The Dancing Dead (Entrez dans la Danse)

 

Entrez dans la danse de Richard Guérineau

En piste BRUCE LIT !

VF : Delcourt 

1ère publication le 14/04/20 – MAJ le 22/10/22 

On achève bien les chevaux ©Delcourt

On achève bien les chevaux
©Delcourt

ENTREZ DANS LA DANSE est une adaptation par Richard Guérineau du roman éponyme de Jean Teulé publié en 2018.  Il s’agit d’un fait divers réel inexplicable : en 1518, la ville de Strasbourg est victime d’une étrange épidémie : sans aucune raison apparente et alors que frappent la famine et les Turcs aux portes de la ville, 2000 personnes se mettent à danser sans interruption pendant deux mois…

L’histoire commence avec Enneline, une jeune femme, qui, la mort dans l’âme jette son bébé dans le Rhin.  S’agit-il d’un enfant déjà mort ou le geste désespéré d’une mère qui ne sait plus comment nourrir son nourrisson ? Guérineau entretient savamment le doute et, n’ayant pas lu le roman original, j’opterai volontiers pour la seconde hypothèse.

Toujours est-il que Enneline rentre chez elle en état de choc. Alors que le lecteur s’apprête à voir cette mère accablée par les remords et le chagrin, celle-ci se met à danser frénétiquement, incapable de prononcer la moindre parole, de raisonner et, bien pire, de s’arrêter  !
Bientôt ce virus se répand partout dans la ville avec pour même point de départ, la peur : celle de mourir de faim, celle d’être envahi par les Turcs ou de l’apparition du protestantisme incarné par Luther et dont les idées, avec l’invention de l’imprimerie, se diffusent aussi vite qu’une épidémie !

A partir de là, Richard Guérineau écrit un étrange survival historique. Le parallèle avec les zombies n’est pas exagéré : si les danseurs ne dévorent pas leurs congénères ou les mutilent comme dans CROSSED, leur destin n’est guère enviable. Les danseurs vont au delà de leurs forces physiques, dansent sans manger dormir ni boire jusqu’en mourir. Le virus, comme souvent dans la culture Zombie est d’origine inconnue et rappelons enfin que Guérineau n’est pas le premier venu puisqu’il illustra en son temps LES ZOMBIES pour la bédéthèque des savoirs.

Rendre son bébé aux eaux de la vie  ©Delcourt

Rendre son bébé aux eaux de la vie
©Delcourt

Son savoir-faire est époustouflant : que ce soit de grâce ou de souffrance, il tord les corps de ses sujets comme personne et conçoit de belles planches muettes, où les danseurs dépossédés de la parole ne sont plus qu’animation. Tout dans la chorégraphie de ces humains au purgatoire du plaisir et de la souffrance conjugués est passablement disséqué puis parfaitement restitué par Guérineau qui montre toutes les étapes de la transe : le plaisir de voir son corps s’échapper pour se mélanger à la foule, oublier sa mortalité pour s’abandonner à la fête jusqu’aux séquelles progressives : les corps ne tiennent plus devant cette frénésie et les pouvoirs publics étudient  toutes les hypothèses pour rétablir l’ordre, y compris celle d’éliminer définitivement les danseurs.

Nous sommes au 16ème siècle et une vie humaine ne vaut pas grand chose. Ce qui choque dans ENTREZ DANS LA DANSE, c’est l’incurie totale des institutions face à ses citoyens.  Le maire de Strasbourg ne se soucie que de la fin de son mandat et ne souhaite pas s’éterniser sur le mal de ce petit peuple dont il n’a que faire. L’ordre médical est totalement dépassé et va préconiser les remèdes les plus délirants, notamment celui de faire danser les strasbourgeois au soleil pour que le virus se dissipe par la sueur.
Au bout de quelques heures, il est décidé de nourrir et d’abreuver les danseurs affamés. Le remède sera pire que le mal puisque ceux-ci vont continuer à danser dans leurs excréments donnant ainsi naissance à d’autres épidémies.

Danse avec les fous  ©Delcourt

Danse avec les fous
©Delcourt

Teulé et Guérineau tirent enfin à boulets rouges sur l’église de l’époque avec des scènes comiques et surréalistes.  On trouve à chaque coin de rue des précepteurs pour monnayer ici le poids d’un  péché, là alléger son séjour au purgatoire. Le lecteur est assommé par les remèdes assénés par l’Eglise qui préconise l’assassinat et la purification par le feu. Il en vient à préférer l’incompétence d’un état corrompu mais non dénué de valeurs à la sauvagerie de fous de Dieu.

Cette danse muette et ses symptômes, libre au lecteur de l’interpréter : hystérie collective ou agonie des corps dans un dernier sursaut de ceux qui n’ont rien, que l’on est capable d’éradiquer sans n’avoir de comptes à rendre à personne ? Guérineau multiplie les pistes et attise l’imagination de son lecteur tout en le plaçant devant l’effroi le plus total : la volonté politique est molle, les médecins sont complètement à la masse et l’Eglise pressée d’envoyer ses sujets dans l’autre monde.

Derrière l’humour, le message est assez sombre : l’impuissance du peuple à se contrôler répond à celle des élites à solutionner.  A la souffrance répond l’indifférence. A la danse  répond la mort. Et à ce drame, le statu quo.  Dans le grand ordre des choses, tout a changé mais rien ne s’est passé.  On aimerait se dire que c’était il y a 5 siècles et que ces gens là en plus d’y danser ne pissent pas sur nos tombes, que nos virus qu’ils soient médicaux ou virtuels sont éradiqués ou éradiquables et qu’à l’heure des autoroutes de l’information, le peuple ne se comporte plus en zombie.  Conditionnel présent.
De quoi vouloir la quitter, cette piste à la con…

Bien dit !  ©Delcourt

Bien dit !
©Delcourt


Le désespoir joyeux autour de la mort et de la danse

31 comments

  • matt  

    Cette histoire d’épidémie dansante est une histoire effrayante et un grand mystère. J’avoue que je suis sur le cul devant de tels symptômes. Des convulsions impossibles à stopper et qui entrainent la mort c’est une chose…mais danser ? Tenir debout et faire des pas de danse dans un semblant de cohérence contre son propre gré ? Qu’est-ce qui a bien pu se passer ?
    De quoi nous faire douter de ce qu’on croit comprendre et connaître.
    Ou des informations de l’époque. Je me demande s’il n’y a pas eu déformation de la réalité.
    Mais bref…

    Ah ça, à l’époque les vies humaines ne valaient pas grand chose en effet. ça peut paraître curieux mais du coup je pense que je ne pourrais guère être choqué par cette BD.
    Enfin ok c’était horrible cette incompétence et ce dédain pour la vie humaine. Mais…on le sait que c’était comme ça. Ce n’est plus une surprise. Ce qui surprend ou choque c’est quand une civilisation très moderne et avancée, tournée vers le social et la santé fait quelque chose d’horrible (au passage c’est un concept satirique de la SF ça^^)

    Mais sinon ça semble joliment dessiné.

  • Patrick 6  

    « Ce qui choque c’est l’incurie totale des institutions face à ses citoyens » euh toute ressemblance avec l’actualité ne serait que pure coïncidence je suppose ^^ Plus ça change plus c’est pareil hein…

    Bref en tous cas l’histoire est aussi intrigante que les dessins expressifs, moralité le je vais me pencher sur cette BD dés le Covid-19 aura fini de danser et nos magasins auront ré-ouvert !

    • Bruce lit  

      @Patrick : en relisant cet article avant publication écrit il y a plusieurs mois, il y avait comme un gout étrange….
      Je te le prêterai si les frontières de nos domiciles sont un jour réouvertes…

      @Matt : aucune explication rationnelle à ce phénomène, même celui d’une hystérie collective. Il faudrait savoir s’ils applaudissaient à 20 heures…

  • Tornado  

    Impossible de ne pas faire le lien avec notre actualité surréaliste et quasi science-fictionnelle ! C’est assez hallucinant et flippant… Et étrangement prémonitoire pour une publication historique !
    Mais c’est la relation avec l’actualité qui veut ça. Je me demande ce que donnera la lecture du même article dans quelques années. Que va-t-on garder de cette étrange parenthèse (et j’espère que ce ne sera qu’une simple parenthèse) dans notre avenir ?

    La BO : J’ai commencé à m’intéresser à Rita Mitsouko avec leur album SYSTEME D, attiré par la reprise (très réussie) d’HOTEL PARTICULIER de Gainsbourg & Vannier. Un excellent album, avec même Iggy en personne !
    Avant ça je ne les aimait pas tellement parce que j’ai toujours eu du mal avec ce genre d’image de punks destroys qu’ils semblaient être au fond (deal de drogue, porno, c’est quand même la totale). J’ai été très surpris en constatant sur les crédits de l’album qu’ils faisaient quasiment tout, Catherine elle-même étant créditée à la batterie, aux claviers, etc.
    A partir de là, j’ai appris que ces musiciens étaient dès le départ des enfants de la balle, des bosseurs, de vrais artistes.
    Je les ai vus en concert. C’était chouette.

  • Surfer  

    Je vais paraître pour un inculte, mais j’ignorais tout de ce fait réel.

    Aucune explication rationnelle n’a été donnée, certes. Mais le fait que le point de départ vienne du geste désespéré d’une jeune femme qui jette son bébé dans le Rhin fait penser une Hystérie probable. Elle deviendra collective par la suite, en raison, je suppose, du fanatisme religieux exacerbé de cette époque.

    Ou, en tout cas, c’est l’hypothèse que je veux bien me donner. Mon raisonnement cartésien cherchant toujours à trouver une explication à tout.

    J’aurai appris un fait historique et intéressant aujourd’hui, cela donne envie d’en savoir plus et de lire la BD.

    Merci pour ma culture générale. Je me coucherai moins bête ce soir ;-).

    La BO: L’hystérique Catherine Ringer ne serait pas atteinte de l’épidémie dansante ? 🙂

    • Matt  

      Une hystérie collective qui dure des mois jusqu’à en mourir, avec des gens qui appellent à l’aide parce qu’ils ne peuvent pas s’arrêter…ça ne me satisfait pas comme explication^^ ça n’a pas de sens.
      Je me demande si des faits n’ont pas été transformés dans les écrits, à cause de superstitions ou je ne sais quoi. Il y a forcément eu un truc qui ressemble à ça, mais est-ce que ça ressemblait vraiment à des danses ?^^
      Il y a des venins/virus qui provoquent des convulsions.
      Danser ça me parait être trop proche d’une maladie mentale, parce qu’il faut quand même être conscient de ce qu’on fait pour chorégraphier des mouvements. Mais une maladie mentale contagieuse ou hystérie qui repousse les limites du corps au point que les gens continuaient contre leur gré…je ne comprends pas. C’est très étrange comme histoire.

      • Surfer  

        Oui, mais je pense que mon hypothèse peut expliquer en partie ce phénomène de pathologie névrotique contaminante.

        Au moyen âge, on avait des connaissances médicales limitées dans ce domaine. On avait aussi tendance à associer ce type de comportement à une possession diabolique.
        Puis l’effet de groupe a probablement aidé à généraliser la chose sur certains individus fragiles psychologiquement. Le contexte de l’époque, là misère… tout ça.

        Ensuite, comme tu dis, il est fort probable que le fait historique est été exagéré, déformé voir même romancé.

        On ne le saura, je pense jamais car il est très difficile de trouver des preuves concrètes .

        Les historiens ne faisant référence qu’à certains écrits rapportés.

  • Jyrille  

    J’avais entendu parler de cette histoire. J’ai toujours du mal à la croire, mais tu me donnes envie d’essayer la bd. Le dessin a l’air chouette, et je sais que transcrire la danse en dessin est compliqué. Le parallèle avec les zombies semble évident, tout comme ta conclusion avec notre situation actuelle.

    Le plus gênant, c’est que tu sembles dire que rien n’a changé en 500 ans, c’est pas un peu exagéré tout de même ?

    La BO : j’adore.

    • Matt  

      Oui c’est quand même mieux maintenant, on ne peut pas le nier^^
      Que ce soit les progrès de la médecine, les aides, etc.
      Par contre niveau organisation face à un problème d’épidémie, on reste mauvais^^

  • Bruce lit  

    @Surfer : bienvenue chez les incultes ! Car avant de tomber sur cet album, j’étais également ignorant de cette histoire. Et bien entendu le mystère de cette histoire rejoint ceux du Masque de Fer, de la Mer Rouge qui s’ouvre devant Moise ou de l’identité de Jack l’Eventreur. Finalement, le mystère n’est-il pas plus intéressant que toute tentative d’explication rationnelle ?

    @Tornado : comme toi, ma relation avec les RIta avait bien mal commencé. On parle d’une époque où ce groupe de rock était portée aux nues par JP Gauthier ou Mondino, un fils de pub. Du boboisme avant l’heure ! Il y avait une hype très agaçante et je n’ai pas suivi leurs albums, si ce n’est Marc et Robert, et le single avec les Sparks que je trouvais fabuleux. J’aimais bien leurs interviews ceci-dit même si leur duo avec un tocard comme Doc Gyneco n’a pas aidé à changer leur image de bobos à mes yeux.

    J’y suis revenu très tard avant la fin de la fête en 2007 pour l’album VARIETY que j’avais adoré. J’ai donc repris leur disco à rebours. Si je prends l »album NO COMPRENDO par exemple, on a des singles brillantissimmes et d’autres morceaux sans grand intérêts.
    Je pense quand même qu’il s’agit du meilleur groupe rock des 80’s avec bcp de prises de risques de leur part.
    Je leur dois d’avoir remporté un concours de chant de 2008. J’avais joué sur scène Marcia Baila et suis arrivé deuxième !

    @Cyrille.
    Pour reprendre les termes de Matt, la médecine a bien sûr évolué. Je serai très mal placé pour affirmer le contraire. Le confinement prouve aussi que la vie des citoyens prévaut tout du moins en apparence pour le législateur ce qui n’était pas le cas au moyen-âge où les danseurs finiront par être xxxxxxxxx
    Mais la BD montre qu’à des degrés différents, la vie du petit peuple confronté à une épidémie inexplicable ne vaut pas lourd face aux décideurs.

    @Matt « Une hystérie collective qui dure des mois jusqu’à en mourir, avec des gens qui appellent à l’aide parce qu’ils ne peuvent pas s’arrêter…ça ne me satisfait pas comme explication^^ »
    Pas vraiment. Dans l’album, les personnes perdent l’usage de la parole et de la réflexion et dansent sans répondre ni s’exprimer.

    • Surfer  

       » Finalement, le mystère n’est-il pas plus intéressant que toute tentative d’explication rationnelle ? »

      C’est pas faux, et c’est pour cela que malgré tout je crois en Dieu.
      Tout comme Blaise Pascal qui était scientifique et philosophe.
      Mon esprit ne pouvant accéder à l’absolu, j’estime que croire en Dieu est plus avantageux que ne pas y croire 😉

      • matt  

        Moui…moi je préfère me dire qu’il y a des choses qu’on ne comprend pas à notre échelle.
        Parce que croire en un monsieur barbu dans les nuages ça me parait être une invention bien pratique qui explique tout pour « simplifer »
        Je ne dis pas ça pour te vexer, mais je préfère l’incertitude mystérieuse à la certitude aveugle.
        Mais les gens ont besoin de certitudes, quitte à les créer…
        Moi je m’en fous un peu de ne pas savoir.

        • Surfer  

          Matt, les choses que l’on ne comprend pas à notre échelle car les savoirs scientifiques n’apportent pas d’explication peuvent être sujets à une réflexion philosophique.

          Donc, je veux bien croire qu’il existe un entité divine qui dépasse notre entendement et qui donne un sens à notre vie.
          Peu importe la représentation que l’on s’en fait: Monsieur barbu dans les nuages ou vache sacrée !

          Quelque fois, pour certaines choses, seule une approche théologique peut apporter un semblant d’explication.

          J’aime continuer à me questionner lorsque la science ne m’apporte plus de réponse.

        • matt  

          Se questionne oui.
          Mais si tu décides que tout ce qui ne peut expliquer est l’œuvre de Dieu, tu ne te questionnes plus^^ Tu te choisis une réponse.

          Enfin tu sais que parler religion ou politique, ça crée des débats interminables et tout le monde s’énerve, donc je ne vais pas épiloguer.
          L’idée c’est juste que oui, il faut rester ouvert à des possibilités qu’il existe des choses qui nous dépassent. Le surnaturel c’est juste ce que la science n’explique pas. En réalité c’est peut être parfaitement naturel mais on ne le comprend pas^^
          Mais pour moi donner un nom, des intentions, une origine à un être divin, c’est se raconter une histoire. On peut appeler ça la nature tout simplement, ou l’univers. Et ses mystères.

          • Surfer  

            En fait, non.
            Je ne fais pas dans la facilité .
            L’existence de Dieu est une chose qui me fascine.
            J’essaie de trouver des réponses avec une approche philosophique. Je m’intéresse par exemple aux réflexions de Pascal qui, malgré son esprit de scientifique cartésien, voulait bien croire que Dieu existe.

            Ja trouve que ma démarche est plus enrichissante que celle de s’en foutre et de ne pas chercher à savoir !

            La foi n’est pas une échappatoire à ce que l’on ne comprend pas.
            Je dirai que c’est c’est plutôt quelque chose à quoi s’accrocher quand on recherche l’espoir.

            Mais bon , Je ne suis pas un fanatique non plus… hein.

            Dimanche dernier je suis allé courir : c’était ça ou la messe …. j’ai vite choisi 😉

          • matt  

            Tu peux devenir scientifique pour chercher à savoir aussi^^

            Je ne vois pas en quoi croire sans preuves peut apporter des réponses. ça ne peut apporter que des hypothèses.
            Et dès lors que tu choisis d’affirmer que la réponse c’est ceci ou cela, ce n’est plus du questionnement curieux, c’est de la vanité. L’église a toujours décidé de dire que la terre était plate, que telle maladie était le démon, bla bla. On a bien vu ce que ça a donné.
            Je suis ouvert aux possibilités diverses, mais je refuse d’affirmer qu’une chose est comme ceci ou comme cela. Qui suis-je pour savoir ?
            C’est ce que je reproche à la religion. Donner des réponses, même si elles ne se basent sur rien.
            Je n’ai jamais compris ce besoin de réponses. On peut se contenter d’hypothèses. ça ne veut pas dire qu’on refuse de réfléchir à la question. Juste qu’on refuse d’affirmer qu’on sait tout^^

            Je me suis pris la tête avec des croyants qui me balançaient « tu sais expliquer ça ? Non ? Eh ben voilà alors c’est Dieu »
            Mais merde, non, c’est pas parce que moi à mon pauvre niveau je sais pas t’expliquer les mystères de l’univers que la réponse c’est forcément un être divin. Je n’aime pas ce raccourci. Pour moi ça empêche même de réfléchir d’affirmer ça. Une fois que t’as décidé que c’était Dieu, pourquoi chercher une autre possibilité ?

            J’ai en effet une approche plus scientifique. Pas bornée, ni fermée aux possibilités de choses qui nous dépassent (d’ailleurs les scientifiques ne sont pas forcément des abrutis qui refusent l’inconnu comme on peut parfois le voir dans les films^^)
            Je refuse juste de choisir la facilité de l’explication toute faite d’un dieu qui me semble surtout être la création des hommes pour combler les vides et les rassurer sur l’inconnu (oui ça crée de l’espoir. Mais pas de vraies réponses intéressantes)
            Je ne me fous pas des mystères, je trouve ça très intrigant. Mais je n’ai pas l’envie ni le besoin d’en donner une explication fictive.

          • matt  

            On peut aussi imaginer une conscience collective intelligente au niveau cellulaire de l’écosystème qui se régule (et fait naitre des virus pour contrôler la surpopulation^^)
            Ou de multiples organismes intelligents dont on ignore tout et qui ont une influence sur la vie sur notre planète en général. Tu as entendu parler du blob ? Cet être ni animal ni végétal qui est unicellulaire et n’a pas de cerveau, mais agit malgré tout avec un semblant d’intelligence.
            Les méduses non plus n’ont pas de cerveau.

            Notre planète est vivante, alors va savoir ce qui nous échappe.
            Ou ça peut encore être quelque chose que notre esprit peut à peine concevoir. Comme la physique quantique dont les principes n’ont aucun sens logique…mais qui pourtant donne des résultats. On fait littéralement des équations sur des concepts qu’on ne peut pas expliquer avec notre compréhension actuelle du monde^^
            Du coup pour moi il peut y avoir beaucoup de choses possibles qui expliqueraient les mystères de l’univers.

          • Surfer  

            Non je n’ai pas entendu parler de blob
            Et oui, effectivement, on peut imaginer beaucoup de choses.

            Mais encore une fois, ma conception de la religion et mon questionnement sur l’existence de Dieu est de l’ordre philosophique car aucune réponse scientifique n’est possible et ne le sera jamais.
            Il faut chercher ailleurs. C’est ce qui rend la chose fascinante.
            Depuis la nuit des temps la religion a eu une importance primordiale dans l’évolution humaine.
            L’homme a toujours eu besoin d’espoir pour avancer. Il a aussi besoin de donner un sens à la vie.
            Sinon rassure toi Matt, mon but n’est pas de te convertir.
            Je comprends aussi parfaitement les athées.

    • Bruce lit  

      @Matt + Steve :ok, vous êtes désormais mieux documentés que moi alors.
      Le pseudo de Stephen King que tu cherches est Richard Bachman. MARCHE OU CREVE est un livre assez mémorable. Je m’en souviens encore 20 ans après.
      @JP : effectivement tu joues ta tête là…

  • Thierry  

    Un bel article écrit avec beaucoup empathie pour le peuple désemparé. La thématique du virus reste très d’actualité, en effet.

  • JP Nguyen  

    C’est effectivement « marrant » comme la conclusion de l’article pourrait sembler avoir été écrite ces jours-ci…

    Pour la BO, j’aurais eu des tas d’autres propositions :
    Stromae : https://www.youtube.com/watch?v=VHoT4N43jK8
    Daft Punk : https://www.youtube.com/watch?v=NF-kLy44Hls
    Martin Jensen : https://www.youtube.com/watch?v=ginBV6aeVlc
    et même Jennifer Lopez : https://www.youtube.com/watch?v=bjgFH01k0gU
    bon, j’arrête avant de me faire exclure de la team pour mauvais goût non-Brucelisien…

  • steve  

    Très intéressant et mystérieux et sujet très original qui fait biensûr un triste écho à aujourd hui. du coup après une petite recherche via internet, apparemment il y a eu plusieurs cas et celui de Strasbourg est le mieux documenté grâce à « des notes de médecins, sermons de cathédrale, et chroniques locales et régionales « . Peut être que la seule piste rationnelle que nous ayons est que « pour améliorer l’efficacité du traitement, les autorités encouragèrent les danseurs en établissant un marché aux grains et en construisant une scène en bois. Ils pensaient en effet que les malades ne s’arrêteraient de danser que s’ils pouvaient le faire sans interruption jour et nuit jusqu’à épuisement. Pour améliorer l’efficacité du traitement, les autorités embauchèrent même des musiciens pour maintenir la danse des malades » !
    Cela me rapelle aussi par certains aspects « on achève bien les chevaux » ou le « marche ou crève » de stephen king (sous pseudo à l’époque)

    quand aux Rita, j’ai voulu faire écouter Singing in the shower à mon fils de 2ans y’a une 10aine de jours, et je me suis éclaté dessus (plus que lui…)

  • Présence  

    Et dire que j’ai décliné le prêt de cette BD chez Bruce : je m’en mords maintenant les doigts. Ton article met l’eau à l’eau à la bouche.

    Je n’ai pas pu résister à la tentation d’aller lire l’article (assez court) de wikipedia. Il y a une forme de bilan : Au total, une vingtaine d’épisodes comparables ont été rapportés entre 1200 et 1600.

    J’ai beaucoup aimé cette formulation : agonie des corps dans un dernier sursaut de ceux qui n’ont rien, que l’on est capable d’éradiquer sans n’avoir de comptes à rendre à personne.

  • Kaori  

    Très bon article, surprenant de similitudes avec notre actualité.
    Pour ma part, je pense que les choses n’ont pas assez évolué.
    Le peuple pense encore après l’argent, les pauvres après les riches, etc.

    Concernant cette histoire, le fait de ne pas avoir d’explications scientifiques me dérange particulièrement, ça frustre ma curiosité qui veut toujours tout comprendre. Donc malgré ta mise en bouche, je vais m’abstenir.

  • Bruce lit  

    @Kao : merci
    @Matt + Surfer : j’ai déjà pu écrire que j’ai beaucoup de respect pour la foi et les croyants tant qu’elle reste privée et source d’épanouissement individuel. J’ai été très pieux pendant une quinzaine d’année avant de perdre totalement la foi. Ce fut très douloureux pour moi qui aimait prier et communier.

    Lors de mes voyages en Amerique du sud et mes treks en solitaire ou avec mes guides, mes conversations étaient essentiellement tournées vers la recherche de Dieu, ce Père que j’avais perdu.
    Je l’ai cherché dans la forêt, en chassant des animaux sauvages (Ses créatures), je l’ai cherché en les regardant vivre aussi à l’état sauvage, je l’ai cherché sous les rochers, dans les rivières, je l’ai cherché intensément dans le chamanisme, je l’ai cherché dans les livres, je l’ai cherché dans la peinture, j’ai même participé à des rituels évangéliques pour y retrouver l’étincelle, l’illumination, la Grâce si bien décrite par Chateaubriand.

    Après beaucoup de colère et de ressentiment (pourquoi rien ne se produit, suis-je si indigne de Son attention ?), j’ai renoncé et en suis bcp apaisé. Je n’ai pas fait baptiser mes enfants mais s’Il existe, Il verra que toute ma vie a été consacrée à soulager les souffrances d’autrui.

    Il n’en demeure pas moins que je suis très mal à l’aise avec certains aspects du catholicisme. La violence du 1er testament bien entendu mais aussi le Christianisme et notamment le concept de vie après la mort. S’il est une choses que je ne veux pas c’est d’une seconde vie en ectoplasme capable d’observer ceux que j’aime sans pouvoir communiquer avec eux. C’est horrible comme idée !
    Tout comme le Paradis, un truc que je n’ai absolument pas envie de connaître.
    Une vie s’éteint comme une ampoule brisée : il n’y a rien d’autre après, ce n’est pas si horrible… Ce qui est dur, c’est de quitter les siens, ça oui…

    La définition de Dieu telle que Kundera l’avait défini me convient : un informaticien (coucou Matt) qui a laissé une disquette dans un ordinateur et qui a sauvegardé un programme qui tourne en boucle. Qu’est devenu l’informaticien ? Tout le monde sait qu’il a été tué par Le Saint des tueurs enfin !

  • Surfer  

    @Bruce
    Ta quête est louable et je t’avoue que, personnellement, je n’irai jamais jusque-là .
    Car je sais pertinemment que cela ne mène à rien.
    Ton abnégation me surprend !
    Pourquoi voudrais-tu que Dieu se manifeste dans la nature ou à travers le chamanisme !
    Pourquoi voudrais-tu qu’il te fasse signe a toi en particulier !
    As-tu au moins cherché au bon endroit ?
    As-tu simplement cherché au fond de toi ?
    Croire en Dieu est une quête intérieure.
    Elle nous nous rend meilleur.
    Si toute ta vie a été consacrée à soulager les souffrances d’autrui et que tu y trouves une satisfaction personnelle, alors c’est probablement cela ton étincelle, ton illumination…

    Croire en Dieu est selon moi une philosophie de vie et Peut importe la religion.
    Critiquer certains aspects du christianisme, ne pas baptiser ses enfants n’est pas un problème…

    Croire en quelque chose, c’est ce qui est important… c’est ce qui nous permet d’exister.

  • Eddy Vanleffe  

    J’ai une admiration sans borne pour Jean Teulé qui parvient avec un style de journaliste à faire revivre des faits divers de l’histoire de France, avec une résonance actuelle un côté punk et rentre dedans… c’est vraiment rigolo à lire…

    • Bruce lit  

      J’avais beaucoup aimé le dessin animé de Patrice Leconte adapté de son livre LE MAGASIN DES SUICIDES

      • Eddy Vanleffe  

        LE MONTESPAN et MANGEZ LE SI VOUS LE VOULEZ sont des tueries…

  • Eddy Vanleffe  

    oups il y a un débat sur Dieu…

    je ne participerai pas…^^
    J’y crois pas, je ne vois pas l’intérêt de savoir s’il existe pou non en fait… parce que s’il existe, et bien la vraie révolution est peut-être à faire dans la prochaine vie..^^
    J’ai jamais compris ce fantasme du tyran, cette fascination, pour la douleur, cette haine pour la joie et le plaisir…
    les religions du livre sont pour moi les chaînes qui enserrent l’humanité dans un cercle vicieux anti-naturel en plaçant l’homme au dessus de tout comme une créature spéciale, déjà ça… c’est non!
    je ne suis jamais sorti de Bouddha et d’Epicure en fait…

  • Fletcher Arrowsmith  

    Cette adaptation est extraordinaire tout comme le fait divers. Du grand Jean Teulé et du grand Richard Guérineau. CHARLY 9 est pas mal piqué des hanneton non plus.

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