LE MAGICIEN D’OS – 1° PARTIE

Focus : les 14 films de Ray Harryhausen décryptés !

1ère publication le 15/01/21 – MAJ le 05/09/21

Un article de TORNADO et MATTIE BOY
Le programme de cette première partie !

– Mattie : Pour ma part, si j’aime les films de Harryhausen, ce n’est pas par nostalgie. Je ne les ai pas découverts enfant. Pourquoi alors ? Pourquoi j’aime ces films naïfs aux effets spéciaux datés ? Eh bien j’ai déjà fait tout un article dessus ici, mais pour réexpliquer d’une autre façon : j’aime le cinéma artisanal. Je crois que tout a commencé quand j’ai vu une pièce de théâtre intitulée ULYSSE AUX MILLE RUSES avec l’école. Alors que beaucoup de mes camarades se sont ennuyés parce que ce n’était pas un film plein d’explosions, j’avais été transporté par tous les artifices utilisés pour nous faire croire aux lieux et aux créatures présentes. Le Cyclope par exemple, il est évident qu’ils n’ont pas pu trouver un géant. Mais avec un trou dans le décor en carton-pâte de la grotte, et un globe géant en forme d’œil qui apparaissait derrière ce trou, on pouvait croire à la présence d’un géant inquiétant. Cela restait impressionnant (pour moi) parce que ça se déroulait sous mes yeux, sans post-production, et avec trois bouts de ficelle.

Alors certes, les films de Harryhausen…sont des films. On exige donc un peu plus. Mais on a un peu plus ! On a des créatures qui bougent, qui parlent, de vrais décors filmés, etc. Pour l’époque c’était le top des effets spéciaux. Mais avec un regard moderne, c’est vrai qu’on a toujours cette sensation d’un spectacle de marionnettes. Sauf que je trouve ça merveilleux, et charmant. Cela reste tangible. On sent toute la passion d’un homme qui a animé ces créatures à la main, et on comprend le processus. On sent qu’on pourrait le faire aussi (avec beaucoup de boulot, hein…mais disons qu’on sent l’accessibilité de la chose, comme avec une pièce de théâtre.) Ce n’est pas étonnant que Harryhausen ait fait rêver et inspiré plein de futurs réalisateurs. Parce que cette approche artisanale confère une aura accessible à la création d’un film. C’est un spectacle de marionnettes. Ça fait daté, mais ça reste impressionnant parce qu’il n’y avait aucun ordinateur, et un homme seul qui animait ses créations. C’est un boulot de titan fait avec un amour du cinéma qui transpire à travers la pellicule.

Les débuts d’un magicien

– Tornado : Lorsque j’étais enfant, les films de Ray Harryhausen représentaient le Graal si je les possédais en cassette vidéo (grâce à l’émission LA DERNIERE SEANCE), ou le fantasme si je ne les possédais pas encore.

Si ces films étaient déjà vieux à cette époque, ils le sont davantage aujourd’hui. Et pourtant le charme opère encore. J’ai lu à maintes reprises que c’était dû à la « poésie » qui s’en dégage. Pendant longtemps j’ai cherché la signification de cette « poésie » visuelle. Et puis un jour j’ai compris : Ces films sont bâtis sur des sujets naïfs et candides. Ils mettent en images des contes et des histoires imaginaires. Ils s’adressent principalement à des enfants, ou à la part d’enfance restée cachée en chacun de nous. En créant des images tout aussi naïves et candides, dont la rusticité des trucages interdit d’emblée tout réalisme (chaque film étant mis en scène avec un premier degré indéfectible), Ray Harryhausen a trouvé une harmonie du fond et de la forme. Ou quand le merveilleux naïf des histoires de monstres s’accorde avec la technique d’une animation qui dévoile ses imperfections avec candeur, où les effets spéciaux rudimentaires font corps avec l’innocence du sujet, telles les rimes avec la prose…

La vocation de Ray Harryhausen est née, dès l’enfance, en découvrant KING KONG au cinéma. Une passion habitée, qui le poussa à frapper à la porte de son idole, Willis O’Brien, créateur du grand gorille. Son rêve fut exaucé puisque O’Brien en fit un temps son assistant. Ensemble, ils réalisèrent les effets spéciaux de MONSIEUR JOE (MIGHTY JOE YOUNG), un autre film de gorille réalisé en 1949.

C’est triste mais touchant : anéanti par une vie personnelle tragique qui l’empêcha d’épanouir son génie, O’Brien passe le relais à son disciple. Lequel anime, sous l’approbation de son mentor, un primate bien plus petit pour ne pas lui faire de l’ombre…

Quatre ans plus tard, Harryhausen peut commencer à voler de ses propres ailes. Il va inventer le procédé de la Dynamation et créer les effets spéciaux de quatorze films. Ce sont ces films que nous allons mettre en lumière à partir de maintenant, non sans préciser que notre magicien allait régner sur le genre pendant près de trente ans, même si, dans son giron, d’autres artisans émérites tentèrent de nous faire rêver, comme nous avons pu le voir dans cet article complémentaire.

Godzilla n’était donc pas le premier…
© Warner Bros

1. LE MONSTRE DES TEMPS PERDUS (THE BEAST FROM 20,000 FATHOMS) – 1953 (review : Mattie Boy)

LE MONSTRE DES TEMPS PERDUS est un film d’Eugène Lourié. Souvent considéré comme le GODZILLA américain, le film a en réalité précédé d’un an le GODZILLA d’Ishiro Honda. Mais là où le GODZILLA japonais dénonçait les essais nucléaires au travers d’un film de monstre, LE MONSTRE DES TEMPS PERDUS était moins ambitieux et ressemblait plus à une série B sans réel sous-texte. Cela dit, une série B de bonne facture.

L’histoire, c’est celle de ce monstre réveillé des glaces de l’Arctique par des essais nucléaires. La créature préhistorique va ensuite rejoindre la côte Est des Etats Unis en coulant des navires sur son passage, détruisant un phare, puis semer le chaos à Manhattan. 

Un proto-Godzilla

A l’origine, le film s’inspire d’une nouvelle de Ray Bradbury (grand ami de Harryhausen) dans laquelle deux gardiens de phare se retrouvent à lutter contre un monstre géant. Le film ne conserve qu’une brève scène du monstre détruisant un phare, avant de se diriger vers le film catastrophe en plein centre-ville. Le film a pour lui une créature réussie (appelée Rhédosaure, sorte de croisement entre le stégosaure et le T-Rex) qui prend vie grâce aux talent d’animateur de Harryhausen, quelques scènes de toute beauté pour l’époque (la scène nocturne du phare, le parc d’attractions en feu) et une mise en scène efficace. Rien non plus d’exceptionnel, mais il ravira déjà les amateurs de films de monstres et de chaos urbain.

Avec le recul, on peut constater que le sujet du nucléaire était présent, et qu’il aurait pu être davantage mis en avant et/ou critiqué. Ce n’était pas vraiment le but du film donc ce n’est pas vraiment un reproche, mais on sent qu’on aurait pu tenir là un film plus osé.

LE MONSTRE DES TEMPS PERDUS aura au moins eu le mérite d’ouvrir la voie à tout un genre science-fictionnel s’inspirant de dérives scientifiques et du danger du nucléaire. Malgré un script linéaire suivant un schéma classique (découverte du monstre, enquête, confrontation) le film n’en reste pas moins une œuvre phare du film de genre « monstrueux » qui inspirera même des réalisateurs au pays du soleil levant.

Attendez… il manque des tentacules, là !
© Columbia Pictures et Clover Productions

LE MONSTRE VIENT DE LA MER (IT CAME FROM BENEATH THE SEA) – 1955 (review : Mattie Boy)

Suite au succès du MONSTRE DES TEMPS PERDUS, une pléthore de films de monstres a vu le jour. Mais Ray Harryhausen ne récolte pas encore de lauriers. Pour l’instant, il n’est pas connu. Cela va changer justement lorsqu’il va s’associer à l’occasion de ce film avec le producteur Charles Schneer. Les deux hommes vont plus tard collaborer pour offrir aux spectateurs des classiques du cinéma fantastique/exotique. C’est à partir de là qu’aux yeux du public, le nom du responsable des effets spéciaux aura plus d’importance que celui du réalisateur.

Le pitch : Un sous-marin subit une avarie en plein océan Pacifique. Suite à cet évènement, une enquête est ouverte et on retrouve un morceau de chair d’une créature coincé dans les hélices. Une créature qui, selon les océanologues, serait une pieuvre géante.

Comme le film précédent, le film aborde les conséquences des essais nucléaires sur la faune en imaginant cette créature chassée de son antre et incapable de se nourrir de ses proies habituelles qui seraient alertées par sa radioactivité.

Le monstre mythique de la pieuvre géante à l’ère du nucléaire.

Le film n’a hélas pas un budget à la hauteur de ses ambitions. Harryhausen expliquera même que si la pieuvre n’a que 6 tentacules au lieu de 8, c’était pour économiser sur le budget. On ne voit donc pas beaucoup le monstre (qui n’est pas le plus impressionnant de Harryhausen, faute de vraiment pouvoir se mouvoir) et le film s’égare dans de longues scènes de dialogue. Néanmoins, pour pallier à ce manque de budget, le film adopte un ton documentaire et cherche à générer l’angoisse par le réalisme avec l’utilisation de stock-shots et d’une voix off, ainsi qu’un soin apporté aux explications scientifiques pour rendre crédible les évènements.

On n’échappe pas, pour faire tenir le film sur 1h20, à une romance laborieuse entre deux personnages qui ne sert strictement à rien. L’aspect documentaire scientifique est plus intéressant que les personnages en eux-mêmes. Mais les 20 dernières minutes retrouvent le tonus des premières minutes du film et nous propose des scènes de destruction très fun.

On pourra regretter un manque de dynamisme du film qui aurait sans doute été plus efficace sous forme d’épisode télévisuel de 50min, mais il reste malgré tout sympathique en tant que film de science-fiction qui prend son sujet au sérieux.

Stupéfiant ! Etonnant ! (ça c’est de l’annonce !)
© Columbia Pictures et Clover Productions

3. LES SOUCOUPS VOLANTES ATTAQUENT (EARTH VS THE FLYING SAUCERS) – 1956 (review : Tornado)

Tout comme les deux films précédents et le suivant, avec lesquels il forme une sorte de tétralogie, celui-ci commence par un laïus scientifique des plus sérieux. Et le spectateur médusé, d’entendre après cette jolie tirade sur le mystère d’une possible vie extraterrestre, que si l’on apercevait un alien, il nous appartiendrait de… le dégommer purement et simplement !

Après cette entrée en matière édifiante, nous faisons connaissance avec le héros et sa dinde, qui pour aller plus vite viennent de se marier et ainsi on épargne une bonne partie du scénario habituel consistant à les faire se rencontrer, se courtiser, etc. Afin d’économiser davantage de canevas et d’esquiver tout développement superflu, voilà-t-il pas qu’une soucoupe volante leur passe au même moment au-dessus de la tête. Enfin, quitte à boursicoter jusqu’à la dernière miette de script, nos deux héros sont les scientifiques qui vont démêler cette épouvantable invasion extraterrestre. Pratique, quoi.

La suite tient du coup en un pitch très simple : Les extraterrestres ayant vu leur planète se désintégrer, ils désirent être accueillis sur Terre. Nos scientifiques ont derechef une réponse toute simple à ces désidératas : Les bouter immédiatement hors de notre belle planète ! Non mais…

On s’en doute bien, toutes ces économies de scénario (les acteurs n’ont pas dû coûter bien cher non plus…) trahissent le budget total. Heureusement, notre bon vieux Ray nous a mitonné ses effets spéciaux tel un chef cuisinier étoilé et le résultat est au-dessus du tout-venant des films d’invasion extraterrestres, qui pullulent en ce milieu d’années 50 (parabole de la menace atomique qui pourrait surgir du ciel en pleine guerre froide depuis Russie la rouge !).

Bien maigre également semble être le budget alloué à l’apparence de nos aliens, coincés dans des costumes en carton ayant l’air franchement inconfortable et guère technologique, pour le moins.

Il en résulte un film assez médiocre, inférieur aux chefs d’œuvre du genre (LA GUERRE DES MONDES ou LE METEORE DE LA NUIT), qui vaut avant tout pour les plans exquis de soucoupes volantes bricolés par notre magicien de 7° art (dont TIM BURTON se souviendra dans MARS ATTACKS en citant moult séquences de notre film).

Et la bête effraya la belle (voir l’affiche)…
© Columbia Pictures et Clover Productions

4. A DES MILLIONS DE KM DE LA TERRE (20 MILLION MILES TO EARTH) – 1957 (review : Mattie Boy)

Ray Harryhausen avait tenté de vendre l’idée de ce film (qu’il pensait appeler THE GIANT YMIR) avant les deux films précédents. En vain. Mais la donne a changé. Il s’agit sans doute du premier projet vraiment personnel de Ray, un film dans lequel il a eu tout le loisir de faire évoluer sa créature, véritable personnage principal du film. Inspiré par le même KING KONG qui a fait naître la passion de Ray, le film nous raconte l’histoire d’un extraterrestre (de Vénus) ramené sur terre par une fusée terrienne (oui, dans les films on savait aller sur Vénus à l’époque !) La créature humanoïde à l’aspect reptilien nait sur Terre et démarre sa vie pas plus gros qu’une souris. Puis, au fil du temps et à force de se nourrir, l’Ymir va atteindre la taille d’un chien, d’un homme, d’un ours…jusqu’à finir par atteindre la taille d’un certain singe géant connu, et grimper sur le Colisée à Rome.

Hommage personnel de Ray à son film fétiche, le métrage n’est pas non plus un copier/coller de KING KONG. Contrairement à Kong qui est une créature terriblement sauvage, l’Ymir ne devient agressif qu’après avoir été constamment harcelé par toutes les créatures qu’il croise sur Terre, l’homme en tête. Etait-ce l’intention de véhiculer un message de la peur de l’étranger, de l’inconnu ? En tous cas le film se ressent ainsi, comme une variante de la fable du monstre incompris.

Le King Kong de Vénus

Le script est simple, mais efficace. Et l’attraction principale est l’Ymir. Sa croissance remarquable permet à Ray de se lâcher complètement sur les divers décors dans lesquels faire évoluer la créature. Une table de cuisine, une grange, les rues d’une ville, le toit du Colisée, etc. On retiendra aussi un combat étonnant entre l’Ymir et un éléphant (en marionnette aussi hein, je vous rassure.)

C’est aussi sans doute le travail le plus abouti de Harryhausen jusqu’à présent. La qualité de l’animation a évolué, ainsi que les incrustations dans de nombreux décors.

Si je devais trouver un défaut au film, c’est hélas le cri qu’ils ont décidé de donner à l’Ymir. Il est très pénible, et ils ont eu la brillante idée de le faire hurler toutes les 2min ! C’est quand même assez dommage.

Les personnages humains n’ont que peu d’intérêt. Comme souvent dans ces films, et tout particulièrement celui-ci, ce sont les monstres les stars. Un bon petit film en somme.

Mais pourquoi le 7° ? (on ne le saura jamais…)
© Columbia Pictures

5. LE 7° VOYAGE DE SINBAD (THE 7th VOYAGE OF SINBAD) – 1958 (review : Mattie Boy)

Premier film en couleurs dans la filmographie de Harryhausen, ce film signé Nathan Juran, produit par l’acolyte de Harryhausen Charles H. Shneer, inaugure la saga de films de fantasy mythologiques qui va devenir leur spécialité. Le terreau de la fantasy et l’utilisation de la figure de fiction persane de Sinbad le marin est propice aux aventures les plus folles avec des créatures diverses et variées.

Et pas de doute c’est un festival ! Afin de libérer une princesse, Sinbad et son équipage se rendent sur l’île d’un vilain sorcier qui s’avère peuplée de monstres : un cyclope, un rapace géant à deux têtes, un dragon « apprivoisé » par le sorcier…on se croirait dans le cartoon POPEYE THE SAILOR MEETS SINBAD THE SAILOR de 1936.

Nous aurons aussi droit à un splendide duel contre un squelette, qui prépare le terrain pour la scène d’anthologie de l’excellent JASON ET LES ARGONAUTES de Don Chaffey en 1963.

Les décors sont aussi très jolis (intérieurs de palais, grottes) et confèrent ce charme de conte des 1001 nuits typique du film de fantasy de l’époque.

L’arrivée de la couleur, et d’une pléthore de créatures !

Les acteurs ne sont pas inoubliables cela dit. On retrouve Kerwin Mathews dans le rôle de Sinbad, sympathique acteur souvent rattaché à des projets de fantasy qui jouera le rôle de Gulliver plus tard ainsi que celui de JACK LE TUEUR DE GEANT (je trouve cela dit que John Philip Law campera un meilleur Sinbad dans le film suivant.) Mais la princesse ou le petit génie ne sont guère mémorables. Heureusement le méchant belliqueux s’en donne cœur joie pour cabotiner et grimacer comme un vilain de conte familial.

Les créatures sont animées avec grand soin. Je ne parle pas forcément de réalisme, mais de souci du détail dans leur attitude. On aura presque de la peine pour ce pauvre Cyclope qui s’en prend plein la gueule alors qu’il voulait juste être peinard sur son île. On sent parfois la colère, la peur dans son attitude. Nous ne sommes qu’en 1958 et la galerie de monstres pouvait encore bluffer son monde à l’époque. Aujourd’hui il en reste ce charme artisanal, la petite magie d’un film fait avec passion. Bref, difficile de s’ennuyer devant ce film très enthousiasmant. Surement le meilleur des 3 Sinbad, même si je préfère des choix d’acteurs du suivant.

On prend le même acteur, et on recommence…
© Columbia Pictures

6. LES VOYAGES DE GULLIVER (THE 3 WORLDS OF GULLIVER) – 1960 (review : Mattie Boy)

Adaptation libre (et partielle) du roman satirique de Jonathan Swift, LES VOYAGES DE GULLIVER est donc par nature un film assez humoristique. Le film conserve les moqueries des travers de la société exposés par l’intermédiaire des peuples un peu ridicules que va rencontrer le personnage principal. Suite à un naufrage, le Dr. Gulliver (joué donc par Kerwin Mathews) débarque successivement au pays des lilliputiens, puis au pays des géants, qui ont chacun des coutumes et des problèmes assez risibles, parodies de politique de notre monde : des peuples se font la guerre pour décider de quel côté il faut casser les œufs, les premiers ministres sont élus en fonction de leur capacité à marcher sur une corde, et autres folies grotesques. Gulliver fait ce qu’il peut pour venir en aide à ces gens, en tant que stratège ou médecin. Mais à chaque fois, en se montrant trop intelligent ou trop efficace, il fait de l’ombre aux gouvernements en place et la vanité et l’obscurantisme va l’emporter, forçant Gulliver à fuir. Un constat au final pas très drôle, mais emballé dans un conte satirique amusant.

Pour une fois, l’intérêt du film ne repose pas tant sur les effets spéciaux puisqu’il n’y a aucune créature étrange mythologique (à part un crocodile.) Il ne s’agit que d’incrustations d’acteurs géants auprès d’acteurs minuscules. Mais le film n’en reste pas moins fort plaisant et amusant, avec de jolis décors (en carton-pâte mais jolis quand même.) Très naïf certes, mais pour le coup c’est intrinsèquement lié à l’œuvre originale qui choisissait aussi de se moquer de manière naïve et candide de notre société par des rebondissements caricaturaux. Mention spéciale pour les acteurs qui jouent les puissants (rois capricieux, premiers ministres belliqueux) délicieusement cabotins dans leurs rôles cocasses de riches idiots.

La grande aventure !
© Columbia Pictures

7. L’ÎLE MYSTERIEUSE (MYSTERIOUS ISLAND) – 1961 (review : Tornado)

Réalisé en 1961 par Cy Enfield, il s’agit de l’adaptation très libre du roman de Jules Verne, qui était une suite du mythique 20 000 LIEUES SOUS LES MERS.

Le pitch : En pleine guerre de Sécession, quelques prisonniers nordistes s’emparent d’un ballon et finissent par échouer sur une île déserte. Là, bien qu’une présence invisible semble veiller sur eux, ils sont attaqués par d’étranges animaux géants…


Petite série-B old-school, L’ÎLE MYSTERIEUSE s’impose encore aujourd’hui comme une splendeur visuelle de tous les instants. Comme de coutume, Ray Harryhausen est à lui-seul le garant du spectacle grâce à ses magnifiques décors en peinture sur verre conférant à cette île mystérieuse une pure aura de mythologie, et à sa multitude de créatures animées avec la poésie de circonstance…

Le film souffre de quelques longueurs, mais les séquences d’action sont des bijoux du genre et le final diluvien est de toute beauté, soutenu par la partition de grand Bernard Herrmann, complice habituel d’Alfred Hitchcock mais aussi de Ray Harryhausen sur le tiers de ses films ! Dans le rôle surprise du Capitaine Némo, Herbert Lom, futur Inspecteur Dreyfuss de la série des PANTHERE ROSE de Blake Edwards, habite le personnage avec un charisme impeccable.

Du grand cinéma d’aventure classique !

Cette première partie s’achève. La seconde arrivera bientôt…


BO :

37 comments

  • JP Nguyen  

    Cet article m’a donné envie de relire l’ancien article de Matt, ce que j’ai fait.
    Y’a pas d’arnaque, il a bien réussi à ré-exprimer tout son amour pour ce type de cinéma sans pour autant se répéter (il y arrive mieux dans les articles que dans les commentaires – désolé, c’est une petite pique gratuite !!!)
    Ce qui est un peu étrange, c’est que je crois comprendre en substance vos arguments (en même, un type qui s’amuse à shooter des figurines pour raconter des histoires, ça ne peut pas jeter la pierre aux pionniers du stop motion) mais je n’ai pas vraiment d’attachement pour ces films car, en fait, j’y ai été peu exposé dans mon enfance.
    Pour le dessin en début d’article, j’avais noté la différence de trait entre les deux « personnages » et je me demandais si c’était Matt qui jouait au caméléon pour croquer un Tornado avec un trait plus rond et esquissé (et un air passablement courroucé). Ben non, c’était un duo jusqu’au bout !

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