Ce n’est pas le chemin qui est difficile, mais le difficile qui est le chemin. (Thérapie de groupe)

Thérapie de groupe, tome 3 : La tristesse durera toujours par Manu Larcenet

Un article de PRESENCE

VF : Dargaud

C’est dans son ADN.
© Dargaud 

Ce tome fait suite à Thérapie de groupe, tome 2 : Ce qui se conçoit bien (2021). C’est le dernier de la trilogie, et il vaut mieux avoir commencé par le premier, même si le présent tome débute par une page de résumé en forme de bande dessinée. Cette BD a été réalisée par Manu Larcenet pour le scénario, les dessins, les couleurs et le lettrage. Elle compte 54 planches et la première édition date de 2022.

Résumé des épisodes précédents. Jean-Eudes Cageot-Goujon était autrefois connu sous le pseudonyme de Manu Larcenet. Star de la BD, il était alors au sommet du monde. Il s’en souvient comme si c’était hier… Quand le monde allait mal, il lisait ses BD et hop ! C’était reparti pour un tour. Il était comme un phare dans la tempête. Tout ce que la civilisation comptait de sommités politiques, artistiques, scientifiques et philosophiques venait lui demander conseil. Il leur disait : La réponse est en toi. Cherche et tu trouveras. Ça n’a aucun sens mais quand on le dit avec un air mystérieux du type qui a roulé sa bosse, ça passe crème. Ce n’est pas pour se la péter, mais si le monde est dans l’état où il est aujourd’hui, c’est un peu grâce à lui. De rien. Mais tout ça, c’était avant. Aujourd’hui quand le monde va mal, il se débrouille tout seul, avec sa tempête. Il ne brille plus. Plus l’envie. Plus le courage. Le burn-out. Il est fini. L’étoile qui danse, indispensable à l’entreprise créatrice, avait désertée la voie lactée de son intellect. Il a donc dû se retirer dans un établissement spécialisé pour les personnes en désaccord profond avec la réalité.

Ach Paris ! Jean-Eudes Cageot de Goujon est de retour dans la capitale pour participer à une émission de télévision où il est l’unique invité de Jean-Jacques le présentateur. Celui-ci l’interroge : après sa longue absence, le bruit court que le bédéiste travaille sur un nouveau projet. Les Français veulent savoir. Larcenet répond : c’est un projet dont l’idée lui est venu après son séjour en psych… vacances. À cette occasion, il a compris que sa vie de star de la bédé n’était qu’une vaste blague et que le temps était venu pour lui de s’investir dans quelque chose de plus productif. La contemplation. Jean-Jacques suppose que l’auteur va faire une bédé de son intention d’entrer dans un musée pour y contempler les chefs d’œuvre des authentiques génies. Larcenet le détrompe : il ne va faire ni bédé, ni film, ni exposition rétrospective, ni spectacle de stand-up, ni podcast : il ne va rien faire, juste s’adonner à la contemplation. C’est conceptuel. Le lendemain le journal titre : Manu Larcenet est toujours aussi fini. Il rentre chez lui et annonce son projet à sa famille qui est dans le canapé, sa femme avec son ordinateur portable sur les genoux qui lui demande s’il a ramené le pain, sa fille en train de surfer sur les réseaux, et son fils également. Il va dans sa chambre et prépare son sac, essentiellement avec des barres chocolatées au beurre de cacahuète, et des médicaments pour la digestion. Son fils Pepito entre et lui demande quelle est cette nouvelle lubie.

Le résumé, cet exercice de synthèse
© Dargaud 

Si des fois que le lecteur avait un petit trou de mémoire, ou lu beaucoup d’autres choses entre ce tome et le précédent, l’auteur lui rafraîchit la mémoire d’entrée de jeu avec un gag en une case, placé avant la page de titre. Jean-Jacques et Bruno, tous les deux en costume-cravate, papotent l’un demandant à l’autre si c’est vrai qu’il démissionne. L’autre répondant qu’il est un homme de challenges et qu’il s’ennuie ici : du coup, il a décidé de rejoindre l’état islamique. Humour corrosif et forme très particulière : deux silhouettes sans visage, sans arrière-plan. Par la suite, le lecteur retrouve des échappées dans des esthétiques visuelles différentes du ton général de cette bande dessinée : la planche de résumé montre les personnages de profil dans des tenues de l’Égypte antique, avec des décorations évoquant des hauts reliefs et des hiéroglyphes, en page 9 se trouvent des facsimilés de tableaux d’époque différente. Par la suite, l’artiste réalise un magnifique mandala tibétain en page 13, quatre pages en noir & blanc en mode manga évoquant Katsuhiro Ōtomo. La page 28 évoque une publicité ou une bande dessinée à visée éducative des années 1950. Les dessins de la planche 40 appartiennent au registre de l’autodérision : des croquis pris sur le vif s’apparentant à des gribouillis pour indiquer que le dessinateur est incapable de faire un croquis rapide pour saisir le moment. Pages 42 à 44, Larcenet réalise des illustrations à l’encre avec des formes intriquées, comme une composition élaborée au fil des impulsions de son inconscient. Planche 48, les paysages sont représentés en s’inspirant de la technique de Vincent van Gogh (1853-1890). La page suivante a été réalisée comme celle d’un livre d’heure, avec des enluminures sophistiquées. Le lecteur en a pour son argent : l’auteur se montre généreux, inventif, éclectique, très exigeant envers lui-même pour montrer le bouillonnement créatif de son esprit.

L’horizon d’attente du lecteur relève du paradoxe : à la fois très élevé (la suite de la quête de l’idée du siècle, l’évolution de la dépression, les réflexions sur la valeur d’une bédé au regard des chefs d’œuvre de la peinture), à la fois il est prêt à prendre ce qui vient tellement il accorde une pleine et entière confiance à l’auteur. Il découvre bien la suite de la quête de Jean-Eudes Cageot-Goujon : la décision de se consacrer à la contemplation du monde, puis un retour à la bédé passant par le constat de son obsolescence, comparé à la jeune génération, et ses tentatives de s’essayer à d’autres registres de cet art. Cette quête pour retrouver son étoile qui danse aboutit bien à une résolution de l’intrigue. Tout du long, l’auteur fait preuve d’une autodérision, sans tomber dans l’apitoiement, appliquant la maxime qui veut que l’humour soit la politesse du désespoir. Le ton s’avère d’ailleurs plutôt positif, voire optimiste, puisque cette dernière partie aboutit à un renouvellement de la motivation de l’auteur. Jean-Eudes reste l’avatar de Larcenet : un individu en surpoids ayant abandonné le sport depuis longtemps, peu impliqué dans la vie de sa famille, n’accordant que le strict minimum d’attention à ses enfants (avec quand même un peu culpabilité, ce qui l’amène à cette réflexion : Qu’est-ce que c’est fatiguant d’être un père médiocre !), faisant passer son art avant tout et faisant le nécessaire pour le promouvoir car il souhaite retrouver le statut social qui fut le sien lorsqu’il était célèbre.

L’artiste, cet animal télévisuel.
© Dargaud 

La première page propose un résumé des deux tomes précédents dans une forme originale, avec une densité d’informations qui ne génère ni une sensation de lourdeur, ni une impression pénible, grâce à des visuels inventifs, et une exagération humoristique à la fois dans les situations, à la fois dans l’expression des émotions ou des sentiments. Impossible de ne pas sourire en voyant la caricature de Jean-Eudes sur la barque de Ra, ou Anubis en train de déposer des gouttes d’un médicament à l’aide d’un compte-goutte dans la bouche de Jean-Eudes qui est embaumé. La séquence suivante se compose de deux pages : essentiellement un plan fixe sur le présentateur Jean-Jacques et Jean-Eudes en train de discuter sur un plateau télé, derrière un bureau. L’exagération des expressions de visage fonctionne à plein pour montrer la suffisance de Jean-Eudes, sa candeur, son assurance, son étonnement, son énervement.

L’auteur ne se contente pas de l’humour se dégageant des personnages : le dialogue s’avère savoureux, exprimant bien la personnalité de Jean-Eudes, et la retenue du présentateur Jean-Jacques dans ses questions et observations, ainsi que sa détresse quand il ne comprend pas ce que veut dire son invité et qu’il ne sait pas comment relancer. En plus, Larcenet s’amuse bien avec les messages qui apparaissent sur le petit bandeau en bas de case, comme s’il défilait en bas de l’écran télé. Page 9, l’artiste réalise des facsimilés de tableaux célèbres avec des petits détournements dont il a le secret. Le lecteur se rend compte par la suite que celui au milieu (un visage d’homme à la bouche édentée) va évoluer vers une représentation en peinture de celui de Jean-Eudes.

La famille, cette unité dysfonctionnelle
© Dargaud   

Ainsi chaque séquence s’avère visuellement très riche, servant de support à la narration, et lui apportant des informations supplémentaires. Lors du premier plateau télé, le lecteur peut se dire que le dessinateur ne se fatigue pas trop : juste représenter les personnages en plan fixe. Mais par la suite, il se rend compte que même cette mise en scène statique un peu pauvre car sans arrière-plan apporte de nombreuses informations supplémentaires par rapport au dialogue. Il y a bien sûr les mimiques des interlocuteurs qui viennent indiquer le ton avec lequel ils prononcent leurs phrases, mais aussi l’éventuel décalage avec leurs propos, et la différence de comportement entre eux. C’est flagrant quand Jean-Eudes s’invite sur le même plateau et que se trouvent déjà deux autres bédéistes : Emma Gloogloo (ces femmes qui en ont), et un bédéiste Alexis Duterrier (Des nourrissons et des hommes). Les dessins en racontent beaucoup sur chaque invité, sur le présentateur, avec une qualité de caricaturiste patente. Au-delà des séquences dessinées à la manière de…, l’artiste intègre toute forme d’information visuelle appropriée : une sorte de tatouage de papillon à la gloire de Paris, des fausses coupures de journaux, une représentation naïve d’un tigre en mode hindou, un autre gag avec des silhouettes simplifiées, de magnifiques camaïeux orangés pour une séquence automnale, une représentation schématique de l’hélice d’ADN, un détournement de la Cène (1495-1498) de Léonard de Vinci (1452-1519), avec des auteurs de bédé en lieu et place des apôtres, de fausses affiches d’hommes de foire, un schéma anatomique du cœur, etc. Il met à profit les possibilités du dessin pour servir son propos.

Une fois ce dernier tome refermé, le lecteur reste abasourdi par la richesse de cette œuvre, et l’élégance de sa narration. Manu Larcenet a réalisé à la fois une bédé comique très drôle, une forme de journal intime évoquant ses doutes de créateur, ses accès de déprime, voire de dépression, un credo évoquant ses aspirations (créer un chef d’œuvre) et sa conscience de se mesurer au génie et à la postérité des grands peintres classiques dont la postérité se mesure en siècles. Sa narration visuelle foisonne de trouvailles, d’éléments comiques, de diversité, dans un élan vital communicatif, malgré ses angoisses existentielles. Merveilleux.

La création, cette infinité folle
© Dargaud 

La BO du jour

18 comments

  • Eddy Vanleffe  

    Mélange de caricature et de hyper détails. Il y a du Gotlib là dessous

    • Présence  

      Je résume que c’est une filiation que Manu Larcenet ne renierait pas.

  • JB  

    Merci pour cette présentation !
    Tiens, moi je pense un peu à Franquin, le monde imaginaire de la dernière planche m’évoque le monde labyrinthe des Idées Noires.
    (Oh, une ref à Hulk !)
    Je ne pense pas avoir déjà lu Larcenet, mais la diversité graphique que tu évoques m’intéresse beaucoup !
    C’est drôle, j’imagine que cela fait partie de l’autodérision, mais cela me fait sourire de voir dans le récap que « La réponse est en toi, cherche et tu trouveras » sont des mots vides de sens pour le protagoniste qui finit par suivre son impulsion contemplative, qui revient à la même attitude nombriliste.

    • Présence  

      Une référence à Hulk, et dans le tome 2 le narrateur se rêve en superhéros : Albatros Man.

      L’auteur tourne en dérision son propre processus d’amélioration personnelle, toute relative, mais aussi certaines méthodes, ou pensées prêtes à l’emploi, comme La répons est en toi.

      De ce fit, comme tu le pressens, la révélation finale sur la motivation à créer n’a rien de révoluttionaires.

      Mais le voyage est plus important que la destination et c’est le difficile qui est le chemin.:D

  • Tornado  

    Dire que tu vends bien cette BD (et cette série) serait un euphémisme…
    La richesse de la chose a l’air effectivement impressionnante, de même que son inventivité, sa personnalité et son humour.
    Je n’ai jamais rien lu de cet auteur. Une fois, dans une librairie, une sorte de punk à chien avait essayé de me faire acheter le 1er tome de la série BLAST en m’expliquant que c’était ça le top et que ça ne servait à rien que je lise autre chose. Ma nature contrariante ayant fait naturellement ce qu’elle fait habituellement, je lui ai envoyé un regard de travers et je suis reparti avec ce que j’avais envie d’acheter, en ayant probablement pris inconsciemment en grippe le style de Larcenet, que je ne connais en définitive pas du tout. Comment ça c’est couillon comme réaction ? 🧐
    Bon, donc c’est très intéressant comme article, surtout pour un couillon comme moi…

    La BO : Rigolo mais ne passe pas du tout à travers mes oreilles. Sens interdit.

    • Présence  

      Manu Larcenet m’impressionne par son inventivité et la diversité de ses œuvres.

      – Blast que je finirai par lire, article de Cyrille M sur le blog brucetringale.com/la-commedia-de-pedrolino/
      – Le retour à la terre, avec Jean-Yves Ferri, article de Cyrille M sur le blog brucetringale.com/la-commedia-de-pulcinella/
      – Bill Baroud, article de JP sur le blog brucetringale.com/initiales-bb/
      – Le rapport de Brodeck, adapté de Philippe Claudel
      – Le combat ordinaire
      – Une aventure rocambolesque de…, série dont j’attends une intégrale
      – etc.

      La BO : c’est mon choix, et j’assume.

    • Matt  

      J’aurais fait pareil si ça te rassure. J’aime pas du tout qu’on me dise quoi faire/lire sur un ton de gourou de secte.
      C’est pour ça qu’un article plus développé et argumenté ne cherchant pas à comparer au reste de ce qui existe, c’est mieux^^
      Bon cela dit j’ai 3000 trucs à lire pour l’instant donc je n’achète rien et je ne remplis plus de wish list non plus…

    • Présence  

      Infectious grooves : le bassiste est Robert Trujillo qui rejoindra Metallica en 2003, après avoir joué dans le groupe accompagnant Ozzy Osbourne. Le chanteur et créateur du groupe est Mike Muir, également chanteur et créateur de Suicidal tendencies.

  • Fletcher Arrowsmith  

    Salut Présence.

    oh une bd de et avec et sur Manu Larcenet, un de mes personnages préférés (lui même donc).

    J’ai les deux premiers tomes de THERAPIE DE GROUPE, et je fais le même constat que toi. Complexe et brillant. Larcenet déconstruit tout : la société, lui même, l’art et la bande dessiné.

    Il ne me reste plus qu’à me procurer ce troisième volume, surement pour passer l’été (et relire les deux autres tant que j’y serais).

    La BO va assez bien avec la bd.

    Manu Larcenet a réalisé à la fois une bédé comique très drôle, une forme de journal intime évoquant ses doutes de créateur, ses accès de déprime, voire de dépression, un credo évoquant ses aspirations (créer un chef d’œuvre) et sa conscience de se mesurer au génie et à la postérité des grands peintres classiques dont la postérité se mesure en siècles : très bon résumé (tu vois que c’est un exercice pas si compliqué :))

    • Présence  

      Tu vois que c’est un exercice pas si compliqué 😀 …

      A ceci près que je n’ai pu écrire ce § qu’après avoir couché sur traitement de texte tout ce qui précède. Cela reste donc un exercice très laborieux pour moi.

  • Bruce lit  

    Bon, obligé que je lise ça. Ecole Gotlib, humour noir, j’y vois même beaucoup de similitude dans le trait avec LES BIDOCHON.
    J’avais décroché de Larcenet avec BLAST pour une raison mesquine : l’intégralité de l’histoire bouffait trop de places sur mes étagères.
    allez, je vais lire ça.
    Mon pouvoir d’achat te maudit Présence.
    La BO : c’est rigolo, il y a même Ozzy. Mike Muir était un chanteur médiocre mais ça passait. Trujilo doit forcément repenser à cette époque où il n’était pas un emploi fictif millionaire. Tu sais qu’il a été le bassiste de Jerry Cantrell sur son deuxième album solo ?

    • Présence  

      L’écriture de Larcenet est tellement foisonnante dans ces trois tomes que même moi j’ai fini par voir des hommages ou des similitudes assumés à d’autres auteurs.

      La BO : j’aime beaucoup plusieurs albums de Suicidal Tendencies, et les trois premiers albums d’Infectious Grooves. Je n’ai découvert que récemment qu’il avait joué sur les albums de Jerry Cantrell en lisant sa page wikipedia pour chercher son âge.

      Mike Muir : j’aime beaucoup sa hargne sur un titre comme You can’t bring me down, son ironie sur Send me your money, sa diction inquiétante sur Asleep at the wheel, etc.

      • Jyrille  

        Ah oui, Asleep at the wheel est une de mes préférées. Et cette reprise par Body Count est bien marrante : youtube.com/watch?v=X9jXnZS3ouU

        • Présence  

          Je suis en train de réécouter Lights, camera, revolution, et je trouve que la diction traînante de Mike Muir charrie une forme de résignation mêlée à de la colère, parfait pour un constat comme Lost again.

  • Jyrille  

    Hello tout le monde, je suis back dans les bacs du boulot après une super semaine de vacances… J’ai donc quatre articles de retard à lire mais je commence par celui du jour car je l’avais déjà lu. Le bonus ici, c’est la BO et les scans et leurs légandes. Je ne sais plus ce que j’avais dit sur ton blog, Présence, mais je vais tâcher de ne pas me répéter.

    Déjà, je salue l’humour que tu instilles dès le départ et dans les légendes, directement hérité de la bd, il illustre parfaitement le ton et le propos et, comme le dit si bien Tornado, ça vend bien le titre. Surtout que tu n’es pas habitué à le faire dans tes chroniques (plus en commentaire…). Car autant je n’ai pas été assez maso pour m’offrir BLAST bien que je l’ai lue et chroniquée ici-même comme tu le rappelles, tout comme le RAPPORT DE BRODECK (graphiquement incroyable) ou quelques autres de ses oeuvres, je reste un fan de Larcenet, qui, comme me le disait un de mes libraires, reste un des patrons de la bd actuelle. Un autre libraire me disait également que cette THERAPIE DE GROUPE sentait le réchauffé (ce n’est pas faux) et que Larcenet tenait un peu les mêmes propos ici que sur Facebook (je n’ai pas vérifié), comme une sorte d’exutoire auto-centrée. Et pourtant, j’aime beaucoup cette nouvelle série (heureusement terminée).

    Déjà parce que c’est le Larcenet humoristique. Il me tient plus à coeur que le dépressif même si je resterais un inconditionnel de ses albums chez les Rêveurs (Dallas Cowboy, Presque, L’artiste de la famille, On fera avec) et bien sur du Combat ordinaire. Ensuite parce que comme tu le dis, autant au niveau des dessins, très variés, que de la narration, c’est du grand art.

    Ah oui je me rappelle, je ne connaissais pas le terme de « livre d’heure ». Je crois que Larcenet est fasciné par Van Gogh, déjà avec son album que j’ai le plus offert (oui comme Tornado et son histoire sur Blast, je me répète), le second tome de Une aventure rocambolesque de…, LA LIGNE DE FRONT (chef d’oeuvre absolu), mais également avec le tome 6 du RETOUR A LA TERRE (je vous laisse chercher la couverture).

    Tout cela pour dire que cela me fait toujours incroyablement plaisir de voir une oeuvre que j’aime aussi bien défendue avec un discours argumenté et précis, bref, venant de Présence. J’ai d’ailleurs été ravi de voir Larcenet comme personnage favori de Fletcher. Ca me réchauffe le coeur les copains !

    La BO : j’avais complètement oublié ce titre. J’ai jamais été un grand fan des Infectious Groove, j’ai toujours préféré Suicidal Tendencies, mais c’est sympa (ça joue bien, surtout à la basse…). Je suis étonné à moitié d’y voir Ozzy Osbourne dans le clip tiens ! Personnellement j’aurai plutôt opté pour un titre de Therapy? (super souvenir de concert), comme DIE LAUGHING (avec des paroles assez proches du thème de ce Larcenet), mais ça fait bien le job surtout que le clip bien cartoon colle plus à la bd.

    youtube.com/watch?v=HG-gFjnZAcI

    • Présence  

      Larcenet humoristique me tient plus à cœur que le dépressif : je me suis retrouvé emporté par sa verve humoristique à toute les pages, tout en ressentant que le fond reflète un état dépressif, que ce soit l’impossibilité de produire une œuvre qui pourrait se mesurer à celle de Van Gogh ou de De Vinci, ou même prétendre à la postérité, ou la conscience aigüe d’avoir un fond dépressif qui menace chaque jour de son existence, sans même parler de vouloir trouver un sens à son art, ou de reproduire sans cesse les mêmes schémas, avec des médias qui ne cherchent qu’à instrumentaliser chaque œuvre pour en faire du sensationnel et donc de l’audience, sans forcément la comprendre, avec un investissement sans commune mesure avec celui de l’artiste, et une dérision facile qui déprécie tout.

  • JP Nguyen  

    J’ai un peu perdu de vue Larcenet, depuis Blast, lu en médiathèque. Sur les extraits montrés, je ne suis pas trop séduit : la lisibilité n’est pas forcément top. Ça ne m’emballe pas trop : aurais-je développé une résistance insoupçonnable à la réclame Présencienne ?

  • Présence  

    Bravo ! Ayant développé cette résistance, tu peux maintenant recommencer à penser par toi-même et reprendre une vie normale. 😀

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