Requins de la finance (Punisher : Baracuda)

Punisher : Barracuda par Garth Ennis et Goran Parlov

 Frank va ferrer un gros poisson

Frank va ferrer un gros poisson©Marvel Comics

AUTEUR : JP NGUYEN

1ère publication le 20/01/15- MAJ le 19/05/19

Barracuda est la 6ème histoire de la série Punisher MAX, s’étalant sur les numéros 31 à 36 parus de mai à octobre 2006, elle confronte le Punisher à la criminalité en col blanc mais surtout à un assassin hors norme, qui donne son nom à l’arc.

Fidèle au poste, Garth Ennis est au scénario tandis que les dessins sont de Goran Parlov et les couleurs de Giulia Brusco.  Toute la série Punisher Max est disponible en français chez Panini avec une très bonne traduction.

Le récit s’ouvre sur une scène en pleine mer, avec Frank Castle sur un bateau, alors que dans l’eau flottent des cadavres à moitié dévorés par les requins. Ennis nous fait ensuite remonter le temps pour nous narrer comment le Punisher en est arrivé là.

Tout commence par une descente chez des dealers, à l’issue de laquelle Frank délivre fortuitement un homme nu et ligoté. Ce dernier semble avoir été victime d’un contrat mais au lieu de l’exécuter comme prévu, ses tortionnaires l’ont gardé en vie pour abuser de lui sexuellement. Dans un premier temps, Castle juge qu’il n’a pas à en faire plus et laisse le pauvre hère aux mains de la police. Mais il se ravise, le fait sortir du commissariat, le sauvant au passage d’une tentative d’assassinat et lui tire les vers du nez.

Le rescapé s’appelle Si Stephens et travaille pour Dynaco, une compagnie d’énergie qui use de finesses légales pour gonfler ses comptes de résultats et manipuler le cours de son action. Mais elle allait franchir les limites de la légalité en planifiant des coupures d’électricité aléatoires en Floride, spéculant que ces blackouts, relayés par les médias, entraîneraient une hausse boursière. Stephens eut le malheur d’évoquer les conséquences néfastes sur la population de telles actions et fut réduit au silence. Frank Castle place alors Dynaco dans son collimateur et part pour Miami, où est prévue une assemblée d’actionnaires.

Pour garder ses millions, Harry Ebbing décide de faire appel à un "ami" (à Miami)

Pour garder ses millions, Harry Ebbing décide de faire appel à un  « ami »(à Miami)©Marvel Comics

De son côté, après l’assaut du Punisher contre le commissariat, Harry Ebbing, le PDG de Dynaco, se sait en danger et sollicite les services de l’assassin Barracuda. La suite de l’histoire alternera les confrontations très musclées entre Castle et Barracuda avec les manigances de Dermot O’Leary, le bras droit du PDG et Alice Ebbing, son épouse très volage.

Le ton de cet arc est très humoristique, et cette légèreté était sans doute bienvenue après la noirceur de The Slavers. La vedette invitée de l’histoire est évidemment Barracuda, qui évoque un autre ennemi du Punisher : « le Russe » rencontré dans Marvel Knights. D’une stature imposante, c’est un tueur sans états d’âme doté d’une endurance et d’une résistance à la douleur faisant de lui l’égal de Frank Castle. Barracuda est un être abominable mais Ennis arrive à le rendre sympathique en lui faisant adopter une attitude plutôt décontractée et désinvolte.

Frank se fait cueillir dès sa descente d'avion à Miami

Frank se fait cueillir dès sa descente d’avion à Miami©Marvel Comics

A plusieurs reprises, ses ‘ »exploits » sont montrés ou évoqués mais, lors des scènes de dialogue, Ennis lui donne une certaine faconde, pouvant faire sous-estimer sa dangerosité. En plus d’être physiquement impressionnant, il sait aussi être manipulateur, étant plus malin qu’il n’en a l’air. Mais question manipulation et intrigue, il est éclipsé par la très délurée Alice Ebbing, qui séduit Dermot O’Leary et ambitionne tout simplement de reprendre l’empire financier de Dynaco après s’être débarrassée de son mari.

Alice est représentée comme une superbe garce, dont le physique évoque un peu celui de Mary Jane Watson, Goran Parlov confesse d’ailleurs qu’il avait en tête une sorte de double négatif de MJ lorsqu’il a dessiné Alice. Il y a plusieurs scènes de sexe entre Alice et Dermot O’Leary, qui sans être ultra-explicites, dégagent quand même un certain érotisme malsain du fait du contexte d’infidélité conjugale et de la propension d’Alice à préférer les rapports violents. En cela, Barracuda se démarque aussi des autres arcs de la série.

On est habitué au "Fuck" dans les histoires de Garth Ennis, mais ici les personnages joignent souvent le geste à la parole…

On est habitué au « Fuck » dans les histoires de Garth Ennis, mais ici les personnages joignent souvent le geste à la parole…©Marvel Comics

Et le Punisher dans tout ça ? Il dérouille pas mal physiquement, confronté à un adversaire aussi redoutable que lui. Visuellement, il évolue quelque peu au fil des chapitres, Goran Parlov lui conférant dans les derniers numéros un physique très massif, design qu’il conservera dans les arcs suivants. Non que Frank Castle soit dessiné comme un gringalet au début du récit mais il est quand même notable qu’il prend plus de muscles sur la fin de l’arc.

Pourtant, après avoir survécu à un premier duel acharné contre Barracuda, Castle utilisera davantage sa tête que ses poings pour combattre Dynaco. Sa tactique s’avère extrême : profitant de la réunion des actionnaires sur un bateau de croisière, il pose des bombes pour faire couler le navire. Garth Ennis glissera habilement que même les membres d’équipages font partie de Dynaco. Ils peuvent donc être considérés comme « coupables » et la moralité de Frank Castle peut alors être sauve pour qui ne serait pas très regardant. Ce choix m’a quand même dérangé lors de ma relecture pour écrire cet article.

L'âpreté du premier duel entre Frank et Barracuda est très bien rendue par Parlov : huit pages de bagarre au cours desquelles Barracuda perd quatre doigts, deux dents et un œil… mais parvient à triompher !!!

L’âpreté du premier duel entre Frank et Barracuda est très bien rendue par Parlov : huit pages de bagarre au cours desquelles Barracuda perd quatre doigts, deux dents et un œil… mais parvient à triompher !©Marvel Comics

Garth Ennis a introduit un élément fortement inspiré du réel avec la société Dynaco qui est un ersatz d’Enron, la compagnie d’énergie qui a fait faillite en 2001, convaincue de fraudes et manipulations boursières. Pourtant, l’utilisation de personnages comme Barracuda et Alice éloigne le récit de la veine réaliste pour en faire un récit parodique. Selon l’état d’esprit du lecteur, cela fonctionne plus ou moins bien.

Autant la posture de Frank face aux proxénètes et trafiquants de « The Slavers » pouvait être convaincante (il les exècre mais sait qu’il ne peut les éradiquer complètement), autant la décision de Castle de faire sauter le navire et de livrer les actionnaires aux requins me semble « too much ». Il est sûr que l’homme de la rue, quand il a connaissance des malversations financières tramées dans les hautes-sphères, peut se prendre à imaginer des sanctions réelles et douloureuses pour des criminels qui semblent souvent s’en tirer grâce à leurs avocats et aux montages financiers. Mais je ne suis pas convaincu que l’on puisse venir à bout de la délinquance financière avec des pains de C-4.

Un discours convaincant de Dermot, qui décide Frank à appuyer sans remord sur le détonateur

Un discours convaincant de Dermot, qui décide Frank à appuyer sans remord sur le détonateur©Marvel Comics

A la fin du volume, la tirade de Dermot O’Leary sur l’impunité dont peuvent jouir ses semblables est, elle, beaucoup plus convaincante. Dermot sait qu’il a le pouvoir car il détient l’argent. C’est l’argent qui a décidé Alice à épouser Harry Ebbing. C’est l’argent qui convainc Barracuda de changer de camp et de rouler pour Dermot et Alice. C’est l’argent qui a fait revenir Si Stephens dans le giron de Dynaco. L’argent et encore plus d’argent pour les actionnaires Dynaco dont on peut imaginer qu’au moins certains n’auraient pas fait grand cas des coupures d’électricité en Floride du moment qu’elles leur assurent un retour sur investissement. Quand Frank fait tout sauter, Ennis donne un exutoire cathartique au lecteur.

Une méprise hilarante mais qui n'est point du goût de Barracuda…

Une méprise hilarante mais qui n’est point du goût de Barracuda…©Marvel Comics

Si l’on accepte de prendre Barracuda plus comme une fable, un récit parodique et divertissant, alors l’exercice est plutôt réussi.

On pardonnera alors les facilités scénaristiques et l’accumulation de coïncidences (le Punisher qui tombe sur Si Stephens, qui reconnaît un flic corrompu passant très brièvement à la télévision, Barracuda qui tombe par hasard sur Frank à l’aéroport, tous les actionnaires réunis sur un bateau…) pour se laisser porter et sourire aux multiples traits d’humour ennisiens : Stephens qui se trompe sur le surnom de Barracuda, induit en erreur par sa dentition abimée; le Punisher fervent lecteur d’Autoloader, un magazine fictif sur les armes à feu; Frank parlant des requins n’ayant pas vu les émissions télés les décrivant comme non-intéressés par la chair humaine… Le tout agréablement illustré par les dessins expressifs de Goran Parlov, dont le trait m’évoque celui de Jordi Bernet (une autre influence perceptible est celle d’Alex Toth, à qui Parlov a dédié ces épisodes…)

"Autoloader" : le magazine de référence des justiciers psychopathes passionnés d'armes à feu

« Autoloader » : le magazine de référence des justiciers psychopathes passionnés d’armes à feu©Marvel Comics

Le lecteur chagrin que je suis parfois déplorera un certain manque d’ambition, ou du moins une sorte de dissonance dans un récit abordant un thème somme toute assez sérieux mais préférant le traiter sur le ton de la farce et du vaudeville. Barracuda est un récit bourré d’humour noir mais, pour une raison que j’ai du mal à formuler, à cet humour se superpose pour moi un sentiment de malaise, ce qui fait que sa relecture n’a pour moi pas été plaisante de bout en bout, malgré les bons passages comiques ou certaines scènes d’action très réussies.

Contre toute attente, le personnage de Barracuda refera surface, ayant même droit à sa propre mini-série en 5 épisodes, avant de revenir pour l’arc « Long, Cold, Dark » et également en flashback dans la mini-série Nick Fury MAX.

Frank recycle ses ennemis....

Frank recycle ses ennemis….

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A la demande de Goran Parlov, JP Nguyen a traduit son article en anglais ! 

 This is a translation of an article posted on the « Bruce Lit” Blog :

 Frank will catch a very big fish

Frank will catch a very big fish

Corporate Sharks article written by JP Nguyen

Barracuda is the sixth story-arc of the Punisher MAX series, going from issue 31 to 36, published from may to october in 2006. In this arc, the Punisher is confronted to corporate crime but, foremost, to a larger than life assassin, who gives his name to the arc.

It is written by Garth Ennis, penciled by Goran Parlov and colored by Giulia Brusco. The story opens with a scene at the sea, with Frank Castle on a boat, surrounded by bloody waters full of corpses half eaten by sharks. Ennis then goes back in time to tell us how the Punisher got there.

Everything starts from a gundown in an apartment used by drug-dealers, as Frank stumbles upon a naked, bonded man. The guy seems to have been the target of a contract on his head but, instead of killing him, the hitmen captured him to abuse him sexually. At first, Castle judges he doesn’t need to do more and leaves the poor guy to the police. But he has a second thought on it and goes back to the precinct to free him, saving him from a crooked cop before hearing his story.

The guy’s called Si Stephens and works for Dynaco, an energy company that uses legal subtleties to improve its financial results and increase its stock value.
But they were about to go further, outside legality, planning to create random blackouts, counting on media coverage of power as a scarce resource to get an even higher stock value. Stephens had the bad inspiration to mention the potential dramatic consequences of such blackouts and got silenced. Frank Castle then has Dynaco in his cross-hair and goes to Miami, where a stockholder meeting is planned.

Pour garder ses millions, Harry Ebbing décide de faire appel à un "ami" (à Miami)

In order to keep his millions, Harry Ebbing calls for a friend

After the Punisher’s assault to the precinct, Harry Ebbing, CEO of Dynaco, knows he is in danger and calls to help an assassin : Barracuda. The rest of the story will alternate very tough fights between Castle and Barracuda with intrigues of Dermot O’Leary, the right-hand man of CEO and Alice Ebbing, Harry’s very naughty wife.

The tone of this arc is very humorous, and this comic relief was welcomed after the previous arc, “The Slavers”, which was very dark. The guest-star of the story is, of course, Barracuda, who evokes another Punisher’s foe : The Russian, that Ennis had created in the Marvel Knights series. Quite tall with big broad shoulders, Barracuda is a merciless killer with tremendous levels of strength and resistance to pain, making him an equal for Frank Castle. He’s a despicable monster, yet Ennis manages to make him look sympathetic, with a cool and laid-off attitude.

Frank se fait cueillir dès sa descente d'avion à Miami

Frank gets caught right after his landing at Miami

On several instances, Barracuda’s very dirty deeds are shown or mentioned but in his dialogues, Ennis is giving him a friendly, talkative behaviour, that makes people under-estimate the threat he represents. He’s not only a huge, physically impressive guy, he’s also a manipulator, smarter than he looks. But talking of manipulative people, Barracuda’s got nothing to Alice Ebbing, who seduces Dermot O’Leary and has the ambition to take control of the company after getting rid of her husband.

Alice is shown as a seductive whore, who’s got some resemblance with Mary Jane Watson. I’ve read that Goran Parlov had confessed to have a kind of negative double of MJ while drawing Alice. There are several sex-scenes between Alice and Dermot, and though we’re not shown everything, there’s a strong sense of “guilty” erotism as Alice is a cheating wife and has an inclination for rough intercourses. It’s a notable difference of this story-arc compared to other Puniser MAX arcs.

We’re used to the « Fuck » word in Garth Ennis stories but here, characters do not only talk about it …

We’re used to the « Fuck » word in Garth Ennis stories but here, characters do not only talk about it …

But what about the Punisher ? He’s having a hard time fighting an opponent as dangerous as him. Visually, he gains some bulk the further we advance in the arc, as Goran Parlov draws him slightly more muscled in the latter issues, a look he’ll keep in further arcs.

But after surviving his first encounter with Barracuda, Castle will use his head more than his fists to fight Dynaco. He’s gonna use extreme tactics : while the stockholders are all regrouped, cruising on a boat, Frank plants bombs to make the boat explode and sink. Garth Ennis will mention that even the boat’s crew are part of Dynaco, so, in a way, they are as guilty as the stockholders and the moral choice of Frank Castle can thus be cautioned, if you’re not inclined to nitpicking. I must admit I was a bit disturbed by this point of the plot when I re-read this arc to write this article.

L'âpreté du premier duel entre Frank et Barracuda est très bien rendue par Parlov : huit pages de bagarre au cours desquelles Barracuda perd quatre doigts, deux dents et un œil… mais parvient à triompher !!!

The toughness of the all-out fight between Frank and Barracuda is very well rendered by Parlov : eight pages of punching, biting, skull-busting and so, while Barracuda loses four fingers, two teeth and an eye, he emerges victorious !

Garth Ennis used a strongly reality-based element with Dynaco, an ersatz for Enron, the energy company who went to bankruptcy in 2001, charged of financial fraud and corruption. Yet, the use of characters like Barracuda and Alice moves the story away from the “real” side for a more parodistic approach. If you’re in the mood for a more light-hearted story, you’re in for a good read.

In the previous arc, the Punisher’s stand against “the Slavers” was convincing but also realistic : he took care of a whole gang, but in the end, he knew he couldn’t stop the traffic and the slavery. In this arc, I find the final act of Frank to be “too much”. Sure, as a common citizen, when I get knowledge of all the bad deeds and frauds of the higher-ups who make tons of money and never get caught, I sometimes wish they could get some real sanctions. Yet, I’m not convinced you can end financial frauds with explosives.

Une méprise hilarante mais qui n'est point du goût de Barracuda…

An hilarious error from Si Stephens, not very well taken by Barracuda…

Near the end of the last issue, Dermot O’Leary has a speech about the immunity he and his fellows can enjoy thanks to all his money he has. It’s money which decided Alice to marry Harry Ebbing. It’s money which convinced Barracudo to switch sides and roll for Dermot and Alice. It’s money which made Si Stephens go back to shelter at Dynaco.

Money and more money for the Dynaco stockholders, among who, we can imagine there were some people not caring the least of the consequences of blackouts if it had provided a larger return on investment. When Frank makes everything explode, Ennis is providing a cathartic ending for his reader.

Un discours convaincant de Dermot, qui décide Frank à appuyer sans remord sur le détonateur

Dermot’s speech is quite convincing, so Frank doesn’t hesitate to hit the detonator

If you read the story as a fable or a parody, then it’s undoubtedly a great success. You can look over all the coincidences (the Punisher meets Si Stephens, glances a crooked cop on TV, Barracuda meets Frank at the airport, all the stockholders reunited on the same boat…) and enjoy all the good jokes provided by Garth Ennis : Si Stephens mistake on Barracuda’s name when he looks at his damaged teeth; the Punisher as adamant reader of Autoloader, a fictive magazine on firearms, Frank thinking of sharks who have not watched Discovery Channel where it’s said they don’t eat humans…

All that is very well pencilled by Goran Parlov, with a very expressive line of art, which reminds me of Jordi Bernet (another influence might be Alex Toth, as Parlov dedicates him those issues…)

"Autoloader" : le magazine de référence des justiciers psychopathes passionnés d'armes à feu

Autoloader » : the best magazine for psycho-killers fond of firearms

Yet, you may be slightly disappointed by a tale that might have been more ambitious, as the core subject was quite “serious” but the story turned out as noir comedy.It’s story to make you laugh, yet, at times, I was not 100% taken by the tale and, while laughing, I had some after-thoughts, despite some great funny scenes and action scenes… (It’s really hard to explain, even more in English; sorry)

Unexpectedly, Barracuda will resurface in his own mini-series before coming back in the story-arc “Long Cold Dark” and in flashbacks of the Nick Fury MAX series.

12 comments

  • Présence  

    Pourtant, l’utilisation de personnages comme Barracuda et Alice éloigne le récit de la veine réaliste pour en faire un récit parodique. Selon l’état d’esprit du lecteur, cela fonctionne plus ou moins bien. – Je garde un excellent souvenir de cette histoire, car pour moi l’association de l’humour (très) noir et de la nature des délits (crimes en col blanc) avait très fonctionné.

    Je partage ton avis su’ plusieurs points. Barracuda (le personnage) est énorme de bout en bout. Sa faconde et sa jovialité sont désarmantes, tout en étant une terrifiante preuve de son absence d’empathie et de sa cruauté mentale (rendue encore plus terrifiante par son intelligence et sa force).

    Concernant Dynaco, j’avais été impressionné par cette forme de progression narrative faisant que Castle ne s’attaque pas qu’au crime de rue, et ne limite pas son action à New York et en territoire étranger. Peut-être qu’Ennis a chois le ton de la farce justement parce que le pouvoir ne l’argent ne se soumet pas à la force physique. En tout état de cause, j’ai beaucoup apprécié l’humour énorme du récit, et la catharsis du massacre final.

    J’ai beaucoup apprécié ton analyse de la force graphique de Goran Parlov que je n’avais pas su percevoir à sa juste valeur lors de ma lecture.

    • JP Nguyen  

      Rétrospectivement, Parlov apparaît comme le choix idéal pour cet arc. Les autres dessinateurs sont bons mais n’auraient peut être pas aussi bien rendu le côté comique de l’histoire.

  • Bruce lit  

    Et bien moi, je souscris totalement à la portée symbolique du récit, alors que la plupart du temps je chipote sur le réalisme de certains scenarii. Barracuda a été une histoire majeure dans l’hypothèse formulée pour l’article de Scarce. C’est à dire que Frank Castle n’est pas un justicier, ni un tueur en série mais bel et bien un prédateur d’autres prédateurs comme dans le règne animal. Sans paraphraser l’article, Castle est décrit comme un tigre par Obrien lors de sa première rencontre, enfant, il s’identifie au même animal. Et ce récit se termine avec le grand requin blanc, le plus grand prédateur mais aussi l’un des plus anciens regardant CAstle dans les yeux, leurs regards rivalisant de froideur. Et puis, le vilain s’appelle Barracuda quand même…..

    Pour voir ce genre de scène, je m’accommode très bien des facilités de scénario tout à fait justes que tu décris.
    J’avoue que la libido d’Alice m’avait allumé lors des premières lectures, mais je n’aurais jamais pensé à faire le rapprochement avec MJ. Bien vu !

    Enfin, à la différence du Russe, Baracuda est doté d’une réelle personnalité qui le rend à la fois drôle et sinistre. Son intelligence comme celle de l’homme de pierre est respectable et en fait un miroir de CAstle, à la différence prêt que Frank, refuse de travailler pour quiconque. Cette versatilité qu’il refuse est bien illustré à la fin du récit, lorsque Baracuda change de camp pour s’allier au Punisher.
    En tout cas merci pour cet article complet avec lequel je ne suis pas toujours d’accord mais fort bien écrit.

    • JP Nguyen  

      Au départ, je pensais laisser cet article à quelqu’un d’autre. La relecture de l’arc m’a fait davantage apprécier les dessins de Goran Parlov mais aussi voir les facilités scénaristiques utilisées par Ennis.

  • Tornado  

    Je n’ai toujours pas lu cet arc !.
    Je pense l’aimer davantage que JP, étant donné mon imperturbabilité envers « les facilités scénaristiques et l’accumulation de coïncidences »…
    Histoire de continuer nos discussions sur les animaux, j’ai la phobie des requins, en même temps qu’ils me fascinent. La vignette où l’on voit Frank jeter un ennemi dans la gueule du grand blanc m’est quasiment insoutenable et me donne des sueurs froides. Véridique !

    • Bruce lit  

      Je n’arrive pas à comprendre ton rythme de lecture Tornado ! Comment ne pas mettre ça en priorité ???
      Avec les serpents, les requins sont les animaux qui me fascinent le plus. Mon grand regret est d’être sûr de ne jamais en voir dans leur habitat naturel du fait de ma santé m’empêchant de pratiquer la plongée.
      Je comprends tes sueurs froides. J’ai lu autrefois que le succès des Dents de la Mer était lié à cette même Fascination / Répulsion d’être dévoré vivant. Certains psys avait lié cela à l’angoisse de castration… Je me rappelle avoir vu Jaws à 12 ans et n’avoir pas dormi de la nuit en me repassant toutes les scènes de dévoration en boucle. Steven Spielberg a été le responsable de ma première insomnie. Je m’en rappelle encore parfaitement….

  • Tornado  

    Mon rythme de lecture est le suivant : Atrocement lent.
    J’ai voulu trop lire de comics ces dernières années et j’ai perdu mon temps avec le mainstream. mais en même temps, pour savoir ce que l’on aime, il faut savoir ce que l’on n’aime pas, et donc il faut le lire !

    « Jaws » m’a marqué à un point qui fait que certaines personnes ne comprennent pas ma phobie. Si je suis dans une piscine et que j’imagine qu’il y a un requin derrière moi, je ne peux pas rester dans l’eau, tout en sachant pertinemment qu’il n’y a pas de requin dans la piscine. Alors on se moque de moi, sans comprendre ce qu’est une phobie…
    C’est à cause de cela que j’ai renoncé à pratiquer la plongée, alors que ça me passionne.

    • JP Nguyen  

      J’avais tenté d’interviewer Goran Parlov pour mon dossier Scarce mais je n’y étais pas parvenu, malgré une première réponse positive, parce que mes questions s’étaient noyées dans sa boîte mail. En revanche, j’avais réussi à avoir Larosa et Fernandez.
      Suite à son dernier commentaire sur Facebook, j’ai recontacté Parlov pour lui reposer les questions de l’époque (qui restent valables). Si par chance il répondait cette fois, je suppose que tu ne verras pas d’objection à poster ses réponses sur le blog, Bruce ?

      Pour la traduction, je peux toujours m’y mettre et voir ce que ça donne (en général, c’est dans cet exercice qu’on constate que notre niveau d’anglais n’est pas si bon que ça, lire c’est une chose, écrire et traduire c’est déjà plus coton…)

  • Jyrille  

    L’article est super mais je ne sais pas quoi dire… Je ne crois pas que cela m’intéresse.

    Par contre je vous rejoins pour Facebook. Lisa Mandel vient d’accepter ma demande d’ami et Numa Sadoul est pote avec une de mes amies, c’est fou. C’est vraiment excitant et intéressant. Mais je crois que je ne m’en suis rendu compte que lorsque Grégory Mardon a accepté mon interview et que mon pote traducteur discute avec Joe Sacco quant à sa planche à côté de la plaque sur Charlie Hebdo.

  • JP Nguyen  

    Bon, c’était pas si difficile, finalement (même si certaines de mes tournures sont certainement plus frustes en anglais). Traduction faite et envoyée à Goran Parlov via Facebook…

  • Bruce lit  

    Wow ! respect for you JP ! Im not used to a bilingual article so I made a (very ) basic presentation. Hope that Goran ‘ll like it !

  • Kaori  

    Oui je l’ai vu il y a quelques années, je suis assez d’accord avec toi. Jodie Foster fait encore une fois un boulot remarquable et je trouve que c’est un bon film dans l’ensemble.

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