100 MECHANTS QUI ONT MARQUE L’HISTOIRE – Ouvrage collectif sous la supervision de Francois Rey
Interview François Rey
Une interview de BRUCE LIT
VF : YNIS
On connait la citation d’Hitchcock : « Plus le méchant est réussi, plus le film le sera ». Ca tombe bien, c’est aussi avec cet aphorisme que commence cette chouette anthologie des vilains, des méchants, des pas beaux que l’on adore détester au cinéma mais aussi en littérature, comics, mangas, BD ou dans les jeux-vidéos. Chaque vilain a droit à deux pages avec ses méfaits et une analyse (forcément synthétique).
Le geek y retrouvera la racaille habituelle : Vador bien sûr, mais aussi Voldemort, Hannibal Lecter, le Terminator, Thanos ou Negan. Freezer a également droit à son focus tout comme l’infâme Skeletor, Bowser, Mr Bison ou Albert Wesker !
Histoire de ne pas jouer au salaud, il nous fallait rencontrer son responsable François Rey qui avec son équipe (Hélène Almeras, Lilie Bagage, Marie Casabonne, Bénédicte Coudière) a sélectionné les pires raclures de la littérature populaire, rien que pour vos yeux.
Bonjour François, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Bonjour Bruce. Je suis un auteur lyonnais quarantenaire. Après une enfance et adolescence proche des domaines artistiques, notamment la mode, j’ai étudié le cinéma à l’Université. Depuis j’ai écrit pour une multitude de sites dédiés à la pop culture et je suis publié depuis 2019. J’exerce mon activité d’auteur en parallèle d’une autre vie pro dans laquelle je supervise des étudiants dans leurs études supérieurs, dont ceux d’une école de mode.
Comment en vient-on à superviser un livre sur les méchants ?
De façon très pragmatique. A la suite de « 100 films d’Horreur… » j’ai proposé une liste des sujets que je souhaitais traiter à mon éditeur. Une liste qui impliquait mes co-auteurs précédents et une orientée « solo ». Ynnis a choisi la thématique du méchant en apportant une condition : le faire sous forme de liste.
Ders fiches détaillées sur les plus grands enfoirés de la galaxie
©Ynnis
La tâche est immense. Comment vous êtes-vous articulé avec ton équipe ? Comment le choix définitif s’est opéré ? par vote ?
Pas de vote, non. J’ai tout imposé. Enfin…presque. Ynnis a d’abord imposé que les méchants ne soient pas limités au cinéma. J’ai donc essayé de trouver un équilibre entre ciné, jeux vidéo, livres divers…ainsi que d’avoir au moins 1/3 de personnages féminins. Nous ne sommes pas le 1er livre à traiter du sujet mais je trouvais que les personnages féminins étaient sous représentés chez les autres. Mais l’idée principale est vraiment celle de l’équilibre. Je devais écrire le livre en solo mais ai décidé de finalement le faire en équipe en réunissant, comme je le fais à chaque fois, soit des personnes dont j’admire les textes, soit des proches qui ont déjà l’habitude d’écrire. Une fois l’équipe consolidée, mes co-autrices ont pu ajuster certains choix à leur sensibilité et expertise.
Votre livre est incroyablement exhaustif : films bien sûr mais aussi animés avec Freezer, jeux vidéo et…littérature classique !
Du moment où nous ne pouvions plus nous limiter seulement au cinéma, alors il fallait ne pas hésiter à élargir la liste le plus possible. Ce qui rend la sélection de 100 personnages encore plus difficile car j’aurais souhaité inclure plus de méchants inattendus comme ceux qui proviennent de gammes de jouets…voir même d’une pub comme Orangina Rouge. J’aurais souhaité inclure aussi des méchants des séries de super sentai ou des Kaijus.
A guise d’exemple on trouve Le grand méchant loup à côté de Griffith de BERSERK, Iago d’ OTHELO côtoie Immortan Joe, on trouve aussi Alice Sapritch en Folcoche entre Frank d’IL ETAIT UNE FOIS DANS L’ OUEST et FANTÔMAS !
C’est cette diversité qui nous a plus aussi au moment de passer derrière le clavier. Car faire une liste c’est bien…mais si on n’a rien à dire derrière, c’est dommage. On ne voulait pas non plus écrire sur la diégèse des personnages, parler uniquement de qui ils sont mais analyser leurs motivations, leur importance dans la culture populaire et contextualiser leur création. Il faut donc faire un choix entre Frank d’Il Etait une fois dans l’ouest et Sentenza du Bon, La Brute et le Truand. L’un des choix les plus difficiles à nous être imposés fut de garder deux nazis : Amon Goeth et Hans Landa. On craignait la redite et au final, La Liste de Schindler et Inglourious Basterds étant assez éloignés, nous avons pu les conserver.
Des vilains de tous les horizons
©Ynnis
Quels ont été les grands lésés de votre sélection ? Je pense notamment à Bruce de JAWS, Blanche Hudson de BABY JANE ou Norman Bates de PSYCHOSE.
Dans l’équilibre que nous cherchions, nous ne pouvions pas mettre trop de personnages se ressemblant. Ainsi nous avons préféré d’autres tueurs en série à Norman Bates. Pour « Bruce »…ca reste un surnom donné au requin sur le tournage des Dents de la mer…il n’est pas nommé dans le film et ça c’était un impératif. C’est pour cela qu’il n’y a pas non plus le xénomorphe d’Alien. Et puis en tant qu’auteur j’avais déjà écrit sur certains d’entres eux dans « 100 films d’horreur » ou la collection « Héros » dédiée aux ponts entre comics et cinéma. C’est pour cela qu’il n’y a quasi aucun méchant de comics marvel et DC. Clairement le Joker aurait eu sa place…mais j’ai déjà co-écrit un livre rien que sur lui. Il y a aussi des méchants qui furent censurés à la création de la liste : soit par l’éditeur par crainte de procès comme ces méchants étaient tirés de personnages réels dont les victimes étaient encore en vie, soit parce que – fait ultra rare – les ayants droits ne souhaitaient pas que l’on illustre l’article.
Quels ont été les vilains les plus importants de ton existence ? Peux-tu me dire ce que tu apprécies chez eux ?
Je ne sais pas si il y en a un qui ressort plus que les autres…mais ce que je peux te dire c’est que clairement, les bons méchants se font de plus en plus rare. Aujourd’hui, la plupart sont édulcorés, tirent leur méchanceté d’une fêlure dans leur jeunesse, ont des états d’âme. Quelque part, la diminution de la binarité gentil/méchant
Le même livre avec 100 gentils serait plus difficile à écrire non ?
Pas plus difficile mais moins intéressant. Le méchant à plus de profondeur que le héros. Ce qui implique aussi un contexte de création plus riche pour écrire, plus intéressant pour le lecteur. J’ai des envies de livres sur des gentils mais en les catégorisant. J’adorerai écrire un livre dédié aux flics au cinéma !
Tu es sur un site de référence autour de la critique de comics ? En-as-tu lu dernièrement ?
Oh je n’y suis plus depuis longtemps ! Non, je me concentre sur d’autres lectures afin de nourrir des projets en cours. Et je suis retombé dans les mangas avec la ressortie de l’édition luxe de Slam Dunk !
Un dernier mot pour nos lecteurs ?
Ne soyez pas méchants avec les gens, la vie s’en occupe déjà à votre place. Mais n’hésitez pas à aimer les méchants au cinéma et dans vos lectures. Là vous pourrez vous identifier à eux sans blesser personne !
Vraiment, TOUS les horizons !
©Ynnis
Ah Folcoche! Un monstre crée par une société machiste et patriarcale qui n’a laissé aucune chance à l’enfant qu’elle était de s’épanouir et de faire un mariage heureux. Elevée comme une sainte, vendue comme une jument, trois enfants faits dans le noir dans des actes sexuels non consentis, trois accouchements dans des souffrances atroces. Faut il s’étonner qu’elle haissa les fruits de ses entrailles et méprisa ce mari qui ne l’aimait pas ?
Une courte mais sympathique interview d’un bouquin qui semble très intéressant, surtout que je ne connais pas toutes ces figures littéraires (je n’ai jamais lu Vipère au poing par exemple). Cela dit, il tient plus du dictionnaire, il ne peut être lu d’une traite je pense, mais plutôt comme une référence lorsque l’on s’intéresse à une oeuvre.
Ou comme ces encyclopédies des 100 meilleurs disques/films. Comme dit dans l’article, c’est assez intéressant de passer de Vador à Folcoche et de réviser ses fondamentaux, surtout sur cette dernière.
Je suis curieux de voir la liste finale et la définition que l’ouvrage établit pour le méchant. Parmi les propositions évoquées et non retenues, le requin des dents de la mer et (rétrospectivement) le xénomorphe sont des obstacles sans intention mauvaise et animés par l’instinct par exemple, plus proches d’une tornade de Twister que d’un Dark Vador.
« Aujourd’hui, la plupart sont édulcorés, tirent leur méchanceté d’une fêlure dans leur jeunesse, ont des états d’âme. Quelque part, la diminution de la binarité gentil/méchant »
Je trouve personnellement que le meilleur antagoniste est celui qui ne se perçoit pas comme mauvais (et par conséquence n’a pas à avoir d’état d’âme). Comme dit l’adage, chacun est le héros de sa propre histoire ^^
Ça m’intéresse de lire sur les flics au cinéma !
« Je trouve personnellement que le meilleur antagoniste est celui qui ne se perçoit pas comme mauvais (et par conséquence n’a pas à avoir d’état d’âme) » Light Yagami de DEATH NOTE a droit à son focus.
Deux pages par vilain dans un assemblage qui parait au premier abord pour le moins hétéroclite.
Ca donne l’impression qu’à vouloir parler d’un peu de tout, on ne parle au final d’à peu près rien.
Pas convaincu du tout.
Je suis assez friande de ces fiches récapitulatives qui peuvent se lire dans n’importe quel ordre, moment et endroit.
Parfait pour une lecture de fin de journée ou entre deux bouclages.
J’adore ce genre de bouquin, j’apprends toujours plein de choses…au pire je conforte un domaine dans lequel j’ai une marotte ^^ (Récemment, j’ai pris un hors série Mad Movies sur les films d’action, et j’ai réalisé que j’avais presque tout vu, voire j’avais déjà une grosse moitié à la maison…).
J’ai entamé l’encyclopédie de l’animation des chez Anime land, les craignos monsters de Mad movies etc…
Donc je me laisserais bien tenter…même si je ne crois pas avoir les même panthéon que les auteurs . bon nombre de méchants de cinéma ne m’ont fait ni chaud no froid (Squeletor? Cruella? )
Ta remarque est intéressante : comparés à Freezer qui détruit des galaxies, effectivement Cruella fait office de noobie.
Vador, Voldemort, Hannibal Lecter, le Terminator, Thanos ou Negan. Freezer, Skeletor, Bowser, Mr Bison ou Albert Wesker : quel éclectisme ! (Bon j’avoue, il a fallu que je cherche qui est M. Bison)
Comment le choix définitif s’est opéré ? par vote ? – Pile poil la question que je me posais.
Orangina rouge : Ah oui, excellente idée. Mais pourquoi il est si méchant ?
Imortan Joe : je ne connaissais pas non plus.
Car faire une liste c’est bien…mais si on n’a rien à dire derrière, c’est dommage. – C’est amusant de comprendre ainsi que rédiger une fiche de plus sur un méchant, ça n’a rien d’une évidence.
Les bons méchants se font de plus en plus rare : rigolo comme jugement, est-ce à dire que les méchants sont plus humains ou plus plausibles, voire plus complexes ?
Les bons méchants se font de plus en plus rare : rigolo comme jugement, est-ce à dire que les méchants sont plus humains ou plus plausibles, voire plus complexes ?
Je pense qu’il est désormais difficile d’inventer de nouveaux vilains qui ne soient pas des traumatisés de l’enfance, du sexe ou de la société sans que cela ne devienne des clichés. Lorsque tout le monde lisait ici du Marvel, nous nous en sommes rendu compte : les super-héros n’avaient plus de super-vilains à la hauteur d’où la baisse de qualité de leurs histoires.
Je commenterais surtout pour ce qui concerne les Super-Vilains, que je connais mieux.
Ce sont aussi les enjeux (richesses délirantes, et domination mondiale subséquente, Etc…) qui n’auréolent plus les méchants d’une quelconque impressionnante aura de puissance, rendant la résistance du (des) héros rien moins qu’anecdotique, pour le coup ; surtout sachant que ces derniers ne tiendraient pas un round, opposés à l’absolu pouvoir représenté aujourd’hui par les autorités en place (légales et autres…), ainsi que l’extrême diminution -très officielle, par voie de conséquences- de leur soucis de l’opinion publique (!).
Les différents tyrans de la planète ont acquit, pour la plupart, un contrôle bien plus efficace des destinées de l’Humanité, et ce de manière beaucoup moins élaborée que les manigances inventées par les scénaristes de BD. Et comme il ne nous est plus permis de conserver la moindre once de naïveté -ce même pour les plus jeunes des lecteurs d’aujourd’hui, bombardés « d’informations » dés le berceau- la crédibilité des objectifs d’un Méchant de papier est une gageure à mettre en place, sinon pour les habituels dilemmes psychologiques personnels, vus et revus.
C’est aussi pourquoi, j’imagine, les auteurs les plus modernes ont eu tendance à mettre en situation des héros qui s’opposent les uns aux autres, évitant ainsi de mobiliser une intervention extérieure (officielle, donc), très compliquée à restreindre quand à son influence sur le cours des évènements, forcément calibré pour maintenir un intérêt de lecture. Une resucée de l’aspect Psy classique, jadis plutôt réservé aux plus torturés.
D’où, aussi, cette sur-utilisation des univers parallèles, tellement pratiques, au sein desquels, bien sûr, on peut se ficher complètement de l’existence de nos sinon si omniprésents dirigeants.
En fait, une des solutions est de mettre en scène un antagoniste dont les visées peuvent se justifier de manière sensées, dans une logique de survie, de son point de vue, par exemple ; même si cet angle est, bien sûr, loin d’être le plus très intéressant -pas trop grandiose, comme enjeu, et classique aussi, historiquement parlant.
On peut aussi faire s’opposer deux idées différentes quant à ce qui convient le mieux à l’Humanité, tant le chemin sur lequel nous sommes engagés est (officiellement) le moins valide, de nos jours, sur le long terme : la position d’un individu aux visées totalitaires, et disposant du pouvoir de les imposer aux autres, n’a jamais été aussi facile à défendre…
Paul Atreïde, de part sa position à l’issue du premier double tome de Dune, devient ainsi officiellement le pire tyran de son époque, malgré ses visées Humanistes à long (très long !) terme. Nul doute que, chez Marvel, il se serait retrouvé à lutter contre tout le cheptel costumé de La Maison Aux Idées 🙂 Spiderman et consorts auraient eu du boulot !!
Il aurait été grandiose, dans sa gloire meurtrière et sa détresse intime.
On sera plus trivial : ce qui fait vendre des comics, ce sont des combats bas du front et les personnages ont tous atteint un tel niveau de puissance qu’ils n’ont plus besoin de supers-vilains pour se foutre sur la gueule.
Même un mec comme Iceberg dont le pouvoir était de faire des boules de neiges est maintenant un mutant Omega.
Dans l’univers de Dragon Ball, on est encore obligé de le faire redevenir enfant pour tenter de raconter quelque chose de nouveau.
Techniquement, M. Bison est Mike Tyson ^^
Hello.
En voilà un bien bel ouvrage, original dans sa conception à l’approche des fêtes.
Ce que je retiens de l’itw c’est clairement le parti pris, plus qu’intéressant et évitant surtout les poncifs et autre facilités.
Par contre je ne suis pas certains que trouver et écrire sur 100 personnages gentils soient si simple que cela. Comme tu le fait remarquer dans ton introduction, en citant le grand Alfred, c’est souvent le méchant qui est l’étalon ne laissant souvent que des miettes aux héros, tant est qu’ils en soient. donc pas si facile à trouver.
Pas simple non plus, comme le montre les commentaires, d’évaluer le niveau de méchanceté sur une échelle forcément ouverte. Par exemple j’aime bien y voir Folcoche, qui a du en traumatiser plus d’une et un.
Mention spécial à la maquette, simple, aéré. Cela donne envie de feuilleter comme le dit Bruce. On sent clairement que l’on n’est pas dans un ouvrage de nature encyclopédique. Cela permet de s’adresser ainsi à un public plus large et varié. Les spécialiste ou tatillon iront vers des livres spécialisés.
un livre que je veux pour Noël ! très belle présentation sur une interview bien menée.
merci du par!
Merci pour ta lecture Nassur et pour donner sa chance à un éditeur indépendant.