SECRETS DE FAMILLE (Black Science)

BLACK SCIENCE, par Rick Remender & Matteo Scalera.

Un article de TORNADO

VO : Image Comics

VF : Urban Comics

Première publication le 24/06/21 – MAJ le 02/03/24

9 tomes. Ni plus, ni moins.
© Image Comics / Urban Comics

Cet article porte sur l’intégralité de la série BLACK SCIENCE par Rick Remender & Matteo Scalera, publiée initialement entre 2014 et 2019. Soit neuf tomes et quarante-trois numéros.

Il s’agit de l’une des séries écrites par Remender en creator owned pour l’éditeur Image Comics, concomitante de DEADLY CLASS, TOKYO GHOST, LOW, DEATH OR GLORY et SEVEN TO ETERNITY.

Le dessin est l’œuvre de Matteo Scalera du début à la fin, tandis que la mise en couleur est dévolue dans un premier temps à Dean White (deux tomes) et ensuite à Moreno Dinisio.

Pourchassés par des créatures infra-universelles ! (couleurs de Dean White)
© Image Comics


Dans le jargon scénaristique, on parle souvent du couple « Promesse/Paiement ». Cela signifie que lorsqu’un récit promet quelque chose à son lecteur ou son spectateur, lorsqu’il lui fait miroiter quelque chose qui va arriver, il faut au final lui livrer ce qu’on lui a promis. C’est un élément important si l’on part du principe que le lecteur/spectateur attend quelque chose du récit. Car si ce quelque chose attendu n’arrive jamais, la déception est inévitable. Certes, on pourra arguer que « le voyage était plus important que la destination », mais on ne pourra nier que « l’attente » génère un désir. Et lorsqu’un désir est inassouvi… Mais de quoi est-ce que ça parle, au juste, BLACK SCIENCE ?

Prenez une famille disloquée, une poignée de protagonistes et d’antagonistes, et balancez le tout dans une machine infernale (le « Pilier ») qui propulse tout ce beau monde dans une multitude de mondes parallèles, la plupart du temps hostiles (ce que Remender appelle « l’Oignon », chaque pelure du bulbe formant une strate de l’infinivers !). Faites de cette cavalcade une boucle plus infernale encore (on peut parfois penser à la série TV culte  AU CŒUR DU TEMPS, bien que le contenu des voyages soit différent), qui change de lieu (et de monde parallèle) toutes les heures, piégeant indéfiniment les personnages dans l’infinivers ! Ajoutez-y de l’action incessante, un suspense croissant, des tensions psychologiques de tous les instants et des retournements de situation comme s’il en pleuvait (à la fin des six premiers épisodes, qui forment le premier tome de la série, seulement quelques heures se sont écoulées !).

Perdu dans l’infinivers, ce petit groupe disparate de jeunes scientifiques (avec deux enfants et un technocrate, plus un shaman) lutte pour rentrer chez lui. Baladé dans des univers aussi délirants que dangereux, il se retrouve peu à peu aux prises avec certaines versions de ses proches, pourtant déjà morts dans leur dimension originelle ! Bientôt, toute l’équipe est éparpillée dans divers univers étranges et mortels. Quant à Grant McKay, le héros (l’antihéros ?) égoïste et opiniâtre, il traine bien des casseroles qui, depuis son enfance, le hantent douloureusement. Sera-t-il de taille à relever tous ces défis ?

Au terme du voyage, Grant réussira à revenir dans son monde originel, mais ce retour s’accompagnera, contre toute attente, d’un péril bien plus grand encore…

Grant McKay : Si tout le monde lui en veut, c’est peut-être parce qu’il le mérite…
© Image Comics

La première chose qui nous saute aux yeux à la lecture de cette série, c’est son imagination débridée. Les créatures inconnues se bousculent dans tous les coins et tous ces mondes parallèles sont aussi originaux qu’angoissants. Le tout en une poignée de vignettes.
Le dessin de Matteo Scalera possède une énergie et une urgence certaine, mais au départ c’est surtout la mise en couleur de Dean White qui impressionne. En règle générale, un coloriste est un simple artisan qui ajoute servilement quelques couleurs à un dessin déjà bien encré. Rien de tout cela ici. White abat un travail au moins égal à son dessinateur. Il innove, surprend, déroute et enchante. Et, à l’arrivée, je ne pense pas me souvenir d’avoir été autant épaté par le travail d’un coloriste (alors qu’il s’appelle Mr Blanc !). Hélas le bonhomme est remplacé dès le tome 3. Son successeur, Moreno Dinisio, est un bon coloriste, mais son travail est désormais assujetti au dessin, tandis qu’avec Dean White on avait l’impression que c’était l’inverse !

Le dessin de Matteo Scalera est efficace, mais au départ son trait humoristique ne s’accorde pas à toutes les scènes et, surtout, plus d’un personnage à exactement la même tête et les mêmes expressions que son voisin, parfois même parmi les principaux protagonistes ! Heureusement, l’artiste progresse de manière significative, voire exponentielle au fur et à mesure que l’on avance dans la série, réussissant à faire évoluer ses défauts afin de les transformer en qualités. Peu à peu, ses personnages sont mieux maitrisés et leur forme caricaturale sonne de plus en plus juste (on reconnait l’influence de Sean Murphy), au diapason de l’atmosphère hystérique du récit et de son côté cauchemardesque. L’alchimie qui unit les deux auteurs est alors parfaitement rodée et l’ensemble bénéficie d’une énergie extrêmement communicative.

La seconde chose qui nous frappe en lisant l’ouverture de BLACK SCIENCE, c’est que Remender ne nous a rien épargné. Car nous voilà projetés en plein cœur de l’action, en prenant le récit par le milieu. En un seul épisode, il faudra être particulièrement attentif tellement la somme de choses à intégrer est édifiante. Une course poursuite, un mini-flashback et un saut dans une dimension parallèle plus-tard, il est temps de passer à l’épisode suivant !
Cela a tendance à devenir la constante des comics depuis quelques temps : La narration compressée. Après des années où il fut question du contraire (la narration décompressée, donc), les nouveaux auteurs, probablement inspirés par le spécialiste en la matière, c’est-à-dire Grant Morrison, optent pour ce parti-pris narratif (on pense par exemple au travail de Jonathan Hickman pour Marvel). Le moins que l’on puisse dire est que c’est quand même harassant, pénible à lire et parfois indigeste. On est loin de ces comics qui s’offraient à nous en nous prenant par la main. C’est désormais au pauvre lecteur de faire l’effort, le déplacement, et de s’aventurer seul en terre inconnue…

Ces épisodes sont effectivement d’une densité peu commune. Narration compressée oblige, Remender a injecté une incroyable série de couches de lecture à son récit.
Il y a d’abord cette science-fiction échevelée. Comme l’explique bien James Robinson dans la préface, Remender a le don de procurer au lecteur la sensation de lire un récit de SF rétro, tout en lui offrant une histoire complètement originale. C’est la grande force du scénariste, qui parvient à donner du sang neuf à ses archétypes en les mettant sens dessus-dessous.
Il y a ensuite cette plongée dans les pensées intérieures du personnage principal. Grant McKay est un scientifique opiniâtre et anarchiste qui a mené son existence de manière égoïste, n’hésitant pas à sacrifier sa vie de famille au profit de ses ambitions et de sa personne. Le cours des événements l’oblige à présent à assumer ses erreurs et à prendre la mesure de ses choix et de ses responsabilités, car ses enfants et ses amis l’ont suivi dans sa galère…
Il y a également toute une série de réflexions sur le monde, sur les liens sociaux, les notions d’ambition, d’opportunisme et d’arrivisme, et bien évidemment sur les dérives de la science employée sans conscience.

Il y a enfin le thème de prédilection de Remender, à savoir celui de la Famille.
Et, comme expliqué plus haut, toutes ces informations sont jetées à la face du lecteur à chaque planche, quand ce n’est pas à l’intérieur de chaque vignette !

A la fin de chaque tome, au terme d’une série de cliffhangers insoutenables, le lecteur est lessivé, épuisé par la densité de ce récit bourré à craquer. Les morts sont légions et un million de choses se sont passées (si, si, vous verrez !).

La famille, c’est sacré…
© Image Comics

BLACK SCIENCE est une expérience de lecture qui met l’attention du lecteur à rude épreuve, avec pour récompense un niveau de profondeur et un sens du spectacle et de l’action sans retenue.
Avec une ambition jubilatoire, le scénariste s’en va explorer tous les rouages et toutes les possibilités illimitées que lui offre ce postulat d’infinivers, dans lequel les personnages de plusieurs univers, désespérés d’avoir perdus leurs proches dans leur propre monde, sont à la recherche des versions de ces derniers bientôt réunis dans le groupe formé par nos héros ! Le tout dynamité par une action échevelée et une foultitude de créatures aussi étranges les unes que les autres.

Il faut bien trois tomes avant que la formule ne soit réellement établie, chaque épisode étant porté par les soliloques du personnage principal (différent selon l’épisode). Jusque-là, les séquences s’enchainent sans indice, obligeant le lecteur à recoller les morceaux afin de retrouver la source de ces soliloques, tout en devinant si l’on est dans le présent, le passé, ou si l’on a changé d’espace/temps ! A charge du lecteur, donc, de retenir chaque détail afin de recomposer le puzzle lui-même.

Heureusement, à partir du troisième tome, Remender décide de se poser un peu. Preuve de ce changement d’orientation narrative, tout se déroule entièrement dans un lieu unique, à savoir une nouvelle strate de l’infinivers, soit une version de notre monde où la science-fiction ne fait qu’un avec le système de la Rome antique !

Cacophonique sur les deux premiers tomes, le récit devient peu à peu linéaire, ponctué de flashbacks mais précis comme une horloge. Chaque épisode est un morceau de bravoure à lui tout seul, d’une fluidité et d’une force qui rappelle les meilleurs moments de FEAR AGENT, mais avec davantage de maitrise et de maturité

Effectivement, Remender renoue, pour notre plus grand bonheur, avec le délicieux parfum de son ancienne série FEAR AGENT, dans laquelle la science-fiction se mêlait avec le décorum rétro des serials d’antan. Mais en plus de renouer avec cet état d’esprit unique et savamment connoté, le scénariste revient également au découpage chronologique qui rendait son FEAR AGENT si addictif. Les flashbacks succèdent ainsi aux événements de façon fluide et ponctuelle, d’une manière plus équilibrée et plus intelligible à partir du troisième tome. Ce procédé des sauts dans le temps, qui constitue l’apanage des meilleures séries de comics, fonctionne alors à plein régime et apporte énormément de respiration et de densité au récit. Les personnages en ressortent grandis et le lecteur profite d’un belle aventure humaine.

Mais le meilleur se situe ailleurs : Comme nous le disions plus haut, Rick Remender insuffle à la série ses thèmes de prédilection et en particulier celui de la Famille, avec en corolaire celui de la construction personnelle (que faire de sa vie ? Quels sont les choix qui doivent être privilégiés, etc.). Certains épisodes sont ainsi purement introspectifs, et l’ensemble ne tourne souvent qu’autour de Grant McKay et ses atermoiements, ses failles et son passé douloureux. Ainsi, comme c’était le cas dans FEAR AGENT, BLACK SCIENCE met en scène des aventures échevelées qui ne sont que le vernis derrière lequel l’auteur déroule une profonde toile de fond sur le thème consacré. Davantage encore que ses considérations philosophiques sur les dangers d’une science exercée sans conscience, la série explore la problématique des liens familiaux et offre une passionnante réflexion à travers les choix de son personnage principal au sein de sa propre cellule familiale, qui résonne de manière universelle chez le lecteur. Ce dernier va ainsi (et c’est là que Remender est brillant) se positionner selon tel ou tel personnage de la saga par rapport à son âge au moment de la lecture, profitant de toutes les résonnances thématiques en les mettant en parallèle avec son parcours personnel. Et une fois encore, Remender choisit de dresser la notion de Famille comme l’élément le plus important de la destinée humaine, le trésor absolu à préserver entre tous.

La machine infernale !
© Image Comics


Le lecteur en quête d’un simple divertissement science-fictionnel devra rebrousser chemin car, bien que Remender nous promène dans le SF la plus pure, il privilégie le récit réflexif et utilise bel et bien le genre pour exposer ses thèmes de prédilection. Car il est clair qu’il s’agit là d’un véritable auteur, qui utilise les codes du genre science-fiction avant tout pour parler de la vie, et des thèmes profonds qui le préoccupent.

Pour autant, Remender est également un sacré conteur et un amoureux fou des histoires fantastiques, dont la source remonte aux créations 50’s de l’éditeur EC Comics, qui publiait alors les meilleures séries de science-fiction (WEIRD SCIENCE, WEIRD FANTASY), d’horreur (TALES FROM THE CRYPT, HAUNT OF FEAR, VAULT OF HORROR) et de guerre (FRONTLINE COMBAT, TWO-FISTED TALES). C’est tout ce bagage culturel lié au monde du divertissement que le scénariste nous régurgite ici, au travers de cet infinivers peuplé de créatures invraisemblables et terrifiantes, et de mondes à la géographie insaisissable, où les vaisseaux et les armes les plus débridées côtoient les drames intimes et les tragédies aux échos shakespeariens.

Effectivement, comme il aime le faire dans toutes ses créations (y compris lorsqu’il écrit des scénarios pour des univers partagés déjà codifiés comme le Marvelverse avec des séries comme PUNISHER ou UNCANNY X-FORCE), Remender pimente son récit de monstres en tout genre sans se soucier de mesurer la suspension consentie d’incrédulité et aligne les créatures les plus farfelues (ou quand le Kawaï fait soudain passer les monstres à la Lovecraft pour des amateurs !) comme les plus classiques (Doxta, la sorcière qui vit dans les bois, personnage incongru dans un tel univers science-fictionnel). La sauce fonctionne pourtant à merveille, et c’est tout le talent de cet auteur de réussir cet équilibre entre un sujet profond aux thèmes récurrents et un divertissement décomplexé aux accents chamarrés et défoulatoires !

Le monde de Remender, c’est un mélange de drame existentiel et d’histoires fabuleuses, où les mille-pattes humanoïdes s’insinuent dans les discussions conjugales les plus sérieuses ! Un drame baroque et lyrique aux confins de l’infini. Une incroyable alchimie, qui coule de source, comme un tour de magie aux trucages invisibles.

Résidus de contes de fées.
© Image Comics


Du début à la fin, Grant McKay effectue une pure fuite en avant vers un destin qui lui échappe complètement, avec la possibilité qu’il provoque en même temps la chute de tous les univers parallèles.
Pugnace, il ne renonce jamais mais ses efforts semblent systématiquement échouer, quand ils ne déclenchent tout simplement pas les pires catastrophes auxquelles il aurait voulu échapper, sachant que son projet initial était d’utiliser son invention (une machine permettant de passer d’un univers à un autre) afin de guérir les maux de notre monde.
Cette fuite en avant démultipliée dans l’infinivers est évidemment une métaphore, chaque personnage, à commencer par le principal, étant soumis à l’obligation d’assumer des choix et des erreurs qui ne cessent de le rattraper quel que soit le monde dans lequel il se retrouve. Un concept tout à fait brillant, mis en scène avec une approche décomplexée du genre science-fiction qui procure à l’ensemble une saveur irrésistible.
Certains lecteurs ont reproché à la série de mettre en scène un personnage principal particulièrement déplaisant. Mais c’est tout le sel de cette histoire car, alors qu’il cherchait jusque-là à satisfaire ses ambitions et ses propres intérêts, le héros va progressivement assumer ses travers et entamer une véritable quête de rédemption en cherchant avant tout à sauver sa famille.

Au final, BLACK SCIENCE est une bien chouette histoire de science-fiction bourrée d’action et de rebondissements, teintée de fantasy, pleine de réflexions sur le sens de la vie et de la famille, mis en forme avec une densité parfois agaçante mais toujours créative. Mais pour autant, sa fin est frustrante…

La chose est évidente : Remender a sans doute conçu le concept de sa série et l’a commencée sans savoir de quelle manière il allait la terminer. On est habitué à la chose (au hasard, la série TV LOST !) et il est extrêmement déplaisant de constater qu’un scénariste n’allie pas le Paiement à la Promesse. La fin de BLACK SCIENCE, à ce propos, est indubitablement dénuée de Paiement. Remender choisit la solution (facile) de la fin ouverte et boucle son récit en un dernier tome qui évacue très vite tous les questionnements accumulés par le lecteur. Le dénouement de l’histoire est incontestablement cohérent, car il mène la quête de rédemption de son antihéros là où il est tout à fait logique qu’elle échoue : sur un échec et une obligation d’assumer ses choix. En ce sens, l’auteur est honnête d’autant qu’il n’infantilise pas son lectorat adulte avec un happy end à la noix. Néanmoins, la chute précipitée du dernier épisode est un aveu fatal sur le fait qu’il n’avait strictement aucune idée de la façon dont il terminerait ces aventures. Un comble pour un travail jusque-là aussi virtuose…

Qui suis-je ? Où vais-je ? Dans quelle étagère ?
© Image Comics

La BO du jour

20 comments

  • Eddy Vanleffe  

    Je suis totalement d’accord sur l’analyse… dessin original, couleurs envoutantes, un concept à la fois familier pour l’amateur de SF et sachant nous emmener dans des recoins innatendus…l’imagination au pouvoir…
    Sauf que je ne suis pas parvenu à rentrer notamment à cause de ce personnage principal detestable….

    je devrais lui donner une seconde chance, ton plaidoyer est convainquant mine de rien…
    On dirait une version sous acide et adulte des quatre fantastiques avec le recul… encore un projet refoulé transformé en creator owned?

    • Tornado  

      Fantastic Four : Je n’y a avais pas pensé mais maintenant que tu le dis, oui c’est vrai. Non pas dans le sens super-héros, puisque la famille de BLACK SCIENCE n’a aucun pouvoir. Mais le même concept, transposé chez les FF, ça aurait pu effectivement être un sacré run d’auteur !

      • Eddy Vanleffe  

        perso, je suis assez fan du voyage dans la zone négative et de ce voyage justement laissant de coté la « mission super héroïque » au profit des aliens bizarres etc…

  • Bob Marone  

    Brillante analyse, à laquelle je souscris en tout point. J’ajouterais que lire cette série par albums (ou singles issues) au fur et à mesure de leur parution à relevé de l’exploit tant la narration est complexe.
    Je ne sais pas si c’est un paradoxe créé par un dysfonctionnement du pilier, mais malgré une fin décevante, Black Science est une excellente série de SF.

    • Tornado  

      Voilà. C’est ça. C’est parfois agaçant mais la somme de qualités l’emporte grandement sur celle des défauts !

  • Présence  

    Quel esprit de synthèse !!! Je suis admiratif, et franchement jaloux.

    J’ai retrouvé dans ton article plus de 95% de ce qui m’a plu et des caractéristiques qui m’ont attiré l’œil, de l’apport de Dean White, à la structure plus facile à suivre une fois passé le tome 3. Total respect.

    Étant plus voyage que destination 😀 , la fin ne m’a pas dérangé, ne m’a pas frustré, et je l’ai trouvé cohérente avec l’ensemble. Je me suis aussi posé la question de savoir si Rick Remender avait la fin en tête en commençant à écrire la série. Je pense que oui, ce qui n’est pas incompatible avec le fait qu’il ait pris des chemins de traverse au fil des années, détours qu’il n’avait pas prévu, ce qui a pu générer cette sensation de décalage.

    Ma conclusion sur le dernier tome – Ce dernier tome vient clore le récit en toute cohérence avec ceux qui l’ont précédé. Le lecteur ne doit pas venir en cherchant une révélation finale qui éclairera tout. Matteo Scalera et Moreno Dinisio continuent d’assurer une narration visuelle impressionnante, portant bien le récit, lui donnant de la consistance. Rick Remender laisse son personnage principal continuer sa vie après la dernière page, sans qu’il ne soit devenu parfait, sans qu’il ait tout résolu, mais avec une acceptation de la nature de sa vie, après s’être battu contre, avoir tenté de marchander, être passé par une phase dépressive, avoir nié l’évidence.

  • Tornado  

    Tu es bien gentil avec moi. J’ai tenté de synthétiser mes anciens commentaires Amazon et je me suis tiré les cheveux en quatre…
    En relisant mon article (qui comporte des fautes, ça m’énerve après tant de relectures ! 🙄), je vois bien que je me répète plusieurs fois…

    Ta conclusion m’incite à relire la fin. J’ai l’impression que tu y as vu une fin différente, bien moins désespérée que la mienne…

    • Présence  

      Mes remarques sont sincères : je pourrais lister tous les points de ton article qui m’ont littéralement renvoyé et replongé dans ma lecture de la série, par leur précision et leur exactitude.

      La fin : dans un premier temps, j’ai ressenti ce que tu as décrit, à savoir une absence de promesse tenue sur le mystère de l’oignon. Du coup, je me suis dit que j’étais passé à côté de l’intention de l’auteur, ce qui m’a amené à reconsidérer ce qu’il racontait dans ces derniers épisodes.

  • Jyrille  

    Très bel article Tornado, qui appuie bien sur les qualités de la bd. Mais tu me frustre car je n’ai pas FEAR AGENT et je n’ai que le premier tome de cette série, préférant me pencher sur DEADLY CLASS (ce que je préfère de Remender pour le moment et ses oeuvres que je connais). Je vais sans doute encore attendre avant d’essayer de lire la suite mais au moins ton article sera toujours là pour me guider !

    La BO : classique aussi, j’aime bien.

  • Matt  

    « Le dessin de Matteo Scalera possède une énergie et une urgence certaine, mais au départ c’est surtout la mise en couleur de Dean White qui impressionne.  »

    Je trouve aussi. En fait je ne suis même pas très fan du dessin…
    Surement que ça rend mieux en action. Mais ce n’est pas un style que j’apprécie spécialement comme ça en regardant les planches. Les couleurs en mettent plein les mirettes par contre.

    Bon alors c’est enfin fini ce truc^^ Un jour je lirai. Un jour…

  • Matt  

    « ou quand le Kawaï fait soudain passer les monstres à la Lovecraft pour des amateurs »

    Je comprends pas trop cette phrase. Il y a un monstre qui s’appelle Kawaï ? (mignon ?) Et qui est pire que les trucs lovecraftiens ?^^
    Ou tu veux dire que les dessins sont mignons mais représentent des trucs horribles ?

    • Tornado  

      A un moment donné il y a des attaques de monstres qui sont dessinés dans un style manga kawai. Mais ils sont tellement méchants, dangereux, violents et sanguinaires qu’ils sont encore plus flippants (pour moi en tout cas) que des créatures lovecraftiennes !

  • Bruce lit  

    Encore une belle synthèse très utile pour qui veut se faire une idée en étant sûr de ne jamais lire cette série. Présence m’avait filé le 1er tome et bien entendu il m’a été impossible d’accrocher à ces dessins et cet univers de multivers et ces voyages que tu qualifies toi même hystériques. Ce n’est pas mon univers et quoique je sois fan de l’écriture de Remender, je sais que, comme pour FEAR AGENT, je n’arriverai pas à fournir cet effort d’autant plus surhumain, que même toi fan de scifi a buté sur cette avalanche de situations et d’informations.
    Ceci dit, je suis pas peu fier de moi car j’ai réussi à lire dans intégralité TOKYO GHOST que j’ai adoré. Sans mon épaule en compote, je vous aurais fait la review. Too late.
    La BO : une certaine définition du cauchemar à mes oreilles.

  • Surfer  

    Une série que je n’ai pas voulu suivre à son début malgré les avis dithyrambiques.
    J’ai feuilleté plusieurs tomes en librairie et les dessins m’ont toujours rebuté.
    Du coup ta rétro m’a permis d’en apprendre plus sur ces comics. Je note certaines qualités non négligeables.
    Cependant je reste sur mes premières impressions. De toute façon il est un peu tard pour que je m’aventure dans une lecture aussi longue.

    La BO : Top👍

  • Tornado  

    Je recommande FEAR AGENT à tous ! 🙂 C’est moins abouti et maitrisé que BLACK SCIENCE, mais je sais pas, j’ai préféré !
    @Bruce : Si tu n’as jamais lu la fin de FEAR AGENT, alors tu n’as jamais lu FEAR AGENT. Il est AB-SO-LU-MENT impossible de ne pas chialer sa race devant ce final bouleversant et lyrique ! 😭
    Et d’ailleurs je te soupçonne toujours de ne pas avoir lu le dernier arc de son PUNISHER, le plus beau, le plus réaliste et, je me répète, à la hauteur du run d’Ennis. Si, si.

    • Bruce lit  

      Ah oui, je n’ai lu que son début de Punisher.
      Mais effectivement, je peux retenter le coup, ce sera moins difficile que Fear Agent que j’ai tenté d’apprécier en VO ET en VF.

    • Matt  

      J’ai pas chialé ma race à la fin de Fear Agent. J’ai juste fait une dépression de 1 journée pour m’en remettre^^
      C’est pas larmoyant en fait, c’est juste…putain de triste !

  • Kaori  

    Merci pour cette review, mais je vais suivre la majorité : pas fan du tout des dessins… C’est dommage, parce que le thème est intéressant, mais si en plus le personnage principal est antipathique et qu’il évolue peu…
    Bref, je passe. Et au vu des commentaires, je vais aussi passer FEAR AGENT !

    La BO : je passe aussi !!

  • Fletcher Arrowsmith  

    J’ai tenu 15-18 épisodes (je ne sais plus si on des arcs narratifs de 5 ou 6 épisodes) à l’époque, suivant la série mensuellement en VO.

    Un bien beau bordel. Je n’ai jamais compris là où Remender souhaitait nous amener. quand je vois ton dernier paragraphe sur la conclusion de la série, je me dis que j’ai eu le nez creux, soupçonnant cette fausse fin.

  • Tornado  

    Oui, enfin, tu devrais quand même reconsidérer ta décision à long terme : Malgré ses défauts incontestables, cette série est une véritable oeuvre d’auteur d’une richesse, d’une profondeur, d’une densité et d’une inventivité qui surnagent très largement au-dessus de la masse.
    M’est avis qu’une relecture continue en intégrale (magnifique cette réédition en grand format) doit valoir le coup.

Leave a reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *