DON’T FUCK WITH THE CHUCK !

Encylopegeek : Chucky et ses 6 épisodes

6 AUTEUR :PATRICK FAIVRE

Première publication le 28/10/15- Mise à jour le 02/11/18

Wanna play ?  © United artists.  Source : Earofnewt   https://earofnewt.com/2014/01/28/horror-review-childs-play-2/

Wanna play ?
© United artists.
Source : Earofnewt 

Je vous imagine déjà vous gausser fiévreusement :  Mais quelle idée farfelue d’écrire sur Chucky ! A quoi bon déterrer cette vieille franchise 80’s ringarde et tombée en désuétude depuis belle lurette ?  Riez riez mais sachez que vous commettez une terrible injustice envers ce personnage aussi original que créatif !

Bien avant les Annabelle ou autres Puppets master le réalisateur Tom Holland (déjà auteur de Vampire vous avez-dit vampire ?) a l’idée d’utiliser un jouet enfantin pour en faire un instrument de torture et de peur. Une sorte de Pinocchio génocidaire. Marchant en cela sur les traces de Stephen King lui-même qui incarna son croquemitaine le plus célèbre sous les traits à priori rassurant d’un clown dans son roman It.

Ce qui différencie avant tout Chucky de ses collègues tueurs en série et autres slasher des années 80 est l’utilisation systématique de la dérision ! Une grande première pour ce genre car s’il y a parfois une part de second degré dans les Vendredi 13 ou Halloween il est toujours involontaire !

Sous l’apparence d’une comédie délirante, sanguinaire et débridée se cache aussi une critique de l’industrie du jouet, prenant délibérément le contrepied de leur image kitch et niaise. Du reste la tenue de Chucky (les poupées Good guy – Tu parles d’un nom !) ressemble trait pour trait aux poupées My buddy de la marque Hasbro.

L’affiche originale qui ne révèle pas l’identité du tueur

L’affiche originale qui ne révèle pas l’identité du tueur © United artists. Source : Imdb 

JEU D’ENFANT (Child’s play) 1988 de Tim Holland

Tout commence à Chicago un soir de 1988, un certain Charles Lee Ray (ce nom est la contraction de célèbres criminels : Charles Manson, Lee Harvey Oswald et James Earl Ray) aussi connu sous le nom de L’étrangleur de Lakeshore, est poursuivi par la Police.
Abandonné par son complice, Eddie Caputo, il trouve refuge dans un magasin de jouets. Le détective Mike Norris parvient à blesser mortellement le fugitif. Cependant avant de mourir Charles Lee Ray a le temps d’effectuer un rituel Vaudou et de transférer son âme dans une poupée Brave Gars ! (Good Guy en VO)
Le lendemain Andy Barclay fête ses 6 ans, pour son anniversaire. Il n’a qu’un rêve recevoir une de ces fameuses poupées à salopette ! Sa mère qui l’élève seule n’a hélas pas les moyens d’acheter ce couteux jouet. Miraculeusement une sorte de SDF vaguement inquiétant lui en propose une a des prix défiants toute concurrence !
Je vous laisse deviner par vous-même de quelle poupée il s’agit…

C’est le début de la quête meurtrière de Chucky qui souhaite se réincarner dans un corps humain, tout en se vengeant à la fois du policier qui l’a tué et de son ancien associé qui l’a trahi. L’emprisonnant dans une poupée le sortilège invoqué n’offre qu’une seule porte de sortie à Charles Lee Ray : S’incarner dans le corps de la première personne à qui il révèlera son secret ! En l’occurrence le pauvre Andy. La partie de chat mortel s’étalera sur les 3 premiers films !

Il est à noter que si l’incantation vaudou prononcée par Chucky pour transférer son âme est fictive, elle invoque cependant une réelle divinité Vaudou : Damballa (ou Damballah Wedo), l’esprit de la connaissance. Le sortilège en question est un amusant mélange de Français et d’Anglais.

Disons-le, le film a un peu vieilli et les effets sont assez minimalistes du fait d’un budget restreint… Si ce n’était pour son thème très original le film n’aurait rien qui le distinguerait vraiment des autres slashers de cette époque.
Il ne se passe rien pendant les quarante premières minutes qui sont surtout suggestives. Du reste il est à noter que l’affiche originale ne précise aucunement que le tueur est une poupée, le réalisateur jouera donc avec l’incertitude sur l’auteur des premiers crimes… Et si Andy, l’enfant de 6 ans, était un psychopathe en puissance ? Bien évidemment en abordant l’œuvre rétrospectivement on sait bien qu’il n’en est rien…

La réalisation, quoi que datée, est efficace. Le suspense est saupoudré d’horreur et d’humour noir. Bref le film dispose de l’ambiance et du charme des films de genre des années 80, sympathique et efficace, mais rien de génial.

Alors qu’est ce qui a fait que Jeu d’enfant a marqué durablement les esprits (et engendré 5 séquelles) ? Deux personnes peuvent expliquer ce phénomène :
-Don Mancini tout d’abord est le co-créateur et co-scénariste de tous les films du poupon serial killer ! Il réalisera même deux des 6 films ! Sa présence a permis de créer une véritable cohérence et une légitimité à cette franchise.
-L’acteur Brad Dourif ensuite. C’est lui qui prête sa voix à Chucky ! Cet acteur, pourtant excellent, a hélas souvent été cantonné dans des seconds rôles. Parmi les plus connus on compte son interprétation de Billy Bibit dans Vol au-dessus d’un nid de coucou ainsi que celui du scientifique fou dans Alien 4
En tant qu’acteur son rôle se limitera physiquement aux 10 premières minutes du film, le temps pour son personnage de se faire tuer. Pour des raisons techniques sa voix sera enregistrée avant même le tournage du film, pour synchroniser les mouvements de lèvres de la poupée avec le texte lu par Dourif. Son travail de doublage sera impressionnant donnant réellement vie au personnage (bien mieux que les effets kitchs) criant du Fuck à tout bout de champ, jurant comme un charretier et distribuant autant de doigts d’honneur que de coup de couteau ! Hardcore, effrayant et charismatique !

Coupez ! © Universal picutres.  Source : Amazon https://www.amazon.com/Childs-play-Movie-Poster-x36/dp/B00KSGOIZ4

Coupez !
© Universal picutres.
Source : Amazon

CHUCKY, LA POUPEE DE SANG (Child’s play 2) 1990 de John Lafia

Deux ans se sont écoulés depuis la fin du précédent film. La mère d’Andy, traumatisée par la poupée tueuse, a fini dans une institution psychiatrique (et disparaitra d’ailleurs purement et simplement de la franchise) son garçon quant à lui est placé dans une famille d’accueil, les Simpsons (On ne rigole pas s’il vous plait).

La compagnie qui commercialise la poupée Chucky subit encore les contrecoups de la publicité négative générée par les meurtres de l’épisode précédent… Pour se dédouaner de sa responsabilité et pour prouver que cette histoire de poupon homicidaire est une affabulation, le PDG demande à ce que le Chucky original soit reconstruit (Il a fini carbonisé et truffé de plomb dans l’épisode précédent). Mauvaise idée puisque la mort d’un technicien lors du montage de la poupée ramènera Chucky à la vie !
Et c’est reparti mon kiki, la poupée reprend ses bonnes habitudes de meurtre à gogo ! Pis encore, elle décide de retrouver l’infortuné Andy pour transférer son âme dans son corps !

Sans doute pour signifier la filiation avec le premier film, cette séquelle troquera son titre initial contre un prosaïque  Chucky 2  lors de sa sortie en DVD. Wes Craven est un temps pressenti pour réaliser le film, mais ce sera finalement à John Lafia (un des trois scénaristes du premier opus) qu’incombera cette tâche. Sans révolutionner les fondations du premier, Lafia réalisera un film plus sombre et nettement plus gore ! Les présentations avec Chucky étant faites dans le 1er film, fini la parlotte et place aux choses sérieuses ! Cette nouvelle mouture surpassera allégrement la précédente. Le réalisateur opte désormais pour ce qui fera le succès de la franchise : la parodie et le gore !

Le premier film tentait malgré tout de conserver un aspect réaliste (au sens large du terme – On se comprend hein…) puisque Chucky se comportait encore comme un adulte coincé dans un corps de poupée. Plus rien de cela ici, désormais Charles Lee Ray sera une sorte de Gremlins déjanté, grossier et sadique. Si son objectif premier reste bel et bien de se réincarner dans l’enfant, on sent bien qu’il apprécie le tour que prennent les choses, son aspect de poupée lui permettant d’enchainer les meurtres en toute impunité !

Sorte de série B triviale, le film devient un best of sanguinolent où l’on s’amuse autant que Chucky des blagues mortelles qu’il réserve au monde des adultes ! La série se révèle enfin pour ce qu’elle est : Une comédie horrifique ni plus ni moins.
Les meilleurs moments du film sont précisément ceux ou ces deux aspects, à priori antagonistes, fusionnent et l’on ne sait plus très bien si l’on doit rire ou trembler… Du grand art !

CHUCKY 3 (Child’s play 3) 1991 de Jack Bender

Don Mancini qui a déjà scénarisé les 2 précédents opus s’est vu demander une nouvelle histoire de Chucky avant même la fin du film précédent ! C’est la raison pour laquelle seulement 9 mois séparent les deux films ! Ce délai très court explique sans doute le naufrage de ce film réalisé dans la précipitation et sans aucun recul…

L’usine où est mort Chucky (8 ans plus tôt) a fait faillite et est restée à l’abandon. Un beau jour la compagnie décide de redémarrer la fabrication des Brave Gars.
Tandis que les restes de Chucky sont évacués de l’usine de production (dans le film précédent il a été dans l’ordre : coupé en morceaux, fondu, puis explosé) son corps encore ensanglanté passe au-dessus de la cuve de plastique, quelques gouttes de sang tombent dans le réservoir… Il n’en faut pas plus pour que la première poupée fabriquée se retrouve avec l’âme de Charles Lee Ray ! (Ne me demandez pas, le film n’est pas à une absurdité prêt).
Le prototype du jouet est remis au PDG de la société qui, comme il se doit, sera la première victime de la poupée infernale ! Utilisant l’ordinateur du défunt chef d’entreprise, Chucky trouvera l’adresse d’Andy Barclay… Celui-ci est devenu un adolescent (comme le temps passe !). N’ayant pas de famille d’accueil il se retrouve dans une école militaire. Qu’à cela ne tienne, Chucky ne va pas laisser des mecs en uniforme se mettre entre lui et sa prochaine incarnation…

L’acteur qui interprète Andy, Justin Whalin (le futur Jimmy Olsen dans la série Loïs et Clark) est d’une fadeur effrayante et son personnage manque totalement de relief. La vraie vedette du film est clairement Chucky, les acteurs étant au mieux des figurants ne servant qu’à mettre en valeur les cabotinages du poupon rouquemoute ! Et pour le coup le réalisateur enfonce le clou du film précédent, Chucky est plus cool que jamais, enchaînant les répliques cultes entre chacun de ses homicides…

En pilotage automatique les meurtres s’enchainent sans soulever beaucoup de frayeur ni d’intérêt de la part du public… Le film manque cruellement de rythme et on s’ennuie un peu pendant ce long métrage d’une platitude consternante. Quoi qu’il en soit même si les blagues politiquement incorrectes de Chucky font toujours mouche, le film flirte dangereusement avec le navet et le scénario est manifestement aux abonnés absents. Le concept est clairement dans l’impasse. Il est temps de revoir sa copie et de faire le grand ménage…

Chuck is back and he’s not alone !   © Universal picutres.  Source : Imdb  https://www.imdb.com/title/tt0144120/

Chuck is back and he’s not alone !
© Universal picutres.
Source : Imdb 

LA FIANCEE DE CHUCKY (Bride of chucky) 1998 de Ronny Yu

C’est sans doute à Wes Craven que l’on doit (indirectement) le retour de la poupée tueuse ! En effet en 1996 sort son fameux Scream où le maitre de l’horreur redéfinissait les règles du genre en les inscrivant dans un contexte plus réaliste, plus actuel et surtout plus cynique.

Ce nouveau dogme n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd puisque David Krishner, le producteur de la saga Chucky, a l’idée d’actualiser son personnage pour l’adapter à cette fin de 20eme siècle.
Pour se faire il pensera les choses en grand ! Pour commencer il embauche le réalisateur Hong-Kongais Ronny Yu qui entame sa carrière Américaine avec le vent en poupe. Ensuite il fait abstraction d’Andy Barclay (les mésaventures du gamin devenaient clairement redondantes) et il incorpore un nouveau personnage incarné par la voluptueuse Jennifer Tilly ! (Préalablement vu dans le Bound des frères Wachowski).

Lorsque l’histoire commence Tiffany l’ancienne maîtresse et complice de Charles Lee Ray, récupère les restes de Chucky en soudoyant puis égorgeant le policier chargé de conserver sa dépouille.
Dans le précédent opus la poupée a été broyée dans un ventilateur géant. Tiffany s’attèle donc à l’épineuse tache de reconstituer Chucky ! Le résultat approximatif laissera la poupée avec le visage largement balafré lui donnant un air plus effrayant. Il conservera ce look pour les 2 films à venir…

Aidé du manuel Le Vaudou pour les Nuls ( ! ) et des quelques notions que Charles Lee Ray lui avait enseigné avant sa mort, dix ans auparavant, Tiffany ramènera Chucky à la vie !
Fort peu reconnaissant envers sa bienfaitrice celui-ci lui la tuera et transférera son âme dans une poupée féminine ! (On a beau être un serial killer vaudou, on en est pas moins homme). Nous voilà donc avec deux poupées meurtrières au lieu de d’une !
Le but du couple en plastique consistera à trouver deux nouveaux corps pour s’incarner ! Pour se faire ils doivent récupérer l’amulette avec laquelle Charles Lee Ray a été enterré… C’est le début d’un roadtrip meurtrier à travers les Etats-Unis pour ces Bonnie & Clyde version poupée !

A compter de ce volet la série s’orientera plus nettement encore vers la comédie plutôt que l’horreur. Le film au rythme très soutenu, aura un humour corrosif et décalé tournant en dérision les relations de couple. Détournant les codes de la comédie romantiques, nos anti-héros s’amusent à manipuler le couple d’amoureux sensé les conduire sur la tombe de Charles Lee Ray. Les love stories prennent du plomb dans l’aile sous les commentaires acerbes des amants de plastique.

Sous influence du chef d’œuvre d’Universal La fiancée de Frankenstein (que Tiffany est d’ailleurs en train de regarder avant de mourir électrocutée dans son bain,) la deuxième poupée volera presque la vedette à son compagnon masculin. Humour noir, meurtres originaux et hémoglobine forment le cocktail parfaitement efficace du film ! Toujours plus drôle, toujours plus trash, le film allie les fulgurances visuelles et les effets spéciaux particulièrement réussis. Les poupées se meuvent avec grâce et fluidité.

Une nouvelle fois au scénario Don Mancini s’en donne à cœur joie avec cette histoire drôle et haletante. Il s’amusera à parsemer le film de référence à ses prestigieux ainés du genre horrifique. Les références explicites à Massacre à la tronçonneuse, Hellraiser, Freddy et autres Evil dead sont légions ! Un régal pour les fans. Ronny Yu manifestement très à l’aise avec les comédies horrifiques remettra le couvert quatre ans plus tard avec le pourtant moins réussi Freddy contre Jason.

 La chapelle Sixtine revue et corrigée par Chucky !  © Rogue picutres.  Source : Amazon. https://www.amazon.co.uk/Childs-Play-Chucky-Poster-Movie/dp/B000JW4GPO

La chapelle Sixtine revue et corrigée par Chucky !
© Rogue picutres.
Source : Amazon. 

LE FILS DE CHUCKY (Seed of Chucky) 2004 de Don Mancini

Après la fiancée, la famille psychopathe de plastique s’agrandit avec l’arrivé d’un fils ! Ce dernier est apparu à la fin du film précédent, alors que sa mère Tiffany est morte dans l’accouchement et que son père a fini explosé à coup de magnum 44. Six ans plus tard le rejeton infernal a trouvé refuge auprès d’un ventriloque violent qui le maltraite. Contrairement à ce qu’on imagine, le gamin n’a pas hérité des habitudes génocidaires de son père ! Il est rongé de questions existentielles et a une sensibilité à fleur de plastique !

C’est en voyant un reportage sur le tournage d’un film consacré à la poupée de sang qu’il croit reconnaitre son père et sa mère. Il décidera donc de fuguer, destination Hollywood, pour retrouver et accessoirement ramener à la vie ses parents grâce au médaillon Vaudou de Damballa !

Les mannequins qui interprètent les assassins de plastique sur le tournage du film prennent vie et deviennent réellement Chucky et Tiffany ! Une jolie mise en abyme qui n’est pas sans évoquer le Freddy sort de la nuit de Wes Craven. Du reste les points communs avec la saga d’Elm Street ne s’arrêtent pas là, puisque là aussi, un tueur sanguinaire est présenté comme une quasi rock-star sympathique et cool. Une approche très déroutante et ambiguë. Don Mancini jusqu’ici seulement scénariste de la série devient en plus réalisateur. Le film s’inscrit dans la suite parfaitement logique du précédent, utilisant les mêmes recettes que son prédécesseur (la surprise en moins cependant).

Après les rapports de couple, cet opus s’attaquera d’une part aux rapports filiaux (il faut tuer le père c’est bien connu – ici au sens premier du terme) et d’autre part au petit monde d’Hollywood. En effet Tiffany veut absolument s’approprier le corps de l’actrice Jeniffer Tilly qui l’avait incarné dans le film précédent ! (Dans ce film Miss Tilly jouera son propre rôle, tout en donnant sa voix à la poupée Tiffany ! Elle est partout !).

Encore une fois ultra référencé, les clins d’œil fusent de tous les côtés, à commencer par le nom du fils asexué de Chucky, Glen pour son père et Glenda pour sa mère, allusion à Glen or Glenda le film d’Ed Wood. Shining ou Psychose seront eux aussi cités dans le film. A noter que le doublage de Glen sera assuré par Billy Boyd, plus connu pour son rôle de Peregrin Touque dans Le seigneur des anneaux.

Toujours aussi réjouissant et festif, on peut cependant reprocher à Don Mancini de surtout chercher à enchainer les sketchs plutôt que de donner une cohérence globale à son film. Le film s’en retrouve un peu décousu, noyé sous les scènes parfois superflues uniquement motivées par la provocation. Chucky lui-même renonçant à sa quête de redevenir humain, assumant pleinement sa condition de poupée, le film en perd en tension et ne tend finalement vers rien, si ce n’est le simple plaisir d’enchainer les scènes d’anthologies…

Néanmoins ne boudons pas notre plaisir on retrouve avec plaisir ces poupées meurtrières (qui notons-le, n’ont pas cédées à la facilité de la technologie numérique). Un franc délire clairement assumé dont il serait dommage de se priver.

LA MALEDICTION DE CHUCKY (Curse of Chucky) 2013 de Don Mancini

Double surprise pour ce film, d’une part il s’agit d’un DTV (Direct to video) puisqu’il n’a pas bénéficié d’une sortie cinéma ! (Les producteurs estimant sans doute que la franchise n’était plus assez rentable pour être exploitée en salle). Deuxième surprise, alors que l’on avait annoncé un reboot (comme en avait bénéficié Vendredi 13 ou Halloween quelques années auparavant) il s’agit surtout un projet hybride ne choisissant pas clairement entre remake et continuité !

Nica Pierce une jeune paraplégique vit avec sa mère dans une grande demeure isolée. A leur grande surprise la poupée Chucky leur est livrée. Peu de temps après la mère est retrouvée morte suite à ce que la police considérera comme un suicide étrange… C’est bien là où le bât blesse, alors que l’on a déjà vu 5 films où le poupon rouquin massacrait les gens à tours de bras, on ne comprend donc pas que le réalisateur souhaite entretenir le suspense sur l’auteur des crimes pendant plus de quarante minutes ! Rien de bien nouveau, le premier volume marchait déjà exactement sur le même principe.

Des flashbacks ultérieurs nous apprendront que, oui, le film fait bien parti de la continuité. Des références sont en effet faites aux opus précédents, rendant la démarche bancale dès le départ. D’autant plus qu’aux dernières nouvelles Chucky était mort découpé en petits morceaux par son propre fils ! Ici l’impasse totale est faite sur ce point. Au niveau atmosphère finies les blagues des deux précédents films, on n’est pas là pour rigoler, Charles Lee Ray redevient l’être cruel et sadique des débuts ! Les meurtres créativement vicieux s’enchainent, pour le plus grand plaisir des fans.

Tous les éléments du huis-clos eighties sont réunis, le manoir gothique, l’ascenseur capricieux qui tombe en panne au mauvais moment, une handicapée en fauteuil roulant… Trente ans plus tard on est surpris de revoir les mêmes recettes, mais force est de constater qu’elles fonctionnent encore. Détail amusant, le rôle principal, Nica la jeune handicapée, est tenu par Fiona Dourif, la fille de l’acteur interprétant Chucky ! Le serial killer vaudou devient une affaire de famille !

Le film dispose d’une double fin parfaitement contradictoire et incohérente qui achève de nous laisser perplexe. Alors certes les deux caméos successifs de Jeniffer Tilly et d’Alex Vincent (le petit garçon qui incarnait Andy Barclays dans l’original) sont réjouissants mais contredisent tout le film ! Et si cet opus était le film de trop ? Quoi qu’il en soit le réalisateur ne compte pas en rester là puisqu’on annonce qu’un Chucky 7 serait en cours de tournage ! Espérons que ce retour permettra de faire oublier le dernier épisode en demi-teinte…

A suivre !

Enough said !   © Universal Pictures.  Source : Giphy. https://giphy.com/gifs/childs-play-gCITX4FZQ4O1W

Enough said !
© Universal Pictures.
Source : Giphy

21 comments

  • JP Nguyen  

    Comme pour Freddy, voilà un passage en revue limpide de la franchise… Mais bon, ça ne me fera pas franchir le pas et mes contacts avec ce genre de film vont restés limités au sketch des Inconnus : « Poupées Klaus Barbie »…

  • yuandazhukun  

    Quel plaisir de lire cet article, un grand merci Patrick ! Je suis un fan de cette franchise car j’ai évolué en même temps qu’elle et qu’Andy ( comme avec Clerks de Kevin Smith d’ailleurs)…ton analyse de tous les films permet d’avoir une vue d’ensemble et de retranscrire l’évolution cohérente des films que ce soit par rapport à notre époque ou aux persos…Même si je ne suis pas d’accord concernant le 3eme film qui je trouve est une belle continuité entre le 2 et le 4, scènes de meurtres avec beaucoup d’humour, et la présence constante de Chucky est un délice ! Alors que le fils de Chucky m’avait déçu, comme tu le dis on se retrouve un peu paumé durant le film…Je n’ai pas vu le dernier mais je rattraperai cela ! Bref merci pour ta belle analyse sur ces films souvent pas appréciés à leur juste valeur !

  • Bruce lit  

    Je n’en ai vu aucun…En fait, j’ai toujours pensé que Chucky rimait avec conneries…Ce que tu décris me semble finalement assez proche de l’humour grinçant façon Gremlins, peut être me laisserai je tenter qui sait.
    Jennifer Tilly : elle a prix cher la pauvre. Je crois qu’elle avait une soeur Meg Tilly…
    Le premier scan (« Wanna play »): la position et le visage de Chucky m’évoque le gros plan d’Alex ouvrant Orange Mécanique.
    Sur le style de tes articles, c’est en tout cas toujours un plaisir de lire ces déroulés fluides et humoristiques. On peut notamment percevoir depuis que tu écris pour le blog cette tendance Top 5 à faire des articles à thèmes et numéros 😉

    • Jyrille  

      Et bien tout pareil que Bruce. Vraiment ! Pas envie de m’y mettre mais lire cet article fait du bien, merci !

  • Patrick 6  

    @ JP : Tu ne crois pas si bien dire car je suis venu à Chucky un peu grâce au fameux sketch des Inconnus ! Du reste Ils ne se sont pas cassé la tête vu qu’ils ont repris une scène du film « Dolls » (1987 – « Les poupées » en VF) et se sont contentés de rajouter leur slogan à la fin.

    @ yuandazhukun : Clerks ! Un film cultissime qui mériterait bien un article ! Même si je dois dire que j’ai eu un peu de mal avec sa suite tardive…
    Bon pour le 3eme opus de Chucky je suis un peu sévère car les scènes avec le poupon rouquemoute (toujours aussi drôles et trash) sauvent le film du désastre, mais j’ai quand même était très déçu par le film… (mais bon ça n’engage que moi)
    « Don’t fuck with the chuck » vient du 3 ceci dit.
    En tous cas merci pour tes compliments !

    @ Bruce : Même entre le 3 et le 4 Jennifer Tilly a sévèrement morflé ! Je la croyais enceinte pour le 4… mais non :)) Oups ! Mais bon elle reste charmante et comme dirait Souchon : « J’veux du cuir… »

    Oui pas faux le premier scan évoque en effet Orange mécanique et comme les références cinématographiques pleuvent comme à Gravelotte je ne serais pas surpris que ce soit volontaire !

    Pour le Top 5 comme tu l’as compris je suis un grand malade :)) et attends que je fasse un article sur les 10 films Star trek à la suite !! (ça va être horrible :))

  • Marti  

    J’ai découvert la saga étant ado avec La fiancé de Chucky qui était alors un très bon point d’entrée, ne nécessitant aucune connaissance préalable de la continuité et étant alors encore dans l’air du temps (j’ai dû le voir vers 2004) contrairement au trois premiers qui étaient déjà alors « datés » (je les ai découvert ensuite) quoique sympathiques pour les deux premiers tandis que le troisième me semblait être une « suite de trop ». Seed of Chucky m’a par contre beaucoup déçu, il sentait bon la tentative de répéter la recette du précédent en forçant sur la comédié gore. Toujours pas vu le dernier en date, mais ils serait dommage de ne pas voir l’ensemble de la saga !

    Le troisième Clerks sort l’an prochain ! Et Mallrats 2 devrait suivre !

  • Tornado  

    Je n’en ai vu aucun !
    Le problème avec ces franchises horrifiques (Vendredi 13, Freddy, etc.), c’est que l’on a l’impression que le sujet se dilue au fur et à mesure.
    Mais tout ça m’a sérieusement donné envie de voir ces films, en fait !
    Merci Patrick, pour ce chouette article. Et j’ai envie de dire que tu t’améliores vachement d’article en article. C’est vraiment très bon ! Rules !

    • Bruce lit  

      Non seulement il s’améliore, mais il est déchaîné !!! En gestation d’autres OrFaivres (bon là, je suis fier de moi !) : la saga PIF Gadget et Photonik !
      On peut aussi imaginer un crossover Patrick-Tornado sur des séries B/horreurs…ou….Phantom of The Paradise ?

  • Présence  

    Passionnant de bout en bout, merci de faire ma culture sur les films d’horreur, d’aussi agréable manière.

    J’ai beaucoup aimé l’origine du no Charles Lee Ray.
    Le mariage de l’horreur et de la dérision : Garth Ennis est pas mal dans le genre.

  • Patrick 6  

    @ Marti : A ton instar j’ai aussi commencé par la fiancé de Chucky c’est sans doute la raison pour laquelle j’ai une tendresse toute particulière pour celui-ci 😉
    Mince Clerks 3 va sortir ! Est-ce vraiment une bonne idée ? Ils vont encore faire une chorégraphie sur Jackson 5 pendant cinq minutes ? 😉

    @ Tornado : Waow ! et bien merci beaucoup ! (Comme d’habitude je te ferais un petit cheque)
    Si je m’améliore au fur et à mesure c’est que ma marge de progression était très forte au départ 😉
    A noter que si la théorie de la progression est exacte le prochain article devrait être moins bon puisqu’écrit avant ! Bruce ne les publiant pas dans l’odre ! Bigre !

    @ Bruce : Je vois que le calembour est un art où tu excelles…
    Un crossover why not, mais pas sur Phantom of the paradise car pour le coup je trouve que le film a fort mal vieilli !

    • Tornado  

      Oups ! J’ai dû être maladroit car je ne voulais pas dire que les premiers articles étaient mauvais. Mais juste qu’ils sont de mieux en mieux, tout simplement ! 😀
      Si crossovers il doit y avoir, c’est vrai que Phantom of Paradise est en gestation du côté de chez moi (et je le trouve encore très bon pour l’avoir revu le mois dernier !). J’envisage aussi un tour d’horizon des monstres de la Universal. Un gros dossier, si j’ose dire…
      Si Patrick (ou quelqu’un d’autre) veut se lancer dans un spécial « John Carpenter », je veux bien crossovoriser aussi, car je trouve la moitié de ses films pas terribles (alors que les fans trouvent qu’il n’a jamais rien fait de mauvais !), ce qui pourrait donner un pour/contre assez intéressant.

      Et pour le reste je suis relativement ouvert aux suggestions diverses.
      Par contre, maintenant que j’y pense, je me mets à fantasmer sur un crossover Bruce/Patrick à propos des films de zombies. genre « ce que j’aime/J’aime pas… et toi? » ça serait grandiose !
      Et en plus vous avez que ça à foutre sur Paris ! 😉

      • Jyrille  

        Je pose une option sur Carpenter ! Je suis fan mais je ne les ai pas tous vus, et pour la plupart, ça fait une paie…

  • Lone Sloane  

    Une chronique en forme de poupée gigogne meurtrière. Merci de m’avoir rappelé au plantureux souvenir de Jennifer Tilly et sa voix inoubliable. Le seul souvenir, mais il est plaisant, que je garde de cette série c’est effectivement La fiancée de Chucky. Entre Michael Ironside et Brad Dourif, cette semaine met à l’honneur des gueules inoubliables des films de série B voir Z made in USA, même si Dourif a composé un mémorable Wormtongue dans Les deux tours de Peter Jackson.
    Et puis, pour rendre l’hommage qu’il mérite à ton titre fracassant, il faut bien une des répliques cultes d’un autre Chuck qu’il faut pas chatouiller: https://www.youtube.com/watch?v=5Yj8YF-aa5A

    • Marti  

      Sans doute le meilleur passage de cet excellent court-métrage Derrick contre Superman (https://www.youtube.com/watch?v=n8Lz62t7bKs), réalisé si je dis pas de bêtises par la même équipe derrière Le grand détournement. Finalement cette vidéo a vu juste quant au passé controversé de Horst Tappert, l’interprète de l’inspecteur Derrick qui nous a quitté en 2008 : alors qu’il avait toujours déclaré avoir été ambulancier dans la Wehrmacht, des documents rendus publics en 2013 ont révélé qu’il avait servi dans la Waffen-SS…

      Si vous avez le temps, je vous conseille d’écouter le quizz spécial Halloween que nous avons enregistré vendredi soir sur Comixity (enfin, quand il sera prochainement disponible à l’écoute et au téléchargement, il est en cours de montage là), il y a un petit clin d’oeil de ma part à cet article !

  • PierreN  

    Hellraiser : check
    Freddy : check
    Chucky : check
    Vendredi 13 : check
    Manque plus qu’Halloween, et le blog (surtout Patrick en fait) aura à peu près fait le tour des très longues franchises horrifiques des 80’s…

  • Matt  

    Encore une franchise chroniquée par Patrick et que je n’aime pas^^
    Ce genre de trucs ça marcherait bien dans les contes de la crypte avec une dose d’humour noir et de délire. Mais 1h30 de film avec une poupée tueuse qui balance des jurons…je peux pas.
    Mais je crois que, comme pour Vendredi 13, ceux qui trouvent grâce à mes yeux sont les plus couillons justement parce qu’ils se prennent moins au sérieux. La fiancée de Chucky notamment.

  • Patrick 6  

    @ Pierre : Ahah oui j’ai un peu l’impression de m’être spécialisé dans les franchises horrifiques 80’s ^^ (Hellraiser c’est Bruce qui en avait dit le plus grand. Il n’avait qu’à moitié tort)
    Halloween j’y ai pensé, mais (re)taper l’intégrale de Micheal Myers, je suis un peu refroidi par cette idée ! Mais qui sait…. ^^

    @ Matt : Tiens pour une fois on est d’accord ! La fiancée de Chucky est en effet le meilleur du lot (et de loin) pour les raisons que tu évoques.
    (comme quoi tout arrive ^^)

    • PierreN  

      « mais (re)taper l’intégrale de Micheal Myers, je suis un peu refroidi par cette idée ! »

      Ouais faut du courage (ou être mazo) pour subir une seconde fois le long passage à vide de la série (du 4ème film jusqu’au 8ème dans mon souvenir).

      • Matt  

        Et les reboot de ROb Zombie aussi.
        Et le dernier reboot de cette année.
        ça en fait beaucoup.

        Je n’ai vu que le premier film de Carpenter, et le reboot de Rob zombie. En fait…non, j’ai vu « 20 ans après » aussi, et c’était naze.
        Mais déjà de base le premier film je n’en suis pas fan (eh non, ça non plus. En fait les slasher « basiques » de tueur invincible, je crois que c’est pas mon délire)
        Le remake de Zombie…il faisait à la fois des choses différentes dans la première partie du film en expliquant tout le passé de Myers (ce qui peut déplaire, mais d’un autre côté moi je suis pour qu’un remake fasse les choses différemment sinon ça n’a pas d’intérêt)
        Mais d’un autre côté ZOmbie n’est pas subtil du tout, et la 2eme partie du film est une reprise très similaire du premier film mais en accéléré.
        Au final bof quoi.

        • PierreN  

          Par contre Zombie s’est totalement réapproprié la franchise avec le second volet de son remake/reboot.

        • Matt  

          Pour le meilleur ou pour le pire ?^^
          J’ai pas vu le 2eme.

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