L’ETRANGER DANS LA PLACE (Thiefaine)

Un TOP 10 des chansons de Hubert Felix Thiéfaine choisies avec amour par EDDY VANLEFFE

1ère publication le 19/03/22- MAJ le 24/07/22

Quarante ans de carrière, une carrière qui commença donc peu ou prou à ma naissance, une carrière donc, dont je fus le témoin toute ma vie.

Hubert-Felix Thiéfaine est un chanteur à la fois connu et pas connu, un type qu’on vend pour s’être toujours méfié des médias alors qu’il suffit de taper son nom sur Youtube pour voir une palanquée de documentaires, d’interviews et de concerts.Un mec toujours encensé partout et pourtant ignoré du grand public. Un mystère? Une énigme? Non simplement une l’histoire d’un chanteur qui s’est construit un univers personnel et qui en a toujours tenu la barre sans jamais dévier.

Il a d’abord versé dans une sorte de comique non sensique soixante huitard hérité des MONTY PYTHON (L’ASCENCEUR DE 22H43, LA VIERGE AU DODGE 51 ou SCORBUT) avant de percer sa chrysalide de spleen, embrassant pleinement ses racines Baudelaire. Il peaufina son écriture en jouant avec la langue comme cette période où il tenta de condenser la langue en voulant se priver au maximum de sa syntaxe (SOLEXINE+GANJA, EXIT TO CHATAGOUNE-GOUNE). Plus tard en européen convaincu, il expérimenta une sorte de nouvel esperanto fabriqué autour du français, de l’allemand, de l’anglais, de l’espagnol et du latin (WAS IST DAS ROCK N’ROLL, PULQUE MESCAL Y TEQUILA, ALSO SPRACH WINNIE L’OURSON).

Progressivement il construisit l’identité «Thiéfaine» pouvant façonner une poésie torturée rien qu’en prenant pour base un mode d’emploi d’électro-ménager et une posologie de médicaments. Un univers unique et cet univers on y plonge ou pas. Musicalement, sortant rapidement du collectif MACHIN aux influences folk-prog parodiques, il dévie rapidement vers un son plus apte à capter sa mélancolie grâce à Claude Mairet. Certains qualifieront même le disque ALAMBIC SORTIE-SUD de «cold wave». Puis Hubert s’imaginera leader d’un groupe de rock à New York et fera même un album de blues en duo avec Paul Personne. Celui qui aurait voulu être Léo Férré en même temps que Mick Jagger ne parvient pas à surmonter sa timidité face aux caméras, bafouillant presque, son regard azur pourtant vrille d’une malice qui aiguise la plume d’un artiste exigeant qui ne cherche à s’enfuir que d’une seule chose: l’ennui.

10-SENTIMENTS NUMERIQUES REVISITES-LA TENTATION DU BONHEUR 1996

Lorsque toujours ivres de sens cachés, les fans ont demandé ce que pouvait bien vouloir raconter cette chanson. La FAQ de son site répondait laconiquement. «Ben une chanson d’amour, ça arrive!». Et c’est vrai.

Véritable litanie d’images empruntant aux tableaux flamands autant qu’à des scènes de théâtre ou des photographies noir et blanc saturées, Thiéfaine nous ballade dans le vernissage des images qui lui inspire son amour. Des vers comme «Quand les ombres du soir chevauchent sur la lande
Avec dans leurs passeports Sherwood ou Brocéliande» ou «Quand l’ordre des humains nous sert dans son cocktail, Cinq milliards de versions différentes du réel» bercent et hypnotisent avant de le chanteur plus sauvage vienne nous inviter à redécouvrir les mosaïques orgiaques de Pompéi «Quand tu m’offres épuisée sous l’œil d’une opaline, Les charmes vénéneux de tes fragrances intimes» et de conclure «Je n’ai plus de mots assez durs, pour te dire que je t’aime!»

09-LA MÔME KALEIDOSCOPE-AUTORISATION DE DELIRER STE 505 1979

La prostitution est un domaine qui revient souvent chez Hubert surtout dans LORELEI plaquant aussi des images inoubliables de cynisme aux relents de vestiaires de bites. Je préfère pourtant celle-ci. Le chanteur ne s’est pas encore à l’époque départi de son image de clown. Il brosse le portrait décalé d’une pute qui vante ses heures de gloire. «J’avais tous les macs à mes pieds, Et tous les clients qui lorgnaient. J’étais la reine du pavé, Et l’oseille, ça dégringolait.» . La nostalgie trompeuse brosse le portrait d’une sorte de bonne fée des rues: «J’étais la sainte-vierge des paumés, La p’tite infirmière des fantômes. J’raccommodais les yeux crevés, J’rafistolais les chromosomes,». Mais bien évidemment à chaque refrain sous un air de tango, le ton se fait plus glauque «Mais le passé n’a pas d’amis Quand il vient lécher les statues. On m’a reléguée dans la nuit, Au milieu des vieux tas d’invendus.» Puis une conclusion sous forme de douche glaciale: «J’habite rue des amours lynchées, Et je peux voir, de mon grabat, D’autres mômes se faire défoncer Pour des clopes ou de la coca.» Quand Paillasse se transforme en Loyal…

08-UNE FILLE AU RHESUS NEGATIF-DERNIERES BALISES AVANT MUTATION 1981

«A un mois près j’aurais pu finir junkie.» avouait Hubert Felix qui confessait avoir tout tenté dans ses pérégrinations urbaines t nocturnes. Voici le portrait d’une autre femme- ou jeune fille-qui oscille entre deux images morbides laissant entrevoir drogues, suicide et maternité … chaque vers est une claque cinglante, une image qui fait froid dans le dos: «Dois-je faire installer le téléphone sur ta tombe?». Avec ce titre, la chanson française trouve son Lou Reed. Un malaise générationnel de baby-boomer vient planer sur une histoire d’amour au passé, et la fin ne présage rien de bon. «Maintenant tu me regardes avec les yeux flétris .Bouffés par la machine à plastiquer les rêves. Tu me tends ton ticket pour la foire aux zombies. Et m’invites à trinquer au doomsday qui se lève.» Le refrain se fait alors malsain à souhait: «Oh ! Love ! Lové sur ton ventre, le bébé s’ouvre les veines. Et tu me demandes s’il a bien pris sa dose?». Relents de fièvre, de délires sous opiacés et de sexe déprimé, pour un amour naufragé.

07-SWEET AMANITE PHALLOIDE QUEEN-METEO FÜR NADA 1986

Autre chanson d’amour finalement. Celle d’un homme soumis. Une peinture de Frazetta inversée. Ici nous voyageons dans un univers quasi science fictionnel. «Satellite Usine», «Moloch city» et les «Galaxies d’amour pirate» nous invite à une croisière Space opera, tandis que l’héroïne semble s’incarner sous yeux en «reine aux désirs écarlates» qui commande à bord du vaisseau comme une sorte d’Albator en jupons dont le narrateur n’est que le «pilote aux yeux de gélatine aux ordres de sa «beauté nabab». Ensemble comme des Bonnie and Clyde intersidéraux, ils jouent les révoltés libres. Et lui il se soumet à celle qui règne sur son amanite phalloïde.

06-PETIT MATIN 4.10 HEURE D’ETE-SUPPLEMENTS DE MENSONGE 2011

L’heure du bilan. Comme souvent chez Hubert, le titre ressemble à une entrée de journal de bord. Et le voilà à réfléchir à sa vie. A l’instant où la terreur de se sentir dissoudre dans le néant le tenaille, il revient sur ce qu’il va léguer derrière lui: l’impalpable. «Je rêve tellement d’avoir été que je vais finir par tomber….» Se confesse-t-il. Il sent les morts l’appeler alors que les vivants semblent s’éloigner. Il réalise alors que seule «La folie l’a empêché d’être fou». Il faut maintenant faire ses bagages: «Je n’ai plus rien à exposer, Dans la galerie des sentiments. Je laisse ma place aux nouveau-nés Sur le marché des morts-vivants.» Et malgré tout derrière cette fatigue, toujours tapie: la peur, celle de mourir pour rien. Le dernier couplet est donc impitoyable mais magnifique et majestueux. Il m’accompagne régulièrement et au fur et à mesure que l’âge avance, le poids des mots ralentit ma cadence cardiaque…

05-ALIGATOR 427-AUTORISATION DE DELIRER STE 505 1979

Charge plus que cynique sur la politique nucléaire de la France au beau milieu des années 70. En plus de renvoyer à la bonne vieille science-fiction avec cette nouvelle identité chiffrée imaginant le futur de l’humanité entre mutation et statistique, le chanteur dépeint tout un tas de vignettes aussi horribles que drolatiques mettant en scène un avenir post-apocalyptique. «Et l’idiot du village tend sa carte d’adhérent pour prendre sa place dans le grand feu». Prophétise-t-il alors.

S’appuyant sur un arrangement colossal mis en scène par le groupe MACHIN (présents jusque sur la pochette), Hubert s’improvise prédicateur de l’horreur en promettant «Vampires et anges nucléaires» et donne le monde «aux fantômes, aux hyènes et aux vautours» dans une version atomique des visions de Saint-Jean. «Vive la mort!» prêche-t-il tout en «crachant son cancer à l’ombre des centrales» tandis que ses disciples murmurent le mantra «Je vous attends!». On ne sort pas indemne d’un tel texte. Une telle verve est exceptionnelle, on ne la retrouvera quasiment que sur DEMAIN LES KIDS qui elle s’attaque à la violence dont les enfants sont souvent les victimes.

04-L’ETRANGER DANS LA GLACE-SCANDALE MELANCOLIQUE 2005

Bien qu’il faille évidemment décoder le sens au travers du vocabulaire très particulier du chanteur, cela devient rapidement évident que l’on parle de la maladie d’Alzheimer. D’abord mystérieux l’homme désormais âgé sème les images de son enfance éparses. « Je vois des voiles d’aluminium, Au fond de mon regard distrait. Des odeurs de mercurochrome, Sur le registre de mes plaies» avant d’exprimer la douleur de se retrouver perdu au milieu d’une histoire que le temps nous vole bribe par bribe. «Le vide à des lueurs d’espoir, Qui laisse une ombre inachevée. Sur les pages moisies de l’histoire, Où je traîne ma frise argentée». Et puis le refrain comme une longue plainte «Mon regard s’efface, je suis l’étranger dans la glace, ma mémoire s’efface.» Sur le dernier couplet, il sent ses souvenirs lui échapper tandis que le seul espoir s’incarne dans la recherche et le «flou des laboratoires».

03-L’AFFAIRE RIMBAUD-METEO FÜR NADA 1986

Une phrase de guitare mélodieuse issue de l’imagination de son compère des années 80 Claude Mairet, avec qui il avait l’ambition de former une signature légendaire à l’instar de celle des «Jagger/Richards», rythme une étrange démystification. Celle de Rimbaud. D’entrée de jeu, il attaque avec cette amputation évoquant la gangrène physique «La jambe de Rimbaud, de retour à Marseille, tel un étrange cargo chargé d’étrons vermeils». Pourtant ce qui est corrompu fut jadis l’image même de la gloire «la beauté fut assise un soir sur ce genou».

Le second couplet paraphrase l’œuvre du poète pour le confronter à ses actes «Le temps des assassins que tu sponsorisas, en livrant tous tes armes au royaume de Choa».Oui Rimbaud n’était finalement qu’une ordure et son dormeur du val s’évanouit soudain pour de bon. Il termine en brocardant les hypocrites qui gueulaient pour l’Éthiopie: «Les poètes d’aujourd’hui ont la farce plus tranquille quand ils chantent au profit des derniers Danakils». Mais le mal de colonisation galopante est déjà fait, il est temps de payer l’addition. Il conviendra de toujours de méfier de la dangereuse béatification spontanée de ses héros, même si le constat peut faire mal.

02-LES DINGUES ET LES PAUMES- 713705 CHERCHE FUTUR 1982

Au début des années 80, le chanteur ne doit pas se sentir très bien dans ses baskets pour pondre des textes pareils. Pour le coup c’est «simplement» une description cinématographique de la faune nocturne, mais le choix des mots est si bizarre et alambiqué qu’on l’on finit par obtenir un tableau noir et torturé à la fois hideux et captivant. Là encore, le spectre de la drogue enlumine chaque vers douloureux au léger parfum de sang: «Ils sont comme les joueurs courant décapités, ramasser leurs jetons chez les dealers du coin».

Perpétuelle collision d’images de peintures hantées («Mon cheval écorché m´appelle au fond d´un bar»), de références littéraires («Ce sont des loups frileux au bras d´une autre mort. Piétinant dans la boue les dernières fleurs du mal») et de saillies humoristiques («Les dingues et les paumés s´arrachent leur placenta, et se greffent un pavé à la place du cerveau.»), le chanteur susurre sur un air lancinant la mélancolie qui lui des dégouline des veines. Lorsque l’album paraît, les fans bien moins informés qu’aujourd’hui ne donnent pas cher de la peau de l’artiste tant la mort semble hanter ses rimes.

Aussi quand il ne donne plus de nouvelles pendant plusieurs mois, la rumeur se répand comme une traînée de poudre: «Thiéfaine est mort! » Sida? Overdose? Les hypothèses vont bon train tandis que le silence autour du chanteur devient assourdissant. En vérité, pour survivre, Thiéfaine a tout plaqué pour se barrer au Mexique, faire de la moto. Là il se plante et se pète le bras. Rien finalement de très romanesque. Cependant il doit se remettre et enregistre l’album suivant en posant uniquement sa voix sur les musiques de Claude Mairet, d’où la signature collégiale du disque. Ses voyages lui donneront par la suite d’autres inspirations (ERRER HUMANUM EST-PULQUE MESCAL Y TEQUILA)

01-JE T’EN REMETS AU VENT- …TOUT CORPS VIVANT BRANCHE SUR LE SECTEUR ETANT APPELE A S’EMOUVOIR… 1978

Accompagné du groupe MACHIN, chantant des farces comme LA FILLE DU COUPEUR DE JOINT ou LA CANCOILLOTE, Hubert dissimule derrière sa gaudriole et sa moustache de gaulois un être écorché. Le premier album est donc à son image un joyeux «folk n’ roll circus» où soudain tombe parfois le masque. LA DÊCHE, LE TWIST ET LE RESTE ou LE CHANT DU FOU témoignent d’une angoisse à fleur de peau. Et puis il y a JE T’EN REMETS AU VENT. Bien sûr l’auteur n’aura de cesse de la tourner en dérision en la dédicaçant à une petite fille de CM2 ou carrément à une nonnette des ursulines quand il était en maternelle, même en interview il évoque le regard perdu dans le vague une amourette adolescente oubliée.

Et pourtant, Cette chanson l’accompagne depuis ce premier album avec toutes sortes d’arrangements (de la folk song à l’orchestre de chambre) à chacune de ses tournées. Elle n’est presque jamais omise depuis maintenant 40 ans. A chaque fois le public répond scandant dans chaque pied toutes les syllabes de ce chagrin touchant. Car voilà, le public n’est pas dupe et il a su voir dans ce texte totalement dépouillé d’artifice, sans aucun code, l’expression d’une ancienne douleur transcrite telle quelle. Plus de clown, plus d’artiste, plus de posture, juste la douleur: Entre l’amour de l’art ou l’art de l’amour, il fallait choisir. Cette chanson symbolise donc le linceul de son enfance avec des mots simples et émotions plus vraies que prévues. «A avoir voulu vivre avec moi, tu as gâché deux ans de ta vie, deux ans suspendu à ta croix, à veiller sur mes insomnies». Chaque phrase a la portée d’une balle de revolver.

L’Hermite survivant, enregistre et tourne vaille que vaille depuis quarante ans aujourd’hui, se jouant de l’absurdité du théâtre humain. Il a le rire triste et la tendresse mécanique. Il est sans doute le plus célèbre des inconnus et sans doute l’un de nos poètes les plus célébrés malgré son image de refoulé des médias. Il sait simplement doser son effort et ne tisse pas de liens superflus pour un instant de gloire illusoire. Pourtant il fascine tous ceux qui ont vainement noirci les cahiers pour traduire leur mal-être un jour de pluie. Tout ce que nous avions du mal à exprimer sortait ainsi de sa bouche. J’aurais pu citer les quelques chansons les plus plébiscitées comme LAFILLE DU COUPEUR DE JOINT, LORELEI SEBASTO CHA voire même LA RUELLE DES MORTS qui lui a valu une victoire de la musique un peu tardive, mais il était finalement plus évident pour moi, de tenter de brosser le portrait de l’artiste par le biais de 10 titres plus intimistes.

J’espère ainsi avoir pu pincer votre curiosité de la manière la plus claire et la plus ludique qui soit.

Thiefaine par Ed Illustratrice
© Créative Commons d’après Yéti Vert

16 comments

  • Bruce lit  

    Il m’aura fallu le portrait (remarquable) de Edwige pour me rendre compte que Thiéfaine ressemblait bcp à Bob Dylan.
    Les 5 ères chansons que j’ai écoutées me plaisent bien.
    Je repasse plus tard.

  • Bruce lit  

    Et bien j’aime beaucoup
    Thiéfaine complique le truc avec ses titres compliqués et j’aime prendre mon temps. C’est pourquoi j’écoute les 5 mêmes depuis ce matin, sa musique n’étant pas exactement du Easy Listening.
    Je pensais que le mec faisait de la musique bretonne (!) et pas marrante.
    Je découvre au contraire l’humour noir, des interprétations souvent théâtrales et des prestations irréprochables. L’écriture est sophistiquée, la voix dans la ligne directe de ce que j’aimais chez Bashung, il y a même des chorus tout droits sortis du HEROES de Bowie. Je prends !
    Merci pour cette découverte. La BD de Soleil est bien ?
    Je commence par quel album ?
    Ps : je ne suis pas du tout d’accord avec toi sur La chanson pour l’Ethiopie. Je n’y vois rien d’hypocrite là dedans. C’était le 1er live aid français avec des chanteurs qui y croyaient sincèrement.

  • Eddy Vanleffe  

    Je suis toujours surpris de constater que le Hubert, personne ne semblait le connaitre vraiment sur le blog… Pour moi il est aussi connu que des Polnareff ou ce genre d’artstes….
    du coup j’ai essayé de faire un portrait en partant de MON affection personnelle de fan avec 10 titres que je préfère moi en ne prenant pas compte de ses succès etc…
    J’ai déjà pu lire dans les médias des comparaisons avec Bashung en effet ( mais Bashung il écrit ses textes? ) voire même de « sous-Higelin » mais leur univers si on passe outre l’éléasticité des mots, n’ont pas grand chose à voir.
    Je l’appelle souvent le « Lou Reed français » pour son coté faune urbaine, mais c’est bien sûr une sorte d’exagération.
    Par quel album commencer?
    les puristes souvent citent les 5 premiers mais comme je ne crois pas que tu vas gouter les arrangements du groupe Machin je te suggérerai de commencer par le dyptique DERNIERES BALISES AVANT MUTATION/SOLEIL CHERCHE FUTUR et un autre plus « grand public » METEO FUR NADA et EROS UBER ALLES.
    vise les albums cités sur tes titres préférés de ma sélection, tu verras bien.
    J’aime à peu près tout chez Thiéfaine et je suis fan du groupe MACHIN donc j’adore particulièrement les deux premiers albums.
    pour l’hypocrisie sur l’Afrique, je sais que Renaud et son groupe ont été sincères et qu’ils ont fait de gros chèques à MSF…. Ce que la chanson pointe, c’est plutôt la facilité de faire des vers quand on a tout détruit avant. c’est l’hypocrisie de Rimbaud,

  • Bruce lit  

    La chanson a dû être retouchée plusieurs fois tu sais. Le texte était plus violent. Mais sans ça une dizaine de chanteurs se retiraient du projet.

    • Eddy Vanleffe  

      Je me doute…
      gamin, je trouvais que cette guimauve était un sommet de récupération. j’ai révisé mon jugement. les bénéfices ont aidé des gens. c’est ce qui importe et puis même les metalleux l’ont fait aussi… le but c’était d’aider pas de faire le meilleur titre le plus abouti.

      • Bruce lit  

        Oui.
        Indirectement, c’est ce qui donne à Coluche l’idée de lancer les Restos du Coeur .
        On connaît la suite…
        Sur le fond, je reste d’accord avec toi. Même enfant, j’aimais les artistes dégagés sans convictions affichées et ça n’a pas bcp changé. C’est tout à l’honneur de Thiéfaine (histoire de ne pas transformer notre conversation en salon…) d’avoir su résister à la pression médiatique. Sur le moment ça n’a pas dû être facile.

  • JP Nguyen  

    Bon, je n’ai encore rien écouté mais ce qui pourrait m’attirer, ce sont les textes. Dans les citations que tu as parsemées dans ton article, je perçois une poésie un peu loufoque.
    Je ferai un retour quand je me serai posé pour écouter tout ça…

  • Jyrille  

    Désolé Eddy mais aujourd’hui je ne pourrais pas écouter tout ça. Depuis cette semaine, je tombe et retombe sur Supergrass : je n’avais jamais écouté leur premier album, du coup j’ai ressortis tous ceux que j’ai. Je suis vraiment pas dans le mood donc.

    J’aime beaucoup Thiéfaine, mais je me suis arrêté à sa compile 78/98 que j’ai beaucoup écoutée (et que j’écoute encore). J’ai écouté quelques albums mais il faut vraiment que je fasse ça sérieusement. Je suis fan de Groupie 89 Turbo 5. J’adore ses paroles en général et cela fait longtemps que je dois écouter ses deux ou trois derniers albums (d’ailleurs j’ai dû le faire, mais pas assez).

    Je l’ai vu deux fois en concert, c’est toujours sympa.

  • Jyrille  

    Dans ta liste, j’en connais donc (et je les connais bien) 4 sur 10. Tu ne mets pas La Vierge au Dodge 51 dont je suis fou aussi, mais je peux comprendre. En tout cas celles que tu cites et que je connais, je les adore. Sauras-tu les retrouver ?

  • Surfer  

    Durant mon existence j’ai côtoyé pas mal d’admirateurs de THIEFAINE. Tous ont essayé de me convertir à sa musique et à sa poésie

    Malheureusement, malgré mes efforts, je n’ai jamais adhéré. Je n’éprouve rien en l’écoutant. Je trouve que c’est un chanteur très moyen et que sa musique n’a rien d’exceptionnel. Seuls les textes de ses chansons sont intéressants.
    Mais pour que la poésie fonctionnent avec moi il faut la véhiculer avec une mélodie imparable.

    Tu le compares à LOU REED. Effectivement on peut trouver quelques petites similitudes mais aussi de grosses différences. La principale étant la musicalité des compositions qui est beaucoup plus sophistiquée chez LOU REED. De plus, quand celui-ci interprète une chanson il est littéralement habité…0n y croit…et on s’émeut.
    Rien de tout ça, à mon sens, chez THIÉFAINE !

    Ce qui peut paraître paradoxal c’est que je ne maîtrise pas aussi bien l’anglais que le français. Chacun sait, que pour apprécier les subtilités d’une chanson à texte la compréhension est primordiale. Pourtant les chansons de LOU REED me parlent plus que celles de THIÉFAINE grâce à une musicalité qui donne de la profondeur aux mots.

    Eddy tu n’es qu’un admirateur de plus qui croise ma route. Ton joli article et ta sélection de 10 titres n’a pas eu d’effet positif sur moi. C’est dommage mais je n’y peux rien c’est comme ça.
    D’autres ont déjà tenté avec plus d’acharnement et n’y sont pas arrivés.
    Ils y sont allés à coup de FIÈVRE RÉSURRECTIONNELLE, de FILLE COUPEUR DE JOINTS ou autre LORELEI SÉBASTO CHA…
    Ils n’ont pas réussi à me convertir et pourtant il n’ont pas essayé avec ce qu’il y a de plus mauvais dans le répertoire de l’auteur .

    PAR CONTRE, je respecte au plus haut point cet artiste qui a réussi à captiver un certain public et créer une communauté d’admirateurs. Ils lui sont fidèles et le suivent depuis de nombreuses années.
    Il a réussi tout cela avec très peu de visibilité dans les médias. Bravo l’artiste 👍😉

  • Présence  

    Voilà un article pour lequel je vais prendre mon temps pour le déguster. Comme Surfer, j’ai côtoyé des amis s’éclatant en écoutant HFT, mais à l’époque ça ne parlait pas du tout. Grâce à cet article de passeur attentionné, une nouvelle chance m’est donnée de pouvoir l’aborder.

    Superbe illustration d’Edwige.

    Sentiments numériques revisités : ça passe tout seul, dans le bon sens de l’expression. J’aime bien la musique, et je peux être en écoute distraite, laissant les mots s’insinuer dans mon oreille pour laisser mon esprit se faire surprendre par une expression ou une autre.

    La môme kaléidoscope : 2ème excellente surprise. Je peux me rendre compte ce qui devait me dérouter au point de ne pas pouvoir apprécier étant jeune. Du coup, je me dis que je suis vieux, mais peut-être un peu plus ouvert d’esprit. 😀

    Une fille au rhésus négatif : excellent. Je sens que cet article découverte va enrichir ma culture musicale, et m’ouvrir de nouveaux horizons. Du coup, je regarde les dates des morceaux et je constate que tu as pioché dans presque toutes les décennies, ce qui offre un large éventail.

  • Tornado  

    Je fais également partie des membres de la team qui ne connaissent quasiment rien en Thiéphaine.
    Au lycée, on a vaguement essayé de m’en faire écouter mais j’avais détesté. Je me souviens d’un chanteur à la gouaille parisienne, connotation totalement insupportable à mes oreilles. Rétrospectivement, à la lecture de l’article, il semble que ce soit les premiers albums car effectivement, dans ton TOP 10, ce sont les titres studio issu des albums de 78 et 79 que j’ai le moins aimés. Dès que ce sont les extraits de concerts des années 90/2000/2010 ça passe beaucoup mieux alors que le chanteur a complètement abandonné cette interprétation gouailleuse que je déteste (j’ai toujours abhorré les journalistes rock français qui semblent se sentir obligés de parler comme Arletty…).

    Du coup j’avoue avoir beaucoup aimé tous ces extraits de concerts. Les arrangements rock sont parfaits et les textes assez impressionnants. Je suis du coup assez client d’en découvrir davantage.
    De plus tes comparaisons « Léo Ferré & Mick Jagger dans la même personne » et « Lou Reed à la française » me parlent beaucoup (trois artistes que j’adore) auxquels j’ajouterais un soupçon de Dylan (ça semble évident sur les passages à l’harmonica).
    Je suis très étonné que Bruce ne connaisse pas non plus car il y a tout ce qu’il recherche ici dans l’univers rock-attitude.

    Enfin, bref. C’est un article impeccable pour moi niveau pédagogie. J’en ressors avec davantage de connaissances sur cet artiste que je connaissais bien mal, avec l’envie de le découvrir enfin dans de bonnes dispositions.

    PS : Je me souviens qu’il faisait effectivement partie de ces chanteurs (avec notamment Shane MacGowan des Pogues, et Iggy Pop) dont on jurait qu’il allaient crever dans les 5 minutes parce qu’ils représentaient le summum des rockers drogués jusqu’aux os. Je constate avec joie qu’il n’en était rien et que ces artistes marchent encore sous le soleil en 2021…

  • Eddy Vanleffe  

    @JP
    Ce qui sauve Thiéfaine de la noirceur totale, c’est en effet ce perpétuel décalage, c’est esprit sinon cet humour qui cogne les mots contre leur notions …
    Je me souviens d’un chanson qui critique l’humanité où dans son délire il va jusqu’à détester les animaux trop humains comme les chats, les chiens, les poissons rouges et les tamagotchis….
    @Jyrille
    j’ai fait exprès de choisir des titres assez confidentiels, La vierge au Dodge 51 est la première que j’ai entendu de lui. je l’adore aussi parce que trop marrante.
    @Présence
    oui j’ai un peu pioché partout mais souvent la fan base se contente des 5/6 premiers albums ou la compil 78-86
    oui j’oublie de la dire mais l’illustration d’Ed’ est magnifique.
    @Tornado
    Content d’être un passeur pas trop mauvais.
    Par contre je vais me permettre de corriger un détail. RIEN de parisien ou de parisianiste chez Thiéfaine qui reprend bien souvent l’accent de sa ville de naissance (Dôle dans le Jura), et qui est resté fidèle à sa région à la fois dans pas mal de chansons (sur ses parents ou la fameuse ruelle des morts) ou fait dans le voyage. il a eu une période urbaine/excès mais c’est clairement une période parenthèse). dans une autre il critique même le tout-Paris (souvent même)… du coup je ne vois pas trop où tu situe sa gouaille à moins que ce soit carrément les chanson il prend l’accent franc-contois comme dans la cancoillote, Scorbut.. sa façon d’appuyer ses voyelles en font aussi un homme de l’est sans erreur possible (là où j’ai souvent un accent du Nord à couper au couteau pour ma part!)

  • Tornado  

    Oui j’ai peut-être tort avec l’accent parisien mais il y a quoiqu’il en soit de la gouaille dans ses premiers albums et j’ai de mal avec ça. Rien à voir avec Thiéphaine mais les accents forcés me font autant de mal aux oreilles qu’une craie sur un tableau noir. Même celui de ma région (marseillais) me hérisse. Un accent léger c’est charmant. Un accent à couper au couteau, comme tu dis, mieux vaut connaitre et aimer la personne pour le supporter (je parle pour moi (qui parle la plupart du temps sans accent (mais qui sait recopier tous les accents))) ^^ (et n’oublie pas que j’ai vécu quelques années chez vous, les ch’tis… (et je vous aimais beaucoup soit dit en passant))

    Sinon oui tu as été bon passeur sur cet article. Tous les extraits live sont vraiment chouettes et les morceaux choisis notamment les phrases que tu as isolées dans tes présentations sont très impressionnants.

  • Présence  

    Sweet amanite phalloïde queen : celle ne marche pas avec moi, je ne saurais dire pour quoi, peut-être cet opéra de l’espace sur fond de balade presque hard, un mélange qui ne me parle pas.

    Petit matin 4.10 heure d’été : très sympathique, et je retrouve cette capacité à écrie des paroles que je peux écouter d’une oreille distraite et dont une phrase ou deux s’impriment durablement dans mon inconscient.

    Alligators 427 : j’aime beaucoup ces petites vignettes qui laissent la possibilité de comparer ces visions au présent qui est le nôtre.

    L’étranger dans la glace : intégration très sympathique de la trompette, à nouveau des paroles très envoûtantes et une voix remarquable. Superbe.

    L’affaire Rimbaud : j’ai beaucoup de mal avec le dispositif de l’écho dans la voix. Euh, non, celle-là n’est pas pour moi.

    Les dingues et les paumés : format long mais qui passe mieux pour moi que Sweet amanite phalloïde queen. Je suis plus sensible à ces individus déglingués, à ces images entre banalité pathétique et collages surréalistes.

    Je t’en remets au vent : gentil mais pas dans le registre de ma sensibilité.

    Un article extraordinaire qui m’a permis d’approcher l’œuvre d’un artiste qui m’est longtemps resté hermétique. Merci beaucoup.

    • Eddy Vanleffe  

      dernier détail Présence (et les autres) Thiéfaine en live transforme régulièrement les arrangements de ses chansons reggae, ska, quasi metal, orchestre de chambre, version Dylan, tout est bon et chaque live nous réserve des surprises…. sauf les plus récents où on retourne plus aux disques…

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