Total Jazz, de Blutch
Un article de PRESENCEVF : Cornélius
Ce tome regroupe des histoires courtes initialement parues dans le magazine JAZZMAN à partir des années 2000, ainsi qu’une introduction réalisée spécialement pour le recueil et plusieurs dessins supplémentaires. Sa parution initiale date de 2013. Il a été entièrement réalisé par Blutch (Christian Hincker), scénario et dessins. Il compte environ soixante-cinq planches de bande dessinée. Il s’agit d’un ouvrage en noir & blanc, seules les deux premières histoires comportant des nuances de gris.
Avant-propos – Un jeune indien vient trouver le grand sachem. Il souhaite avoir son avis au sujet du travail qu’il a commencé sur la musique du jazz, il y a bien des lunes. Il s’agit maintenant de rassembler tout ce matériel en un volume présentable. C’est une chance mais aussi une responsabilité. Le livre en question doit réunir en recueil les histoires en une page qu’il faisait pour Jazzman, un journal de blancs. Au départ, il se sentait indomptable. Prêt pour mille histoires, et voilà qu’au bout de trente-six lunes, il tombe à genoux sur le sentier. Épuisé, lessivé et pire encore. Il est écœuré, chef. Écœuré du jazz. Depuis quinze – vingt ans, il en a tellement convoité, acheté, accumulé, acheté, qu’il est devenu une espèce de spécialiste. C’est sa vie et il tenait son rôle, mais aujourd’hui dès qu’il met un CD dans le lecteur, c’est lui qu’il voit, c’est lui qu’il entend. Lui. Lui dans un miroir. Coltrane, c’est lui ! Miles Davis, c’est lui ! Mingus, c’est lui ! Et tous les autres, les grands, les petits ! Lui lui encore lui ! Il tourne en rond. Ce livre est un mensonge ! Que doit-il faire ?
Avertissement – Le grand sachem assis en tailleur suppose que lui et le lecteur souffre du même démon, et que cette histoire leur appartient, tout comme ils lui appartiennent. Le son des mots : la belle Chokolé, princesse apache, accueille Couguar, un guerrier, de retour ; ils parlent des mots nouveaux, des mots mystérieux qu’il a rapportés de son voyage, et qui sonnent bien. Le son : Stan Getz se tient debout, dans la lumière de deux projecteurs, et il porte la hanche de son saxophone à sa bouche. Le son commence à en sortir en mélopée, sous les yeux d’une belle jeune femme assise à la table du premier rang. La scène : un homme et une femme afro-américains s’embrouillent et il commence à la frapper. Puis il doit partir et il joue tranquillement du saxophone devant le public d’un café. La vie d’artiste : sur la branche d’un arbre, un petit piaf joue du saxophone avec verve et sensibilité, y mettant tout son cœur et toute son énergie. Des chats viennent l’écouter, admiratifs. Sur scène, Danilo Perez se concentre sur le clavier de son piano, John Patitucci gratte les cordes de sa contrebasse attentif au pianiste, Brian Blade les accompagne à la batterie, Wayne Shorter transforme le tout en s’exprimant au saxophone, parc floral de Paris, le 15 juillet 2001. La muse : elle apporte le café du petit déjeuner au bassiste dans les années 1950, elle est penchée sur le clavier du pianiste dans les années 1960, elle écoute avec admiration le saxophoniste dans les années 1970, elle est sur le lit de la chambre d’hôtel alors que le trompettiste s’échauffe.
Transcrire la musique en bande dessinée, ou même le ressenti, les sensations, les émotions qu’elle génère, relève de la gageure, car sa nature même exclut la présence même du son dans ce mode d’expression. Parler de jazz : un autre défi insensé, pour évoquer ou capturer un instant insaisissable, une dynamique de groupe, des interactions naissant de l’inspiration du moment, des improvisations aussi spontanées qu’éphémères. Dans son avant-propos, le bédéiste développe plus avant sa problématique : des pages réalisées une dizaine d’années auparavant et il n’aurait plus la même approche pour parler de ces sujets, une connaissance niveau expert du jazz, peut-être obsessionnelle au point d’en dire beaucoup plus sur sa personnalité que sur le jazz lui-même. Le lecteur a vite fait de pouvoir le constater : il croise les noms de Stan Getz (1927-1991), Wayne Shorter (1933-2023), puis dans la foulée Jaki Byard (1922-1999), Charles Mingus (1922-1979), Sun-Ra (1914-1993, Herman Poole Blount), Don Pullen (1941-1995), Martial Solal (1927-). Certains de ces artistes ne figurent pas sur les listes des musiciens jazz les plus célèbres et dénotent une connaissance pointue de cette branche de la musique. Ce constat se trouve confirmé avec la mention de Buddy Bolden (1877-1931) ou Bubber Miley (1903-1932) emmenant le lecteur aux sources historiques du jazz, ou encore Sonny Sharrock (1940-1994) guitariste et un des pères de la guitare free jazz. Le lecteur amateur reprend pied avec des références à des artistes plus connus comme Duke Ellington (1899-1974), John Coltrane (1926-1967), Lee Morgan (1938-1972), Ornette Coleman (1930-2015), Chet Baker (1929-1988), et bien sûr Miles Davis (1926-1991) érigé par l’auteur au statut de véritable messie du jazz, et même de Christ.
S’il n’a pas connaissance du caractère composite pour partie de l’ouvrage, le lecteur commence par se dire que le bédéiste, lui aussi, se lance dans autant d’improvisations que d’histoires. La couverture faisant d’une jeune femme blanche la muse des musiciens afro-américains, les vingt-quatre portraits de musiciens jazz célèbres en deuxième de couverture et sur la page en vis-à-vis, l’étrange dessin avec une touche de couleur d’un homme torse nu dans la page de titre, le dessin crayonné de quatre musiciens sur scènes, avec une jeune fille endormie à leur pied, les trois pages de l’avant-propos à l’encre pour des silhouettes esquissées par des traits tremblés, l’avertissement sous forme de deux cases de la largeur de la page avec des nuances de gris, Le son des mots en six pages dans un même mode de représentation, puis les trente-huit entrées en un page à l’encre avec des cases et des bordures, ou des dessins sans bordures, au pinceau ou à l’encre, les deux pages avec une touche de couleur pour le festival de jazz à Marciac, ou encore l’enquête en six pages du détective du jazz à la plume, sans oublier une esquisse au crayon d’une couverture pour le magazine JAZZMAN. Toutefois à la lecture, les trente-huit entrées présentent une forte cohérence dans leur approche de musiciens de jazz, et la différence d’approche des autres apparaît légitime du fait de la nature distincte de l’anecdote ou du point de vue.
L’amateur de musique jazz appréciera la connaissance de l’auteur en la matière, que ce soit l’évocation des précurseurs comme Buddy Bolden et Bubber Miley, ou les hommages rendus à Miles Davis, érigé en saint patron du jazz, à la tonalité et au phrasé uniques de Stan Getz, à la façon de se désagréger dans le néant de Chet Baker, ou encore à la présence physique de Charlie Mingus. Il saura également savourer la justesse des anecdotes choisies pour ces créateurs. Ces différents moments de l’histoire du jazz forment bien plus qu’une collection d’anecdotes pour rendre gloire à ces musiciens. L’artiste invoque de multiples facettes de la vie de ces musiciens et de leur musique. Il se montre admiratif de ces créateurs, mais sans se montrer complaisant. Il met en scène la solitude du soliste devant le public, parfois avec cruauté comme ce petit oiseau qui a tout donné pour un public de chats et qui se fait croquer quand il a fini épuisé, ayant tout donné, ayant craché ses tripes, et que l’attention des chats se reportent sur un nouvel oiseau qui va se lancer dans un solo.
Cette forme de vampirisation du créateur se retrouve également dans la mise en scène de la ségrégation raciale, du racisme affiché, et de la pauvreté des musiciens. Cela peut prendre la forme d’un musicien noir acclamé sur scène à Paris dans les années 1950, courtisé en terrasse ou au restaurant par les admirateurs et les admiratrices, et montré du doigt dans la rue par le vulgum pecus. Blutch s’amuse également de l’image et de la réputation du jazz. Dans la page intitulée Étude du préjugée de la bande dessinée classique envers le jazz, il détourne des personnages comme Bianca Castafiore, Pirlouit ou le barde Assurancetourix pour en faire des musiciens de jazz, qui provoquent des réactions de rejets des autres personnages.
Au travers de ces scénettes, l’artiste évoque de multiples facettes de cette musique au fil des décennies : son origine afro-américaine et créole, le décalage qu’il peut y avoir entre personne privée et musicien en public (un saxophoniste qui bat sa femme et qui émeut aux larmes son public), la dynamique de groupe de musiciens et la transformation qui s’opère quand le meneur intervient dans un solo, le rôle de la muse, l‘effet toujours différent et renouvelé du solo d’un artiste à un autre, l’incompréhension et le rejet de cette musique par le grand public (avec l’exemple de A LOVE SUPREME, 1965, de John Coltrane), une forme encore plus extrême d’ostracisation avec l’exemple d’une saxophoniste femme et afro-américaine (intersectionnalité), l’investissement total d’un musicien de studio juste pour quelques prises, l’évolution des rayons de jazz dans les grandes chaînes de disque dans le sens de la diminution, le décalage total entre l’image raffinée et de détente du jazz et la réalité de son écoute (avec l’exemple de SOMETHING ELSE, 1958, d’Ornette Coleman), etc. Il met en scène l’inspiration, en particulier la présence d’une belle femme ayant des effets immédiats sur la manière de jouer du musicien. Il rend un hommage à la puissance créatrice de Miles Davis, au fait qu’il se soit renouvelé, réinventé même au fil des décennies et à sa solitude consubstantielle du fait de se trouver au sommet, au firmament même.
Dans son avant-propos (en bande dessinée), l’auteur présente l’historique de ce projet, ses réticences à regrouper des scènes en une page réalisées il y a quelques années, le caractère presque obscène à rendre publique une passion si intense qu’elle avoisine l’obsession et le narcissisme. Ainsi averti, le lecteur peut prendre le recul qu’il souhaite, et il peut tout autant apprécier ces évocations du jazz au travers de quelques musiciens, quelques réalités sociales, avec une narration visuelle à la fois rigoureuse et libre, allant d’observations générales à des cas particuliers pour afficionados, du jazz classique au jazz le plus free, des chefs d’œuvre passés à la postérité à l’instant éphémère à jamais disparu portant en lui la mortalité de l’individu et l’expression personnelle la plus intime.
BO : Charlie Parker – Jam blues
J’aime bcp Blutch, mais ca me semble bien cryptique tout ça… à réserver a un lectorat passionné de Jazz… qui vont savoir des quelles anecdotes il est fait référence …
Hors l’exercice de style sur Stan Getz, les 2 autres pages me font vraiment l’effet d’un entre-soit… Après , la publication ayant eu lieue dans Jazz Mag, ca peut se comprendre…
L’exercice n’est pas nouveau, et les BD sur le jazz sont nombreuses…
Jacques Ferrandez (qui est aussi musicien de Jazz) en a fait quelques unes, que je trouve plus « ouvertes » ..; accueillantes..
tout comme l’album dont je cherche le nom depuis 20 minutes (avec une mise en image de la Boite de Jazz de Jonasz) qui est bien plus didactique, et colorée 😉
Si Blutch voulait me vendre son album il aurait fallut qu’il parle de Pharaoh Saunders, de David Sanborn, ou Stanley Clarcke ….
Bonjour Ollieno,
Merci beaucoup pour ce conseil de lecture pour Jacques Ferrandez : je vais aller chercher ça. D’autant que j’ai énormément apprécié sa série Carnets d’Orient, carnets d’Algérie.
Une autre BD de jazz : Peut-être Barney et la Note Bleue, de Loustal & Paringaux ?
Pharaoh Saunders, David Sanborn, Stanley Clarcke : pour des passionnés de jazz également 🙂
Il y en a pleins..
j’aime bcp l’anthologie Jazz Cartoon, chez Art Moderne..
et celle dont je parle (avec la mis ene image de la Boite de Jazz) je n’arrive pas a remettre la main sur le livre (que j’ai, ou avais..vu que je ne l’ai pas retrouvé).. Petit Format / format comics, rigide, chez les Humano ou Art Moderne, Dodo/Ben Radis ou Filips au dessin …
Ferrandez a fait 2 – 3 bouqins avec une thématique Jazz, mais surtout « Paris jour et nuit » (encore une fois chez Art Moderne, mais l’éditeur était spécialisé Jazz) un bouquin format Carré , livré avec un album de jazz du groupe de Ferrandez. (et il se trovue pas cher d’occase)
Merci beaucoup pour toutes ces références de BD qui me font très envie.
Je suis un fan absolu du dessin de Blutch et j’adore le jazz.
Que dire d’autre ?
Que dire d’autre ? Hé bien, l’as-tu lu ? 😀
Quand je lis Blutch, je me demande toujours s’il aime le jazz parce qu’il dessine comme il dessine ou s’il dessine comme il dessine parce qu’il aime le jazz.
Il y a une relation qui me parait tellement évidente et organique entre la musique jazz et la manière de dessiner de Blutch. Je ne ressens cela à ce point chez aucun autre dessinateur.
Très jolie formulation, j’aurais aimé avoir été aussi inspiré lors de la rédaction de mon commentaire sur cette BD.
Je te l’avais déjà dit mais je suis incroyablement heureux que tu te mettes à découvrir Blutch. Je pense que depuis tu en as une vision plus claire. En tout cas ce Total Jazz est un de mes préférés, c’est drôle, c’est beau. Bon je ne sais pas de quoi tout parle car je suis loin d’être un connaisseur en jazz (là j’écoute la BO, c’est très bien, c’est vrai que Charlie Parker, je n’en ai pas tenté autrement qu’en compiles) mais je suis fan de Blutch et c’est tout. Je n’arrive pas à ne pas acheter ses oeuvres. J’ai même Blotch en double (en deux tomes chez Fluide et en intégrale). J’ai très peu de dédicaces, je ne suis pas chasseur, mais celle que m’a faite Blutch m’a particulièrement touché (je lui ai dit de dessiner ce qu’il voulait), et je ne sais même pas pourquoi. Il en était lui-même content puisqu’il l’a prise en photo.
Merci Présence, merci Bruce.
@Ollieno : oui si tu n’es pas familier (ce qui est mon cas) des anecdotes sur le jazz, cela peut sembler cryptique, mais en fait on comprend toutes les histoires. Et lorsqu’il parle de collection, de maniaquerie, on est pas loin de Crumb qui relate sa collection de 78 tours, de Harvey Pekar qui finit par collectionner pour la spéculation plus que par passion de la musique. On retrouve ces aspects.
Concernant la BO : en 1990, l’envie me prend d’écouter plus de jazz. Pour ma petite paye de l’époque, je décide d’un achat financièrement conséquent : The complete Charlie Parker on Verve, dont est extrait ce morceau.
en.wikipedia.org/wiki/Bird:_The_Complete_Charlie_Parker_on_Verve
Cette envie avait été suscitée par le visionnage du film Bird (1988) de Clint Eastwood.
fr.wikipedia.org/wiki/Bird_(film)
Histoires cryptiques : je te rejoins sur certaines planches pour leur accessibilité au néophyte, en fonction de ce qu’elles évoquent, la collectionnite, la création, le racisme, l’exigence de cette musique, etc.
« Concernant la BO : en 1990, l’envie me prend d’écouter plus de jazz. Pour ma petite paye de l’époque, je décide d’un achat financièrement conséquent : The complete Charlie Parker on Verve, dont est extrait ce morceau.
en.wikipedia.org/wiki/Bird:_The_Complete_Charlie_Parker_on_Verve
Cette envie avait été suscitée par le visionnage du film Bird (1988) de Clint Eastwood. »
Pour ma parti, l’envie est venue quelques années plus tard.
Le rock ne me satisfaisait plus, j’avais envie d’élargir mes horizons et au détour d’une interview de Henry Rollins (Black Flag, Rollins Band), je l’ai lu chanter les louanges de John Coltrane. Je me suis dit « Pourquoi pas? » et j’ai loué plusieurs disques à la médiathèque.
J’ai commencé par les live au Village Vanguard. Celui de 1966 avec Pharoah Sanders et celui de 1961 avec Eric Dolphy.
Deux immenses claques.
C’était parti pour le voyage.
J’ai commencé à écouter du jazz grâce à des potes de fac, après que de la même façon, j’ai lu Iggy Pop parler de Coltrane. Ma première claque fut Bitches Brew de Miles Davis.
Pour m’orienter dans les rayons Jazz, j’avais eu la chance de découvrir un petit ouvrage FNAC intitulé : Guide jazz la discothèque idéale en 200 CD, ce qui m’a permis de me lancer dans cette grande aventure.
fnac.com/a818910/Jazz-Le-guide-jazz-CD-album
Moi, j’ai plutôt déroulé la pelote en regardant qui jouait avec qui.
Genre, ah tiens y a Dolphy qui joue sur le Coltrane, je vais écouter Dolphy. Ah tiens, Dolphy a pas mal joué avec Mingus, je vais écouter Mingus,…
Petit à petit, y a une image générale qui se forme.
Et c’est comme ça que je continue à procéder.
Intéressant comme façon de faire. En y réfléchissant, rien qu’avec la discographie de Miles Davis, cela fournit une quantité de connexions innombrables.
Je me demande si toutes les familles du jazz se trouvent ainsi connectées, ou s’il y a des îlots qui restent indépendants. Peut-être dans le jazz vocal ?
Je n’ai jamais lu de Blutch et cet album pourrait éventuellement être une porte d’entrée. Non que j’apprécie spécialement les images de l’article, mais plutôt le sujet.
Ma découverte du jazz s’est quant à moi effectuée au lycée, en première, à l’écoute de l’album JUST A POKE de Sweet Smoke. Les puristes diront que ce n’est pas du jazz mais je ne suis pas d’accord. la structure des morceaux et la manière de jammer est quand même très jazz, de même que le jeu de guitare.
C’est en tout cas avec cet album que c’est créé le déclic et que j’ai appris à dissocier les instruments, à écouter les musiciens jouer « ensemble, mais séparément ». La porte vers le jazz était dès lors ouverte mais par contre, j’étais, comme je le suis encore aujourd’hui, réfractaire au bruit et aux musiques agressives. Je déteste donc autant le free-jazz que je peux détester le punk ou le métal. Impossible pour moi d’écouter les couacs expressionnistes de Coltrane (ça m’est même incompréhensible, autant que les larsens dans le rock). Un Ornette Colman est littéralement inécoutable (dans mon cas personnel, je précise), et même le bebop de Charlie Parker ici présent, ce n’est pas mon truc. Mon truc c’est le cool jazz et la fusion, mais cool aussi.
Mes héros se nomment Miles Davis, Stan Getz, Chick Corea, Chet Baker, Kenny Dorham, Keith Jarrett, Dollar Brand, Bill Evans, Dave Brubeck, Paul Desmond, Gerry Mulligan, Pat Metheny, Charlie Haden. Et je n’aime que leurs albums les plus cool. J’adore Louis Armstrong et la plupart des crooners/crooneuses également.
Ma culture jazz s’est énormément construite grâce à l’émission de M6 (JAZZ 6, présenté par Philippe Adler), qui était diffusée durant toutes mes études, et que je regardais religieusement. Il me suffisait ensuite de gagner la médiathèque et de faire mes provisions…
J’adorerais avoir une liste de toutes les émissions de JAZZ 6, car il y a eu des trucs que j’ai adorés et dont j’ai oublié le nom, notamment un concert sublime d’un bassiste soliste (jouant seul) avec une basse de sa propre fabrication. Je rêve de retrouver son nom.
Mes héros se nomment[…] : il me semble qu’il n’y a que Dollar Brand dont je n’ai jamais croisé le nom, ni a fortiori écouté un morceau ou un album.
Jazz6 : je n’ai pas eu l’occasion de voir cette émission. 17 ans de longévité !!! Total respect à Philippe Adler pour un tel accomplissement.
Un concert sublime d’un bassiste soliste avec une basse de sa propre fabrication : Hé ben, très impressionnant de réussir à réaliser un concert entier en solo avec cet instrument. Il ne me vient pas en tête d’équivalent dans le monde du rock.
Ou alors c’est Jonas Hellborg, ce bassiste.
Dans le rock, ou même la variété, on a des personnes qui font des concerts seuls, avec un ou deux instruments. C’est le cas de Jean-Louis Aubert ou -M-. Springsteen a fait ça aussi. Même Vianney je crois.
Ouh pinaise !! la vache !!!!!!!!!! 😱😱😱😱😱😱 Jonas Hellborg !!!!!! Purée ! c’est lui ! Je t’en dois une là ! 😱😱😱 Mille et une fois merci ! 😱😱😱
😁😎
Jaco Pastorius sans doute, pour le bassiste. Mais ce n’est pas sûr à 100%.
Sinon autant Charlie Haden que Miles Davis ont fait des albums que tu dois trouver inécoutables, du free-jazz notamment. Est-ce que tu aimes A Tribute to Jack Johnson ? On the Corner ? Get Up With It ?
Ben, Charlie Haden, ses premières lettres de noblesse, c’est au sein du quartet d’Ornette Coleman. 🙂
Dont l’album The shape of jazz to come, qui a transformé l’histoire du jazz. Rien que l’ouverture avec le sublime « Lonely woman », c’est un jalon important dans l’histoire de la musique du 20ème siècle.
Bon oui, j’avoue, j’ai une profonde admiration pour la musique d’Ornette Coleman. Contrairement au pisse-froid de la planche de Blutch postée ci-dessus qui vient récupérer les vieux disques de son père décédé. Magnifique planche, infiniment triste.
Je connais Jaco Pastorius quand même…
Comme dis plus haut je n’aime que les albums cool de tous ces jazzmen. Ils ont tous fait des albums que je trouve inécoutables effectivement. Même Pat Metheny, qui a d’ailleurs fait tout un album avec Ornette Coleman.
ON THE CORNER est un classique. L’album groove de Miles. Mais je ne suis pas très fan. Pour toutes les raisons invoquées.
Dans le style étonnant de la part de Pat Metheny, Zero for tolerance (1992) :
The album was recorded in one day and consists of improvised, solo electric guitar.
Sans surprises : Cet album est un cauchemar absolu pour mes oreilles.
Pas de surprises : je m’attendais à cette réponse. Cet album de Pat Metheny sort vraiment des sonorités habituelles de ce guitariste.
A Tribute to Jack Johnson, On the Corner, Get Up With It : parmi mes albums préférés de Miles Davis;
Ah ça c’est cool ! Moi aussi. Mon préféré reste In A Silent Way pour le moment mais j’ai à peine écouté le quart de sa production donc bon…
Sinon à discuter ici et en relisant ton article qui se conclut magnifiquement, j’ai vachement envie de relire cette bd. Je ne me lasse pas du trait de Blutch.
Le Miles Davis que je préfère, c’est celui du quintette avec Herbie Hancock, Wayner Shorter, Ron Carter et Tony Williams entre 1964 et 1967.
Davis sort d’une période de doute pendant laquelle il a un peu tâtonné pour reconstituer un band stable et créatif et là il a à nouveau trouvé la formule magique.
Pendant cette période, lui et son quintet marchent sur l’eau.
C’est pour moi le sommet de sa carrière.
Jolie. Je redécouvre en ce moment le TRIBUTE TO JACK JOHNSON. intéressant.
Ah que coucou ! C’est le grincheux de service…
J’ai lu cette BD, en ai admiré le trait et pi c’est tout.
Je hais le jazz : ses sonorités, ses rythmes et ses jeux. Quelques portes d’entrées que j’ai essayées, elles me sont restées fermées.
Je trouve ça hermétique, élitiste, l’histoire de ce mouvement et de ces musiciens ne me parle pas et je n’ai rien ressenti/compris à cet album hermétique et élitiste au sens qu’il faille en connaître les codes pour l’apprécier.
Sorry !
Il y a beaucoup d’éllitisme chez certains rockers aussi, mais d’un autre genre (faut que ce soit comme ci et pas comme ça… faut que ce soit dangereux, sale et méchant…) 🙂 .
Sinon, au rayon jazz, il y a aussi les musiques du monde, le Brésil et la bossa-nova, genre auquel je voue une passion sans bornes.
Oui bien sûr ! Mais je n’ai jamais été snobé par les rockers (qui peuvent être très cons).
Tous les amateurs de jazz de mes soirées étudiantes étaient persuadés de détenir l’oreille ultime et du fait de la technique de leurs musiciens, rigolaient en reniflant dès que tu abordais le rock.
Donc je les emmerde et je n’ai jamais supporté le final de FUNHOUSE justement pour le délire Coltrane final.
Je déteste cette musique autant que toi le Punk, et ai renoncé à toute tentatives de l’aimer.
Il ne faut pas confondre fans élitistes et musique élitiste.
Le jazz, comme tout autre type de musique, n’en peut rien si certains de ses fans et des musiciens qui la pratiquent sont bornés.
Ca me chagrine toujours un peu quand, parce qu’on n’aime pas tel ou tel type de musique, qu’on n’y trouve aucun accès, on la taxe hâtivement et injustement de musique élitiste.
Bien évidemment, certaines musiques sont plus clivantes que d’autres, certaines musiques sont destinées à plaire à un auditoire plus restreint que d’autres, mais pourquoi les taxer d’élitistes ?
N’importe quelle musique s’adresse à qui voudra bien l’apprécier.
Et pour ma part, j’estime que le jazz est de par sa nature même la musique la plus démocratique qui soit et dès lors la moins élitiste, même dans ses expressions les plus radicales et expérimentales.
Alors oui je comprends tes propos mais, me concernant, je ne taxe rien de manière hâtive car comme toi, j’ai écumé les médiathèques en explorant tous types de musique. Et le jazz m’a toujours été insupportable au fil de mes tentatives.
Et jusqu’à vous rencontrer, tous mes jazzeux rencontrés étaient de vrais têtes de cons.
Mais nous avons tous nos lacunes et j’accepte sans aucune honte que le jazz fasse partie des miennes.
Durant mes études j’ai côtoyé pas mal de personnes qui pensaient, quand elles ne te le disaient pas clairement, que tu étais un sous-homme si tu écoutais autre chose que du jazz. C’est complètement con car c’est oublier, historiquement, qu’au départ le jazz est une musique de pauvres ères que c’est cette musique qui a permis au peuple noir de se faire aimer des blancs et de partager de la chaleur humaine avec eux. À ce titre, je trouve d’ailleurs que l’incroyable couverture de l’album ici-présent est très parlante.
Tout ça, en tout cas, n’a pas réussi à me détourner de mon amour pour cette musique, contrairement aux wagons de débiles qui m’ont écoeuré du reggae ou à la lie de l’humanité qui m’a d’emblée rendu allergique au hip hop.
Merci pour cette remarque sur la couverture car j’avoue que j’avais du mal à en saisir le sens.
Ayant une édition précédente, ma couverture est complètement différente : bedetheque.com/media/Couvertures/TotalJazz.jpg
Je la trouve très impressionnante. À la fois incroyablement subversive et pleine de sens (la dernière partie de mon commentaire ci-dessus était aussi très provoc sur le moment et je m’en excuse). C’est une couverture très percutante.
@Bruce – Au vu de ton histoire personnelle avec le jazz, merci beaucoup d’avoir accepté de publier cet article, c’est tout à ton honneur?
Hermétique, élitiste : j’ai trouvé plusieurs planches très parlante pour elles-mêmes, même sans rien connaître au jazz et à son histoire, par exemple celles de l’article.
La première planche évoque le fait qu’on puisse identifier un musicien juste en l’écoutant, comme de grands guitaristes de rock par exemple, David Gilmour, Jimi Hendrix, Mark Knopfler pour rester grand public.
La planche intitulée Vie parisienne illustre la dichotomie entre la célébrité du musicien sur scène, et le racisme ordinaire de l’anonymat.
La troisième est plus jazz : le fils s’attend à une musique très accessible parce qu’elle date du temps de son père, et il se rend compte qu’elle reste inaudible pour le profane.
La dernière est relative aux musiciens de studio qui ne font pas que cachetonner quand ils jouent avec le cœur.
Salut.
Intéressant dans l’approche. Cela me fait penser à de vieux cartoon de press,e un côté Sempé également.
Cette forme de vampirisation du créateur se retrouve également dans la mise en scène de la ségrégation raciale, du racisme affiché, et de la pauvreté des musiciens. joliment dit.
C’est la première fois que j’entends parler de Blutch. Il semble adapter son style à ce qu’il souhaite mettre en évidence dans sa planche, des improvisations comme en jazz.
Un titre que je me mets de côté dans ma wish list.
BO : génial.
Mes influences jazz : Miles Davis, Chet Baker, Thelonious Monk, Oscar Peterson, E.S.T, Snarky Puppy.
Salut Fletcher,
Je n’aurais pas eu l’idée de penser à Sempé, en re-regardant la première et la dernière planche de l’article, je pense à l’expressivité et la justesse des personnages de Will Eisner.
Blutch (56 ans), début de carrière en 1988 dans Fluide Glacial, et une copieuse bibliographie.
BO : 100% d’accord avec toi.
Je ne connais ni E.S.T, ni Snarky Puppy : merci pour ces idées d’écoute.
Le titre de ta contribution est très bon, « Personne n’a raison » complété par « tout est permis » a des racines anciennes et discutées que les adeptes d’Assassin’s Creed ont adopté.
Comme vous, je pense beaucoup de bien du travail de Blutch, est-ce que l’un d’entre vous a lu son Lucky Luke?
Depuis la lecture de ta chronique ce matin, j’enchaîne les albums d’Herbie Hancock, encore un gars béni par les muses.
Bonjour Fusain,
Le titre est extrait d’une des histoires de l’album.
Je n’ai pas lu le Lucky Luke de Blutch : j’ai pu constater que cet album collectionne les bonnes critiques un peu partout.
Herbie Hancock : trop difficile d’accès pour moi. J’avais essayé Maiden Voyage, Head Hunters, River: The Joni Letters.
Le Lucky Luke de Blutch est très bon. J’aime beaucoup le Head Hunters de Herbie Hancock.