Le défi Nikolavitch : Le vrai Superman, c’est bibi !
Un article de ALEX NIKOLAVITCHChaque mois, Alex Nikolavitch, traducteur, romancier, essayiste, scénariste et subisseur des beuveries de Bruce Lit est mis au défi de répondre aux plus grandes énigmes de la culture populaire.
Suite à l’annonce de la bisexualité de Jonathan Kent et l’avalanche de réactions moyen-âgeuse qui s’en est ensuivie j’ai contacté Niko entre deux conférences qui m’a pondu son papier aussi enthousiaste que dans l’urgence. Une urgence qui n’a pas laissé le temps à Mattie Boy de commettre son illustration habituelle.
-Bruce.

©DC Comics
Les super-héros, peuvent le dire, « nous sommes les champions », et quand ils cassent leur pipe, « le spectacle doit continuer », et… Jonah J. Monsieur Bruce m’interrompt sèchement en lâchant le bol de biscuits apéro sur la table.
« Euh, Niko, si tu commences à partir en citations de Freddie Mercury, ça va pas le faire. Déjà que tu as tenté de coller du Obispo sur mon beau blog, espèce de crapule… »
Je hausse les épaules.
« Tu n’es décidément pas joueur.
— Les bornes doivent avoir des limites, des fois. »
Ce qui n’est pas faux, je dois l’admettre.
« Tiens, sinon », reprend-il en me jetant un regard en coin, genre il me prépare un mauvais coup, « penses-tu qu’en faisant de Superman un bisexuel, DC ait sérieusement mordu sur la ligne blanche ? »
Ah, le revoilà avec ses questions. Moi qui venais juste pour lui taxer une bière, il va une fois encore falloir que je la mérite.
Bon…
Superman bisexuel, donc, ça choque. Quand, y a pas si longtemps, c’est Tim Drake, alias Robin, ou Red Robin, enfin, Tim Drake, quoi, qui avait fait son coming out bi, ça n’avait pas autant râlé. Faut dire que, depuis au moins les recherches approfondies de FREDRIC WERTHAM sur le sujet, on sait que Wayne Manor est un baisodrome et un rêve humide gay. Je lui laisse l’entière responsabilité de cette conclusion, d’ailleurs. Rappelons d’ailleurs, à la base, que les super-héros, c’est des personnages en collant plus chamarrés qu’un Elton John des grands jours ou qu’un Aladdin Sane de calibre réglementaire. WATCHMEN a exploré par moments les implications de ce côté « glam & drag ». Des personnages gays, y en a chez Marvel depuis au moins le coming out de Northstar (qui n’a pas surpris les lecteurs fidèles, d’ailleurs) il y a une trentaine d’années. Après, l’homosexualité est un peu moins taboue que la bisexualité, semble-t-il. Tout comme la transidentité est moins difficile à gérer par le corps social que la non binarité. L’être humain aime à fonctionner par étiquettes, cases et catégories commodes. Souvent à cheval sur deux mondes, les super-héros se devaient sans doute d’explorer aussi ces zones-là.
Mais Superman, c’est autre chose, quand même. C’est le maître étalon du genre.
On voit fuser des noms d’oiseaux, des accusations de wokisation (wokisme?) (wokitude?) (j’en sais rien, je suis pas à jour sur le vocabulaire des paniques morales de droite) d’un personnage patrimonial qui n’avait rien demandé à personne. Superman, c’est un personnage de l’Amérique profonde, voyez-vous, patriotique et tout, et…

Superman n°17, DC Comics
Pffffrrrrtttttt…
Désolé, je viens de manquer de m’étouffer en me marrant. J’admire les gens qui parviennent à proférer des énormités en conservant leur calme.
Revoyons l’action au ralenti, tenez.
Superman qui change de bord sexuellement (ou qui fait le grand écart, en l’espèce, heureusement qu’il a été reslipé), c’est toucher à l’un des fondamentaux, c’est taper très fort dans l’intégrité du personnage.
Ayé, je suis à nouveau obligé de m’arrêter. L’intégrité du personnage… Qui a changé de logo une bonne demi-douzaine de fois, qui est devenu bleu, qui a eu les cheveux longs, qui a (sacrilège) été deslipé, qui… Ouais, on va vraiment repartir en arrière, là.
Et même avant Juin 1938, sa date de naissance officielle.
Parce que Supes, notre grande courgette bleue préférée, au départ… Ben c’était Lex Luthor avec des pouvoirs. Je vous jure que c’est vrai, sur une tartine de kryptonite.
Lorsque les jeunes Siegel et Shuster commencent à travailler sur REIGN OF THE SUPERMAN, dans la première moitié des années 30, ils veulent en faire l’histoire d’un homme qui doit choisir quoi faire de ses immenses pouvoirs, et ne choisit pas forcément bien.

C’est par la suite, lorsqu’ils le proposent à un éditeur (et se le reprennent dans la figure) qu’ils affinent le concept, le rendent beaucoup plus positif, et finissent par obtenir qu’il soit publié comme bouche-trou dans ACTION COMICS n°1.
Et le Superman de 1938, d’ailleurs, c’est quoi, c’est qui ? Un immigré clandestin qui refait sa vie en Amérique et casse la gueule à des maris violents et à des patrons voyous. Donc, clairement, un Social Justice machin de compétition. Superman, à la base, est non seulement politique, mais de plus marqué à gauche, c’est un représentant de l’Amérique du New Deal de F.D. Roosevelt et de ses valeurs. Si on veut jouer les puristes, Superman, c’est ça, et les trahisons du concept commencent 3 ans plus tard avec l’arrivée d’un Superman patriotique, et qui vole ! (oui, à la base, je rappelle qu’il est seulement « capable de sauter par-dessus les plus hauts buildings »).
Le côté feuilletonnant des comics amène souvent des ajouts ultérieurs à faire partie intégrante de la mythologie d’un personnage. Vous croyez que DAREDEVIL est un personnage noir, aux aventures urbaines et dépressives ? Relisez les débuts écrits par Stan Lee, où il est plutôt dans une forme de vaudeville, et vous verrez qu’on est loin du standard posé par Frank Miller vingt ans plus tard. C’est comme dans la vie, l’image de soi et celle qu’on renvoie se construisent dans la longueur.
Mais, allez-vous me dire, mais ce n’est pas comme si je vous demandais votre avis, en fait, ce n’est pas la même chose d’ajuster les pouvoirs d’un personnage de comics ou le ton de sa série, et de changer en profondeur son identité.
Là, on touche à un truc intéressant. Sur le fait qu’un personnage tue ou pas, et finisse par changer à ce niveau-là semble moins drastique. Que ce vieux gaucho de GREEN ARROW vire, sous Reagan, au vigilante énervé, ça n’a pas généré le même genre de polémique. Mais la sexualité, c’est intime. C’est une part très importante de l’identité de chacun. Alors non, on ne parlera pas de la sexualité de GREEN ARROW, alias Oliver Queen.

Brave and the Bold n°2, DC Comics
Et donc de l’identité d’un personnage patrimonial, puissant et viril comme Superman. Sauf que même ça, on peut en discuter. Virilité et sexualité n’ont pas toujours été corrélées, figurez-vous. Ou en tout cas, pas dans toutes les cultures. Et même dans la nôtre…
Ceux qui ont une vision trop réductrice à ce niveau risquent de voir sacrément flou lorsqu’on leur expliquera pourquoi Jules César a été interpellé en plein Sénat comme « la reine de Bithynie », par exemple. Où s’ils creusent un peu la riche et édifiante histoire du bon roi Richard, dit Cœur de Lion, rien que ça, ou celle du bouillant Achille. (on ne se lancera même pas sur les Spartiates, et sur la vision pétée qu’en ont certains, parvenant en même temps à gommer leur sexualité et à en faire des icônes gay) (moi ça me fait rire, remarquez) (mais j’ai mauvais fond)
Et même chez les Vikings, érigés de nos jours en modèles de puissance virile, y a à en dire. Lisez un peu ce que disent l’Edda ou la Lokasenna des sexualités de Loki et même d’Odin. Ça dépayse, croyez-moi. Je peux vous renvoyer aussi à de très bonnes études sur la transidentité traditionnelle dans les tribus d’Amérique du Nord, ça change des Indiens dans les films de John Wayne.
« Tu vas pas un peu loin, là, mon Niko ? »
Le boss a raison. Revenons à nos Kryptons.
Et là, y a un truc encore plus drôle, et c’est pour ça que je le gardais pour la fin, parce qu’il remet tout de suite en perspective ces cris d’orfraies : le Superman bisexuel qui énerve tant de gens persuadés qu’on vient de « détruire le personnage », c’est Jon Kent. Donc le Superboy New-52/Rebirth. Ce n’est même pas le « vrai » Superman. La plupart des gens qui s’insurgent ne connaissent pas le personnage, ne lisent pas les séries, et se sont bornés, dans le meilleur des cas, à ne voir que les versions Snyder (pas Scott, hein, l’autre, monsieur le-ralenti-c’est-la-vie, qui avait accessoirement doté les Spartiates, à un autre moment, d’un slip en cuir très seyant).

Superman, Son of Kal-El n°1, DC Comics
On est donc d’accord, le héros bisexuel, même s’il porte le costume et désormais le nom de code, c’est Jon Kent, personnage récent et actuel, créé en partie pour dépoussiérer le vieux concept de Superboy. Jouer avec lui, pousser ses limites, c’est justement à ça qu’il sert, afin de conserver les bases de l’original.
On se retrouve dans une situation un peu similaire à celle du Captain America subitement retourné par Hydra, écrit par Nick Spencer, qui avait fait partir en vrille toutes sortes de non lecteurs. Ils se demandaient depuis quand Captain America était devenu politique, démontrant à la volée qu’ils ignoraient que c’était dès le tout premier numéro de 1941, et qu’ils n’avaient jamais entendu parler du run des années 70 évoquant le Watergate, ni lu les épisodes précédents de Spencer qui amenaient très habilement ce coup de théâtre.
C’est le propre de ces indignations surjouées : elles ne reposent que sur l’ignorance, sur une appréhension seulement parcellaire de leur objet, et sur quelque chose d’épidermique.
Un petit prix d’excellence à cette sénatrice américaine qui a écrit doctement « Superman aime Louis Lane, point » qui illustre à la perfection cette partie de notre propos. Elle ne sait pas orthographier le nom de la journaliste, du coup elle lui colle un nom masculin, et puisque le Superman dont on parle est le fils de Clark et Lou… Lois… elle nous présente comme rétablissement de la normalité une espèce d’inceste oedipien bien vénère. Changez rien, les enfants, vous êtes magiques.
Élargissons à nouveau le cadre de réflexion.
Superman est un héros de comics. Ses aventures sont publiées à un rythme au départ mensuel (mais depuis, les séries s’étant multipliées, on est sur de l’hebdomadaire, dans les faits) depuis 1938. Ces rythmes et durées de publication conduisent à multiplier les auteurs tout en traversant les époques. Le gauchiste revendicatif de Siegel et Shuster a cédé la place à la figure tragique de Boring puis à la figure paternelle de Swan, avant d’arriver à la gravure de mode de Byrne, au cartoon de McGuinness et ainsi de suite. L’épisode autocontenu des origines n’est plus de mise, les aventures du héros sont devenues un feuilleton colossal et, malgré les reboots, notre Jon Kent s’inscrit pour partie dans une continuité qui date de 1987 (ouais, on devrait plutôt se scandaliser de la façon dont DC impose des reboots pas forcément utiles puis rétropédale lorsque qu’à force d’ajustement, a réussi à totalement moisir la nouvelle continuité). Il y a un moment où il faut faire évoluer la situation. Clark a été l’amoureux transi de Lou… de Lois pendant plus de 50 ans avant d’enfin l’épouser. Et un peu plus de temps encore avant de rouler des bécots à Wonder Woman. Mais entretemps, il y avait eu Lana Lang et Lori Lemaris (vous vous appelez Lily Lamour ou Laura Latimer ? Vous êtes la prochaine. Non, Lex Luthor, pose cette perruque). Les évolutions, dans Superman, sont lentes, du fait justement de son aspect patrimonial. Certaines, d’ailleurs, sont éphémères. Mais ces évolutions doivent exister. La pire chose qui puisse arrive à un personnage de ce genre, ce n’est pas d’évoluer au fil du temps, mais de se mettre à ronronner, de se figer. Dès lors, le renouveau ne pourrait venir que de la caricature, du détournement et de la parodie : c’est peu ou prou ce que tentent de nous dire, entre autres choses, Alan Moore quand il met en scène les reboots successifs de SUPREME et de son petit univers, ou Warren Ellis lorsqu’il introduit APOLLO ET MIDNIGHTER, démarquages de Superman et Batman formant un couple ouvertement gay.
Pour réveiller un personnage qui ronronne, ses auteurs doivent lui administrer à intervalles plus ou moins réguliers ce genre d’électrochoc. Ici, qui plus est, ils y vont avec retenue, mettant en avant une autre génération de la famille des héros, à laquelle ils peuvent donc donner un tour et un traitement plus moderne.

The Authority n°8, DC Comics
Rien de neuf là-dedans. Dans les comics, c’est même structurel. Faut secouer le cocotier. Ça se fait plus ou moins habilement, mais ça se fait depuis toujours, depuis au moins le Green Lantern noir, le Thor femme (et le Thor extraterrestre chevalin, ne l’oublions pas), ou la Torche Humaine qui est un jeune homme au lieu d’un robot (eh oui, on l’oublie trop souvent, mais Johnny Storm n’est qu’un reboot assez violent d’un concept plus ancien, d’un personnage ultra patrimonial).
« Attends un peu », me dit Jonah J. « Tu es en train d’affirmer que ce qui est reproché aux comics qui essaient de changer le statu-quo du personnage, dans l’histoire, c’est d’être… des comics ?
— Exactement. Comme souvent dans ce genre d’affaire, on brandit un petit truc visible pour s’en offusquer, mais le but est de torpiller tout ce qu’il y a derrière. C’est un prétexte, et ça rentre dans le cadre de l’invisibilisation de tout écart à une norme sociale réductrice, un classique de l’éthos bourgeois, soit dit en passant : la plupart de ces gens se contre-carrent de Superman, voire méprisent à la base tout ce qui ressemble à de la culture populaire. Ceux qui connaissent un peu le personnage ignorent ou feignent d’ignorer ce qu’il était à la base, et je ne ressortirai pas les images licencieuses de Joe Shuster dans lesquelles Louis… pardon, Lois et Clark se livrent à des pratiques BDSM, ce serait trop facile.
— Fais voir ?
— Faites vos propres recherches, les amis, internet est là pour ça. C’est un genre de magie.
— Niko…
— Ouais, ouais, promis, j’arrête. Elle vient, cette binouze ? »
…! Ça vole super-haut, cet article (encore une fois, direz-vous, et vous n’aurez pas tort !). J’avoue être un peu largué, d’ailleurs : vous débattez et établissez des relations que, faute de culture et d’intérêt, j’ai du mal à intégrer.
Je ne l’avais pas encore lu -ni même croisé : mes z’oeils ne valent plus rien, décidément.
Comme certains d’entre vous, je trouve un peu fou que l’exploitation surtout commerciale (c’est dire la superficialité de l’investissement purement humain, social, personnel et/ou concerné à l’origine du truc) d’un sujet vendeur au sein d’un simple Comic Book (tout en gardant à l’esprit l’énormité socio-économique représentée par le médium : merci Mr Shiamalabadabada !) puisse générer autant de bla-bla « sérieux » de nos jours sur les réseaux sociaux ( et souvent sociopathes, par dessus le marché) : il y a un écho prodigieusement daté aux réactions outragées que vous décrivez, ce qui fait qu’on a un peu de mal à croire aux raisons invoquées à leur outrage (influences malsaines contaminantes, trahison des personnages, Etc…), ou même carrément à la sincérité des intervenants ; mais c’est un autre (vieux) débat.
En tant que jeune adolescent ne souffrant d’aucune ambiguïté sexuelle (c’était clairement établi dés la petite enfance et « en conscience » dés mes neuf ans (…?! Tiens ! C’est pas tout les garçons qui sont comme ça ?!), j’avoue avoir bien aimé la délicatesse avec laquelle John Byrne à dessiné le caractère de Jean-Paul Beaubier/Northstar, son Homosexualité -évidemment silencieuse- n’en étant que plus positivement mise en avant, car elle ne le définissait ni ne le limitait à ses préférences, complètement anecdotiques au sein de ce récit de Super-Héros : il avait d’autres « qualités », et notamment son caractère de cochon, qui en faisait un personnage décidément atypique (et donc intéressant). L’assimilation de sa « différence » s’est donc faite presque inconsciemment (j’ai bien lu ou je projette ?!) et m’a donc conforté dans ma si banale « normalité », pourtant vendue comme une spécificité très caricaturale par les médias tous publics (caricatures que j’ai quasi-volontairement intégrées, puissance des images et nature impressionnable obligent), la « vérité » la plus positive se trouvant bien entendu, le plus souvent, en filigrane au travers d’œuvres matures -et souvent classiques.
Mais j’avais depuis belle lurette projeté fantasmes z’et autres turpitudes sur quasi tout ce qui portait du collant un peu trop ajusté, dans ce milieu si « macho » du Comic Book : la vision très « mainstream » de cet éternel jeune homme à l’allure un peu adolescente, la silhouette fine et plutôt moyenne pour le genre Super-Héroïque, la coupe de cheveux à la Alcor, les traits du visage (forcément) efféminés, pour accentuer la ressemblance avec sa jumelle (beaucoup plus sexuée pour le coup mais, là aussi, il s’agissait d’une caractéristique propre au personnage, et pas une simple et habituelle concession à la libido du lecteur (ou de l’auteur-artiste ?!)-… Enfin bref, le côté relativement innocent (lire inoffensif) de ce Gay-là ne pouvait que perturber les esprits les plus simples : il n’y avait rien de sociétalement dérangeant, dans son innocuité un peu immature, et rien de très érotique non plus. Dans le genre « esquissé » sous-entendu, la dualité Batman-Robin possédait évidemment beaucoup plus de « charme » pour des pré-adolescents, au niveau de l’identification. On tombe tous amoureux, à ces âges-là, que ce soit coloré de sexualité ou non ; et la « virilité » de la maturité possède une puissance indéniable, à la fois repoussoir et but à atteindre, voire à dépasser : tuer le père et tout ça. La sexualité dépend beaucoup des circonstances, d’où l’intérêt des interdits au sein des systèmes éducatifs, tant de choses dépendant exclusivement des « modèles » croisés alors. Par exemple, j’ai aimé George Michael d’un amour tendre et chaste pendant quelques années (13 à 17, dans ces eaux-là), alors que je rêvais de faire des trucs cochons à toute une ribambelle d’autres depuis plus longtemps que ça, sans pourtant rien y connaitre…
Le temps a passé (!) mais, même si je ne sais rien de cette nouvelle itération issue de l’univers DC, je doute qu’elle possède d’avantage d’impact social que le coming-out grotesque de Northstar (personnage complètement dénaturé, à ce moment-là), sinon pour les « informés ». Surtout que la Bisexualité n’est qu’une autre forme de fonctionnement social (son côté le plus impactant, pour l’individu ainsi que son entourage immédiat), liée avant tout à une certaine forme d’autonomie/liberté mentale qui, dans son aspect le plus objectif, ne peut que conforter les idées bienpensantes des conservateurs les plus réactionnaires. Il est bien connu que les pires d’entre eux vivent la plupart du temps leur sexualité « à part » de leur vie sociale : eux aussi ne sont « que » des humains, en proie aux mêmes affres et appétits que les autres. Qu’importe ce qu’on fait et avec qui, du moment qu’on se marie, fonde une famille (les femmes ne sont évidemment pas concernées par la sexualité, n’est-ce pas !) et rentre dans le rang : le patriarcat fonctionne ainsi depuis la nuit des temps, et ce ne sont pas quelques cases romantiques entre personnages de papier qui vont changer ça.
Au delà du simple fait « d’en parler », je pense qu’il serait beaucoup plus progressiste et positif de mettre en scène des personnages à même de se défaire entièrement de toute appellation « officielle » concernant leur mode de vie (sexualité comprise), et laissant derrière eux tous ces barbarismes ridicules (et dangereusement emblématiques et stigmatisants et qu’on veut même nous imposer (!!) ET impossibles à retenir et prononcer, de toutes façons !) pour assumer leur existence en dehors des carcans à la mode : revenir à l’essentiel de l’Humain n’a jamais été aussi pressé ; et nous en sommes tous largement capables.
Ce n’est pas d’être soi qui est difficile dans nos sociétés (ça, c’est surtout une question d’honnêteté intime), c’est plutôt d’aller « bien » qui est parfois compliqué ; et c’est une problématique qui touche tout le monde et dépasse de loin la question de la « sexualité » de chacun.