1ère publication le 10/12/14- Mise à jour le 09/02/18
Wet Moon par Atsushi Kaneko
Article de BRUCE LIT
Wet Moon est une mini série de 27 épisodes parus entre 2011 et 2013 dans le mensuel japonais Comic Beam. Ecrit et dessiné par Asushi Kaneko, né en 1966 et auteur de la série Soil, ce récit en trois volumes a une fin en bonne et due forme.
Les éditions Casterman précisent avoir retouché les images en postface tout en conservant le sens de lecture japonais. Il en résulte une belle édition à la traduction soignée mais avec quelques images montées à l’envers….
Le récit se déroule en 1967 dans une ville imaginaire au Japon. Un homme affublé d’une balafre poursuit fébrilement une jolie femme angoissée avant de la perdre de vue. Cet homme s’appelle Sata, ce n’est ni un tueur en série, ni un violeur mais un flic sur la piste de Kiwako Komiyama, une criminelle aussi belle que dangereuse ( elle a découpé son amant précédent en morceaux….).
Tout à sa honte d’avoir laisser filer Komiyama, Sata sombre dans l’obsession la plus totale en placardant systématiquement, frénétiquement…passionnément son avis de recherche dans la ville. Mais très vite il est évident qu’Astsuchi Kaneko ne va pas se contenter une banale histoire de gendarmes et de voleurs. Totalement tourné vers l’art européen et américain, le mangaka va barder son histoire de références cinématographiques occidentales. Au point de la transformer en catalogue. Nous y reviendrons.
Sata n’a rien d’un héros stéréotypé. Il n’est ni spécialement beau, ni intelligent, ni imposant. Il est l’objet de raillerie impitoyables de ses collègues corrompus qui se foutent de sa candeur proche de la stupidité. Il est particulièrement agaçant et passe les 3/4 du bouquin à avoir l’air ahuri et à répéter les mêmes dialogues. Et Sata n’est pas aidé. Suite à des circonstances mystérieuses, il a subi un traumatisme crânien avec un mystérieux morceau de métal près du cerveau. Il en résulte que notre inspecteur est en proie à de violentes migraines, amnésies et hallucinations terrifiantes.
Au beau milieu d’une poursuite ou d’une conversation, le voici convaincu d’être sur la lune, celle de Georges Méliès, avec un morceau d’obus dans la tête. Qui évoque bien évidement sa condition à lui d’homme avec du mental planté dans le crâne. Sata voit également un mystérieux orifice métallique en forme de vagin. Et sa recherche de Komiyama va l’amener au delà de notre monde, de notre réalité, nappée d’un voyage dans le temps et surtout autour de la folie.
La première impression, lorsque l’on feuillette Wet Moon c’est de se demander si l’on a à faire à un manga ! Casterman rapproche l’art de Kaneko de Paul Pope. On se sent pourtant bien plus proche de l’univers malsain de Charles Burns, l’auteur des mutations de Black Hole. Ce trait volontairement anti-daté, ses aplats de noirs gras, ces expressions de visages figés, et ce découpage de l’action.
Il est difficile de lâcher les trois tomes de Wet Moon une fois immergé dans cet univers malsain, souvent grotesque et inquiétant. Alors que Kaneko aborde son histoire avec tous les clichés du genre : amnésie, femme fatale et corruption policière, il retire progressivement les pièces du puzzle à son lecteur pour compliquer le propos. Exactement comme un certain David Lynch à qui Wet Moon emprunte beaucoup.
Comme dans Blue Velvet la banale normalité sociale de Sata va être confrontée à un monde perversion, de la nuit à la limite du fantastique. Comme chez Eraserhead ou Elephant Man, le lecteur côtoie des créatures venant des abysses de l’humain : un homme sans bouche, un maire avec gorge tuméfiée repoussante, un albinos frappé de nanisme et deux frères siamois muets.
Sata semble poursuivre une blonde fatale sur plusieurs vie sans jamais pouvoir l’avoir comme le héros du traumatisant Lost Highway. Et la pureté apparente du héros tourne à la psychose sanguinolente venant tout remettre en cause de ce que lecteur avait crû comprendre comme dans Mulholand Drive. Et bien sûr, comment ignorer les allusions évidentes au monde des loges de Twin Peaks ? Son parquet zébré, ses créatures bizarres et la distorsion de la réalité ?
Car Sata est détenteur d’informations qu’il ignore : la liste de toutes les personnes corrompues de la ville, des informations convoitées par le maire marron, ses collègues ripoux, un informateur mystérieux qui semble venir du futur et une organisation mystérieuse de connivence avec des puissance supra terrestre qui ne sont pas sans rappeler …Mik Ezdanitoff, le mystérieux contact alien de ….Tintin du vol 714 pour Sydney !
Voici donc ce qui fait la force et la faiblesse de Wet Moon. Ce qui commence comme une intrigue réaliste finit par un voyage au pays de l’absurde et de la citation. Kaneko n’est pas salaud ; comme Lynch, il laisse suffisamment au lecteur de pistes pour que celui-ci reconstitue une intrigue à la carte : libre à lui de savoir ce qui relève du domaine du rêve, de la réalité et de la folie. Et naturellement, certaines énigmes initiales restent finalement sans réponse au détriment de l’intrigue générale.
Pour apprécier Wet Moon tout dépendra de votre rapport au surréalisme en BD ( les fourmis de Dali et Bunuel y sont d’ailleurs récurrentes). Pour ma part, l’univers cinématographique de Lynch est tellement présent qu’il occulte tout malgré les efforts de Kaneko à sonner original… Un sentiment de déjà vu plaisant mais persistant ne m’a pas quitté durant toute la lecture. A force de citations, il me manquait la musique de Badalamanti, la mise en scène de Lynch et la sensibilité de ses acteurs.
Or les personnages de Wet Moon jouent mal. Ils sont peu habités, sans grande psychologie, chacun limités à une expression de visage. Au contraire des héros de Lynch, ils n’inspirent ni compassion, ni empathie, simplement une vague curiosité et un voyeurisme certain (notamment dans les scènes dans un club sado-maso).
Mais alors que les films de Lynch sont une boite de Pandore que le spectateur choisit d’ouvrir pour se confronter à l’indicible, le discours de Wet Moon reste plutôt creux se limitant à des effets visuels inquiétants réussis mais sans réel contenu ni d’émotion. Chez Lynch, on tremble pour Laura Palmer, on hurle impuissant à Dale Cooper de ne pas rentrer dans ces putains de loges, on compatit à la souffrance de John Merrick l’homme éléphant. Ici Sata et Kiwako sont des coquilles vides dont on se fiche totalement du devenir.
Avec cette Lune Humide Astsuchi Kaneko se donne beaucoup de mal pour jouer l’américain underground et agit comme un bon faussaire : il reproduit à l’identique une synthèse parfaite des films de Lynch sans jamais pouvoir s’en affranchir complètement. Son univers est très marquant esthétiquement et ravira les amateurs de monstres et perversions. A force de vouloir raconter une histoire tentaculaire sur fond de course à l’odyssée lunaire, Kaneko n’en raconte qu’une très banale et oublie que tout n’est pas dans le style et la citation…
J’ai lu le premier tome, mais je n’ai pas encore pris le temps d’en rédiger un article. Étant moins connaisseur de l’œuvre de David Lynch, que toi, je me suis laissé prendre au plaisir de la reconstruction d’époque, à la qualité de l’édition, au jeu entre réel, visions occasionnées par le bout de métal, et société corrompue. Comme tu le fais bien observer, déjà le premier tome est plus un exercice de style virtuose qu’un manifeste artistique. Quant à l’influence graphique, j’y vois aussi du Keith Giffen et du José Muñoz.
Oui c’est très beau à regarder. Mais c’est aussi très creux…J’ai peut être eu tort de le revendre. ou peut-être pas….
Davis Lynch est mon cinéaste préféré avec Kubrick et Hitchcock. Ce qui est amusant c’est qu’en cherchant les scans de Twin Peaks, je me suis de nouveau senti entraîné dans cet univers et je me disais que cela faisait bien longtemps que je ne les avait pas revu. Mais j’avais été tellement furibard contre la fin de la saison 2 que je ne me sentais pas d’y retourner. Quelques semaines plus tard Lynch annonçait qu’il allait tourner la saison 3 !
Ah ben tu vois Bruce, cinématographiquement, on partage les mêmes goûts (même si je suis loin d’avoir vu tous les Hitchcock). Twin Peaks, je n’en ai vu que les 20 premiers épisodes. On me les avait prêtés en VHS, et je les ai regardés en une fois, de 8h du matin jusqu’à… je ne sais plus, tard la nuit suivante ^^Donc je n’en ai pas vu la fin. Mais je les ai récupérés en DVD, je vais me refaire la série et voir les 10 que je n’ai pas vus !
ça a l’air magnifique. Mais… Lecture de droite à gauche…
PS : J’aime beaucoup le fait de souligner les noms propres. Le fait qu’ils étaient jusqu’ici sans guillemets, dans caractère gras ou italique me gênait assez
… La suite de Twin Peaks !!!!!! J’en ai rêvé, Lynch & Fort le font !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!.
Les noms soulignés : croyez le, la fonction gras de WordPress ne fonctionne pas…. C’est vraiment chiant notamment pour les interviews. Je verrai si ce n’est pas trop fastidieux à poursuivre cette mise en forme pour les articles de 2015.
Le sens de lecture : comment, on y arrive toujours pas… ?
Un article dont je savais qu’il ne déchaînerait pas les foules…M’enfin, c’est rigolo de se retrouver tous les trois comme à l’époque d’amazon !
La suite de Twin Peaks : Voilà une tâche considérable pour Lynch. Ca passe ou ça casse ?
Qui était satisfait de la fin ? Tornado ? Cyrille ? Peut-être le truc qui m’a fait enragé le + avec celle du prisonnier…
Clairement la fin la plus frustrante de toute ma vie !!!
Je suis fou de cette série. Et à chaque fois que j’en discutais avec quelqu’un, je lui disais : « Lynch devrait faire la suite aujourd’hui, même avec les acteurs devenus vieux. L’agent Cooper aurait passé 30 ans de sa vie possédé par Bob. Et on partirait de ce postulat ! Il devrait le faire. Aujourd’hui que les séries TV ont le vent en poupe et qu’il est considéré comme une pointure internationale, ça ne pourrait que marcher !!! ».
M’aurait-il entendu ? 😀
(Je voulais écrire Lynch & Frost. Et non « Lynch & Fort » !)
J’ai lu que ce qui fait la puissance de la série, ce qui fait que les fans en sont traumatisés, c’est justement la brutalité du destin de l’agent Cooper. Et ben, moi, je dois être très conservateur, car je n’ai pas supporté que Dale soit puni de cette manière. C’est clairement une fin de saison, pas une fin de série. C’est ce que j’avais tenté d’exprimer lors de notre premier débat historique sur la Fin de Y The Last Man : la différence de tonalité entre la fin et l’ensemble de la série.
Lorsque le Prisonnier se termine en comédie musicale avec un espèce d’abruti qui danse sur les table face à un numéro 6 mutique, je me sens roulé…Lorsque Yorick, ce personnage si léger finit abandonné croupissant dans la merde de singe, je me sens roulé….
Cela ne veut pas dire qu’un auteur doit donné à son public ce qu’il attend. Ennis sur The boys m’a scié, car cette fin personne ne la voyait venir. Je parle plutôt de tonalité, d’accordage comme en musique.
Yorick ? Faudrait que je lise The Boys un jour, quand même… Sinon je pense que Lynch n’a pas tout maîtrisé dans Twin Peaks, il n’a lui-même réalisé que quelques épisodes, et je ne sais pas du tout à quelle hauteur il a écrit tous les épisodes. Quant au Prisonnier, je n’en ai que peu de souvenirs, pareil, faut que je revoie cette série.
Ce qui me fait penser qu’ils ont repassé L’hôpital et ses fantômes de Lars Von Trier sur Arte. Onze épisodes dingues, à voir au moins une fois. Le premier épisode est un des trucs les plus angoissants que j’aie vu.
De toute manière la série Twin Peaks a été arrêtée en plein élan par les producteurs. Il ne s’agissait donc nullement d’une fin !
C’est ça qui m’a frustré davantage qu’une fin déplaisante : le spectateur est spolié de sa série. Tout d’un coup, avec mépris. Cela s’est passé de la même manière avec la série « la Caravane de l’Etrange ».
Je ne l’ai jamais vue. Il n’y a pas de fin non plus ?
Comme je n’ai pas la télé, je lirai vos commentaires sur ces séries de droite à gauche.
J’ai beaucoup aimé Soil et je ne connais pas cette oeuvre… Ca m’intrigue. J’aurai sûrement plus de choses à dire plus tard mais il faut que je relise cet article encore une fois rondement mené.
Bien, donc. Je ne connais pas cet auteur à part sa série Soil qui ressemble furieusement à cette histoire. Soil, c’est une ville nouvelle, où tout semble parfait, mais qui cache bien des horreurs. Cela commence comme une enquête sur une disparition, et ça vire vite dans le paranormal, l’étrange, les extra-terrestres, le fantastique, voire le monde des sorciers yaqui de Carlos Castaneda. Mais on sait dès le départ que quelque chose est étrange.
Il y a beaucoup de personnages et comme toi, j’ai été étonné du trait, très sombre, assez proche de Burns pour certains aspects, mais assez unique, au fond. Matsumoto est un autre mangaka dont je vous ai déjà parlé et qui me semble plus européen encore que Kaneko. Lui aussi tourne dans l’étrange (Number 5).
Les personnages ne sont pas non plus très attachants, mais ils fascinent, ne seraient-ce que parce que leur comportement même est étrange. C’est un monde déshumanisé que renvoie Kaneko, fait d’apparences, exactement comme dans Blue Velvet. Sauf que là, tout explose, tout devient énorme, tous nos repères disparaissent. Il faut que je la relise d’une traite, mais sur ses 11 tomes, Soil m’a rarement ennuyé.
J’avais commencé Soil et au bout des 10 premières pages me bouquin m’ a lâchement anesthésié ! Je n’avais pas fait le rapprochement jusqu’au moment de la rédaction de l’article.
Je passe donc !
Pourtant ça devient plus intéressant et étrange par la suite… Bon, faut dire que je les ai lus au fur et à mesure de leur sortie à partir du tome 4 ou 5, donc j’étais content de continuer à chaque nouveau tome.
@Bruce – J’ai fini de lire les 3 tomes. Que symbolisent les fourmis ?
@Présence : à propos des fourmis et des japonais, Edith Cresson a eu un avis là-dessus mais ce n’était pas très consensuel…
J’ignorais cette conviction d’Edith Cresson. J’ai été sur sa page wikipedia, où cette déclaration intempestive à droit à 2 lignes, à côté d’une déclaration encore plus déstabilisante sur l’homosexualité et les anglais.
J’avais lu ( où, quand ? ) que les fourmis représentaient la masturbation chez Dali. En vérifiant mes infos, il semblerait que ma mémoire me joue des tours et qu’il s’agit de toute autre chose .
Tu as aimé Wet Moon ? Quelle critique en aurais tu fait ?
5 étoiles pour les tomes 1 &2, 4 étoiles pour le tome 3. Critiques disponibles à l’endroit habituel.
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– La conclusion pour le tome 1 – Sans tomber dans l’exagération, Atsushi Kaneko introduit de petits décalages avec la réalité qui déstabilise le lecteur, au point qu’il ne soit pas en mesure de savoir à qui se fier. Avec l’augmentation croissante d’indices, il ne sait plus ce qui participe vraiment de l’intrigue principale, et ce qui n’apparaît que comme décoration, incapable de faire le tri entre le signal et le bruit.
La lecture s’avère très agréable grâce à l’environnement reconstitué avec soin par Atsushi Kaneko, grâce à la dimension ludique de la lecture (savoir distinguer les indices, reconstituer le puzzle, identifier les schémas), et grâce aux citations graphiques. Le plancher des couloirs du club de jazz évoque les motifs des planchers des loges dans Twin Peaks. Les dessins empruntent parois à José Munoz, ou à Keith Giffen quand il imitait lui-même Munoz. Certaines pistes (la disparition de la mère de Sata, l’existence deTamayama, un mystérieux indic) constituent autant d’appâts irrésistibles, déclenchant une envie irrépressible de lire la suite.
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– La conclusion pour le tome 2 – LSans tomber dans l’exagération, Atsushi Kaneko introduit de petits décalages avec la réalité qui déstabilise le lecteur, au point qu’il ne soit pas en mesure de savoir à qui se fier. Avec l’augmentation croissante d’indices, il ne sait plus ce qui participe vraiment de l’intrigue principale, et ce qui n’apparaît que comme décoration, incapable de faire le tri entre le signal et le bruit.
La lecture s’avère très agréable grâce à l’environnement reconstitué avec soin par Atsushi Kaneko, grâce à la dimension ludique de la lecture (savoir distinguer les indices, reconstituer le puzzle, identifier les schémas), et grâce aux citations graphiques. Le plancher des couloirs du club de jazz évoque les motifs des planchers des loges dans Twin Peaks. Les dessins empruntent parois à José Munoz, ou à Keith Giffen quand il imitait lui-même Munoz. Certaines pistes (la disparition de la mère de Sata, l’existence deTamayama, un mystérieux indic) constituent autant d’appâts irrésistibles, déclenchant une envie irrépressible de lire la suite.
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– La conclusion pour le tome 3 – Le tome précédent se terminait avec la conviction que l’état de Keiji Sata était à la fois lié à la présence d’un corps étranger dans son cerveau, mais aussi à son comportement psychologique consistant à refouler et enfouir les traumatismes. Dans ce tome, le lecteur est encore plus désemparé car l’auteur empile les versions de la réalité, qui sont contradictoires et exclusives l’une de l’autre. Le lecteur peut tout aussi bien se raccrocher à une interprétation de type science-fiction faisant intervenir les théories de Nikola Tesla, qu’à une interprétation psychanalytique voyant en Sata un individu souffrant de troubles de la personnalité.
Que reste-t-il alors de ces 3 tomes ? Il reste une reconstitution très séduisante d’une station balnéaire japonaise en 1967, baignant dans une atmosphère de polar bien poisseux, avec une corruption généralisée, et un personnage qui se bat malgré ses pertes de mémoire. Il reste un thriller qui prend aux tripes, racontant l’obsession d’un inspecteur pour une meurtrière qui a découpé son mari en morceaux. Il reste une série d’hallucinations et de bizarreries déstabilisantes qui mettent le lecteur mal à l’aise, le faisant douter de ses sens (de ce qu’il a lu), comme Sata doute de ses sens et de ce qu’il a fait ou non. Il reste donc un questionnement sur la nature de la réalité tel que l’être humain la perçoit au travers de ses 5 sens, sur la dimension arbitraire de la représentation mentale que l’individu se fait de la réalité.
Il reste aussi une sensation d’inachevée, parce que trop de questions et de bizarreries restent sans explication. Certes la vie de tous les jours n’apporte pas toutes les réponses, et le voyage est plus important que la destination. Cependant le lecteur aurait bien aimé avoir un indice sur le sens du pullulement des fourmis, ou sur la mystérieuse Sœur Miranda que Kishi voulait rejoindre. Le lecteur peut accepter que le doute sur la réalité des actes de Keiji Sata demeure, mais pourquoi des fourmis ?