Uncanny Avengers Volume 1 par Remender, Cassaday et Coipel
Voilà la seule bonne idée du très moyen Avengers Vs Xmen.
Suite au décès de Charles Xavier, Captain America prend conscience que son équipe n’ a pas fait grand-chose pour valoriser l’image des mutants auprès du public.
Les Vengeurs n’étant pas une organisation caritative, tout cela serait secondaire si la haine et la paranoïa n’entrainaient pas des conflits pouvant menacer l’équilibre de la nation voire du monde.
Que ce soient Onslaught, Genosha, Zero Tolerance ou Planet X, force est de constater que les pouvoirs des mutants donnent froid dans le dos.
Et que lorsque 16 millions de Mutants sont exterminés et torturés à Genosha, que New York est détruit par Xorn, et quand Magneto bouleverse l’équilibre des pôles, on ne peut pas dire que les Vengeurs se soient bousculés au portillon.
On se rappelle du Crossover assez moyen Bloodties où les Xmen collaboraient avec les Vengeurs pour calmer des émeutes à Genosha. Mais les deux parties n’intervenaient que dans un contexte de crise et étaient interpellées sur leur absence durant l’escalade des conflits.

Premier conseil des ministres pour M. Valls…
Oops ! Faut que j’arrête de penser aux élections moi ! ©Marvel comics
Bien sûr, cette configuration des deux équipes se fait dans le cadre de Marvel Now, opération crétinement commerciale ( nous en reparlerons ) qui permet de vendre un package de héros populaires à l’instar des épouvantables New Avengers du non moins épouvantable Bendis.
Mais là où les New Avengers se contentaient de recruter de nouveaux membres en échangeant des vannes foireuses jusqu’au moment où plus personne ne savait qui faisait partie de cette équipe, Uncanny Avengers bénéficie, au moins pour son lancement d’une ligne claire : prévenir et contrer la haine raciale.
Si cette charte super héroïque n’est pas nouvelle pour les enfants de Xavier, saluons enfin la sortie des super humains de leur attentisme. Quant aux mutants, ils avaient fini par rassembler à une secte regroupée entre eux à prêcher une intégration parmi une race qu’ils ne côtoyaient plus. Qu’il semble loin le temps où les Xmen fréquentaient Stevie Hunter, Peter Corbeau ou Moira Mc Taggert activistes humains ou simplement amis.
Rick Remender scénariste très populaire s’en sort plutôt bien : en plus des stars incontournables ( Wolverine, Captain et Thor très en retraits ) , il intègre dans le casting des seconds couteaux : Havok, Wanda Maximoff, et Rogue.Tout ceci est très malin et pour une fois cohérent avec la continuité. Havok est le frère de Scott Summers. Par le passé, il a assumé le Leadership des Xmen après que son frère ait rejoint facteur X. Il a eu une relation sexuelle avec Madelyne Pryor le clône de Jean Grey. Et il a pris la direction de Factor X lorsque l’équipe est devenue une branche aux ordres du FBI.
Remender joue dès l’ouverture d’une séquence, courte mais efficace, la rivalité des frères ennemis mais aussi autour du fait qu’Havok n’est pas le premier venu. Et ô joie, Remender a lu la continuité X : il se rappelle qu’Alex Summers a un doctorat en archéologie, rappelle des événements survenus durant Age of Apocalypse et Onslaught. Remender se montre aussi plus intelligent que Bendis : Wanda Maximoff est clairement sur la sellette ; en proie aux remords, elle clashe avec Rogue, cherche une rédemption pour le génocide dont elle est responsable et Steve Rogers entretient avec elle une relation ambiguë, sexuellement tendue.Sûrement le personnage le plus intéressant du casting qui rappelle une Jean Grey découvrant les crimes du Phénix.
Enfin Rogue, décrite par Mike Carey comme un stratège hors pair, elle est ici la carte sauvage, une Wolverine au féminin. Ancienne terroriste, l’ideal de Xavier l’a sauvée. Carey montrait également que Charles l’avait enfin aidée à contrôler ses pouvoirs. Il est donc logique que Rogue, souvent pleurnicheuse soit devenue une jeune femme sûre d’elle, un peu arrogante et intègre. Ses interactions avec Wanda sont croustillantes. Son côté mauvaise fille fait des merveilles. Disons le tout net : ce sont les interactions entre les personnages qui rythment ce premier arc : enterrement de Charles Xavier avec une élégie de Logan, Scott Summers emprisonné, les problèmes de cohabitation d’une équipe venant squatter le QG des vengeurs, tout cela est absolument savoureux.
Mais le bât blesse lorsque le volet super héroïque reprend le dessus. La menace de Crâne Rouge est intéressante : s’emparer du Cerveau de Charles Xavier pour utiliser le pouvoir du plus grand télépathe au monde. Mais les ellipses de Remender sont parfois embarrassantes. Même si l’univers Marvel est un monde de fantaisie et de scientifiques géniaux, personne n’a l’air de s’intéresser autour du fait qu’un cerveau d’un type mort depuis quelques jours puisse encore fonctionner après son décès… Encore plus kitsch : Est-ce que tenir un cerveau entre ses mains triomphantes permet à Crâne Rouge d’acquerir les pouvoirs de Xavier? Imaginons que dans le Marvelverse, il soit aussi facile de greffer un cerveau que de retirer une verrue. Quid de cette opération ? Crâne Rouge a prélevé les pouvoirs de Xavier ? Comment l’a t’il fusionné avec son propre cerveau ? Il l’a mangé ?
Alors qu’il se montre habile à trouver la voix de ces personnages, Remender montre un goût assumé pour les vilains Old School mégalomanes, sans ambiguïtés morales. Crâne Rouge, Kang et le retour d’Onslaught. On retrouve ici son amour pour les monstres, les créatures de Frankenstein, les manipulations génétiques. Si le lecteur se rappelle que le scénariste était l’auteur de Frankencastle, une série qui voyait le Punisher post mortem transformé en créature de Frankenstein, il ne sera guère surpris et acceptera de jouer le jeu.Maintenant, alors que l’opération Marvel Now promet d’attirer de nouveaux lecteurs qui ne souhaitent pas se bouffer 50 ans de continuité, la lecture d’ Uncanny peut rebuter. Si votre serviteur connait ses mutants sur le bout des doigts, les multiples allusions à la continuité des Vengeurs m’ont perdu à bien des reprises.
Kang, Crâne Rouge, Power Man, Janet Pym évoquent des faits que je n’ai jamais lu sans explications de l’auteur.Pire, il réintroduit les jumeaux d’Apocalypse sans rappel des faits comme si tout le monde avait lu son run sur Xforce. A bien des moments, Remender imite le style de Chris Claremont. Hérésie ! A certains moments, j’aurai apprécié les résumés du bons vieux Chris pour y comprendre quelque chose !
Côté dessin, c’est toujours un plaisir de lire les planches aérées de John Cassaday. Il est le responsable du look actuel des Xmen, même si on peut se demander ce qui lui a pris d’affubler Alex Summers de ce masque ridicule. Olivier Coipel et son style Romita Junior est également très agréable, même s’il se heurte à un problème que les autres auteurs vont rencontrer par la suite: comment différencier au civil Steve Rogers d’Alex Summers au physique identique ?
C’est donc une impression mitigée qui clôture ce premier arc : une fois de plus l’opération Marvel Now est une fumisterie qui promet les meilleurs auteurs et dessinateurs comme s’il s’agissait d’un service à rendre à son lecteur alors qu’il s’agit quand même du minimum syndical… Si Remender offre des moments passionnants pendant cette première histoire, certains raccourcis avec le scénario, le manichéisme des vilains, et les multiples allusions à des épisodes passés des personnages peuvent irriter le lecteur. Nouveau ou ancien….
Si vous ne comprenez pas pourquoi nous disons tous du bien de cette série à l’issue du premier arc : C’EST NORMAL !!! le premier arc de Remender a souffert de retards conséquents en raison d’un Cassaday incapable de tenir ses délais, et qui a du ensuite balancer ses pages à grande vitesse par la suite, et de fait ce sont sans doute ses planches les moins inspirées depuis longtemps.
Ajouter à cela une narration lourdingue dans les épisodes 3 & 4, mais aussi l’incompréhension de « attendez, Crane rouge s’est greffé le cerveau de Xavier, ou juste la partie qui contrôle la télépathie…et même comme ça comment il le greffe à son cerveau étant donné que la boîte crânienne est un espace fermé que l’on ne peut agrandir à l’envie »…et vous avez un premier arc qui nous tous assez largement déçu
Et puis, et puis un miracle se produit à partir de l’épisode 6 et de l’arrivée de Daniel Acuna au dessin. Tout d’un coup l’intrigue décolle, les Jumeaux Apo apparaissent sans doute comme la plus grande menace jamais affrontée par les Avengers et les X-Men, les dissensions entre les membres de l’Unity Team que Remender a posé patiemment dans le premier arc explosent au grand jour et tout d’un coup on passe d’un récit de super héros un peu lourdingue au récit le plus épique connu par l’univers Marvel depuis …ben depui la Dark Angel Saga du même Remender (qui je le rappelle est sans doute le meilleur truc arrivé aux X-men au cours des 10 dernières années !!!)
Donc accrochez vous les gens, car outre de considérablement s’améliorer, Remender :
– prend soin de donner un cours de rattrapage à tous les gens qui n’ont pas lu X-Force et cette récap est amenée de manière très très intelligente
– il enrichie encore son intrigue, en apportant une nouvelle voie aux mutants, entre Xavier, Magneto, Cyclope. Une voie …difficile à priori à réfuter étant donné tout ce qu’ont traversé les mutants…
– dévoile une intrigue encore plus démente que ce que l’on pouvait imaginer au début, alors que les Jumeaux dévoilent peu à peu leurs plans, que Kang opère dans l’ombre et que les Uncanny Avengers se retrouvent séparer !!!
L’intrigue est certes longue, puisqu’elle doit aller jusqu’au numéro 22, mais TOUS LES EPISODES SONT IMPORTANTS !!! pas de décompression !!! autant chez un Bendis on se demande comment il arrive à remplir ses 20 pages avec si peu d’idées, autant avec Remender, c’est l’inverse, on se demande comment il arrive à faire rentrer autant d’idées, de concepts et de personnages en si peu de pages !!!
Oh et j’allais oublié, attendez un peu de voir la gueule des cavaliers des jumeaux…
LA SERIE MARVEL A NE PAS RATER !!!!