Handicaps & Super-héroïsme – Entre clichés et inspirations. 

Focus : Handicap et super-héroïsme

SPECIAL GUEST : NICOLAS

1ère publication le 7/09/23- MAJ le 21/02/24

Depuis des années, nous nous tournons autour avec Nicolas auteur d’un blog souvent passionnant : Ecologeek/le cabinet des curiosités Marvel. Ce début de saison faisant le larron, nous lui tendons le micro pour un sujet passionnant qu’il maîtrise : Handicap et Super-Héros !

Corps parfaits, capacités hors du commun, véritables sur-humains, les personnages super-héroïques se sont imposés comme un archétype d’une humanité sublimée les plaçant au rang de divinités. 

Et si l’altérité et le handicap ont fini par trouver péniblement leur place dans ce panthéon, on peut dire que l’on revient de loin. 

Le Golden Age : Prejudices & Pride 

Moches et méchants 

Premier super-héros de comic-book, Superman devient le paragon du genre. L’un de ses premiers adversaires, l’Ultra-Humanite va également engendrer une longue lignée de savant fou en chaise roulante.(Action Comics # 13 – 1939) 

Il suit ainsi un modèle en opposition au « Kalos Kagathos », expression grecque signifiant littéralement « Bel et bon », où la laideur physique est associée la noirceur d’âme. Cet adage se retrouve dans certains légendes grecques où le handicap est une juste punition infligée après une faute. (Syndrome de Larunda

L’association se poursuivra dans la représentation des adversaires Allemands ou japonais. Elle sera même renforcée par les autorités qui, en période de pénurie de papier, accordaient des quotas de tirage plus importants plus l’ennemi était représenté monstrueusement et ainsi déshumanisé, l’exemple le plus connu étant le Crane Rouge

Un cas emblématique est le Armless Tigerman, véritable caricature raciste, saboteur nazi monstrueux, qui voue une haine contre les machines depuis qu’un accident du travail lui a fait perdre ses deux bras. (Marvel Mystery Comics #26 – 1941) 

A noter que la guerre n’est pas la seule responsable dans cette stigmatisation. Dès 1937, 30 états des USA sur les 50 ont voté des lois eugénistes imposant la stérilisation « aux personnes faibles d’esprits, aux criminels et aux handicapés ». On remarquera l’amalgame entre les criminels et handicapés. 

Handi mais pas trop 

Il faut attendre 1940 pour qu’on introduise un handicap sous un jour positif : Le Daredevil de Lev Gleason est en effet muet. Ayant assisté enfant à la mort de son père par des malfrats, puis marqué au fer rouge, Bart Hill perd l’usage de la parole. (Silver Streak #6 – 1940). Une particularité qui ne dure qu’un épisode puisque sans aucune explication, le héros est parlant au second numéro. 

D’autres héros, aveugles cette fois, lui emboitent le pas comme The Mask (Exciting Comics # 1 – 1940), Nightro ( Daredevil Comics #2 – 1941) ou Dr Mid-Nite (All-American Comics #25 – 1941). Une cécité de façade puisque les héros feignent d’être aveugles ou voient avec des lunettes spéciales. Le handicap ne sert ici qu’à des vagues capacités augmentées mais surtout à une couverture imparable : qui pourrait deviner qu’un aveugle soit un super-héros ? 

Même lorsqu’un non-voyant est à l’honneur, c’est son chien guide qui devient le vrai héro du titre comme dans Rex the seeing-eye Dog. (Choice Comics #2 – 1942).
Mais le comics le plus malaisant de cette période est sans doute le Yankee Doodle. En quelques cases, on montre 3 vétérans estropiés de la première guerre mondiale se sacrifiant pour donner naissance au Yankee Doodle. De quelle manière est-il créer ? Est-ce une sorte de monstre du Dr Frankenstein ou ont-il donné leurs organes pour qu’un héros plus jeune vive ? Rien n’est expliqué et il vaut presque mieux. Il ressort l’idée que 1 valide = 3 handicapés ou que la vie des vétérans estropiés n’est tout juste bonne qu’à fournir des pièces détachées. (Yankee Comics #1 – 1941) 

Captain Marvel Jr ou le syndrome de Tiresias  

Par sa durée et sa popularité, Captain Marvel Jr est le personnage handicapé qui bénéfice de la plus grande exposition durant le golden age. (Whiz Comics # 25 -1941) 

Blessé lors d’un combat entre Cap. Marvel (Shazam) et Captain Nazi, le héros lui partage ses pouvoirs pour sauver le jeune garçon. Freddy Freeman sera désormais Captain Marvel Jr mais gardera des séquelles : il est obligé de se déplacer avec une béquille à vie.  

Il s’inscrit ainsi dans la lignée des personnages « frappées d’un handicap » mais qui en contrepartie recevoir des facultés divines comme Tiresias. Ce personnage des légendes grecques devient aveugle en ayant vu Athena nue. En compensation, elle lui accorde le don de voyance. 

 Bien que visible, le handicap de Freddy n’est jamais vraiment évoqué dans la série. A cette époque, la vie privée des héros est réduite à une portion congrue.  Il faudra attendre la série « The Trials of Shazam! » en 2006 où Freddy avoue le ressentiment qu’il a envers Captain Marvel pour lui avoir en partie gâché sa vie. 

Dans la même veine, on peut rapidement citer le personnage mineur de Steel Fist qui perd son bras dans de l’acier en fusion lors d’un sabotage mais qui le récupère en version surpuissante grâce à « l’incarnation de l’esprit américain de la liberté » (sic). Une capacité qui préfigure l’ère des cyborgs à venir. (Blue Circle Comics #1 – 1944) 

Héros de guerre 

Si le conflit mondial a mis l’emphase sur la monstruosité du camp d’en face, le retour des soldats héros au pays oblige les auteurs à revoir leurs copies. Le handicap n’est plus une honte. Il est le symbole du sacrifice et du courage des combattants, en tout cas pour un temps. 

L’héroïne Black Venus aide les vétérans redonner un sens à leur vie. (Contact Comics 9 – 1945). On conte les exploits de héros réels comme l’aviateur Douglas Bader, double amputé des jambes, qui a continué à combattre dans son avion. (Pionneer Picture Stories – 1945).

L’histoire la plus réussie de cette phase est le numéro 27 de All Star Comics (1945) qui voit le retour au pays d’un soldat amputé d’un bras. Son petit frère, atteint de polio, a perdu l’usage de ses jambes et le regard de son ainé a changé à son égard. Il ne ressent plus de pitié pour lui, il va pas chercher à le ménager mais au contraire l’inciter à réaliser ses projets. Il fait donc appel à la Justice Society of America dont chacun des membres va parrainer un jeune en différentes situations de handicap. Prouvant que malgré certaines limites physiques, ils peuvent aussi accomplir de grandes choses face à l’ennemi. 

Si on passe sur l’idée d’amener des mineurs sur un champ de bataille, l’histoire est plutôt bien écrite pour l’époque et finit par une charte et une évocation de personnages historiques présentant un handicap comme Franklin D. Roosevelt, Beethoven, Helen Kenner ou Demosthenes 

Silver Age : Le handicap au premier plan ? 

Le concept de All Star Comics qui est repris presque à l’identique dans Justice League of America #36 en 1965 à la différence que les héros vont connaitre le même handicap que leur filleul durant l’aventure. D’avantage maladroit et validiste que son prédécesseur, le comics se limite au minimum syndical de la réflexion et ne prend même pas la peine de mettre à jour l’évocation des figures historiques. 

Loin des héros lisses et parfaits de la distinguée concurrence, dès 1961, Marvel va prendre le contrepied et introduire des personnages humanisés présentant des fêlures. Le handicap sert encore une fois de couverture et d’élément dramatique, les personnages ne sont sentant pas capables d’aller vers les autres de peur d’être éconduit notamment par l’être aimée. Mais il sert à la fois de talon d’Achile et de twist scénaristique pour résoudre une péripétie. 

Hulk et la Chose qui par leurs aspects sont craints et rejetés. Alicia Masters, la petite amie aveugle de Ben Grimm, Iron Man et sa faiblesse cardiaque, Don Blake alter-égo boiteux de Thor, Dr Strange dont les mains trop abimées ne lui permettent plus d’exercer, la figure du vétéran est toujours présente à travers Nick Fury et surtout Daredevil, le super-héros aveugle.  

Héritier d’une lignée de détectives aveugles présents depuis le XXème siècle, Daredevil (1964) va s’imposer comme le plus connu des héros à handicap. Au fil des années et des runs, l’importance de cette facette dans sa vie privée va devenir de plus en plus réaliste et précise. Bien sûr, son sens-radar compense la perte de la vue et il n’échappe pas aux clichés autour du super-aveugle mais sa longévité et son traitement en fond un personnage remarquable. 

Un an avant, sort le comics X-Men qui est vu comme une allégorie de la lutte pour les droits civiques des afro-américains puis de la communauté LGBT mais également de l’accueil du handicap et de l’altérité en général dans la société civile. 

Le professeur Xavier en tête, une bonne partie des X-Men doivent cacher leurs particularités physiques qui les rend uniques sous peine d’être rejetés voire lynchés comme des phénomènes de foire. 

Autre aspect déterminant, ils sont nés avec ces singularités. Il ne s’agit pas d’un accident, d’une punition, leurs mutations sont innées. Ils se placent dans le dernier modèle mythologique, celui d’Héphaïstos. Fils de Zeus, né sur l’Olympe mais rejeté à cause de son pied bot. Il devra faire la démonstration de ses talents de forgeron afin d’être autorisé à revenir au royaume divin : une injonction à se surpasser pour être à admis par les autres. 

Le Prof. X est un cas problématique car il retrouve et perd l’usage de ses jambes Xavier toutes les décennies. De facto, le traitement de son handicap galvaude toute sa pertinence d’autant qu’il n’a jamais vraiment étudié en profondément. On parle d’ailleurs de « fiction paraplegy » dans son cas comme dans d’autres, les douleurs, les problèmes de santé et les incontinences possibles n’étant tout simplement pas envisagées par des auteurs valides. 

Chez DC, un autre personnage en fauteuil dirige une équipe brisée par la vie dont l’insertion dans la population est quasi-impossible : la Doom patrol (1963) . Des années plus tard, Morrison poussera le concept jusqu’à son paroxysme en retconnant que le Chief est à l’origine des accidents des héro.ï.nes. En effet, avoir des personnages aux capacités si singulières étaient la seule solution à des menaces tout autant imprévisibles. 

Bronze Age : L’ère des persos augmentés réparés 

Dans les années 70’s, une nouvelle déclinaison sur le handicap émerge : les cyborgs.  Le succès du 6 millions dollars Man adapté du roman Cyborg de 1973 fuse aussi dans la bande-dessinée. 

On pense à Deathlok (1974), à Misty Knight dont le bras est pulvérisé lors d’un attentat (1er femme noire et handi en comics – 1975) mais également à … Human Fly ?!

 

Inspiré d’un personnage réel selon la promotion, il narre les aventures d’un homme ayant perdu sa famille suite à un accident de voiture. Il s’en sort mais au prix de plusieurs opérations et du remplacement de 70% de ses os par des prothèses métalliques. A sa sortie de l’hôpital, il décide d’être une source d’inspiration pour toutes les personnes en situation de handicap à commencer par sa propre équipe. Ainsi, un numéro sur deux, il visite des écoles spécialisées ou rencontre des quidams aux différents handicaps. On est proche du concept de All Star Comics sur le long terme. 

Human Fly est une curiosité mi-super-héros, mi-réaliste qui, bien que maladroit, est une première pour le genre. (The Human Fly #1-19 – 1977) 

Le tableau ne serait pas complet sans évoquer Cyborg dont le traitement sera plus nuancé. On comprend vite que le consentement de Victor Stone n’a pas été requis pour remplacer une grande partie de son corps par des prothèses. Même si sa vie était en jeu, Victor vit très mal sa transformation forcée pendant les premières années de sa création. (1980) 

Ironiquement les possibilités de la cybernétique ont tendance à invisibiliser le handicap pour très souvent être oublié des scénaristes.  

Modern Age : Handicap partout, progrès nulle part ? 

Les années 80’s et 90’s introduisent plus de diversité dans les origines et les pouvoirs que cela soit chez les héros où leurs entourages : 
-Les Teen Titans avec Jericho (muet) et Cyborg (1980) 
-Alpha Flight avec Puck (atteint de nanisme), Aurora (dédoublement de la personnalité) et Box (né sans membres inférieurs).(1983) 
– Mais encore Madame Web, Destiny, Blind Faith, BlindFold, Cassandra Craft (Aveugles mais voyant le futur comme les pythies), Harold Allnut muet et bossu, l’ingénieur de Batman qui dessinera la nouvelle armure pour Azraël (figure moderne du mythe d’Héphaïstos), Legion et ses multiples personnalités, Forge, Deathstroke, Nathan Lubensky, l’ami paraplégique de Tante May, Blind Al, l’amie aveugle de Deadpool, Silhouette, Volt, Becky Blake, Donovan Caine … 

Continuer cette liste à la Prévert n’aurait pas nécessairement d’intérêt d’autant que leur développement restera limité néanmoins, il montre la volonté et l’intérêt des scénaristes d’introduire plus de diversité même s’il s’agit parfois que d’un gimmick . 

On notera l’arrivée des personnages ou de relectures qui mettent en avant les handicaps cognitifs. Le succès de Rain Man et la vision simpliste de l’autisme n’y sont pas étrangers. Par exemple, le coté froid, détaché parfois autoritaire de Mr Fantastic couplé à ses capacités intellectuelles hors du commun est interprété comme un syndrome d’Asperger. 

Les personnages à multiples personnalités sont également assez présents : Aurora, Légion, Mary Typhoïd, Badger, Hulk, Moon Knight (4 personnalités) jusqu’à Crazy Jane (64 !) dans Doom Patrol. 

Malheureusement, il faut y voir au mieux un moyen d’expliquer des errements scénaristiques passés comme pour Moon Knight) et au pire un simple Deus Ex Machina permettant de sortir d’un péril par un nouveau pouvoir tout en surprenant le lecteur. 

Les plus grands héros sont aussi mis à l’épreuve pour une période longue à l’échelle du comics mais généralement limitée à une année (ce qui est déjà mieux que les plots one-shot des années 70) 

Tony Stark deviendra paraplégique avant de retrouver l’usage de ses jambes. L’occasion de s’apercevoir que les locaux de Stark n’étaient absolument pas accessibles.  

Wonder Woman deviendra aveugle. Flash restera bloqué en fauteuil avec deux jambes cassées. Bruce Wayne perd aussi l’usage de ses jambes dans l’Arc Knightfall. Aquaman perdra sa main durant une très longue période. 

La perte des pouvoirs est également présentée comme une forme d’amputation/handicap comme pour Storm et Angel chez les X-Men qui perdront leurs pouvoirs, tombant ainsi dans une dépression qui les poussera au bord du suicide. 

Les histoires qui en découleront seront plus ou moins réussies. Elles auront, a minima, eu le mérite d’évoquer le handicap et parfois ses conséquences quotidiennes. Mais leurs développements restent bien trop superficiels. Si on couple à ça la certitude du retour au statu quo; ces arcs laissent un gout d’inachevé voire d’amertume sur l’usage léger que l’on fait du handicap. 

Oracle : Miracle ou mirage ? 

Oracle failli être une exception à cette règle.  Dans the Killing Joke Après s’être fait tirée dessus par le Joker, violentée, humiliée et laissée paralysée, l’ex-Batgirl est abandonnée à son sort.  L’histoire n’était pas censée être en continuité mais devant l’engouement des lecteurs, DC l’intègrera à son univers principal. 

Barbara Gordon devient une nouvelle victime du syndrome « Women in refrigerator ». Alan Moore lui-même regrettera ce traitement.  

Il se passera un an avant qu’on réintroduise Barbara. Sous le nom de code d’Oracle, elle aide le gouvernement dans ces investigations. Elle finira par se révéler au grand jour pour devenir de nouveau membre important de la Bat-Family. Sa reconstruction mentale, physique et affective, sa ténacité, ses capacités intellectuelles au niveau de Batman vont progressivement lui conférer un statut de fan-Favorite aussi bien pour les valides que pour la communauté de fans en situation de handicap. Initialement prévu pour un rôle en retrait dans la série Bird Of Prey, elle finit par voler la vedette à Black Canary. Les auteurs/autrices avaient enfin réussi à intégrer intelligemment sa paraplégie comme quelque chose qui faisait partie d’elle sans pour autant la définir. 

Aussi quand DC reboote son univers « New 52 » en 2011 en lui rendant l’usage de ses jambes, c’est un choc parmi les fans qui voit un des rares personnages dans lequel ils pouvaient se projeter, effacée en claquement de doigt. 

Quelles pistes pour la suite ? 

Des exemples comme la série Hawkeye de 2014, qui présente de façon innovante sa surdité, prouvent que le comics de super-héros peut encore surprendre et intéresser le lecteur sans jouer sur le pathos ou le gimmick en mettre en scène intelligemment le handicap. 

Surdité que tout le monde avait oublié et qui datait de 1982. Une nouvelle preuve que les handicaps invisibles finissent par se perdre au fil des scénaristes. 

L’introduction d’Echo, l’héroïne sourde, a offert des moments particulièrement originaux et drôles dans la série Daredevil comme lorsque Matt et Maya Lopez vont au cinéma en s’expliquant le film pour compenser le sens manquant de l’autre. Même son récent passage au statut de Phoenix n’a pas effacée sa surdité. 

Le sort de Flash Thompson qui perd ses jambes suite à un attentat durant la guerre du Golfe offrira des numéros bien écrits, notamment un sur les différentes étapes de l’acceptation du handicap et du deuil en général. Sa fusion avec Venom le replongera malheureusement dans des écueils validistes connus. 

Les studios ne s’y sont pas trompés et n’ont pas eu à inventer des personnages pour inclure plus diversité avec l’agent De Suza, Freddy Freeman, Jericho, Hawkeye, Misty Knight ou Oracle. Plus surprenant, ils ont permis des réinventions totales comme War Machine, Bolivar Trask (X-Men) ou Makkari dans les Eternals 

Des propositions d’autant plus notables que les acteurs sont réellement handicapées. Les écrans réussiront-ils à représenter correctement le handicap là où les comics, à coup de loupés ou de fulgurance, tâtonnent depuis 80 ans ? 

Sources : 

  • Disabled Gods: A Critical Disability Studies. Analysis of Ancient Greek Myths – Haley R. Graham 
  • Not Superhero Accessible: The Temporal Stickiness of Disability in Superhero Comics Casey – M. Ratto 
  • A Case Study of Disabled Superheroes – Meredyd’s blog 
  • Uncanny Bodies: Superhero Comics and Disability –  Scott T. Smith 

La BO du jour

Un chanteur paraplégique légendaire

31 comments

  • Présence  

    Sois le bienvenu Nicolas.

    La laideur physique est associée la noirceur d’âme : une amalgame qui a la vie dure, et sans parler de son corollaire sous-entendu insidieux qui associerait la beauté à la bonté d’âme.

    Les exemples sont épatants, d’abord leur érudition, et pour leur éclairage pénétrant. Aveugle pendant un épisode ! L’idée que 1 valide = 3 handicapés ou que la vie des vétérans estropiés : un message bien insidieux lui aussi.

    Le handicap n’est plus une honte. Il est le symbole du sacrifice et du courage des combattants : un article de plus en plus docte et de plus en plus passionnant.

    Les superhéros Marvel : c’était vraiment la marque de fabrique de Stan Lee, des individus avec un point faible, parfois une infirmité mais toujours un outil pour la dynamique dramatique.

    Fiction paraplegy : je ne connaissais pas ce terme, je le trouve très parlant.

    Barbara Gordon : je me souviens que j’avais également eu cette impression, qu’elle devenait plus importante que Black Canary, un sacré résultat !

    Magnifique article, vivement le prochain sur Burce Lit !

    • Nicolas  

      Hello,

      Merci pour l’accueil !
      Il y avait beaucoup à dire et le travail de synthèse a été ardu. On pourrait écrire un livre sur le sujet. Mais je laisse ça à quelqu’un d’autre.
      Encore merci pour ton retour si positif !

  • Lionel  

    article très intéressant , merci 👍

  • Patrick 6  

    La classe ! Un article didactique et pointu. Bravo à toi.
    J’ignorai tout du traitement initial du handicap, pour le moins stigmatisant, dans les comics « Handicapé = tu l’as surement bien mérité ». Tu penses !

    Un peu comme tu le disais dans la période moderne j’ai parfois eu l’impression que le handicap était d’avantage représenté mais surtout pour «faire joli» (si je puis dire) et gratuitement inclusif. Dans le comics que Xavier marche ou pas, n’a aucun impact sur son comportement et son rapport aux autres. Ce qui est forcément faux.

    Un article sur le handicap ne peut se conclure que par un morceau de Robert Wyatt 😉 (Même si a titre personnel je lui aurai préféré Vic Chesnutt)

    • Nicolas  

      La période récente a offert de représentations très juste du handicap mais aussi des propositions plus anecdotiques rapidement à bout de souffle dans leur développement.
      Le pire étant le passage handi/valide au gré des scénaristes dans l’unique but de surprendre le lectorat, mais qui au final se mettent à dos les fans qui avait trouvé un rare personnage auquel s’identifier.

      Merci de ton commentaire dans tous les cas !

  • JB  

    Merci pour cet article très renseigné (je suis impressionné par les sources utilisées) !
    Il me semble que dans les années 60, DC va également dans le sens d’une altérité non compensée par des pouvoirs. Je pense par exemple au Captain Storm, chef des Losers durant la seconde guerre mondiale dans la mythologie DC : jambe de bois et bientôt bandeau sur l’œil, il continue à mener sa troupe au combat.

    Pour Freddy Freeman, Power of SHAZAM n°19 (1996) montrait déjà une confrontation entre CM3 et Captain Nazi. Le jeune homme dévoile son corps (humain) meurtri à son ennemi avant de l’affronter.

    Le paradoxe est cependant fascinant : de Superman à Captain America, les premiers superhéros sont « nés » pour combattre les forces de l’Axe, notamment les nazis qui prônaient la supériorité de l’Übermensch. L’ironie est de voir que ces héros beaux et forts étaient les adversaires des partisans de l’eugénisme.

    Dans les univers fantastiques de DC Comics et surtout de Marvel, on en arrive également à des contradictions. Dans l’ère Krakoa, les mutants peuvent se ressusciter à tour de bras. Destinée revient dans un corps rajeuni mais reste aveugle (une condition qui n’est pas directement liée à son pouvoir). Un choix étrange car il est indiqué ailleurs que Wiz-Kid (membre des X-Terminators dans les années 80 et paraplégique à la suite d’un accident) pourrait être guéri lors d’une prochaine résurrection alors que Karma et Hellion gardent des corps mutilés après leur retour à la vie. Une valse hésitation entre l’intégration du handicap et la guérison de l’individu.

    • Nicolas  

      Hello,
      Je reposte ce message qui t’était destiné.
      J’ai fait une fausse manip :

      J’avoue avec une préférence pour Marvel et donc des lacunes chez DC. Merci pour ces références supplémentaires sur Freddy Freeman et Captain Storm. Il faudra que je jette un œil à l’occasion.

      Concernant l’ère Krakoa, je n’ai rien contre l’idée de résurrection, mais l’impact sur la psyché des persos n’est pas vraiment creusé. Il serait intéressant d’approfondir la psychologie des personnages qui ressuscitent avec ou sans handicap. Choisissent-ils inconsciemment de revenir avec leur handicap ?
      Ça me rappelle des histoires assez redondantes où Matt Murdock choisit volontairement de reperdre la vue, car il ne se « voit » pas autrement (sans mauvais jeu de mot)

      Pour le reste, on ne peut effectivement être qu’effrayé pour les velléités eugénistes, la montée du KKK et des sympathisants du nazisme que l’Amérique connaissait dans les années 30/40.

  • Fletcher Arrowsmith  

    Bonjour Nicolas (S. Theury si je ne m’abuse ?)

    Un plaisir que de lire ce dossier, sur un sujet qui me tient à cœur, surtout la partie malentendant.

    J’avais justement proposer un jeu de cases à découvrir sur buzz comics, il y a 8 ans à l’occasion de la Journée Internationale des personnes handicapées (le 3 décembre) :

    https://www.buzzcomics.net/showthread.php?t=64016&highlight=handicap*

    Pas facile de porter le handicap, notamment dans le genre super héros. A la fois il faut aller dans le fantastique et de l’autre garder un lien avec le réel.

    J’avoue que le cas de Barbara ou Matt Murdock restent de très bons exemples notamment par leur intégration dans la société civile.

    Encore milles fois merci pour le dossier, cela me touche.

    La BO : je ne connaissais pas et j’ai trouvé cela très beau.

    • Bruce lit  

      Robert Wyatt, suite à une soirée de défonce est tombée d’une fenêtre.
      Il est devenu paraplégique et a fait de ROCK BOTTOM sa catharsis. Son album est considéré comme le plus triste de l’histoire du rock.

    • Nicolas  

      J’avoue avec une préférence pour Marvel et donc des lacunes chez DC. Merci pour ces références supplémentaires sur Freddy Freeman et Captain Storm. Il faudra que je jette un œil à l’occasion.

      Concernant l’ère Krakoa, je n’ai rien contre l’idée de résurrection, mais l’impact sur la psyché des persos n’est pas vraiment creusé. Il serait intéressant d’approfondir la psychologie des personnages qui ressuscitent avec ou sans handicap. Choisissent-ils inconsciemment de revenir avec leur handicap ?
      Ça me rappelle des histoires assez redondantes où Matt Murdock choisit volontairement de reperdre la vue, car il ne se « voit » pas autrement (sans mauvais jeu de mot)

      Pour le reste, on ne peut effectivement être qu’effrayé pour les velléités eugénistes, la montée du KKK et des sympathisants du nazisme que l’Amérique connaissait dans les années 30/40.

    • Nicolas  

      Yep, Sim Theury, Ecologeek, Nicolas … whatever. ^^

      Merci de ton message, c’est lui qui me touche (en tout bien, tout honneur, il va sans dire)
      Content que l’article t’ai plu.

  • Nicolas  

    J’avoue avec une préférence pour Marvel et donc des lacunes chez DC. Merci pour ces références supplémentaires sur Freddy Freeman et Captain Storm. Il faudra que je jette un œil à l’occasion.

    Concernant l’ère Krakoa, je n’ai rien contre l’idée de résurrection, mais l’impact sur la psyché des persos n’est pas vraiment creusé. Il serait intéressant d’approfondir la psychologie des personnages qui ressuscitent avec ou sans handicap. Choisissent-ils inconsciemment de revenir avec leur handicap ?
    Ça me rappelle des histoires assez redondantes où Matt Murdock choisit volontairement de reperdre la vue, car il ne se « voit » pas autrement (sans mauvais jeu de mot)

    Pour le reste, on ne peut effectivement être qu’effrayé pour les velléités eugénistes, la montée du KKK et des sympathisants du nazisme que l’Amérique connaissait dans les années 30/40.

    • Bruce lit  

      Matt Murdock retrouve la vue grâce au Beyonder. Il lui demande de lui ôter après avoir annoncer à Glori, sa copine de l’époque qu’il n’était plus aveugle.
      C’est une des causes de rupture que Miller évoque dans BORN AGAIN.
      C’est 2 épisodes avant et Mazz’ est déjà au dessin.

      • Nicolas  

        Il retrouve également la vue grâce à Dragon Lune dans les 70’s.
        De même dans l’arc Flight Blind à la fin de la V1 de la série en 1998.
        Dans les 2 cas, il demande à redevenir aveugle à l’issue.

        • Bruce lit  

          FLIGHT BLIND sera bientôt à la une.

  • Bruce lit  

    Merci Nicolas pour cet exposé passionnant.
    Je n’ai qu’une seule envie : te voir revenir pour faire un focus sur chacun de ces personnages.
    Un moment intime : en 1986, mon grand-père, diabétique est amputé de sa jambe.
    J’ai 13 ans et j’assiste à sa convalescence, mon amour pour lui ne lui fait pas repousser ce membre qui le fait souffrir. Il se plaint que cette jambe continue de le faire souffrir, le démange, personne ne le croit, on ne sait pas encore qu’il est victime de douleurs fantômes.
    Toute cette rage, cette impuissance à le voir essayer ses prothèses, marcher avec une béquille, exposer son moignon sans honte, je la canalise et si aujourd’hui j’aide mon public à remplir des demandes d’allocations handicapées, ce n’est sans doute pas par hasard.
    Voilà pourquoi je n’ai que du mépris pour les politiques Marvel et DC. Non, ce n’est pas une marque d’espoir de supprimer les fauteuils roulants de Xavier ou Barbara. C’est de la médiocrité de scénaristes de merde qui ignorent ce que vivre et surmonter un handicap signifie. ON surmonte ça avec de la volonté pas par un putain de tour de magie.
    Faire marcher Xavier est la pire idée que Claremont et Morrison ont pu avoir. C’était justement ce qui le rendait si humain : l’esprit le plus puissant de la planète cloué sur son fauteuil.
    Un rêveur au corps brisé.
    Merci tellement pour cet article et reviens quand tu veux.

    • Nicolas  

      Claremont avait réussi quand même réussi à poser quelques reflexions intérréssantes dans la manière dont Charles Xavier percevait cette nouvelle liberté. Mais à la 4ème ou 5ème perte/récupération de l’usage de ses jambes, cela n’avait plus grand sens.
      Hormis peut-être un épisode de Lobdell avec Jubilee comme confidente.

      Quoi qu’il en soit, je te remercie de ta confiance et de ton accueil.

      Pour le moment, je vais m’investir dans un projet plus important, histoire de boucler la phase Ecologeek, mais je retiens l’invitation ^^

  • Jyrille  

    Bienvenu Nicolas ! Merci pour cet article passionnant qui soulève un point important et remet les comics là où ils devraient toujours être : des béquilles, des aides, des guides, des moyens de représenter tous les genres et toutes les ethnies, toutes les croyances, toutes les personnes. Je ne connaissais pratiquement rien à ta liste, mais je me doutais bien que tu parlerais de Doom Patrol et d’Oracle. Ce qui est sûr, c’est que j’apprends plein de choses, c’est assez incroyable de croire que les handicapés aient pu être considérés systématiquement comme des vilains.

    La BO : chef d’oeuvre.

    • Nicolas  

      Merci Jyrille. Un grand merci pour ce message.

      Il est vrai que le handicap a longtemps été stigmatisant à l’extrême. Entre Freaks et malfaisants, leurs statuts n’étaient pas glorieux dans les comics.
      C’est une revanche qu’ils aient pu devenir une source d’inspiration pour les personnes en situation de handicap.

  • Jyrille  

    J’ai oublié de dire que tes remarques sur les cyborgs est très juste : dans le jeu de rôle Cyberpunk, où l’on peut augmenter son corps, le personnage perd en humanité à chaque fois qu’il remplace une partie de son corps par une partie technologique. Il est donc normal qu’un personnage quasiment robotique devienne plus ou moins fou, ce qui est presque le cas de Cliff Steele (Robotman) dans Doom Patrol mais également bien retranscrit dans l’anime Cyberpunk Edgerunners.

  • Doop O Malley  

    Voilà. Je ne vais pas dire grand chose Nico parce que bon,on se connait un peu. Mais c’est, comme à ton habitude, un article absolument passionnant. Pointu, référencé. Tout ce que j’adore. Merci !

    • Nicolas  

      Merci Doop ! GS un jour, GS toujours.
      Toujours heureux de te lire également même si rarement le temps de commenter.

      Pour le billet, j’avais peur de partir dans une approche trop validiste. Certains automatismes ou vocabulaire sont parfois compliqués à corriger. C’était un projet intéressant en ce sens.

  • JP Nguyen  

    Je ne vais pas être original : super article.
    Sur le personnage que je connais le mieux, Daredevil, je me rappelle le traitement par Nocenti, lorsque Matt tentait d’aider Tyrone, un enfant devenu aveugle à cause de déchets industriels. Il n’y arrivait pas car ses pouvoirs ne lui permettaient pas de comprendre la « simple » cécité du petit garçon…

    • Nicolas  

      Oui, il y aurait un article entier sur DD.
      Il est vrai que techniquement n’a pas complétement perdue la vue. Dans le run Nocenti/Weeks, sa vision est proche de la normale mais sans les couleurs, c’est dire.
      Cette difficulté à percevoir les perceptions de l’autre me fait penser à Valley of the blinds de HG Wells où un voyant découvre une contrée isolée peuplée uniquement d’aveugles de naissance.
      Le héros est incapable de leur expliquer le « sens de la vue » ce qui fait par l’ostraciser rapidement.

      Merci de ton message !

  • Alchimie des mots  

    Nicolas, toujours un plaisir de lire tes articles aussi détaillé et référencés!
    Surpris de voir que Daredevil du moins, sa première appellation a été faite en 1942.
    C’est incroyable que le sujet a été évoqué et pas assez approfondie à certains moments, encore jusqu’à ce jour.
    Une question sur les différentes méthodes afin d’inclure l’ensemble de la Population.
    Merci pour cet article !

    • Nicolas  

      Hello,

      Merci de ton retour ici ou sur txitter ^^, ça fait toujours trés plaisir et ça maintient la motivation !

  • Aude-Marie Barloy  

    Bonjour,
    Je travaille pour un réseau de médiathèques et souhaiterais joindre Nicolas pour voir la faisabilité d’une conférence sur les super-héros et le handicap. Désolée de passer par cet espace mais l’adresse mail que j’ai trouvée me revient en erreur.
    Nicolas pourrait-il me contacter ?
    Merci par avance

  • Aude-Marie Barloy  

    Merci beaucoup Nicolas, mais nous en sommes encore à l’âge de pierre. Pas de Facebook. Une adresse mail peut-être ?

  • Eddy Vanleffe  

    Bravo fantastique article que j’avais loupé.
    J’avoue ne pas lire les comics (ou les reste) en ayant en tête ce tableur excel de la représentativité. Je veux revenir au ressenti spontané devant une histoire.
    Barabara Gordon, j’ai suivi son parcours, sa chute, se retour en grâce, ses sacrifices etc…
    bon an, mal an et avec les maladresses qui découlent de l’industrie du comics, tout en a fait un des personnages les plus fascinants de l’univers DC. le reste…
    J’adore la partie revenant sur l’ambivalence qui d’un coté vantait la beauté et la perfection tout en réalisant que les héros étaient souvent des blessés de guerre dans la vrai vie. Ce fut la porte d’entrée de l’handicap dans le grand barnum super héroïque mine de rien.

  • Flo  

    …et voilà comment on éclate en mille morceaux les pseudos critiques sur l’inclusion, « fléau uniquement moderne » :
    Ça a toujours existé avec les personnages de comics (plus encore qu’avec les genres et les ethnies), et il y aura toujours un risque de le traiter maladroitement.
    Mais mieux vaut ça que de ne rien faire du tout, parce-qu’on aurait peur de ne pas atteindre « l’excellence ».

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