WOODSTOCK’S FALL – Grandeur et Décadence du Mouvement Hippie en 10 films et 10 chansons – 2° partie

Une anthologie cinématographique et musicale concoctée depuis les flammes de l’enfer par : TORNADO

Alors ceux-là on n’en parlera pas, et on va vous expliquer pourquoi…

Cet article propose un tour d’horizon sur un thème particulier : La chute de l’idéologie hippie.
S’il s’inspire des TOP 10 musicaux que l’on trouve régulièrement sur le blog, il n’est pas essentiellement dévolu à la musique, mais aussi (et surtout) au cinéma ! L’idée est de marquer la fin d’une époque par le truchement de quelques films et de quelques chansons qui la mettent en scène.

Vous trouverez la 1° partie de l’article ici.

Le thème de cet article n’est pas le Mouvement Hippie. Si tel était le cas, nous y aurions trouvé une sélection de films complètement différente.

Vous n’y verrez donc pas les documentaires des festivals de MONTEREY POP, d’ALTAMONT ni même celui de WOODSTOCK. Vous n’aurez rien sur les films emblématiques de l’image du hippie ou de son mode de vie, comme HAIR ou, plus récemment, le très beau HOTEL WOODSTOCK d’Ang Lee.

L’idée, ici, est de parler de la fin d’une époque et d’une utopie, d’un moment où la civilisation a failli changer pour un monde meilleur, et où elle s’est en réalité écroulée bien plus bas qu’elle ne l’était auparavant. Un moment charnière de notre époque moderne, très intéressant à analyser et à étudier.

Ce passage d’une époque à une autre, d’une idéologie à sa chute, d’une philosophie utopique à la réalité imparfaite de l’homme a nourri l’inspiration d’un tas de cinéastes, de musiciens et de chanteurs. C’est cela dont parle notre article. N’oublions pas que la maxime du blog Bruce Lit est bel et bien : « De la culture Geek à la culture tout court »…
Allez hop ! C’est reparti :

6. MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE (1974)

On s’éclate au (fin-fond du) Texas !
© Bryanston Distributing Company, Vortex Inc.

On a à peu-près tout dit sur ce film d’horreur fondateur, dont l’impact est aujourd’hui encore intact, malgré l’absence totale d’effets de gore sanguinolent (et c’est sans doute la raison pour laquelle il vieillit aussi bien, toute l’horreur se dissimulant dans l’esprit du spectateur plutôt que sur l’écran). Initiateur du genre Slasher, redoutable critique sociale sur les affres de la société industrielle rendant obsolète toute une population d’ouvriers et d’artisans qu’on préfère oublier dans leur trou à rat, parabole sur la lutte des classes… Et un extraordinaire laboratoire de trouvailles en termes de mise en scène de l’horreur, autant du point de vue des images que du son.

Pour le coup, et pour changer un peu, il est très intéressant d’éclairer le premier film de Tobe Hopper sur la thématique qui nous intéresse ici.
Un épisode de la série animée SCOOBY-DOO. Voilà exactement ce à quoi ressemble le pitch de MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE ! La preuve par écrit : Cinq jeunes américains (deux garçons, deux filles, et on remplace le chien par un handicapé) sillonnent une région reculée des USA (ici le Texas profond) à bord d’un minibus. Egarés, ils cherchent de l’aide auprès des habitants et tombent sur un dégénéré masqué (le terrifiant Latherface, qui deviendra l’un des plus mythiques croquemitaines de l’histoire du cinéma)… Voilà, c’est exactement pareil qu’un épisode de SCOOBY-DOO (dont la première diffusion remonte à 1969, l’année du festival de Woodstock), d’autant que la bande de jeunes de MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE porte pantalon à pattes d’éléphant et chevelure fournie. Sauf qu’ici, il n’y a pas de mascarade, et qu’on va au fond du sujet, parce que ce n’est pas un cartoon mais bel et bien un film d’horreur !

La seconde moitié du film est un cauchemar hallucinant de folie meurtrière et de monstruosité humaine ou le glauque se dispute au malsain. Et la séquence du « déjeuner » familial de la ferme de Latherface et de ses congénères est proprement hallucinante de cruauté cathartique, bien qu’encore une fois il n’y ait quasiment aucune effusion de sang !

Une fois qu’on a bien en tête cet angle « à la SCOOBY-DOO », on est totalement raccord avec le thème de notre article : MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE confronte les hippies aux rednecks. Soit deux générations d’américains aux valeurs opposées. La première est censée remplacer la seconde, laquelle semble décidée à ne pas se laisser faire et à se venger dans les grandes lignes. Ainsi le film s’impose telle une métaphore sur l’élimination d’une idéologie nouvelle par celle d’avant, archaïque et toujours profondément ancrée dans le terreau le plus profond de la nation humaine. Tout simplement l’élimination de l’idéologie hippie par l’Amérique traditionnelle et réactionnaire…

L’originalité du film repose beaucoup sur le traitement du son, le réalisateur remplaçant dès qu’il le peut la musique de situation par les bruits de la diégèse, notamment celui de la tronçonneuse qui s’engouffre dans les oreilles du spectateur durant toute la durée du dénouement final. Pour le coup c’est bien cette bande-son-là que nous sommes obligés de choisir, le film ne comportant d’ailleurs pas de chanson, contrairement aux autres de la sélection.

7. APOCALYPSE NOW (1979)

Le pitch : 1969, en pleine guerre du Vietnam. Depuis Saigon, le capitaine Willard (Martin Sheen) reçoit la mission d’assassiner le colonel Kurtz (Marlon Brando), devenu fou. Ce dernier s’est retiré au Cambodge, au cœur des ténèbres de la jungle, d’où il mène une guerilla sanglante à la tête d’une armée de renégats de tous bords, fanatiques qui l’idôlatrent tel un dieu vivant.

Willard et ses quatre soldats embarquent alors sur une frégate afin de remonter le fleuve. Au fil de leur périple, ils découvrent un monde sauvage dans lequel l’humanité semble avoir totalement disparu…

Commencé en 1974 et achevé en 1979, APOCALYPSE NOW marque à la fois l’apogée et les limites du Nouvel Hollywood, voire son effondrement. Effectivement, jamais le cinema underground n’aura connu d’époque aussi faste, où l’on pouvait financer un film d’auteur dans des proportions aussi colossales. Mais, livré à lui-même, l’auteur, à savoir un Francis Ford Coppola tout aureolé de son immense succès après les PARRAIN 1 & 2 (Oscar du meilleur film pour les deux !) et CONVERSATION SECRETE (Palme d’or), doit assumer ses choix artistiques : Désirant tourner son film dans la jungle des Philippines, Coppola se retrouve rapidement coupé du monde et accumule les catastrophes (typhon, destruction et reconstruction de décors péplumesques, crise cardiaque d’un Martin Sheen défoncé en permanence, caprices d’un Brando refusant que l’on filme son obésité en pleine lumière et qui ne connait pas son texte, dépression nerveuse et tentatives de suicide pour le réalisateur, et un dictateur des Philippines qui prête ses hélicoptères à l’équipe du film mais qui les réquisitionne en plein tournage pour sa guerre civile. Etc.). Une odyssée de l’enfer, baignée dans la drogue, qui fait écho au film…

A l’origine, APOCALYPSE NOW est la transposition dans la guerre du Vietnam du roman AU COEUR DES TENEBRES de Joseph Conrad. Le thème du récit (jusqu’à quel point un brilliant humaniste (le colonel Kurtz), peut-il embrasser la cause d’un peuple à l’opposé de ses convictions et de son éthique sans perdre ses propres valeurs et, au final, son esprit et son âme ?), est nourri par une construction narrative fascinante (on pourrait dire une montée en puissance), le capitaine Willard et son équipe remontant symboliquement le fleuve comme s’ils remontaient le temps à la recherche des causes de cette chute, de cette âme, damnée dans le noyau de l’enfer…

Une épopée hallucinante et hallucinée, qui retranscrit de manière terrifiante la folie d’une guerre absurde entre deux peuples complètement déconnectés l’un de l’autre.

A l’origine, le film devait être réalisé par George Lucas, qui choisit finalement l’aventure STAR WARS. Le scenario est de John Milius. Il reprendra le même final, à la lettre, dans son CONAN LE BARBARE : Le héros, sur le point de remplacer celui qu’il est venu assassiner en devenant le nouveau dieu vivant de toute une armée de fanatiques, renonce à cet héritage.

Une fois encore, en choisissant d’éclairer le film sous notre thématique du crépuscule hippie, on peut faire ressortir deux ou trois choses : le colonel Kurtz, qui cherche à construire une civilisation parallèle en revenant aux valeurs séminales de la nature humaine primitive, fait écho (dans une déformation malsaine qui en dénonce l’absurdité et le danger) aux préoccupations des hippies. Willard et ses soldats, dont certains recherchent systématiquement l’évasion et le salut dans le sexe et la drogue, forment la deuxième face d’une même pièce. Et d’une même impasse.

Indissociable du mouvement hippie qui nait dans sa contestation, la guerre du Vietnam connait là sa première transposition véritable dans l’histoire du cinema (si l’on considère que le tournage commence en 1974). Le film retranscrit ainsi le malaise et l’effondrement idéologique de toute une époque.

Enfin, il y a les Doors…
Le film de Coppola est aujourd’hui lié à THE END, la chanson qui transcende les images de l’ouverture du film et de son dénouement cathartique final. Rarement un titre de l’histoire du rock aura autant fait corps avec un film au point de tisser avec lui des liens allant bien plus loin que la seule alchimie son/image. Ici, l’image et le texte s’enrichissent constamment l’un et l’autre et acquièrent sans cesse des couches de sens successives, tandis que la musique accentue la sensation psychédélique qui fait écho à la manière dont les soldats embrassent une guerre qui les dépasse complètement.

Malgré un tournage et une postproduction chaotiques, APOCALYPSE NOW (seconde Palme d’or pour Coppola) connaitra un succès considérable. Il faut avouer que le film impressionne et gagne royalement ses jalons de classique : Quel autre film peut se targuer d’être à la fois une œuvre d’auteur au sens noble du terme, un film profond et philosophique doublé d’un grand spectacle jouissif et intense, une allégorie de la folie de la guerre aux images magnifiques, sublimées par un extraordinaire travail sur la lumière.

Il fallait bien les Doors, probablement l’un des groupes les plus complets de l’histoire du rock, pour accompagner cette odyssée cinématographique. Là aussi, quel autre groupe aura réuni une telle inspiration, une telle richesse musicale, une telle profondeur poétique des thèmes, une technique collective aussi aboutie et un charisme incandescent aussi définitif, véhiculé par un frontman et sex-symbol à ce point emblématique de toute une époque ?

8. THE DOORS (1991)

C’est l’histoire d’une icône…
© Columbia TriStar Films

Oui, encore les Doors. Car on ne peut décemment pas aborder un thème comme celui de notre article sans developer cette rencontre entre le mythe et la réalité, ce phénomène culturel que représente ces stars du rock tombées sous les excès, symboles de cette impasse, de cette chute dans l’abîme du gouffre, ouvert avec la revolution de la génération flower-power.

J’étais au lycée lorsque le biopic d’Oliver Stone est sorti. Je me passionnais alors pour la musique des années 60 et 70. C’était l’époque des découvertes et des expressions comme “Sexe, Drogue & Rock’n roll” avaient une très forte résonance. J’étais donc le cœur de cible parfait pour le film, objet de culte instantanné.

Dans son autobiographie, le claviériste des Doors Ray Manzarek ne tarit pas d’aigreur sur ce biopic, qu’il conchie à grands coups de “Oliver Stone has assassinated Jim Morrison“, quand il ne crie pas carrément que le film est une merde sans nom et qu’il a complètement ruiné l’image de son groupe.

Oliver Stone a écrit et réalisé le film qu’il fantasmait depuis son adolescence. C’est un projet personnel et nul doute qu’il y décrit SON Jim Morrison avec beaucoup de sincérité mais c’est forcément Ray Manzarek qui a raison : Avec le recul, ce biopic est bourré de clichés ridicules sur la figure chamanique de la star du rock psychédélique et décrit Jim Morrison de manière totalement biaisée en le transformant en chantre de la destruction, sorte de polichinelle illuminé jouant à gros traits le poète maudit en déblatérant sans cesse des inepties rabattues sur l’ouverture de l’esprit aux forces célestes et autres crétineries hippies périmées. Le Jim Morrison du film est un homme violent, vulgaire et naïf alors que le vrai était apparemment l’inverse, érudit, sensible, introspectif, calme au quotidien et extrêmement cérébral, qui ne dérivait que lorsqu’il était complètement saoul (ce qui arrivait souvent mais pas continuellement).

Les impressionnantes scènes de concert filmées en live !

Ainsi, la moitié du film au moins est un tissu d’âneries. N’empêche qu’avec cette information en tête, on peut quand même aimer le biopic d’Oliver Stone, car ses qualités sont nombreuses, à commencer évidemment par l’interprétation immersive de Val Kilmer, qui se transforme littéralement en Jim Morrison, bouge à l’identique et habite le rôle au point de troubler les anciens membres des Doors, qui salueront unanimement sa performance (même Manzarek). La restitution de l’époque est au diapason et assure le voyage dans le temps en s’inspirant d’images d’archives. Le tout est brillamment filmé, ponctué de morceaux de bravoures et, surtout, offre au cinéma les plus grandes reconstitutions de concert rock de son histoire. Là aussi la performance des acteurs impressionne puisque ce sont eux (les quatre interprètes des Doors) qui jouent et chantent en live (tous ont reçu une formation de musicien afin d’interpréter leur rôle !), et Val Kilmer réussit encore à être très convaincant en interprétant toutes les chansons live, dans lesquelles il parvient à faire revivre le chanteur malgré un timbre de voix sensiblement différent.

Ces reconstitutions de concerts, filmées sans effets spéciaux, avec des milliers de figurants, d’une complexité inouïe (la caméra filme tous les coins du spectacle, depuis les coulisses jusqu’à la scène, la fosse et les gradins du public, en temps réel puisque les acteurs interprètent littéralement le concert !) sont, qui plus-est, doublées d’une dimension onirique, les personnages qui hantent l’esprit du chanteur (l’allégorie de la Mort, le chef indien dont l’âme aurait rejoint la sienne) participant à la scène ! Là aussi, on peut trouver le cliché ridicule, mais la prouesse filmique emporte l’adhésion : Ces incursions oniriques transforment les concerts en messes cérémoniales, incantatoires, véritables cabales dans lesquelles le chanteur devient ce fameux « chamane », lequel tourne en rond autour d’un feu imaginaire et convoque le public, hypnotisé, à une véritable expérience mystique et mythologique.

Verdict final : Le film raconte un peu n’importe quoi sur Jim Morrison, mais c’est un sacré spectacle sur le mythe du rock !

Les impressionnantes scènes de concert filmées en live ! (bis)

Fidèle à lui-même, Oliver Stone montre l’envers du décor de son pays. Ici, il dénonce la répression qu’a subit la jeunesse hippie (des policiers étaient sur scène à chaque concert, prêts à se jeter, à la moindre occasion, sur un Morrison incarnant la décadence), immédiatement tombée dans le collimateur de l’Amérique puritaine (époque Nixon). Bien que l’on perçoive un cinéaste politiquement engagé, Stone ne magnifie pas pour autant l’idéologie hippie et montre clairement sa chute, alors que le film s’arrête avec la mort de Morrison, qui rejoint Jimi Hendrix et Janis Joplin dans le Club des 27 (toutes les stars du rock décédées tragiquement à l’âge de 27 ans).

Fan des Doors depuis le lycée, j’aime moult chansons de leur courte mais exceptionnelle discographie. On va écouter ma préférée, RIDERS ON THE STORM, sans extrait du film (il est temps de voir les vrais Doors), pour une fois.

9. FORREST GUMP (1994)

Cours Forest !!!
© Paramount Pictures

Le meilleur scénario de tous les temps. Je n’en démordrai jamais (il a obtenu l’Oscar d’ailleurs, ainsi que ceux du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur acteur…). Quel coup de génie ! Quelle écriture !

Forest Gump est un simple d’esprit (QI à 75 !). Obligé de courir sans cesse afin d’échapper aux autres gamins qui en font leur souffre-douleur, il devient alors un athlète capable d’affronter la vie. Il traverse son époque en se retrouvant systématiquement mêlé, sans qu’il n’en ait conscience, à tous les événements qui ont marqué l’Amérique des années 50 aux années 80, de l’avènement du rock’n roll à celui du sida, illustrant le tournant de notre époque.

Forest n’est pas qu’un spectateur mais bel et bien un acteur de ces événements, voire une source d’inspiration pour les célébrités qu’il rencontre (il inspire notamment Elvis Presley pour son déhanchement et John Lennon pour les paroles de la chanson IMAGINE !). Il est là dès qu’un nouveau président apparait à la télévision, déclenche le scandale du Watergate, assure la réconciliation entre les USA et la Chine (en jouant au ping-pong !), et génère moult phénomènes culturels, sans jamais le faire exprès !

Dans la tradition des grands films sur le Vietnam depuis APOCALYPSE NOW, FOREST GUMP aborde le sujet sans une once de manichéisme et l’incorpore parfaitement dans le paysage américain, depuis lequel s’élève la contestation hippie représentée dans le film par la figure historique de Jerry Rubin, militant emblématique de la fin des années 60 (et inspirateur du Mai 68 français).

Le personnage de Jenny Curran (Robin Wright, magnifique) mène une existence parallèle à celle de Forest en épousant toutes les évolutions de la contre-culture et en embrassant complètement le mouvement hippie. Un temps toxicomane, elle finira séropositive, incarnant à elle-seule la montée et la descente de cette génération révolutionnaire.

Imagine… John Lennon !

L’idée forte du film est de mettre en scène la vie d’un homme simple d’esprit, qui traverse une époque de l’épopée humaine aux multiples bouleversements, sans s’apercevoir du désastre. Perpétuellement désintéressée, la vie de Forest Gump est une véritable geste chevaleresque, exemplaire, oubliée et perdue dans le génome humain… 

Géniale enfin, cette idée forcément poétique de narrer une histoire romanesque par le biais d’un personnage simplet, désamorçant ainsi systématiquement la moindre scène sirupeuse avec humour et distanciation… La plume qui s’envole lors du générique final symbolise ainsi autant le personnage principal que le spectateur, qui vient lui aussi de traverser le film avec une infinie légèreté, tandis qu’on vient de lui conter trente années d’une civilisation en train de se ratatiner…

Célèbre pour ses séquences de reconstitutions d’images d’archives filmées, dans lesquelles Tom Hanks a été incrusté (il donne ainsi la réplique aux vrais présidents, au vrai John Lennon, etc, pour un résultat génialement hilarant !), le film est également ponctué de scènes d’une beauté extraordinaire, notamment celle où Forrest décrit à Jenny la guerre du Vietnam, dont l’alchimie entre les images et le monologue sont d’une magnifique poésie. Du très, très grand cinéma populaire, intelligent, profond, inspiré, poignant et incroyablement didactique.

Evidemment les bienpensants conchient le film de Robert Zemmeckis en y trouvant un moralisme sirupeux insupportable. A croire que l’on n’a pas du tout vu la même œuvre car, si Forrest vit l’Histoire de l’Amérique, il nous la fait découvrir avec un regard affranchi de toute interprétation.

Etant un homme simplet (osons dire un imbécile), Forest raconte l’histoire des USA de manière extrêmement simpliste. C’est donc au spectateur d’en prendre conscience et de rechercher le véritable sens de l’histoire. Les spectateurs qui ont pris au premier degré les allégations d’un homme simplet (et qui ont vu un film sur la glorification des idiots (et n’ont même pas remarqué que la dépression nerveuse du héros, qui se met à courir à travers l’Amérique, dure quand même trois ans…)) sont donc, soit aussi imbéciles que lui, soit des spectateurs n’ayant strictement rien compris au film…

Effectivement, c’est en partant du principe que le personnage possède une compréhension du monde extrêmement limitée que le sous-texte du film devient accessible : FOREST GUMP dénonce la violence d’un pays qui, sous ses beaux atours de terre de liberté, cherche sans cesse à réécrire son histoire, à effacer ses erreurs en misant sur la crédulité du peuple, à masquer ses aberrations, à éradiquer la libre pensée, le libre-arbitre, la libre émancipation, etc. Il fait donc parfaitement écho à notre thématique : En tentant de changer le monde depuis l’Amérique, le mouvement hippie a généré un monstrueux retour de bâton.

Tout le film est ponctué de morceaux de l’histoire du rock contemporaine du récit (48 titres en tout !). On pourrait encore choisir un titre des Doors (il y en quatre dans le film !), mais on va changer un peu :

10. ONCE UPON A TIME IN HOLLYWOOD (2019)

Vie et mort d’Hollywood !
© Columbia Pictures

Peut-on réécrire l’histoire de l’assassinat de Sharon Tate et de ses invités par la « famille » de Charles Manson ? Quentin Tarantino l’a fait avec ONCE UPON A TIME IN HOLLYWOOD en nous racontant également, en toile de fond, la naissance du Nouvel Hollywood, le passage d’une époque à une autre et… la mort de l’idéologie hippie !

En nous contant l’histoire fictive de Rick Dalton, une star de séries télévisées western sur le déclin (Leonardo DiCaprio, touchant et déjanté) et de sa doublure-cascade (Brad Pitt dans son meilleur rôle), l’auteur de PULP FICTION nous raconte en réalité notre véritable histoire (et plus exactement celle de l’Amérique), telle qu’elle aurait dû être !

Fan du vieux cinéma hollywoodien autant que de ses petites séries B, Tarantino redonne tendrement vie à cette période où le cinéma classique a été supplanté par le très noble cinéma d’auteur dont faisait partie Roman Polanski, dont le personnage apparait bien évidemment dans le film (il venait d’épouser Sharon Tate, laquelle était enceinte de huit mois au moment de son assassinat, et ils avaient racheté la villa du producteur Terry Melcher à Hollywood, dont voulait se venger Charles Manson après qu’il ait refusé de produire son disque). Pour autant, il célèbre également les valeurs de noblesse associées à cette période déclinante du vieil Hollywood en faisant de leurs acteurs (dans tous les sens du terme), les héros qui n’existaient plus en cette fin des années 60, tandis que les hippies, soi-disant porteurs de la nouvelle idéologie humaniste, massacraient des gens sans défense de la manière la plus barbare et la plus sordide qui soit.

Avec un génie insolent, Tarantino réussit une allégorie complète de ce moment où le monde s’est transformé, en mêlant le cinéma et le réel, l’histoire et la fiction, la petite histoire et la grande.

Brad Pitt Vs Bruce Lee !

Tourné telle une fresque historique (le film dure 2h41), ONCE UPON A TIME IN HOLLYWOOD est tellement truffé de références culturelles qu’il vaut mieux avoir les clés pour l’apprécier dans toute sa richesse. Nonobstant ce dernier point, il est possible également de le revoir indéfiniment afin d’y glaner ici et là tous ces clins d’œil, ces citations et autres restitutions issues de la culture populaire et artistique de l’époque consacrée.

Œuvre-somme, le film s’adresse autant aux amateurs de cinéma d’art et d’essai qu’aux geeks fans de cinéma bis en nourrissant sa mise en scène de cette écriture à la fois dense et fun qui a fait le succès de son auteur.

Au rayon des scènes les plus jouissives, il y a bien entendu la visite tendue du ranch de la « Famille Manson » effectuée par le personnage de Cliff (Brad Pitt), l’affrontement cathartique final, mais aussi le combat entre Cliff et Bruce Lee ! C’est un moment néanmoins étrange car, après avoir rendu un hommage à la star du karaté dans KILL BILL, Tarantino semble ici le ridiculiser ! Là encore, la mise en scène brillante du cinéaste mérite d’y voir plus loin et de redonner sa chance à la séquence : On s’aperçoit alors qu’il s’agit d’un flashback et plus précisément du souvenir de Cliff. Ce faisant, en mettant en scène la vision probablement déformée du personnage, roublard et un peu prolo, qui se remémore la scène en sa faveur, Tarantino dénonce peut-être les préjugés dont a longtemps été victime l’acteur d’origine chinoise…

Parmi les références les plus évidentes, Rick Dalton apparait rapidement comme un amalgame des acteurs ayant connu la mutation de cette époque en ayant réussi le transfert depuis les séries TV western populaires jusqu’au cinéma international regroupant également les pays européens (Steve McQueen interprété dans le film par Damian Lewis, quasiment un sosie, Burt Reynolds qui devait jouer dans le film mais est décédé juste avant, et bien entendu Clint Eastwood).

Comme d’habitude, Tarantino ponctue son film de chansons. J’ai choisi une reprise : le CALIFORNIA DREAMIN’ façon latino par José Feliciano. Sachant que le mouvement hippie est né à San Francisco et s’est épanoui en Californie, voilà un beau final pour le thème de notre article, non ?

Avant de terminer, je tiens à préciser que je n’ai pas pu mettre tous les films que j’avais listés à cette intention. Il manque ainsi à cette liste encore plusieurs films dont j’aurais voulu parler : LES CHEMINS DE KATMANDOU, ZABRISKIE POINT, FRITZ THE CAT, MIDNIGHT EXPRESS, LAS VAGAS PARANO et THE ICE STORM d’Ang Lee (voire même INHERENT VICE de Paul Thomas Anderson, même si c’est une daube). Si jamais cela vous intéresse, dites-le moi…

Et voilà. C’est terminé.
On sait que certains thèmes sont tabous, principalement aujourd’hui que notre société est gangrénée par les bienpensants et leur nouvelle dictature des idées. Et pour le coup le présent article en touche deux : Dire que c’était mieux avant (car si l’idéologie hippie a proposé un changement, le retour de bâton effectué en riposte, ainsi que ses excès, ont laissé le monde bien plus mal qu’il ne l’était juste avant), est intolérable pour les « progressistes ». Et insinuer que l’intouchable et séminale idéologie soixante-huitarde a précipité la chute du monde moderne, ça l’est peut-être encore davantage…

Et pourtant c’est un fait : Plus on avance, plus notre monde est fou, surpeuplé, violent, hypocrite, communautariste (quand il n’est pas radicalisé), schizophrène, apathique, décérébré, dirigé par une toute petite poignée qui s’accapare 99% de nos richesses naturelles et industrielles, tandis que la classe moyenne s’arroge le monopole de la Bienpensance en déversant sur internet ses accusations et condamnations en tout genre quant à ce que l’on ne doit pas dire, écrire, penser, lire, regarder, manger et baiser, histoire de se contempler dans la glace le soir en ayant l’impression toute virtuelle de faire partie des « gentils », et de servir à quelque chose dans ce monde déglingué, tout en oubliant sciemment ses propres tares.

Depuis 1973, la crise économique s’est installée durablement à la place de la croissance. Le fossé entre riches et pauvres n’a cessé de s’agrandir. Les laissés-pour-compte pullulent davantage à chaque décennie. Les entreprises, banques et autres majors, ennemies ultimes des hippies, semblent avoir définitivement pris le pouvoir. Les hippies eux-mêmes, dès qu’ils ont eu accès aux postes-clés des institutions (voir la biographie édifiante de Jerry Rubin), se sont laissés fondre en elles tout en se préservant hypocritement une once d’apparence rebelle en inventant le « bobo ».

Alors effectivement, vu sous cet angle, l’idéologie prônée par les hippies et leurs successeurs de 68 a foutu davantage la merde qu’elle n’a changé le monde en bien (ah bon ? on a gagné l’écologie ? et les terroristes véganistes, on en fait quoi ?).

N’empêche que cette révolte de la fin des années 60 nous manque. Que font les jeunes aujourd’hui ? Quelles sont leurs revendications ? Qu’attendent-t-ils pour s’imposer, pour contester, pour s’affirmer ? C’est vrai : L’idéologie hippie s’est bien cassé la gueule. Mais face à l’inertie déprimante de la jeunesse actuelle, on peut vraiment se demander laquelle on préfère…


BO du jour

Aucun hippie digne de ce nom n’est passé à côté du premier album de Sweet Smoke. Etrangement, alors qu’il s’agit d’un album de pop music, c’est avec ce dernier que votre serviteur a compris comment dissocier l’écoute de la musique sur chaque instrument, et a découvert le monde du jazz 
!

65 comments

  • Chip  

    Tout en partageant ton avis sur les Doors, faut avouer que ça se prête facilement à la parodie : https://youtu.be/CN6XhuInlKU

    • Tornado  

      Ah ouiii ! j’avais oublié cette scène !!! 😀

      • Jyrille  

        C’est pas dans le 2 de Wayne’s World ? Il faut dire que j’ai complètement oublié ces films à part quelques blagues, et que cela fait des années que je me dis que je dois revoir THE DOORS…

  • Eddy Vanleffe  

    C’est un Scandaaaaallle! Remboursez Bruce lit, blog à la solde des « fascisto-voltairiens » qui veulent dire ce qu’il veulent…
    Pas sur le net, monsieur, il y a des endroits pour ça!

    sérieusement, C’est vraiment un angle d’attaque inattendu qui met en lumière d’une façon particulière ces films.
    bon d’abord Massacre à la tronçonneuse comme remake horrifique de Scobby-Doo, voilà tout est dit! l’association d’idée absolument géniale.
    j’vais déjà vu une analyse du film qui opposaient les « gentils » comme un groupe désordonné, sans valeurs profondes puisqu’ils s’abandonnent tous les uns les autres qui se faisaient ramasser par une famille solide, unie et solidaire. un miroir inversé des valeurs américaines habituelles.
    Apocalypse Now, tu rejoins aussi les trucs que je lis habituellement.
    Les trois derniers m’ont surpris parce que faits bien après coup…
    du coup ces films ont forcément un recul sur ce qu’ils décrivent et un point de vue biaisé aussi.
    du coup je me demande si on peut vraiment y voir ce que tu as vu.
    Doors: pas d’opinion, j’ai pas vu, mais Oliver Stone n’a aps un cinéma qui me parle.
    Forrest Gump: écoute, c’est bien la première fois que j’entends les critiques sur ce film pour dire qu’il est réac. la plupart du temps les gens voient l’émotion de cet homme décalé, rien de plus. mais je veux bien te croire. là encore très méfiant envers la guimauve hollywoodienne, je ne l’ai vu que d’un œil.
    Once upon a time in Hollywood: c’est du Tarantino et je ne regarde plus ses films depuis Death race. je préfère voir le making of et regarder les les films qui l’ont inspiré. voir une sorte de comédie satirique sur le sujet, déforme l’époque un peu comme un OSS 117 avec jean Dujardin cherche à tout pris à nous convaincre à travers les blagues à quel point dans les années 50+60, nous étions de gros cons machos-racistes et coloniaux. d’un coté c’est pas faux, mais c’est un peu aussi s’être crevé un oeil sur les deux.

    Pour ton épilogue, je suis totalement d’accord avec toi, internet aurait du rendre la parole plus libre et pourtant elle vit ses dernières heures avant un grand mutisme d’Etat.
    et oui toujours curieux je suis pour une partie 3 avec les autres films que tu as oublié.

  • Présence  

    Massacre à la tronçonneuse : c’est au-dessus de mes forces de regarder un tel film. D’ailleurs j’ai bien noté que l’article on passe de « l’absence totale d’effets de gore sanguinolent », à « il n’y ait quasiment aucune effusion de sang ! ». 🙂 Impossible pour moi de ne pas sortir de son contexte la phrase : on remplace le chien par un handicapé. 🙂

    Apocalypse Now : je l’ai vu il y a plus de 30 ans. J’en garde encore un souvenir vivace, du débitage du bœuf, à la chevauchée des valkyries. Il m’a tellement marqué que je suis allé lire le ivre de Joseph Conrad, et encore cette année j’ai lu l’adaptation en comics du livre réalisée par Peter Kuper.

    The Doors : pas vu le film, je ne connais que leur premier album. J’aime beaucoup ta description des concerts : messes cérémoniales, incantatoires, avec un chanteur chamane.

    Forest Gump : je l’ai vu, mais je ne m’en souviens plus. All along the watchtower : j’aime beaucoup.

    Once upon a time in Hollywood : pas vu. J’ai un peu de mal avec cette version de California Dreaming, je suppose que je suis trop attaché à l’Original.

    Dure conclusion pour ton article, mais effectivement un sentiment de catastrophe permanent, un effondrement à court terme. Je ne peux que partager ces constats : le fossé entre riches et pauvres n’a cessé de s’agrandir, le capitalisme sous forme de libéralisme dévore tout ressources de la planète et ressources humaines.

    Que font les jeunes aujourd’hui ? Et nous qu’avons-nous fait quand nous étions jeunes ? Je regarde mes enfants et je les vois me bousculer dans mes certitudes, refuser la voie du tout capitalisme, avoir développé une résistance naturelle aux techniques marketing de tout poil, utiliser les incroyables technologiques pour s’instruire, etc.

    Un article génial, merci beaucoup.

    • Tornado  

      @Présence : MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE : As-tu au moins regardé l’extrait que j’ai choisi ? 🙂

      APCALYPSE NOW : Je ne savais pas qu’il existait une adaptation comics (de AU COEUR DES TENEBRES). C’est bien ?

      « Et nous qu’avons-nous fait quand nous étions jeunes » ?
      Je me souviens que j’étais encore marqué par les années 60. Nous avions encore cette rébellion en nous, mais effectivement, elle faisait plus partie du folklore que d’une réelle volonté de changer le monde.
      Ce que tu dis de tes enfants est plutôt rassurant. Les miens étant encore trop jeunes pour que je puisse m’en rendre compte, je te fais confiance (à toi et ton éducation).
      Mais n’empêche, encore une fois, je suis en « manque » de révolte quand je regarde la jeunesse. Je suis en attente…

      • Présence  

        Non, je n’avais pas regardé l’extrait.

        Du coup, je l’ai fait : j’ai bien vu la filiation avec Scooby-Doo, et j’ai bien vu que la pauvre jeune femme est blessée et tâchée de sang et que Leatherface se flanque un coup de tronçonneuse dans la cuisse.

        En manque de révolte : je ne sais pas ce que cette absence de révolte révèle de notre société. Cela veut-il dire que nous sommes tous devenus des moutons, qu’il n’y a plus d’échappatoire à l’ordre mondial capitaliste, que les transformations se font en douceur, qu’il est devenu impossible de concevoir une alternative ? D’un autre côté, le projet des hippies était-il celui d’une société, avec toutes ses dimensions, comme l’éducation, la santé ?

  • Matt  

    Dans tout ça, je ne connais que les 2 premiers films et Forrest Gump.
    Et je suis bien sûr d’accord en tous points sur ces films^^
    Bon The doors…ne semble pas être un film qui m’intéresserait.

    Bon le dernier de Tarantino je connais de nom, mais ça ne me fait pas du tout envie. Je n’avais déjà pas aimé du tout sa farce sur les nazis dans Inglorious Bastards. Je ne suis pas certain d’aimer un film qui modifie l’histoire et qui semble trop méta à mon goût. Je veux dire…en quoi c’est cathartique de défoncer les Manson s’ils n’ont rien fait dans le film ? C’est donc pensé pour être cathartique par rapport à la réalité, et non aux évènements du film. Et franchement cet aspect méta, j’en ai un peu marre.
    J’ai aussi le sentiment que ça parlera davantage à un public américain.
    Je n’ai pas baigné dans cette époque, même si j’aime le cinéma de toutes époques, je ne suis pas si calé que ça en histoire des USA, je m’en fous un peu des hippies…du coup…mouais…bon…

    • Eddy Vanleffe  

      je ne suis pas sûr de piger…
      dans la réalité Les Manson sont des psychopathes tarés…

      • Matt  

        Oui.
        Dans le film de Tarantino, ils ne font rien. Ils sont tarés mais n’ont même pas le temps de buter qui que ce soit. Ils se trompent de maison je crois, Sharon Tate reste en vie…et ils se font défoncer par Brad Pitt ou je sais plus qui.
        Donc ha ha ha…ok…méta commentaire, vengeance, ils n’ont pas pu faire leur truc terrible pour lesquels ils sont connus…mais du coup limite ils n’ont pas mérité ça…dans l’univers du film !
        Je sais pas, on dirait que maintenant le méta commentaire est plus important que la qualité d’une histoire de fiction.

      • Matt  

        C’est comme le délire avec Bruce Lee. Je note que Tornado mentionne qu’il peut s’agir d’une satire des préjugés dont il a été victime. Mais…c’est peut être aussi juste une envie de provoquer en bottant le cul d’une icône.
        Je ne suis pas trop client de ce genre de trucs, c’est tout ce que je dis.
        On déforme la réalité pour en faire une farce ridiculisant des gens, pour se venger de salauds avant qu’ils commettent des crimes (au détriment du sens de l’histoire)
        Enfin c’est ultra méta quoi…ça ne m’attire pas.

      • Matt  

        Dans Inglorious Bastards, t’avais une scène d’intro effrayante avec de pauvres juifs qui vont y passer, tout ça…et plus tard t’es dans un film de Mel Brooks avec un Hitler en mode guignol…
        Tu crois pas une seconde que ce mec a pu asservir des pays (dans la logique du film !)
        Je n’aime pas ce mélange de sérieux et de grosse farce. ça colle pas ensemble pour moi.

        • Tornado  

          Punaise les gars vous critiquez un film que vous n’avez même pas vu ^^
          ONCE UPON A TIME IN HOLLYWOOD est pour moi le meilleur film de Tarantino, plus équilibré et plus profond que les précédents (dont INGLORIOUS). C’est un chef d’oeuvre à voir et à revoir.
          Le dégommage des Manson, sachant qu’on tient là l’un des pires crimes horribles de notre histoire, et une pure catharsis, transformant l’histoire en conte. C’est un très bel acte de pur cinéma.

          • Matt  

            Je ne critique pas. Je dis que Tarantino a déjà fait ça dans Inglorious et que j’ai trouvé le film mauvais.

            Je dis que ça ne m’attire pas donc.

            Et des acteurs grimés en criminels connus qui ne commettent aucun crime et se font dégommer AVANT de faire quoi que ce soit, je doute que ce soit une catharsis efficace sur moi.
            Sur le principe je trouve ça trop meta. Déjà l faut arriver à détester des acteurs qui jouent des salauds (ça marche en général mais pas toujours dans les films), mais si en plus ils ne font rien de terrible dans le film…ça va devenir difficile d’avoir envie de les voir se faire défoncer.
            Que veux-tu, je ne suis peut être pas aussi assoiffé de sang que toi^^ Sur le Punisher non plus, cette histoire de catharsis ne marche pas des masses avec moi.

            Oh sur es vrais salauds peut être que j’aurais bien envie de les voir se faire éclater…mais plus tu rajoutes des couches de fiction et moins ça marche.

          • Tornado  

            Les meurtres horribles de la famille Manson ont suffisamment choqué le monde pour devenir universels, aussi abominables que les crimes nazis par exemple (Manson ne s’est-il d’ailleurs pas fait tatouer une croix gammée au milieu du front ?). Ainsi, dans l’inconscient collectif, voir crever ces types est aussi cathartique que voir crever des nazis dans les films d’exploitation ou dans les comics de super-héros. Tout simplement.
            Tu fais bien de parler du Punisher. Sur bien des points, Ennis et Tarantino, c’est très, vraiment très proche.

          • Matt  

            Manson, c’était pas surtout des nanas paumées tombées sous le charme d’un grand malade et droguées jusqu’aux yeux ?
            Je dis pas que ça excuse quoi que ce soit, mais par rapport à l’extermination d’un peuple bien calculée et planifiée par les nazis, c’est pas la même chose quand même.
            Manson était un manipulateur flippant oui. Je sais pas grand choses de ses disciples.

          • PierreN  

            La présence de Manson dans Minhunter montre bien l’aura qu’il pouvait avoir auprès des américains en particulier, même une dizaine d’années après les faits (à la fois vecteur d’effroi et de fascination, plus un incarnation du mal pour eux qu’un « simple » taré parmi d’autres ; le personnage principal du show réagit comme s’il s’apprêtait à rencontrer une star macabre à la Hannibal Lecter).

          • Tornado  

            Oui, même Alan Moore semble développer une étrange fascination pour le personnage, voire quasiment une sorte d’admiration provocatrice…

          • Bruce lit  

            Bcp d’artistes considèrent Manson comme un génie. Un génie du mal, oui, mais il semblerait que ses écrits aient suscités une certaine fascination avant le meurtre en tout cas.

          • Tornado  

            Oui. Dennis Wilson (batteur des Beach Boiys) était son ami proche. Neil Young était fasciné aussi et assez proche, même s’il ne s’en est pas vanté après le drame…
            Il devait sortir un album. Mais Terry Melcher a refuser de le produire, conduisant Manson à exercer sa vengeance. On connait la suite…
            Toujours est-il qu’il avait un charisme certain et qu’il fascinait beaucoup de gens. Je crois percevoir tout à fait le genre de bonhomme qu’il pouvait être au quotidien. Je connaissais un mec comme ça quand j’étais étudiant (un dealer notoire à ses moments perdus). Et je le détestais cordialement. Mais la plupart de mes potes l’aimaient bien et il avait toujours une nana à ses basques…

            @Bruce : Et quid de Marylin Manson ? Peux-tu nous expliquer la nature de sa « relation » avec celui à qui il a pris son nom d’artiste ?

          • Bruce lit  

            Oui, bien sûr.
            L’ambition de Brian Warner est de montrer que chaque être a sa face lumineuse et démoniaque.
            Mais il va plus loin : le rêve américain s’est construit sur l’attrait du glamour et ses vedettes américaines (Marilyn) qui cachent le cauchemar américain celui de la convoitise, de la soumission et à l’attrait pour le meurtre (Manson).
            Dans sa chanson BEAUTIFUL PEOPLE il compare le conformisme à une nouvelle secte de Manson qui tuerait pour occupait le haut de l’affiche.
            En celà, il est le fils spirituel de Roger Waters qui montrait l’analogie entre le star système et le fascisme.

            Dans ANTICHRIST SUPERSTAR son THE WALL à lui, il raconte son apocalypse personnelle, celle qui lui fait délaisser toutes les balises de l’humanité pour devenir une rock star dégueulasse. C’est sans doute l’album le plus terrifiant de tous les temps.

            En admirateur de Charles Manson tu as aussi Axl Rose qui réussit à cacher sur un disque des Guns un jolie chanson signée…Charles Manson !! https://www.youtube.com/watch?v=jLR3J_4xBRw

  • Surfer  

    Bon, tu m’avais prévenu !

    Tu m’avais dis que la 2ème partie de ton article serait encore meilleure que la première. Force est de constater que tu ne m’a pas menti. 😉
    Et sur le sujet, je suis très exigeant ! J’attends toujours une analyse rigoureuse pertinente et si possible passionnée.
    Tu as parfaitement rempli le cahier des charges.

    Mon personnage fétiche, crée dans les années 60 avec sa planche de surf californien, n’est il pas le fruit ultime correspondant à la génération «  Peace And Love » ?
    Avec son rêve d’utopie , il est le vecteur angélique de cette pensée 😉

    Concernant le choix des films:

    MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE : avec l’EXORCISTE c’est le film qui m’a le plus terrifié. Je l’ai vu alors que j’étais un peu trop jeune. Il y a des fois où il vaut mieux écouter les recommandations des adultes.

    APOCALYPSE NOW: c’est tout simplement l’un de mes films préféré. On voit peu Marlon Brando, mais il crève l’écran ! J’ai rarement vu un acteur qui incarne la folie aussi bien que lui. Il est littéralement habité. C’est phénoménal.
    Tu as choisi le monumental THE END des Doors mais tu aurais pu prendre RIDE OF THE VALKYRIES de Richard Wagner ou (I CAN’T GET NO) SATISFACTION des Stones tellement la bande son de ce film est riche d’œuvres magistrales.

    THE DOORS: film que j’ai vu pour la première fois sur canal. Je l’ai très peu revu depuis pour les raisons que tu as évoqué. J’aime trop Jim Morrison et je me refuse à toutes formes de dénigrement.😉

    FORREST GUMP: film extraordinaire que tu as parfaitement analysé. Ceux qui n’ont rien compris sont encore plus naïfs que le personnage principal. ALL ALONG THE WATCHTOWER de Hendrix est une tuerie!!! Le mec fait l’amour avec sa guitare et son rut est cosmique 😀😀😀

    ONCE UPON A TIME IN HOLLYWOOD : je ne partage pas ton enthousiasme pour ce film. Je l’ai trouvé long et je me suis ennuyé malgré quelques bons passages. Même la scène sanguinolente de fin si caractéristique des films de Tarantino et tant attendue n’a pas fonctionné. Elle était, à mon sens, un peu trop « What The Fuck » ! Je n’ai même pas ri !
    La bande son du film est, cependant, bien choisie. Comme dans tous les films de Tarantino d’ailleurs.

    La BO: Sweet Smoke… c’est joli. Dissocier les instruments d’un morceau musical et essayer de les reconnaître est un exercice ludique que tout prof de musique devrait proposer à ses élèves 😉

    • Tornado  

      Effectivement j’ai lu que le Surfer avait été créé au départ par Stan Lee pour draguer la communauté hippie ! 😀 (j’en ai fait l’article ici-même, d’ailleurs).

      • PierreN  

        Kirby (LE créateur du surfeur au départ, avant que Stan Lee ne se le réapproprie dans sa 1ère série solo, tant au niveau de sa caractérisation que de ses origines) estimait que dieu (Galactus) avait besoin d’un archange annonciateur (pas encore connu sous le nom de Norrin Radd), d’où cet ajout inattendu (Stan Lee a été agréablement surpris en découvrant ce nouveau venu sur les planches, absent du vague synopsis initial).

  • Jyrille  

    Alors là ça tombe bien : je les ai tous vus. Enfin non : je n’ai jamais vu HAIR et je n’avais jamais entendu parler de HOTEL WOODSTOCK. Qu’est-ce que c’est ?

    MASSACRE A LA TRONCONNEUSE était un fantasme depuis longtemps pour moi, impossible à trouver, jusqu’à ce qu’un ami me le prête il y a sept ou huit ans. J’ai adoré. Une ambiance incoryable, une vraie terreur sur la partie finale alors qu’il n’y a aucun effet gore ! C’est très impressionnant. Je n’avais pas vu les choses sous cet angle mais ton approche est limpide quant à l’elimination des hippies. Pareil pour la musique. Alors que toute la première partie ne fait pas grand chose à part présenter les personnages, des hippies… Bien vue la comparaison avec Scooby Doo. Il faudrait que je voie le 2 maintenant.

    Apocalypse Now est un de mes films préférés de tous les temps. Il arrive dans mon top 3 je pense. Mais j’ai une grosse lacune : je n’ai pas lu le livre de Conrad. Il faut que je le fasse. Tout comme je dois revoir Conversation Secrète que j’ai complètement oublié.

    « Rarement un titre de l’histoire du rock aura autant fait corps avec un film au point de tisser avec lui des liens allant bien plus loin que la seule alchimie son/image. » Totalement d’accord. Je crois bien que c’est la première chose (vu que j’écoutais déjà les Doors) qui m’a fait basculer dans le film pour ne plus jamais en ressortir. Le plus remarquable, c’est que le film a eu la Palme d’Or en étant estampillé Work In Progress ! Je me dois également de voir le reportage sur le tournage, mais je n’ai pas la bonne édition DVD (j’ai celle de la version longue de 3h, qui passe toute seule aussi).

    Les Doors… J’ai adoré ce film à l’époque. Je suis tombé amoureux de ce groupe et de son incroyable chanteur charismatique grâce au film (jétais en Terminale), j’ai encore une belle affiche de Jim Morrison sous verre qu’on m’avait offerte, et comme je le disais, il faut que je le revoie. Ce dont je me souviens bien, c’est qu’il vaut surtout pour les scènes de concert, où Oliver Stone donne le meilleur de lui-même, bien loin des effets zapping qu’il utilisera plus loin dans TUEURS NES (que je n’ai pas aimé) ou même U-TURN (très bon petit polar). Note bien que je ne suis pas du tout fan des hippies à la base, et les Doors n’en font pas partie pour moi. Leur musique est à la fois trop sérieuse (descendant du blues et du flamenco) et trop festive à la fois pour n’être que psychédélique et mystique. Ma chanson préférée reste sans doute When The Music’s Over. Je n’ai jamais écouté The Soft Parade par contre. Il faut que je les réécoute.

    Alors Forrest Gump, j’ai détesté. Parce que je n’y ai vu que la glorification de la bêtise justement. Cela dit, je l’ai vu à sa sortie, et donc une seule fois tant j’ai souffert pendant la projection, surtout que le film est bien trop long. Pour le principe du héros spectateur, Bertolucci l’avait déjà fait avec LE DERNIER EMPEREUR (dans mon souvenir, un très beau film très graphique avec de belles images, mais trop long également). Alors qu’un simple d’esprit ait influencé Elvis et la Chine, désolé, je ne marche pas. Je suis donc un idiot. Par contre je te félicite pour l’incision du film dans la thématique, c’est exactement ça.

    Je ne pense pas que OUATIH soit le meilleur rôle de Brad Pitt, ce qui est certain, c’est que j’ai passé le film à vouloir être avec ces deux types, à traverser L.A. dans leur voiture, à chiller avec eux. C’est un bon Tarantino où je ne me suis jamais emmerdé. Tu cites les passages clés, ils sont tous splendides (quelle tension lors de la visite de Brad Pitt…).

    Je n’ai pas vu Zabriskie Point, ni Fritz The Cat en entier (ou alors il y a très longtemps, sur Arte), ni The Ice Storm ni Inherent Vice.

    La BO : je l’ai pas mal écouté évidemment, pour la culture, mais ce n’est pas ma came finalement ^^

    • Tornado  

      HOTEL WOODSTOCK, c’est le film sur l’organisation du festival, vu de l’intérieur, et plus exactement d’une personne. Il n’y a aucune image de concert, c’est davantage une étude de moeurs. Mais c’est super. Du très bon Ang Lee.

      APOCALYPSE NOW : On m’a offert la version final Cut (meilleure version à ce jour) en 4K, avec le documentaire AU COEUR DES TENEBRES inclu. Un bonheur (tout a été restauré et rematerisé). Image sublimes et son énorme. Un super cadeau ! 🙂

      THE DOORS. SOFT PARADE est un album pénible pour moi. C’est plus un album de Krieger que de Morrison d’ailleurs. A un moment donné, il avait été hypé par la presse rock (dans les années 2000 de mémoire), avec tentative de le réhabiliter. Mais non, j’ai jamais accroché.

      FORREST GUMP. Je ne peux pas t’obliger à l’aimer. C’est du cinéma hollywoodien assez sirupeux dans la forme. Oui.

      « Je ne pense pas que OUATIH soit le meilleur rôle de Brad Pitt, ce qui est certain, c’est que j’ai passé le film à vouloir être avec ces deux types, à traverser L.A. dans leur voiture, à chiller avec eux.  »
      C’est clair ! J’avais trop envie d’être avec eux ! Par contre je connais des gens qui m’ont dit l’inverse, qu’ils les avaient mis hyper mal à l’aise tout le long !

  • Michel  

    Super article garçon.

    • Tornado  

      Oh merki ! 🙂

  • Matt  

    Sinon c’est bizarre de passer à côté de Forrest Gump quand même. ça me semble plutôt évident que le concept est de raconter une période de l’Amérique sans interprétation, selon le regard d’un candide qui ne comprend pas les dangers.
    Il te dit avec des mots simples et presque doux des trucs horribles, des actes racistes, des fusillades. Jenny passe son temps à aller de désillusions en désillusions, à se faire maltraiter et tout. Comment peut-on prendre ça comme une version édulcorée et mielleuse de l’histoire ?
    Et c’est justement en se mettant à la place de quelqu’un qui n’a pas d’opinion que le spectateur se rend compte de l’absurdité de ce qui se passe.
    J’ai toujours trouvé aussi que l’histoire d’amitié entre Forrest et le lieutenant Dan était belle. La manière dont le soldat était enfermé dans sa vision du monde et son honneur, etc.

    Il n’y a pas de glorification des idiots, mais je pense qu’il y a une invitation à prendre du recul pour mieux voir les choses. Tous les personnages (hippies, soldats, hommes politiques) sont braqués dans une vision du monde qui empêche de voir la tableau complet…assez désastreux.

    • Jyrille  

      Ah justement : on comprend très bien que tous les personnages avec une intelligence normale s’en prennent plein la gueule et que seul le candide s’en sort. Et non seulement il s’en sort, mais il devient multimillionnaire ! Car il influence, grâce à sa candeur, des événements historiques. Désolé mais moi je comprends ça comme une ode à la bêtise.

      • Kaori  

        Et pourquoi pas une ode à la différence ?

        • Jyrille  

          Parce que cela prend le contresens : au lieu d’être un quidam, le différent devient un super-héros emblématique. En faire une glorification quoi, qui te fait dire « ah mais ouais j’ai rien compris en fait, comment je fais pour influencer un personnage historique moi ? »

      • Matt  

        Mais ce n’est pas important qu’il s’en sorte.
        Il s’en sort juste pour rester neutre. Puisqu’il n’est pas impacté par les évènements, il ne prend pas parti. Et il est idiot aussi histoire de ne pas être capable de prendre parti, parce que tout lui échappe.
        ça sert à montrer le monde de manière neutre et non biaisée par une idéologie.

        • Jyrille  

          Alors de un, on est toujours impacté par les événements, on n’y peut rien. Et deux, ça signifie qu’il ne faut pas avoir d’idéologie pour devenir multimillionnaire et se sortir du Vietnam ? Il ne faut croire en rien, ne pas avoir d’idéaux ? Ne surtout pas réfléchir ?

          Je comprends complètement le volet « spectateur » du personnage, et son rôle de passeur pour nous. Mais à partir du moment où il devient un self made man à qui tout réussit, je ne comprends plus la morale.

        • Matt  

          « Et deux, ça signifie qu’il ne faut pas avoir d’idéologie pour devenir multimillionnaire et se sortir du Vietnam ? Il ne faut croire en rien, ne pas avoir d’idéaux ? Ne surtout pas réfléchir ? »

          Mais quand il t’arrive à truc bien, tu penses que c’est forcément grâce à toi ? A ce que tu as fait ? Tu crois que ceux qui ont survécu à la guerre sont des modèles à suivre ? Qu’ils ont forcément réussi grâce à leur choix réfléchis, et pas un coup de bol ? Que les gens qui gagnent au loto sont forcément intelligents ?
          Tu sembles vouloir absolument justifier un résultat de vie grâce à une attitude. Et pour toi cette attitude serait présentée comme un modèle à suivre.

          Il n’est pas un self made man justement parce qu’il n’a pas cherché à être comme ça. Il l’est parce qu’il a eu du bol et que ça lui permet de continuer à être spectateur « en dehors » de la réalité.
          Si le mec se sortait de tout en ayant des opinions politiques de gauche, accuserais-tu le film de prétendre qu’on ne peut s’en sortir qu’en étant de gauche ?
          Enfin j’sais pas, tu sembles vouloir trouver un sermon que le film n’a pas.

          • Jyrille  

            Alors oui, si le film prenait le parti de montrer un gars de gauche réussir, je dirais exactement la même chose. Le sermon que le film n’a pas, c’est toi qui le vois, moi je le comprends autrement.

            Et clairement, n’ayant pas une fibre chanceuse très exacerbée (même si j’en ai aussi parfois, on ne va pas se mentir), je suis certain que oui, c’est ton attitude qui décide de ce que tu deviens, et pas la chance.

            Les gens qui gagnent au loto, déjà, jouent au loto (ce n’est pas mon cas). Et ensuite, ils ne le font pas une fois, ils jouent toutes les semaines, voire tous les jours. Où est la chance là-dedans ?

            Par contre je n’ai jamais dit qu’il fallait suivre telle ou telle attitude (un modèle comme tu dis). Cela fait longtemps que j’ai compris qu’on ne change pas les gens en leur parlant.

          • Matt  

            Où est la chance là dedans ??
            Euh bah il y a des gens qui jouent et ne gagnent jamais.
            Donc ceux qui gagnent ont plus de chance ouais.

            Ensuite, on peut même voir le message comme je t’ai dit : en total opposition au mythe du self made man américain, alors que certains se cassent le cul toute leur vie et vivent à peine décemment, d’autres ont un coup de bol, gagnent un truc, et sont riches.
            L’attitude ça aide évidemment. Mais ne fais pas comme si tout le monde méritait ce qu’il a. Justement non. ça aussi c’est un slogan du rêve américain. Et donc cette situation grotesque dans le film, en opposition à l’idée qu’on devient tous riches si on bosse bien, qu’on obéit bien, qu’on est honnête, etc.

          • Matt  

            Bon, et si Tornado ne vient pas, je demande des honoraires pour devoir débattre à sa place^^

          • Jyrille  

            « Mais ne fais pas comme si tout le monde méritait ce qu’il a. Justement non. ça aussi c’est un slogan du rêve américain. Et donc cette situation grotesque dans le film, en opposition à l’idée qu’on devient tous riches si on bosse bien, qu’on obéit bien, qu’on est honnête, etc. »

            Ah mais je suis complètement d’accord. Mais le fait de ne rien faire n’aide pas non plus. Ceux qui ont réussi ont trimé, même les Kardashian. Si le film dit qu’absurdement les gens qui réussissent ne le méritent pas, je ne comprends pas non plus cette morale, parce que je la trouve fausse. Cela arrive sans doute (et la plupart du temps, c’est simplement un leg…), mais ce n’est pas une généralité. Et si c’était le vrai propos du film, je ne l’ai pas vu ni ressenti à aucun moment.

          • Matt  

            Mais pour moi le film n’essaie pas de te dire ce qu’il faut faire pour être riche.
            Du coup c’est juste un moyen d’en faire un personnage fonction qui peut rester spectateur neutre en étant à l’abri du besoin. Sans ça, il ne pourrait pas vivre seul.

            Il n’y a pas de morale qui te dit qu’il faut être idiot pour devenir riche. Ni qui te dit qu’il faut être l’inverse. C’est juste une situation dans laquelle est le perso, voilà. Une situation random comme il peut y en avoir suite à un leg, un coup de bol.

            Il faudrait aussi que je revoie le film. Je ne sais plus trop comment il devient si riche. Le commerce de crevettes ? Bon bah techniquement le film n’entre pas dans les détails, ce n’est pas le sujet, mais on imagine bien que sa fortune vient de ses employés, géré par le lieutenant Dan sans doute, je sais plus trop. Il est l’instigateur du truc mais au final c’est un PDG quoi. Et il ne gère pas grand chose lui-même. Je ne vois pas trop comment on peut se dire qu’on pourra tout réussir en étant comme lui. D’une part il rencontre des gens, et ensuite le film n’entre pas dans les détails de sa vie pro. C’est le monde autour de lui qui est le sujet.

          • Matt  

            Et puis bon tu sembles avoir vu le film une seule fois en 1994 alors bon…peut-être qu’éventuellement une seconde vision te ferait voir les choses autrement ?^^

            Peut être pas. Mais peut être !
            Au lieu de faire un combat dans la boue avec moi^^

          • Jyrille  

            Peut-être en effet. Mais je n’en ai aucune envie. Et comme toujours, nous n’avons pas la même perception. Pour moi le film donne une morale, prend parti. Si son intention était de faire traverser les événements par quelqu’un de neutre, il est super mal gaulé selon moi.

          • Tornado  

            Franchement, je connais le film par coeur, et il est très clair que la morale est à l’inverse une très sérieuse salve contre les USA. Mais je l’ai déjà écrit dans l’article. J’ai pas envie de recommencer ^^
            Le film nous dit que les USA récompensent ceux qui ne font pas de vague, qui aident à faire passer le vent… C’est une critique !
            En face, le film montre très bien, également, que des personnages magnifiques, dès qu’il essaient de combattre contre le vent, se font littéralement défoncer.
            C’est vraiment très clair.

  • Matt  

    @Jyrille : « Alors qu’un simple d’esprit ait influencé Elvis et la Chine, désolé, je ne marche pas »

    Mais ça c’est un détail. Pour l’humour.
    Et on peut être influencé par n’importe quel truc qu’on voit. Une image, une blague, une pub…
    ça ne veut pas dire que le simple d’esprit est un grand génie qui a tout appris aux autres…
    Les simples d’esprit ne sont pas non plus des sous-merdes qui ne peuvent rien t’inspirer^^

    • Jyrille  

      Un détail ? C’est la base du film !

      • Matt  

        De quoi, inspirer Elvis ?
        Euh…non. C’est un détail.
        Le reste du temps il te décrit le monde, il ne le change pas.

        • Jyrille  

          Non, tout le film est connu pour ses passages en insert avec Elvis, Lennon etc… Tornado le dis lui-même. Sans ça, le personnage n’aurait jamais accompli tout ce qu’il fait à côté (dans mon souvenir) donc désolé, mais c’est loin d’être de l’ordre du détail.

          • Matt  

            Mais il ne dit rien de spécial à Lenon.
            Il ne dit rien e spécial à Kennedy, à part qu’il a besoin de pisser.
            Il ne leur inspire rien du tout. Les plans en insert sont là pour l’humour.
            Moi je trouve qu’on a surtout l’impression que c’est un mec qui a une bonne étoile, une chance folle, qui n’est pas affecté par tous les maux de son époque. Et qui te le présente en mode « tout va bien » alors que c’est la merde. Une façon de contraster la théorie de la réalité. Forrest ne connait que l’idéologie de l’Amerique. Il est un vecteur.
            Je ne vois pas d’ailleurs en quoi tu peux glorifier le fait de ne rien comprendre ! Ce serait bien pire s’il se donnait du mal et qui réussissait tout.

          • Matt  

            ça deviendrait le film du self made man et du rêve américain s’il était intelligent et réussissait tout.
            C’est exactement l’inverse que te dit le film. Le mec qui réussit tout et se retrouve à l’abri est un simplet qui a juste eu du bol.

          • Jyrille  

            Désolé, toujours pas convaincu. Si ces inserts sont là, c’est à mon sens pour bien plus que du simple humour.

  • Eddy Vanleffe  

    Je ne critique pas le film (pas vraiment), c’est juste que rien ne m’incite à vouloir le voir à priori..mais..faut jamais dire fontaine…

    • Jyrille  

      Je dois dire que je te rejoins sur le fait que les films après Apocalypse Now ont plus de recul vu leur sorties plus récentes, mais ils s’intègrent parfaitement dans le sujet sans que je puisse voir cet angle sans la mise en lumière de Tornado. C’est déjà beaucoup je trouve.

  • JP Nguyen  

    Dans la liste du jour, je n’ai vu que Apocalypse Now (au cinoche, quand il était ressorti dans les années 2000) et Forrest Gump (et encore, pas sûr que ce soit en entier).
    Sur ta conclusion, je crois comprendre le point de vue mais je ne le partage que partiellement. Il y a des choses qui font notre quotidien et auxquelles on ne fait pas attention mais qui sont des avancées considérables.
    L’accès à la connaissance, par exemple. Fini les encyclopédies papier. Et je ne te parle pas que de wikipedia. Il y a quelques jours une connaissance à moi m’a fait part d’un sujet médical que je ne connaissais pas. Après 10 minutes de recherches, j’avais sur mon smartphone un pdf expliquant assez longuement le sujet…
    Quand je me rendais à la boulangerie dans les années 80 (et j’imagine pas comment ça pouvait être en 1960-70), j’étais le chinois du village. Certes, je vis maintenant près d’une métropole mais le regard de l’homme blanc sur les non-blancs a changé (même si le racisme existe toujours et je sais aussi qu’il y a aussi du racisme envers les blancs, je partage juste mon ressenti et mon vécu).
    La recherche médicale coûte certes très cher et le lobby Big Pharma n’est pas qu’une vue de l’esprit, néanmoins, sur des sujets précis, des résultats sont obtenus, des remèdes sont inventés (oui, c’est doute trop long, trop cher, trop je sais pas quoi mais c’est toujours mieux que de rester avec sa bite et son couteau face aux maladies).
    Oui, le monde dans lequel on vit est un sacré merdier. Mais dans les années 60-70, ils avaient déjà la guerre froide. Au début des années 80, on a frôlé la guerre nucléaire sur des malentendus d’avions égarés. Bref… je n’arrive pas trop à mettre de l’ordre dans ce que je veux dire… Je ne veux même pas être béatement optimiste… Je dirais juste que, ok, c’est le monde dont on a hérité, et ben maintenant vivons dedans et essayons de faire, à notre microscopique échelle, une différence positive.

    • Tornado  

      Alors autant je m’attendais à ce que Cyrille tique sur FORREST GUMP, autant je pensais, d’autant qu’on se connait en chair et en os maintenant et qu’on a bien discuté de tout quand on s’est vu (mais il est vrai qu’on ne se connait pas encore assez bien, la preuve), que s’il y en avait un qui serait à fond avec moi sur ma conclusion, ce serait toi JP !
      Mais là aussi, tant mieux si tu es plus optimiste que je ne le pensais ! 😉

      • JP Nguyen  

        Alors, pour être honnête, l’optimisme , ça doit dépendre des jours ! Ma conclusion sur l’état du monde dans l’article Omega Men rejoignait pas mal celle de ton article.
        Mais en tant que parent de 3 enfants, je me dois d’espérer quelque chose pour l’avenir… Et puis, c’était pas mieux avant. Sur certains points oui, mais au global, y’a tellement d’aspects, et tellement de zones de gris, que, personnellement, je ne me dis pas que j’aurais préféré une autre époque à la nôtre.

        • Tornado  

          Je ne pense pas non plus que tout était mieux avant.
          Ma conclusion parle de l’utopie des années 60 et de ses retombées.
          C’est un thème qui me passionne. Les gens de la beat generation et leurs héritiers directs, les hippies, ont tenté en masse de changer le monde en mieux. Monde qui n’a rien trouvé d’autre que de les contrer en se transformant en une bête plus terrible encore quelle ne l’était avant.
          C’est le thème de mon article : Une époque charnière, riche d’utopies, de retombées idéologiques. Que s’est-il passé ? Pourquoi ça a foiré ? Qu’y a-t-il de pire depuis ?
          Oui, parce que les progressistes n’ont d’yeux que pour les soixante-huitards. Sauf que non. Le monde a muté en quelque chose de pire depuis. Et sauf que oui, plein de choses sont mieux depuis. Mais ça reste très en deçà de cette utopie…

          • PierreN  

            « Pourquoi ça a foiré ? »

            « We Blew It » (“On a tout gâché”, célèbre réplique de Fonda dans le film de Hopper) pour reprendre le titre du documentaire de Thoret (d’Easy Rider jusqu’à l’Amérique de Trump).

  • Bruce lit  

    Mon emploi du temps professionnel fait que j’arrive longtemps après la bataille.
    Félicitations Tornado c’était passionnant de bout en bout. LES CAHIERS DU CINEMA avaient publié en leur temps, une analyse assez similaire que la tienne sur la ruralité prenant sa revanche sur l’urbanisme. Mais la comparaison à un épisode de Scoobidou m’a laissé sur le cul. Excellent.
    C’est un film que j’aime bcp et je garde un très bon souvenir de son remake.

    APOCALYPSE NOW : oui, bien vu. Tout rêve a un prix et une partie de la jeunesse américaine le paient en allant mourir dans un pays dont ils ignoraient l’existence tandis qu’une autre partie se prend pour Brando et James Dean en cadillac.
    Je ne renie pas au film son statut de chef d’oeuvre. L’ouverture et la fin sont éblouissants. Mais je trouve l’errance un peu longue au bout d’une moment, Coppola perd le fil de son récit et la version redux en rajoute une louche avec la scène de la plantation parfaitement inutile.
    C’est un rôle dans lequel Brando dit avoir failli se perdre. Mais ce n’est pas mon Vietnam préféré lui préférant PLATOON et VOYAGE AU BOUT DE L’ENFER. NE UN 4 JUILLET m’avait beaucoup impressionné aussi.
    En terme de film erratique, je préfère nettement AGUIRE qui me laisse sur le cul à chaque fois que je le vois.

    THE DOORS-
    J’ai vu ce film 3 fois et à chaque fois, je l’ai détesté toujours un peu plus. Oliver Stone m’avait trahi en racontant d’avantage une époque qu’un personnage. J’ai tellement détesté son Jim Morrison que j’ai failli passé à côté des Doors. Il me faudra 20 ans après ce film pour j’écoute leur musique, tellement leur chanteur m’avait fait antipathie. Team Manzarek bien sûr.
    Ceci dit ta remarque sur la beauté des scènes live me fait réaliser que je suis totalement passé à côté de cet aspect. Je l’avais rejeté en bloc et tes vidéos te donnent raison.

    FOREST GUMP –
    J’avais beaucoup aimé ce film qui m’avait fait rire et ému. Je suis très impressionné que tu le qualifies de meilleur scénario de tous les temps. Mais tu sais parfaitement ce que tu affirmes. Je ne rentrerai pas dans le débat parce que quand tu arrives sur la fin, c’est moins facile et que je ne l’ai vu que deux fois et n’en ai qu’un souvenir diffus.
    Je peux comprendre ta position, celle de Matt et celle plus tranchée de Cyrille. Ce sont des films à plusieurs entrées et les arguments de Cyrille m’évoquent ma position quand à LA VIE EST BELLE sur ce que le film peut représenter d’insultants aux victimes de la SHOAH.

    Il ne me reste que le Tarrantino à voir. J’ai vu cette année son DJANGO UNCHAINED que j’ai adoré. Je n’aime chez lui qu’un film sur 3. Il fait chier, 2h45, c’est le bout du monde pour moi, c’est totalement dissuasif. Désormais je ne tiens devant un film 2h00 grand maximum. Et même pour les séries, incapable de binger plus de deux épisodes.

    Sweet Smoke : Joker, je crois en fait ne pas apprécier les musiques qui s’inhalent ou qui se gobent. La mienne se sniffe ou s’injecte.

  • Tornado  

    Ahahah ! Très drôle (mais aussi assez glauque !) ton analogie avec les drogues ! 😀

    Merci pour les explication Marylin Mansonienne car je ne n’y connaissais rien et je m’interrogeais depuis un moment sur ce choix. C’est pertinent. Encore un rocker « conceptuel », comme tu les affectionnes !

    • Bruce lit  

      Oh mais mon histoire de drogues est on ne peut plus sérieuse. Chaque courant musical a eu sa drogue

      Psychédélisme : herbe + Lsd
      Mods : Amphets
      70’s Cocaine
      Punk : Heroine
      80’s : Cocaine
      90 : Hero + Crack
      Reggae : euh, faut préciser
      Techno : Ectasy

      Je crois que c’était Eudeline qui avait fait un papier là-dessus. On reconnait un mouvement musical à la drogue consommée par les musiciens.
      Techno

  • Tornado  

    Alors c’est plus compliqué que ça à mon avis, même si c’est vrai dans les grandes lignes.
    Santana prenait de la mescaline à la fin des années 60. Avant Keith Richards. James Taylor, chantre du folk intimiste, était un héroïnomane XXL. Quant à mes idoles de Laurel Canyon, ils étaient tous imbibés de coke dans les 70’s, certes, mais faisaient ce que Nick Kent considérait comme de la soupe…

    • Bruce lit  

      Après les dinosaures sont passés par toutes les drogues. Et je ne parle pas de l’alcool. Mais il y a du vrai là-dedans.

  • Bruce lit  

    Tiens, je viens de revoir les Gremlins avec les enfants.
    On est à fond dans les propos de cet article (rappelés par le vieil asiatique à la fin du film) : l’utopie d’un monde gentil et douillet comme Guizmo transformé en cauchemar du fait de la négligence de ses gardiens américains qui transgressent tour à tour les 3 commandements.

    • Tornado  

      Mais oui. C’est, encore une fois, une époque passionnante à décrypter. Et c’est également passionnant de voir comment les films en dressent la métaphore.

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