Super Patriot, se rendent dans la ville et s’attaquent de front aux forces allemandes. Glory prend le temps d’emmener une enfant et sa poupée un peu plus loin dans le village, hors de la zone de combat. Mais les Alliés s’étonnent de l’absence de Supreme. Jusqu’à ce qu’ils découvrent avec horreur que Supreme arrive avec des bombes, qu’il lance sur le village ! Afin de débarrasser la ville des troupes allemandes, il a également tué l’ensemble des habitants…

Keith Giffen et Len Wein parviennent à donner au personnage de Supreme une humanité qui lui faisait cruellement défaut dans sa série. La série THE LEGEND OF SUPREME analyse le complexe de Dieu du personnage et le justifie par ses origines. Ethan Crane revient des morts transfiguré. Son éducation religieuse et sa fuite dans un refuge chrétien accentuent sa chute dans la folie, que tente pourtant d’empêcher un homme de Dieu. Le jeune Supreme, face à ses contradictions, tue un innocent et fuit son acte. Dans le présent, devant Maxine Winslow qui le replace dans la même situation, Supreme commence à remettre ses actes en question. L’annual montre que même avant son geste fatal, Supreme était un être violent et commettait des crimes de guerre sans hésitation. Dans les défauts, Keith Giffen oublie complètement que les pouvoirs de Supreme ont changé lorsqu’il affronte un clone de lui-même : pas de Mjollnir à l’horizon…

Des cases qui tâchent !
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Dans le présent, c’est-à-dire dans les séries BLOODSTRIKE et TRENCHER de Keith Giffen, Supreme est surtout un personnage prétexte, qui permet à l’auteur d’écrire une satire sur l’attrait des comics moderne pour la violence exagérée. Supreme, dans sa folie divine, considère les expériences visant à recréer un surhomme comme un affront : après tout, les scientifiques tentent par là-même de reproduire Dieu, à savoir Supreme lui-même. Si Supreme commence à s’interroger sur ses actions, le crossover EXTREME SACRIFICE l’empêchera d’aller plus loin !

All-New, All-Different Supreme ! SUPREME n°23, 24, 26 à 31 de Gary Carlson 

Un souffle de jeunesse
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Dans EXTREME SACRIFICE, Chapel, l’assassin d’Al Simmons ou Spawn, devient un Seigneur des Enfers. Il fait de Crypt, double maléfique de John Prophet, son homme de main, qu’il charge d’exécuter ses rivaux. Dans SUPREME n°23, Crypt s’attaque à Supreme alors que ce dernier médite sur la lune. La lame de l’assassin déjoue les enchantements de Mjollnir et blesse Supreme. Crypt transperce Supreme de sa hache et frappe son adversaire d’un coup tel qu’il l’envoie de la lune à New York ! Il l’achève en lui assénant un backbreaker à faire pâlir Bane d’envie : Crypt fait en effet sauter la colonne vertébrale de Supreme par son torse ! L’assassin jette la carcasse de son adversaire dans les rues. Pourtant, Spawn ne découvre que le costume de Supreme : son corps a disparu.

Ce meurtre est très public. Pourtant, lors de l’affrontement final contre Lord Chapel, les héros présent ont la surprise de voir un Supreme plus jeune partir à l’assaut du Seigneur des Enfers. Mais ce dernier l’expédie d’un coup loin du champ de bataille. Ce Supreme atterrit à Tokyo. Amnésique, il n’adopte le nom de Supreme que parce qu’on lui signale sa ressemblance avec le héros disparu. Enfin, pas un héros pour la population locale. Les japonais se souviennent que Supreme a personnellement transporté et largué les bombes qui ont détruit Hiroshima et Nagasaki. Alors qu’il proteste de son innocence devant les superhéros japonais, il décapite accidentellement l’une d’entre eux en déclenchant son regard laser… Enfin, un enfant lui explique qu’il ne ressemble en rien au véritable Supreme en lui mettant sous les yeux SUPREME n°25 !

Vous vous souvenez d’Images of Tomorrow ?
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Le nouveau Supreme retourne aux Etats-Unis pour retrouver l’auteur de ce comic book : le Kid Supreme des années 40, Charles Flanders. Celui-ci est en effet devenu l’auteur des comics Supreme afin d’entretenir la réputation du héros en son absence. Cependant, le retour de Supreme de son exil cosmique a signifié la fin de sa carrière ! Supreme croise au passage le Kid Supreme moderne, Danny, qui a obtenu les pouvoirs de Supreme durant l’expérience de Grizlock. Alors que Supreme tente d’en apprendre davantage sur son propre passé, le mystérieux Blackheart tente Charles Flanders en lui offrant les pouvoirs de Danny. Supreme s’attaque à Blackheart et Charles perd ses pouvoirs, ce qui provoque une crise cardiaque. Transporté aux urgences, Charles est attaqué par des agents de Darkthornn, un pseudo Darkseid, mais Danny le sauve en lui transférant volontairement ses pouvoirs.

Mais cette attaque n’est que le prologue d’une offensive de Darkthornn. Alors que Supreme s’attaque à ses sbires, il est poignardé par l’un de ces fanatiques. C’est le début du crossover SUPREME APOCALYPSE durant lequel Supreme tombe sous l’emprise de Darkthornn et devient son bras armé. Il affronte d’autres créations du Dr Wells, le scientifique auquel il doit ses pouvoirs : Prophet et les Berzerkers. Ceux-ci le tirent de sa torpeur et, à l’aide du génie de Wells, ils détruisent Darkthornn. Le jeune Supreme rejoint l’équipe Brigade. Ailleurs, le véritable Supreme, privé de ses pouvoirs, croupit en prison !

Gary Carlson commence son run avec un lourd handicap, à savoir SUPREME n°25. Incapable de le justifier après la mort du héros durant EXTREME SACRIFICE, l’auteur trouve une échapatoire en en faisant un comics fictif, publié dans l’univers de Supreme. Cependant, son run a l’avantage de modifier le statu quo en changeant de protagoniste. Le nouveau fil rouge est la quête d’identité du protagoniste principal.

Je ne suis pas un meurtrier ! … Oups…
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Pourtant, j’ai du mal avec ce nouveau Supreme. Celui-ci tue rapidement une héroïne sans subir de véritables conséquences. Un premier antagoniste japonais est assez cliché (un homme ayant sacrifié son humanité pour devenir une intelligence artificielle) et rapidement vaincu. L’auteur évacue rapidement ce meurtre accidentel et n’en fait plus mention. L’histoire des Kid Supreme montre la même absence de conséquence. Charles Flanders, qui manque de tuer le nouveau Kid Supreme en s’appropriant ses pouvoirs, est très vite pardonné pour sa trahison.

Par ailleurs, l’impression de copie carbone sans imagination continue. L’attaque de Crypt sur Supreme renvoie à la scène dans laquelle Bane brise le dos de Batman. Les Kid Supreme évoquent Captain Marvel Jr et surtout la version retouchée par Alan Moore, Kid Miracleman. Enfin, SUPREME APOCALYPSE est plus ou moins l’histoire d’un Superman tombé sous l’influence de Darkseid, histoire qu’a déjà imaginé John Byrne après le reboot de Crisis on Infinite Earths.

Le conte des 3 Supreme. SUPREME n°0, 32 à 39 d’Eric Stephenson

Les Supreme sans Diana Ross
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Supreme n°0 marque une remise en question de tout le passé du personnage. Le Supreme rajeuni accompagne un nommé Jack Simon (Jack Kirby + Joe Simon, créateurs de Captain America) qui lui a promis des révélations. Jack Simon commence par expliquer à son interlocuteur qu’il n’est pas Supreme. Mais l’information la plus fracassante est que Supreme n’existe pas ! En effet, il y a bien eu un Supreme durant la Seconde Guerre Mondiale, dont l’histoire a été réécrite par des auteurs de comics dont Jack Simon a fait partie. Mais, selon ce dernier, ce Supreme n’est peut-être jamais revenu chez lui. Les informations qui concernent son retour, sa personnalité, sont tellement contradictoires qu’il s’agit peut-être d’un faux Supreme, ou de plusieurs versions du héros. Jack Simon encourage le nouveau Supreme à trouver son véritable prédécesseur, où qu’il se trouve. Pendant ce temps, sur une autre Terre, une cellule cryogénique contenant un Supreme aux cheveux blancs est expédiée dans l’espace.

Ce Supreme, qui n’a aucun souvenir d’un retour sur Terre, décide de se venger des pirates qui ont lancé Vergessen après lui. Mais sa cible a des pouvoirs mentaux et apparaît aux yeux de Supreme sous la forme de l’une de ses victimes : le prêtre qu’il a accidentellement tué avant de partir pour l’espace. S’il sombre d’abord dans le remord, Supreme finit par comprendre qu’il s’agit d’une illusion et désintègre son adversaire. Mais il est aussitôt transporté sur la Terre. Enfin, une approximation : il n’a aucun souvenir d’une Capital City aux Etats-Unis !

Sur la véritable Terre, le jeune Supreme, Kid Supreme et tous les autres héros masculins ont la surprise de se voir transformés en version féminine d’eux-même. Il s’agit du crossover Babewatch, une excuse pour Image Comics d’avoir des femmes sur l’ensemble de leurs couvertures pour le mois en question. Mais le crossover a un effet inattendu pour le nouveau Supreme : il se souvient de son identité réelle ! L’équipe Starguard était venu au XXe siècle pour avertir Supreme, leur père à tous, d’une crise imminente. Cependant, en chemin pour leur époque, les enfants de Supreme ont été victimes de la catastrophe qu’ils voulaient empêcher. Seule Probe, l’enfant télépathe du héros, reste debout. Un seul membre de sa fratrie est en vie, son frère Val-En. Mais il est inconscient et le vaisseau est sur le point d’exploser. Afin qu’une part d’eux survive, Probe projette son esprit dans le corps de Val-En. Le vaisseau explose et seul le corps de Val-En échappe à l’explosion. Rendue amnésique par l’incident, Probe dans le corps de Val-En retourne sur Terre en plein combat contre Lord Chapel, qui l’expédie au Japon. Lorsque les héros retrouvent leur corps d’origine, la volonté de Probe est telle qu’elle conserve son apparence féminine, dorénavant dotée des pouvoirs de son frère. 

La vérité sur le jeune Supreme !
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Sur la seconde Terre, à Capital City, Supreme se sent épié. Alors qu’il sauve une enfant d’un gratte-ciel qui s’effondre, il refuse les accolades du public. Supreme se méfie également du seigneur des lieux, Lord Ardath, et s’interroge également sur la perte de ses pouvoirs. En effet, il n’est plus capable de voler et ne peut que sauter au-dessus des building, sa puissance est celle d’une locomotive, et sa vitesse celle d’une balle de revolver… Un détective nommé Beckett le mène vers le repère d’un autre Supreme, celui-ci barbu, qui le plonge dans l’inconscience.

Sur Terre, c’est une nouvelle crise qui a lieu : Extreme Sacrifice. Comme c’est la mode, le méchant du jour, Shepherd cette fois, met une raclée à Supreme, dans ce cas Probe qui s’est renommée Lady Supreme. Cependant, celle-ci parvient à extraire de l’esprit de Shepherd l’endroit où se trouve son père. Elle se rend alors sur la Seconde Terre. Sur cet autre monde, le Supreme barbu et sans pouvoir échange son corps avec celui de son homologue. Alors qu’elle s’approche de l’Autre Terre, Lady Supreme rencontre un futur ami, le nommé Enigma, qui pour sa part ne l’a pas encore rencontrée. Enigma aide Lady Supreme à maîtriser les pouvoirs de son nouveau corps. Sur l’Autre Terre, les 2 Supreme s’affrontent. Celui qui n’a pas de pouvoir compense son manque de puissance par des armes lourdes. Ce combat est interrompu par l’arrivée de Lady Supreme et d’Enigma. Mais la surprise pour les 2 Supreme vient de la trahison du détective Beckett qui dévoile sa véritable identité : Loki, le maître des manipulations.

Qui aurait pu deviner que c’était lui ? Non, sérieusement, qui ?
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Loki, qui aide Lord Ardath par jeu autant que par vengeance contre Supreme, refuse de se salir les mains contre les Supreme et Lady Supreme. Il invoque donc une version de Starguard avant leur mort. La jeune Probe ne se reconnaît pas en Lady Supreme, et l’équipe se lance à l’attaque contre ceux qu’ils prennent pour des imposteurs de leur père et de leur sœur. Lord Ardath approche du combat afin d’absorber la puissance des Supreme et révèle son identité : il s’agit de Val-En, qui pense avoir été laissé pour mort par sa soeur. Sa conscience a été amenée par Loki sur cet autre monde, sur lequel Supreme a été téléporté peu après sa défaite aux mains de Crypt. Cependant, lorsqu’il voit le Val-En de Starguard inconscient, Ardath tente de prendre possession de son ancien corps. Mais le paradoxe tue Ardath sur le coup. Voyant son allié détruit et Starguard vaincu, Loki renvoie les enfants de Supreme à leur époque et prend sa véritable apparence pour affronter directement Lady Supreme et les deux versions de son père. Malgré toute la puissance du dieu asgardien, la détermination de ses 3 adversaires est suffisante pour le mettre en fuite. Loki a cependant le temps d’asséner un coup fatal au Supreme dénué de pouvoir.

Enfin, la série commence à trouver une cohérence et à répondre aux divers fils narratifs que les différents auteurs ont lancé ! Je salue pour ma part Eric Stephenson pour reconnaître dans SUPREME n°0, le numéro qui débute son run, les incohérences qui ont marqué l’histoire de son personnage. L’auteur se fixe plusieurs objectifs : répondre à la question de l’identité du nouveau Supreme et découvrir où se trouve le véritable Supreme.

Des explications confuses
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Afin de compléter l’histoire du nouveau Supreme, Eric Stephenson réussit à utiliser le crossover racoleur BABEWATCH, et utilise même la continuité de Supreme en liant les origines du personnage à Starguard. Concernant le véritable Supreme, l’auteur anticipe Alan Moore en créant une Terre proche de celle de DC Comics. Capital City renvoie directement à Metropolis et les pouvoirs de Supreme sont ceux du Superman de l’Âge d’Or. Le Supreme sans pouvoir évoque Superman de l’ère moderne lors de sa résurrection après son combat contre Doomsday. Contrairement à son prédécesseur, Eric Stephenson ne se contente pas d’une simple copie et utilise ces hommages afin de confronter le Superman des origines à sa version contemporaine.

Pour autant, les histoires ne sont pas transcendantes. Supreme n’a toujours pas de meilleur ennemi que lui-même. Lord Ardath est si oubliable qu’il s’autodétruit sans véritablement faire face à Supreme. De plus, tout le run de Stephenson peut se résumer à un recyclage de SUPREME n°25 : un double barbu de Supreme, un échange de corps, le retour de Starguard. Pas forcément une référence en terme de qualité narrative… Si Stephenson parvient à rassembler les fils narratifs, ceux-ci se croisent dans un nœud gordien. L’auteur compte sur une connaissance sans faille de la série pour expliquer l’identité du nouveau Supreme et les circonstances de la création de l’Autre-Terre. Cette saga est devenue un tel bazar qu’elle nécessite un ultime numéro clarifiant tous les tenants et aboutissants et éclaircissant les dernières zones d’ombres.

Tout ce que vous vouliez savoir sur Supreme ! SUPREME n°40 de Jim Valentino

Finissons ce run avec la couverture la plus générique possible !
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SUPREME n°40, l’ultime histoire avant la reprise par Alan Moore, sert de conclusion. Lady Supreme décide de rester sur cet Autre Monde afin d’en devenir l’héroïne. Enigma et Loki expliquent tous les événements de la série. Durant la Seconde Guerre Mondiale, Loki a nourri l’ambition de Hitler et manipulé son frère pour qu’il se joigne aux nazis. Lorsque Supreme a affronté le Reich et aidé les forces alliées à remporter la guerre, Loki est devenu obsédé par le héros. Lorsque Supreme s’est exilé dans l’espace, Loki a alimenté son conflit avec le peuple de Khrome et, alors que Supreme était affaibli, l’a poussé à fuir vers le futur. Lorsque Supreme a rencontré Starguard, Loki a massacré l’équipe, ne laissant en vie que Probe et Val-En dans la crise qui devait mener à la création de Lady Supreme et Lord Ardath. Supreme lui-même était sur le point de succomber lorsqu’Enigma lui est apparu pour lui désigner la seule arme capable de vaincre Loki : Mjollnir. Alors que Loki portait un coup fatal à Supreme, Enigma projette ce dernier vers la Terre. Cependant, le choc provoque une amnésie partielle et Supreme ne se souvient pas de son objectif, n’ayant qu’une impression de remords.

Afin de raviver les souvenirs de Supreme, Enigma a alors libérer Thor et invoqué Starguard. Si Supreme est parvenu à s’emparer de Mjollnir, aucune de ces rencontres ne lui a rappelé sa mission. Loki en a alors profité pour provoquer un nouveau combat entre Loki et Thor. Entretemps, afin de compenser la perte des pouvoirs de Supreme face à Quantum, Enigma a créé un double temporel du héros au cas où Supreme succomberait face à Thor, mais Loki l’attaque par surprise et le laisse pour mort. Lorsque Crypt attaque Supreme, Loki transporte le héros sur l’Autre Terre afin de torturer un Supreme désormais dénué de pouvoir. Loki découvre également le double créé par Enigma, et l’attire sur l’Autre-Terre afin de transférer ses pouvoirs dans le corps d’Ardath. Enigma retrouve ses forces à temps pour entraîner Lady Supreme avant son arrivée sur l’Autre-Terre et aider les Supreme à défaire Loki. Odin punit Loki pour ses méfaits en le réduisant à la taille d’un insecte dans la Cour d’Asgard. Pendant ce temps, Supreme retrouve la véritable Terre, toujours aussi arrogant et hautain que lors de son premier retour.

Tâche ingrate pour Jim Valentino. En un seul numéro, il doit expliquer tout ce qui s’est passé dans les 39 comics précédents ! D’ailleurs, il ne tient pas compte de l’Annual, des miniséries et autres comics dans lesquels Supreme apparaît… Sa réponse est simple, voire simpliste : tout est de la faute de Loki et d’Enigma ! Valentino passe l’éponge sur les pires exactions de Supreme et n’en fait jamais mention. Le héros, pour sa part, reste ignorant des enjeux qui ont provoqué son retour sur Terre, du destin de Loki ou des actes d’Enigma. Supreme reste un personnage creux, qui n’a pas évolué depuis le premier numéro de la série ! Tout au plus accepte-t-il l’existence de sa fille, d’autant plus facilement qu’elle reste sur une planète loin de la sienne.

Retour à la case départ !
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Que retenir de cette série ? Un concept initial qui aurait pu être intéressant, sinon original. Mais également un comics qui n’a pas osé aller très loin dans l’audace et l’idée d’un fou mystique, se reposant sur d’autres titres pour justifier l’aspect borderline du personnage. Les auteurs successifs de SUPREME ont régulièrement bousculé le statu quo sans véritablement exploiter ces changements, pour finir par revenir à leur point de départ. Depuis SUPREME, d’autres titres ont bien mieux exploité l’idée d’un Superman manipulateur ou violent : le Plutonien de IRRECUPERABLE, THE MIGHTY, Hyperion dans SUPREME POWER, Patriot dans RISING STARS, Mr Majestic durant WILDSTORM : WORLD’S END jusqu’au Protecteur de THE BOYS… Des successeurs de Supreme qui ont dépassé de loin leur ancêtre ! Pour autant, la série anticipe les réécritures du personnage par Alan Moore ou Warren Ellis, notamment dans son n°0 qui a déjà une portée métatextuelle par le truchement du personnage de Jack Simon. Alan Moore réutilisera d’ailleurs la figure de Jack Kirby, tout comme Warren Ellis reprendra l’idée d’incohérences justifiées dans le récit par des reboots de la réalité


La BO du jour :

36 comments

  • Tornado  

    J’ai eu le privilège de lire cet article en coulisses il y a déjà un bail. Ça a été une mine d’or pour ma culture personnelle (je n’ai jamais lu cette série avant Alan Moore) et pour la réalisation de mon article à venir sur la partie « par Alan Moore » !
    Je trouve toujours les dessins de cette période et de cet éditeur d’une laideur ayant catastrophiquement mal vieilli (le scan « La vérité sur le jeune Supreme ! » = 😱). Mais je sais qu’il y a des nostalgiques qui sont encore fans (un de mes meilleurs amis continue de vénérer Jim Lee envers et contre tous).
    En le relisant, j’ai trouvé que les commentaires sous les scans (comment on appelle ça déjà ? 🧐) étaient souvent très drôles et bien choisis !

    Quant à la BO : Bien vu aussi ! Marrant, je viens juste de me revoir LES COMMITMENTS !

    • JB  

      La vérité sur le jeune Supreme : Comment ça, tu veux dire que les jambes ne constituent pas 80% du corps humain ?
      Heureux que l’article t’ait amusé 🙂

    • Matt  

      Jim Lee n’est pas le problème pour moi.
      Même son travail dans les années 90s était au dessus du lot. Très musculeux certes, mais il ne faisait pas des trucs comme les horreurs qu’on voit sur les scans là.
      Et tu prends Jim Lee sur Batman Hush, même si c’est très connoté comics avec l’aspect musclé, le mec sait gérer les anatomies correctement quand même. Et il s’est mis à bosser les ombres aussi.
      Là c’est du « inspiration Rob Liefield » sur les scans.

    • Tornado  

      @Cyrille : Voilà, merki. Avec l’âge viennent les trous de mémoire… 👴

      @Matt : Oui Jim Lee est au-dessus du lot, celui qui a créé un style, toute une esthétique. Le problème c’est que tous ses suiveurs ont été en dessous et parfois lamentables. A l’arrivée il est tiré par le bas par toute une génération qu’il a influencé. Mais il n’est pas innocent tout de même : Ses débuts sont un peu ruinés par les prémices de Photoshop et es planches dans les années 90, notamment chez les X-men avec les doubles plages blindées de personnages, de bulles, de cartouches de textes dans tous les sens, c’est juste illisible. C’est vers la fin, avec HUSH et le SUPERMAN de Azzarello qu’il revient à quelque chose de très classe et de beaucoup plus mesuré.
      Mais c’est encore très connoté 90’s, du coup…

      Là, pour SUPREME, c’est du Rob Liefeld dans toute sa splendeur : Il est créateur, dessinateur et scénariste. Il est donc entièrement responsable de la débâcle ! 😅
      Le début du run d’Alan Moore est également alourdi par cette esthétique vomitive. Ça s’améliore ensuite avec l’arrivée de ses potes, Rick Veitch et Chris Sprouse.

        • Matt  

          Pour la compo de la page je suis d’accord, c’était la folie les années 90 avec des expérimentations comme ça, abusées.
          Mais il n’empêche que niveau anatomie; il a toujour mieux maitrisé que tous ses suiveurs. Même quand il met trop de persos.

        • Eddy Vanleffe  

          C’est là que je vois que je suis vraiment décalé, je ne vois pas ce qu’on peut leur reprocher à ces planches… ^^
          a par le couleur criarde…
          plus sérieusement!
          oui, c’est too much parce que on sent une « obligation du poster », c’était la mode. mais je garde une grande tendresse pour ces dessins. quand je voulais dessiner plus jeune, je me souviens avoir imité ce genre de délires en reproduisant tout ça, comme les effets chromés sur Colossus, les ombres bizarre sur des justaucorps qui réfléchissaient le lumière, les blousons aviateurs etc…
          et puis il ya du boulot… moi c’est ce genre de planche que j’aima pas

          https://i0.wp.com/imagesociale.fr/wp-content/uploads/jessicajones_alias.jpg?w=387&h=596&ssl=1

          répétition de cases, encrages gras, persos moches…

        • Matt  

          Bah moi le problème avec ces planches c’est que…ça rend bien pour un poster, mais si tu ajoutes des textes qui te prennent 5min à lire, t’as cette désagréable impression que les persos sont figés dans le temps. Que truc reste dans cette position 5min, que bidule tire son laser pendant 5min, que bidulette vole pendant 5min mais sans atteindre sa cible…du coup tout est lent, et parfois tu ne sais pas sans quel ordre lire les textes et c’est juste un livre d’image quoi. Une illustation qui irait dans un roman illustré, mais avec zéro découpage de l’acton, tout est lent et figé, y’a zéro fluidité dans l’action, aucune impression de vitesse (si c’est un combat), etc.

        • Tornado  

          D’accord avec Matt. La planche de ALIAS est ultra efficace et immersive pour moi. Celle de Jim Lee ce n’est plus vraiment de la narration. Mais comme dit plus haut j’imagine que ceux qui ont baigné dedans ont moins de soucis avec la chose et certainement un peu de nostalgie qui aide à supporter ça.
          Et objectivement je trouve la planche de ALIAS classe. Celle de Jim Lee atroce. Question de goût pour le coup.

        • Matt  

          En fait, niveau narration visuelle, souvent les mangaka sont les meilleurs.
          Et si un mangaka fait une planche pareille (déjà c’est rare), il n’y aura aucun dialogue. Ce sera juste une scène d’exposition qui montre un truc dantesque se passer. Comme chez Gou Tanabe par exemple.
          Souvent, dans les mangas il n’y a des plans larges sur plein de personnages que lorsque tout est calme. Comme plein de gens autour d’une table.
          Et ça va rarement causer.
          Et quand il s’agira de scène d’action, ce sera ultra découpé et dynamique à mort.

  • JP Nguyen  

    Franchement, les dessins sont tellement torturés au niveau anatomie que ça pourrait être exposé dans un musée d’arts modernes. Lady Supreme a des jambes interminables !

    Total respect pour te replonger dans ces numéros et nous en faire un topo. Comme tu le dis, il y a des idées, mais mal exploitées. Dans tes résumés, les meurtres de sang-froid perpétrés par Supreme ne semblent jamais avoir de conséquences.
    Et le mélange de références/pastiches DC/Marvel, tel Superman avec le marteau de Thor, ça me fait un peu penser au cocktail TGV : Tequila Gin Vodka, qui mélange 3 alcools forts mais dont le mariage ne donne rien d’intéressant. Les meilleurs cocktails assemblent un alcool fort avec des liqueurs ou sirops et des ingrédients amenant amertume et/ou acidité.

    Merci pour ces pistes de lectures de qualité : en additionnant les notes, on obtient 13,5 étoiles !
    Comment ça, ça ne marche pas comme ça ?

  • Fletcher Arrowsmith  

    Bonjour JB,

    beaucoup de courage pour s’infliger cela. Tu as péché dans une autre vie ?

    la véritable kryptonite de Supreme : les crossovers ! : j’adore !!!

    Rien ne m’attire là dedans surtout pas les dessins d’une laideur.

    En tout cas merci pour ce moment d’histoire.

    • JB  

      Dans une autre vie, j’avais fait un papier sur Bloodstrike, c’est donc juste un mercredi ^^ Plus sérieusement, Supreme a une longévité remarquable dans les comics de l’écurie Rob Liefeld, je voulais en savoir plus.
      Qui sait, je vais peut-être me tourner vers d’autres séries comme Prophet ou Glory qui, elles aussi, ont eu droit à leur relecture par de véritables auteurs (qui, quoi qu’en pensent les Image Boys des débuts, sont indispensables à un bon comics !)

  • Eddy Vanleffe  

    fascinant tout ça…
    la lecture de tous ces bons moments manqués, ratés, loupés est confondant…
    On sent le potentiel, les idées, parfois avec une sorte de « prémonition intuitive » et pourtant, c’est mal fiche, amateur et très laid…
    Je ne dis pas que je ne lirais jamais, parce qu’il ne faut jamais dire « fontaine… » je reste très open…
    mais clairement, je ne vais pas me précipiter non plus….
    l’esthétique 90’s…
    moui…bon…. dans l’ensemble je ne la renie pas non plus…j’en ai lu des kilomètres, ça ne me choque pas plus que ça…
    Bon Rob, en lui même, c’est pas la joie, mais dans son style, je le trouve pire aujourd’hui

    Jim Lee, son style est passé de mode, mais le gars dessine bien quand même, il est un artiste important, à son corps défendant, il a carrément crée une esthétique qui a régné malgré tout, c’est pas rien.

    • JB  

      Rob était même bon sur Hawk and Dove dans les années 80 (les persos avaient même des pieds, un décor d’arrière plan et tout !)

    • Chip  

      En tout cas ça suffit de basher Rob Liefeld. C’est un maître dans l’art des visages constipés

  • Jyrille  

    Hello JB, sacré boulot fourni ici ! En fait, à part le run de Alan Moore que j’ai en VF chez Delcourt et le SUPREME BLUE ROSE de Ellis (dis-moi que tu as lu l’article de Présence sur le site ? Il m’a poussé à me l’offrir en VO et je ne regrette pas !), je ne connais rien du personnage, je n’ai jamais eu la curiosité d’aller voir avant.

    En tout cas, les scans ne me donnent pas envie du tout, je pense être totalement allergique à ce genre de dessins. D’ailleurs c’est une des limites pour moi dans le run de Moore, certains épisodes sont vraiment dans un style graphique qui ne me sied pas… Ca m’a tout l’air d’être un sacré brol, ces histoires, et non je n’ai jamais entendu parler de IMAGES OF TOMORROW avant aujourd’hui !

    Thor, Loki et Odin peuvent donc être utilisé en dehors de Marvel ? C’est un peu étonnant, mais logique.

    Supreme semble être bien plus détestable dans cette version, c’est un réel assassin, ce sont un peu les prémices de The Boys en effet comme tu le dis… Tu cites IRRECUPERABLE, que je n’ai pas lu, mais je pense aussi et surtout à INVINCIBLE…

    La BO : j’adore.

    • JB  

      J’ai bien lu l’article et le comics, c’est du bon Ellis ^^
      IMAGES OF TOMORROW concerne des séries inédites en VF. STORMWATCH ne sera publié qu’avec l’arrivée du même Ellis, un peu plus tard et comme pour Supreme, le début de ce comics reste inédit (pourtant, les séries Wilstorm sont largement supérieures – à mon avis – à celles de l’écurie Liefeld)
      Oui, on retrouve souvent Thor, Loki et Odin. Thor tient par exemple un rôle important dans THE ELEMENTALS chez Comico. Remender utilise également Thor dans THE END LEAGUE. Toute la smala a droit à un épisode dans TOP TEN où les héros enquêtent sur la mort de Baldr. Et puis il y a le Thor du RAGNAROK de Simonson ^^
      Tiens, je commençais justement à me plonger dans INCORRUPTIBLE, la série « soeur » d’IRRECUPERABLE (inédite en VF ?)

      • Jyrille  

        Aucune idée pour Incorruptible, en tout cas, ayant relu Top 10 récemment, on ne peut pas dire que Thor ait un rôle prépondérant là-dedans 🙂

        Mais merci pour toutes ces précisions !

      • Eddy Vanleffe  

        IRRÉCUPÉRABLE est de nouveau dispo en intégrales chez Delcourt, ça me fait un peu envie je dois dire…

        • Bruce lit  

          Très bien Irrécupérable. Le temps m’a manqué pour en faire une review.

  • Présence  

    Mazette quel article ! Quelle rétrospective !

    Je n’ai dû lire que deux ou trois épisodes de Supreme, avec comme d’habitude chez Liefeld, un bon concpet, puis des histoires mal ficelées.

    XTREME PREJUDICE dévoile d’ailleurs la véritable kryptonite de Supreme : les crossovers ! – Excellent !!! 😀

    L’iconoclaste Keith Giffen : un de mes scénaristes fétiches, même s’il peut se montrer irrégulier. Je lui avais consacré un anthologeek sur facebook. Je découvre l’existence de la minisérie The legend of Supreme et je regrette de ne pas avoir lue.

    Le site a rendu un hommage honnête à Rob Liefeld, avec un article sur Youngblood :

    http://www.brucetringale.com/sauvetage-naufrage-effarants-lirreparable/

  • Bruce lit  

    Un Bullshit Detector qui n’en dit pas le nom. Les dessins je les trouvais déjà atroces à l’époque. Des prémices d’Image, je ne garde que quelques épisodes de SPAWN et encore. Très vite, j’ai compris que cette narration en pointillés ne m’amènerait nulle part.
    Donc The Pitt, Savage Dragon, Gen 13, Cyberforce et ce truc c’est eject et sans remords. Même quand c’était « In », je trouvais tout ça putassier ces dessins qui singeaient une compagnie que les Image BOys avaient quittée.. Je sais que Présence est fan de WITCHBLADE, je ne dirais donc rien de méchant là-desus.
    Pourtant grâce à ces gens, Image comics est devenu le troisième pourvoyeur de comics d’une qualité digne de Feu Vertigo. C’est un retour de Karma si étonnant.
    J’admire ton abnégation à avoir lu ce personnage dont le « scénariste » ne savait pas faire évoluer.
    La BO : c’est trop d’élégance pour ce bourrinisme.

    • JB  

      Je reste très fan des débuts de Wildstorm (dont Gen13 ^^) et même si je n’aime pas vraiment Erik Larsen et ses rodomontades, je trouve qu’il a su créer un personnage intéressant avec Savage Dragon (mais, comme son pote MacFarlane et Spawn, il est resté centré sur cette seule création contrairement à l’univers de Jim Lee)

    • Présence  

      J’aime bien la période de Witchblade par Stjepan Sejic et Ron Marz qui est plus tardive, même si elle est inégale.

      En revanche, je suis fans de Savage Dragon, depuis que j’en ai repris la lecture (depuis le début) il y a quelques années.

      • JB  

        Je viens pour ma part de lire les fins des séries Witchblade et Darkness (toute la période TOP COW REBIRTH) avec un adieu aux 2 personnages

        • Jyrille  

          J’avais quelques kiosques de GEN13 et WITCHBLADE, dans les premiers numéros. Je les ai relus il y a quelques temps (trois ans ?) et j’ai tout donné, même si je ne trouvais pas ça totalement mauvais malgré les dessins surtout centrés sur la plastique des filles. Désormais, j’ai un rappel de ceci uniquement dans les AUTHORITY de Millar…

  • Bruce lit  

    A noter que sur le dernier scan, ces gus ne savent même pas orthographier In Memoriam convenablement…

    • JB  

      Bof, Shakespeare avait déjà modifié « Tu quoque » en « Et tu », les anglophones sont probablement fâchés avec le latin…

      • JP Nguyen  

        C’est vrai. Mais quand on gratte, certains historiens pensent que César n’a jamais dit cette phrase ou alors il l’aurait dit, mais en grec…
        Pour ma part, le problème avec « et tu » c’est qu’en français, on identifie pas immédiatement que c’est du latin (à prononcer « aite tou » et pas « étu »)
        Pendant longtemps, quand je tombais sur cette citation, je pensais que l’auteur anglais était une grosse quiche en français, alors que c’était moi qui n’avait pas la référence de Shakespeare…

  • Ben Wawe  

    Formidable article, en outre sans jugement abusif, mais avec une approche presque journalistique et très complète. Merci et bravo !

    • JB  

      Je vais prendre la grosse tête ^^ Merci pour ta lecture !

  • Fletcher Arrowsmith  

    De mon côté je reste fan de SAVAGE DRAGON que je suis à nouveau depuis le 225 avec achat des TP précédents disponibles.

    Il m’arrive de prendre encore parfois SPAWN ou ses séries dérivées.

  • Eddy Vanleffe  

    D’IMAGE je retiens quand même pas mal de petites choses…une atmosphère surtout ou tout semblait être « devant »
    je prenais de haut tout ce qui me semblait idiot à l’époque mais j’ai toujours regretté n’avoir pas porté plus d’attention à SAVAGE DRAGON qui m’a toujours réjoui quand j’en ai lu.
    quand WILDSTORM a été rattaché à DC, j’en suis devenu un très grand fan ayant même parfois fait le chemin à rebours. et je trouve GEN 13 rafraîchissante, con comme la lune mais très fun. ^^
    WITCHBLADE derrière un fan service évident instaurait une mythologie pas mal du tout qu’on retrouve d’ailleurs dans pas mal de manga de la même époque et même dans certains JDR…
    avec le recul, les historiens du comics reverront à la hausse l’héritage de cette époque je pense….
    d’ailleurs tous les cadors d’aujourd’hui y ont fait leurs armes…

    • JB  

      Et pendant ce temps-là, la pauvre Shadowline de Valentino reste ignorée (uniquement sortie de l’obscurité par Bomb Queen ^^)

      • Eddy Vanleffe  

        Sporadiquement, cet « imprint » fairt parler de lui.
        MORNING GLORIES ET RAT QUEENS ont fait parler d’eux (même s’ils n’ont pas réussi à perdurer…)
        (source wikipedia)

        je pense que le logo n’est ni suffisamment visible (je le confonds avec skybound)ni suffisamment cohérent pour sortir de l’anonymat.

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