Comment dépenser de l’argent inutilement ? (Zack Snyder’s Justice League)

Zack Snyder’s Justice League de Zack Snyder

Un article de DOOP O’MALLEY

VF/VO : OCS / HBO max

MMORPG ou vraie affiche ?
©HBO MAX

Cet article explique les raisons pour lesquelles je considère la SNYDER CUT plus comme un produit marketing vicié que comme la réelle vision d’un réalisateur. En clair : pourquoi la version longue est aussi mauvaise que la version cinéma ?

Durant un temps, Zack Snyder a été considéré comme le maître à penser de l’univers DC au cinéma. Après le succès pourtant mitigé de MAN OF STEEL (qui parlait de tout sauf de Superman), un groupe de fans actifs et spécialistes de tout ce qui concerne DC Comics parce qu’ils avaient vu 2 films et 3 dessins animés a intronisé Zack Snyder comme un dieu vivant. Vous savez, ceux qui, comme mon cousin Kevin, savent et affirment de manière péremptoire que DC c’est super sombre comme univers, beaucoup plus que Marvel  mais qui ne connaissent ni Keith Giffen, ni JM De Matteis.

Kevin lui ne jure que par le daaark. Mais pas vraiment au niveau de l’histoire. Kevin, ce qu’il veut c’est de l’action et des héros habillés de noir qui tuent des gens avec de grandes gerbes de sang parce que c’est daaark. Leur foi n’a même pas été ébranlée avec l’échec public et critique de BATMAN vs SUPERMAN, un exemple absolu de ce qu’il ne faut pas faire au cinéma. Au contraire, la volonté de voir débarquer la Justice League, le graal ultime qui pourrait enfin hisser les superhéros DC au niveau des AVENGERS de Marvel, a totalement aveuglé les fans sur les faiblesses de l’interprétation cinématographique voulue par Snyder. Le public ne s’y est pas trompé cette fois-ci. À tel point que le réalisateur lui-même a dû ressortir une version longue de son film BATMAN vs SUPERMAN pour réparer les erreurs. Film encore plus long et encore plus pénible qui ne répare rien.

Le pire c’est que le trailer peut donner envie !

Mais Kevin et ses potes s’en foutent : avec ce JUSTICE LEAGUE : on allait voir ce qu’on allait voir !
Le problème, c’est que les studios DC ont été échaudés par l’échec de la vision de Snyder sur BvS. Voyant que leurs concurrents de chez Marvel amassaient des milliards sur le dos de fans (tout aussi intolérants, je vous rassure) en produisant des films plein d’humour, ils ont demandé à Zack Snyder d’adoucir un peu son ton, de réduire son film, d’y mettre un peu de légèreté et de rajouter des blagues. Et le réalisateur s’est moyennement exécuté, ne voulant pas proposer un film d’une durée de 2h alors qu’il avait 4h de rushes.

Profitant d’une tragédie personnelle et familiale qui a touché Snyder de plein fouet, les studios en ont profité pour le remplacer par Joss Whedon, le réalisateur d’Avengers. C’est l’insulte ultime pour tout « fan » de l’univers DC. Comme si le Real avait embauché Lionel Messi. Whedon a fait ce qu’il a pu pour trousser un film « drôle » avec les différentes prises de vues de Snyder, a rajouté des éléments, en a supprimé d’autres avec pour résultat un film bâtard, un objet filmique absolument dégueulasse à oublier. Il n’en a pas fallu plus pour qu’un grand mouvement composé de Marvel Haters, de spécialistes autoproclamés du DCEU, de mon cousin Kevin et pour une grande partie, de bots, ne demandent une nouvelle version, celle du dieu Snyder ! La seule, l’unique. Celle qui remettrait tout en place. Et on n’imagine pas à quel point ce mouvement a été actif, radical et abominable sur les réseaux. Harcelant tel ou tel réalisateur, critique, chroniqueur ou simple quidam. Tout cela sous les yeux d’un Snyder qui, s’il n’a pas cautionné le harcèlement, n’a pas non plus demandé à ses pseudo-fans de se calmer. À juste titre d’ailleurs puisque, chose inimaginable, voilà que Warner propose de l’argent à Snyder pour refaire sa propre version ! La fameuse Snyder’s Cut dont nous a parlé notre ami Alex Nikolavitch sur ce même blog !

Les réseaux sociaux avaient gagné : Kevin pouvait faire une danse de la joie devant sa POP du Batffleck : il avait réussi. Le truc, c’est que Kevin n’a pas compris qu’il n’y était pour rien et que la décision de redonner la main à Snyder n’avait qu’un seul but : attirer Kevin, ses camarades de 3e et son grand frère Enzo fan de tuning sur la nouvelle plateforme HBO max lancée par le studio. La JUSTICE LEAGUE SNYDER CUT allait être le produit d’appel de la plateforme, point barre. De fait, lorsque Zack Snyder nous a sorti sa version de 4h à peu de choses près au même niveau qualitatif que le film sorti 4 ans plus tôt, Kevin ne pouvait pas dire autre chose que : « c’est génial ». Une opinion qui s’est démocratisée et un peu adoucie depuis en « ouais, c’est mieux que le premier ». Et effectivement, une pizza saumon/nutella/concombre c’est un peu meilleur qu’une pizza saumon/nutella/concombre/foie de veau/béchamel. Ça n’en reste pas moins un truc immangeable.  
Il est donc temps de sortir le BULLSHIT DETECTOR pour cette ZACK SNYDER’S JUSTICE LEAGUE !

Les calculs sont pas bons Kevin…
© HBO MAX
C’est le même film !

Dans la version de Whedon, l’humanité est bouleversée par la mort de Superman. Batman décide de créer un groupe de superhéros afin de lutter contre Steppenwolf, un méchant qu’il a vu en rêve, tout en CGI et qui a une armure de merde. Il n’arrive pas à recruter Aquaman mais embauche Flash en plus de Wonder Woman et de Cyborg, dont on nous raconte les origines en deux phrases. Wonder Woman arrête des criminels dans une banque. Steppenwolf envoie ses paradémons retrouver des boîtes mères pour anéantir la terre et assurer la dominance de Darkseid. Ils vont les retrouver sur l’île du paradis, Atlantis et sur Terre. Tous décident de ressusciter Superman pour les aider dans leur combat en balançant une boîte mère dans de la flotte où surnage le kryptonien.

Une fois Superman réveillé, ce dernier se bat contre la Justice League (qu’Aquaman a rejoint) avant de retrouver ses esprits lorsqu’il aperçoit Loïs au fond, par là-bas. Il laisse tomber ses coéquipiers pour retourner dans sa ferme d’enfance et badiner avec Loïs. Nos héros vont affronter Steppenwolf tout seuls dans un ersatz de Chernobyl où quelques humains sont en danger mais sauvés par Flash. Cyborg avec l’aide de Superman (en costume bleu et rouge) empêche la fusion des boîtes. Il y a quelques allusions sexuelles. Flash passe tout le film à faire des blagues que Kevin trouve gol-ri. Tout le monde s’en va en riant. Le film dure 1h50.

La version de Snyder : le cri de mort de Superman réveille les boîtes mères qui appellent Steppenwolf. Le monde entier se fout de la mort de Superman, on n’en parle pas. Batman décide de créer un groupe de superhéros afin de lutter contre Steppenwolf, un méchant qu’il a vu en rêve, tout en CGI et qui a une armure de merde, mais avec des petites pointes. Il n’arrive pas à recruter Aquaman mais embauche Flash en plus de Wonder Woman (AAAAAAAAYYYYYAAA ) et de Cyborg, dont on voit les origines durant une flash-back de 20 minutes. Wonder Woman (AAAAAAAAYYYYYAAA ) arrête des criminels dans une banque et les tue, faisant d’incommensurables dégâts. Steppenwolf envoie ses paradémons retrouver des boîtes mères pour anéantir la terre et assurer la dominance de Darkseid. Ils vont les retrouver sur l’île du paradis, Atlantis et sur Terre. Tous décident de ressusciter Superman pour les aider dans leur combat en balançant une boîte mère dans de la flotte où surnage le kryptonien. Une fois Superman réveillé, ce dernier se bat longuement contre la Justice League (qu’Aquaman a rejoint) avant de retrouver ses esprits lorsqu’il aperçoit Loïs au fond, par là-bas qui avant s’est faite stalker sans raison par le Martian Manhunter quelques minutes plus tôt. Il laisse tomber ses coéquipiers pour retourner dans sa ferme d’enfance pour aller badiner avec Loïs, qui est enceinte.

Nos héros vont affronter Steppenwolf dans un ersatz de Chernobyl où il n’y a personne. On voit un Darkseid tout en CGI au fond là-bas, qui veut récupérer l’équation d’anti vie qui le permettra de détruire la Terre après que celle-ci ait été détruite une 1ère fois par les boîtes-mères… Vraiment. Cyborg empêche la fusion des boîtes tout seul par la force de son esprit. Superman vient aider mais il a un costume noir. Il n’y a pas d’allusions sexuelles. Flash passe tout le film à faire des blagues que Kevin trouve gol-ri.  Tout le monde s’en va en faisant la gueule. À la fin, Batman fait un nouveau rêve où Superman est devenu méchant. On voit le Joker de Jared Leto faire une alliance avec ce Batman. Bruce se réveille et prend un café avec Martian Manhunter qui est venu dire bonjour. Le film dure 3h50.

Un film avec un flash beaucoup plus sérieux….ou pas !
© HBO MAX

Certains diront que c’est mieux expliqué, on a plus de scènes avec les personnages expliquant leurs motivations. Et j’ai envie de dire heureusement, il y a 2h de plus pour la même intrigue ! Le souci, c’est que ces motivations restent quand même très faibles, et inutiles pour l’intrigue principale. Le Martian Manhunter n’a aucun intérêt par exemple. Steppenwolf veut retrouver les boîtes pour retrouver un peu d’honneur perdu.

Alors oui, c’est mieux d’avoir une motivation, mais bon, on reste quand-même loin du thriller psychologique. On passe simplement de Steppenworlf veut retrouver les boîtes parce qu’il est en mission pour Darkseid à Steppenwolf veut retrouver les boîtes parce qu’il a foiré une mission il y a longtemps et qu’il veut faire plaisir à son patron. Les seules différences notables entre les deux films concernent la vision et l’esprit de l’histoire. L’impact des super-héros sur le monde et l’image que ces derniers revoient chez les humains (humains qui ont totalement disparu chez Snyder), la violence (les superhéros tuent chez Snyder, ils ne tuent pas chez Whedon) et donc la relation avec la mort (omniprésente chez Snyder).

Je vous laisse choisir quelle est la meilleure définition d’un film Justice League adapté des comics : celle où des héros plaisantent, interagissent et se battent pour les humains ou celle où les héros sont seuls dans leur tour d’ivoire et tuent.

Flash a une scène au ralenti où il enlève une saucisse du visage d’Iris lors d’un accident de voiture ! Au demeurant, la scène est plutôt jolie et superbement réalisée mais encore une fois elle est inutile. Et gâchée par la saucisse. Cyborg a des origines dignes du pire soap opera de 10h du matin sur TF1. En toute honnêteté, vu que le studio n’aurait jamais laissé un film de 4h au cinéma, si Snyder avait dû amputer son film de 2 heures, il aurait enlevé quasiment les mêmes scènes que Whedon.  À sa décharge, il n’aurait pas rajouté de blagues de sexe. Et n’aurait pas traité ses acteurs comme de la merde. La différence entre les deux versions, c’est, comme d’habitude, la deshumanisation totale des personnages, qui n’interagissent plus, ni avec les humains, ni entre eux au profit d’une glorification de la puissance et de l’icône.

Prosterne-toi devant tes dieux !
© HBO MAX
Sans maîtrise, la puissance n’est rien

C’est le plus gros problème de ZACK SNYDER’S JUSTICE LEAGUE ! Au vu de la présentation des personnages, ces derniers sont tellement puissants que chacun d’entre eux pourrait éclater Steppenwolf sans sourciller. Ce qu’aime Zack Snyder, ce qu’il nous propose depuis qu’il fait du cinéma, ce sont ces hommes qui deviennent des dieux tout puissants. Forcément, avec l’univers des superhéros, il est servi ! Cela lui permet de faire de très jolies images au ralenti où les héros regardent d’un œil torve les humains avec qui ils interagissent. Le problème, c’est qu’un superhéros hyper puissant est un réel problème en ce qui concerne l’histoire. Surtout lorsqu’on n’est pas très inspiré. Cela s’appelle le syndrome Captain Marvel, absente des films AVENGERS avec Thanos car elle aurait pu plier l’intrigue en 3 minutes.  

Aquaman est hyperpuissant, Cyborg devient dans cette version carrément omnipotent, capable de se connecter à n’importe quelle machine dans le monde, Flash est hyperpuissant. Le problème des héros super-rapides, c’est qu’ils peuvent tout faire ! Sachant qu’il peut donner un milliard de coups à la seconde, il peut rétamer n’importe quel Darkseid avant même que celui-ci n’ait pu ouvrir les yeux ! Du coup, Snyder ne s’en sert pas, si ce n’est pour rajouter une scène sur la fin. Globalement, lors du combat final, Flash court pendant des dizaines de minutes autour de la ville, réussissant l’exploit de se faire atteindre par une rafale énergétique lancée par un para-démon alors qu’il est à une vitesse proche de celle de la lumière. Tout cela pour nous montrer que son système immunitaire se régénère. Ce qui n’est pas cohérent.

Pour Cyborg c’est encore pire puisqu’avec ses pouvoirs, il va uniquement stalker une jeune femme inconnue et qui reste 10 secondes dans le film pour lui rajouter des milliers de dollars sur son compte en banque. Aquaman n’existe pas, tout comme dans la version de Whedon. De fait, Zack Snyder s’est offert des héros tellement puissants qu’il se voit obligé de les occuper dans des tâches subalternes pour éviter que la menace soit rapidement résolue. Ou de négocier avec ses propres règles établies dans le film, notamment en ce qui concerne les pouvoirs de Flash, qui peut observer un batarang lancé à pleine vitesse en faisant des grimaces pendant 5 minutes mais qui est incapable d’éviter une décharge de fusil ou de se faire défoncer par Superman qui a donc les mêmes pouvoirs que lui ! Quant à Wonder Woman (AAAAAAAAYYYYYAAA) c’est encore pire, puisque c’est avec ce personnage que Zack Snyder continue à développer ses idées nauséabondes sur la loi du talion. Comme on l’a dit plus tôt, Wonder Woman n’arrête pas les terroristes comme dans la version de Whedon. Elle les tue et fait même exploser avec ses bracelets l’immeuble qu’elle voulait empêcher les terroristes … de faire exploser. S’ajoute alors la réplique d’une jeune survivante à la fin de la scène : « je voudrais être comme toi ! » ! Si c’était innocent chez Whedon (enfin, aussi innocent que cela puisse l’être avec ce réalisateur), en gros, chez Snyder, la jeune fille veut prendre comme exemple une tueuse de masse, qui ne donne aucune importance à la vie des humains ni aux dégâts que ces pouvoirs peuvent entraîner ! Quel joli message !

Wonder-Castle, Diana = Punisher ! Un joli exemple pour les petites filles !
© HBO MAX

 Mais ce n’est pas une réelle surprise. Snyder est un habitué des scènes lourdes et des clins d’œil appuyés. Vous vous rappelez le malaise dans WATCHMEN où lorsque le Hibou atteint l’orgasme, Leonard Cohen entonne Alléluia ? C’est la même chose ici. Chaque scène, chaque effet est appuyé par une chanson et une musique redondante avec les images, comme si l’on prenait le spectateur pour un débile. Vous me direz, Kevin, lui il trouve ça vachement poétique. Un exemple : lorsque Aquaman marche pendant 3 minutes sur un quai avant de plonger dans l’eau et de savoir s’il rejoint Atlantis ou pas, nous avons l’utilisation de la chanson de Nick Cave THERE IS A KINGDOM. On a compris le dilemme d’Aquaman, pas besoin de le surligner avec des paroles comme There is a Kingdom, There is a King, He lives without and he lives within. C’est ça le style Snyder.

Et je ne parle même pas de Wonder Woman, qui, à chaque fois qu’elle apparaît à l’écran est accompagnée par un chant guerrier du genre AAAAAAAAYYYYYAAA. Une fois, pourquoi pas, cela permet d’introduire musicalement le personnage. Au pire de lui donner un son distinctif quand elle fait quelque chose d’important. Mais là c’est à chaque fois.  Wonder Woman va aux toilettes ? AAAAAAAAYYYYYAAA ! Wonder Woman marche dans une rue : AAAAAAAAYYYYYAAA ! C’est lourd ! Vous le savez puisque vous le subissez depuis le début de l’article !  
À force de vouloir incorporer des scènes sans grand fil rouge, Zack Snyder affaiblit la cohérence de son récit et de son univers. Qui n’est même pas joli !

Un massacre numérique

Si on peut faire tous les reproches que l’on veut à Zack Snyder en termes de scénario, on aurait au moins pu s’attendre à de jolies images. Et là encore, c’est catastrophique. La 1ère scène de la version longue est représentative de la qualité plus que médiocre des effets spéciaux rajoutés, voire des effets spéciaux en général. Parce que les effets numériques, ça vieillit très vite. Et je défie quiconque n’a pas vu la fin de BATMAN VS SUPERMAN de comprendre les premières minutes de ZACK SNYDER’S JUSTICE LEAGUE. Une surcharge d’effets avec des couleurs, de ralentis où l’on ne comprend rien. On se rend compte qu’il s’agit de Superman qui meurt après un long moment et l’on ne comprend pas pourquoi. Au ralenti, on voit aussi Batman et Wonder Woman (AAAAAAAAYYYYYAAA , promis j’arrête, c’était le dernier) et le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est très moche. Le corps, la tête et les membres de la guerrière amazone semblent totalement déconnectés et ne pas bouger en même temps, un peu comme un collage mal animé.
Le reste est à l’avenant et oscille entre le réussi parfois (la scène de Flash et la saucisse) et le très médiocre. Je pense que j’ai vu des scènes de jeu vidéo des années 2010 mieux animées que dans le film. Et comme tout repose à 90% sur l’utilisation des effets numérique tout est foiré. On reviendra sur le costume de Cyborg plus tard pour s’arrêter sur le relooking extrême des méchants. On a rajouté donc une armure métallique à Steppenwolf, avec des petits picots qui bougent à l’envi. Est-ce une amélioration par rapport au costume de la version précédente ? Oui, mais qu’apporte-t-elle ?? Le personnage est-il mieux développé avec des petits picots ? Non.

Le pire reste quand-même ce Darkseid numérique absolument abominable et qui n’aurait pas détonné dans le film SPAWN de sinistre mémoire. Lorsque l’on vend une nouvelle version sur l’apparition d’un personnage, on essaye au moins de le travailler. Le design du méchant ne fonctionne pas du tout et fait pâle comparaison avec Thanos. ZACK SNYDER’S JUSTICE LEAGUE, c’est une bouillie numérique, techniquement à la ramasse. Deux idées à noter toutefois : un changement dans l’étalonnage, rendant, oh surprise, le film plus sombre mais qui fonctionne, et une volonté de proposer son film dans un format « carré », avec deux grandes bandes noires sur le côté. Sensé donner de la « grandeur » aux héros. Pourquoi pas.

De la bouillie numérique
© HBO MAX
Papaoutai : le problème Cyborg

L’acteur Ray Fisher a été au cœur d’une polémique sur ce film. En effet, il a accusé Joss Whedon et Geoff Johns de lui avoir supprimé la quasi-totalité de ses scènes et d’avoir réduit son rôle à néant sous des prétextes fallacieux. À sa décharge, beaucoup d’acteurs se sont plaints de l’attitude de Whedon, vraisemblablement limite sur les scènes à retourner. Fisher est, quant à lui, allé plus loin. Il s’était apparemment énormément impliqué avec Zack Snyder pour l’écriture du 1er superhéros noir de l’univers DC au cinéma. Et ils avaient envisagé quelque chose de dramatique.

Lorsque Whedon est arrivé et a réécrit le scénario, il a totalement amputé le personnage de ses origines et de tout son aspect tragique. Ce qui n’a pas plu à Fisher qui s’est fait opposer une fin de non-recevoir par Whedon et Johns. Son personnage étant considéré comme trop sérieux et pas assez léger pour coller à la nouvelle orientation du film. Lorsque Whedon et les producteurs du film ont exigé que le personnage sorte une catchphrase afin de faire un clin d’œil aux fans du dessin animé TEEN TITANS, cela a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Fisher s’est exécuté mais ne s’est pas privé pour pourrir Johns et Whedon sur les réseaux, en y rajoutant le problème de la représentation des noirs à l’écran. Il aurait en effet été le seul superhéros du film à avoir une phrase d’accroche, ce qui n’allait pas (sic) « avec le fait qu’il soit noir » !

Son argumentaire était de dire que souvent les acteurs noirs n’ont été définis que par des expressions récurrentes, comme dans la série ARNOLD ET WILLY ou les films d’Eddie Murphy. Selon lui, faire de Cyborg le seul personnage à avoir un slogan ramenait ainsi Fisher et Cyborg à une caricature raciste. Fisher est allé très loin, accusant mois après mois tous les producteurs et associés au film de racisme. Ce qui ne s’est pas arrangé lorsque l’enquête menée par Warner n’a rien décelé d’anormal. Certains y ont même vu une manipulation de Snyder sur Fisher pour reprendre le contrôle du film, mais les deux ont totalement nié en bloc ces allégations.
Fisher s’est donc fait rapidement écarter de la suite des évènements. Son rôle dans le futur film FLASH a été supprimé.
Avec cette nouvelle version, nous avons donc tout l’aspect dramatique de l’histoire de Cyborg vu par Snyder. Il est vrai que Cyborg tient une grande place dans le film. Il a environ 3 ou 4 scènes explicatives de plus et prend une part non négligeable dans la résolution de l’intrigue finale.
Et surtout nous avons l’explication du trauma initial de Cyborg, cette terrible scène qui peut se résumer à : « papa n’est pas venu me voir à mon match de foot ». Non, ne riez pas, c’est véritablement la raison pour laquelle Victor est démoralisé, à tel point de sa maman se voit obligée de le consoler dans la voiture et a finalement un accident qui va lui coûter la vie.
Niveau traumatisme, on repassera. Cela permet toutefois à Snyder de livrer une scène interminable de football au ralenti sous la neige qui dure limite plus longtemps que le combat final. Mais le problème principal n’est pas là…

Dis papa, pourquoi je suis pas un acteur ? Un cyborg presque sans contrefaçons.
© HBO MAX

Le problème principal en réalité ce sont les capacités d’acteur de Fisher. il joue aussi bien que mon grille-pain débranché ! L’acteur est tout simplement mauvais ! Tout va de travers, ses attitudes, son manque d’expression, comme si jouer la gravité consistait à tirer la gueule tout le temps. En fait, son rôle a été supprimé parce que … c’est en réalité abominable ! Et croyez-moi, voir qu’un acteur dénote par son mauvais jeu quand il est entouré de Gal Gadot et Jason Momoa, ça relève de la performance ! Et le pire, c’est que même s’il avait bien joué, son personnage est tellement enfermé sous de la CGI moche que sa performance aurait encore été amoindrie.

De fait, vous avez une intrigue qui repose sur une dramaturgie à mourir de rire (papa n’est pas venu m’applaudir à mon match de foot et maman en est morte), un acteur mauvais et un personnage dont le design numérique le rend totalement cringe. Comme il n’est pas si essentiel que ça pour l’intrigue, forcément il s’est fait couper au montage ! On ne rentrera pas dans la polémique raciste puisque ces éléments ne peuvent être ni avérés, ni infondés. Ce qui est certain en revanche, c’est que Cyborg est mal designé, mal interprété et surtout mal écrit dans cette version de 4h.

Snyder se fout de nous

Imaginez. Vous êtes un réalisateur qui s’est fait piquer son projet, que vous considérez comme dénaturé. Contre toute attente, on vous redonne le droit de le refaire et de rajouter tout ce que vous voulez pour revenir à votre version initiale, en vous précisant bien que c’est la dernière. Quel est votre premier réflexe ? Changer l’histoire ? Remettre du sens à votre film charcuté ? Eh bien non, la quasi-totalité des scènes rajoutées dans ce ZACK SNYDER’S JUSTICE LEAGUE sont en réalité des scènes qui appellent à une suite ! La scène de fin, où le Batman du futur fait alliance avec le Joker, et qui dure plus de 10 minutes, n’est rien d’autre qu’un appel du pied même pas subtil pour renverser la vapeur ! Elle n’a aucun intérêt pour le film, qui se voit donc privé d’une conclusion. En gros, Zack Snyder passe son temps dans sa version à titiller les fans dans le sens du poil (Martian Manhunter, Darkseid) uniquement pour les remobiliser et tenter de reprendre la main. Après tout, pourquoi pas, cela a bien marché une fois mais clairement cela nuit à l’intégrité du film. À son essence même.

La scène avec le Martian Manhunter qui voit Batman pour lui dire : « une menace guette » n’est pas un moyen de redonner du sens à un film dénaturé. Une Loïs enceinte n’a rien à faire dans cette histoire. En bref, la moitié des deux heures rajoutées est en réalité une bande annonce pour un prochain JUSTICE LEAGUE ! Et c’est là qu’est le problème, car Snyder sait pertinemment qu’il n’aura plus jamais la main sur quelconque suite. De fait, il ne rend pas son film meilleur, il n’essaye pas de la rattraper ou de lui redonner du sens : il tente simplement une dernière manœuvre désespérée avec l’argent du studio pour essayer de remobiliser un « fan club ».

Un gros gâchis, mal ficelé, mal réalisé et qui n’existe finalement qu’à des fins mercantiles : vouloir attirer du monde sur HBO max pour les studios et reprendre la main de manière grossière pour Snyder.  Que personne ne vienne parler de vision artistique !

Ceci est une vraie image du film, pas un collage photoshop de Kevin.
© HBO MAX

La BO du jour :

Juste pour le titre et parce que je sais que notre boss adore la variété française de qualité ! (Aargh, mais ça va pas non !!! ndr-)

38 comments

  • Bob Dannof  

    Je n’intervient jamais sur les blogs et j’insiste sur le fait que je n’ai pas du tout aimé ce JL mais je ne comprends pas la nécessité de chier dessus a ce point.
    Visiblement, le rédacteur n’apprécie le réalisateur, ce qui est totalement concevable mais dans ce cas , pourquoi s’infliger le visionnage de ce que l’on sait déjà être hors de nos goûts ?
    C’est un peu comme si une personne qui n’aimait pas ma brandade de morue s’obligeait a s’en gaver et qu’à chaque bouchée on l’entendait dire qu’elle déteste. Mais mec, commande autre chose voilà tout !
    En bref , au delà du fait que l’article est blindé de poncifs élitistes ( ceux qui aiment c’est des Kevins), qu’il tente la carte de l’humour sans être drôle, le texte est inutile et n’apporte rien si ce n’est que d’être un exutoire pour les « Jean-cinéhiles-amateurs-éclairés-de-comics » et pour un rédacteur qui donne l’impression d’être méchamment amer et dont la contribution ne laissera pas plus de trace que celle d’une flaque de vomi sur le bitume.

    • Eddy Vanleffe  

      C’est le jeu de la rubrique « BULLSHIT DETECTOR » Chaque journal possède sa rubrique « humeur ».
      Le rédacteur se laisse aller à ses « instincts ». Le film possède je pense plusieurs entrées sur le blog plus argumentées.
      Pour le point de vue adopté, s’il peut paraître élitiste, il contre balance simplement la horde de commentaires lus ailleurs louant un objet filmique sans aborder le moins du monde le fait que c’est censé adapter un comics de plus de 70 ans.
      C’est difficile de savoir exactement quoi écrire et comment le faire quand on a l’impression que l’ampleur d’un phénomène semble être immérité.
      J’ai eu la même sensation sur THOR RAGNAROK, un film que trouvé stupide à un point rarement atteint dans ma vie de cinéphile mais qui jouit d’une bonne réputation publique et critique.
      Enfin dans votre conclusion vous répondez par une surenchère de fiel et on a rarement vu la diarrhée nettoyer le vomi.
      cordialement

    • Fletcher Arrowsmith  

      De mon côté, j’attends quand même avec impatience la version courte : Jean VS Kevin par Snyder.

      En tout cas les « Jean-cinéphiles-amateurs-éclairés-de-comics » ont autant le droit à s’exprimer que les Kevin sur ce blog. Et cela c’est bien cool.

  • SonOfRay  

    Je n’avais vu aucun film du DCU jusqu’à dernièrement. Apprenant cette année que Ben Affleck y jouait Batman, j’ai voulu les regarder (j’ai été enlevé par des aliens, sans sonde à la Cartman, pendant plusieurs années, je ne connaissais donc pas ce rôle de Ben). J’ai été ravie de voir Ben être très beau déguisé en Bruce/Batman ; c’est mon seul point positif du DCU. Je donne un seul exemple de ma déception de chaque film : je suis incapable de me souvenir de ce qui se passe dans BvS l’aube de la justice ; pourtant j’ai une très bonne mémoire. Finalement ce n’est pas plus mal, que j’oublie tout ça.

  • Eddy Vanleffe  

    Je viens de commencer à regarder REBEL MOON…
    j’ai du mal à être enthousiaste devant ces « sept mercenaires au pays de la guerre de des étoiles »
    c’est pas si beau que ça en terme graphique ( à part le plan de planète comme si c’était un tableau flamand^^)
    Il y a ce genre bizarrerie de voir des gens habillés comme mon tonton du Pas de calais alors qu’on est sur une planète totalement exotique.
    Peu d’aliens exotiques, des méchants habillés en surplus militaires du 3e reich ( la production design est pas ouf!)
    Une histoire déjà tellement remakée qu’elle pourrait générer son propre TOP 10…
    les rebondissements sont très prévisibles
    Après c’est pas désagréable, ça se regarde bien, c’est sérieux, l’ambiance est pas mal…
    Mais bon, c’est quand même très loin derrière son modèle et je pense à SPACE SWEEPERS, un space opera coréen largement plus original,

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