La blessure à l’œil (Frederic, William et l’amazone)

Frederic, William et l’amazone par Jean-Marc Lainé & Thierry Olivier

Un article de PRESENCE

VF : Comix Buro / Glénat

 Réflexion  © Comix Buro /Glénat


Réflexion
© Comix Buro /Glénat

Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Il s’agit d’une bande dessinée en noir & blanc, rehaussée de lavis, avec quelques cases en couleurs, dont la première édition date de 2020. Elle a été réalisée par Jean-Marc Lainé pour le scénario, Thierry Olivier pour les dessins, l’encrage et les lavis. Ce tome se termine avec un dossier de 20 pages comprenant des pages à différents stades d’avancement, des documents d’époque, et un texte de Lainé commentant le processus de création. La dernière page comprend une bibliographie présentant 6 ouvrages de référence, ainsi qu’une courte biographie d’un paragraphe présentant les deux auteurs.

Chapitre 1 : 1922-1935. Fredric Wertham écrit une lettre à son ancien professeur Sigmund Freud. Il relate qu’il se trouve accoudé au bastingage du navire arrivant en vue de New York, en train de passer au large de la Statue de la Liberté. Dans le même temps, il s’interroge sur les paramètres du déterminisme social susceptible d’engendrer la violence. Il se fait déposer à destination par un taxi. Il avise un kiosque à journaux en descendant du taxi et achète un journal. En le feuilletant, il est frappé par l’expressivité des personnages du comicstrip. Dans sa maison, William Moulton Marston est confortablement installé dans son fauteuil, et sa femme lui apporte le journal où un article évoque ses travaux sur le détecteur de mensonge, et plus particulièrement sur la pression systolique. Il se félicite qu’on parle de ses travaux, réalisées avec son assistante Olive Byrne, alors que sa femme ironise sur le fait qu’il s’agit plutôt de sa maîtresse. Il ajoute qu’il travaille sur le manuscrit de son prochain livre Le détecteur de mensonges, et qu’il a été contacté par un avocat qui souhaite utiliser ledit détecteur pour innocenter son client. Wertham est reçu par le directeur de l’université Johns-Hopkins de Baltimore dans le Maryland, qui l’engage. L’avocat présente son client James Frye à Marston en prison. Il teste le détecteur de mensonges. Le jugement a lieu et Frye est reconnu coupable, les résultats du détecteur n’étant pas reconnus par le tribunal. L’avocat fait observer à Marston que grâce à lui, son client a quand même échappé à la chaise électrique. Le compte-rendu de l’audience fait l’objet d’un article dans un grand quotidien, et il se félicite que son invention y soit mentionnée. Wertham peste contre la supercherie de la pression systolique dont il ne reconnaît pas la validité scientifique.

William Moulton Marston continue de tester son invention, cette fois-ci dans ses bureaux, sur une jeune femme qui capte bien le sous-entendu d’être attachée sur un fauteuil. Peu de temps après, il impose à sa femme Elizabeth le fait qu’Olive Byrne s’installe chez eux, instituant ainsi un ménage à trois. En 1927, Wertham est naturalisé citoyen américain. En 1928, Marston travaille pour un studio d’Hollywood à essayer d’anticiper les goûts du public. À Los Angeles, la police de Chicago engage un dénommé Leonarde Keeler, l’inventeur de l’émotographe. Le 26 août 1928 naît Pete, le fils d’Elizabeth et William. Peu de temps après, le studio d’Hollywood apprend à Marston qu’ils n’ont plus besoin de ses services, du fait de la mise en œuvre du code Hays. Il comprend bien qu’ils l’ont remplacé pour un prestataire moins cher, vraisemblablement Keeler. En décembre 1934, la police arrête le tueur en série Albert Fish. Son évaluation psychologique échoit à Fredric Wertham.

Le kiosque  © Comix Buro /Glénat wertham

Le kiosque
© Comix Buro /Glénat wertham

Voici un projet aussi alléchant que sujet à caution : rapprocher deux psychologues ayant vécu à la même époque, et ayant une incidence à long terme sur les comics américains. L’un a créé Wonder Woman en 1941, l’autre a jeté durablement l’opprobre sur les comics avec un livre paru en 1954. Indéniablement, la structure et la narration présentent des particularités qui attirent l’œil et l’attention du lecteur. Les auteurs ont choisi de ne pas toujours respecter l’unité de lieu et de temps dans certaines pages : une séquence peut se terminer aux deux tiers, et une autre sans rapport commencer dans le dernier tiers. Marston semble systématiquement arborer un sourire factice, d’autant plus éclatant que le dessinateur ne représente pas de séparation entre les dents. Il peut arriver que certaines scènes ne débouchent sur rien. Par exemple page 15, Marston place ses capteurs sur les bras et les jambes d’une jeune femme pour un test : le sourire et le regard intense de la demoiselle semble indiquer qu’elle saisit bien le sous-entendu de domination contenu dans cette situation. Pour autant la page d’après passe à une discussion sans rapport évident entre Marston et son épouse. De temps à autre, un bras ou une tête semblent un peu trop gros ou un peu trop petit, ou trop court. Les emprunts à WATCHMEN (1986/1987) de Dave Gibbons & Alan Moore s’apparentent à du recopiage, par exemple la scène d’entretien entre Albert Fish et Wertham, avec un découpage en 9 cases de la planche et une mise en couleurs contrastée entre présent et images dans l’esprit du psychologue.

Dans le même temps, le lecteur se rend vite compte qu’il ne s’agit pas d’amateurisme, ce qui ne surprend pas de la part d’un auteur comme Jean-Marc Lainé, déjà interviewé sur Bruce Lit : INTERVIEW JEAN-MARC LAINE . Les auteurs reconstituent une époque précise, ou plutôt développent plusieurs thèmes dans une structure complexe totalement maîtrisée : l’évolution de l’image des comics, au travers de la trajectoire en miroir de deux personnalités très différentes. Au fur et à mesure qu’il découvre les pages, le lecteur relève de nombreuses autres caractéristiques qui attestent d’un ouvrage très réfléchi. Pour commencer, il est découpé en 4 chapitres, chacun correspondant à une époque : de 1922 à 1935, de 1935 à 1940, de 1940 à 1945, et de 1945 à 1956, chacune placée sous le signe d’une personnalité historique différente (Sigmund Freud, puis Albert Fish, Adolf Hitler, Joseph McCarthy). À l’opposé d’un dispositif gadget pour ajouter une caution historique factice et creuse, ces références apportent une profondeur de champ thématique au récit.

Attache-moi  © Comix Buro /Glénat

Attache-moi
© Comix Buro /Glénat

Au fil des pages, le lecteur relève d’autres références visuelles : à Dave Gibbons, à Richard Corben, à un ou deux artistes ayant travaillé pour EC Comics. Là encore il ne s’agit pas simplement de manque d’inspiration ou de citations serviles. Au dos de chaque page annonçant le chapitre, se trouve un facsimilé de comics d’époque constituant à la fois une référence visuelle dessinée à la manière de l’époque, et un jeu thématique avec les éléments développés dans le chapitre en question. Quand il prend un peu de recul, le lecteur se rend compte du soin avec lequel le récit a été construit, par exemple en remarquant que chaque chapitre s’ouvre avec une vue différente de New York, à autant d’époques différentes, avec un investissement tangible pour respecter l’authenticité historique. Ainsi il s’impose comme une évidence qu’il s’agit d’une BD très soignée, tant sur le plan de sa construction, que sur le plan visuel.

S’il est néophyte en histoire des comics, le lecteur découvre deux individus sortant de l’ordinaire. Un psychologue élève de Sigmund Freud (1856-1939) effectuant un métier éprouvant, constructif pour la société : professeur dans une école de médecine de Baltimore, psychologue expert auprès des tribunaux, être humain soumis à l’exposition la plus crue des horreurs commises par un tueur en série, professionnel écoutant la parole des enfants, individu concerné par la société dans laquelle il vit et souhaitant faire de la prévention. Par contraste, les qualifications professionnelles de William Moulton Marston ne sont jamais explicitées. Son apport à la création du détecteur de mensonges n’est pas forcément très important en pourcentage. Il présente un côté bateleur faisant son autopromotion et sa vie privée recèle des zones d’ombre discutables, en particulier en ce qui concerne sa relation avec sa femme. Le récit n’est pas à charge contre lui, mais il ne provoque pas la sympathie. L’artiste met en scène ses personnages avec une direction d’acteur naturaliste, des individus avec une présence souvent intense, un grand soin apporté à la reconstitution historique (décors, tenues vestimentaires, éléments culturels). Le lecteur découvre ainsi plus qu’un pan de l’histoire des comics : la manière dont la société gère une facette de l’image de la violence en son sein, en particulier dans ses publications à destination de la jeunesse.

Recueil d'aveux insoutenables  © Comix Buro /Glénat

Recueil d’aveux insoutenables
© Comix Buro /Glénat

Pour un lecteur de comics un peu familier de l’histoire des comics, la narration recèle des richesses impressionnantes. L’utilisation de la scénographie de Watchmen (l’entretien entre Walter Joseph Kovacs & docteur Malcolm Long) s’impose comme une évidence pour celui entre Albert Fish et Wertham : ce n’est pas du plagiat mais un hommage intelligent. L’utilisation du kiosque à journaux se révèle tout aussi pertinente et intelligente. Le retournement de la polarisation affective entre les 2 psychologues fait sens : à la fois pour réhabiliter Fredric Wertham, à la fois pour montrer les failles de Marston. D’ailleurs les auteurs ne grossissent pas le trait. Ils évoquent en passant l’intégration d’Olive Byrne dans le cercle familial, le lecteur sachant peut-être que Marston a imposé un ménage à trois à son épouse. Le lecteur relève d’autres références de la culture comics comme le thème visuel de la blessure à l’œil, pointé du doigt par Wertham, l’exemple positif de Wonder Woman pour les lectrices, et bien sûr la participation de Carmine Infantino (1925-2013) et Julius Schwartz (1915-2004), ainsi que l’image de conclusion. Il se rend compte que les aveux d’Albert Fish sont encore plus terrifiants que la confession de Kovacs : voyeurisme, sadisme, masochisme, fétichisme, flagellation active, zoophilie, prostitution, autocastration, pédophilie, ondinisme, coprophilie, cannibalisme. Il prête une attention plus importante aux autres éléments historiques, ayant conscience qu’il s’agit d’autant de parties émergées d’événements qu’il peut aller approfondir s’il est intéressé : par exemple, l’émotographe de Leonarde Keeler (1903-1949), le code Hays (1930-1968), la carrière personnelle d’Elizabeth Holloway Marston (1893-1993, avocate et psychologue), l’activisme militant de  Margaret Sanger (1879-1966, biographie de Peter Bagge), etc. Il observe que William Moulton Marston a écrit les aventures de Wonder Woman de 1941 à 1947, alors que Robert Kanigher les a écrites de 1947 à 1968, avec une interprétation différente de celle de son créateur.

Le lecteur peut partir avec un a priori négatif sur une tranche d’histoire des comics réalisée par des français, et un feuilletage rapide de la BD peut le conforter dans son opinion. Si sa curiosité le mène à entamer la lecture, celle-ci s’avère d’une grande richesse, en termes de reconstitution historique, d’évocation de la vie de Fredric et William, de l’importance culturelle de l’amazone, de thèmes abordés qui sont plus larges que juste les comics. En tant que néophyte, il découvre une facette de la société des États-Unis sur la gestion des comics en tant que vecteur culturel de la violence, mais aussi de l’image de la femme. En tant que lecteur chevronné, il découvre que l’ampleur de la richesse de l’œuvre est encore plus grande qu’il n’imaginait, et que Jean-Marc Lainé & Thierry Olivier ont fait œuvre d’auteur pour un ouvrage à la construction sophistiquée et élégante, et à la narration fluide et très agréable.

Les promesses de la vie américaine © Comix Buro /Glénat

Les promesses de la vie américaine
© Comix Buro /Glénat


La BO du jour Et si j’étais né à cette époque, aurais-je été meilleur ou pire que Wertham ?


25 comments

  • Bruce lit  

    Je me retrouve totalement dans ton article puisque j’ai lu cette BD vendredi pour être en osmose avec ce que je publie.
    Oui, j’ai vu les clins d’oeil à Gibbons et WATCHMEN (notamment les séquence entre l’enfant et le kiosque).
    Non, je n’ai pas vu ceux faits à Corben
    Oui j’ai apprécié la fluidité de la narration
    Non, je n’ai pas été convaincu de placer chaque chapitre sous le signe d’un personnage historique, notamment Hitler.
    Globalement si Marston semble effectivement vivre comme un représentant de commerce pour qui je n’ai ressenti guère de sympathie, ja’i adoré le parallèle entre le détecteur de vérité inventé par lui et le lasso de WW.
    C’est surtout, j’avoue avoir été surpris de ressentir de l’empathie pour Fredreric Wertham réellement impliqué sur le terrain, travaillant pour aider les personnes pauvres et traumatisé par le traumatisme. Cet homme est certainement l’acteur le plus détesté de la vie des comics alors que Lainé en fait un être humain complexe qui pense sincèrement éviter aux enfants la violence qu’il a subie.
    C’est un puritain qui manque de recul sur son époque mais pas un salaud comme je m’y attendais.
    Son associations entre le déterminisme de classe et la délinquance est loin d’être infondée.
    Le tout m’a passionné et frustré car je voulais en savoir encore plus.

    Seul bémol à l’entreprise : Jimbo, Thierry si vous me lisez : votre quatrième de couverture cryptique. Pour qui ignorerait qui est sont ces Frederic et cette Amazone, votre livre ne se met pas du tout à la place du néophyte qui bouquinerait au hasard.

    • Présence  

      Je voulais en savoir encore plus. – Exactement mon ressenti, même si j’avais déjà u de nombreux articles sur le créateur de Wonder Woman.

  • Eddy Vanleffe  

    Etant donné
    1- le sujet
    2- la format bien plus proche du comics indé que du FB
    3-le public visé finalement
    est-ce traduit aux States?
    clairement ça pourrait avoir des chances aux Eisners…
    Bon après au départ, c’est pas ma came mais Tu le vends super bien Présence…
    donc mes projet 2021… Partir aux Texas, creuser, creuser, creuser tomber sur du pétrole et m’acheter tous les comics que je veux…^^
    Bravo!

  • Présence  

    À ma connaissance, il n’existe pas de traduction en anglais. Il faudrait demander à l’éditeur VF si c’est dans les tuyaux.

    Même en ayant ainsi augmenté ta capacité financière, il te restera à trouver le temps pour lire. 🙂

    Fredric Wertham et William Moulton Marston : 2 individus avec une influence considérable sur l’industrie des comics. Le premier avec son livre, le second avec un personnage qui a résisté à l’épreuve du temps. Pour avoir lu beaucoup d’articles de Noah Berlatsky, sur son site Hooded Utilitarian, et en lisant les premiers épisodes de Wonder Woman, c’est incroyable à quel point le personnage et ses aventures défient les conventions du genre. Même les caractéristiques les plus bizarres (WW attachée) peuvent être vues sous un angle positif, ou au moins comme un indice de la personnalité unique de son créateur, et du dessinateur.

    • Eddy Vanleffe  

      Je connais un peu le truc sur Wonder Woman et le bondage /soumission consentie etc…
      il ne faut jamais perdre de vue les personnalités des créateurs, leur époques et les tabous qu’ils ont du estimer combattre en leur temps.
      le sexe était l’arme larvée pour combattre le conservatisme, on ne pensait pas du tout en terme d’image à l’époque.

  • Bruce lit  

    Je vois aussi beaucoup de Charles Burns dans le dessin

    • Présence  

      Maintenant que tu le fais remarquer, je peux y voir aussi un petit air.

  • Tornado  

    Du beau travail, à la fois de la part des auteurs de la BD et de l’auteur de l’article.

    J’ai regardé plusieurs fois chaque planche dans le détail et je trouve que le dessin et la mise en page sont d’un excellent niveau. Franchement, ça envoie du bois. La planche avec les aveux du serial-killer est vraiment belle. les autres sont toutes très bonnes aussi.
    Ouaip. Très beau boulot. Je ne connaissais pas du tout ce dessinateur.

    C’est bien la 1° fois que j’entends dire du bien de ce Mr Wertham. Si la réalité historique est beaucoup moins simple qu’on a voulu nous la colporter jusqu’ici (« Wertham = Satan »), ça valait effectivement le coup de le rappeler. Etrange qu’il a fallu que ce soit des auteurs français qui saisissent le sujet, tout de même.

    • Présence  

      Oui, la présentation faite de Fredric Wertham vaut le déplacement pour une vision de sa carrière qu’on ne peut pas résumer à Seduction of the innocent, et il fallait peut-être des français pour combiner à la fois la connaissance du milieu des comics, et un minimum de recul sur sa vie. En lisant vos réactions, je me dis que finalement j’en ai appris beaucoup plus sur lui que sur WM Marston sur qui j’avais déjà plus de choses.

  • Jyrille  

    Cela fait un bout de temps que je tourne autour, surtout que Nikolavitch nous en avait déjà parlé, je crois bien que je vais finir par me la prendre…

    Je n’ai pas vraiment compris de quoi parle la blessure à l’oeil, mais à part ça ton article est impeccable comme toujours. Dans les scans, je trouve un peu de Corben en effet, mais j’imagine que l’hommage est plus appuyé dans la bd et à un autre moment. Celle de l’interview est vraiment frappante.

    La BO : une des rares chansons de Goldman que j’aime.

      • Jyrille  

        Ah je comprends mieux, merci ! En effet, le premier scan est terrifiant…

        • Bruce lit  

          @Cyrille
          Le livre montre très intelligemment et avec une certaine empathie que Wertham pourrait être un médecin de progrès qui travaille pour des noirs défavorisés à Harlem. Un public qu’il aide sans aucun préjugé racial.
          Il est également expert psychiatrique auprès de la justice et doit écouter les aveux de Albert Fish, un tueur en série qui mutilait, violait et tuait des enfants.
          La BD pour enfants existe à peine que les comics d’horreur pour adultes émergent. Wertham n’a pas le recul nécessaire pour se rendre compte que ces têtes coupées, ces yeux crevés ne sont pas destinés aux enfants (un peu comme les DA du club Dorothée en leurs temps).
          Traumatisés par son travail, il voit dans ces scènes dessinées la même cruauté qu’il combat face aux tueurs en séries (qui n’ont pas encore été nommés ainsi). Sa faute est la même que tous les puritanismes : protéger en interdisant.

          A l différence que contrairement à beaucoup de gogols de notre époque, Wertham a une vraie experience de terrain.

          • Nikolavitch  

            Oui, c’est vraiment un côté très intéressant de cet album, qui recadre les deux portraits inconiques de Moulton et Wertham : Moulton est montré comme nettement moins féministe que l’image qu’on en avait (j’avais cette vision relativement idéalisée du personnage, pour ma part) et Wertham comme beaucoup plus torturé et progressiste que le brûleur de comics. On a souvent besoin de ces remises à plat.
            (bon, ça m’a pas empêché de citer deux fois Wertham dans mon dernier roman, et une fois Albert Fish, en m’en tenant à une vision plus traditionnelle du bon docteur)

          • Présence  

            Même l’entrée wikipedia de Wertham développe plus son livre sur les comics, que sa carrière de psychiatre (on ne se demande pas quel genre de contributeurs a pu l’écrire… 🙂 ). Pourtant comme le souligne Bruce, il a travaillé dans une clinique recevant de jeunes afro-américains et ses études ont été cités par les tribunaux dans des affaires de ségrégation.

          • Bruce lit  

            Disons que la BD permet de comprendre l’impact de ses écrits. Wertham n’est pas le mec qui sortait de nulle part sans background. Je l’ai toujours imaginé comme un charlatan. La vérité semble infiniment plus complexe et intéressante.

  • Surfer  

    Il a l’air très sympa ce bouquin.

    Pour un passionné il est toujours intéressant de connaître un peu mieux ces 2 personnages qui ont eu une influence majeure dans l’industrie des comics.
    Jean-Marc Lainé a une bonne culture comics et je suppose qu’il s’est très bien documenté pour écrire ce récit.
    On devrait très certainement apprendre beaucoup de choses.

    J’aime beaucoup les dessins. J’y retrouve un petit peu de Richard Corben. Le lavis est bien utilisé. Les pointes de couleur aussi ( un peu comme dans Sin City de Miller).

    Que de belles références : Watchmen pour certains découpages…Miller….Corben.

    Ce livre a tout pour me plaire 😉👍

    • Présence  

      Comme le fait observer Bruce, c’est une BD qui est certainement plus savoureuse pour un lecteur de comics confirmé, que pour un novice, en particulier du fait des références que tu cites.

  • Bob Marone  

    Waow ! Merci pour cet article. Ça a l’air passionnant. J’avoue être totalement passé à côté de ce cet album. Il faut dire que la couv assez redoutable et le titre obscur ont fait que je n’ai même pas ouvert le bouquin sur l’étal de mon libraire préféré. Pourtant les scans des planches ont l’air très efficaces. Et je découvre là que Wertham a expertisé Fish the Grey Man. On ne me dit rien…

    • Présence  

      On ne te dis rien, on te cache tout, comme disais Jacques Dutronc, mais cette BD t’en dit beaucoup. 🙂

      Par principe, je fuis les comics à la française, mais là le sujet a fait que je l’ai feuilleté à l’occasion de plusieurs passages chez le libraire, et la curiosité a fini par avoir raison de mes réticences, et je m’en suis trouvé fort aise.

  • Kaori  

    Merci pour cet article, Présence, qui remet les choses dans leur contexte.

    J’ignorais qui était Albert Fish. Je suis allée voir sur wikipedia. Je n’aurais pas dû…
    Ce pauvre Wertham m’en devient hautement sympathique, avec tout ça !

    PS : j’ai eu beaucoup de mal à lire les bulles des scans… d’où mes recherches sur wikipedia ! Je vais avoir du mal à m’en remettre…

    La BO : un des meilleurs titres du trio.

    • Présence  

      J’ai suivi le même cheminement que toi : j’ignorais qui était Albert Fish, je suis allé voir sur wikipedia, et la liste de ses crimes m’a écœuré.

      • Kaori  

        J’ai eu la très mauvaise idée de lire deux des lettres qu’il a envoyé aux parents de certaines victimes……

        • Présence  

          Je n’avais pas poussé la curiosité jusque là : je vais donc m’en abstenir.

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