Mutant Massacre (Le radicalisme des Xmen)

Focus : La nouvelle idéologie de Marvel et des X-Men

1ère publication le 20/01/16- Mise à jour le 2 septembre 2017
Dernière MAJ le 27/07/19

Scott Summers : le héros de la série devenu affable et souriant....

Scott Summers : le visage souriant  et détendu de l’humanisme des X-Men ©Marvel Comics

Cet article a pour ambition de dénoncer le fourvoiement de Marvel concernant la direction artistique des mutants depuis le 11 septembre 2001. Nous tenterons d’y démontrer la dérive sécuritaire voire fasciste vendue à coups de crossover et autres events.

Je n’ai aucune ambition d’ériger mes opinions politiques ou personnelles en modèle insurpassable. Mais, hey, je suis quand même chez moi et en tant qu’invités vous devrez supporter mon humeur (massacrante) jusqu’au prochain article…. Le ton y sera volontairement provocateur et matière à débat.

Il s’agit même probablement de ma lettre d’adieu à des héros que je suis depuis 30 ans….

 Une fois de plus, grâce soit rendue à JP Nguyen qui m’a fourni une bonne partie des scans de cet article.

Tout a commencé de manière inhabituelle. Je pensais avoir bouclé la boucle avec ma diatribe anti-Bendis. Et puis, comme ça, avant de les revendre, je me surpris dans le train à apprécier Messiah Complex et Second Coming.

Après un bref instant de doute façon Descartes où je me suis demandé si durant toutes ces années je n’avais pas été victime d’un Dieu menteur concernant ma détestation des X-Men, j’en vins à me demander pourquoi, malgré le plaisir que l’on pouvait tirer de ces histoires très divertissantes, ces auteurs, parmi les plus réputés, faisaient  fausse route.  Allons y, étape par étape.

1/ L’ère Grant Morrison :

Lorsque le chauve toxique et mégalomane prend les rênes des Xmen en 2001, la plupart des fans conservateurs font dans leur froc !
Clairement Morrison est le grand diviseur des Comics. Sa Fanbase le trouve génial. Les autres, dont votre serviteur en tête, trouvent que la plupart de ses œuvres sont indéchiffrables, surestimées, et prétentieuses. Pourtant au terme de son run, et malgré des bémols qui suffiraient à écrire une symphonie, force est de reconnaître que Morrison livra la dernière mouture intéressante et adulte des mutants Marvel avec le X-Statix de Peter Milligan.

Le crime de Morrison : la dissolution du couple mythique Jean Grey-Scott Summers

Le crime de Morrison : la dissolution du couple mythique Jean Grey-Scott Summers ©Marvel Comics

Le run de Morrison est bancal : mauvaise connaissance des personnages, ignorance totale de leur psychologie et surtout des What the Fuck de la taille de l’hôtel Xavier : l’infiltration de Magnéto, la Saga de Xorn, Emma Frost vampirisant Scott Summers, un Magnéto s’improvisant toxicomane à quelques 70 balais et la mort absurde de Jean Grey.

Pour les amoureux du run de Claremont, Morrison était allé trop loin. Si loin, que dès la fin de Planet X, Claremont ressuscitait Magnéto (défiguré par Cyclope et décapité par Wolverine) ne supportant pas que son héros tourmenté et romantique, probablement sous sa plume le plus grand vilain de tous les temps made in Marvel, devenait sous le coup de la hype Morrisonesque, un criminel de masse psychotique sans aucun sens de l’honneur.

Planet X : Une histoire post Al-Kaida où Morrison conclue un run brillant et brouillon. Ici Magnéto, tue des millions d'innocents. Les Avengers eux font la grasse mat'....

Planet X : Une histoire post Al-Quaida où Morrison conclue un run aussi brillant que brouillon. Ici Magnéto, tue des millions d’innocents. Les Avengers eux font la grasse mat’…. ©Marvel Comics

Pourtant, aussi controversé que fut ce travail, Morrison était parvenu à faire ce que personne n’ avait plus fait sur la franchise : utiliser le médium du super héros pour aborder des questions sociétales courageuses et vraiment bien écrites. Ainsi, ses Xmen parleraient de la naissance, de la récupération et de la mort des contre-cultures, en l’occurrence celle des mutants enfin devenus sous sa plume autre chose que des victimes. Les Xmen faisaient leur Coming Out, l’hôtel Xavier se transformait  en campus accueillant aussi bien des sujets brillants que de véritables vauriens.

On peut détester le travail de Morrison d’une haine adamantine, force est de constater qu’avec Riot at Xavier’s qui met en scène l’inanité du rêve de Xavier auprès d’adolescents désœuvrés, il écrivit la meilleure histoire des X-Men depuis God Loves, Man Kills. Celui d’un conflit de génération d’anciennes icônes de la contre culture (les Xmen de Claremont) à la fois révérée et dépassée aux yeux de la génération Internet.

On pourra reprocher des milliers de choses agaçantes à Morrison mais pas d’avoir fait de ses X-Men des stars presque underground débarrassés de leurs crossovers à la noix, de vilains d’opérette, de leur centaine de personnages, de leur continuité affolante et  de leurs costumes disco. Dans ses meilleures pages, Morrison est en avance de 10 ans en mettant en conflit jeunes/vieux, indie/mainstream, norme/déviance, révolte/maturité.

Ultra-violence  et délinquance : Orange Mécanique chez les X-Men, un chef d'oeuvre signé Morrison

Ultra-violence et délinquance : Orange Mécanique chez les X-Men, un chef d’oeuvre signé Morrison©Marvel Comics

2/ 11 septembre, House of M et statu quo

C’en est trop pour Marvel ! Avec ce que l’on pourra appeler la période X-Men MAX de Morrison et la débâcle de Chuck Austen, il est temps d’appuyer sur le bouton Reset en confiant à Wheddon Astonishing Xmen. Retour aux costumes désignés par John Cassaday et une première intrigue lisible rappelant Eve of Destruction d’Alan Davis. Mais après cette parenthèse réussie, Wheddon s’écoutera écrire et livrera ce qui sera les prémices de la chute de la franchise : des histoires sans queue ni tête déconnectées de la réalité que vivent les humains post 11 septembre.

L’événement majeur pour la dizaine d’année qui va suivre est le fameux House of M : Bendis écrit un remake sympathique à défaut d’être convaincant d’Age of Apocalypse. Lorsque tout son cirque se termine, les mutants disparaissent par magie…Sur les millions de mutants, 198 (on ne saura jamais pourquoi pas 199…) survivent à la purge.  D’un point de vue inconscient la démarche est géniale : débarrassé des mutants, Bendis a le champ libre pour faire de ses New Avengers les stars de Marvel. A partir de là, les X-Minoritaires vont devenir une espèce de secte sinistre prêts à tuer pour sauver un enfant censé être leur messie sous la houlette d’un Scott Summers transformé en Magnéto fanatique. Dans les faits, rien de scandaleux, il était logique que les mutants à force de génocides, de déportations et d’assassinats refusent de se laisser exterminer.

On peut d’ailleurs y voir l’influence majeure de séries comme 24 ou Walking Dead ces séries emblématiques de l’Amérique actuelle.  Dans 24, Jack Bauer doit mettre de côté morale et humanité pour lutter contre le terrorisme. Les ennemis sont infiltrés, l’urgence de la situation à sauver des milliers de personne demande à pratiquer meurtres, tortures, violation des droits de l’homme. Le credo de la série va devenir celui de Cyclope : le sacrifice individuel compense la survie de la collectivité.

S'adapter ou mourir ? Le désespoir rationnel de Rick Grimes va contaminer le déjà pas jovial Scott Summers...

S’adapter ou mourir ? Le désespoir rationnel de Rick Grimes va contaminer le déjà pas jovial Scott Summers…

Quant à Rick Grimes, la planète envahie de Zombies nécessite de ne pas s’attacher aux autres, de sauver sa peau quoiqu’il arrive quitte à sacrifier femmes, vieillards, enfants. Il n’y a que très récemment que Kirkman a souhaité que sa série prenne un tournant plus pacifiste dans une série brillante où les souvenirs d’une société civilisée doit survivre aux ravages du génocide.

La direction empruntée par Scott Summers ressemble beaucoup à cela.  Leader auto-proclamé d’un peuple par lui même désigné, pris par l’urgence d’éviter un génocide, l’ancien héros longtemps qualifié de boy scout va devenir plus froid que Wolverine, plus cruel que Magnéto, plus meurtrier que Phénix, plus calculateur que Sinistre. Il va désormais autoriser la violence voire la torture en plein combat. Conséquence logique finalement de la levée de la censure chez Marvel en 2000. Les griffes de Wolverine et ses potes tranchent dans le vif plutôt que de couper des bouts de capes….

Les X-Men ne prennent plus de gants : exécution de prisonniers désarmés devant Nightcrawler qui mettra au moins deux cases à s’en remettre….©Marvel Comics

Ce qu’il y  a de plus choquant ? Après le 11 septembre où Spidey, impuissant contemple les ruines du World Trade Center, il est logique de se poser la pertinence de l’existence de Super-Héros. Le succès des films Marvel y répond : ils sont les seuls à pouvoir incarner à la fois du rêve et fantasmer un désir de puissance.  Une puissance que Scott Summers revendique.

Gardien de l’éthique de Xavier, Cyclope ne va plus rien faire pour arrêter les exactions de Wolverine sur le terrain. Pire, il les autorise en secret, va abriter les pires criminels de l’histoire sur son île, sans que les X-Men les plus modérés prennent de réelles mesures pour l’en empêcher.  Il faudra le Schisme de Jason Aaron pour que Wolverine (!) choisisse une solution plus pacifique.

Namor détruit un pays. ! Il s’assayera ensuite peinard à la table des Illumaniti avec CAptain America sans que personne ne lui colle un procès....

Namor déconne à mort ! Il détruit un pays et ira ensuite s’asseoir peinard à la table des Illumaniti avec Captain America sans que personne ne lui colle un procès aux basques….©Marvel Comics

Cette plongée de Cyclope vers le côté obscur restera ce qu’il y aura de plus fascinant. Nous admettrons même que de Fraction à Bendis, il est le seul personnage correctement écrit.  Publié chez un autre éditeur que Marvel, tout cela serait formidable.  Seulement voilà: Les X-Men ne sont pas les survivants de Walking Dead. Et Scott Summers n’a jamais été Jack Bauer.

Ce n’est pas tant la violence de ces histoires qui est condamnable. Mais bien le retour au statu quo d’un éditeur qui se moque de salir ses personnages: Namor a détruit un pays, Cyclope, Daredevil, Captain America ont ravagé New-York. Wanda Maximoff est coupable de génocide. Tony Stark d’emprisonnement arbitraire.  Et il faudrait continuer de considérer ces personnages comme des héros ? Vraiment ?
Ceci équivaudrait dans notre réalité à pardonner Vichy et considérer Pétain uniquement comme le héros de Verdun. Affligeant, mais pas étonnant ! Georges Bush n’a jamais été, après tout, traduit en justice pour avoir entraîné son pays en Irak sur la base de fausses preuves, tandis que Clinton faillit être destitué de son mandat pour une pipe dans le bureau ovale.

Amer, écrasé sous les responsabilités et déçu, Scott Summers tue le père en mots avant de la faire en acte.

Amer, écrasé sous les responsabilités et déçu, Scott Summers tue le père en mots avant de le faire en acte. Le rêve est mort….©Marvel Comics

3/ Valeurs Actuelles

Les X-Men à la base sont un groupe de pacifistes qui luttent contre les bigots, les fascistes, et beaucoup contre eux-mêmes.  Chez Claremont, les X-Men permettaient à l’auteur d’utiliser une équipe multiraciale pour parler de Shoah, d’Apartheid, de viol ou d’adieux à l’innocence. Être dans l’air du temps, ce serait d’intégrer dans les X-Men des musulmans la population haïe et crainte actuellement. De parler des sans papiers et des réfugiés de politiques de ségrégations envers une majorité du fait de l’exaction de minorités.

De tout ça on ne trouve que NIB. Tout discours social est totalement abandonné et pour cause : les X-Men ont renoncé à leurs idéaux. Ils se sont isolés, ne fréquentent plus d’humains (à part le maire de San Francisco et un discours à L’ONU pour la galerie) et jouent aux super héros de manière pavlovienne.

Mourir pour des idées, daccord mais de mort lente...

Mourir pour des idées, d’accord mais de mort lente…La dignité des X-Men qui marqua toute une génération de Spécial Strangers ! ©Marvel Comics

Lorsque à la fin de God Loves, Man Kills, le révérend Stryker menace de tuer les X-Men devant les caméras, pas un ne bouge. Il y a pourtant parmi eux Kitty Pryde une enfant de 13 ans prête à mourir pour un idéal humaniste.  Ce pacifisme qui évoque celui de Ghandi ou de Luther King est dépassé aujourd’hui. La même scène aujourd’hui verrait Wolverine dépecer cet adversaire.

Un cas isolé ? Non ! à la fin de Zero Tolérance, Iceberg est sur le point d’écraser Bastion qui a failli tuer ses amis. Il baisse volontairement sa garde, prêt à mourir plutôt que d’ôter la vie d’un fasciste en puissance, qui, on le sait, il le sait, recommencera.

Magnéto, terroriste repenti prêche contre la peine de mort. L'essence des X-Men, inimaginable aujourd'hui.

Magnéto, terroriste repenti prêche contre la peine de mort. L’essence des X-Men, inimaginable aujourd’hui

On peut aussi évoquer  Magnéto qui empêche Rachel Summers d’exécuter des terroristes qui ont tenté de la tuer. Les X-Men oui, pouvaient être violents. Mais étaient aussi garants de l’hard way:, le même que DD ou Spidey consistant à épargner les pires ordures pour ne pas sombrer à leur tour. Pourtant Rachel et Magnus ont connu le génocide des leurs, tout comme le Cyclope post House of M. La logique des éditeurs a changé, voilà tout : foin de cet humanisme infantile ! Les X-Men rendent coups pour coups. Sous l’impulsion du Civil War de Millar, il est désormais demandé aux Super Héros de faire de la Realpolitik.

Pourtant,rappelez vous, chez Claremont, on affrontait des ordures comme Mystique ou Dents de Sabre qui utilisaient la déontologie des Mutants pour s’échapper. La violence était un ressort dramatique aussi choquant qu’inhabituel qui permettaient aux personnages de se recentrer, face à l’horreur de la mort, sur la valeur de la vie. On se rappelle d’ Ororo ou de Peter Raspoutine acculés, devant ôter la vie d’un adversaire ne leur laissant pas le choix. Aujourd’hui, c’est l’inverse, on s’étonne lorsque un adversaire en réchappe indemne.
Claremont fera brièvement sombrer les X-men du côté obscur, Tornade en tête, durant la saga Australienne avant de se raviser : leur force est de rester unis, non pas comme une milice mais une famille.

Pourquoi cette violence n’est pas une évolution ?  Parce que depuis leur création, les X-Men sont les victimes de plans d’extermination massive, d’expériences génétiques  et que malgré leurs souffrances, ils étaient vecteurs d’espoirs, de résilience bienveillante même si parfois résignés. Voire de seconde chance pour les parias : Wolverine, Rogue, Magnéto. Ces personnages étaient des anti-héros qui confrontaient leur réalisme à l’idéalisme des héros. Leur passé de parias étaient rachetés par leur sacrifice au présent.

Peter si doux, si gentil tue pour la première et dernière fois un tueur denfant : un événement dramatique en soi

Peter si doux, si gentil tue pour la première et dernière fois un tueur d’enfant : un événement dramatique en soi où la tentation de la justice arbitraire est clairement dénoncée©Marvel Comics

Marvel a tout perverti à coups de crossovers toujours plus avilissants !  Désormais, chaque personnage est un super anti-héros ! De Reed Richards, le scientifique toujours bienveillant, père symbolique de l’univers Marvel à Iceberg, le héros pur comme neige, chacun est devenu un criminel de masse en puissance. Ce sont désormais leurs actions passées qui sont censées excuser leurs errements présents.

Tout ça n’est pas nouveau. De Stan Lee à Claremont, les rencontres entre héros sont ponctuées de malentendus et autres brainwashing prétexte à l’affrontement entre héros.
Ce qui est inédit, c’est l’abandon total de valeurs humanistes et d’empathie. Les X-Men étaient les défenseurs du droit du plus faible. Capables d’accepter de se faire cracher dessus lors du procès de Magnéto sans répliquer. D’inspirer une poche de résistance dans le futur désespéré de Days of Future Past, de renoncer à tout pour que l’Age of Apocalypse disparaisse à leur détriment.

Leur  idéologie devait autant aux mouvement civique de Luther King qu’à l’enseignement du Christ qui, dans le nouveau Testament voulait réconcilier l’humanité avec son Créateur après l’ultra violence de l’Ancien. Imaginerait’on Jésus descendre de sa croix et fumer les romains ? Bien sûr que l’on en meurt d’envie, par désir de justice et de vengeance ! Mais au final, si la figure du Christ en sort magnifiée, n’est ce pas par l’abnégation d’endurer les pires tourments sans abuser de ses pouvoirs en pardonnant à ses bourreaux ? fin de la leçon de catéchisme

Le lent apprentissage du pacifisme de Wolverine par Storm un personnage passionant qui fera le chemin inverse du griffu au fur et à mesure de la série

Le lent apprentissage du pacifisme de Wolverine par Storm, un personnage passionnant qui fera le chemin inverse du griffu au fur et à mesure de la série©Marvel Comics

Or la licence Marvel a ramené nos héros à la loi du Talion : conformément à l’adage biblique, lorsque le premier sang est versé, c’est l’humanité qui meurt toute entière. Mais comment faire revenir dans le rang des héros qui ont été si loin dans l’abjection  ? Et surtout quelles sont les valeurs véhiculées par Cyclope et sa bande ? Wolverine au moment de A VS X compare ses anciens amis à une poignée de fanatiques religieux perdus sur un rocher.

Isolés du reste de l’humanité, le rêve de coexistence pacifique est devenu une chimère. Cyclope envoie des commandos de la mort détruire ses ennemis. Ses Xmen tombent pour sauver une enfant dont ils ne savent rien. Bishop s’évertue à détruire l’hôtel Xavier qu’il révérait.  Wolverine ne se gène plus pour tuer ses ennemis devant ses copains qui ne se donnent même plus la peine de râler. Hank Mc Coy joue avec le continuum temporel. Gambit rejoint Apocalypse puis les Marauders, une bande de criminels tueurs d’enfants qu’il abhorrait autrefois ! Xavier est exclu de l’équipe pour être assassiné une troisième fois par ses élèves.

Avant de devenir un vra connard, Charles Xavier était clairement le Messie de la série, celui qui malgré des pouvoirs illimités refusait de nuire à ses ennemis

Avant de devenir un vrai connard, Charles Xavier était clairement le Messie de la série, celui qui malgré des pouvoirs illimités refusait de nuire à ses ennemis

4/Les morts de Charles Xavier

Voilà l’erreur fatale des scénaristes X. Faire grandir l’équipe ? oui ! L’ émanciper ? bien sûr ! Mais en détruire le dernier bastion moral ? Imagine t’on Luke tuer Yoda pour ensuite ouvrir une école Jedi ? C’est pourtant ce que fait Cyclope sans que personne n’y trouve à y redire.

Et surtout désormais deux courants s’affrontent au sein des mutants, histoire de recréer artificiellement les Blue et Gold Team de l’ère Lobdell-Nicieza. Mince ! L’actualité ne nous fournit pas assez d’exemples de partis politiques incapables d’accorder leurs violons pour éviter que les X-men n’aient à ressembler au parti socialiste débattant de la déchéance de nationalité ? Sommes nous vraiment à l’aise avec la similitude de gars ordinaires qui se sont radicalisés au nom d’un idéal messianique foireux ?  Qui proclament des Etats non reconnus par le droit international ?

Les vrais X-Men auraient combattu leur extinction avec dignité sans devenir de vils fanatiques. Morrison en désacralisant Xavier a posé la première pierre de cet édifice qui a fini par s’écrouler.
Certes il y avait Onslaught qui aurait dû tuer Xavier en bonne et due forme. Cela aurait évité au Luther King Mutant d’assassiner sa soeur in Utero (stupide), de sacrifier des gosses à Krakoa (absurde), de torturer ou de comploter avec les Illuminati (non, je ne parlerai pas des idées de Bendis…).

A partir du moment où l’idéal de cet homme a été sali par des auteurs irresponsables, il n’ y avait aucun retour en arrière possible. Depuis le run de Morrison, Xavier assiste impuissant, presque insouciant, à la montée en haine de ses élèves. D’ailleurs, d’amour il n’est plus question : plus d’idylle, d’amitié, de love story qui faisait le charme de la série. Tout le monde s’engueule, se hait ou cherche à se tuer….

La politique de la main tendue vaut mieux que celle du poing fermé ! Jy croyais moi ! Et j y crois encore tout seul dans mon coin)

La politique de la main tendue vaut mieux que celle du poing fermé ! J’y croyais moi ! Et j y crois encore (tout seul dans mon coin)…©Marvel Comics

Xavier,pourtant, c’était une boussole morale qui, enfant, m’a appris que manquer de compassion envers son ennemi, c’était devenir un ennemi à son tour. Que la politique de la main tendue valait mieux que celle du poing fermé. Qu’il était possible de ramener du bon côté un type malheureux qui avait toutes les raison de haïr l’humanité. Ces valeurs sont réelles, c’est même grâce à elles et celles d’Hergé que j’ai choisi de travailler auprès des plus faibles. Alors qu’à ma connaissance, on a jamais vu de Crossover influer sur la vie d’un lecteur….

5/La mort de Marvel

Est-ce dont ça le monde de Marvel ? Un monde sans espoir face au mal ? Où les pacifistes répondent à la colère par la colère ? Où l’on ne prend plus la peine de débattre, d’écouter l’autre? Où Xmen et Vengeurs décident du sort de l’humanité sans la consulter ? Où Scott Summers entreprend de marcher sur Washington comme Mussolini marcha sur Rome ? Où le DD de Netflix torture ses ennemis sous les bravos ? Où  Tony Stark , Stephen Strange et Reed Richard neutralisent Captain America qui leur parle de valeurs morales ?

Cable apprend la compassion. Euh... la quoi ?

Cable apprend la compassion. ©Marvel Comics

Tout l’univers Marvel est désormais entaché de trahisons, de suspicions, de mensonges et de manigances. Les héros ont, sous les applaudissements du public, effectué une révolution politique inquiétante.
Qui garde les gardiens ? Depuis Civil War, les personnages Marvel sont passés du statut de défenseurs de la planète à celui de dirigeants !  Puis, sous l’impulsion de Jonathan Hickman, de destructeurs de monde ! Toutes les dérives du Super Héros que Moore décrivait 30 ans auparavant dans son Watchmen.

Alors, oui, bien sûr, c’est jouissif de les voir se débattre sous leurs responsabilités, mais les questions soulevées sont finalement les mêmes qu’à propos de la Bombe Atomique. A savoir:  celle-ci lorsqu’elle explosa à Hiroshima sauva t’elle plus de vies qu’elle n’en détruisit ?  Or, les Comics Marvel se sont rendu complices de cette idéologie de la riposte proportionnelle à l’attaque.  Un monde où il n’y a presque pas de différences entre le bien et le mal, entre Tony Stark et Norman Osborn. Entre les Thunderbolts, les Dark Avengers et la X-Force. Où les X-Men n’ont plus rien à envier aux Acolytes, qui en leur temps pensaient qu’un vieillard catatonique assis sur son caca était leur messie…

La négative zone durant Civil War. Iron Man ouvre un Guatanamo en toute impunité chez Marvel et na jamais été jugé depuis...

La négative zone durant Civil War. Iron Man ouvre un Guatanamo en toute impunité chez Marvel et n’a jamais été jugé depuis…Comme Georges Bush !©Marvel Comics

Et bien non ! Cet univers où l’on terrorise les terroristes me répugne ! Il est aussi terrifiant que la France post 13 novembre où la démocratie se délite et la guerre civile gronde.  Ce n’est pas pour ça que j’ai signé !
Ouais, chapeau les gars ! Vous avez réussi ! Les Surhommes Marvel sont devenus des types qui déchargent leur frustration, leur haine sur tout ce qu’ils n’arrivent plus à appréhender. Des héros qui n’y croient plus. Incapables d’aider les autres et infoutus de se sauver eux-même. Convaincus de leur légitimé et de leur importance comme des politiciens autosuffisants.

Les X-Men, étaient les adolescents révoltés de Marvel fiers de leur différence qui luttaient pour s’intégrer. Leur seul combat consiste désormais à ne plus se désintégrer. Sous les yeux navrés de lecteurs qui continuent de les aimer comme des gosses qui auraient mal tournés.
Leur monde, le reflet du nôtre en fait,  est égoïste, creux, sans valeurs ni bonté,  vidé de sa substance, réduit à un décor de jeu vidéo, à un battleworld que l’on peut effacer comme une ardoise magique quand ça devient trop compliqué à gérer.
Alors oui, cet univers, vous pouvez secrètement le détruire, je m’en fous ! Je ne veux plus croire en des héros fascinés par la loi du plus fort et occupés à défendre une justice qu’ils ne s’appliquent pas.
Tout le monde est là ?  Voila ! Je tire la chasse ! Ça commençait vraiment à puer par ici…..

Les marches sur Washington de Luther King et de Scott Summers. Cherchez lerreur...

En Marche !©Marvel Comics

98 comments

  • JP Nguyen  

    Ah, le voilà, cet article auquel j’aurai un peu contribué en coulisses !
    Je partage ton désamour pour le Marvel actuel, et tu en as bien articulé les raisons.

    Cependant, vu que tu appelles au débat, même si on peut ne pas aimer cette évolution, peut-on vraiment lui en vouloir étant donné qu’elle est bien le reflet de celle du monde ?
    Depuis la seconde guerre mondiale à aujourd’hui, en passant par la guerre froide, la chute du Mur et le nouvel ordre mondial avec la fin de l’histoire fantasmée par Fukuyama, les comics ont toujours fait écho aux soubresauts du monde (quand ils ne les anticipait pas : Captain America mettait une mandale dans la tronche d’Hitler avant que l’Amérique n’entre en guerre…)

    D’autre part, même si Claremont a sans doute écrit les meilleures pages des X-Men, il n’est pas innocent de la dérive ultra-violente constatée dans l’article : les Marauders, les Reavers, c’est à Claremont qu’on les doit…

    • Bruce lit  

      @JP: « les comics ont toujours fait écho aux soubresauts du monde ». Il faudrait demander aux historiens des Comics ce qu’ils en pensent comme Alex Nikolavitch ou Xavier Fournier. il y a sûrement des exemples et contre exemples là dessus.
      Lorsque Cap fout une mandale à Hitler, le versant humaniste du super héros prend le devant de la frilosité des EU à entrer dans une guerre « juste ».
      Je ne veux pas être incompris : la violence des super héros ne me dérange pas plus que ça : j’adore Preacher, le Punisher, The Boys. C’est juste qu’elle me semble incompatible avec des héros que l’on vend aux mômes, les héros Marvel.

      Claremont : oui, la période australienne… pas ma préférée….Les Marauders, oui, je prends : comment des pacifiques doivent se comporter face à des tueurs d’enfants. L’évolution des Xmen de Claremont comme ceux d’aujourd’hui se fait sur des années. Notamment pour Tornade qui se radicalise à l’inverse de Wolverine qui s’adoucit….

      Il n’empêche que le volet moral et le souci de justice et de châtiment reste prégnant. Ce qui me révulse, c’est les Xmen cautionnent cette nouvelle norme, non pas la violence puisqu’elle fait partie de leur histoire, mais la haine….

      • JP Nguyen  

        @Bruce : pour les allers-retours entre comics et monde réel :
        J’avais lu dans un vieux Strange que par exemple, la Veuve Noire avait été mise en avant dans la série Daredevil pendant une période de rapprochement est-ouest et que son départ avait plus ou moins coïncidé avec un nouveau refroidissement entre les deux blocs.
        J’avais aussi évoqué, dans un autre article du blog, le crossover Bloodties et le discours de cette même Veuve Noire devant l’assemblée générale de l’ONU pour fustiger la non-intervention à Genosha, à peu près à l’époque des conflits en ex-Yougoslavie.
        Abandonner une partie de sa liberté au nom de la sécurité ? Question très actuelle en France mais déjà très présente aux Etats Unis après le 11 septembre et abordée dans l’event Civil War (même si, selon moi, de manière pataude et bancale).

        Mais je te rejoins sur le dégoût de l’évolution récente du monde Marvel.
        Quand, dans Secret Avengers, Warren Ellis fait dire à Steve Rogers, « je désapprouve la torture, c’est pourquoi je la fais pratiquer par d’autres » (à peu près, je cite de mémoire), on atteint un sommet de cynisme (mais en même temps, il y a eu Guantanamo et autres…)

        Ce qu’il manque, c’est peut-être des exemples plus lumineux, des héros gardant des valeurs positives dans ce sombre univers qui est le reflet du nôtre (mais j’ai arrêté de lire 99% des titres Marvel, alors peut-être en ai-je loupé…)

        • Bruce lit  

          Oui JP.
          Personnellement, le Stark, c’est plus supportable. Je ne me rappelle pas qu’il était aussi odieux.
          Les Comics ne sont pas non plus des manuels de droits civiques hein ? Par contre, ils peuvent, ils doivent être une tribune, le reflet d’idées et non de simples constats : les temps sont durs, alors nous aussi. Moore dans son Watchmen s’exprime clairement là dessus en prenant la défense des gays, et des minorités dans Vendetta.
          Ennis avait fait ça très bien aussi lorsque il met un flingue dans la main de DD pour abattre le Punisher.
          J’aime lorsque l’on sent un auteur habité par ce qu’il écrit.
          Hickman fait ça bien semble t’il. Sauf que, son message ne passe pas. Tuer ou être tuer….

  • Bruce lit  

    « X-Men d’hier et d’aujourd’hui » 3/4
    Arrogants, violents, menteurs, manipulateurs, meurtriers, fanatiques et radicalisés. On ne parle pas de Daesh là, mais des X-Men post 11 septembre….Et des héros Marvel par extension. L’article polémique du jour : nos héros partent-ils à vau-l’eau ? Le débat commence chez Bruce Lit !

    Bruce Tringale La BO du jour : ils ont changé mes héros- ils ont changé ma chanson m’ma !….https://www.youtube.com/watch?v=Cqg3kcwAgso

  • Patrick 6  

    Et bien tout d’abord chapeau pour cet article, tu as réussi à mettre en mot une bonne partie de mon désamours du monde du comics… (« Le divorce de Patrick » Copyright Brucelit2015)

    L’aspect Christique a clairement disparu de la série X-Men depuis un long moment en effet.
    Cependant comme le souligne JP ci-dessus les super-héros ont toujours été le reflet de leur temps, du besoin d’espoir né de la crise économique des années 30, au patriotisme unilatérale des années 40 (Les Allemands et les Japonais sont tous des salauds sans nuances), jusqu’à l’utopie sixties qui a vu la naissance des susdit X-Men.

    Comme tu le soulignes très justement nous vivons une époque très noire où les Etats-Unis tout comme Daesh frappent au nom de dieu, où la fin justifie les moyens du moment que la cause est « bonne » (concept relatif) il est donc tristement logique que les comics suivent cette même voie…
    Miller n’a t-il pas commis son hideux « Holy terror » dans une démarche d’ouverte propagande ?
    Sauf que c’est un cercle vicieux et beaucoup ont du mal à se retrouver dans ces « valeurs » bien étranges qui ne laissent rien augurer de bon pour les nouvelles générations…

    • Bruce lit  

      @Pat 6
      Ce reflet de valeurs nauséabondes se fait sur l’autel du divertissement. Remender de toute la bande est le seul capable de mettre en scène la violence des personnages en rappelant d’où ils viennent et leur éloignement de départ. Il livre aussi dans The Dark Angel Saga un vibrant appel humaniste à la compassion, l’empathie et la responsabilité parentale.
      Jason Aaron livre aussi entre toutes les bastons quelques belles pages de l’influence ou pas que les professeurs aussi cinglés soient ils auront sur notre vision des choses, nos idéaux et notre vision de nous mêmes.

      Lorsque le Comics ne devient qu’un médium divertissant, je m’ennuie. Chacun est libre de penser ce qu’il veut. Mais, encore une fois, les Comics et leur sous-culture ont oeuvré à mon regard humaniste de la vie. L’humanisme, n’est pas une mode, mais une garantie de paix et déséquilibre. Tout ce qui nous manque et que les USper Héros devraient savoir défendre.

  • Bobiw  

    @Brucelit Tu a vu juste en me disant que cette semaine allez me plaire, Je suis ravis de lire cette article.

    Premièrement car je suis un jeune lecteur et que j’ai pas connues les X-Men post HOM (Hormis les classiques que j’ai rattrapé, faut pas deconner), et secondement car je partage avec toi le dégoûts des All New X-Men de Bendis (Ce qui ne ma pas trop poussé a m’intéresser au X-men post-HOM tu me dira).

    Dans les yeux de l’adolescent que j’ai était dans les années 2000, les X-men c’était une bande de pote en collant dans un lycée qui essayer de faire le bien autour d’eux en affrontant des méchants et en me donnant des leçons de morale le matin sur France 3. Et ma foi j’adorer ce coté la. La suite de ma connaissance mutantes me viens du cinéma ou j’ai véritablement cerner la puissance des personnages et du messages post-shoah véhiculé par la série.
    Je peut donc comprendre ce que tu reproche a l’univers mutants depuis 2001

    Ton article ma appris les différents run depuis les années 2000 et leurs différents changement, et c’est peut-être ce manque de connaissance de ma part qui me fera dire que tu es tout de même un peu dure. Tu le dit toi même, bien que différent avec les X-Men des débuts Morrison a écrit quelques chef-d’oeuvre avec les X-men, quand a Whedon vu les commentaires des lecteurs sur le deluxe d’astonishing ils ont eu l’air d’apprécier.

    Le problème quand tu viens au monde en 1963 et qu’on continue a te lire plus de cinquante ans après c’est qu’il faut te renouvelé… et c’est compliqué. Tu la dit toi même au fur et a mesure de ton article, on ne peut « EFFACER » de sa mémoire et parfois de la continuité des faits obligatoirement marquants sur un personnages (j’ai personnellement aucune affection pour Tony depuis que j’ai lu Civil war). La machine Marvel ayant annualisé les events a fort retombé dramaturgique on ne peut empêcher l’évolution drastique du caractère des personnages et de leurs évolution suite a ses différents événements. l’évolution c’est pas le credo des mutants ca Bruce ? 🙂

    De plus, je suis tout a fait d’accord avec @JPNguyen et @Patrick6 les auteurs de bande dessiné font suer leurs idéologie aux travers de leurs œuvres, dans un environnement mondiale comme le notre, le Cylope de bendis a peut-être plus de légitimité scénaristique que pendant les années 70′. Après libre a lui de savoir en faire quelques chose de positif en s’en servant comme un tremplin morale. ( Chose que ce bouseux n’arrive plus a faire depuis longtemps, la subtilité et lui ca fait 2).

    Au finale je suis moins drastique que toi sur ma vision des choses, et bien que n’ayant pas continuer la série de Bendis, je ne renonce pas a sauter sur toutes les belles saga que vous me recommander et a m’ouvrir prochainement au monde mutant si une nouvelle série post Secret Wars viens a m’intéresse.

  • Bruce lit  

    @Bobiw
    Evoluer ? Oui !
    Devenir violent parce que la société nous y oblige et parce que l’on en a marre, c’est à mon sens régresser.
    Ce que je dénonce ici, c’est de coller totalement au discours de l’époque, sans utiliser les personnages comme des résilients à tout ça. C’était bien parti pendant le Civil War avant que Millar ait peur d’explorer son pitch.
    Jenkins a fait ça très bien dans les Tie-in. Aaron aussi dans son Scalped, polar violent s’il en est mais qui ose dire des choses.

    • JP Nguyen  

      Ah, Bruce, on a posté notre commentaire quasi en même temps et tous les deux évoqué Civil War…
      Une occasion manquée, cet event…

  • Lefeuvre  

    Je signe cette longue lettre de rupture, celle d’un amour profond, lentement désagrégé.
    Cela fait près de 25 ans maintenant que je me désole d’assister au lent naufrage de Marvel et au dévoiement plus particulier de ses enfants chéris : les X-Men.

    On dit que ceux qui veulent agir trouvent un moyen, tandis que les autres trouvent une excuse.

    Les X-Men que j’aimais trouvaient un moyen. Les pantins mal dessinés (parce qu’on pourrait faire aussi long sur le seul sujet de la représentation graphique, les postures, le langage corporel, etc.) trouvent des excuses.

    Alors plus globalement, je me souviens d’un Marvel aujourd’hui disparu, une petit resto de quartier absolument unique au monde, où certains cuistots étaient des magiciens.

    Aujourd’hui à la même adresse, 18 étages de fast-food robotisé et côté en bourse, qui vide directement dans l’estomac par sonde, de la pâtée virant au vert de brun.

    Quand j’ai vraiment très faim, que la nostalgie me prend, je repasse devant, prêt à faire semblant d’aimer une bouchée, mais la seule vitrine suffit à me faire faire demi-tour.

    Pour être un peu positif (quand même !), ma motivation « d’auteur » trouve des voies dans ce désastre, pour trouver l’inspiration de nager à contre-courant.

    Parce que la nouvelle génération de lecteurs mérite autant que nous, qu’on essaie de lui donner des lectures qui l’accompagne, et l’élève.

    A ce titre, je pense qu’Harry Potter a admirablement rempli ce rôle dans les années 2000.

    Heureusement que ce n’est pas Marvel qui gère cet univers-là !

    • Tornado  

      Laurent Lefeuvre tu es un poète ! To commentaire est très charismatique, et je te seconde complètement sur le cas Harry Potter !

      • Jyrille  

        D’accord aussi avec Harry Potter !

  • Présence  

    Très bel article et analyse de l’idéologie sous-jacente des récits des X-Men (en plus j’ai appris une expression que je ne connaissais pas : haine adamantine).

    Wolverine (!) choisit une solution plus pacifique. – Ça, c’est de l’ironie bien formulée. Je me souviens aussi qu’à une époque, Chris Claremont avait essayé de transformer Logan ne une sorte d’aventurier assagi, un peu comme une sorte de John Wayne à la fin de sa carrière, dans les westerns, une approche qui m’avait bien plu.

    Jouant aux super héros de manière pavlovienne. – Encore une magnifique expression.

    Tout l’univers Marvel est désormais entaché de trahisons, de suspicions, de mensonges et de manigances. – D’un autre côté, c’est à l’image d’un monde adulte et complexe…

    Je ne peux qu’être d’accord avec cette analyse étayée par de solides arguments. Comme tu l’évoques, il semble que ce soit à l’image de l’époque qui promeut les produits de divertissement, débarrassés de toute velléité moralisatrice. Il reste un défouloir cathartique qui peut proposer des histoires très divertissantes (au moins pour moi), où le lecteur prend plaisir à voir des individus faire valoir leur point de vue à grand coup de décharge d’énergie, chose impossible dans une société trop complexe et frustrante.

    Sur le volet politique, je ne suis pas sûr que beaucoup d’auteurs aient l’envergure nécessaire pour écrire un récit de superhéros qui reflète la complexité du monde. La promotion de valeurs humanistes a du mal à s’émanciper du code moral inhérent au christianisme, et le héros christique n’est plus crédible quand plusieurs idéologies doivent apprendre à coexister sans que l’une ne prenne le pas sur l’autre (c’était déjà la thématique de Watchmen). Je me demande si, en tant que lecteur chevronné j’aurais vraiment envie de lire des histoires rabâchant une morale judéo-chrétienne mal digérée.

    Il est possible également que Marvel et DC soient victimes de leur succès. Passés de lectures sans importance, les comics de superhéros sont devenus des enjeux commerciaux tels qu’il ne faut pas qu’ils suscitent une polémique préjudiciable à leur valeur marchande.

  • Lionel  

    Magnifique texte ( ou élégie?)qui résume à merveille mon sentiment concernant les enfants de l’atome. Chaque époque a sa part d’ombre et de lumière. Et s’il est vrai que les comics ont, très souvent, reflété les tensions du monde. Et qu’ils doivent continuer à le faire. Cela n’empêche pas de les « utiliser » pour exprimer des valeurs humaines qui permettent aux enfants de découvrir, en fonction de leurs âges, des clés pour arriver à vivre en harmonie avec leurs semblables. Mais pour cette ambition, très longtemps présente chez Marvel, l’échec des titres actuels est évident. En même temps, les éditeurs ne s’adressent plus aux enfants depuis belle lurette. Pour les lecteurs de ma génération qui ont été biberonnés par d’innombrables perles d’humanité (la plupart chroniquées dans ces colonnes), on ne peut que ressentir un sentiment d’immense gâchis.

  • Bruce lit  

    Le teaser de Présence :
    « X-Men d’hier et d’aujourd’hui » 3/4
    Qu’est-ce qui ne va pas avec les X-Men ? Les scénaristes ? La violence ? L’idéologie ? Le manque de scrupules ? Le manque de compas moral ? Bruce retrace l’évolution de cette minorité depuis les épisodes de Grant Morrison, jusqu’à ceux de Brian Michael Bendis.

    @Présence :
    1/ »Je me demande si, en tant que lecteur chevronné j’aurais vraiment envie de lire des histoires rabâchant une morale judéo-chrétienne mal digérée. »
    Je ne suis absolument pas d’accord. La compassion, l’empathie et le respect de la vie ne sont pas des valeurs uniquement judéo-chrétienne. Rousseau, proclamait dans son Discours sur l’inégilté que l’homme est bon et sa capacité innée est de s’émouvoir de la souffrance de l’autre (après, ça se complique…).
    Se référer à la morale n’est pas être ennuyeux. Les super héros et leurs super pouvoirs permettent au contraire des trésors d’imagination pour neutraliser l’autre sans l’exterminer.
    Prends Preacher par exemple : voilà un Comics que l’on ne peut pas qualifier de chrétien. Pourtant les valeurs que défend Custer sont universelles : le droit à la seconde chance, ne pas juger l’autre, respecter la parole donnée. Ne pas faire partie des salauds, parce qu’il y en a beaucoup trop.

    2/ Le volet politique fait partie de la légende de DKR non ? Tout comme V….Voire Born Again. Faut il donc se résigner à ne plus lire de tels chefs d’oeuvre ? A défaut d’un manifeste politique, un manifeste sociologique me suffira, au hasard celle de Tony Chu et son impitoyable charge contre la malbouffe.

    3/Il reste un défouloir cathartique qui peut proposer des histoires très divertissantes (au moins pour moi), où le lecteur prend plaisir à voir des individus faire valoir leur point de vue à grand coup de décharge d’énergie, chose impossible dans une société trop complexe et frustrante. Oui, ça n’empêche pas un divertissement intelligent. ALors que les auteurs de Comics ont un boulevard devant eux, la contre culture étant enfin reconnue, Marvel Comics propose des histoires médiocres tout en continuant d’adapter l’époque Marvel Knights à l’écran, la plus audacieuse et terminée pour ce que l’on sait. Si ce n’est pas du cynisme…..

    4/ Logan et la violence : j’ai lu aujourd’hui le tome 7 de VAgabond que j’ai voulu découvrir grâce à Lone Sloane et toi. DAns ce tome, pour battre le moine Shingu, le Vagabond atteint une sorte de Nirvana intérieure où la violence s’efface derrière un sentiment d’harmonie et de paix intérieure. Malheureusement, la majorité des FAns réclameront le méchant Logan qui aujourd’hui n’est qu’un antihéros comme un autre. L’itération de Aaron était intéressante en transformant le vieux Ronin en Sensei…

    @Lionel : une élegie oui, qui n’aurait pas pu exsiter sans les attentats du 13 novembre qui forcent à nous demander : quelle est la valeur de la vie, qu’est ce qui vaut la peine de mourir, dans quelle société ai je envie de faire grandir mes enfants. Le déclic a été le débat sur la déchéance de nationalité où les analogies avec Marvel m’ont sauté aux yeux. Je suis content que cet article que j’ai beaucoup travaillé ait pu plaire.

    @Foxboy : avoir comme co-signataire, le papa de Pol Salsedo est un grand honneur. Et la preuve que les vertus humanistes de Marvel ont été réelles. Pol est un petit facho avant de se raviser et de voir l’étranger autrement que comme un bouffeur d’oxygène.
    Les Xmen ont le monde pour eux : la violence contre les homos, les juifs et les arabes devraient leur donner du coeur à l’ouvrage….

    • Présence  

      J’évoquais la morale judéo-chrétienne parce que la position de l’individu qui se sacrifie pour le bien-être du plus grand nombre renvoie dans sa forme la plus extrême à celle du Christ sur la croix.

      Parmi toutes les qualités de Vagabond de Takehiko Inoué, il y a la manière dont il décrit l’itinéraire de Miyamoto Musashi, la façon dont il acquiert petit à petit des valeurs humanistes dans un environnement préservé de l’influence de la morale judéo-chrétienne. Cette maturation s’effectue à l’échelle de maintenant 37 tomes, de manière lente et progressive qui m’a transporté. Je ne suis donc pas contre des récits développant des qualités humanistes, je m’interroge de savoir si cela reste compatible avec des individus qui triomphent du mal par la force, par des superpouvoirs pyrotechniques, qui imposent leur ordre moral. C’est un questionnement.

      Le volet politique de Dark Knight returns – Beaucoup de lecteurs font le reproche à Frank Miller d’avoir commencé à virer à droite avec cette ouvrage, de manière manifeste. Mais au-delà de la polémique, je ne me résigne pas à lire des comics insipides. Je constate comme tu l’as si bien démontré qu’en ce moment ce genre de récit n’est pas à chercher dans les comics de superhéros DC ou Marvel, ces éditeurs ayant opté pour un placement produit différent. Par contre du côté d’Image Comics, plusieurs auteurs abordent ce sujet, souvent dans le genre de la science-fiction (Walking Dead, comme l’a si bien décortiqué Thierry Araud dans son article, ou encore Gabriel Hardman et Corinna Sara Bechko dans Invisible Republic).

      J’espère que les premiers tomes de Vagabond t’ont assez plu pour que tu en poursuives la lecture, car je m’interroge sur ta réaction quant au placement politique de Miyamoto Musashi qui finit par se dessiner dans les tous derniers tomes.

  • Bruce lit  

    OmacSpyder, je te propose de créer une rubrique pour toi ! On appellerait ça la minute nécessaire de l’araignée (spyder), sorte de postface de l’article du jour !
    Je rejoins complètement ton analyse. Tous les personnages de Marvel sont devenus tellement puissants qu’ils n’ont plus personne à qui s’opposer, alors ils se battent entre eux. Encore une fois, si tout ce petit monde mourait définitivement pour laisser place aux jeunes, cela ne me choquerait pas.
    Comme les Rockstars, bcp sont devenus des supers-blaireaux qui enterre ce qu’ils ont défendu. Le run de Morrison montrait ça au moins. Et la mort de Bowie a montré au monde entier, pas que les geeks que l’on pouvait vivre et mourir vieux sans renier ce que l’on a été.

  • comics-et-merveilles.fr  

    Franchement chapeau pour l’article.

    Tu as réussi à me convaincre et je rejoins globalement. Pour autant, je ne pense pas m’éloigner des séries mutantes (enfin pas pour l’instant). Peut-être que 10 ans de pause m’a été salutaire ? On en reparle dans 10 ans ? 😉

    Après cette très longue pause, j’avais aussi senti de grands changements à ce niveau.
    Par exemple, mon premier choc, c’était le vocabulaire. Au delà des « gros mots » en abondance, j’ai trouvé que les comics mainstream (et surtout les super-héros) utilisaient une forme très vulgaire et qui ne semblait pas aussi présente lors de ma période 85-95 (si on fait abstraction de la censure Lug vu que je lisais aussi la vo). Alors, on va me dire : « oui, c’est plus réaliste » etc. Mais tout de même, comme écrit Bruce, on parle de super-héros là, on n’est pas de 100 bullets…
    Après, si on évoque « les valeurs », en effet, virage plutôt serré. Ce qui me gène, c’est qu’il n’y ait pas de juste milieu. Autant avant, j’avais trouvé cette apologie aux valeurs fondamentales de la vie « too much » (heureusement, Wolverine apportait un peu de « désordre »). Que ce soit Xavier, Colossus, Ororo pré-morlocks ou Diablo en têtes de file, ils étaient pour moi trop idéalistes (ce n’est pas une critique puisque j’ai aimé ces personnages). Autant maintenant, Ces valeurs sont loin de former la colonne vertébrale (à part le patriotisme qui ne démode jamais^^). La vie est en effet un exemple flagrant, on tue désormais à tour de bras (et malheureusement pas que dans uncanny x-force…) .
    Bref, c’est vrai que je lutte souvent pour éviter de dire/écrire que « c’était bien mieux avant » pour éviter de me trouver vieux ou réactionnaire mais ton article me débarrasse presque de toute cette hésitation/pensée.
    Consciemment, je ne pense pas, avoir le même niveau de lecture encore moins ce niveau d’exigence et je trouve encore du plaisir à lire les titres X-men (ou plus généralement Marvel). Même si comme le « dit » si bien l’article, avec mes « bemols, je pourrais en écrire un opéra » (j’adore, désolé pour le détournement ;)).
    J’ai souvent pensé que l’idéal de Xavier était une utopie (je peux choquer mais un peu comme l’idéalisme du communisme peut l’être). Je rejoins davantage le réalisme de Wolverine pendant la phase Claremont-Byrne mais comme lui, je suis attiré et plutôt admiratif par les hommes/personnages qui incarnent ces idéaux (je ne parle pas du communisme bien entendu^^).
    Sous Claremont, j’ai aimé les « transformations » progressives de Wolverine ou Magneto tout comme le changement inattendu d’Ororo dans le sens inverse (après un petit séjour au Japon avec une apothéose quand elle prena de force les rênes des Morlocks)…J’accueille donc favorablement le changement de Cyclope. Mais je suis d’accord, qu’il y ait des évolutions individuelles, c’est plutôt salutaire, mais que ces valeurs (qui étaient la signature même des X-men) disparaissent, piétinés ou je dirais plutôt rendus anecdotiques, c’est dommageable.
    Sinon, aurais-tu volontairement omis de compter le meurtre de Protheus par Colossus ? Ce n’est pas un tueur d’enfants mais il était tout de même pas mal comme prédateur et incarnait plutôt bien le mal absolu…
    Bon je ne fais pas un chapitre concernant mon opinion sur Daesh et la politique à mener pour lutter contre le terrorisme, on ne serait pas d’accord 😉

    Wildstorm

    ps : Voilà, tu as encore réussi à me faire réagir et ça râle dans mes écouteurs parce que j’y ai mis trop de temps !!! 🙂

  • Tornado  

    Analyse passionnante et habitée. Ton affection et ton attachement organique à toutes ces histoires et à tout cet univers surgit telle une cascade. Et il t’honore (et inversement).

    Maintenant, le débat étant ouvert, tu invites forcément à ne pas être d’accord sur tout (et même à être revanchard ! 😀 ).
    Encore une fois, (c’est une discussion à rallonge et à trous), L’évolution d’un personnage m’indiffère si c’est bien écrit. Les super-héros de « Watchmen » (tu le dis d’ailleurs), sont des ordures ou des beaufs pathétiques, mais c’est super bien écrit. Et même Batman dans « Dark Knight Returns » est devenu un sale beauf de senior radicalisé, mais c’est vachement bien écrit (et le méta-commentaire prête à réfléchir, ennoblissant ainsi le récit).
    Moult fans ont détesté la caractérisation de Magneto par Morrison ? Et bien moi j’ai adoré ça ! C’était bien écrit. Et s’il était mort définitivement, je n’en aurais pas fait une maladie. J’aurais relu la saga, tout simplement. C’est vrai quoi : Tel un vieillard usé par les guerres et rongé par la drogue et les anabolisants (ce n’est pas la première fois, si l’on se souvient de sa dépendance aux pouvoirs de Fabien Cortez au début des 90’s), il craque, devient à moitié fou et désespéré, commet l’impardonnable, se reprend, voit l’horreur de ses actes et retombe dans la folie ! Il n’a finalement jamais été aussi ambivalent et désespéré que dans cet arc narratif ! Quel gâchis que Marvel ait ensuite abusé de la rétro-continuité pour effacer tout ça !
    ceux qui n’ont pas aimé ça, hé ben c’est des conservateurs, na ! 😉

    Ce qui me dérange avant tout dans la production X-men récente, c’est surtout que c’est mauvais ! Oh ! En tant que simple divertissement (sur la forme), ça va encore. Mais sur le terrain de la toile de fond, purée ça pue !
    Pour moi, les X-men c’est « Dieu Crée l’Homme Détruit ». Cette saga m’a marqué quand j’étais gamin et c’est devenu le mètre-étalon de la franchise en ce qui me concerne. De quoi parlent la plupart des sagas « X » aujourd’hui ? Retrouve-t-on cette toile de fond et ce méta-commentaire comme une métaphore du racisme et du droit à la différence ? Non. C’est bien ce que je disais : C’est mal écrit. Le rapport Fond/Forme est merdique.

    Rien de fédérateur pour les enfants d’aujourd’hui ? Sur ce dernier thème, je dois avouer que je botte en touche. Pour moi, les comics de super-héros au rayon des séries mainstream classiques ont définitivement quitté la sphère enfantine. La preuve que, ces dernières années, il y avait des séries corolaires nommées « Spiderman aventures » ou « Batman aventures » pour les plus jeunes. Et je trouvais ça très bien comme ça.
    Les séries classiques ? Elles ont grandi avec nous. Elles nous accompagnent et elles sont désormais destinées aux adultes. C’est pour ça que j’estime que c’est une grave erreur de vouloir les réorienter vers la sphère enfantine (Skottie Young, va crever ! 🙂 ).
    En ce sens je me range du côté de ceux qui trouvent logique que les comics reflètent leur monde contemporain, quand bien même il soit pourri.

    Non, moi ce qui me dérange avant tout, c’est que c’est mauvais ! C’est bourrin. C’est commercial. C’est idiot. Alors voilà quoi…

    • Bruce lit  

      @Tornado, nous sommes d’accord sur tout en fait. Mis à part la caractérisation de Magneto. Longtemps j’ai adoré Planet X. Avec le temps, j’ai trouvé plein de défauts au script (tout comme ceux de Lobdell ou Claremont d’ailleurs.). Je pense que ce qui me heurte n’est pas tellement la chute de Magnéto, mais la façon brutale et lapin qui sort du chapeau de la chose. Autant que je la déteste, comme je le dis dans l’article, l’évolution de Cyclope est admirablement bien écrite pour autant que l’on accepte qu’il soit devenu le fils de Magneto plus de Xavier.
      Le volet fédérateur pour les enfants ? Tout simplement la condamnation de Phoenix pour ses crimes aussi Super Héros soit elle….
      Sinon, tu es le mieux placé pour écrire sur le run de Morrison que je respecte profondément. J’adore son Xmen Manifesto qui devrait être la consigne de tout comic book….Et on attend toujours le dossier Skottie Young….

      @Wildstorm: l’expérience conjuguée du boulot et la découverte d’Urosawa me conforte dans l’idée qu’il est possible de construire une société juste. You may say Im a Dreamer / But Im not the Only One…..
      Les Xmen proposaient au passé un bel éventail de rêveurs, de barbouzes, de boyscout, de gens prêts à se scarifier pour un idéal de paix qu’ils étaient quasiment sûr de ne jamais voir. Tout comme ces gens qui manifestent Place de la République sans que cela n’empêche ni le retour du terrorisme, ni du FN qui incarne l’exact opposé de ce pourquoi sont morts les gars de Charlie et les rockers du Bataclan.
      La lutte contre Daesch: oui, ceci n’est pas un blog politique. Il n’empêche que ma formation de travailleur social m’a convaincu qu’en terme d’action, l’émotion est bien souvent mauvaise conseillère.
      //Proteus: Colossus ne fait que rappeler l’interdiction de l’inceste et du parricide. Il s’agit là d’un tabou que le X-Man assassine pour la sauvegarde de la société et en légitime défense. Pour le coup je ne suis pas choqué !

      • comics-et-merveilles.fr  

        Je suis presque étonné par ce que tu dis sur Colossus/Proteus, même si c’est totalement mon avis. Je suis étonné que ce soit le tien. J’aurais pensé (même si je ne le pense pas moi) que toute forme de vie ou tout être vivant devait être respecté (je schématise 🙂 ) ? La sauvegarde de la société n’étant pas une bonne raison pour assassiner ? Et la légitime défense ? Les x-men de l’époque étaient à 80% en situation de légitime défense sans forcément tuer à chaque fois.
        Oui bon, peut-être mais dire qu’il a ôté la vie qu’une seule fois, peut-être pas ?

        • Bruce lit  

          @Wildstorm J »’aurais pensé (même si je ne le pense pas moi) que toute forme de vie ou tout être vivant devait être respecté »
          C’est également ce que pense Tornade lorsqu’elle découvre qu’elle est enceinte d’un Brood. A t’elle le droit ou non de tuer cet enfant non désiré ? Claremont écrit là une métaphore à peine voilée du droit aux femmes d’avorter !
          // La légitime défense était effectivement un Gimmick scénaristique des Xmen dont on ne peut pas dire qu’ils aient été très pro-actifs de leur cause.
          Tout comme le vilain qui meurt par accident et évite la peine au héros de le tuer.

          Message perso à Yundazakhun: tu es encore là mec ?

          • comics-et-merveilles.fr  

            on détourne presque la question : Mais une fois que l’être vivant est né ?

    • Bobiw  

      Tornado président, je suis tout a fait d’accord avec toi ! même si certaines séries marvel comme les inhumains de Soule reste bien écrite. (Bon et moi j’aime Skottie aussi mais bon passons)

      • Tornado  

        Apparemment, tout le monde aime Skottie Young sauf moi…

        Quant à la théorie rousseauiste comme quoi l’homme est bon… Ce serait peut-être bien qu’on la jette à la poubelle hein… L’homme est bon ? C’te blague ! 2 personnes sur trois au moins sont des ordures, y compris chez les mômes. Tant qu’on gardera cette idée du monde de Ouioui en tête, on ne pourra pas avancer.
        L’homme, il faut l’éduquer, le cultiver et l’enrichir selon des principes humanistes. Sinon, c’est un animal particulièrement cruel et retors.

        • Bruce lit  

          @Tornado : sera-ce notre destin d’être en désaccord ? Je suis un peu étonné, car notre idole commune, Hergé, est quand même un pur produit Rousseauiste ! Aptitude à la compassion, mythe du bon sauvage, prédisposition naturelle à la bonté. Le fait que l’homme soit neutre à sa naissance et que la société le formate me semble au contraire très d’actualité. Lorsque le soir des attentats, des humains en danger meurent en voulant sauver les autres, que les journaux rengorge d’anecdotes d’actes héroïque, je veux croire qu’il s’agit d’avantage de pulsion innée que de conditionnement sociétal. Par contre aller tuer au nom d’un être invisible ou vendre des photos pour se faire de la thune me semblent d’avantage conditionner par l’échec de toutes valeurs humaines. Et l’on en revient au point de départ de l’article.
          Je n’ai jamais vu les enfants comme cruels et punaise, j’en ai vu des mômes, et des très perturbés….Il y aura comme dans tout un contre-exemple, mais les enfants sont à mes yeux par delà le bien et le mal. Ils ne sont que le reflet de ce que nous leur laissons voir, et ce que nous voulons leur transmettre. Et bien des enfants s’élèvent au delà d’éducation désastreuse….

          @Sonia et Présence : attention, je ne suis pas nostalgique de héros christique. Et ne prêche pas contre la violence dans les Comics mais contre l’absence de valeurs. Walking Dead correspond bien à ce que nous aimons Sonia: un équilibre excellent entre psychologie des personnages et action. Je pensais aussi tout à l’heure que les Xmen se sont alignés sur la figure de l’anti héros des séries TV: de Breaking Bad à Dexter en passant par Bauer ou GOT, les héros sont morts. TOut au plus avons nous désormais des salauds animés de pulsion de bonté. C’est un constat, pas une critique: BB est l’une des meilleures séries de tous les temps avec The Shield.

          @Thierry: évoluer ou mourir. L’étrange destin des étranges X-Men….

          @Wildstorm: je te répondrais en chanson : aux vivants qu’il aurait fallu tuer / à nos actes manqués….
          Cyclops was right ?

          • Tornado  

            L’idée n’est pas d’être en désaccord, mais de discuter et de douter, afin d’évoluer.
            Je ne crois pas aux gentils et aux méchants. C’est sans doute aussi pour ça que je n’aime pas tellement les comics old-school. Je préfère les personnages ambigus. Je trouve ça plus intéressant.
            Maintenant, comme je passe ma vie avec des gamins et que je suis parfois aussi obligé de subir leurs parents, je constate que la bonté n’est pas innée. C’est une connerie ça. Peut-être effectivement que nous sommes neutres à la naissance, mais très rapidement plus d’une personne sur deux vire plutôt mal. Les bonnes personnes, au final, sont en très nette minorité. C’est Gainsbourg qui disait que l’on est cerné par les cons.

            Dans une société telle que la notre, avec les valeurs inviolables roulées dans la poussière à coup de télé-réalité, de sport et de politique pervertis par le pouvoir du fric facile, avec les réseaux internet épouvantables qui fascinent la jeunesse, les gamins ont vite fait de sombrer un à un dans la bêtise crasse et la malveillance.
            De ce point de vue je persiste et je signe : Pour la plupart des gens, le bien est affaire d’éducation, de culture et d’ouverture humaniste. Il n’est pas inné.

            Je reste ouvert à la discussion. Moi je ne suis d’aucun parti, ni de droite ni de gauche, et encore moins des extrêmes. Je serais plutôt un peu anar. Mais je suis très attentif aux idées de tous. Après, j’ai beaucoup de mal avec les clichés. La théorie rousseauiste est pour moi l’un des pires clichés existants. Elle mène à la bienpensance, à la pensée unique et à la démagogie.
            Pour moi, les gens doivent arrêter de penser en noir et blanc et apprendre, au contraire, à penser en nuances de gris.

  • Thierry Araud  

    Article écrit de main de maître et qui pose en filigrane bien des questions qui débordent, il me semble, de la sphère des séries X-Men. Au delà du fait que les comics sont, comme toute forme d’art, révélateurs, par leurs auteurs même, de la société qui les enfante, ils permettent aussi de poser un regard objectif sur la société dont ils sont le miroir. En ce sens, il est clair que la société américaine post 11 septembre n’est plus la même que celle des années 80 ou 90.
    Par la même, comment des personnages ancrés dans une époque donnée pourront ils se faire les témoins d’une société sans évoluer au sein d’un médium qui, lui, n’évolue plus.
    D’ou question : quel avenir pour le comics de super-héros ? A force de cassures de continuité, de reboot qui n’hésitent pas à changer drastiquement les données du personnage (exemple : la nouvelle version de Peter Parker industriel international…).
    En ce qui me concerne, aujourd’hui le genre super héros ne représente plus qu’un tout petit tiers de mes lectures U.S.
    Restent, c’est vrai des comics distrayant et d’autres creux. Ce fut le cas de X-Men depuis longtemps. Pour ma part j’attend de voir ce que Jeff Lemire va nous offrir et si c’est du même accabit, je quitterai le navire. Mais un retour à l’époque christique ne me semble pas sain.

    • JP Nguyen  

      @Thierry Araud : Un retour à l’époque christique ne serait pas sain… mais il serait saint 😉

  • Sonia Smith  

    J’arrive après la bataille donc tout a été dit ou presque d’autant que les années que tu évoques dans ton article sont précisément celles où je ne lisais plus de comics et j’ai donc peu de références à offrir dans ce débat.
    je peux au moins dire que je trouve cet article très bien écrit et fort émouvant quoiqu’un peu triste car c’est un véritable cri d’amour et de déception à la fois vis à vis de ces personnages que nous avons tous pris pour modèles quand on était mômes, pas tous, pas les mêmes mais les débats passionnés entre ceux qui aimaient le froid et droit Cyclope ou le bouillonnant et sanguin Wolverine démontraient qu’il existait de véritables différences avec des visions qui s’entrechoquaient. C’est encore le cas parfois mais comme vous le dites, c’est plutôt souvent mal écrit et donc pas très intéressant.

    Que tous ces personnages pètent les plombs dans tous les sens est certes assez fatiguant à suivre (surtout quand, comme pour moi, il en manque des morceaux et qu’on ne saisit pas toujours tout). Qu’ils reflètent l’époque dans laquelle nous vivons, c’est hélas assez évident et c’est sans doute pour cela qu’ils ne nous parlent pas. Comme Bruce, j’ai besoin de héros positifs, même s’ils sont torturés, même si certains faillissent jusqu’à devenir une menace (Phoenix). Oui, dieu sait que j’ai haï Claremont d’avoir tué Jean Grey mais quelle fin magnifique lui a-t-il offerte, quel mythe ! J’aimerais beaucoup des comics plus lents (l’âge sans doute) qui prennent le temps d’explorer la psychologie des personnages. Peu importe qu’ils deviennent sombres, mais qu’ils arrêtent de vouloir tout détruire et se détruire entre eux sans raison aucune.

    La comparaison christique est juste même si elle me trouble, je ne recherche pas de figure religieuse dans les comics (d’ailleurs, je préfère le polythéisme au monothéisme qui est aussi chiant qu’un jour de pluie) même si je m’amuse à en relever les allusions. Mais entre le sacrifice systématique et la transformation générale en serial-killer, il y a peut-être une voie médiane d’autant qu’il reste des causes à défendre comme l’écrit Bruce avec justesse. La cause la plus évidente étant celle du vivre-ensemble me semble-t-il.

    Quel est alors le moyen pour ces X-Men de redevenir autre chose que des machines à tuer ? Gardons espoir, des scénaristes talentueux devront fatalement se saisir de la question. En attendant, lire ces titres, qui sont le reflet inquiétant de notre époque, avec un regard d’historien ou de sociologue reste assez passionnant. Je suis bien d’accord que ce n’est pas le but premier d’un comics mais rien que pour cela, je continuerai mes lectures tout en relisant la saga du Phoenix Noir avec le cœur qui bat et la larme à l’œil.

    Bruce, tu apprécieras j’espère le fait que je n’ai pas dit du mal de Cyclope (qu’en plus tu compares très justement à Rick qui m’insupporte au plus haut point) alors que tu m’avais laissé une voie royale pour le faire 😉

    • JP Nguyen  

      @Sonia : puisque tu n’as pas voulu dire du mal de Cyclope, je m’en charge.
      Cyclope, ilétronul ! C’est Wolverine le plus fort ! Il vous le fume vite fait, bien fait ! (Il peut griller cigare sur cigare, alors six clopes, c’est easy…)

  • Jyrille  

    Bravo Bruce pour cet article clair et structuré. Je ne connais pas tout ce qui s’est passé et je n’ai pas senti réellement cette vision des choses dans Wolverine and the X-Men, mais cet article est salutaire.

    Comme tu dis : « Ce sont désormais leurs actions passées qui sont censées excuser leurs errements présents. » Voilà le problème, voilà où ton article était nécessaire. Nous ne sommes pas les mêmes qu’hier, et il faut sans cesse se remettre en question, ce qui ne semble pas être le cas de Marvel.

    Je suis très heureux que tu ne détruise pas Morrison (même si je n’ai pas lu son run), c’est la preuve que tu fais bien preuve d’objectivité quant à toutes ces histoires. Je te rejoins totalement sur Civil War bien sûr.

    Je vais lire les commentaires, car je pense que le débat doit être très intéressant – je n’ai pas d’avis tranché sur la question, excepté le fait que les supers, oui, ils sont souvent proches de la dictature… Dernier point : toujours pas d’accord sur le DD de Netflix 🙂

  • Jyrille  

    Ah si j’ai une remarque : ne serait-ce pas la preuve que le monde des super-héros n’est pas compatible avec le monde réel ? Qu’il doit rester du domaine du fantasme, que l’évolution des comics de super-héros vers la maturité soit insensée face aux idées de justice et d’égalité ? Watchmen et Dark Knight pointaient déjà ces problèmes. Dans Watchmen, tout passait bien car les super-héros qui y existent ont leur prorpre série et n’avaient jamais existé auparavant, alors que Dark Knight détournaient des figures emblématiques pour en faire un spin-off sombre (Superman comme un soldat de Reagan, c’était osé), comme peut l’être l’album Machine qui rêve de Spirou (c’est exactement la même problématique, et les fans de Spirou hurlèrent au sacrilège à l’époque. Cela signifia la fin du run de Tome et Janry et un retour à des histoires plus légères, ce qui n’est pas le cas de Marvel apparemment.).

    • Bruce lit  

      Je crois que je n’ai jamais attendu du monde des sup’ qu’il soit copier-coler avec le nôtre. L’exercice de Kick-Ass montre d’ailleurs très vite ses limites en mettent en scène Hit-Girl une super-Elektra. Comme je n’attends pas à ce que la musique ni le cinéma me parle de choses réalistes. Mais un double lecture, une dimension métaphorique, poétique, politique, oui. Pour moi, Civil War, c’est le testament à la fois du Super Héros mais aussi du rêve américain. Maintenant, je le serine, ce sont d’avantage les valeurs et les leçons de vie qui m’intéressent chez ces personnages populaires. Exactement comme les rock stars en fait. ACDC c’est chouette mais au final je garde un faible pour Dylan, Young, Waters. Mainetant le rock fun qui empêche le rock de se prendre top au sérieux est un contre pouvoir obligatoire. Voilà finalement ma définition du Comic Book idéal : fun, habité et malin.

      • Jyrille  

        Toi non, mais les éditorialistes y voient une évolution nécessaire apparemment (je parle de super-héros dans un monde réaliste). Je trouve que les Ultimates de Millar et Hytch sont sans doute ce qui s’est fait de mieux dans ce mélange. Le problème de Civil War est le même que celui de Kick-Ass : ça part bien et puis ça trouve vite ses limites.

        Pour le rock, je ne suis pas d’accord avec la comparaison, mais c’est parce que mon rock à moi est loin de toute réalité 🙂

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