Weapon Pshit !

Weapon X par Frank Tieri et Georges Jeanty

Allez, un peu de domination pour attirer le lecteur...

Allez, un peu de domination pour attirer le lecteur…©Marvel Comics

Première publication le 25/04/15- Mise à jour le 03/06/17

AUTEUR BRUCE LIT

VO : Marvel

VF : Panini ( kiosque )

Lancée en en 2002, la série Weapon X a été scénarisée par Frank Tieri et dessinée en grande partie par Georges Jeanty. La série comporte 28 épisodes et a été brutalement interrompue par Marvel, laissant ainsi 90 % des intrigues irrésolues. 

Weapon X a été publiée en France par Panini en kiosque mais n’a jamais été réeditée en depuis. Voici donc la chronique couvrant l’ensemble d’une série maudite….

En 2002, les Xmen sont sous le joug de la révolution Grant Morrison. Marvel via le turbulent écossais se lance dans une entreprise audacieuse : supprimer la plupart des titres Xmen et faire de la série principale un titre facile à lire, déconnecté de la continuité cauchemardesque des mutants. Les puristes hurleront (à raison) à l’hérésie. Les autres se prosterneront (à raison aussi !) devant l’inventivité, l’innovation et la nouvelle mythologie mise en place par Morrison.

La série New Xmen mettant en scène une équipe réduite comme au bon temps de Claremont, les autres mutants sont exilés dans d’autres revues : le reste du casting mutant se retrouve à la merci de Chuck Austen, le psychopathe. Contre toute attente, Peter Milligan fait de X-Force un chef d’oeuvre impérissable. Et ce qui nous intéresse ici, Weapon X qui met en scène les mutants les plus borderlines de chez Marvel.

Une filiation évidente

Une filiation évidente  ©Marvel Comics

Une première saison prometteuse

Il s’agit de faire de la série, une histoire où se retrouvent tous les vilains et les personnages surfant sur la morale. En fait le casting de la série est immense et comporte deux saisons : La première met en scène Sabretooth, Marrow (rescapée de Operation Zero Tolerance), Wildchild, Sauron, Aurora ( l’héroïne schizophrène de John Byrne) et Mesmero pour les plus connus. Dirigés par le Directeur (un ancien soldat défiguré par Wolverine durant le fameux Weapon X) , cette bande de mercenaires participe à un projet visant à la déportation de mutants dans un camp d’extermination : Neverland.

Les mutants marqués d’un M rouge vont directement dans une chambre à gaz. Les autres servent de cobayes à M. Sinistre qui vise à créer des métas-humains avec la participation de John Sublime. L’épisode 5 est certainement le plus réussi de la série. Tieri met en scène une famille déportés à Neverland. Les enfants y assistent à la mort de leurs parents, à celle du mutant Maggott dans une chambre à gaz et finissent cobayes de Sinistre.  Un épisode terriblement sombre et violent sans baston, ni goutte de de sang. Racontée façon Astro City, cette histoire tire vers la série vers le haut et aurait pu confiner au chef d’oeuvre si tous les épisodes avaient été de cet acabit !

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Maggott, le Xman le plus haï de l’histoire mutante en route pour la chambre à gaz… ©Marvel Comics

Les premiers épisodes conçus comme un lent puzzle laissent entrevoir le potentiel de la série : un Directeur difforme qui voue une haine farouche aux mutants. Lorsqu’Aurora défigurée par Sabretooth tente de retrouver un visage normal, une idylle se noue entre le fasciste et sa victime, rappelant le couple improbable de Portier de nuit.  Très vite règne une parannoia étouffante : tout le monde au projet Weapon X  joue un double jeu et l’issue finale ne peut que se conclure que dans un bain de sang.

Une deuxième saison foutoir

Pourtant passée les 10 premiers épisodes, quelque chose cloche. Peut-être parce que la série ne vendait pas assez, des gentils sont insérés dans le casting. Un mouvement de résistance dirigé par Cable qui va tenter de trouver Neverland. Puis les Xmen font une apparition éclair pour faire le raccord avec les séries de Morrison et d’Austen. Et enfin, Chamber, survivant de Generation X infiltre les rangs de Weapon X en servant de taupe pour Wolverine. A partir de là, la série part en cacahouette. La première saison souffrait des dessins gras et inachevés de Georges Jeanty qui aura desservi la série.

Le design des personnages est si affreux, que selon leur apparence physique, le lecteur est tenté de zapper tel ou tel protagoniste. Wildchild est épouvantable, Garrison Kane hideux et Jackson est affublé de ces horrible lunettes de couleurs que portaient tous les super héros de l’époque. Et le logo qui rappelle celui des séries Ultimate est tout simplement ringard.

C'est joli hein ?

C’est joli hein ?  ©Marvel Comics

Le seul personnage que Tierri parvient à écrire correctement est Sabretooth. Sadique, pervers, malin Victor Creed tire son épingle du jeu et éclipse l’intégralité de la distribution. Pour le reste, ce n’est guère brillant. Les dialogues sont plats, les personnages peu excitants, les missions soporifiques.

Tierri semble souffrir du syndrome post-Bendis : accumuler le maximum de personnages qui viennent faire une apparition pour ne rien leur faire accomplir : Sauron dit 20 mots en 30 épisodes, Wildchild ne sert à rien, la personnalité d’Aurora est méconnaissable et le Directeur n’ a aucun charisme.

Presque tout le casting

Presque tout le casting ©Marvel Comics

Fantomex, Wolverine, Chamber, Cable, Boomer, John Sublime, Sinistre vont et viennent sans parvenir à tirer le lecteur de sa léthargie. Parce que non seulement aucun subplot n’est jamais résolu mais surtout parce que le lecteur finit par se demander où est l’intrigue principale. Ecrire un galerie de vilains, c’est bien joli mais encore faudrait il maintenir la tension du lecteur.

Espionnage ? Théorie du complot ? Série de super héros ou de super vilains ? Tierri a beau tenter tous ses accordages, il ne parvient jamais à trouver la tonalité de son orchestration. Et aussi déplaisant à admettre, Marvel a fait preuve de bon sens en supprimant une série qui n’en finissait pas de recommencer, surtout lorsque l’on sait qu’en face Morrison et Milligan triomphaient avec des histoires abouties et matures.

Heureusement JP Leon sauve l'honneur graphique de la série le temps d'un épisode...sinistre !

Heureusement JP Leon sauve l’honneur graphique de la série le temps d’un épisode…sinistre ! ©Marvel Comics

Weapon X contient des idées intéressantes : les origines du Projet X qui remontent à Sinistre durant la Shoah, la filiation entre le Professeur André de Weapon X, le Directeur et John Sublime. Et un face à face attendu entre Marrow et Sabretooth (responsable du massacre des Morlocks dont est issue la jeune femme).  Enfin le lecteur assidu de la continuité de Logan saura enfin quelles étaient les révélations faîtes sur le passé du griffu lors de l’assaut de Weapon Plus qui poussèrent Wolverine à envisager le suicide .

Mais à l’instar du cinéma, des bonnes idées ne font pas un grand film. Et aucune des questions sur lesquelles Tieri entretenait le mystère ne trouvera d’aboutissement ! Un scénario bancal, un rythme lénifiant, une distribution fourre tout et des illustrations qui donneraient à n’importe quel cobaye l’envie de se noyer dans une cuve d’adamantium font de Weapon X une série qui porte finalement bien son nom ! Un prototype qui n’aura jamais su quitter l’état de projet pour aboutir à quelque chose de construit.

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La BO du jour : Mesmero travaille pour le gouvernement américain ? Tout s’explique !

6 comments

  • Jyrille  

    Victoire ! J’ai enfin rattrapé mon retard de lecture ! Sinon, je ne lirai jamais cette mini-série, c’est sûr. Merci Bruce !

  • midnighter  

    c’ est la grande époque où j’ achetais quasiment tout ce qui sortait en kiosque en français
    mal m’ en a pris
    😉

    • Bruce lit  

      Heureusement Panini et Marvel ont pensé à toi et ont immédiatement interrompu la série 😉

  • Jyrille  

    Et bien j’ai encore du retard de lecture, même sur une rediff… Je suis de nouveau de retour, après un autre week-end loin de chez moi. Je passe ici pour saluer la BO du jour : la semaine prochaine, Laetitia et Maël vont les voir en concert !

    • Bruce lit  

      SOAD est le dernier grand groupe de métal à m’avoir impressionné. Si vous en connaissez d’autres, je prends.

      • Jyrille  

        The Dillinger Escape Plan. Découverts en première partie de SOAD en 2003. Mais je n’arrive pas à écouter leurs premiers albums en entier. Trop pénibles. Commence avec leur EP avec Mike Patton, Irony is a dead scene.

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