BAKER STREET COALS

1800 : SHERLOCK HOLMES, par Sylvain Cordurié et divers artistes

Par TORNADO

VF : Soleil

Cet article portera sur la série SHERLOCK HOLMES de la collection 1800 de l’éditeur Soleil.
Cette série, dirigée par Jean-Luc Istin, regroupe à ce jour dix-huit albums et elle est découpée en plusieurs aventures distinctes, elles-mêmes sectionnées en deux tomes, ou plus.

Voici la liste de ces albums :

  1. SHERLOCK HOLMES ET LES VAMPIRES DE LONDRES, tome 1 & 2
  2. SHERLOCK HOLMES ET LE NÉCRONOMICON, tome 1 & 2
  3. LA MANDRAGORE, tome 1 & 2
  4. SHERLOCK HOLMES : CRIME ALLEYS, tome 1 & 2
  5. SHERLOCK HOLMES : LES CHRONIQUES DE MORIARTY, tome 1 & 2
  6. SHERLOCK HOLMES ET LES VOYAGEURS DU TEMPS, tome 1 & 2
  7. SHERLOCK HOLMES SOCIETY, tome 1 à 6
Repère chronologique de la série
© Soleil éditions

La collection 1800 démarre en 2010. Elle laisse divers auteurs libres de reprendre les classiques de la littérature de genre, d’aventure, de fantastique, d’horreur et de science-fiction se déroulant au XIXème siècle, et d’en proposer des relectures, le plus souvent à la sauce steampunk.

Dans ce florilège de récits flirtant avec les pulps et les Penny Dreadful, voire les séries B aux titres imagés (MISTER HYDE CONTRE FRANKENSTEIN, 20 000 SIÈCLES SOUS LES MERS, VAN HELSING CONTRE JACK L’ÉVENTREUR…), H.P. Lovecraft, Jules Verne, Robert Louis Stevenson, Edgar Alan Poe et Bram Stocker fusionnent leurs plumes, tandis que Dracula, Sherlock Holmes, Dr Jekyll/Mr Hyde, Jack l’éventreur, Dorian Gray, le capitaine Némo et le monstre de Frankenstein peuvent se rencontrer !

Au sein de ce panel plutôt excitant pour nous autres geeks, le scénariste Sylvain Cordurié va se lancer dans une suite d’albums consacrés au plus célèbre des détectives (Sherlock Holmes, donc, faut suivre…). Au départ, il y avait un seul diptyque intitulé SHERLOCK HOLMES & LES VAMPIRES DE LONDRES (car la collection 1800 propose, la plupart du temps, des récits complets découpés en deux tomes). Mais le diptyque va rencontrer beaucoup de succès, conduisant l’éditeur et le scénariste à poursuivre les aventures mettant en scène le limier de Baker Street.

Chemin faisant, Sylvain Cordurié va construire un embryon de mythologie consistant à confronter Sherlock Holmes à tout un univers SF horrifique dans lequel les vampires, les zombies, les démons et les Grands Anciens se bousculent. Les récits vont ainsi constituer une seule grande histoire, en forme de relecture du canon holmésien, qui sera surnommée le SHERLOCKVERSE.

Nous allons faire l’inventaire de cette saga dans l’ordre de sa publication initiale.

© Soleil éditions

SHERLOCK HOLMES & LES VAMPIRES DE LONDRES – 2010

Nous sommes en 1891. Sherlock Holmes est supposé être mort depuis son combat contre le professeur Moriarty dans les chutes de Reichenbach, en Suisse. En réalité, le détective a survécu mais il profite de sa situation pour se faire oublier et voyager en toute quiétude.

C’est à Paris que certaines personnes vont retrouver sa trace. Et pas n’importe quelles personnes, puisqu’il s’agit d’une communauté de vampires britanniques ! Ceux-ci, sous les ordres de leur chef, le puissant Selymes, vont effectuer un odieux chantage (menacer de tuer le Dr Watson et son épouse) afin que Holmes retrouve un certain Owen Chanes, un vampire dissident qui met leur communauté en danger car la couronne d’Angleterre, qui maitrise secrètement certaines forces occultes, menace de faire disparaitre cette gênante communauté de suceurs de sang devenue trop encombrante…

Côté décors, ça envoie du lourd !
© Soleil éditions

Les détracteurs de la série se sont mis en colère dès la parution de ce premier diptyque. En cause, deux éléments jouant, selon eux, contre le sacro-saint canon holmésien :

Pour commencer, les puristes considèrent comme une hérésie le fait d’intégrer le surnaturel pur dans l’univers de Sherlock Holmes. En effet, c’est tout le concept de la série jadis écrite par Arthur Conan Doyle d’intégrer certains éléments fantastiques pour ensuite les démonter sous le coup de la logique. Ainsi, dans les histoires de SHERLOCK HOLMES, si la dimension fantastique pointe le bout de son nez (comme dans LE CHIEN DES BASKERVILLE ou LE VAMPIRE DU SUSSEX), c’est pour mieux disparaitre au bout d’une enquête venant démontrer qu’en vérité, tout était parfaitement réel et explicable. L’idée de confronter le détective de Baker Street à de véritables vampires va donc à l’encontre du canon holmésien.

En second lieu, les pas-contents ont jugé ce récit putassier dans le sens où le héros n’y fait pas son travail de détective, se comportant comme n’importe quel personnage steampunk lambda interchangeable, l’éditeur n’utilisant le nom de Sherlock Holmes qu’à des fins bassement commerciales…

Si ces reproches paraissent fondés, il n’empêche que l’univers holmésien est tombé dans le domaine public (comme toute la littérature du XIXème siècle) et qu’à partir de là, il est tout à fait permis d’en proposer toute sorte de relecture.

Sylvain Cordurié profite ainsi de ces quatre années (Sherlock Holmes disparait quatre ans entre sa supposée mort dans les chutes de Reichenbach et son retour à Baker Street) pour plonger le personnage dans le fantastique le plus échevelé, réinventant complètement sa mythologie.

À l’arrivée, nous pénétrons dans un univers où tout devient possible, où les crossovers les plus déments sont permis, et où la science-fiction fait corps avec l’un des plus fascinants personnages de toute l’histoire de la littérature.

Côté personnages, voici la version de Sherlock Holmes la moins charismatique de toute l’histoire de l’Holmésie !
© Soleil éditions

Ce premier récit est sympathique et bien construit. En imposant de nouvelles menaces à notre détective qui, déstabilisé face à une dimension littéralement surnaturelle, est effectivement obligé de revoir ses méthodes et de lever la main sur la logique, Sylvain Cordurié justifie pleinement le changement de paradigme du canon holmésien. Mais le scénariste s’y fait la main et n’a pas encore donné la pleine mesure de tout ce qu’il va apporter à son sujet par la suite.

Le plus décevant se situe dans la partie graphique : Si le dessinateur Laci effectue un travail dément au niveau des décors (ils sont proprement hallucinants de détails et de précision), très immersifs pour le lecteur friand de cette ambiance victorienne, il tient absolument à donner à Sherlock Holmes les traits de son père (le père de Laci). Si l’idée est charmante, le résultat est plutôt pathétique puisque le héros se retrouve affublé du physique d’un Monsieur-tout-le-monde dénué du moindre charisme ! Et l’on se demande bien comment ce type vieillissant et bedonnant arrive à lutter contre toutes ces créatures démoniaques !

Et c’est reparti pour le concours du Sherlock Holmes le plus moche !
© Soleil éditions

SHERLOCK HOLMES & LE NÉCRONOMICON – 2011/2013

Un an s’est écoulé depuis les précédents événements. Sherlock Holmes profite toujours de sa mort présumée pour parcourir le monde et voyage sous une fausse identité jusqu’au pôle sud. Hélas, le professeur Moriarty a également échappé au trépas ! Holmes va devoir retourner à Londres et engager une fois encore le combat contre son pire ennemi. Il découvre alors la sinistre réalité : Moriarty a bien succombé aux chutes du Reichenbach, mais sa connaissance des forces occultes lui a permis de triompher de la mort. Il n’est toutefois pas encore complètement ressuscité. Pour cela, il doit récupérer le livre qui lui a offert la connaissance interdite : le Nécronomicon ! Et retrouver Sherlock Holmes, en qui il a transféré une partie de son âme…

Malgré un script alambiqué, cette suite est d’un meilleur niveau que le précédent diptyque (alors que les puristes l’ont encore plus détestée, mais à ce stade on peut aussi se demander pourquoi ils se la sont infligée… (*)). Le scénariste commence à maitriser son sujet et continue d’étendre sa relecture holmésienne sous le prisme du fantastique. Il n’hésite pas, ainsi, à mélanger les univers de SHERLOCK HOLMES et de Lovecraft. Le résultat est très ambitieux et le personnage de Moriarty acquiert une dimension inédite.

Cordurié crée également de nouveaux protagonistes que l’on retrouve au fur et à mesure de la série ou qui viennent s’ajouter peu à peu à sa mythologie.

Gothique !

Plus encore que le précédent diptyque, celui-ci s’enfonce joyeusement dans le récit de type série B et fusionne les genres sans complexe. Si le puriste pisse-froid fait la grimace parce que ça ne ressemble ni au vrai SHERLOCK HOLMES, ni au vrai LOVECRAFT, l’amateur de récits fantastiques et de divertissements connotés se régale comme un enfant déballant ses cadeaux de Noël (on y mélange allégrement l’esprit des pulps, le steampunk (une partie de l’intrigue se déroule dans le Cristal Palace) et l’épouvante de la Hammer).

Après tout, peu importe les choix de l’auteur si son travail est bon. Et c’est le cas ! Dommage que le héros continue de se trimballer avec la tête d’un quinquagénaire pantouflard…

(*) : Notons que la rencontre entre le détective de Baker Street et les Grands Anciens n’est pas dévolue à Sylvain Cordurié et que moult romans l’ont déjà mise en scène, notamment dans la trilogie de James Lovegrove (LES DOSSIERS CTHULHU), considéré comme le plus grand représentant actuel de fictions holmésiennes, et celle de Loïs Gresh (SHERLOCK HOLMES VS CTHULHU).

© Soleil éditions

LA MANDRAGORE – 2012/2013

Ce troisième diptyque est distinct de la série (Sherlock Holmes n’y apparait pas et il n’est fait aucune allusion aux deux récits précédents), mais partage le même univers puisque certains éléments viendront bientôt s’intégrer aux aventures du limier de Baker Street !

C’est l’histoire de Lynn Redstone, mi-humaine, mi-démone, convoitée par diverses sociétés secrètes dont l’une, les Fathers of Realms, entreprennent de créer un pont entre le plan terrestre et celui des enfers ! Magiciens, sorciers et bandits en tout genre se disputent donc le commerce avec les démons !

Quelque part entre HELLBOY et WITCHBLADE, Lynn Redstone, jeune super-héroïne ayant refusé sa condition maléfique pour combattre du bon côté, accumule les références en la matière. Cordurié ne développe cependant pas les origines de la légende de la Mandragore et laisse le lecteur se forger sa propre relation au mythe.

Baston de démons dans le Londres victorien.
© Soleil éditions

Comme les précédents, ce diptyque est très bien construit (le découpage narratif est particulièrement efficace au niveau de la gestion du temps et de l’espace) et tout à fait divertissant. Il a le mérite d’apporter un peu de variété à cet univers victorien imprégné de surnaturel et de nous faire rencontrer d’autres personnages, dont deux (Lynn Redstone & Marcellus Gunderson) reviendront plus loin dans la série.

Il reste un divertissement léger, calibré et dispensable en lui-même. Une sorte de mélange entre la fiction victorienne fantastique orientée steampunk et les comics de super-héros à tendance démoniaque… Côté graphisme, le dessinateur Marco Santucci livre un travail de qualité mais là aussi très calibré.

De la BD de genre, comme il en existe des tonnes, anecdotique si elle n’était pas reliée à la série. Son intérêt principal est justement de s’intégrer à une mythologie bien spécifique. En cela, Sylvain Cordurié prouve une fois encore son habileté.

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SHERLOCK HOLMES : CRIME ALLEYS – 2013/2014

Voici encore un diptyque à part puisqu’il nous emmène bien des années en arrière (en 1876) pour nous conter les débuts du détective et sa rencontre avec Moriarty (père & fils !). Il s’agit donc d’une origin-story prenant sa source dans le canon holmésien pour mieux nourrir le SHERLOCKVERSE.

Londres est le creuset d’une vague de kidnappings d’autant plus mystérieuse qu’il n’y a aucune demande de rançon. Le jeune colocataire de Sherlock Holmes, un violoniste surdoué, disparait à son tour. Une première enquête commence pour le futur limier de Baker Street, qui va le conduire face à une bande organisée dirigée d’une main de fer par la famille Moriarty

Serait-il possible que Sylvain Cordurié ait écouté ses détracteurs ? Effectivement, le scénariste lève le pied sur la dimension fantastique, plus diffuse que dans les précédents diptyques, et met l’accent sur les qualités de déduction hors du commun du jeune Sherlock. L’enquête se révèle passionnante et le tout est extrêmement bien construit, avec une maitrise de la tension narrative encore supérieure aux récits précédents.

Les personnages sont particulièrement bien campés et leurs relations très bien écrites. Le suspense est efficace et l‘histoire en elle-même, versée dans l’horreur, est vraiment réussie.

À gauche : les Moriarty, père & fils. À droite : le jeune Sherlock et ses coturnes.
© Soleil éditions

Côté dessin, Alessandro Nespolino emballe le tout sans grande originalité mais il nous offre enfin une illustration convaincante de Sherlock Holmes, altier et charismatique. Les planches sont découpées avec beaucoup de savoir-faire et génèrent un suspense et une tension au diapason du scénario.

Sans en faire trop et avec un joli sens de l’équilibre, Cordurié s’en sort vraiment avec les honneurs dans cette tentative d’offrir une jeunesse inédite au plus célèbre des détectives. Arrogant et sûr de lui, notre héros va rapidement essuyer une série de tragédies l’amenant à changer d’état d’esprit. À noter le titre du premier tome qui fait astucieusement écho à la nouvelle de Conan Doyle opposant pour la dernière fois Sherlock Holmes et son pire ennemi !

Au final, ce diptyque, qui peut se lire indépendamment de la série mais qui obtient une saveur supplémentaire en ayant lu les autres récits dont il annonce certains éléments, même s’il est moins versé dans le surnaturel victorien qui fait jusqu’ici le charme de la collection, est peut-être le meilleur de tous !

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SHERLOCK HOLMES : LES CHRONIQUES DE MORIARTY – 2014/2016

Encore un diptyque à part puisque Sherlock Holmes n’apparait furtivement qu’à la toute fin du récit. Ici, le professeur Moriarty est réellement le héros de l’histoire, au point que cette aventure, qui narre son retour depuis le monde parallèle des Grands Anciens et sa quête pour détruire tous les exemplaires du Nécronomicon à travers le monde, prend les atours d’une véritable quête de rédemption.

Le lecteur qui a suivi la série depuis le début (ce diptyque est la suite directe de SHERLOCK HOLMES & LE NÉCRONOMICON) remarque que Sylvain Cordurié s’est attaché au personnage de Moriarty, auquel il prête beaucoup de charisme et une force de vie hors du commun. En comparaison, sa version de Sherlock Holmes est bien plus falote, comme si ce dernier l’avait jusqu’ici trop intimidé.

Au dessin, c’est encore un italien, Andrea Fattori, qui illustre le tout de manière classique mais efficace. Comme dans l’ensemble de la série, les décors sont particulièrement soignés et plongent le lecteur dans l’ère victorienne de façon très immersive, le tout pimenté par des scènes particulièrement violentes et une dimension horrifique versant dans le gore sans le moindre complexe.

Apparemment indestructible, le professeur Moriarty trouvera-t-il la force de revenir dans notre monde depuis celui des Grands Anciens ?
© Soleil éditions

Ce diptyque est plus un bonus qu’autre chose et sert davantage à clore le récit du Nécronomicon qu’à faire avancer la série autour de Sherlock Holmes.

Une nouvelle fois, les puristes du canon holmésien (dont on se demande encore pourquoi ils continuent de venir s’infliger une série si éloignée de leurs attentes) ont fait la tronche. Il faut dire qu’ici, Cordurié embrasse le fantastique à son point le plus haut et que le récit se déroule plus dans l’univers de Lovecraft que dans celui de Conan Doyle. Et même pour un récit lovecraftien, celui-ci verse à fond dans le divertissement décomplexé et mise tout sur l’action et l’horreur, davantage que sur le mystère et le non-dit. On navigue donc dans de la pure bande-dessinée de genre, fortement orientée horreur, science-fiction et aventure. Et le personnage de Moriarty n’est là que parce qu’il plait au scénariste de lui offrir une seconde vie dans un univers de fantasy décomplexé.

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SHERLOCK HOLMES & LES VOYAGEURS DU TEMPS – 2014/2016

Nous voici revenus au cœur de la série principale (avec le retour de Laci au dessin et son Sherlock moche) et c’est le moment pour Sylvain Cordurié de faire converger tous les éléments qu’il avait patiemment exposés dans les diptyques précédents.

1894. Toujours considéré comme mort, Sherlock Holmes est à présent l’heureux propriétaire d’une librairie londonienne. Lorsqu’un savant fou, inventeur d’une machine à voyager dans le temps, effectue son retour depuis le futur, la reine Victoria, craignant que l’événement ne précipite la fin de l’empire, demande carrément à Holmes de retrouver le dangereux scientifique !

Le détective mène alors une enquête qui, peu à peu, va voir les rôles s’inverser. Serait-il possible que la reine Victoria en personne ne soit pas ce qu’elle prétend et qu’elle ait menti sur ses liens avec le visiteur du futur ?

Cordurié mélange cette fois-ci l’univers de SHERLOCK HOLMES avec les romans d’H.G Wells et affirme son projet steampunk. Comme d’habitude il ne se soucie de coller, ni à la réalité historique, ni au canon holmésien, préférant plonger à chaque fois dans la fantasy décomplexée, quitte à imaginer que la couronne d’Angleterre ait été corrompue par des monstres venus d’un autre temps !

Un Sherlock Holmes définitivement passé dans le steampunk
© Soleil éditions

SHERLOCK HOLMES & LES VOYAGEURS DU TEMPS est un récit ambitieux, qui prend le pari de mélanger l’histoire et la science-fiction débridée dans une uchronie pittoresque, et une bande-dessinée purement récréative, n’ayant jamais la prétention de proposer au lecteur autre chose que du simple divertissement. Mais de qualité.

Arrivée à ce stade, la série fait office de crossover en faisant fructifier tous les éléments mis en place dans les précédents diptyques. Les personnages introduits dans SHERLOCK HOLMES & LE NÉCRONOMICON rencontrent ainsi ceux de LA MANDRAGORE. Il est dommage que l’espace de deux albums ne suffise pas à leur donner à tous une épaisseur suffisante (Lynn Redstone, la Mandragore, est par exemple peu exposée et souvent réduite à un deus ex-machina). En revanche, le scénariste a encore réussi à rendre à son héros sa dimension originelle en lui offrant de très bonnes scènes d’enquêtes pures, dans la grande tradition holmésienne…

Un polyptyque !
© Soleil éditions

SHERLOCK HOLMES SOCIETY – 2015/2016/2018

Bien que ce polyptyque, constitué de six albums, arbore la même bannière, il nous propose en vérité deux récits distincts.

Dans les quatre premiers tomes, Sherlock Holmes, qui vient enfin de rentrer à Baker Street et de révéler qu’il n’est pas mort au Dr Watson et à Mme Hudson, enquête sur une invasion de zombies ! Durant quatre albums, le détective, bien épaulé par son fidèle Watson et son frère Mycroft (entre autres), va donc devoir endiguer une gigantesque invasion de morts-vivants dans la grande cité londonienne. Mais il va, pour se faire, trouver un allié inattendu en la personne de Mr Hyde !

Dans les deux derniers albums, le fils de Sherlock Holmes sème le trouble dans le futur et l’on envoie alors un soldat à travers le temps pour empêcher sa naissance en tuant son père ! Mais on ne tue pas facilement Sherlock Holmes, surtout depuis qu’il a créé sa fondation dans laquelle tous les personnages des histoires précédentes sont réunis pour combattre le mal…

Ce bref résumé démontre à quel point la série de Sylvain Cordurié défie, plus que jamais, les puristes de la version holmésienne naturaliste et cartésienne !

Ce dernier polyptyque ne cache effectivement plus l’ambition de projeter ses personnages dans un pur univers de fiction et de littérature de genre populaire. Sherlock Holmes rencontre ainsi Mr Hyde et lutte avec lui contre une armée de zombies dans une Angleterre steampunk (ou en Écosse, lors d’un premier tome auto-contenu très jouissif avec ses atours de série-B). Nous avions déjà eu l’opportunité de voir Holmes Vs zombies dans un (très bon) comic-book réalisé en 2010 par le scénariste Ian Edginton et le dessinateur Davide Fabbri : VICTORIAN UNDEAD. Mais ici nous sommes plusieurs crans au-dessus au niveau de l’ambition et Cordurié possède désormais, au vu du succès de la série, la liberté d’étirer son dernier récit sur un format beaucoup plus long.

Mais c’est Jeremy Brett !
© Soleil éditions

Le scénariste maitrise désormais son sujet et parvient à mêler, mieux que jamais, les enquêtes traditionnelles du détective (rondement menées) avec la science-fiction et l’horreur débridées. On notera le malaise que semble éprouver Cordurié avec le personnage du Dr Watson (qui lui-même n’arrive pas à se faire à l’idée qu’Holmes puisse accepter l’existence du surnaturel !) puisqu’il s’en débarrasse assez rapidement. Mais le lecteur ayant suivi tous les récits précédents s’amuse beaucoup, tout en tournant les pages avec un réel intérêt pour ces aventures trépidantes dans lesquelles, bien que le sujet demeure aussi léger que toutes ces histoires jadis publiées dans les pulps et les romans de gare, il ne sent jamais pris pour un idiot.

Les références à la culture populaire sont toutes bien intégrées et digérées. Le suspense est efficace et les rebondissements nombreux et variés. La richesse de la série permet à l’auteur de faire revenir encore d’autres personnages introduits dans chaque diptyque depuis le premier album, sans qu’il n’hésite à en créer de nouveaux.

Chaque tome de ce polyptyque est illustré par un dessinateur différent, respectivement Stéphane Bervas, Eduard Torrens, Alessandro Nespolino, Ronan Toulhoat, Fabio Detullio et Andrea Fattori. Ce n’est pas bien gênant, même si l’aspect des personnages change un peu d’un tome à l’autre. Si le premier album nous offre enfin un Sherlock classique comme on les aime, avec un physique proche des grands acteurs ayant popularisé sa figure (Basil Rathbone, Christopher Lee ou Peter Cushing), les autres s’orientent vers une très nette ressemblance avec Jeremy Brett, l’inoubliable interprète de la série ITV des années 80.

Dans l’ensemble, on reste sur du dessin sans grande originalité, mais de qualité et d’une bonne cohérence d’un tome à l’autre.

La rencontre !
© Soleil éditions

Les quatre étoiles attribuées par l’article correspondent au plaisir de lecture ressenti par son auteur, grand amateur de fictions holmésiennes, autant du côté des nouvelles originelles que des adaptations les plus libres et des itérations les plus aventureuses.

En conclusion, puisque nous arrivons au terme de cet inventaire, nous pouvons dire que cette série SHERLOCK HOLMES de la collection 1800 est un divertissement léger et sympathique, réalisé avec beaucoup de cœur, dans un soucis de faire évoluer la mythologie holmésienne sous un tout autre canon de celui de son auteur originel, en la plongeant sans le moindre complexe dans la fantasy la plus échevelée. Elle ne prétend pas flirter avec les chefs d’œuvres de la culture populaire en n’affichant aucun sous-texte philosophique de quelque nature que ce soit et en demeurant de bout en bout un divertissement dans son plus simple appareil. Elle doit absolument être évitée par le puriste du canon holmésien, et au contraire être réservée au lecteur friand de ce type de divertissement où les héros littéraires les plus connus sont complètement réinventés, certes vidés de leur substance initiale, mais en contrepartie enrichis de mille inventions parallèles. Et de cet univers infini et sans limite que nous appelons l’imagination…

It’s zombie time !
© Soleil éditions

Chef d’œuvre pop, BAKER STREET ne serait pas la chanson qu’elle est sans le légendaire solo de Raphael Ravenscroft, dont on entend également le saxo dans l’album THE FINAL CUT de Pink Floyd.

36 comments

  • JB  

    Merci pour cette chronique sur une saga dont je ne dois avoir que le début (Je dois avoir les vampires de Londres mais n’en ait gardé aucun souvenir.)
    Je vais me laisser tenter, je pense. Je me suis déjà chauffé sur les Sherlock Holmesrie de James Lovegrove, qui mélange l’univers du détective avec celui de Lovecraft sur 4 romans et une nouvelle, avec du steampunk, le fait rencontrer Adam Quatermain et le Professeur Challenger, etc…

    • Tornado  

      Lovegrove est cité dans l’article. À ce jour je connais 5 de ses romans holmésiens traduit en Frrance : La trilogie CTHULHU, LA BÊTE DES STAPLETON et LES TROIS TERREURS D’HIVER.

      • JB  

        Je les avais récupéré en version audio (en anglais) sur un Bundle, l’idéal pour passer mes 2h de trajet quotidien entre la maison et le boulot ^^ Il va parfois dans le joyeux nawak avec The Stuff of Nightmares avec une pincée de Transformers (si si).
        Et, et pour Holmes/Lovecraft, il y a aussi la nouvelle de Gaiman adaptée en comics, Une étude en émeraude et le jeu vidéo Sherlock Holmes: The Awakened

        • Tornado  

          J’avais lu le Gaiman, sur tes recommandations, d’ailleurs 🙂

  • zen arcade  

    J’aime bien l’idée de jouer avec les figures de la littérature populaire. Ces personnages sont entrés dans une culture commune qui dépasse largement les intentions initiales de leurs auteurs et ils possèdent une plasticité qui permet un travail de réinterprétation voire même de réinvention.
    Mais ici, je me heurte à un académisme formel qui me rebute complètement. Pas du tout ma came.

    • Tornado  

      Je comprends. C’est effectivement de la BD franco-belge mainstream, dont l’esthétique est très académique. Quelque part, on se dit qu’une IA pourra malheureusement faire le job…
      Je ne suis pas fan du tout non plus. C’est mon appétit pour ce type de récit qui m’a fait supporter le dessin malgré tout. À l’inverse, un super dessin et un super style ne me fera pas lire un récit qui ne m’attire pas.

      • Matt  

        Z’êtes durs quand même.
        Aujourd’hui ça devient dur d’être dessinateur. Faut pas juste maitriser à fond les techniques, les décors, les porportions, les visages, les émotions faciales, non tout ça c’est plus assez. Faut faire de l’astrait ou du bizarre sinon ça rale que c’est trop académique.

        Certaines BD qui pourraient être dessinées par un gosse de 6 ans vont avoir plus de succès parce que « ouah c’est osé de faire un graphisme minimaliste sans se soucier de perspective »
        Moi je préfère de l’académisme joli et détaillé, voilà…

        Déjà que oui les dessinateurs vont tous se faire pomper leur style par des IA, en plus on exige d’eux de faire des trucs de malade à chaque fois (et non les IA ne feront pas de l’académisme. Tu les nourris de peintures de Picasso et elles te régurgitent la même chose. Elles risquent même « d’académiser » les styles les plus rares et autrefois inédits.)

        • Tornado  

          En fait ce ne sont pas les dessinateurs qui sont en cause, mais plutôt une esthétique sans âme. Toutes ces séries de chez Soleil ont un calibrage très impersonnel qui vire un peu au moche à cause de la mise en couleur informatique.
          Thorgal c’est également académique finalement (je prends cet exemple comme je pourrais en prendre d’autres mais c’est le premier qui me vient à l’esprit). Mais le processus créatif est quand même plus vivant, moins aseptisé.

          • Matt  

            C’est déjà un poil différent ok.
            N’étant moi même pas toujours fan des mises en couleurs, je peux comprendre.
            Par exemple, même si ce n’est pas une mise en couleurs informatique (du moins je crois…) je n’ai jamais trop aimé les couleurs de la série Largo Winch. J’avais chopé les tomes intégrale en noir et blanc.
            Ce serait sympa d’avoir accès aux BD en noir et blanc. Mais bon j’imagine que les frais de tirages pour un public de niche qui aime le noir et blanc c’est pas rentable du tout^^

            Mais bon là aussi je pense que c’est une question de production de masse rapide. Tu mets en couleurs avec la même méthode parce que ça produit trop, ou trop vite. Je pense que même le mec qui met en couleurs, il a beaucoup de boulot et peut être qu’il préférerait faire différemment mais il a 12 séries à coloriser^^

        • zen arcade  

          Il y a un public pour ce type de bande-dessinée. La preuve, la série fait déjà 18 tomes.
          Je n’ai aucun problème avec le fait que ça existe et que ça plaise.
          Je n’aime juste pas du tout et je préfère d’autres approches.
          Ce n’est pas ton cas.
          Ainsi va la vie.

          • Matt  

            Bah j’aime aussi d’autres approches, mais je pense être assez ecclectique dans mes goûts. Selon l’état d’esprit, les envies de lecture, je peux apprécier un dessin académique bien fichu.

      • Matt  

        Quelque part je pense qu’on peut dire que si les IA remplacent les illustrateurs, on l’aura un peu cherché. Pas les illustrateurs en eux-mêmes mais le public.
        C’est une chose d’avoir ses préférences bien sûr mais de là à dénigrer dès que c’est pas une révolution graphique…

        C’est payé au lance pierres en plus de produire du dessin.
        Donc bah voilà hein. ça va faire mal pour les illustrateurs qui ne sont pas à la retraite encore s’ils doivent se reconvertir dans un autre métier, mais dans les années à venir plus personne ne voudra se taper autant de boulot pour si peu de considération et on va l’avoir la soupe digérée par les IA, et ce sera bien fait pour notre gueule.
        Ce sera même parfois surement joli mais on ne s’émmerveillera pas devant tant de maitrise ou de travail vu que…ce sera que dalle pour une IA.

      • Matt  

        Et c’est un mec qui dessine qui vous dit ça hein.
        Mais je suis bien content de ne pas avoir ça comme métier.
        Et si je dessine c’est pour moi avant tout. On me dit parfois « mais t’en fais rien de tes dessins ? »
        Vous voulez que j’en fasse quoi ? Surement qu’une IA fait mieux^^
        Et si je dessinais pour vivre, sans doute que je m’aiderai d’IA. Parce que si faut produire à mort comme certains mangaka qui dorment 3h par nuit et ont le dos niqué penchés sur leurs planches qu’ils porduisent au km…bah le plaisir je pense qu’il n’est plus le même. Si en plus t’as un public qui vient dire « oui mais euh…franchement chaque case n’est pas digne d’un Rembrandt, je trouve que ça se laisse aller les dessinateurs » bah vas-y que je demanderai à l’IA de faire la moitié du taf et que je corrigerai là ou c’est mal fait^^

        On nique tout de toutes façons. On nique la beauté de l’art par la production en masse, les délais absurdes, la paye misérable, etc. ça nous pendait au nez qu’on trouve un truc pour produire sans effort.

        • Tornado  

          Tu as bien raison et c’est là tout le problème. Il y a tellement de choix aujourd’hui, j’ai déjà tellement de BDs chez moi, que si désormais, ce n’est pas un « wow » quand je feuillette un album, je le repose immédiatement. Et j’en suis bien désolé pour les dessinateurs qui y ont probablement consacré plusieurs mois de leur vie.

          • Matt  

            Dans un système avec autant de BD produites, d’illustrations, de communication, de pubs, ce n’est pas étonnant l’arrivée des IA à la rescousse. Même si ce n’est pas non plus ce que souhaitent les illustrateurs parce que…bah accessoirement, débordés ou pas, ça reste leur taf et s’ils ne servent plus que comme consultants auprès d’IA pour corriger des trucs, c’est…plus le même taf. Et leur créativité à eux…ils peuvent la ranger.
            Mais pour les entreprises qui veulent produire au km…c’est sympa les IA.

  • Fletcher Arrowsmith  

    Bonjour Tornado.

    Je pense que j’aurais été assez client il y a une quinzaine d’année. Plus du tout maintenant.

    C’est typiquement le type de BD que j’emprunte parfois à ma bibliothèque.

    Le graphisme passe partout mainstream ne m’intéresse pas. et comme les comics « mainstream » je fuis désormais toutes les séries qui s’éternisent.

    Pas d’avis sur le concept. Tout dépend du traitement. Ici, malgré la qualité de ton argumentation, je n’ai pas été convaincu.

    J’apprécie par contre ce type d’article anthologique. L’article est long à lire, mais finalement chaque histoire est traité avec efficacité et concision.

    Belle BO. Le type de titre que j’apprécie mais dont je ne sais jamais qui l’a composé.

    • Tornado  

      Alors, un peu comme toi, si ça sortait aujourd’hui je n’achèterais pas cette série. Mais on m’avait offert le premier tome à l’époque et, du coup, j’avais succombé au complétisme au fur et à mesure…
      Du coup je me suis lancé l’an dernier et j’ai tout lu d’une traite. Comme dit en conclusion, j’y ai pris suffisamment de plaisir pour valider l’ensemble en tant que simple divertissement de qualité, et en tant que série d’auteur objectivement de qualité.
      Ce qui m’a donné envie d’écrire l’article, ce sont les retours sur la série sur d’autres sites, où tu avais, soit les puriste holmésiens ultra-rigides qui aboient au moindre détail qui dépasse, soit ceux qui ont adoré la série en criant au chef d’oeuvre. Dans les deux cas, j’ai trouvé que ça n’allait pas et j’ai eu envie de développer mes arguments à chaud (juste après la lecture de la série).

  • Matt  

    Eh ben ! T’as lu tout ça !!
    Je n’ai jamais franchi le cap. Je connai toutes les séries de nom et j’ai souvent hésité, ne sachant pas trop ce que ça donnerait. Parce que chez Soleil il y a à boire et à manger.
    Tu m’apprends cela dit que LA MANDRAGORE est un peu lié aux récits de Sherlock, je n’avais aucune idée qu’ils avaient fait une sorte d’univers partagé avec cette série.

    Après j’ai un peu eu ma dose dans un autre domaine. Ces histoires me font penser à la série de jeux-vidéo SHERLOCK HOLMES de Frogware studios (studio…ukrainien. Je sais pas si ça va fort pour eux en ce moment)
    Je ne les ai pas tous fait (certains sont vieux et je n’ai pas ce qu’il faut pour y jouer) mais j’en ai fait 4 : CRIMES & PUNISHMENT qui est un jeu « à sketchs » ou plutôt à petites enquêtes (6 au total) très fidèle à l’esprit du personnage et aux enquêtes bien « Conan-Doyliennes » Pareil pour LE TESTAMENT DE SHERLOCK HOLMES (qui n’est qu’une seule longue histoire cela dit, avec un Moriarty comme ennemi principal) et THE DEVIL’S DAUGHTER (4 enquêtes, un peu moins bon que les autres jeux, mais avec l’idée originale que depuis LE TESTAMENT et la mort de Moriarty, Sherlock est le père adoptif de Katelyn…Moriarty. Et en fil rouge entre 4 enquêtes il y a un plan sournois ourdi par quelqu’un qui exécute les dernières volontés de Moriarty pour mener la vie dure à Sherlock et détruire le lien fragile qu’il a tissé avec sa fille adoptive.

    Mais pourquoi je dis tout ça ? Bah parce que pour dire que des libertés de ce genre sont prises par diverses oeuvres et parfois c’est fort sympathique scénaristiquement parlant.

    Et je n’ai pas parlé du dernier jeu que j’ai fait et qui semble s’approcher du concept de ses BD : SHERLOCK HOLMES THE AWAKENING. Là ça revient au début de la carrière de Sherlock quand il est encore jeune et il est face à une histoire de culte étrange lovecraftien qui va ébranler ses convictions scientifiques et potentiellement le pousser à se droguer après un tel traumatisme. On ne voit jamais de monstres ni rien de très explicite en matière de surnaturel (ou alors c’est dans des rêves ou hallucinations) mais tout de même, ça joue fortement avec l’indicible cher à Lovecraft, la folie, etc.
    Pour le coup je trouve que le jeu s’en sort très bien pour ne pas vider de sa substance le personnage initial car on ne tombe pas complètement dans la fantasy, et en même temps ça joue avec l’opposition entre les croyances scientifiques de Holmes et un monde invisible au delà de la science, qui lui échapperait.

    C’est ce que je trouve intéressant si c’est bien fait en fait. Parce qu’on pourrait se demander « pourquoi utiliser un personnage de détective privé scientifique si c’est pour le mettre dans des récits avec de la « magie » ? Si c’est trop ouvertement surnaturel on peut se dire que Sherlock ne sert pas à grand chose au milieu de tout ça^^ Mais si ça recquiert tout de même un enquêteur pour comprendre comment est mort telle ou telle personne, et que de fil en aiguille l’explication l’emmène vers un secret qui le dépasse, des adorateurs d’un culte surnaturel par exemple, là il reste utile parce qu’il peut stopper les humains qui font n’importe quoi, et en même temps se retrouver ébranlé dans ses convictions face à l’inconnu, le doute…et on aime toujours qu’un personnage soit ébranlé, ça sert aussi à les développer^^

    //www.youtube.com/watch?v=2KjIEq-RBSk&ab_channel=JeuxVid%C3%A9oFlash

  • Jyrille  

    Tu avais déjà fait un article sur la collection : je serais tout à fait client de ce genre de choses. Mais c’est beaucoup trop de tomes, je ne suis pas certain d’aimer les dessins (les couvertures ne sont pas réussies voire moches, je trouve) ou d’avoir envie de les relire. Bref, je ne vais pas investir, mais je suis heureux de connaître la série grâce à toi.

    « L’idée de confronter le détective de Baker Street à de véritables vampires va donc à l’encontre du canon holmésien. » C’est totalement vrai. Mais je peux aussi penser en termes de fun.

    Le script alambiqué du Necronomicon : ça fait surtout penser à Harry Potter.

    Merci pour ces résumés, j’aime bien ce format d’article.

    La BO : j’ai toujours détesté ce titre. Ca ne change pas. Je n’ai pas d’explication, parce que j’adore Sherlock Holmes et je trouve le titre hyper bien produit et joué.

    • Tornado  

      Je n’ai pas fait d’autre article sur cette collection ! 🙂 Et je n’ai lu aucun autre album de cette collection !!! 🙂 🙂

      D’accord avec toi sur l’esthétique de la série (comme dit plus haut), mais effectivement tout est dans le fun. C’est très bien fait (niveau concept fun. Ça ne prend vraiment pas le lecteur pour un couillon, au contraire) !

      « ça fait surtout penser à Harry Potter » : Moi je dirais surtout à LA LIGUE DES GENTLEMENT EXTRAORDINAIRES, avec tous ces personnages romanesques de l’ère victorienne qui se rencontrent !

      « j’ai toujours détesté ce titre. Ca ne change pas. Je n’ai pas d’explication : Moi j’en ai une ! 😀
      À un moment donné, dans ta construction personnelle, pour forger tes goûts, tu as besoin de repères. C’est complètement inconscient.
      Pour forger tes goûts musicaux, tu as eu à un moment donné besoin de détester le softrock (tu as déjà dit la même chose pour Elton John, par exemple). Personnellement, j’ai fait exactement la même chose avec le punk. C’est l’inverse, mais en fait c’est pareil ! 😀

      • Jyrille  

        Hein ? Attends, je suis certain d’avoir lu un truc là-dessus ici… ou c’était FB ? Je ne peux pas devenir fou à ce point !

        On pense en effet à LA LIGUE DES GENTLEMEN EXTRAORDINAIRES mais pour le passage avec l’âme qui change de corps, c’est purement du Harry Potter.

        C’est une bonne explication. Mais sache que je connais ce titre (comme d’autres d’Elton John) depuis leur sortie, en gros, depuis la fin des années 70. Je n’avais donc pas plus de 7 ans lorsque je les ai découverts. Je n’avais aucune conscience musicale telle que tu la conçois lors de l’adolescence. Et je détestais déjà. Song For Guy, c’est un traumatisme pour moi. Alors que j’ai immédiatement kiffé, juste après ça, le Ashes to Ashes de Bowie. Comme je te le dis : je n’ai pas d’explication.

  • JP Nguyen  

    Merci pour cette vision d’ensemble de la série.
    Pour les dessins, toutes les planches montrées donnent à voir des décors travaillés et détaillés. Le découpage semble classique. Les visages sont un peu passe-partout mais pas dérangeants.
    Je comprends quand Matt réagit pour défendre les artistes. Après, en tant que lecteur ayant pas mal de pages au compteur (ou aux conteurs), je recherche des visuels qui vont au-delà du fonctionnel. Des choses qui me font ressentir quelque chose, et ça ne passe pas uniquement par de la technique et du détail.
    Par exemple, l’an dernier, j’avais kiffé le LONELY CITY de Cliff Chiang car certaines cases ou planches me parlaient particulièrement.
    J’observe que cette série, tout comme les Terres d’Arran (avec ELFES, NAINS, ORQUES ET GOBELINS) adoptent une logique « industrielle », de même que pour les ELRIC de Glénat. Les changements de dessinateurs au fil des tomes ne donnent pas la même saveur que quand une même équipe artistique peut s’installer sur la durée…
    Pour Sherlock et le fantastique, on n’est depuis pas mal d’années dans une ère baroque où les concepts tels que Abraham Lincoln en chasseur de vampire ou Hansel et Gretel, chasseurs de sorcières ont été portés à l’écran. Alors Holmes chez Lovecraft ou avec Mister Hyde, ça ne me scandalise pas si c’est bien fait et si ça raconte quelque chose d’intéressant.
    Au final, cet article m’a donné assez d’indices pour me laisser déduire que cette série n’est pas vraiment pour moi.
    Question subsidiaire : pourquoi le changement de titre matinal entre « Elementaire mon sherlockverse » et « Baker Street Coals » ?

    • Tornado  

      Content de te voir ici JP !
      D’accord avec toi sur tout, à peu de choses près… 😉 -> (cette série semblait être faite pour moi)
      « Élementaire mon sherlockverse » était un titre d’ébauche. en attendant de trouver mieux. J’ai envoyé l’article à Bruce en me disant que je lui demanderait de changer le titre dès que j’en aurais trouvé un meilleur… et puis j’ai oublié ! 😅
      Mais… entretemps, mon cerveau a continué à réfléchir parce que je voulais un titre conceptuel (je suis un peu chiant, je le sais bien) et je voulais trouver quelque chose qui parte de la mythologie holmésienne (Baker Street) pour l’élargir à l’univers du steampunk. Donc : BAKER STREET COALS (Les « CHARBONS DE BAKER STREET »).
      J’envoie tout ça au boss, qui, bien évidemment adorable, change le titre mais me dit : « Il était vachement meilleur ton premier titre » ! 😀

  • Présence  

    J’avoue : à la découverte du titre du premier cycle, je me suis que ce n’était pas pour moi ce mélange dans lequel je n’avais aucune chance de retrouver ce qui me plaît dans les romans d’Arthur Conan Doyle.

    Sylvain Cordurié profite ainsi de ces quatre années […] réinventant complètement sa mythologie. À l’arrivée, nous pénétrons dans un univers où tout devient possible, où les crossovers les plus déments sont permis, et où la science-fiction fait corps avec l’un des plus fascinants personnages de toute l’histoire de la littérature.

    Je comprends l’attrait de possibilités infinies, et je ne peux pas cracher dans la soupe, parce que j’avais beaucoup aimé le melting-pot la Ligue des Gentlemen extraordinaires. Ton article me convainc (et c’était pas gagné au vu de mes a priori) du plaisir que peut procurer cette lecture. Je suis en admiration devant le travail des décors. Mais voilà, comme tu l’indiques, le volume de la production BD et sa qualité obligent à faire des choix.

    • Présence  

      La BO : magnifique. J’ai lu qu’après le succès de ce titre, les maisons de disques avaient sommé leurs artistes maison d’inclure un solo de saxophone dans au moins un de leurs titres. 🙂

      • Jyrille  

        Tu m’apprends un truc Présence ! Mais ça ne marche pas pour tout le monde, les solos de sax dans les chansons pop, en général, ça me fait fuir.

      • Tornado  

        Alors, juste comme ça, je me dis que, dernièrement, tu as mis la barre tellement haut en matière de BD, que tu trouveras peut-être cette série décevante ?
        Mais… comme je l’ai dit dans l’article, ça envoie du bois niveau décors, et je sais que tu aimes ça ! 🙂

        La BO : Une des chansons fondatrices de ma vie. Elle m’a saisi dès l’enfance, a forgé mes goûts, comme une maîtresse te plaquant au sol en anihilant ta volonté par la puissance du plaisir…

        • Présence  

          Quelle image !!! (celle avec la maîtresse)

          J’avais été très surpris de découvrir récemment l’histoire derrière la chanson. Extrait de wikipedia :

          Les problèmes juridiques entourant l’éclatement en 1975 de son ancien groupe empêchaient Rafferty d’effectuer une quelconque production en raison de différends sur des obligations contractuelles d’enregistrement. Durant cette période de sa vie, il dut se déplacer régulièrement entre son domicile près de Glasgow et Londres, où il vivait dans l’appartement d’un ami : à Baker Street. La fin de ses problèmes juridiques et financiers est exprimée par la fin euphorique de la chanson : When you wake up it’s a new morning / The sun is shining, it’s a new morning / You’re going, you’re going home (« Quand tu te réveilles, c’est un nouveau matin / Le soleil brille, c’est un nouveau matin / Tu rentres, tu rentres chez toi. »)

          fr.wikipedia.org/wiki/Baker_Street_(chanson)

        • zen arcade  

          En règle générale, je déteste les solos de saxophone dans les morceaux pop / rock des années 70/80. Une véritable plaise. Le plus insupportable étant le saxo chez Supertramp. La grande exception, cependant, c’est évidemment Clarence Clemons dans le E-Street Band du Boss.
          Mais je suis obligé de concéder que la partie de saxo dans Baker Street est d’une efficacité plus que redoutable.
          D’ailleurs, j’aime plutôt bien ce morceau. Je ne l’écouterai jamais d’initiative mais si ça passe en radio ça me va.

  • Bruce lit  

    J’ai découvert cette collection avec les récents TITANS et WEST FANTASY et le plaisir de lecture en fut inattendu. Oui, je ne suis pas fan ni de la colorisation ni des maquettes mais c’est souvent bien écrit.
    Je ne dis pas non pour découvrir cette version de Holmes que je découvre grâce à cet article une nouvelle fois roboratif.
    La BO : une chanson que nous connaissons tous et que je n’avais jamais identifiée… C’est assez épouvantable pour mes oreilles, j’ai beaucoup de mal à entendre de la saxo-pop sans m’imaginer poussant mon caddie en supermarché.
    Toutefois que loué soit cet homme qui sublime d’accents dramatiques le FINAL CUT que j’ai encore écouté la semaine dernière.

  • Tornado  

    Rahhh… moi le saxo c’est que su bonheur. Que ce soit dans LE GRAND BLEU, dans le BOLERO de Ravel ou chez John Coltrane, Stan Getz, Paul Desmond, Plas Johnson, Canonball Aderley, ou même les gars de Supertramp (John Helliwell) ou de Pink Floyd (Dick Parry), les musiciens soul (Maceo Parker, Grover Washington). Je suis un gros fan.

    • zen arcade  

      Moi, je dirais que c’est justement parce que j’adore le saxophone que je ne le supporte pas dans les solos qui dégoulinent de la musique pop / rock des années 80. 🙂

      • zen arcade  

        Sinon, je préfère écouter Gerry Rafferty en poussant mon caddie dans un supermarché que de m’infliger l’écoute de The final cut de Pink Floyd. 🙂

        • Tornado  

          Cette détestation du solo de saxo dans la musique pop, pour moi, c’est un/e litanie/Stéréotype/cliché du rocker/punk/rebelle à la noix obsolète qui date de 1977 alors qu’on est en 2024… 🙂 🙂 🙂
          Mais sinon, il y aura certainement d’autres fois où l’on s’accordera sur des solos de jazz au sax. J’en suis sûr.

          • zen arcade  

            « Cette détestation du solo de saxo dans la musique pop, pour moi, c’est un/e litanie/Stéréotype/cliché du rocker/punk/rebelle à la noix obsolète qui date de 1977 alors qu’on est en 2024… »

            Ca ne t’est jamais venu à l’esprit qu’on pouvait juste ne pas aimer parce que, genre, juste, on n’aime pas ça ?
            Quand j’entends Supertramp, avec ou sans solo de sax, ça me donne envie de détruire ma radio, j’en peux rien, c’est comme ça.
            Faut arrêter de mettre les gens dans des cases. Ca aussi, ça date d’il y a longtemps alors qu’on est en 2024.
            Faut arrêter de penser que parce que les gens aiment ceci ou n’aiment pas cela, c’est parce qu’ils se conforment à des stéréotypes, des clichés, des injonctions ou que sais-je.
            Il y en a, évidemment, et ça vaut parmi les amateurs de tous les types de misique. Et ils m’emmerdent autant que toi. Mais on s’en fout de ces gens là. Toi et moi, je pense qu’on vaut mieux que ça.
            Les cases, ça m’emmerde.

          • Jyrille  

            J’aime bien Supertramp mais pas quand il y a des solos de sax dedans, en général. Je suis très heureux de reprendre Goodbye Stranger avec mon groupe, j’adore ce morceau (pas de sax).

            Les cases, ça m’emmerde aussi.

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