Anthologeek : The Stranglers 2/2

Anthologeek : The Stranglers 2/2

Une rétrospective du félin EDDY VANLEFFE

1ère publication le 31/05/19 – MAJ le 03/01/20

Deuxième et dernière partie de l’anthologeek consacrée aux Stranglers. La première partie est consultable ici.

On l’a vu The STRANGLERS est un groupe de diptyques. Il y a eu le punk londonien (RATTUS NORVEGICUS-NO MORE HEROES), le psychédélisme voyageur et politique (BLACK AND WHITE-THE RAVEN), et les albums concepts sous substance (THE GOSPEL ACCORDING TO THE MENINBLACK-LA FOLIE). Deux autres suivront. Celui de la recherche du son et hispanisante (FELINE-AURAL SCULPTURE) et… le diptyque de trop (DREAMTIME-10). Nantis de leur nouveau contrat de maison de disque, le groupe profite pleinement de sa liberté acquise pour se réinventer presque totalement.

1-FELINE
une grâce , une agilité et toujours ce noir... Source: http://1.bp.blogspot.com/-YlHyuRLIYXM/UmrQXy-3XJI/AAAAAAAAGBA/c2P7YoSfbDM/s1600/The+Stranglers+-+Feline.jpg ©Epic-1983  

Une grâce , une agilité et toujours ce noir…
©Epic-1983

Je dois avouer d’emblée que FELINE fut très longtemps un disque sur lequel je butais avant de réaliser la touche unique et particulière qu’il recelait.  Ce qui frappe d’abord c’est l’extraordinaire hermétisme qui émane de l’ensemble du disque. Le son est sec, froid, les mélodies monotones, ternes, Hugh parle et la production reste totalement identique donnant une tonalité monolithique totalement aride.  A aucun moment, on ne peut déceler un être humain derrière la batterie dont la frappe métronomique fait d’avantage penser à un couperet qu’à un instrument. La basse d’ordinaire si organique de Jean Jacques Burnel devient  une boite à rythme jouant quasiment toujours la même phrase musicale. Les claviers de Greenfield sont la seule source d’enluminure donnant une couleur ou plutôt une nuance bien identifiée entre nappes lourdes ou simples grelots. Et cette guitare soudainement acoustique, andalouse livre un son clair comme du cristal.

Avec l’expérience, les écoutes, j’ai peu à peu apprivoisé ce disque trouvant à chaque fois un nouveau un bruit, un nouvel accord ou un nouveau chœur. Beaucoup,  à cause du calme et de la sérénité du disque, ont eu du mal à reconnaître le vitriol et la provocation habituellement associée à la bande de Guilford et les ont accusés de céder aux sirènes des radios FM. Pourtant FELINE pour sa remise en question  et son tout nouveau registre est un véritable suicide commercial d’un groupe refusant  de rester dans ses propres traces, voulant se tester à l’inconnu, forçant sa curiosité musicale à chaque nouvel opus. Ils inventent le flamenco robotique pour ce disque du coup unique en son genre.

MIDNIGHT SUMMER DREAM après une longue et majestueuse intro sous des nappes de synthétiseurs inaugure l’œuvre de la plus belle des manières, Hugh plus suave que jamais nous illustre une chanson anglaise comme on se l’imagine: dans un rocking chair, sous la pluie avec une tasse de thé, mais si tranquille…une paix intérieure dégage de cette chanson.  IT’S A SMALL WORLD  toujours éthérée, entre dans ce fameux rythme chaud andalou refroidi façon cuisine moléculaire.  Tout est au service de la mélodie. SHIPS THAT PASS IN THE NIGHT  renoue avec le riff répétitif cher à LA FOLIE mais cette fois expurgé de toute agressivité. Le sentiment de lassitude transperce la musique tant Hugh semble bailler aux Cornwell sur fond de clavier discordant.


<em>Le punk n’est plus ce qu’il était ma bonne dame.</em>

C’est au tour de Jean Jacques Burnel  de jouer les grands romantiques avec  le très feutré EUROPEAN FEMALE qui est sans doute l’un des derniers gros classiques du groupe.Tout en nuance, JJ chuchote en plusieurs langues comme victime du sort d’une femme fatale. Continental et mélodieux, aux antipodes de celui qui hurlait dans les oreilles de sa LONDON LADY. Tout juste restera-t-il ce sentiment de distance non dupe.  LET’S TANGO IN PARIS continue sur la veine du romantisme continental un peu suranné. Hugh trouve le ton juste pour diffuser la chaleur de sa voix sans jamais trop en faire. PARADISE est par contre une sorte de douche froide, la faute à ses chœurs féminins qui ne semblent même pas chanter juste comme une classe de CM1 au spectacle de fin d’année. On voyage toujours la main dans la main à travers l’Europe ceci-dit. ALL ROADS LEAD TO ROME laisse place à un riff de clavier en forme de souvenir de THE RAVEN qui a peut-être inspiré CHERCHEZ LE GARCON de Taxi Girl mais en moins dansant.  Toutefois le contraste voix parlé et chœurs travaillés fonctionne cette fois à merveille. BLUE SISTER est une variation de IT’S A SMALL WORLD  et l’album de conclure avec NEVER SAY GOODBYE mélancolique à souhait dans ses sonorités andalouses particulièrement envoûtantes.

La dernière chanson  comme un vrai condensé de l’album entier offre paradoxalement une richesse inattendue presque festive où Hugh Cornwell s’offre une nouvelle corde à son arc en se trouvant un vrai talent pour l’écriture poétique ainsi qu’un timbre de voix proche de celui de Lou Reed. Cette influence hispanisante qui survole l’ensemble de la galette en fait un objet étrange et visionnaire et en tout cas presque unique dans l’histoire de la New wave que le public adoubera comme il adoubera les autres sorciers du son que sont TALK TALK ou TEARS FOR FEARS.  FELINE fonctionnera un peu mieux que LA FOLIE notamment en France et sur le continent. Un must pour ce groupe «so british..»

2-AURAL SCULPTURE
Un manifesto aussi ambitieux que  présomptueux ... ©Epic-1984

Un manifesto aussi ambitieux que  présomptueux …
©Epic-1984

A moment-là, Hugh Cornwell prend un ascendant certain sur les autres membres du groupe.  Toujours avide de nouvelles expériences, il reste à l’affût de nouveaux sons à adjoindre à la musique du groupe. Ensemble ils décident de faire appel à un producteur extérieur pour contrebalancer leurs idées et les enrichir, conscients d’avoir accouché avec FELINE d’un album parfois monolithique. LAURIE LAHTAM semble être l’homme de la situation. Avec Hugh ils formeront de l’aveu de Jean Jacques presque un couple artistique. Il faut dire que le bassiste a des soucis personnels qui l’éloigneront du groupe quelques temps.

La trouvaille principale sur cette rondelle, sera l’ajout d’un Brass band (section de cuivre trompette, saxophone et trombone) sur certains titres. Un ajout surprenant et déroutant tant cet ensemble musical semble étouffer les claviers de Greenfield et la basse de Burnel. C’est particulièrement flagrant sur le titre d’ouverture ICE QUEEN où les cuivres n’interviennent qu’à mi-chemin comme si le groupe voulait nous en faire la surprise (et c’est peut-être le cas). Le début offre cette ambiance feutrée où règnent la basse et les effets sonores discrets mettant en valeur la voix de Hugh de plus en plus romantique. Ce dernier compare l’amour à jeu de carte, lorsque tout à coup la trompette vient rugir de manière tonitruante et insupportable dans nos oreilles qui n’en demandaient pas tant. Sinon le son est d’une propreté inouïe réussissant l’exploit de redonner le son rock des débuts à une chanson totalement orientée pop. Bref le Stranglers nouveau est arrivé. Une marche de plus semble être gravie.

SKIN DEEP son riff inoubliable et ses accords de claviers retrouvent une sorte d’agressivité ouatée tandis que Cornwell découvre avec amertume les vicissitudes des amitiés de passages. Refrain pop en diable, une vraie réussite en soi. LET ME DOWN EASY est un vrai geste d’amitié de la part de Hugh qui parle alors de la mort du papa de Jean Jacques Brunel et surtout de ses derniers jours. Les chœurs sont sombres et sobres, la mélodie posée, le chant apaisé. Une vraie boule d’émotions. NO MERCY est conçue avec un certain académisme comme un single grâce à son refrain entraînant et ses cuivres qui donnent envie de se trémousser. NORTHWINDS est l’une des rares incursions de Burnel du disque. Déprimé et mélancolique le bassiste sur une lourde plaque de synthé évoque les grands espaces, se place en tant que sage désabusé commentant son époque (guerres, SIDA, bloc soviétique) et avoue son désir de tout envoyer balader, fantasmant carrément sur la fin du monde.  Le solo de clavier s’envole à l’image des grands oiseaux laissant la planète entière sous leurs ombres. UPTOWN revient sur un riff mi rock-mi swing où le groupe disparaît presque sous les arrangements extérieurs. Un chouia Madness dans le feeling, la coke semble être la base du sous-texte.

Même constat pour PUNCH AND JUDY  inspiré de marionnettes à la «Guignol» peut avoir un sous-texte mais l’aspect Barnum de la chanson incite à penser qu’elle est plutôt récréative et premier degré. Malgré tout Hugh distille beaucoup de malice. SPAIN revient aux influences andalouses du groupe avec une basse massive mise en avant, tandis que le clavier tire doucement son épingle du jeu. La guerre civile est pourtant le thème de cette chanson à taper joyeusement du pied. Ce qui est sûr c’est que Hugh se sublime en enchaînant deux titres très mélodieux et d’une rare beauté avec LAUGHING dédié à Marvin Gaye et SOULS parlant de sacrifices maya.  Les deux sont calmes, pur comme des joyaux et d’une sobriété intense contrastant avec le foisonnement sonore du reste du disque. Enfin déboule MAD HATTER et son ambiance de fête foraine débridée. Une fois de plus les Stranglers changent de braquet et là où l’album précédent imposait une forte identité sonore constante, AURAL SCULPTURE ose la coloration très différente à chaque chanson.Si le «brass band» paraît parfois étouffant, le travail sur le clavier est étourdissant passant du rythmique, à l’harmonique puis au mélodique selon les besoins de la chanson. De même la basse est tantôt électrique ou acoustique, les voix fredonnées, haranguées, parlées et chantées. La batterie se transforme en boite à rythme ou en simple percussion, tout est un élément pastel, gouache ou collage au service d’un tableau plus vaste. A ce titre l’album est une vraie réussite qui n’a qu’un défaut: la perfection du son a dû abandonner  cette fameuse spontanéité rock. Le public n’adhère plus en masse même si ce n’est pas la désertion.

En 1985, à l’insu de tous, le climat se dégrade au sein des membres du groupe. Des tensions  apparaissent entre Hugh et le reste du groupe qui voit d’un œil goguenard le chanteur poser bourgeoisement  pour des pubs d’articles pour hommes. Ces moqueries déboucheront sur une beigne que le teigneux Jean Jacques flanquera sur la gueule du chanteur. Cet incident bien plus symptôme que maladie aura tout de même l’effet de fracturer le fragile édifice à la base d’un quatuor qu’on aurait pensé aussi immuable que les BEATLES, U2 ou QUEEN. Ils enregistreront DREAMTIME sous la houlette de Hugh devenu incontestablement le leader, toujours autant à la recherche de sonorités inédites. DREAMTINE est considéré comme le disque le plus commercial, victime de la maladie de la seconde moitié des années 80. Il est conçu pour le walk-man avec ses  72 pistes où l’on trouvera des trompettes, du piano, du triangle, de la chasse d’eau et énormément d’écho.

Les chansons forment un brouhaha qui peine à rester en tête si on excepte le titre éponyme, ALWAYS THE SUN ou NICE IN NICE. L’album n’est pas mauvais mais est noyé sous une production et un «brass band» émasculant toute énergie. Trois ans plus tard arrive 10, un album ahurissant de platitude.  Et là on commence à discerner le schisme à l’intérieur du groupe. Hugh Cornwell  paradant dans toute la presse déclarant qu’il s’agit du meilleur effort que les Stranglers aient offert à ce jour tandis que les trois autres fort mécontents renâclent en avouant quasiment que ce n’est pas le bon mixage qui a été retenu, ne gardant pas un souvenir impérissable du passage de ROY THOMAS BAKER aux manettes.

Hugh délaisse de plus en plus la guitare sur scène en se faisant aider par JOHN ELLIS.  Il suffit de voir la captation du concert à l’Alexandra Palace pour réaliser le fossé. La prestation est molle, les chansons défigurées par les cuivres tandis que Hugh chante sans jamais regarder l’un de ses partenaires, tous dans leurs coins respectifs. Jean Jacques en est  réduit à faire ses katas près des rideaux. Cornwell qui a toujours décidément l’art de la provocation, déclare en 1990, qu’après avoir livré le meilleur concert possible, il ne voit pas comment il pourrait faire mieux avec les Stranglers  et il décide de quitter le groupe. Cela lui prit comme une révélation au matin. Chaque idée étant une vraie bataille à imposer face à un groupe de plus en plus passif, il claque la porte, c’est une question de survie pour lui. Il l’annonce à Jet Black par téléphone qui lui répondra avant de raccrocher: «Fine!»

L’une des fins les plus tristes du monde du rock anglais.

3-STRANGLERS IN THE NIGHT
Back to the roots...mais dans un autre pot. ©1992-Psycho

Back to the roots…mais dans un autre pot.
©1992-Psycho

Burnel est anéanti par cette nouvelle  et  s’il s’efforce les premières années de ne rien laisser paraître, il en est profondément meurtri. C’est un divorce au sens matrimonial du terme. Au début, c’est amical. Hugh déclare qu’il en a marre du music-bisness et qu’il veut devenir acteur. Mais on découvre qu’il travaille sur les maquettes de son album solo depuis six mois. De leur côté, si Burnel pense arrêter, le groupe le pousse à continuer. Un guitariste? Ils en ont déjà un, puisqu’ Ellis soutenait déjà Cornwell en tant que doublure. Il passe donc titulaire. Le chant pose souci et les rumeurs vont bon train.  Il y en a même qui parlent de Joe Strummer ce qui est du domaine du pur fantasme. C’est finalement Paul Roberts qui sera choisi, se présentant de manière singulière «Je suis votre nouveau chanteur!».

Que dire à partir de là? Si les intégristes brûleront leurs bougies du cultes sur des autels aux armoiries de NO MORE HEROES ou de THE RAVEN et des effigies de Hugh Cornwell, force est de constater que Paul Roberts chante bien. Il chante mieux même, puisque le narrateur laisse place à un vrai crooner sachant pousser  la chansonnette. Sur le catalogue du groupe, ne cherchant pas à faire illusion, il tient plutôt bien la rampe et sur ses propres chansons, il est impeccable. Techniquement John Ellis est sans doute aussi plus polyvalent et plus doué dans son domaine. Burnel se secoue et se force à composer. Il aura bien du mal durant les dix ans qui suivront. Pourtant dès que TIME TO DIE commence, quelque chose se passe. La guitare typée SHADOWS fait  son retour. Le synthé, l’enrobage du tout et la basse «poutre apparente» de Burnel nous pousse à y croire. On y est, en un clin d’œil les Stranglers ressuscitent.

Ce premier morceau, inspiré de BLADE RUNNER  est juste génial et communicatif. C’est le morceau qui sonne le plus «Stranglers» depuis… THE RAVEN. Une vraie bonne surprise. Le soufflé retombe un peu sur SUGAR BULLETS dont la guitare plus «hard rock» fait tâche mais la chanson se tient. HEAVEN OR HELL est une très bonne ballade qui aurait pu figurer sur FELINE ou LA FOLIE. LAUGHING AT THE RAIN n’a pas malheureusement le charisme nécessaire pour soutenir l’attention qui aura du mal à ne pas fléchir par moment sur l’album. C’est globalement un drôle de ratio où une chanson sur deux décolle tandis que les autres plantent un peu. La très bonne idée est d’avoir largué ces putains de cuivres pour oser retrouver le vrai son des instruments. Le son de IN THE NIGHT est dans l’ensemble très énergique et cherche à re-capturer cette patte «Étrangleurs». Si l’on compare aux trois derniers efforts du groupe, nous sommes ici face à un véritable renouveau rock.  Le résultat est clairement au-dessus de 10 et peut-être même de de DREAMTIME. Le seul bémol venant du manque d’ambition qu’avait su insuffler l’ancien leader. Non ici, il est d’avantage question de retrouver son identité profonde. Un boulot qui mettra une quinzaine d’années à se concrétiser.

Un retour aux sources au point de rappeler le rock retro qu’ils jouaient avant de devenir punk, notamment sur BRAINBOX dont l’orgue nous replonge dans le passé.  SOUTHERN MOUNTAINS  reprend avec pesanteur le type d’harmonie qu’on retrouvait sur SOULS, prouvant que Hugh n’avait pas forcément le monopole de la finesse. GAIN ENTRY TO YOUR SOUL  joue avec les cœurs pour une chanson d’amour toute bête.  GRAND CANYON parle de distance, c’est sans doute un appel de la part de Burnel laissant à Paul la possibilité de démontrer l’étendue de son registre vocal. Mélancolique, très poignante et très réussie. WET AFTERNOON aborde sur un ton plus léger hérité cette fois de LA FOLIE les séances de spiritisme, l’affection pour les disparus sur un gimmick de clavier sautillant bizarre et décalé. NEVER SEE surprend par sa guitare seventies qui miaule à Harlem, c’est un rock au texte antiraciste assez convenu pour ne pas rester gravé dans les mémoires. Même si c’est l’intention qui compte, on est loin de I FEEL LIKE A WOG. LEAVE IT TO THE BONES est une chanson assez réac sur le fait ne pas reconnaître Londres «défigurée» par les «creeps». Les gars vous avez oublié que vous étiez punk ou quoi? Ceci dit ce sentiment que le fil du temps nous laisse sur le côté, nous concerne tous un jour ou l’autre. Un disque fait pour rassurer et rassurant  la plupart du temps. Si l’on peut regretter l’esprit aventureux, on sent qu’il s’agit de capitaliser sur un son qui s’est construit  sur RAVEN, LA FOLIE et AURAL SCULPTURE. Le curseur variant selon les titres. Retour à un rock plus basique, inspiré une fois sur deux, c’est mieux que rien.


L’un des seul titre culte de l’ère post Cornwell.

Avouons tout de suite qu’ABOUT TIME  qui suivra est sans doute plus réussi, plus compact, plus arrangés avec ces cordes assez efficaces en un mot plus Stranglers. Je le conseille aux curieux mais il fallait faire un choix et IN THE NIGHT paraît plus charnière. A l’issue des deux premiers efforts de ce nouveau groupe, tout permettait de croire en de lendemains meilleurs mais c’est ignorer la mauvaise passe que traverse Jean Jacques. Ce dernier déserte quasiment le groupe, laissant les clés de la maison aux nouveaux venus qui s’impliquent à fond certes, mais qui diluent le nom peu à peu.  Il avouera n’avoir rien foutu sur WRITTEN IN RED  qui n’est pas un mauvais disque mais n’a que très peu à voir avec l’identité STRANGLERS. J’avoue pourtant l’écouter volontiers. C’est en voyant qu’ils sont devenus les musiciens de sessions du nouveau guitariste que Jean Jacques se fait violence et revient aux commandes d’un vaisseau qu’il ne désirait pas vraiment. Il compose, écrit et chante quatre chansons de COUP DE GRACE dont deux sont directement adressés à Hugh Cornwell. C’est comme un abcès qu’on crève. YOU DON’T THINK THAT WHAT YOU’VE DONE IS WRONG et MISS YOU font le bilan du manque et de la rancœur envers l’ancien  frère d’armes. Le reste de l’album est fait dans l’urgence et un climat délétère pour un résultat pas à la hauteur du groupe. Finalement Burnel vire purement et simplement John Ellis, s’estimant une nouvelle fois trahi.  Les accusations sont plutôt injustes puisque si le groupe a tourné et survécu aux années 90, c’est bien grâce à leur investissement au pied levé.

4-NORFOLK COAST
Str_04 Toujours vivants, toujours debout... Source: https://img.discogs.com/3aMyxejSElPlXtbwheHkXme-eGI=/fit-in/600x600/filters:strip_icc():format(jpeg):mode_rgb():quality(90)/discogs-images/R-1405520-1217255754.jpeg.jpg ©2004-EMI records

Toujours vivants, toujours debout…
©2004-EMI records

Le bassiste franco-britannique  embauche donc BAZ WARNE en tant que nouveau guitariste et histoire de consolider les liens, le nouveau line-up tourne intensément. Rapidement la set-list se concentre bien moins sur les années 80 que sur les années 70. Quelques chose change et surtout, JJ s’amuse de nouveau.  Pour envisager le nouvel album, il s’exile dans le Norfolk, gamberge, médite et compose le titre éponyme qui fait un le constat de ses états d’âme. En studio, il rage sur la basse et miracle, c’est comme le vélo. Dopé Dave rajoute un son de claviers tourbillonnant et le tour est joué. Teigneux, malin et mélodique, on tient ce qui sera le fil conducteur de tout le disque.  En effet avec une étourdissante rapidité, les titres s’enfilent comme des perles. Si le groupe s’est cherché longtemps, il se retrouve en décidant de bloquer la machine à remonter le temps  sur BLACK AND WHITE. Rock rageur et clavier psychédélique. Un tantinet opportuniste vous me direz? Non une question de survie d’une part et  est-ce vraiment commercial de tourner le dos à l’historique des hits qui passent de GOLDEN BROWN à ALWAYS THE SUN en passant par EUROPEAN FEMALE? BIG THING COMING est encore une chanson de Burnel issue de sa retraite, devient le single le mieux placé depuis quinze ans.  LONG BLACK VEIL joue les intermèdes plus calmes et reprend le son de piano et les chœurs en harmonies pour une ballade à reprendre en chœur. Là encore le refrain est imparable. I’VE BEEN WILD est assez étrange puisque Baz rend hommage à son parton. Déconcertant mais témoignage d’une synergie retrouvée entre les membres de l’équipe. C’est d’ailleurs tout le secret. Jean Jacques a retrouvé un partenaire sur qui faire rejaillir ses idées, un complice, bref! Un copain!

On n’oublie pourtant pas les chansons acoustiques DUTCH MOON pouvant s’intercaler sans problème sur FELINE.  La chanson semble même être un travail collégial, fait assez rare. LOST CONTROL  est  de nouveau n rock rageur ayant Londres pour thème. On sait le groupe attaché à la ville qui lui a tout donné. INTO THE FIRE est assez cynique dans sa genèse. Apparemment Baz s’est mis en mission de refaire une chanson misogyne histoire de faire râler et de renouer avec les racines du groupe. Un chouia immature et opportuniste mais efficace.  TUCKER’S GRAVE est une histoire de spectre d’un mec qui s’est suicidé et à qui on a refusé une sépulture chrétienne. De cette moelle JJ et Baz tireront un titre doux-amer et vénéneux. Encore un titre charmeur. I DON’T AGREE n’en finit pas de remâcher son amertume envers Hugh mais cette fois dans un pur Stranglers style. SANFTE KUSS renoue avec la séduction européenne gipsy, le mélange des langues et le côté espéranto cher à Burnel et sensuel grâce à Paul Roberts. L’album s’achève sur MINE ALL MINE, l’unique contribution de Paul Roberts qui n’a que modérément apprécié la réappropriation par le groupe  et aurait préféré qu’elle soit plus proche de ce qu’il aurait réalisé. Néanmoins c’est une très bonne chanson où il se donne à fond.  Bon, ce n’est pas évident, le groupe ayant tellement exploré de classer les disques, pourtant pour celui qui aurait rêvé d’un retour en grâce, se retrouve exaucé purement et simplement. NORFOLK COAST se retrouve propulsé sans que qui que ce soit l’ait attendu au beau milieu des RAVEN et FELINE. Un exploit. Une joie contagieuse émane du disque. Un Burnel libéré du fantôme de son passé et qui assume pleinement le leadership du groupe lui-même garant d’un son unique. Les voilà repartis sur les bons rails, si désormais on sait où on va, on sait aussi que c’est dans la bonne direction.

5-GIANTS
Le dernier en attendant la fin..

Le dernier en attendant la fin..

Dans un souci d’équité j’ai clairement choisi de rendre hommage à chaque itération du groupe. Ce ne sera un secret pour personne, si Paul a échappé à la colère de Burnel, il se retrouve écrasé par le nouveau partenariat prolixe du duo Burnel/Warne. Durant l’enregistrement de SUITE XVI, il jette l’éponge. C’est dommage pour un chanteur qui après avoir essuyé l’ire d’un public conservateur n’a jamais su s’imposer si retirer le moindre laurier. Il en dira que Mick Jagger aurait été plus facile à remplacer que Hugh Cornwell.  La séparation donne l’impression d’être amicale. Sa contribution ayant été gardée sur le disque final et ses chœurs conservés. Baz Warne reprend la place de Hugh Cornwell à part entière. Le groupe retrouve sa grammaire de quatuor sans frontman attitré et le succès ne désenfle pas, boosté par la grande vague de nostalgie des quadra-quinquagénaires.

On arrive rapidement sur GIANTS à la pochette la plus osée du groupe. Une gamine se trouve devant un portique où le groupe est pendu comme dans les westerns. Une certaine ambiance cow-boy à mettre au crédit du guitariste se fait d’ailleurs sentir tout au long de la rondelle. C’est la patte qui donnera la nuance particulière de cet ultime album puisque le cahier des charges semble se focaliser à reprendre le son de BLACK AND WHITE  tout en s’autorisant des écarts du coté de FELINE. Les deux albums de références pour ce nouveau line-up. En effet c’est un orchestral, ANOTHER CADMEN AFTERNOON qui démarre le disque. Ce genre d’usage n’a plus vraiment court et le titre peut surprendre de par sa teneur «bluesy» et le son presque «hard-rock». Donc le groupe veut surprendre sans surprendre, en tout cas, c’est assez réussi pour entrer dans une ambiance résolument rock. FREEDOM IS INSANE est un peu plus influencée par NORWINDS pour cet esprit «grand espace» et le retour aux changements de tempo, solos et improvisation. Sans doute l’une des meilleures réussites de l’album. Planant et dynamique. GIANTS est une chanson amère et nostalgique, presque un «NO MORE HEROES» 35 ans plus tard. Le riff est efficace mais la chanson n’est pas la plus marquante. De manière générale, c’est la remarque la plus courante que vous lirez à propos de cette ultime galette. C’est pas mal, mais ça sent le pilote automatique et les chansons ne restent pas à l’esprit. Un comble pour cette pépinière de riffs tendus, d’arpèges enivrants et de refrains catchy. L’effet est assez inexplicable, quoi qu’il en soit LOWLANDS nous remet un coup de «BLACK AND WHITE» avec l’argument que c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures musiques. Ne boudons pas notre plaisir à redécouvrir ces claviers virtuoses et cette basse du bûcheron. BOOM BOOM explore un peu le côté léger du country rock, le titre le plus américain de cette cuvée. MY FICKLE RESOLVE reprend le plan acoustique et romantique d’un Jean jacques Burnel susurrant. Une fois n’est pas coutume, ce sont Jet et Dave qui sont à la base du morceau pour un break harmonieux très réussi. TIME WAS ONCE ON MY SIDE est un autre titre empli d’échos au rythme leitmotiv qui renvoie plus vers LA FOLIE. C’est encore un bon cru. MERCURY RISING décrit l’ambiance pas toujours rose que doivent affronter les nouveaux frontmen des Stranglers depuis le départ de Hugh. C’est donc hargneux à souhait et bienvenu. La provocation  et le pied de nez sont de rigueur toujours sur fond d’un clavier insolent. ADIOS est un rock-tango qui flatte bassement l’auditeur de FELINE. Ça commence à se voir méchamment que le disque est là pour capitaliser sur la période culte du groupe. Heureusement que 15 STEPS est là pour nous faire oublier tout ça. Non que le titre ne soit pas non plus une sorte de rappel au passé avec ses instruments fanfares tout droits sortis de TOILER ON THE SEA, mais c’est juste jubilatoire, rapide et fuckin’good.  Il y a sans aucun doute un plaisir retrouvé de jouer ensemble et ça s’entend. Ça se voit même. J-J et Baz Warne sont inséparables en interviews, comme sereins. Le bassiste a retrouvé le sourire et joue avec une bonhomie confondant qu’on ne lui avait plus vue depuis le début des années 80. Il a trouvé chez BAZ le copain qui lui manquait.  ET Si au-delà de la musique, Stranglers était une histoire d’amitié?

Depuis le groupe tourne sans cesse. Jet Black âgé et malade, forme son successeur Jim Mac Cauley pour que tout ne cesse pas suite à sa prise de retraite. De son côté Hugh Cornwell, après un passage à vide commercialement parlant, semble avoir trouvé une nouvelle forme également en se remettant à la guitare et se stabilisant en Power trio. Malheureusement les anciens complices ne sont pas prêts de déposer les armes. Hugh n’est jamais avare de tacles envers ses anciens camarades en les appelant «le meilleur tribute band des Stranglers existant» ou en s’interrogeant sur l’intérêt d’avoir continué sous ce nom. Les deux camps livrent leurs différentes versions de l’histoire par autobiographies interposées, s’étendant bien sur le sujet.  En 2012, il annonce de façon péremptoire que les Stranglers sont le seul groupe punk  avec les JAM qui ne se reformeront jamais. La phrase peut choquer puisque le groupe ne s’est finalement jamais séparé. Qu’à cela ne tienne, Jean Jacques,  sa bande et la banane se préparent bientôt sillonner l’hexagone en fin d’année, l’occasion de réentendre DUCHESS, GOLDEN BROWN et NO MORE HEROES. D’ailleurs, où sont passé nos nouveaux héros, demandait la GRANDE SOPHIE. Je ne sais pas, mais les anciens sont encore là.

BONUS:

Trois live pour prolonger le plaisir, du viagra dans les esgourdes:

-LIVE AT HOPE AND ANCHOR: 1977 la quintessence de la période punk

-LIVE AT THE HAMMERSMITH ODEON 82: 1982 la quintessence de la période New-wave

FRIDAY THE THIRTEENTH: 1997 le répertoire tout public survolé accompagné d’un orchestre de cordes.
—–

En BO pour finir, la dernière cuvée.

17 comments

  • Tornado  

    Le 1° titre, European Female, m’est resté en tête pendant au moins une heure. C’est quand même quelque chose ! Par contre, au final, mon cerveau l’a remplacé par Always The Sun. Trop bizarre !

  • Présence  

    N’ayant jamais écouté un seul albums des Stranglers, j’éprouve une forme de détachement à découvrir la biographie du groupe, en même temps qu’une forte curiosité. En effet, l’article contient plusieurs pépites dont la présence d’une chasse d’eau !

    D’un autre côté, je retrouve aussi un fond qui m’est familier, celui de l’histoire des transformations d’un groupe, au fil des années, au fil de l’évolution de la scène musicale, de l’évolution de la technologie d’enregistrement, au fil du changement des relations entre les membres d’un groupe. Du coup, même sans rien avoir écouté des Stranglers, la visité guidée de chaque album me parle bien : la comparaison avec les prédécesseurs qui fait ressortir les attentes implicites des fans, la capacité d’adaptation des fans (entre plus de la même chose, et aussi des innovations / une évolution), la trahison ultime (un album commercial 🙂 ), les différences créatives (la vie de groupe de Queen n’a pas été un long fleuve tranquille), l’intégration de nouveaux membres (comment ça remplacer Ritchie Blackmore au sein de Deep Purple !?!), etc.

  • Patrick 6  

    Tout d’abord bravo pour cet article qui me donne une update de la vie des Stranglers, vu que cela fait bien longtemps que j’ai lâché l’affaire ! J’ignorais même qu’ils avaient changé plusieurs fois de chanteur, c’est dire ^^
    Je n’ai quasi rien écouté post 10 (que j’avais déjà trouvé profondément ennuyeux). Je me suis malgré tout risqué à jeter une oreille à Giants (attiré par la pochette provoquante) et quelle déception ! Fade, terne, banal, sans relief… Une vraie catastrophe pour moi.
    Ceci dit tu sembles mettre en avant Stranglers in the night, je retenterai donc ma chance à l’occasion 😉

    Par contre je te trouve vraiment sévère avec Aural Sculpture ! Bon certes il est très pop mais il reste l’un de mes préférés ! Je lui donne 5 étoiles sans hésiter ! D’ailleurs si j’y pense c’est même le dernier disque des étrangleurs que j’ai réussi à écouter en entier ^^

    Bon je suppose que tu assisteras à l’un de leur concert de leur prochaine tournée ?

  • Kaori  

    Félicitations pour cet article, Eddy.

    Bon, ça ne me fait toujours pas aimer les Stranglers, mais je trouve leur histoire digne d’un film. J’aime beaucoup la façon dont tu la racontes.

    J’aime aussi comme tu résumes chaque titre, j’aimerais être capable de faire pareil. Comment tu fais pour rester dans l’analyse sans y joindre l’émotionnel ?

  • Bruce lit  

    Allons y Albums par albums, puisque je connais très bien ce groupe.

    FELINE : la plus belle pochette du groupe et un classique formidable tout en pop cotonneuse.
    Le disque que j’ai écoutais des milliers de fois en attendant notre première enfant et en rédigeant ma nouvelle. Souvenir indissociable de que j’y ai écrit et de la froideur des lyrics.
    MIDSUMMER est une chanson éblouissante. L’aristocratie de la mélancolie. Imparable.
    Sur PARIS, je te trouve un peu dur. C’est une chanson décadente avec des choeurs mal ajustés mais je pense que c’est fait exprès. Je crois me rappeler que Burnel était bigame à l’époque et que ce sont ses deux nénettes qui chantent.
    SHIP THAT NIGHt est soporifique certes, mais FELINE est un disque nocturne. Moins drogué que le Gospel mais dangereux quand même. Impossible de le départager avec RAVEN qui a sans doute plus de tubes.
    La comparaison avec Taxi Girl est bienvenue, puisque le groupe embarquera les frenchies de Daniel Darc à l’étranger et Burnel produira leur disque.
    Eddy j’imagine que tu connais UN JOUR PARFAIT de BUrnel. Ce disque figure dans mon Top 10 des meilleurs albums français de tous les temps.
    J’attends tes réponses et continue dans la journée.
    (articles longs = longs à commenter, si tu veux faire ça bien.)

    • Bruce lit  

      En écoutant à l’instant Midsummers , je rélaise que l’intro semble toute droit sortie de ORANGE MECANIQUE. Et, de mémoire, c’est la première fois que Hugh s’essaie au Talkover , la même technique de Gainsbourg consistant à parler au lieu de chanter. Le résultat est prodigieux. L’acte de naissance des Nits !

  • Jyrille  

    Pas grand chose à dire de plus que mon précédent post sur la première partie. Je rejoins Présence sur la trame classique de la vie et d’évolution d’un groupe. Je te reprocherai cependant un ton de connaisseur qui fait que je me suis un peu perdu dans les noms, pseudos et surnoms des membres du groupe, tout comme les rapprochements avec des morceaux que je ne connais pas : ce sont des articles d’initiés, pas pour un inculte comme moi !

    J’ai beaucoup aimé ta remarque sur les propos réacs : il faut vraiment toujours faire attention à ce qu’on dit…

    J’écouterai les titres plus tard et je réitère le fait que ce seront tes articles qui me serviront de bouée lorsque je retenterai !

    • Eddy Vanleffe  

      Alors oui, j’ai bien l’aspect saga de la vie des groupe, au départ c’est pour rendre accessible mais visiblement je t’ai perdu parfois dans le truc…
      le ton de connaisseur, j’espérait éviter cela justement…
      donne moi un exemple parce que je ne vois pas clairement ce qu’il faudrait modifier…
      les rapprochements c’est dommage, c’est aussi destinés à tendre des perches à ceux qui connaîtraient les autres groupes et pas Stranglers…
      donner des idées d’écoute tout ça…
      j’ai par exemple en cherchant sur You tube retombé sur la chanson Driver’s seat de Sniff and the tears… un chanson assez connue en soi mais pas du tout le groupe et en écoutant le truc, la filiation « stranglersienne » saute aux oreilles….
      j’aime bien faire des liens… j’ai envie de dire écoutez, ça, ça, et encore ça….
      je pêche sans doute par trop d’enthousiasme pour un groupe que j’adore…
      je suis à ta disposition en tout cas pour d’autres échanges…

      • Jyrille  

        Merci Eddy !

        Et bien par exemple : « Toutefois le contraste voix parlé et chœurs travaillés fonctionne cette fois à merveille. BLUE SISTER est une variation de IT’S A SMALL WORLD »

        « ALL ROADS LEAD TO ROME laisse place à un riff de clavier en forme de souvenir de THE RAVEN »

        Sachant que tu viens de parler de It’s A Small World, je ne vois pas du tout ce que c’est… Faire des rapprochements c’est bien et louable (je le fais aussi; l’enthousiasme je le comprends), encore faut-il les connaître.

        « Chaque idée étant une vraie bataille à imposer face à un groupe de plus en plus passif, il claque la porte, c’est une question de survie pour lui. Il l’annonce à Jet Black par téléphone qui lui répondra avant de raccrocher: «Fine!» »

        Je ne savais pas que Jet Black était JJ Burnel. Et d’où vient ce nom ?

        Bref, ce genres de choses, où tu parles à des initiés du groupe.

        • Eddy Vanleffe  

          houlà !
          En effet, j’ai pas du être clair
          Jet Black, c’est le nom du batteur…
          lorsque Cornwell téléphona, il eut le batteur qui lui répondit un seul mot: Fine!
          Cornwell semble encore en souffir dans les différentes bio qu’il a écrit depuis ! il s’attendait sans doute à être retenu, débattu etc… mais non Jet black (qui a donné son nom à un perso de Cowboy Bebop…) c’est pas JJ Burnel…
          j’ai du oublier de préciser le line up dans ce deuxième article par rapport au premier et c’est pas facile de garder le fil…
          pour les comparaisons,
          ouais c’est vrai aussi…
          si je compare les titres entre eux, c’est pour insister sur le côté répétitif et monolithique de cet album… peut-être pas la meilleure méthode…

  • Bruce lit  

    Bon, je continue, Edddy étant plus matinal je crois.
    Patrick, tu es fou ? AURAL SCULPTURE est une horreur pestilentielle ! Un furoncle dans la disco du groupe. Même toi Eddy, je te trouve trop indulgent avec cette daube et ses synthés épouvantables. C’est clair, même chez Goldman et Balavoine ils sonnent mieux. Je ne trouve pas le travail de Greenfield étourdissant du tout. Cette Brass Section est atroce pour les oreilles, comment le reste du groupe a pu cautionner une telle ânerie ? N’oublions pas que Laurie Latham, c’est le producteur du douteux Paul Young quoi…
    De ce carnage, deux chansons sauvent ce disque minable du bac à soldes : NORTH WINDS, tiens, ce n’est pas un hasard , débarassée des cuivres pourris qui transforment les Stranglers en groupe pousse-caddie. Un chef d’oeuvre indiscutable. Et Let Me Down Easy dont tu m’apprends la teneur.
    Je préfère mille fois les 72 pistes de DREAMTIOME qui a de meilleures chansons au cerumène de AURAL SCULPTURE.

    ABOUT TIME : cool ! je trouve moi aussi ce disque très réussi. Par moment on croit y entendre Faith No More.

    • Patrick 6  

      « même chez Goldman et Balavoine ils sonnent mieux » la mauvaise foi à l’état pure ^^

  • Eddy Vanleffe....  

    Bonjour à tous.
    Hier, j’étais occupé et je n’ai pas pu répondre comme il fallait…

    @Tornado,
    oui ça m’arrive souvent de chantonner un truc et d’embrayer sur un refrain qui n’est pas le bon…
    @Patrick je te trouve sévère avec Giants qui est quand même honnête avec un petit côté country parfois…bon par contre c’est un album zero risque, c’est clair, le groupe joue la musique qu’il sait faire…
    du post Cornwell, je conseillerais en toute honnêteté ABOUT TIME et NORFOLK COAST…
    @Kaori
    J’aurais juré avoir fait dans l’émotionnel….ZUT! Je ne sais pas quoi te dire en fait… j’essaie d’injecter de l’argument dans ce que je dis parce que dire: Ca c’est trop cool, il faut le faire parce que c’est trop bon, C’est ce qui m’énerve chez plein de you tubeurs qui me demande de les croire sur parole! au niveau émotion, je sais que les duo claviers/guitare chez ce groupe ont le don de me sortir de moi même, tellement j’adore et j’essaie de l’exprimer autant de fois que possible mais sans être chiant à lire… des chansons émouvantes, j’en ai plein aussi comme NORTHWINDS, MIDNIGHT SUMMER DREAM ou SOULS ou même ALWAYS THE SUN,LONG BLACK VEIL ou encore SINISTER, GRAND CANYON,THE END et enfin DADDY’S RIDING THE RANGE…
    @Bruce
    Je t’aurais pensé plus sévère avec moi sur la fin fin de carrière du groupe. je suis indulgent avec AURAL SCULPTURE parce que certaines chansons sont vraiment bonnes à mes oreilles, je n’aime pas trop les arrangements mais je l’écoute encore assez souvent. j’ai en revanche beaucoup de mal avec les albums de le seconde moitié des années 80 et le son dolby, javélisé, des violons passé dans cinq filtres successifs, des choeurs gospell de rigueur…même dans le hard, je te rassure, le son tout propre essayant d’imiter la boite à rythme, ça me branchait moyen…je préfère les seventies… ^^ tout ça pour dire que je n’accroche pas à Dreamtime. content de voir que tu as persévéré sur ABOUT TIME

    Enfin merci d’avoir publié cette partie, parce que la seconde partie de carrière, personne n’en parle jamais et ça me tenait à choeur!

    • Bruce lit  

      ça me tenait à choeur!
      Joli lapsus 😉

      J’ai retrouvé ma critique Amazon sur About Time :
      De vrais voyoux ceux là ! Le groupe qui effrayait les journalistes , terrorisait les Pistols et faisait faire dans son froc Joe Strummer !
      En interne, on faisait dans la finesse aussi : le chanteur-guitariste Hugh Cornwell décide de plaquer son groupe le lendemain d’un concert triomphal , sans prévenir ses copains du groupe!
      Ce disque est le deuxième de la formule Stranglers Mark II ! C’est le meilleur de la période Paul Roberts-John Ellis , voire un des meilleurs tout court.
      Après le départ de Cornwell , le groupe doit résoudre une équation cauchemardesque : qu’est ce qu’un disque des Stranglers ? Rappelons qu’en moins de 15 ans d’existence le groupe classa 25 singles dans le Bilboard anglais ! Du rock bien sûr ,du Punk brutal , de la pop baroque et délicate, de l’expérimental , du flamenco , du jazz ,du Krautrock , des ballades et même de la chanson française !
      Face à cette polyvalence à donner des cauchemars mouillés à AC/DC et consorts , le groupe se questionne : quelle est l’identité du groupe , que privilégier ? Les claviers aux arpèges fulgurants de Greenfield ? La basse surdouée mélodique et violente de Burnel ? La batterie infaillible de Black ? Comment remplacer le chant Lou Reedien de Cornwell? Ses guitares imagées et ses paroles pince sans rire?
      Perdu , courageux ou inconscients les Stranglers , souvent adeptes du suicide commercial , optent pour un choix étrange en intégrant deux nouveaux membres : un guitariste surdoué et un frontman félin capable de tutoyer dans ses vibratos Iggy et Bowie ! Et de donner exactement le contraire de ce que le public attend d’eux !
      About Time est le disque de tous les possibles : les vétérans laissent la bleusaille composer paroles et musique ! Burnel ne chante plus , sa basse est sous mixée ! Finis les solos de claviers et l’album rengorge de boites à rythme ! Autrement dit le nouveau Stranglers est joué par les nouveaux membres et les anciens semblaient invités en tant qu’accompagnateurs sur leur propre disque !
      Et le résultat est très convainquant , bien meilleur en tout cas que le catastrophique 10, dernier album avec Cornwell !
      Le groupe produit une Pop étrange ni britannique , ni américaine . Des ambiances bizarres aux arrangements démoniaques , des solos de violons joués par un Nigel Kennedy débutant et des parties vocales où Roberts impressionne . Le tout évoquant avant l’heure les impayables Faith No More !!!
      Écoutez un titre comme « Sinister » et vous y trouverez tous les trucs de la bande à Patton : des arpèges noisy , des violons , des choeurs féminins et une ambiance grandiloquente . Et tout l’album est ainsi !
      Fort de ce coup de Poker inespéré , le groupe tutoiera de nouveau , et pour la dernière fois les sommets artistiques , avant que l’hésitation reprenne le dessus et que nos Etrangleurs préférés ne tuent…que leur ennui sur les disque d’après !

      Malgré une pochette repoussante , un disque qui a très bien vieilli et mérite d’être redécouvert avec leur Gospel According to Meninblack. Un machin que l’on peut sans hésitation ranger à côté de King For A Day Fool For A Life ! Un disque si étrange qu’il pourra séduire les amateurs de Rock n’appréciant pas forcément les Stranglers ! Quels voyous décidément !

  • Bruce lit  

    @Eddy : tu ne m’as pas répondu : tu as écouté UN JOUR PARFAIT ?

    • Eddy Vanleffe....  

      Décidément je ne réponds pas à tout mon courrier… ^^

      Non je n’ai pas cet album. j’ai écouté une fois European Cometh mais il y a très longtemps…
      par contre j’ai vu un concert sur you tube où Burnel en interprétait pas mal de chansons en acoustique en buvant du pinard entre chaque chansons…
      ça me paraissait justement être du « stranglers acoustique un peu genre Eurpopean female…

      • Bruce lit  

        @Eddy : tu DOIS écouter et acheter ce disque.
        Review Amazon de 2013 :
        OST d’un film porté disparu, Un Jour Parfait bénéficie d’un score exceptionnel composé par le bassiste des Stranglers et , excusez du peu , entièrement en français !
        Jean Jacques Burnel est français de par sa mère et chantait déjà dans la langue de Baudelaire sur La Folie et The Raven de son groupe.
        Si sa réputation de bassiste n’est plus à faire, c’est pourtant en solo qu’il arrive à donner la pleine mesure de son talent en tant que compositeur et chanteur .

        « Un Jour parfait » : ce thème tout en arpège vaguement flamenco est doux et vaguement triste comme une aube douloureuse.

        « Si j’étais  » : après une longue intro musicale qui plaira aux fans de Cure et qui musicalement aurait pu figurer sur Feline des Stranglers, Burnel tutoie l’ultime provocation avec ses lyrics : « Si j’étais Fuhrer pour un jour / je t’embrasserai sur la bouche sous la douche ». D’aucuns y verront une provocation de (très) mauvais goût ; les autres décèleront une parodie grinçante sur une mélodie irrésistible du Heroesde Bowie.

        « Week end » : martelée par la basse de Burnel , la chanson est certainement passée par les oreilles de Martin Gore 3 ans avant l’écriture de Violator de depeche mode . Il est très facile d’imaginer Dave Gahan chanter sur cet ersatz ultra-depressif du « Perfect day  » de Lou Reed (Transformer avec ces contrepoints au synthé et ces refrains épiques sur fond de guitares saturées.

        « Triste ville  » maintient la pression en accélérant le tempo avec une déclaration de guerre à notre capitale pour le moins originale :  » Paris / j’te fais la gueule ce soir / j’ai marché toute la nuit / sans être agressé dans le noir  » . Que ce soit dans l’interprétation ou l’orchestration , on est ici très proche de l’univers de Daniel Darc que Burnel a produit à l’époque Taxi Girl .

        « Un Jour parfait reprise » : porté par des synthés cafardeux vaguement asiatiques, la poésie urbaine de Burnel fait merveille avec une diction tout en talk over où les aficionados de L’Homme à tête de chou de Gainsbourg se sentiront chez eux :  » Je suis passé chez la boulangère / qui m’a offert un chausson opium / il faut de tout / pour fuir un monde  » . L’ambiance maussade de ce morceau saura également séduire l’admirateur du « Ashes to Ashes  » sur Scary Monsters de Bowie .

         » Via Dolorosa » : sur un rythme nettement plus enjoué et une mélodie faussement Stevie Wonder , Burnel enchaine les rimes audacieuses sur le quotidien d’une belle de nuit :  » Du plus précieux au plus pressant/ du plus affreux au plus offrant / elle fait l’amour en chemin de croix / Via Dolorosa  »

        « Le Whiskey » : LA CHANSON du disque ! Avec sa ligne de basse géniale et son refrain obsédant où Burnel démontre qu’il est à l’aise dans les aigus, il vous fera longtemps pour dessaouler de ce chef d’oeuvre inconnu :  » Le Whiskey me sauve de l’enfer / un verre pour toutes les prières/ il me réchauffe comme un vieux frère / un verre pour tout ce que j’ai pris hier / seul avec mon cafard / j’ai le moral qui se barre /dans le whisky bar  » . Encore une fois les amoureux de la poésie de Gainsbourg et Darc trouveront dans cette chanson à boire et à manger . Il existe sur Youtube des videos où Burnel interprète le morceau à la TV. Qui osera un jour reprendre cette merveille ?

        Difficile de passer après cela et l’album devient plus irrégulier Citons tout de même « Rêves » qui pourrait passer pour du Alain Chamfort interprétant du Bertrand Burgalat avec AS Dragon en arrière fond.

        Malgré quelques longueurs vers la fin et une pochette affreuse, un Jour Parfait s’ajoute à la passionnante discographie des Stranglers. C’est en tout cas le disque solo de Burnel le plus accessible, celui-ci ayant signé des albums plus expérimentaux.

        D’une richesse inouïe et d’une cohérence sans faille, les fans du Post Punk peuvent se jeter les yeux fermés sur ce disque qui mérite une seconde chance. Introuvable en boutique , Amazon est le meilleur moyen de vous procurer cet écrin Baudelairien.

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