Dix titres de Phil Collins (avec ou sans Genesis)
Une playlist rétrospective de CYRILLE M
Cet article est dédicacé à Little Jay dit JP Nguyen. Il ne pourrait exister sans les sites Wikipedia, Allmusic et Genius.
Phil Collins est un de mes héros. Batteur depuis ses cinq ans, il a marqué l’histoire de la musique contemporaine. D’abord et surtout en tant que batteur (même si son jeu de batterie jazzy a sans doute moins fait école que celui de John Bonham du groupe Led Zeppelin) puis chanteur au sein du groupe de rock progressif anglais Genesis, puis en tant qu’artiste solo – tout en continuant à jouer avec Genesis. Le pic de sa carrière dura ainsi toutes les années 80, voire jusqu’au milieu des années 90. Personnellement, je me suis arrêté avec le dernier Genesis où il officie, celui de 1991, WE CAN’T DANCE. Après ça, le groupe ne fera plus qu’un seul album studio avec un troisième chanteur tandis que Phil Collins continuera à faire des albums auxquels je ne me suis pas du tout intéressé.
Je ne sais plus quel fut mon premier contact avec lui. Selon toute vraisemblance, cela doit être avec le titre MAMA de Genesis ou son IN THE AIR TONIGHT, qui sont assez proches dans leur ambiance pesante et leurs parties de batteries extrêmement lourdes, puissantes et tribales. Ce qui est certain, c’est que c’est là que tout a commencé pour moi. En déroulant les pistes livrées par ces titres, je découvris le Genesis des années 70, avec Peter Gabriel au chant, ce qui me transforma en un omnivore du rock.
Il est de bon ton de détester Phil Collins et une grande partie de la musique des années 80 : il est vrai que beaucoup de groupes et artistes devinrent ringards très rapidement, que le monde sembla soudainement se rendre compte que les politiques lui avaient menti, que cela ne tournait pas rond, qu’on lui cachait des choses, que toute cette variété musicale sucrée ne servait qu’à abrutir les masses.
Le cristallisateur fut AMERICAN PSYCHO, le troisième roman de Bret Easton Ellis, sorti en 1991, qui fit scandale avant de devenir un classique de la littérature, complément idéal au BÛCHER DES VANITES de Tom Wolfe sorti en 1987, autre grand classique de la littérature américaine. Les deux romans dénoncent les travers des années yuppies, ces traders des années 80 symbole du capitalisme sauvage tel qu’évoqué dans le film WALL STREET de Oliver Stone sorti en 1987 (qui a une bande originale soignée, comptant notamment plusieurs titres d’un album expérimental de David Byrne et Brian Eno).

Pour leur remasterisation en 2016, Collins refit toutes les pochettes de ses albums en se faisant à nouveau tirer le portrait
Dans le livre, Patrick Bateman, un de ces jeunes aux dents longues qui a beaucoup trop d’argent mais aucune moralité, écoute donc Huey Lewis and The News ou Genesis entre deux meurtres très sanglants. Lorsque le magazine musical NME demanda à Phil Collins ce qu’il pensait de sa participation à cette œuvre, il répondit qu’il était très flatté et que pour lui, le seul lien entre ce psychopathe de Bateman et sa musique ne provenait que de l’omniprésence de ses tubes au même moment.
Abusant des ballades sirupeuses, l’image de Collins s’avère problématique, ringarde et commerciale avant tout. Je dois avouer que nombres de ses chansons, en solo ou en groupe, me laissent froid. Mais pas toutes. Je vous propose donc ci-dessous une playlist personnelle dévoilant d’autres facettes de cet artiste, même si je vais évidemment mettre quelques tubes. Par exemple, les deux chansons ultra-connues EASY LOVER et A GROOVY KIND OF LOVE n’y figurent pas car il s’agit respectivement d’un titre écrit en collaboration avec Philip Bailey, le chanteur du groupe Earth, Wind and Fire, qui ne figure sur aucun album de Phil Collins (à part ses best of) et d’une reprise d’un groupe obscur des années 60, enregistrée pour un film où Phil tient la vedette (je ne l’ai jamais vu et ne tiens pas vraiment à le regarder. Il s’agit de Buster, sorti en 1988). Si le titre est suivi des lettres AP, c’est qu’il est cité dans AMERICAN PSYCHO.
https://www.youtube.com/watch?v=cHWJ-7BUCNg
For Absent Friends (Nursery Cryme, 1971)
© WMG, EMI Music Publishing, Charisma Records, ASCAP, LatinAutor, Exploration Group (Music Publishing), BMG Rights Management, LatinAutor – SonyATV, CMRRA, Warner Chappell
FOR ABSENT FRIENDS est une des premières chansons enregistrée par Phil Collins au chant. Avec le guitariste Steve Hackett, ils viennent d’intégrer Genesis, qui a déjà sorti un album remarqué, et Peter Gabriel leur accorde cette chanson composée par Hackett et peut-être écrite par Collins. Très courte mais très belle, cette comptine qui parle du temps qui passe, des personnes âgées et de leurs amis disparus m’a toujours ému.
Punchline :
Les têtes penchées en priant
Pour les amis absents
Robbery, Assault and Battery (A Trick of the Tail, 1976)
© WMG, EMI Music Publishing, Charisma Records, ASCAP, LatinAutor, Exploration Group (Music Publishing), BMG Rights Management, LatinAutor – SonyATV, CMRRA, Warner Chappell
Co-écrite avec le clavier Tony Banks, ce titre provient du premier album de Genesis sans Peter Gabriel. La collaboration entre les quatre survivants étonne par sa cohérence et ses différences déjà notables avec les productions précédentes du groupe.
Punchline :
« Bonjour fils, j’espère que tu t’amuses »
« Vous vous trompez Monsieur, je ne suis que l’homme de ménage »
Là-dessus, il tira, et en mourant, l’autre lâcha « Tu m’as trahi »
C’est toujours la même vieille rengaine
In The Air Tonight (Face Value, 1981) – AP
© EMI Music Publishing, Phil Collins Limited
Premier titre de son premier album en solo et également premier single, IN THE AIR TONIGHT est une chanson qui n’a pas vieilli malgré l’apparition des synthés nouvelle génération. Collins prouve ici qu’il s’avère être un excellent producteur. Il a un goût sûr pour les machines, la direction artistique, le son, et son équipe se compose principalement du guitariste Daryl Stuermer et des cuivres du groupe Earth, Wind and Fire. Avec le batteur Chester Thompson, devenu membre permanent (en tout cas, pour les tournées) de Genesis depuis le départ de Peter Gabriel, il s’agit des principaux collaborateurs de Phil Collins à partir des années 80. Tous ces gens travailleront ensemble, que ce soit pour Genesis ou Earth Wind and Fire, comme souvent lorsque le vent est en poupe. Collins est un habitué, ayant participé à de nombreux enregistrements dans les années 70, notamment sur le premier album solo de George Harrison ou le second album de Brian Eno.
A partir de 1980 et de l’album DUKE de Genesis, Collins change sa façon de jouer de la batterie. Il abandonne les arabesques sonores pour passer à un son plus sec, brut et puissant. Il est en plein divorce, et cet évènement le transformera selon ses dires de musicien en parolier. C’est le moteur de tous les albums à venir. Entre 1980 et 1991, Phil Collins aura réalisé quatre albums solos, cinq albums avec Genesis, tourné dans un film, et sorti trois singles pour des bandes sons qui seront des tubes. Sans parler des tournées au succès phénoménal entre chaque album, en solo ou avec Genesis. Au dos des t-shirts, ce n’étaient pas les villes qui étaient listées, mais les pays.
Les paroles de cette chanson sont depuis plusieurs années sujet à polémique, une véritable légende urbaine. Je n’ai pas creusé plus que ça, mais je sais qu’Eminem en parle dans son superbe STAN.
Punchline :
Oui, je me souviens !
Je me souviens, ne t’inquiète pas
Comment pourrai-je oublier ?
Tomorrow Never Knows (Face Value, 1981)
© UMG, Virgin Publishing, SOLAR Music Rights Management, LatinAutor – SonyATV, CMRRA, LatinAutor, ASCAP, Sony ATV Publishing
Dernier titre du premier album de Phil Collins, TOMORROW NEVER KNOWS est une reprise des Beatles, l’originale apparaissant sur leur album REVOLVER (1966). C’est avec cette version que j’ai découvert ce titre, et je la trouve toujours réussie. Elle se termine avec quelques vers de SOMEWHERE OVER THE RAINBOW. L’année suivante, sur son second album HELLO I MUST BE GOING, il reprendra très fidèlement le YOU CAN’T HURRY LOVE des Supremes, une version loin d’être honteuse et pleine d’amour pour la Motown.
Punchline :
Posez toutes vos réflexions, abandonnez-vous au vide
Ca brille, ça brille
Man On The Corner (Abacab, 1981) – AP
© Laika Network, WMG (on behalf of Gelring Limited); LatinAutor, ASCAP, Imagem Music (publishing) US, LatinAutor – PeerMusic
Sorti la même année que FACE VALUE, ABACAB est le troisième album de Genesis sans Steve Hackett et le cinquième sans Peter Gabriel. Il comporte neuf titres, six composés par les trois membres, et trois composés individuellement. MAN ON THE CORNER est la chanson composée par Collins. Elle parle déjà des sans-abris, bien avant son ANOTHER DAY IN PARADISE (qui lui vaudra quelques critiques pour son manque d’investissement dans le sujet).
De la troisième période du groupe, ABACAB est sans aucun doute le meilleur album de Genesis. Album de art rock, aux morceaux étranges (Me and Sarah Jane, Keep It Dark), originaux (Whodunnit?) ou apaisants comme ici, il assez inspiré par The Police ou XTC, très influents à cette époque.
Punchline :
Quand il crie, personne n’écoute
Là où il va, personne ne va
Against All Odds (Take a Look at Me Now) (Against All Odds, 1984, …Hits, 1998) – AP
© Laika Network (on behalf of Warner Music International – Phil Collins); LatinAutor – SonyATV, LatinAutor, Imagem Music (publishing) US, UMPI, ASCAP, CMRRA, EMI Music Publishing, SOLAR Music Rights Management, UBEM, LatinAutor – PeerMusic
Ecrite expressément pour le film portant le même titre, AGAINST ALL ODDS restera un tube et une chanson splendide.
Punchline :
Regarde-moi maintenant
Je ne suis plus qu’une place vide
Et ton retour est impossible
Sussudio (No Jacket Required, 1985) – AP
© Laika Network (on behalf of Warner Music International – Phil Collins); LatinAutor, UMPI, ASCAP, LatinAutor – PeerMusic, Imagem Music (publishing) US
NO JACKET REQUIRED est le troisième album solo de Collins. Il débute par ce SUSSUDIO, qui est grandement influencé par Prince. On a vraiment l’impression d’entendre une relecture du titre 1999 (qui est une tuerie intergalactique et une de mes chansons préférées de tous les temps) du nain pourpre. Niveau paroles, on se croirait revenu aux bluettes des Beatles première période.
Punchline :
Elle me rend nerveux et me terrifie
Je me sens si bien juste en disant son nom, Su-Su-Sussudio
Land of Confusion (Invisible Touch, 1986) – AP
© WMG, Laika Network (on behalf of Gelring Limited); Imagem Music (publishing) US, UMPI, ASCAP, LatinAutor, LatinAutor – PeerMusic
Après ILLEGAL ALIEN (une chanson sur les mexicains tentant de passer la frontière états-unienne, avec un irrésistible accent mexicain pris par Collins) sur l’album MAMA, LAND OF CONFUSION est un autre titre frontalement politique de Genesis. La musique a été écrite par les trois membres mais les paroles sont du guitariste/bassiste Mike Rutherford. Les marionnettes du clip proviennent du show télévisé anglais Spitting Image (portrait craché) qui ont grandement inspiré nos regrettés Guignols de l’info.
Punchline :
As-tu les nouvelles aujourd’hui ?
Ils disent qu’il n’y a plus de danger
Mais je peux toujours voir les feux allumés
Brûler dans la nuit
I Wish It Would Rain Down (…But Seriously, 1989)
© Phil Collins Limited
Sorti lors de mon année de première, …BUT SERIOUSLY fut le plus important succès commercial de Phil Collins. L’album ne tient pas sur la longueur mais possède quelques bons titres. I WISH IT WOULD RAIN DOWN, très inspiré par le gospel, en est le meilleur. Le clip commence par un pastiche du SUNSHINE OF YOUR LOVE du groupe Cream, dans lequel officiait Eric Clapton, qui joue sur la chanson et dans la vidéo. Il marquera cependant quelques temps plus tard mon désistement envers Collins, ayant soudainement une myriade de groupes et musiques à découvrir. Ce qui n’a jamais cessé jusqu’à présent.
Punchline :
Tandis que ta souffrance est partie, la mienne subsiste
Et je sais que cela me ronge, jour et nuit
I Can’t Dance (We Can’t Dance, 1991)
©WMG, Laika Network (on behalf of Gelring Limited); Imagem Music (publishing) US, UMPI, ASCAP, LatinAutor, LatinAutor – PeerMusic
Lors de mon arrivée à la fac, je ne pouvais tout de même pas abandonner mon groupe originel, celui qui me fit comprendre le bonheur d’écouter des disques. J’achetai donc ce WE CAN’T DANCE portant le sceau de l’infamie au milieu du rock indé et de la grande ville dans lesquels je baignais. Et contre toute attente, il possède un large éventail de titres de qualité : NO SON OF MINE qui apparaît dans le Replaylist vol. 2 de JP (le numéro 31), JESUS HE KNOWS ME, DRIVING THE LAST PIKE, LIVING FOREVER…
Avec son clip parodiant une pub pour les jeans Levi’s de l’époque, I CAN’T DANCE démontre clairement qu’au-delà des ballades, Phil Collins et ses comparses faisaient tout le temps les clowns, Peter Gabriel en tête avec ses costumes de renard ou de fleur. Genesis n’était composé que de gars normaux, des anti-rock stars, qui ne faisaient pas d’excès, ne trompaient pas leurs femmes, ressemblaient à tout un chacun. Pas étonnant qu’ils jouent les losers dans ce clip ou celui d’ILLEGAL ALIEN. Ce qui l’est plus, c’est qu’un type comme Collins, au physique banal, soit devenu une telle star, à en devenir rejetée, humiliée et être presque effacée de l’histoire par une frange de la population ayant vécu ces années. Trop, c’est trop.
Punchline :
Elle a un corps sous cette chemise
Mais elle ne veut que frotter mon visage dans la poussière
Voilà, j’espère que le voyage vous a plu, si vous avez des questions, des conseils à demander, je suis à votre disposition !
Pour les curieux, une vidéo de Genesis en concert au Bataclan en 1973 : https://www.youtube.com/watch?v=8qMsr7jjQF0
C’est remasterisé en 4K depuis les bandes 16mm. Il y a 4 titres (dont deux coupés) et une interview. Pour voir à quoi ressemblaient Peter Gabriel, Phil Collins et les autres avant leur 25 ans…
Bonjour,
j’avais raté cet article. Une partie de ma culture musicale s’est construite avec GENESIS (époque P. Collins) et je ne renie en rien leur production. J’adorais particulièrement ce qu’ils appelaient les courtes et longues chansons. Je suis venu à Phil Collins en suivant. J’écoute toujours autant, passant aux versions vinyles quand je tombe dessus d’occasion. Je crois que BOTH SIDES est le dernier P Collins que j’ai acheté.
Une entrée qui met la pèche (de mon côté tout du moins).
Ah mais c’est super ! Bienvenu dans la team Collins Fletch !
Perso je ne crois pas avoir écouté Both Sides en entier mais je devrai (re)tenter.
… Moi je l’aime boucou, le Philou !
Découvert avec le Genesis des 80’s en même temps que ses titres solo : pour moi, Peter Gabriel a longtemps été le gars de « Sledgehammer » (bof…) et, plus tard (?!) des beaucoup plus intéressants « Shock The Monkey » et « Games Without Frontiers » : on découvrait tout en même temps, à l’époque !
Assez d’accord avec les commentaires précisant la prépondérance du son vis-à-vis (au détriment ?!) du reste, mais c’est une des particularité de la musique d’alors qui influençait -et encore aujourd’hui- mes coups de cœurs et/ou mes passions. Peut-être que si Kate Bush n’avait pas mis un train en plein vent au milieu de son intro à « A Deal With God » (ou Prince utilisé la même tempête pour « Mountains » !!), mon âme n’aurait alors pu planer si haut -mais j’en doute quand même un peu.
« Mama », « In The Air Tonight », « Take Me Home » et, bien sûr, les déments déments déments « Easy Lover » et Sususudio » (j’ai encore quelques réflexes qui m’obligent à sautiller dés les premières notes des deux derniers mais, comme je frôle aujourd’hui la tonne, j’ai cessé de sauter jusqu’au plafond en faisant l’hélicoptère avec les bras, comme dans ma jeunesse…)
On peut ne pas être mélomane et pourtant ne pas pouvoir vivre sans musique : qu’importe la « compréhension » des arcanes qui opèrent, si la magie fonctionne ? J’ai moi aussi parfois trouvé sa poésie lourdingue (Another Day In Paradise…); mais la musicalité de cette voix, pourtant souvent métallique, ainsi que TOUT ce qu’il est capable d’exprimer à travers elle, alors que son parcours l’écartèle entre ce « Rock Progressif » iconoclaste et expérimental jusqu’au Pop/Funky électrisant des années quatre-vingt jusqu’à ses hommages si sincères à l’héritage culturel de la Motown, en font véritablement un artiste à part à de nombreux points de vues ; le moindre n’étant pas cette authenticité intrinsèque qui, quelle que soit la dose de « commercialité » associée à son travail, transcende le résultat pour en faire un art véritable, ne serait-ce qu’à cause de toutes les manières dont il s’y est investi.
… Et qu’est-ce que c’est que cette histoire de « revanche du type au physique ingrat » ?! Je l’ai toujours trouvé super sexy !
« A perfect body with a perfect face » ^^
Merci beaucoup pour tes retours, Bruno. Si toi tu trouves Philou sexy, je ne pense pas que ce soit la cas par la majorité, y compris de la gente féminine.
Il faut que je vérifie cette histoire de tempête Bush / Prince. Sinon, tu sais que les Pete Gab que tu cites ont été faits avant Sledgehammer et le So dont il est issu, je pense, non ? Personnellement je réécoute ses quatre premiers albums régulièrement. Et mon ami Stan m’a fait part d’une correspondance Kate Bush / Pete Gab dont je parle plus haut je crois (ou sur un autre article, celui sur les voix féminines peut-être).
Est-ce que tu as lu mon article sur le Genesis des années 70 ?
Pas encore, mais je vais m’y mettre.
Sinon, oui : je sais que j’ai entendu les titres de Gabriel dans le désordre : c’est ce que je veux dire quand je prétends qu’on découvrait tout en même temps. le succès de Sledgehammer a provoqué une promotion TV rétroactive de ses anciens albums (la chose est vraie pour nombre d’autres artistes de l’époque). Au Jurassique, c’était ainsi qu’on découvrait la carrière des Pop stars, quand on vivait « à la campagne »… 😉
Peter et Kate, c’était le couple trop glamour !! Deux dingues radicaux ensembles -mais je pense sincèrement qu’elle le surpasse d’un bon kilomètre dans le domaine du jusqu’au boutisme artistique…
Quand au pouvoir de séduction lié au physique de quelqu’un -çui-là de sujet de débat ARF !- je n’ai jamais pu résister aux « natures » généreuses ; et le gars a toujours tout donné, dans son domaine. Bon : j’aime aussi l’intelligence qui pétille dans ses yeux et la persistance de sa courageuse clownerie alors qu’il a été si malheureux depuis son divorce -ça revient tout le temps dans ses chansons, avec comme corolaire la souffrance de l’isolement ordinaire et son rapport au père, et à sa propre paternité, tous deux loin d’être évidents.
La légende selon laquelle les « beaux mecs » jeunes et bien bâtis raflent tous les suffrages -toutes sexualités confondues, hein !- n’est qu’une propagande liée d’abord aux contes de fées (les filles de ma génération ne s’en sont jamais remises !) et, ensuite, à l’industrie du cinéma.
Aussi : la majorité des individus de nos sociétés, pleines d’à priori et de « normes » auto-assimilées, répugnent à assumer officiellement leurs véritables attirances (faut voir tout ce qui se passe dans les toilettes des autoroutes entre mecs avec la bague au doigt OUARFF ! Bon, c’est pas le sujet.), préférant opter pour l’acceptable et l’adoubé. Rares sont les personnes prêtes à avouer (même à simplement réaliser !) l’ampleur des conséquences sur leur quotidien des concessions/sacrifices personnels qu’ils se sont -consciemment ou non- imposés en fonction du regard d’autrui -principalement la famille mais, aussi, les perspectives de carrière professionnelles envisagées. Et, oui : même jusque dans le domaine si artificiel des apparences, quand bien même l’Amour serait en question.
Exemple : le « surpoids » étant devenu une norme, lui aussi (!), beaucoup de filles le vivent aujourd’hui avec infiniment moins de difficultés qu’à mon époque, où la presque anorexie ordinaire (Farrah Fawcet, Charlotte Rampling et une kyrielle d’autres star des écrans…) était le summum de la séduction. Même généreuses (Sophia Loren, Ornella Mutti,…), elles devaient exhiber taille marquée et membres fuselés.
Les filles franchement grassouillettes -voire grosses, carrément !- se voient aujourd’hui activement courtisées par des gars beaucoup plus en phase avec leur libido de base, qui leur fait désirer une partenaire bien en chair, visuellement maternelle. Ils ont moins le soucis du jugement des copains, vue que tous partagent aujourd’hui ouvertement et quasi instinctivement ce penchant, véritablement atavique dans sa logique animale. Ces mecs-là ont une conscience beaucoup plus concrète de ce que peut représenter la féminité pour eux, au delà des « créatures » de rêve vendues par les media.
Je pense sincèrement que, sexuellement, ces couples-là doivent fonctionner beaucoup mieux que ceux bâtis sur les modèles infiniment plus superficiels et artificiels des Seventies/Eighties.
Houlàlà ! Je vais déclencher un débat, je le sens…