Encyclopegeek : Lee Hazlewood
Un article de Samuel Péquignot
Lors de notre fin de saison 12, Samuel, lecteur et commentateur de Bruce Lit, m’a envoyé une jolie lettre de motivation pour écrire pour le site. Le voilà qui s’acquitte d’une mission aussi impossible que passionnante : raconter l’histoire d’un musicien de génie trop méconnu du grand public, Lee Hazlewood !

Lee par Ed Illustratrice
Lors de sa dernière tournée en 2002, avant d’entamer son tube popularisé par sa « darling named Nancy » (Sinatra), Lee Hazlewood rappelait à son public que la plupart des gens de ce monde pensent que c’est la seule chanson qu’il ait écrite.
Dix huit ans après son décès, la situation s’est à peine améliorée. Malgré l’énergie de Light In The Attic, les biographes Wyndham Wallace et Christophe Deniau, sans oublier les nombreux artistes qui le citent régulièrement, son travail d’orfèvre n’a toujours pas la notoriété qu’il mérite. Sa voix de baryton, son écriture et ses mélodies ciselées produites et arrangées avec l’excellence qui leur étaient dues ont pourtant hissé le songwriting à des sommets rarement atteints.
À l’heure où la plupart des musiques sont accessibles, le bonhomme reste réservé aux seuls initiés qui ont su dépasser les copistes pour privilégier l’original. En ses temps où l’immédiateté décérébrée a remplacé la véritable beauté et où l’élégance est de moins en moins de la party, l’œuvre de cette forte tête serait-elle trop classe pour trouver sa place ? Le mystère reste entier … mais une réponse se trouve, peut-être, dans son parcours où les avancées ont côtoyé les pas de côté.
D’un père originaire d’une famille d’hommes de lois et d’une mère issue d’une famille d’éleveurs texans et d’indiens dits de souche, Barton Lee Hazlewood naît le 9 juillet 1929 à Mannford en Oklahoma, quelque mois avant le krach boursier. À cette instabilité économique est ajoutée l’instabilité géographique car son père, foreur de puits de pétrole obligera souvent sa famille à déménager. « Juste le temps de foutre la merde et on repartait. » raconte-t-il aux Inrocks en 1999.

Le petit Barton n’a, en effet, pas laissé de bons souvenirs. Deux cousines germaines que le journaliste Mitch Gilliam retrouve en 2015, le décrivent comme « une petite merde » et racontent qu’enfant, son père a eu la mauvaise idée de l’emmener voir son banquier auprès duquel il était endetté. Quand ce dernier s’approcha de Barton pour le saluer et lui donner une pièce, le petit répondit poliment : « Je ne t’aime pas, vieux fils de pute borgne. » Le banquier lui donna tout de même ses cinquante cents ainsi que toutes les autres fois où il le croisa. Sans doute le professionnel avait-t-il flairé que ce caractère en acier trempé allait peut-être, dans sa vie d’adulte, générer quelque revenus …
Sa famille quitte Mannford en 1943 pour s’installer à Port-Neches au Texas. Bègue jusqu’à ses 17 ans, d’un caractère réservé et parfois même sombre comme son père. Barton manifeste aussi des talents d’écriture dès l’école et malgré la difficulté qu’engendre la créativité au Texas, n’a aucun problème pour se faire des amis grâce à son tempérament blagueur qui, lui, vient de sa mère.
Les deux parents l’élèvent dans la musique sans qu’aucun ne sache en jouer et Barton s’y met donc naturellement. Il intègre successivement deux formations où il travaille déjà les harmonies et montre ses qualités d’arrangeur. Mais à la fin du lycée, il décide, tout de même, d’entreprendre des études de médecine. Le but étant, surtout, de quitter au plus vite Port Neches et sa morale religieuse conservatrice dans laquelle il est très difficile de vivre quand on a grandi, comme il le disait avec humour, « dans la seule famille libérale du Texas ».
Mais il est appelé sous les drapeaux et part en Alaska où il occupe le poste de batteur dans l’orchestre de la 4e Division. Il a tout juste le temps de rentrer épouser sa fiancée Naomi, rencontrée en dernière année de lycée, qu’il est envoyé en Corée. Barton y côtoie la mort et la vision des corps blessés ou en décomposition, ce qui achève son ambition de devenir médecin. De ce traumatisme, il se contenta de raconter qu’il « s’agissait surtout de se faire tirer dessus et apprendre à courir et à pleurer. »

À sa démobilisation en 1953, Barton commence sa carrière en tant que disc-jockey où il rencontre et aide le jeune guitariste Duane Eddy, fait monter l’audience d’une radio conservatrice en passant des artistes progressistes et sera même le premier à diffuser un jeune chanteur du nom d’Elvis Presley. C’est aussi à cette époque qu’il choisit d’utiliser son deuxième prénom, Lee.
En 1955, suite au rejet de ses premières chansons (mauvaises de son propre aveu) il créé son propre label Viv Record du nom de la marque de cosmétique préférée de Naomi et sort ses premiers succès. D’abord « The Fool » de Sandford Clark dont le son obtenu, à force d’effets et d’efforts, révolutionne la scène musicale de Phoenix, puis il enregistre avec Duane Eddy « Moovin’ & Groovin » ainsi que le tube international « Rebel Rouser ».
Entre-temps, Lee s’était associé avec Lester Sill, grand vendeur de disque et découvreur de talent. C’est ce dernier qui amène dans le studio où Hazlewood travaille avec Duane Eddy, un jeune de 20 ans qui absorbera tout ce que Lee lui montrera en matière de réverbération et d’empilage de sons. Phil Spector, c’est son nom, restera deux ans avec eux puis partira avec Sill, en 1961, pour bâtir son célèbre mur du son.
Bien entendu Lee, dont l’égo est de son propre aveu bien moins important que celui de Spector, prétend que « Phil est un génie, lui non et qu’il n’a fait qu’empiler certaines choses sans penser qu’il était possible d’en faire quatre fois plus.» (Les Inrocks en 1999), mais ce n’est pas l’avis de tout le monde …
Lee enregistre ensuite, et enfin, son premier album. « Trouble is a Lonesome Town » narre l’histoire d’une petite ville qui pourrait être Mannford. Sa voix comme sa gouaille sont déjà là et ce disque est un très bon début.
Mais en 1964, la Beatlemania bouleverse le marché du disque américain et les copieurs affluent, renvoyant chez eux ceux qui cherchent ailleurs. Lee se retrouve donc reclus au bord de sa piscine à boire son Chivas Regal et à profiter de ses droits d’auteur. Heureusement pour lui, il a comme voisin Jimmy Bowen.
Depuis quatre ans, ce dernier dirige le département des singles du label Reprise de Frank Sinatra où dès son arrivée ou presque, il avait fait enregistrer à Dean Martin « Everybody Loves Somebody». Il n’a donc pas trop de problème pour convaincre Lee de venir travailler avec lui et d’enregistrer deux superbes disques de country pop. Un premier, bien nommé dans le langage Hazlewood, « N.S.V.I.P. (Not So Very Important People) » et « Friday’s Child » où de nouvelles expérimentations de la réverbération vocale mettent en valeur son chant déjà matures.
Mais c’est avec la MGM l’année suivante, que Lee enregistre son premier chef-d’œuvre « The Very Special World Of Lee Hazlewood ». On lui a donné les moyens et ça s’entend. Les arrangements minimalistes des précédents albums laissent leur place à des orchestrations luxuriantes. Dès l’intro de « For One Moment », l’auditeur collé au mur comprend où il est. Lee y place certaines de ses plus belles compositions comme « I Move Around » qu’il reprendra sans jamais l’égaler et, aussi, la merveille mélancolique et intemporelle sur le temps qui passe « My Autumn’s Done Come ».
L’opus suivant « Lee Hazlewoodism – It’s Cause and Cure » le suivra de près dans le temps comme dans la qualité. Les arrangements sont plus intimistes mais les envolées restent. Pour s’en rendre compte il suffit d’écouter la ténébreuse « The Night », le standard « After Six » ou le joyau « The Old Man and His Guitar ».
Retour à Reprise Records où Jimmy Bowen lui confie la mission de redresser la carrière de la fille du patron. Nancy Sinatra ne manque pourtant pas de personnalité, c’est en effet elle qui a persuadé le patriarche de la laisser faire le même métier, ni même de vécu car à 19 ans elle vivait déjà son premier divorce. Lee la convainc alors d’abandonner sa moue enfantine et, délicatement, lui rappelle « qu’elle n’est plus vierge et qu’elle doit chanter pour les camionneurs en mordant les mots. » Il la persuade aussi de changer son image : la brune devient blonde, se maquille les lèvres et les yeux et porte minijupe, bikini et … bottes hautes.
Tout commence en studio après l’enregistrement de la ballade « The City Never Sleeps At Night » lorsque Nancy et Lee s’amusent à se chanter des chansons grivoises texanes. Un brin provocateur, Lee lui promet la plus grande chanson d’amour avant de lui chanter deux couplets récemment. Il était dans un bar du Texas où un type qui venait de se marier à une fille de la moitié de son âge, enchainait les verres à une table. Bienveillant, Lee lui suggéra de rentrer voir sa nouvelle épouse s’il voulait la garder mais la réponse fut brutale : « Chez moi, c’est moi le patron, et si elle ne m’obéit pas au doigt et à l’oeil, elle sentira ces bottes lui passer sur tout le corps ! ». Horrifié, Lee nota, tout de même, la phrase sur un bout de papier et en fit deux couplets pour faire rire les amis qui lui reprochaient de ne pas écrire de chansons d’amour.

Mais c’est le coup de foudre pour Nancy qui, avec autant de relances que Lee a de réserves, réussit à le convaincre de l’enregistrer. Tout se fait ensuite rapidement, la chanson est terminée en dix minutes et le couplet final sera composé par Lee dans sa voiture le jour de l’enregistrement.
La suite est connue, « The City Never Sleeps At Night » passe en face B et « These Boots Are Made For Walkin’ » sera numéro un et se vendra à un million d’exemplaires. Les mots d’un sale type violent deviennent donc, dans la bouche et les bottes de Nancy Sinatra, un hymne féministe provoquant une véritable déflagration dans la musique et la société en générale.
En résulte une véritable « Nancy Mania » avec, entre autres, le show « Movin’ for Nancy » diffusé sur NBC en 1967, pour lequel Lee compose une de ses plus belles chansons « Some Velvet Morning ». Ni Nancy ni lui ne savent vraiment ce qu’ils ont chanté mais qu’importe … Sensualité, mythologie et western spaghetti sont au programme pour le « Meilleur duo de tous les temps » selon The Telegraph (2003) et avec l’approbation de Lee himself qui n’est pourtant pas du genre à s’auto-congratuler.
L’album « Nancy & Lee » suit rapidement. « Summer Wine » déjà chantée avec Suzi Jane Hokom sa nouvelle muse depuis son divorce, sera à son zénith sur l’album, sans oublier la superbe version de « Sand » déjà interprétée en solo par les deux et la beauté de « Lady Bird » qui nous fait passer du psychédélisme au fantastique.
Après un « Something Special » bâclé pour MGM puis le bien meilleur « Love And Other Crimes » enregistré à Paris. Lee sort « Forty », un magnifique album de reprises pas du tout dans l’air du temps alors que le son de L.A. qu’il avait contribué à populariser dominait le rock américain. Rester hors de son temps et décalé semble être pour lui une hygiène de vie. Une intention consciente ou pas qui peut se comprendre mais amorcera hélas une pente descendante au niveau des ventes.
Après quelque tentatives dans le cinéma, Lee déduit qu’il ne peut plus travailler aux États-Unis et répond à l’invitation d’une émission de Télévision à Stockholm, « In Town Tonight ». Il y rencontre le journaliste, éditeur et homme de studio Tobjörn Axelman. Comme lui, ce dernier est une grande gueule, un buveur de Whisky et, surtout un fou de musique et de cinéma. En bref, les deux lascars s’entendent comme larrons en foire et feront un bout de chemin ensemble.
Lee et Tobjörn s’attèlent vite au projet « Cowboy from Sweden » dont la bande originale est un parfait best of des derniers enregistrements de Lee, notamment la merveille « The Night Before » déjà présente dans « Forty » mais plus à son aise ici. Il intègre aussi des nouveautés qui n’obtiendront aucun succès commercial mais deviendront des classiques, notamment l’intrigant « No Train To Stockholm » chanson anti-guerre inspirée, sans doute, de la menace de conscription qui pesait alors sur son fils. C’est d’ailleurs, surtout, pour le mettre à l’abri du Vietnam et de ce qu’il a vécu en Corée que Lee s’installe en Suède. Même si sa complicité professionnelle et fraternelle avec Tobjörn Axelman, sa nouvelle histoire avec la chanteuse Nina Hizel et la politique suédoise non alignée avec celle des États-Unis au Vietnam ont, sans doute aussi, pesé dans sa décision.
La rupture avec Suzi Jane Hokom sera la source d’inspiration d’un des plus beaux albums de Lee où il se livre comme jamais. « Au début il n’y avait rien mais c’était amusant de voir ce rien grandir. » Une intro sarcastique et un disque intime à livre et son ouverts, les grands orchestres sont loins mais la beauté reste. Les arrangements et les harmonies relèvent de l’orfèvrerie et la simple écoute du joyau « Come On Home To Me » suffit à le prouver.
C’est ce moment que choisit Lee pour retravailler avec celle avec qui il n’a jamais pu rompre … « Nancy & Lee again » est la suite idéale. Il est bien mieux enregistré que le premier, les voix de Nancy & Lee sont à leur apogée et certaines compositions sont dignes de leurs plus beaux moments. Le moustachu a même dit à plusieurs reprises qu’il trouvait ce disque meilleur que le premier et il n’est pas interdit d’être d’accord avec lui. Mais c’est un gros échec commercial, tout comme la tournée qui l’accompagne.
Lee rentre donc en Suède pour un exile studieux qui durera jusqu’aux années 90. Parmi ces disques qui ne seront pas publiés aux États-Unis, on peut retenir « Poet, Fool or Bum » et « Back On The Street Again ». Le premier très honorable, produit pour Capitol par Jimmy Bowen alors en grandes difficultés financières, récoltera un immonde « Bum » d’un critique du NME, annihilant les dernières chances du disque de toucher son public. Heureusement le morceau éponyme est et restera un grand classique des fans de Lee. Le second album sera plus riche et les arrangements plus dignes du bonhomme. On retiendra bien-sûr le superbe hommage « Dolly Parton’s guitar » et « Riders on The White Horse », sorte de « (Ghost) Riders In The Sky » au pas n’ayant rien à envier à la prestance de ce dernier.
Après plusieurs reprises dans les années 70 et 80 (The Boys Next Door de Nick Cave et Einstürzende Neubauten entre autres), la musique de Lee suscite de l’intérêt dans les milieux indépendants. Un projet de rééditions CD et d’enregistrement d’un album hommage sont alors lancés mais se cognent au refus buté du principal honoré. Avec les années, le cowboy suédois est, en effet, devenu un ours cultivant une rancune tenace envers l’industrie du disque américaine. Mais sa nouvelle compagne Jeane Kelley, une militaire réserviste d’une trentaine d’année adoucira un peu ce ressentiment.
C’est logiquement Nancy qui le fera sortir de sa tanière. Veuve depuis 1985 et mère de deux enfants adultes, elle peut enfin s’émanciper du carcan imposé par son éducation patriarcale. Elle sort donc un nouvel album qui, hélas, ne trouve pas le grand public mais les photos qu’elle fait, ensuite, pour Playboy la font revenir sous les projecteurs. Elle démarre donc une tournée et demande à Lee de sortir de sa retraite pour l‘épauler. C’est un triomphe jusqu’au concert bondé du Limelight à New York. Lee y rencontre Steve Shelley, batteur de Sonic Youth qui le convainc, enfin, de rééditer certains de ses albums et même de revenir en studio pour un disque de reprise jazzy avec son vieux complice Al Casey.
Lee signe ensuite chez City Slang Records où il rencontre Wyndham Wallace qui l’assistera dans ses dernières années et écrira le livre « Lee, Myself and I » qui fait aujourd’hui référence. Après un album et un disque hommage au casting moins bon que celui initialement prévu. Lee entame, en Europe et en 2002, ce qui sera sa dernière tournée. À Oslo, il apprend qu’un groupe de reprises joue dans un bar en deuxième partie de soirée. Une fois son concert terminé, Lee y emmène ses musiciens et, après avoir écouté du fond de la salle, déboule sur la scène à la fin du show pour interpréter plusieurs chansons sous les yeux et les oreilles comblés des fans présents.
En janvier 2006, Lee reçoit un diagnostique fatal : il est atteint d’un « mal qui ne pardonne pas » (pour citer un autre moustachu) et n’a plus qu’un an à vivre. Fidèle à lui-même, il ne dit rien à Wyndham Wallace et refuse, dans un premier temps, de rester à l’hôpital pour des examens plus poussés afin d’achever une part d’un travail « plus important » (selon ses mots)
Ce travail s’intitule « Cake or Death » et si le chant de Lee n’a jamais été aussi parlé et crépusculaire, les arrangements prennent le contrepied et font un peu oublier l’échéance funeste. Le fidèle Al Casey est toujours là, Duane Eddy fait une apparition et la petite-fille de Lee aussi. Artistiquement et humainement, l’album, sera comme il le voulait, une synthèse de sa carrière et de ce qu’il a toujours été : « Je voulais y mettre un peu de politique, un peu de ma noirceur sans oublier mon côté décalé, et je pense que j’y ai tout intégré. » explique-t-il avec malice au Los Angeles Times en janvier 2007.
La suite se déroule, hélas, comme prévue par les médecins. Lee a juste le temps de se marier à Las Vegas avec Jeane et, par amitié envers Wyndham Wallace, d’enregistrer sa voix pour le groupe islandais Amiina. Il s’éteint le 4 aout 2007, à l’âge de 78 ans.

Aujourd’hui, Lee n’a toujours pas trouvé la renommée due aux grands innovateurs et aux songwriters les plus universels. Ses disques ne sont disponibles en support physique qu’en quantité limitée pour des périodes très limitées mais à des prix, eux, quasi illimités et son nom reste désespérément réservé aux initiés.
Pourquoi ? Lee Hazlewood s’est révélé hors de son époque, a initié quelques courants mais a toujours fait un pas de côté par rapport à la tendance pour mieux avancer et rester lui-même. Et, hélas, la plupart des gens n’ont pas de goûts définis et ne vont vers un artiste que par mimétisme social ou identification personnelle. De plus, dans cette société où la sur-évaluation égocentrique devient la norme, quelqu’un qui a passé sa vie à se sous-évaluer et prétendre, à tort, n’être ni un artiste ni un génie et que les autres étaient meilleurs que lui, ne pourra jamais recevoir l’oreille des esclaves de la tendance (éternelle ennemie du goût) pour qui la modestie et l’humilité s’apparentent à de la médiocrité.
Derrière la carcasse texane balançant ses quatre vérités aux puissants sans se soucier des retombées, il y a aussi le self-made man qui fait par lui-même ce qui n’est pas possible avec autrui. Et autrui n’aime pas qu’on lui rappelle qu’on a fait sans lui.
Mais qu’importe, car on peut aussi légitimement soupçonner le bougre d’en avoir rajouté pour ne pas plaire à la majorité. C’est ainsi, certains fuient les honneurs, les flatteries et les signes extérieurs de richesse. Surtout s’ils les ont connu et savent pertinemment où ils mènent. Wyndham Wallace qui a connu Lee dans ses dernières années le confirme : « Il voulait du respect pour ce qu’il avait fait. Mais cela ne voulait pas dire qu’il voulait une maison avec piscine. » Le respect et la reconnaissance lui suffisaient et c’est désormais aux auditeurs de continuer de lui donner. Qu’importe leur nombre.
Merci pour cette présentation détaillée du parcours de cet artiste tragiquement méconnu, dont je ne connais (vaguement) que la collaboration avec Nancy Sinatra
Super article qui met la lumière sur un artiste en effet injustement méconnu.
Perso, j’ai un faible pour l’album Cowboy in Sweden, qui est une pure merveille.
« Après plusieurs reprises dans les années 70 et 80 (The Boys Next Door de Nick Cave et Einstürzende Neubauten entre autres), la musique de Lee suscite de l’intérêt dans les milieux indépendants. »
Tu fais bien de le mentionner.
C’est d’ailleurs Blixa Bargeld chantant Sand avec EN qui m’a ouvert les portes de l’univers de Lee Hazlewood.
These boots par The boys next door, These boots par Anita Lane et Barry Adamson, Some velvet morning par Rowland S. Howard et Lydia Lunch, toute cette bande s’est largement acoquinée avec la musique de Lee Hazlewood…