Quand le rock s’unit à la mélancolie (SAEZ)

Encyclopegeek : Saez

Un poème écrit par KAORI

Illustrations de EDWIGE DUPONT

1ère publication le 31/01/20 – MAJ le 28/08/20

Collection personnelle de la jeune Kaori

Collection personnelle de la jeune Kaori

Les vendredis rock, c’est l’occasion de faire découvrir ou redécouvrir des groupes qui comptent pour nous, contributeurs. Si je ne devais choisir qu’un seul artiste, ce serait celui-là.
Parfois, on vit des rencontres musicales. Des artistes qui nous parlent, qui nous embarquent, le temps d’une chanson, d’un album, d’une décennie, d’une vie.
Et puis il y a des évidences. Des échos, des ressemblances. Des « cette musique, c’est moi ».
Et quand on a de la chance, on trouve l’artiste qui nous correspond. Qui met des mots sur ce qu’on n’ose pas dire. Avec la musique qu’on aime. Non. La musique qui touche cet endroit au tréfond de notre âme, de notre cœur… cette partie tapie qui ne se révèle à personne.
Saez, c’est ça pour moi.
En 20 ans, on a eu des hauts, des bas, des « je t’aime, moi non plus », des passions, des dégoûts, des rejets. Mais il est toujours là quand ça saigne à l’intérieur, comme un écho qui fait du bien.

Saez, c’est à la fois le nom d’un groupe et de son leader et tête pensante. Damien de son prénom, né en 1977, est un artiste clivant : écorché vif à la Cobain et Gainsbourg (dont il partage le goût pour l’autodestruction), anarchiste, provocateur, voix nasillarde et articulation étrange (il avait un accent très prononcé étant jeune : né en Haute-Savoie, enfance à Marseille puis à Dijon…, ceci explique apparemment les « i/é/è/a »), on disait en 1999, à la sortie de son premier album : « Saez, on adore ou on déteste. »sae_1

Artiste décomplexé, parfois carrément habité, impudique, inclassable. et provocateur, il n’est pas facile à écouter pour tout le monde. Il peut faire du rock, alternatif, pop ou agressif, évoquant parfois Radiohead ou les Smashing Pumpkins, de l’instrumental, de la chanson française (avec des hommages à Brel, Barbara, Ferré ou même Renaud) et est même passé par la techno/electro pour quelques titres (ISN’T IT LOVE et SEXE).
Certains diront que c’est un artiste « engagé ». Il leur répondrait qu’un artiste est forcément engagé, sinon ce n’est pas un artiste.
Saez agace. Par son arrogance, mais aussi parce qu’il dénonce, depuis 20 ans, les mêmes lieux communs. Le capitalisme, l’impérialisme, la société consumériste, l’inertie des peuples face à l’état du monde, la dégradation de la culture, la censure, le pouvoir.

On lui reprochera de ne savoir écrire qu’autour de ça, de ne pas se renouveler. Je leur dirai que tant que la société se portera mal, et tant qu’il pourra écrire, vous l’entendrez, comme ce poil-à-gratter qui rappelle que non, le monde ne tourne pas rond.
On ne peut nier son authenticité puisqu’il refuse lui-même d’être un produit de consommation, dans cette « meute aux médias ». Il a d’ailleurs quitté Universal en 2005 pour s’auto-produire.
Ses apparitions télévisuelles se comptent sur les doigts d’une seule main. Ses passages aux Victoires de la Musique restent des moments de grands malaises. Et lorsqu’il intervient dans une émission, c’est pour dénoncer la censure dont il est victime.

En effet, il a un certain goût pour la provocation, cherchant à réveiller les consciences, en utilisant souvent les images chocs, ce qui n’est pas au goût de tout le monde. Ses affiches promos seront donc régulièrement refusées ou modifiées dans les métros ou pour nudité, ou pour arme à feu, ou pour atteinte à la religion (je passe sur le phallus géant recouvert de dollars de l’album MIAMI)… Il emmerde un peu toute la bienpensance, en fait. L’ironie ultime étant quand ce sont des associations féministes qui hurlent à la misogynie quand il dénonce l’objetisation de la femme à travers une pochette montrant sa petite copine nue dans un caddie…
Damien Saez n’a jamais supporté la censure. On n’a plus le droit de fumer dans les lieux publics ? Il écrit le titre CIGARETTE, hommage au groupe The Clash et à son LONDON CALLING, continue de fumer pendant tous ses concerts et s’affiche cigarette à la main sur la pochette de son dernier album. Il déteste faire des concerts face à des téléphones, pourtant il n’empêchera personne de filmer. Par contre, il protège son œuvre sur Internet et demandera donc à son public de ne rien partager sur les réseaux sociaux durant les tournées…

Certains lui reprocheront son manque d’inspiration ou de créativité, parfois même des plagiats (qualifié parfois de « sous Noir Désir »). C’est là le gros point d’interrogation… Certains hommages sont assumés, confirmés, mais quelle est la frontière avec le plagiat ? Que doit-on en conclure quand une ligne mélodique est reprise à l’identique sous couvert d’un hommage ? Quand une intro est calquée sur un autre morceau ? On en trouve pas mal dans l’œuvre de Saez, lui-même reprenant ses propres mélodies ou accords sur différents titres…

Saez est un poète avant d’être un compositeur. Sa démarche n’est pas de « faire de la musique », mais de mettre en musique ses mots. Il reprend donc souvent les mêmes airs/accords/mélodies qu’il arrange différemment. Pour autant, il a su trouver son propre style. Ainsi, parfois, en commentaire sur certains titres , on peut lire « On dirait du Saez »…

Une chose est sûre : qu’on aime ou qu’on déteste, on ne peut nier le profil atypique qu’il représente dans l’horizon de la musique française.
PS : je dédicace cet article à notre Boss (qui doit s’étouffer dans son café en lisant ses lignes), tout simplement parce que je retrouve en lui certaines valeurs défendues par Damien Saez : l’insoumission, la lutte contre toute forme d’intolérance, mais surtout des coups de gueule qui dissimulent une profonde sensibilité et un grand humanisme…

1 – JOURS ETRANGES, 1999

A 22 ans à peine, Damien sort son premier album. Seul album qu’il ne fera pas seul. En effet, il a le soutien de William Sheller et est pris sous l’aile du regretté bassiste Marcus Bell, ex membre du groupe The Opposition, Londoniens exilés en France dans les années 80, aux influences très « Curiennes ». Ce qui explique peut-être le succès de l’album, sans doute le plus accessible au grand public, avec ses sonorités pop-rock.
Surnommé rapidement le « Petit Prince du rock » (double allusion à l’œuvre de St Exupéry et au magnifique titre PETIT PRINCE , il se présente arrogant, insolent, bref, le sale gosse par définition.)
Pour ce premier album, le thème dominant est à la fois délaissé depuis longtemps et pourtant évident : la jeunesse désabusée.
L’album de 12 titres est fait pour être écouté d’une traite puisqu’il n’y a pas de coupure entre les morceaux. L’écoute en mode « aléatoire » ou « random » est donc déconseillée ! Saez utilisera le même procédé sur l’album suivant.
On y trouve des morceaux très rock (JEUNE ET CON, SAUVER CETTE ÉTOILE, ROCK’N’ROLL STAR, AMANDINE II), des morceaux un peu « délirants » (JOURS ÉTRANGES, HALLELUJAH, CRÉPUSCULE), des petits bijoux de tristesse et de mélancolie (PETIT PRINCE, MONTÉE LÀ-HAUT (les mélomanes reconnaitront un air de Renaud…)) et une reprise d’un morceau de jazz (MY FUNNY VALENTINE).
Saez y dénonce la mondialisation, l’arrivée d’internet et du satellite, le côté « mouton » des « jeunes », celui inerte des « vieux », le star system (qu’il incarne dans le titre ROCK N’ROLL STAR). Il y aborde également le « feu suicidaire » de sa génération (SOLEILS 2000). Et un peu de « romantisme » (AMANDINE II, la fin de CRÉPUSCULE qui reprend une partie de MONTÉE LÀ-HAUT ( Je t’emmènerai loin de ce monde et je remercierai Dieu de t’avoir fait ; et les bras vers le ciel, je te tiendrai la lune si tu veux de moi, si tu veux un mois, un jour…)

JOURS ÉTRANGES est un album qui possède encore une certaine candeur et un côté assez pop dont s’éloignera Damien Saez dans les albums suivants.
On y retrouve une « forte inspiration » provenant d’Oasis (SUPERSONIC pour l’intro de JEUNE ET CON) et de Blur (SING pour J’VEUX M’EN ALLER).

JOURS ETRANGES, titre éponyme et hommage aux STRANGE DAYS des Doors : si je ne devais en garder qu’une, ce serait celle-ci. Celle qui a créé notre lien. Celle qui a déjà le schéma classique que j’aime : le calme avant la tempête. Cette douce montée qui progresse vers une explosion bien énervée et ses envolées lyriques. Peu importe qu’il reprenne ce schéma dans beaucoup de ses chansons. Sa voix me touche à chaque fois…


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Jours Etranges · Saez
Jours Etranges
℗ 1999 Barclay

2 – GOD BLESSE, 2002

En mars 2002, Saez revient avec un double album composé de GOD BLESSE et de KATAGENA.
GOD BLESSE est aussi rock que KATAGENA est intimiste.
Ce double album est sorti peu après les attentats du 11 septembre 2001, qui l’ont fortement influencé. Saez y exprime plus clairement ses idées politiques : anticapitalistes et surtout anti-impérialistes.
Avec des titres comme J’VEUX DU NUCLÉAIRE ou encore SOLUTION, purement rock, il dénonce ouvertement le système politique et appelle à la révolte. Un thème qui reviendra dans quasiment tous ses albums. (J’VEUX DU NUCLEAIRE ne passerait certainement plus aujourd’hui, pouvant presque être considéré comme un appel au terrorisme…)

Mais c’est aussi l’heure de l’amour. Saez déclare sa flamme à sa première muse, celle qui lui inspirera ses plus belles chansons : Katarzyna, qu’il surnomme Katagena (ou Kasia, selon les albums).
Il écrit ainsi de superbes titres comme SO GORGEOUS (Si l’Amour est un temple et qu’il y faut prier, comme on prierait le ciel, si l’Amour est un temple, toi tu seras ma religion…) ou encore NO PLACE FOR US (Mieux vaut tracer la route, traverser la lumière vers l’étoile perdue que de vivre à moitié, que de collaborer dans leur monde vendu) sur des mélodies pop ou mélancoliques.
Il (m’)offre aussi un titre à la fois simple et émouvant, rappelant la mélodie de Radiohead et leur sublime NO SURPRISES : PERFECT WORLD.
Et pour reposer les oreilles de ceux que la voix de Damien fait saigner pour l’article, j’ai opté pour une œuvre instrumentale :

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Light The Way (Interlune) · Saez
God Blesse
℗ 2002 Barclay / Universal Music

3 – KATAGENA, 2002

Dans cette deuxième partie, Saez révèle son amour pour Brel, Ferré et Barbara. Fini le rock, place à l’acoustique : piano, guitare, cordes.
Certains titres sont particulièrement difficiles d’accès (le monstrueux VOICI LA MORT, qui reste une œuvre impressionnante, du fait de sa longueur (presque 13 minutes…) et de ses multiples parties, et prenante avec son « maman » sorti tout droit de ses entrailles …), d’autres sont « seulement » des pistes instrumentales (c’était déjà le cas sur le God Blesse avec 5 titres uniquement instrumentaux).

D’autres encore rappellent Ferré et Brel avec USÉ ou MENACÉS MAIS LIBRES. À noter qu’il reprendra les premières paroles de MENACÉS MAIS LIBRES sur FILS DE FRANCE, un titre écrit en quelques heures et qu’il mit aussitôt en téléchargement gratuit, suite au 20 avril 2002. Le refrain s’inspire beaucoup du titre YOUTH NATION de P.O.D.. Je me rappelle qu’à l’époque, on pouvait en entendre une version (ou pub ?) radiophonique censurée. À savoir des *bip* à la place de « honte ». Parce que « Honte à notre pays, honte à notre patrie », ça ne se dit pas, c’est un gros mot. (Ah merde, Boss, peut-être que tu vas te faire censurer toi aussi, du coup…)
Tout ça pour dire que j’aime particulièrement USÉ (qu’il a écrit à moins de 25 ans, quand on y pense…) et MENACÉS MAIS LIBRES par l’espoir qu’ils dégagent. S’ajoutent à cela deux autres titres magnifiques : À TON NOM et SAINT PETERSBOURG.
A TON NOM dénonce les atrocités commises au nom de Dieu…

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A Ton Nom · Saez
God Blesse
℗ 2002 Barclay

4 – DEBBIE, 2004

Il s’agit d’un simple album. Il est l’antagoniste du GOD BLESSE : aussi noir que le précédent était blanc.
C’est un album assez différent de ce que Saez a fait et fera : un des albums que j’ai le moins aimé sur le coup. Moins engagé, moins « authentique ». Des thèmes qui me parlent beaucoup moins.

Porté sur le sexe et la drogue, je ne m’y suis pas pleinement retrouvée. Après la quasi perfection du deuxième album, j’en attendais sans doute trop.
Avec le recul, je dois reconnaître que c’est un de ses meilleurs albums rock. Et au final, c’est un de ceux que je préfère. Ironique, non ? Parce qu’il y a ces petites pépites, comme MARTA ou TU Y CROIS (un des rares textes – le seul ? – écrit par un autre que lui). L’album est arrivé 2ème dans les ventes de disque, ce qui n’est pas négligeable.
Le disque possède un titre caché, après 4 minutes de silence, à la suite du titre TU Y CROIS, dernière piste de l’album : SAKURA, une chansonnette japonaise chantée/racontée par des voix féminines japonaises sur une instrumentalisation typiquement Saezienne.
Mais il a marqué une coupure entre Saez et moi, à cause de AUTOUR DE MOI LES FOUS. À la limite du divorce. Damien déposait pour la première fois tout son mépris pour la « sous-culture ». Malgré ces mots, ça reste le titre que je préfère musicalement…

DANS LE BLEU DE L’ABSINTHE, pour cette voix grave que j’adore, un titre qui m’a servi de berceuse pendant plusieurs semaines tellement je le trouve envoûtant…

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Autour De Moi Les Fous · Saez
Debbie
℗ 2004 Barclay

5 – VARSOVIE, L’ALHAMBRA, PARIS, 2008

Comme Saez aime faire simple, cette fois-ci, il s’agit d’un triple album. Ecrit en 15 jours selon l’intéressé.
À noter qu’il est possible d’acheter l’album PARIS indépendamment , celui-ci étant plus accessible que les deux autres (ceux-ci étant uniquement en voix/guitare ou incluant des titres piano sans voix). Ce triple album est la thérapie de Damien Saez pour se remettre de sa rupture d’avec Katarzyna.

Dans le disque VARSOVIE, il annonce direct la couleur, avec des titres comme QUE TOUT EST NOIR, JE SUIS PERDU, ANÉANTI ou encore ON MEURT DE TOI.
Je me moque un peu, mais cela donne quand même de beaux titres malgré les lamentations (les pires étant JE SUIS LE CHRIST et JE SUIS PERDU). Quelques morceaux tirent leur épingle du jeu : VARSOVIE, où il relate un voyage en Pologne, DIS-MOI QUI SONT CES GENS, CEUX QUI SONT EN LAISSE, ON MEURT DE TOI…
Côté voix, si vous n’aimez pas les manières vocales de Saez, fuyez. Voix brisée, voyelles distordues, envolées quasi lyriques : je pense qu’il n’a fait qu’une seule prise pour chaque titre… même moi, j’ai du mal avec ses « è » qui deviennent « a » (c’est un de ses tics, déjà assez présent habituellement, mais là il s’est lâché !).
Mais il le reconnait lui-même, si ça c’est pas de la franchise : « Oui je sais je suis glauque, Avec mes chansons tristes, Mais j’emmerde le monde, Et il me le rend bien. »
Pour L’ALHAMBRA, ce n’est pas beaucoup mieux : CHANSON POUR MON ENTERREMENT, AU-DELÀ DU BROUILLARD, QUAND ON PERD SON AMOUR,

L’ABATTOIR.

Celui-là, je n’ai jamais réussi à l’écouter en entier… trop peu de mélodies… Le seul titre que j’apprécie et que j’ai découvert par hasard récemment, c’est TANGO. 9 minutes d’un tango qui se lance pour s’enflammer sur « L’amour, c’est la mort, et t’aimer c’est saigner » …
Enfin, pour PARIS, on a également droit à des titres sur la rupture : TOI TU DIS QUE T’ES BIEN SANS MOI, et une magnifique déclaration à Katarzyna avec KASIA.
Mais la plus emblématique, son étendard, son « NE ME QUITTE PAS » à lui, c’est l’incroyable PUTAINS VOUS M’AUREZ PLUS : longue litanie entrecoupée d’un refrain composé de « hé hé héhé hé » où il décrit avec détail toute sa peine. La magie étant que quiconque se prétend fan de Saez connait ce poème par cœur (jolie performance quand on sait qu’il n’y a pas de livret de paroles dans la plupart de ses albums). Et que, schizophrènes que nous sommes, nous les femmes sommes les premières à chanter avec lui que quand nous faisons l’amour, il n’y a qu’à la nature que nous tenons parole…

Mais Damien n’a pas perdu toute sa verve envers la société : c’est sur cet album que se trouve JEUNESSE LÈVE-TOI.
Ce titre détonne par rapport à tous les titres bien rock que Saez nous avait proposés en appel à la contestation. Guitare sèche, mélodie « légère », en contraste avec les paroles, et un clip qui parle de lui-même.
Et puis il y a des titres plus légers, comme S’EN ALLER, chanson d’amour douce, délicate, avec sa guitare et ses airs presque entraînants, LE CAVALIER SANS TETE (mes préférés) ou encore ON N’A PAS LA THUNE, encore une musique légère en contraste avec des paroles sombres, puis DES MAREES D’ECUME. Bon, ok, tout l’album…
Comme Damien n’a autorisé que quelques extraits de cet album sur YouTube, le choix est très limité, j’opte pour LE CAVALIER SANS TETE, titre qui illustre son côté « imaginaire ».

Le cavalier sans tête · Saez
Varsovie, L’Alhambra, Paris
℗ 16 Art under exclusive licence to Cinq 7 / Wagram Music

Après cela est sorti un album entièrement en anglais (A LOVER’S PRAYER) sous le nom de d’artiste Yellow Tricycle sur lequel j’ai honteusement fait l’impasse, … Ouais, les 3 titres mis en ligne sur son My Space ne m’ont pas convaincue… Je crois que le mélange accent marseillais/dijonnais/anglais n’a pas marché sur moi… Pourtant j’adore les 3 titres en anglais de GOD BLESSE. Mais tout un album en anglais, hum, non, il me faut aussi sa plume.

6 – J’ACCUSE, 2010

Pour son sixième album (et le cinquième sous le nom de Saez), Damien nous offre un retour au rock agressif et engagé, pour quasiment tous les titres de l’album.
L’album commence par LES ANARCHITECTURES, qui résume bien l’amertume du chanteur, mélangeant clin d’œil aux Bérurier Noir et attaques envers la jeunesse (« Finie la parole sacrée, bonjour la parole au plus con, finis les ni bon dieu ni maître, l’heure est aux clients du paraître, fini le temps de nos jeunesses, fini le chant des rossignols, fini salut à toi mon frère, l’heure est aux champs des électrons, abonnez-vous peuple de cons par satellite à d’autres cons… ») …

Les thèmes sont dans le titre de l’album : tout le monde en prend pour son grade. Saez y va fort ; agressif, vulgaire, il veut montrer tout ce qu’il ne supporte pas dans notre société. PILULE s’attaque à la routine « métro – boulot – dodo », tandis que CIGARETTE dénonce le puritanisme qui s’empare peu à peu de notre société, sous forme d’hommage au LONDON CALLING des Clash. DES P’TITS SOUS, hommage aux PTITS TROUS de Gainsbourg, dénonce le monde qui tourne autour de l’argent, l’impunité des hommes politiques et l’exploitation de la main d’œuvre pas chère. Un des meilleurs morceaux de l’album. Une chanson anti-Macron avant l’heure.
SONNEZ TOCSIN DANS LES CAMPAGNES était sorti en écoute libre avec d’autres paroles. Elle s’appelait à l’époque POLICE. Dans SONNEZ TOCSIN, Damien reprend une partie des paroles des ANARCHITECTURES. Le seul titre que je n’aime pas de l’album. Trop agressif pour moi.
Vient ensuite le fameux J’ACCUSE. Accusé d’être une copie de l’HOMME PRESSE. Là où Noir Désir s’attaquait aux producteurs de télévision qui s’en mettaient plein les poches, Saez accuse le peuple d’être un mouton. Et une claque de plus dans la tronche de son public.


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Pilule · Saez
J’accuse (Extraits)
℗ 16 Art under exclusive licence to Cinq 7 / Wagram Mu

Après avoir bien craché sur les auditeurs, Damien se calme et dévoile des petits morceaux plus légers comme LULA, REGARDER LES FILLES PLEURER (où il s’imagine idiot du village/psychopathe qui dessine des sourires sur les joues des princesses… Moi je voudrais leur dire qu’elles sont belles, puis qu’il faut pas qu’elles pleurent pour un idiot, puis qu’il faut qu’elles arrêtent d’être connes et de toujours tomber amoureuse de celui qu’il faut pas… »), MARGUERITE (étrange déclaration de non-amour mais amour quand même, rappelant DANIELLA mais en tellement plus jolie, plus poétique, mention spéciale à son « J’en ferais bien ma religion, j’en ferais bien mon horizon, c’est sûr que j’peux mourir demain tant qu’elle m’habite entre ses reins. »), TRICYCLE JAUNE (très enjoué, ça change), puis une petite ode encore à la révolution, avec LES PRINTEMPS, tristement mélancolique. Et un écho à son J’VEUX M’EN ALLER du premier album avec LES COURS DES LYCEES.sic

J’ACCUSE est pour moi son dernier bon album rock. J’en déconseille quand même l’écoute auprès des jeunes oreilles… J’ai arrêté son écoute en boucle quand mon fils de 2 ans et demie s’est mis à crier « CHAAAAATTE » quand on écoutait J’ACCUSE (« La carte bleue dans la… » …)


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Des p’tits sous · Saez
J’accuse (Extraits)
℗ 16 Art under exclusive licence to Cinq 7 / Wagram Music

7 – MESSINA, 2012

MESSINA est un étrange album. Selon beaucoup de fans un des meilleurs. Moi je suis passée à côté. Il faut dire que j’ai l’habitude d’écouter un album non-stop et de m’en abreuver jusqu’à la lie. Or ici, il s’agit de nouveau d’un triple album, composé de LES ECHOUES, SUR LES QUAIS et MESSINE. 27 titres. Et malheureusement peu qui m’ont accrochée… Et puis il faut parler d’un des tics de composition de Damien : souvent le même accord qu’il joue pendant 6 minutes, puisqu’il n’y a pas de refrain, avec une montée en puissance ou une montée dans les aigus (souvent doublement de voix, une grave, une aigue), soit vers la fin, soit, au mieux, au milieu du morceau. C’est le cas de beaucoup de morceaux de MESSINA. Alors certes, j’adore cette manière de faire, mais je n’ai clairement pas eu la patience d’aller jusqu’au bout des 3 disques. Je pense que Damien applique à la lettre la règle qui dit qu’il ne faut jamais négliger les préliminaires… Mais Damien, parfois quand c’est trop long…
C’est avec la préparation de cet article que j’ai découvert de nouvelles merveilles, celles qui me hantent de nouveau, comme A NOS AMOURS l’avait fait à l’époque.

L’album dénote des autres albums de par les thèmes abordés. Pour la première fois, Saez aborde l’amour avec optimisme, comme dans la magnifique ROIS DEMAIN. Il rend également hommage à ceux qui l’ont élevé dans la musique et la culture, disparus depuis, dans CHÂTILLON-SUR-SEINE. Puis un hommage à Brel et CES GENS-LA, à travers MARIE. J’aime Brel pour ses interprétations, et j’adore CES GENS-LA pour le moment où « Il y a Frida ». C’est ce que Damien fait avec Marie, la statue de la Vierge, qu’il rêve d’emmener à Broadway (oui, il y interprète un esseulé complètement ivre). CES GENS-LA dure 4’39 minutes, MARIE, 6’36… Durée moyenne des chansons de Damien, soi-dit en passant…
LES MAGNIFIQUES est comme une réponse à CEUX QUI SONT EN LAISSE, mais avec tellement plus d’amour, tout en rendant hommage à la fois à Brel avec LE PORT D’AMSTERDAM et à Gainsbourg et à LA CHANSON DE PREVERT (« Les navires échoués se ramassent à la pelle »).

Bien que j’aime LES MEURTRIERES (superbe titre sur la rupture) ou ROIS DEMAINS, mais qui sont longues à se mettre en route, il y en a une qui marche immédiatement sur moi.
Rien de bien extraordinaire, des accords joués au piano, pas de refrain, des phrases qui n’ont de sens que pour lui et celle à qui elles sont destinées. Mais peu importe. Cette chanson pourrait être dans une autre langue que ça me ferait presque le même effet. Il pourrait parler de n’importe quoi que ça serait pareil…
Et ce moment où sa voix aigüe se rajoute à sa voix grave, pour dire ces doux mots : « Il paraît que l’océan chante »… voilà la chanson qui m’accompagnera jusqu’au bout.

À nos amours · Saez
Messina (Les échoués, Sur les quais, Messine) (Extraits)
℗ 16 Art under exclusive licence to Cinq 7 / Wagram Music

Alors, avant d’attaquer la suite, deux mots sur l’album qui a suivi Messina. En 2013 est sorti MIAMI, l’antithèse de MESSINA. Quand l’un représentait la France d’avant, l’autre part dans les extrêmes de l’Amérique. J’ai détesté, et je déteste toujours. Le seul album que je ne peux pas réécouter. Et celui qui a marqué la fin de mon assiduité envers Saez. Oui, un triple album dont je n’aime pas tous les titres, un simple dont je n’aime aucun titre, c’était fini, remballé, au revoir fidélité. Je ne parlerai donc pas plus de MIAMI, succession de titres agressifs et sans aucune saveur auquel je n’ai pas adhéré.

8 – LE MANIFESTE 2016 2019

Après MIAMI, je suis quand même revenu à Saez… Pourquoi ? Parce qu’il a le chic pour « m’envoyer » des messages par des voies détournées… Les réseaux sociaux, notamment, à coup de « Je n’aime pas Saez, mais… ». C’est comme ça que j’ai renoué avec le Sieur Damien…
Mais sinon, LE MANIFESTE, qu’est-ce que c’est ?  Concrètement, cela se résume à cela :
2016 : sortie de l’album L’OISEAU LIBERTE, composé de deux disques dont un de trois titres (j’ai appris récemment qu’il s’agissait en fait d’un préambule à l’album d’après, deux des trois titres se retrouvent donc sur LULU).
2017 : sortie de LULU (triple album, Acte II du Manifeste)
2018 : #HUMANITE (Acte III)
2019 : NI DIEU NI MAITRE, qui reprend 15 titres des 3 précédents albums, et 24 inédits.

Je passerai sur les 3 premiers actes parce que d’abord je n’ai que le premier, et puis parce qu’on en retrouve une partie dans ce MANIFESTE 2016 2019. C’est donc de lui dont on va parler.
Concrètement, il s’agit d’un double album composé chacun de deux disques… Premier album : L’HUMANITE, deuxième album : L’HUMAIN.
La pochette : recto : Damien qui fume, verso : Damien/Jésus Christ. On ouvre et là, une claque : en lettres capitales blanches sur fond noir : à gauche NI DIEU, à droite NI MAÎTRE. On déplie encore, et là on voit les 4 listes de pistes : deux pour L’HUMANITE, deux pour L’HUMAIN.
J’ai encore du mal aujourd’hui à comprendre vraiment l’intention derrière ce quadruple album.

Les thèmes abordés sont variés : bien sûr, il y a tout le volet politique, avec ces 7 titres sortis gratuitement en EP sous l’intitulé LIBERTAIRE, à l’occasion des 1 an du mouvement des Gilets Jaunes. D’où est extrait le fameux MANU DANS L’CUL (pour ceux qui ne sont pas au courant, c’est un titre dans lequel Saez s’imagine être un Gilet Jaune qui s’en prend vertement à notre Président et à sa femme… sur l’air du PETIT ANE GRIS d’Hugues Aufray !). Mention spéciale à CAMARADE PRESIDENT, plus fort et raisonné que MANU DANS L’CUL et qui présente l’intensité et les accords d’A NOS AMOURS… Mais il y a aussi un certain nombre d’œuvres qui m’ont complètement prise au dépourvu. Je connaissais le Damien contestataire, je connaissais le Damien romantique, mais je ne connaissais pas le Damien humaniste… Et surtout, au vu de l’album GOD BLESSE et de ses propos envers les stars exilés pour ne pas payer d’impôts, je ne m’attendais certainement pas à plusieurs titres hommages aux victimes des attentats de Charlie Hebdo et du Bataclan, et encore moins à un hommage au Taulier…sae_5

Et puis il aborde des thèmes plus personnels, comme la mort de son grand-père maternel, centenaire immigré d’Algérie. Il aborde également la fin de vie et la façon dont on laisse mourir nos « vieux », dans ses « abattoirs pour vieux où l’on stocke la viande », dans l’émouvant MA VIEILLE (« C’est elle qui perd la tête et c’est moi qui ai mille ans… »). Il y a également beaucoup de titres sur les femmes, la plus marquante étant NONNE OU PUTAIN, un équivalent à MARIE OU MARYLIN mais en beaucoup moins rock et plus flatteur, dans laquelle il clame, pour le plus grand plaisir de ses fan.e.s que « la Femme est Dieu sur Terre ». Il rend aussi hommage à Renaud avec LULU qui rappelle MANU, mais surtout avec MA GUEULE, dans laquelle il reprend la mélodie de EN CLOQUE pour aborder le thème de la paternité.
Enfin, il y a des titres totalement WTF, avec BONNIE, qu’il a dû écrire complètement torché ( Bonnie torchée, Bonnie torchon, Qui donne à bouffer aux cochons ) ou encore BURQA ( Moi j’dis « Les moches en burqa et pis les bonnes en bikini »)
On retrouve également ses critiques sur la société et les réseaux sociaux, ainsi que sa vision de la province et plus globalement de la France, des déclarations à diverses femmes imaginaires et des hommages à Notre-Dame-de-Paris.

En termes de composition, c’est un peu moins varié qu’a son habitude… l’écriture est identique sur beaucoup de morceaux, à savoir la répétition des mêmes mots à chaque début de ver (« Il y a », « C’est », « Je suis » etc., selon les chansons). Musicalement, on repart sur son style classique : des accords identiques pendant 6 minutes, avec des arrangements. Beaucoup de titres très calmes, et puis certains qui remuent bien (BONNIE et BURQA en tête).
Personnellement, il ne détrônera pas les premiers albums, puisqu’il souffre ce que je reprochais déjà à MESSINA, c’est-à-dire un ensemble très hétérogène, pas de bons titres rock, et, il faut le dire, une certaine paresse niveau paroles et aussi mélodique pour un certain nombre de titres…
Maintenant, on peut espérer qu’après une fin d’année 2019 difficile, Saez se reprenne en main et nous revienne en meilleure forme, à tous les niveaux…

J’ai opté pour celle qui est la plus rock à condition de tenir les préliminaires de 4 minutes. Je souligne l’exploit que ce type est capable de faire : arriver à rendre modernes les vieux prénoms comme MARGUERITE et maintenant celui-ci. C’est ainsi que, si vous pouviez me voir derrière mon écran, vous me verriez en train de hurler « GERMAAAAAAAIIIIIINE » le volume à fond….

Provided to YouTube by Wagram
Germaine · Saez
Germaine, Jojo, Mandela (Extraits de l’album « Le Manifeste 2016 2019 Ni dieu ni maître »)
℗ 16 Art under exclusive license to Cinq 7 / Wagram Music

Voilà, le tour d’horizon est terminé. J’avoue, j’ai pris mon temps pour écrire cet article, pour plusieurs raisons : quand je me remets à écouter Saez, c’est comme une drogue… Puis je dois faire un sevrage forcé, pour remettre mes idées au clair et penser à autre chose, avec interdiction de replonger. Et puis, cet article me tient particulièrement à cœur car il présente une partie de moi assez importante que je ne confie que rarement, et même difficilement…
Enfin, cette immersion fut un réel plaisir. Il s’agit même du seul article que j’ai pu lire, relire et modifier sans gêne aucune ! Parce que quoi que j’en dise, cet artiste, par sa musique, ses mots, sa voix, fait déborder mon cœur comme aucun autre…

Bonus, parce que quand j’aime, c’est passionnément, et donc j’en ai encore sous le coude : un inédit qui n’a vécu qu’en live, jamais sorti en album, mais qui aurait mérité de l’être…sae_0

——

En B.O. : un titre emblématique, en espérant que ça arrive le plus tard possible… :

121 comments

  • Présence  

    […]

    Pilule – Très, très bien : ça m’évoque la poésie de Téléphone, et la rage de Bernie Bonvoisin, le chanteur de Trust. Des paroles plus développées que celles de Bernie, qui expriment très bien le ressenti, la sensation d’être un fétu de paille dans un système qui charrie des flots d’individus sans valeur.

    Des p’tits sous – Des paroles à nouveau bien troussées, et comme un air de Mano Negra dans la musique.

    À nos amours – J’ai mieux compris tes remarques sur sa diction particulière, car il a fallu que j’aille voir les paroles pour comprendre certains mots. Le thème et le rendu ne me parle pas.

    Germaine – Un portrait saisissant. Par certains côté, ça me rappelle les chansons les plus noires de Juliette (Noureddine) en plus cru, en moins littéraire. Je n’imaginais pas que ce genre de chansons puisse exister. D’un point de vue créatif, ça me fait très plaisir de découvrir un artiste avec le courage de donner forme à ses idées si peu conformistes. L’intensité de l’émotion suscitée m’évoque également les textes des chansons cruelles de Lynda Lemay.

    J’veux qu’on baise sur ma tombe – L’accompagnement en batterie sèche, peut-être boîte à rythme, me refroidit tout de suite. J’ai peu d’exemples en tête où ça fonctionne à mes oreilles. Les paroles sont trop vagues pour mon esprit trop cartésien.

    Quelle découverte ! Voilà un artiste que je n’aurais jamais écouté sans ton article, dont je n’aurais même pas soupçonné l’existence, encore moins la démarche artistique si personnelle. Merci pour cette visite guidée tellement agréable.

    • Bruce lit  

      @Kao’ : j’ai écouté hier le disque 3 de VARSOVIE et comme Présence je suis soufflé : comment ai je pu passer à côté de tels disques si maîtrisés tout en rage contenue. Je n’ai pas encore écouté les albums électriques mais je suis formel : ce mec maîtrise parfaitement les compositions acoustiques ! Ses disques étaient introuvables hier à Gibert. C’est tant mieux, me voilà motivé par une belle quête qui va me prendre des années ! Youpi !

      • Kaori  

        Le troisième disque, c’est lequel ? PARIS ?
        Parce qu’ils sont quand même assez différents les uns des autres.
        PARIS est mon préféré, mais grâce à cet article, je redécouvre des titres sur lesquels je n’avais pas accroché il y a 10 ans et qui sont présents sur les deux autres albums.

        Tiens d’ailleurs, j’ai tilté ce matin que tu avais mis en gras L’ABATTOIR comme si c’était un titre d’albums, alors que c’est un titre de chanson, sur L’ALHAMBRA.

        Et quand tu parles d’avoir écouté GOD BLESSE, tu parles aussi de KATAGENA (celui qui comporte USE) ou pas encore ??

  • Kaori  

    @Presence : Merci pour ton retour détaillé.
    J’apprécie d’autant plus cette démarche, comme celle de Cyrille, alors que ce n’est pas « votre came ».

    @JP et Matt : merci aussi d’avoir essayé et d’avoir pris des gants pour un artiste qui n’en prend pas.
    J’ai l’impression que pour aller au delà de la barrière vocale, il faut se brancher sur une certaine fréquence, se faire violence. Mais ça peut aussi être complètement rédhibitoire. Comme je le dis souvent : ça passe ou ça casse, c’est quitte ou double, on adore ou on déteste. Mais c’est rare de rester neutre. Bravo à Présence pour ça.

    @Bruce : oui c’est ce que je me suis dit : tu vas avoir du mal à trouver les vieux albums.
    C’est une fierté pour moi d’avoir réussi à réhabiliter l’Ours, surtout à tes yeux (ou plutôt tes oreilles), toi qui t’y connais tant en musique et en rock.
    Si un jour tu penses aller le voir en concert, on se fera ça ensemble. (Je n’en ai jamais fait, faute de courage et de compagnon. Ne pas le voir en concert serait mon plus grand regret.)

  • Jyrille  

    Light The Way : j’aime bien, ça me rappelle des trucs des années 70.

    A ton nom : encore le spectre de Bertrand Cantat dans la voix, mais la voix ne m’horripile pas ici. On est dans la pure tradition de la chanson française et pour une fois, je trouve ça chouette.

    Dans le bleu de l’absinthe : retour de la voix horripilante, dommage. Par contre musicalement c’est plus intéressant, ça sonne très Nick Cave. Tu as déjà écouté Nick Cave and the Bad Seeds ?

    • Kaori  

      Non, jamais… Rah je me retiens de t’en coller d’autres du même album, comme le fameux AUTOUR DE MOI LES FOUS pour que tu me donnes ton avis ^^;;;

      • Jyrille  

        J’ai eu ma dose, largement, alors non je n’en écouterais plus avant trèèèèès longtemps 😀

  • Thomas  

    Merci beaucoup pour cet article. Je viens d´Allemagne ét franchement, je ne comprends rien, je n’écoute que de la musique, je suis les sentiments et je crois que Saez a le cœur au bon endroit. Nous avons visité le concert à Bercy en décembre. Nous avons découvert Saez par Messina, et depuis lors, seulement étonné. Comme il ne viens pas en Allemagne, nous avons voyagé à Paris. J´en ai vu beaucoup, certainement pas tous, et je m’attendais à un très bon concert. Mais ce que nous avons vécu était incroyable. Cette intensité, ce pouvoir qui provenait à la fois de Saez et du public était comme une attraction. Nous ne pouvions pas chanter avec aucun texte et savions à peu près de quoi il s’agissait. Il va droit au but. Depuis lors, j’essaie de comprendre sa musique. Pas simplement parce qu’il n’y a pas tellement d’informations. Un grand merci donc à cette analyse détaillée de son travail.

    • Kaori  

      Willkommen Thomas !

      Si mon allemand n’était pas si lointain, j’aurais avec plaisir conversé avec vous dans votre langue natale !
      Malheureusement, je suis plus à l’aise avec l’anglais !

      J’ignorais que Saez avait traversé la frontière franco-allemande. C’est un vrai plaisir de trouver ici un de ses fans allemands.
      Je suis ravie d’avoir pu vous aider à comprendre un peu plus son univers et son parcours.

      Il va parfois en Moselle. J’ai pu trouver un live à Ammeville, près de Metz, où il a fait un super concert et a été extrêmement bien accueilli, à tel point qu’il est revenu pour un rappel, très ému, ce qu’il ne fait jamais…
      Il force l’admiration, parce qu’à Paris, il était loin d’être en forme (il avait fait un malaise quelques jours avant) et pourtant il a tenu jusqu’au bout.

      J’espère que vous arriverez à comprendre encore plus ses textes, j’aurais pu vous aider, mais seulement en anglais. Tout ce que je sais dire désormais en allemand, c’est Ich bin kranke, Danke schönn, Bitte Sehr… Was ist das et Ich spreche deutsch…. De quoi regretter de ne plus savoir parler allemand !

      • Thomas  

        Merci Kaori, english is better for me, too. Although I would like to freshen up my poor french that i learnt many years ago at school. To study Saez´ lyrics will be good lessons. Of course, I did not notice his Marseille/Dijon accent:)
        Music goes beyond frontiers, and I have the feeling that his lyrics adress problems, everybody can refer to, no matter what nationality.
        I cannot imagine him performing even better than at Bercy, except not sitting in a chair. The power of his voice was overwhelming.
        Since that day, I am wondering why he is not better known all over Europe or in the world. By far, this concert was the best I have seen.
        I had to laugh about imagining you shouting « Germaaaaiiiine ». I feel the same at many songs, and I like the typical build up, slow start and exploding finish.

        • Kaori  

          Hello Thomas,

          Great, let’s talk in english !

          You know, I don’t think you can imagine that, but in France, names like Germaine, Marguerite… are the names of our grand-grand-grand mothers. And he describes portraits of those young women with very modern words. He sing pain and sadness like nobody else in France currently…

          If you search on YouTube, you will find many videos of concerts.
          I’ve never seen him yet, but I really want to. One day…

          • Thomas  

            He sings like nobody else, not just in France. The pain and sadness can be felt without understanding every word.

            You Tube helped me a lot to discover his music, yes. And its algorithm gave me names of other French singers I didn´t know before, like Renaud or Thiéfaine.
            I know Noir Désir and Brel and some newer names. But Saez is all-in-one, he has it all. As your title suggests, rock AND melancholy.

            So many questions, the lyrics, the protest, etc.
            And what is this site about? I thought a rock music magazine, when I found your article, but it seems not.

          • Bruce lit  

            Hello Thomas
            My site is about popular culture. It began as a comics reviewer then turned progressively into something larger : cinema, tv shows, mangas etc. . My credo is From the geek culture to culture with a big C.
            With this ambition, with my team, we built the Friday Rocks, a place where every members of the team talks about his/her music.
            You ll find it juste here
            Welcome dude !

  • Tornado  

    Pfiou… Ces jours ci j’ai pas eu le temps de lire tous les articles (et encore moins d’écouter le vendredi rock). Mais je le ferai dès que j’aurais un moment, promis 🙂

  • Jyrille  

    @Bruce : je ne connaissais pas ce titre de Gainsbourg qui met Baudelaire en musique, c’est super !!

    @Kaori je continue.

    A nos amours : un titre qui sonne comme du Pialat ou du Rohmer, du cinéma… Toujours Bertrand Cantat dans le chant, mais ça passe. Je crois que lorsqu’il se pose pour des choses simples, je pourrai apprécier. Ici c’est le cas.

    Germaine : le début fait énormément penser à Renaud, la musique ne me parle pas, trop répétitive. C’est effectivement éreintant… J’aime bien quand ça pète, mais pas assez pour trouver ça génial.

    J’veux qu’on baise sur ma tombe : une référence directe à Boris Vian cette fois. Version live parce que je ne suis pas dans le bon pays… C’est vraiment toujours pareil pour moi, j’accroche vraiment pas. Même si je peux comprendre qu’on puisse aimer ce romantisme hurlé et douloureux.

    Putain vous m’aurez plus : toujours pareil, je n’aime pas du tout ce chant qui rappelle autant Noir Désir que les chants révolutionnaires. Je ne sais pas pourquoi, puisque parfois j’en aime, des chants révolutionnaires. Mais là ça m’ennuie et m’agace. La voix sans doute… La chanson réaliste que je n’aime pas.

    Jojo : la litanie de « c’est un peu » me fatigue directement. Je suis désolé, mais ce chant tremblé me semble faux, forcé, je n’y arrive pas. Je n’arrive pas à trouver ça émouvant. Sorry.

    J’accuse : rah non, ce chant, je peux pas, même si ses paroles semblent révoltées comme il le faut.

    Je suis : rien de nouveau, toujours pas d’illumination… Et attention, a priori, il est très connecté aux réseaux sociaux, il se contredirait donc un peu.

  • Kaori  

    @Thomas : How did you discover Saez ?

    @ Jyrille : en effet, il n’est pas toujours cohérent avec ses propos, mais en creusant un peu, on trouve des interviews où il explique lui-même que ses chansons, c’est 10% de ce qu’il pense…
    Il aime le foot, les séries télé. Je crois qu’il ne faut pas le voir comme un prêcheur de bonne parole, mais comme un artiste, qui transforme la réalité, comme tous les artistes. On n’attend pas des écrivains, ni des auteurs, qu’ils nous racontent leur vie. Saez brode beaucoup. C’est compliqué avec lui parce qu’il dénonce des vérités, mais en même temps, ce n’est pas forcément la vérité qu’il vit. Je pense que c’est la vérité qu’il rêve… Au final, quand il critique l’esprit mouton, il se met dedans. Il le dit d’ailleurs, il emploie souvent le « nous »…

    • Eddy Vanleffe  

      a propos des auteurs /chanteurs dont on critique les « incohérences », la même chose à toujours été faite sur Renaud, que ma mère n’a jamais su piffer parce que c’était un « bourgeois qui jouait au prolos pour faire du blé sur leur dos »…combien de fois l’ai-je étendu celle là… « il joue au pauvre… »
      puis après d’être un vendu quand il a soutenu plus qu’activement d’ailleurs Mitterrand.
      le concerné lui-même s’est défendu. Il n’était pas ses textes ou plutôt il n’était pas que ses textes. il ne voulait être le héros/héraut de personne. si on n’était pas content des messages qu’il écrivait et qu’on en voulait d’autres, rien ne nous empêchait de prendre un guitare et de l’exprimer. il a donc souvent été victime de la collision chanteur/chansons.
      il le cherche parfois un peu à force de donner les leçons et c’est la rançon de la gloire.
      en vérité quand on analyse vraiment ce qu’il écrit, il y a plus un esprit « reporter » d’une certaine France qui n’avait pas encore accès aux ondes. il a toujours été fasciné par l’esprit d’insurrection citant mais 1968 ou La Commune et citant les violences policière à tour de bras alors que paradoxalement elles sont bien pire aujourd’hui… il s’est forgé dans sa tête un mode fictif très naïf fait de voyous au grand cœur toujours en rébellion adolescente contre une masse sans visage où il met pèle-mêle tout ce qui ne lui plait pas. C’est pour ça qu’on voyant des jeunes qui ne se reconnaissent pas dans la révolte « Charlie hebdo » il s’emporte et finit par leur dire « bientôt on ne dira plus fils de cons mais parent de cons.. »
      je place Saez dans la même catégorie. son message est si absolu que dès qu’il répondra à un SMS, on lui dira: toi aussi tu es aliéné à la technologie! » « vendu ». et en même temps il a fait des choix de carrière suicidaires.

      • Jyrille  

        Tout à fait d’accord avec ça, Eddy. Cela dit, Renaud ne vient pas d’un milieu super bourgeois non plus, juste un peu confortable.

        • Eddy Vanleffe  

          pas pour le quasi quart monde des HLM…
          une famille qui filmait ses vacances à la camera super 8 dans les années soixante, c’était pas des smicards…
          après je parle de perception « dans le public global » la vérité est bien plus ordinaire en fait.
          perso j’ai beaucoup aimé et beaucoup lu sur Renaud… bio, archives etc…
          j’ai fini par me faire une sorte de portrait de l’artiste.
          je l’aime comme un « tonton » le gars, mais je reconnais aussi ses tics et les trucs qui m’agacent (comme la mise en scène permanente de sa famille qui n’a rien demandé)

          • Tornado  

            Les plus emblématiques sont les mecs et la fille de Téléphone, tous issus des quartiers les plus riches du titi parisien. Pas très rock… Mais bon, ils sont sympathiques quand même. C’est leur musique que je déteste. Et surtout la voix de Aubert.

    • Thomas  

      Some years ago, I heard « Messine », but I can´t remember where and how, sorry, I think it was YouTube. And then « Les enfants paradis ». And since then, I am trying to understand his music and career. Your article now helps me a lot.

  • Jyrille  

    Ebauche n°2 : ah ben là je suis très étonné car j’aime beaucoup ! Pas d’effets, des nappes prenantes, du bon goût… et du Baudelaire. Banco.

    Ma petite couturière : sérieusement, il chante comme Frédéric Fromet sur France Inter, qui est un chanteur parodique. Toujours pas mon truc, toujours très Noir Dez (limite du plagiat de « A l’arrière des taxis »).

    En bords de Seine : ça passe aussi, quand c’est aussi apaisé et posé. Même si je ne vais pas courir après.

    En tout cas, on ne peut pas dire que ce gars fasse dans la demi-mesure. Je suis content qu’il existe, il est vraiment unique dans le paysage musical. Ca prouve qu’il y a de la place pour toutes et tous, y compris les auto-produits, les loups solitaires.

    • Kaori  

      Merci pour tes retours, Jyrille.

      Contente que quelques titres t’aient plu. C’était aussi le but de cet article : faire voir que Saez, ce n’était pas que du sous Noir Désir 😉

  • Tornado  

    Désolé si j’arrive très à la bourre. Mais ces derniers temps je n’ai pas eu beaucoup… de temps.
    Surtout que je ne voulais pas survoler un de ces articles du vendredi rock trop vite. Et surtout pas un article dévolu au rock mélancolique qui, comme on le verra avec mon prochain TOP 10 sur le sujet, est vraiment celui que je préfère…

    Point de départ : Je ne sais pas où j’étais pendant tout ce temps, sur quelle planète parallèle, mais je n’ai jamais entendu parler de Saez ! Encore désolé. Rien. Je n’ai jamais rien entendu de ce monsieur. Et même l’expression « Noir Désir du pauvre », connais pas…
    Lorsque j’ai vu les premières images, je me suis imaginé un jeune issu de la téléréalité comme Julien Doré ou Soan qui en fait des tonnes pour essayer de se démarquer, pour asseoir son image. Un genre de Soan, en fait. Et si ça n’avait pas été présenté ici sur notre blog bien aimé par une estimée collègue, j’aurais fait demi-tour illico presto.
    Avec le recul c’est paradoxal et même totalement couillon : Alors que je déteste la téléréalité et que je n’en ai rien à foutre des Doré et autres Soan, voilà que eux je les connais, et que je ne connais pas Saez…
    Toujours est-il que ce postulat me rend vierge de tout ici. Je découvre l’artiste et ses chansons comme s’ils venaient juste de sortir !

    Tout d’abord je dois dire que cette présentation par ordre chronologique, c’est très pédagogique. Tu as vraiment réussi à créer une historique sur la carrière de l’artiste. C’est parfaitement limpide pour un néophyte comme moi !

    Bon allez, j’arrête le suspense : J’ai quasiment tout aimé ! Il y a juste le titre 6 (J’Accuse) qui sonne peut-être trop Noir Désir (jamais été fan de Noir Désir à part deux ou trois titres et en règle générale je trouve les chanteurs engagés souvent ridicules, le dernier en date, Gauvin, remporte pour moi le pompon du grotesque – je préfère les auteurs qui fonctionnent par métaphore plutôt qu’en chantant « l’Extrême Droite c’est Mal » (la belle affaire !)).
    Ma préférence, à la première écoute, va aux premiers titres (instrumental compris), qui renvoient effectivement à tout ce que j’aime. Contrairement à Présence et surtout à Jyrille, tu prêches ici un convaincu puisque c’est là tout le rock que je préfère : Du lyrisme, de la mélancolie, sans la froideur de la new-wave, sans la laideur aride et le minimalisme ennuyeux et répétitif du binaire punk, sans le boucan agressif du garage ou du rock expérimental. Ça ne se donne pas des airs arty pour contourner les émotions. Ça va droit au but.
    Certes, la voix du bonhomme ne fait pas dans la dentelle et il faut à chaque fois quelques secondes pour s’y accoutumer. Mais l’ensemble finit par se révéler assez envoûtant, et ce dès la première écoute.
    Ce principe d’arpèges simples sur lesquels le chanteur place des montées d’adrénaline marche à fond sur moi. Toutes mes chansons préférées sont construites de cette manière.
    Je suis conquis. Merci beaucoup pour cette découverte. Je m’en vais de ce pas en écouter des albums entiers, en commençant par le début, donc… 🙂

    @Bruce : Une petite erreur à corriger : Ce n’est pas Gainsbourg le premier à avoir mis Baudelaire en chanson mais bien Ferré. Ce dernier consacre un album (les fleurs du Mal) au poète dès 1957. Gainsbourg publie sa chanson sur Le Serpent Qui Danse en 1962 (dans Gainsbourg N°4).
    Ce sont en tout cas les deux premiers à se lancer dans cet exercice d’adaptation et d’en faire un peu une spécialité, ce qui leur vaudra une concurrence et une inimitié assez rude durant bien des années.

    @Edwige : Félicitations pour ces magnifiques illustrations. Toutes plus belles les unes que les autres ! Je plussoie l’idée d’un article spécialement dévolu à tous tes dessins. Mais attendons donc encore un peu, qu’il y ait davantage de matériel divers et varié ! 🙂

    • Bruce lit  

      Oops, je ne connais rien en Ferré : je te crois sur parole.
      Je viens de dire en MP à Kaori que Saez est un artiste que je découvre vraiment. Les disques que j’écoute sont passionnants !

    • Jyrille  

      Tu disais ne pas comprendre mes goûts, mais c’est pareil pour moi, Tornado : je ne comprends pas comment tu peux aimer Saez mais pas Noir Désir ! C’est musicalement très proche, et Noir Désir ne fait jamais de chichis, c’est direct… Tout comme Bob Mould 😀

      @Kaori : merci mais je ne l’ai suivi que de loin, pour me rendre compte à chaque fois que ce n’était pas pour moi. A part les quelques titres que tu m’as fait découvrir. Je crois bien que contrairement à Bruce, je serai incapable de me fader un seul album en entier. Qu’y a-t-il donc de si passionnant, Bruce, dans cette discographie foisonnante ?

      • Tornado  

        Noir Désir je n’ai pas accroché. Mais je n’ai pas insisté non plus. J’ai peut-être raté le coche.
        Comme je le disais leur aura de groupe engagé ne m’a pas tellement attiré. Et puis c’était une époque dominée par le rock alternatif français que je détestais. Je n’ai donc pas fouillé plus loin.

      • Kaori  

        Pour le coup, je suis comme Tornado : je n’ai jamais eu envie d’explorer Noir Désir. J’aime certains titres, mais pas au point d’avoir eu envie de m’acheter un album. Les groupes juste énervés, ça ne m’intéresse pas.

      • Bruce lit  

        @Cyrille : certains morceaux de l’album de GOD BLESS m’ont beaucoup touché. Il m’est même arrivé hier matin d’en avoir la chair de poule. Je n’en dis pas plus : je me suis engagé hier auprès de Kao’ d’en faire un article.

        • Jyrille  

          @Tornado et Kaori : je comprends pourquoi vous avez loupé ce groupe, mais je pense encore sincèrement que c’est le seul groupe de rock d’envergure que nous ayons jamais eu en France. Téléphone n’a jamais eu la même aura ni la même posture engagée. Et ils sont bien plus qu’un groupe énervé. Ils font tellement partie de mon histoire que c’est un peu compliqué d’en parler (c’est Tostaky qui nous a fait acheter nos premiers instruments, j’ai joué ce morceau à mon mariage alors que je n’étais même pas au courant), mais les textes poétiques de Cantat, ce mélange de chanson française et de rock, c’est l’équilibre parfait, très compliqué à atteindre. Essayez donc MARLENE, LE FLEUVE, OUBLIE, A TON ETOILE, JOEY, APPRENDS A DORMIR, LOLA, PYROMANE, LA RAGE, (version live)…

          Pour moi, ils sont rapidement sortis du carcan alternatif, dès le début des années 90, après Du ciment sous les plaines, leur second LP (il y a eu un autre LP avant, Veuillez rendre l’âme et un EP, Où veux-tu que je regarde). Ils sont bien plus riches qu’un groupe de rock.

          @ Bruce : ahahaha trop facile ! Mais merci tout de même de prévenir.

          • Kaori  

            @Jyrille, je connais MARLENE et A TON ETOILE.
            J’aime beaucoup MARLENE (je l’avais encore dans la tête hier), je n’aime pas vraiment A TON ETOILE. Celle que j’aime vraiment à fond, c’est COMME ELLE VIENT.
            Mais dans ce groupe il me manque ce que j’ai mis comme titre d’article : la mélancolie.
            C’est un groupe rock, je ne le conteste pas, et certainement un des meilleurs, si ce n’est le meilleur. Mais ce n’est pas que pour le rock que j’aime Saez.

          • Tornado  

            Alors le soucis à présent, c’est qu’il est difficile de prendre la discographie du groupe avec le recul, à cause de ce que Canta a fait. Je sais, cela n’a rien à voir avec la musique, c’est con, mais ça va forcément interférer dans le ressenti, j’en ai peur.
            Alors oui, je me souviens que TOSTAKY était une bombe à l’époque. J’adorais. J’ai même adoré Le VENT NOUS PORTERA (effectivement équilibre idéal entre rock et chanson française), AUX SOMBRES HEROS DE LA MER, tout ça. C’était très bon.
            Mais après ils sont passés du côté des bobos gauchos engagés et là mon côté anar, c’est plus fort que moi, a développé une allergie directe ! 😀

          • Jyrille  

            @Kaori : il faut écouter la version de A ton étoile que Cantat a faite avec Yann Tiersen lors de la Black Session de ce dernier. Elle est bien meilleure. Essaie Oublié, Lolita nie en bloc.

            @Tornado : je comprends. C’est difficile et je ne sais pas si je peux y faire quelque chose car c’est légitime. Personnellement tout comme Titans ou Locke and key, j’essaie d’appréhender sans parti pris ni attendre quoi que ce soit.

  • Kaori  

    C’est marrant… Je me suis faite une montagne de cet article, à me dire que j’allais me faire jeter par les collègues concernant mes goûts musicaux, soit parce que je pensais que vous connaissiez et que vous détestiez (vu votre culture rock à tous, je penchais vraiment là-dessus), soit parce que, bah, vous alliez détester après découverte…

    J’ai mis des mois à me décider (j’ai commencé l’article en avril, je l’ai fini en janvier…). Et sans Eddy, je ne l’aurais probablement jamais envoyé…

    Je sais que je ne convertirai jamais ceux qui n’aiment pas, ça n’a jamais été mon but. Juste montrer les facettes moins connues de l’artiste. Et au final, je me rends compte que même les plus cultivés en rock sont passés à côté de sa carrière (à part Jyrille). C’est assez hallucinant, pour moi.
    Bien sûr, quand on voit sa méthode de promotion (ha ha !), on comprend bien pourquoi…
    Bref, avoir réussi à faire connaître et aimer Saez (le mérite lui en revient, bien sûr) à certains membres de l’équipe, ben, ça fait quelque chose, mine de rien 😀

    Donc merci pour vos retours, positifs comme négatifs.

    Et désolée Boss, y en n’aura pas d’autres comme celui-là, parce qu’il n’y aucun autre artiste qui me passionne autant…

    @ Tornado : oui, j’aime bien la chronologie, les tableaux, le rangement de données etc…
    Là aussi j’ai mis du temps à me décider : par style ? par thème ? Et puis le plus simple et le choix qui permettait de voir sa carrière de la manière la plus large possible, c’était par album, et donc par ordre chronologique.
    Hâte de lire ton prochain top 10 😉 .
    Et n’hésite pas à revenir sur cet article pour partager tes opinions sur les albums de Saez, bien sûr !!!

  • Thomas  

    Hi, anybody still here? I just came back after weeks and months listening to Saez´ discography. I am not yet ready to comment, it´s all too much and…too fascinating music, almost impossible to describe in words.
    I also followed your discussions here with help of google translator, very interesting for me to read and learn from you.
    All the comparisions to Noir Désir, of course inevitable. But all and everybody is influenced by someone before in time, it´s just natural. It´s what an artist is making of his own, and here Saez in my opinion created something like never before.
    I agree with your description of rock & melancholie, that absolutely hits it.
    I can only guess the lyrics and will never fully understand, but Saez´power, his emotions which seem honest to me, his social conscience, his range from slow and quiet to fast and loud, is unmatched.
    Saez is the best, and you can be very proud of him in France.
    my favourite songs at the moment: Notre-Dame Mélancholie, Ma Vieille, Tango, Camerade Président, Sauver cette étoile, Ty y crois, Mon Européenne…ok i stop.
    I continue to study your article:) so much to learn in life.

    • Bruce lit  

      Hi Thomas
      Like you, i used to think that Saez was a Noir Desir Like before this article !
      Oh boy, was I Wrong ! Thanks to Kaori, i’m discovering a full time poet with a incredibly inspered writting. Im seroiuslky thinking about writting my own article about this guy. Stay Tuned !

    • Kaori  

      Welcome back, Thomas !

      Always happy to converse about Saez, I could speak hours about him.
      I totally agree with you about his inspiration, and his impact on us.
      He’s like a spyral : once you get catched, you can’t escape…

      The songs you chose are some of my favourites too.
      I have discovered Saez thanks to Sauvez cette étoile. So desperate and intense. So true… Poet, interpret, composer, singer, at 22… He was a prodigy !
      I can’t listen to Ma Vieille without shed a tear… The moment where he says « Maman »…
      Here are the lyrics, if you want to translate… You’ll understand…
      https://www.saezlive.net/songs/lyrics/258/ma-vieille
      This is somehow a tribute to a famous song in France, called « Mon Vieux », a song about a son who remembers his missing father, finally calling him « Papa ». Also very emotionnal.
      Notre-Dame mélancolie : I love when his voice breaks, at the end…
      Camarade Président is one of my favourites too, for no reason. Just listen to the music, the words, that’s it…
      Tu y crois is terrible in live…

      • Thomas  

        @Bruce lit: more articles about Saez is great news! please in english:)
        @Kaori: the video to « Ma vieille » with the performance of the painter is incredible. at the end the writing on the wall…thanks for the note of « Ma vieux ». Daniel Guichard? never heard of him. beautiful song, so quiet. like a french movie, nobody says anything, but all is happening:)
        Is anything known of Saez relationship to his mother?

        • Bruce lit  

          @Thomas : i’ll send u an email when the article is ready. But, not now, I really want / Need to get into the God BLess Album and it’s amazing footage and influences.
          If u want more music articles then, im sure that u ll find your happiness here. Try and i’ll translate in your hour of need .

          http://www.brucetringale.com/tag/musique/

        • Kaori  

          I don’t know the video of « ma vieille ». It’s impossible to find on YouTube here.. Could you please show me that ? ^^

          Saez is very close to his mother. She is a support for him since the beginning. His name is Cherifa and she is mentionned several times on the booklets.
          His parents got divorced whan he was young. He has a stepfather and half-brothers.
          The song « Ma vieille » isn’t really about his own mother, but about how we treat our parents when they can’t take care of themselves anymore… About Alzheimer also…

          Yes, « Mon Vieux » is a song from Daniel Guichard. My parents listened to his songs when I was young ^^ .

          • Thomas  

            @Bruce lit: I really appreciate this a lot. I never expected that there is still so much music to discover.

            @Kaori: I didn´t know, the video is not on youtube. I saw it on Saez app « culturecontreculture ».
            I would send you the video, but I don´t know how to do it. for sure you will find people who can show it to you.

          • Kaori  

            Thank you very much, Thomas… It worked…

            The performance is heartbreaking. Words mixed with this painting, it’s… There’s no word…
            Tanguy Roland had already made a beautiful painting with a song from Damien : Tous les gamins du monde, a song about the Charlie Hebdo shooting…
            https://www.youtube.com/watch?v=YQi9KaEAZ8U

  • Thomas  

    This combination of music and the paintings is fantastic. They seem like soul brothers. If I had money, I would like to buy the painting of the empty chair at the end of the video of « Ma vieille »..

    I hope you are well in France! I heard your « Président » yesterday: « Nous sommes en guerre. »
    Here in Germany it´s not yet war-like, but getting more difficult day by day. At least we all have music. Take good care!

    • Jyrille  

      Thanks Thomas ! For the moment, we try to follow the directives, but some of us are going to work. We will see in the next days how it will be to afford supplies… Fortunately, the weather’s fine, we can enjoy our terrace ! I know that your borders are now closed for french people.

  • Thomas  

    Hello, I hope you are all well during these strange times…I found this, probably you know about it, but I thought to pass it on.
    http://www.saez2021.fr/
    Take care and best wishes from Germany!

  • Bruce lit  

    Putain Kaori, mais ce mec est un génie….
    Je découvre ce soir Katagena, c’est si beau…Merci du fond du coeur !

    • Kaori  

      Je sais, Bruce, je sais…
      J’ai bien vu que tu l’avais pris, lors de tes derniers achats, j’étais (presque) sûre qu’il te plairait…
      C’est une immense joie pour moi d’avoir réussi ce partage….

  • Patrick 6  

    Et bien suivant tes conseils je m’approche lentement mais surement de l’intégrale du sieur Saez !
    Quoi qu’il en soit tu as cependant oublié de mentionner un détail dans ton article : s’y retrouver dans sa discographie pléthorique est assez compliqué ! Entre les albums scindés en plusieurs parties avec des pochettes différentes, ou parfois le contraire : pochettes identiques mais titres différents… ^^
    Bref allons-y gaiement pour les albums que j’ai pu trouver :

    -JOURS ETRANGES : L’album qui m’a fait qualifier Saez de Noir Désir du pauvre ! (ou pire… le Luke du pauvre ^^) Bon je plaisante, ça fonctionne, c’est pas mal à défaut de génial. Un bon début (même si au final je pense que je vais revendre ce disque ^^)

    -GOD BLESSE : Bon là c’est déjà nettement mieux, Saez trouve sa vraie voie. Premier double album également. Le premier disque est assez Rock, le deuxième et nettement plus planant, instrumental pour l’essentiel. L’un des meilleurs je pense.

    -DEBBIE : Je l’aime bien celui-là aussi. Plus noir mais plus Rock. Ca fonctionne très bien aussi.

    -VARSOVIE/ALHAMBRA/PARIS : Ohlala… alors là ça se barre en noix sévèrement ! Ce triple album (vendu séparément ou ensemble) est à peu près insupportable pour les 2 premiers ! Saez chouine non-stop pendant 1 heure… A priori il a fait ces disques après une rupture, mais pour le coup le désespoir ne l’inspire pas ! Dieu que c’est chiant ^^ Heureusement le 3ème PARIS relève un peu la barre et insuffle un peu de vie dans cette ambiance mortifère (et soporifique)

    -J’ACCUSE : Il s’agit de mon préfère. Enervé et en colère le disque sonne juste et est très prenant ! Et en plus la pochette est très belle.

    -LE MANIFESTE : Bon là je commence à ne plus rien comprendre ^^ Cet album se compose selon les versions d’un ou 4 disque ^^ Tous vendus ensembles ou séparément mais toujours avec la même pochette !! Seul un sous-titre sur les pochettes permet de les différencier : L’oiseau liberté / Mon Européenne / Lulu / Les bords de seine. (et encore je ne suis pas sûr qu’il n’y en ai pas un 5ème disque qui se ballade) Bon au final indépendamment du concept biscornu, l’album est très réussi et poursuit la veine de J’accuse.

    -LE MANIFESTE 2016-2019 Ni dieu ni maitre : Même titre que les 4 (ou 5) albums précédents mais pochette différente. Par contre sur les 4 CD (car oui cet album comprend 4 CD) 1 tiers des morceaux ont déjà été utilisés précédemment… Le bordel complet. Il devait être saoul au moment de choisir les titres.
    Bref en faisant abstraction du concept pour le moins vaseux, c’est quand même le disque que j’ai le plus écouté ! Bon ok sur les 4 CD l’un est à peu près inaudible vu qu’il concentre tous les morceaux guitare sèche/voix, avec un max de réverb façon chœur d’église. Mais au final il reste 3 CD pour sauver les meubles.
    A suivre…

    • Kaori  

      Merci pour ton retour, Patrick 🙂

      Je ne savais pas que c’était si compliqué, je suis toujours tombée sur les versions complètes à leur sortie, sauf pour le marron (Lulu Machin toussa). D’ailleurs je croyais qu’il n’y en avait que 3, j’ai zappé le bord de Seine ! J’irai voir ça ^^. À ce rythme, ta discothèque de Saez sera plus complète que la mienne 😉

      Je partage plus ou moins ton avis sur les albums, même si je suis incapable d’être aussi directe.
      Le premier album, j’avoue que je ne l’écoute plus, c’est vrai. Mais il m’est sentimental. Et je sauverai toujours le titre éponyme.

      Pour une intégrale, c’est impossible je pense, entre les titres inédits chantés seulement sur scène et ceux sortis sur des CD 4 titres…

      Je vois qu’il te manque à la liste le MESSINA qui est aussi un triple album, méfiance ^^

      Hâte de lire la suite 😉

  • Bruce lit  

    Hey Kao, juste pour dire que toute la semaine j’ai écouté le soir au calme Paris/ Varsovie/Alhambra et c’est formidable. Je n’en reviens pas de la maturité de cet artiste.

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