UNE JOURNEE TRANQUILLE ET PAISIBLE (À L’OUEST RIEN DE NOUVEAU)

À L’Ouest Rien de Nouveau, un film allemand réalisé par Edward Berger

Un article de DOOP O’MALLEY

VF/VO : Netflix

1ère publication le 13/13/23 – MAJ le 26/12/23

© Netflix
Source : Allociné.fr

Cette chronique parle de la nouvelle adaptation en film du livre À L’OUEST RIEN DE NOUVEAU (Im western nichts Neues) de Erich Maria Remarque. C’est la troisième adaptation à l’écran de ce roman qui nous raconte l’absurdité de la première guerre mondiale à travers les yeux d’un soldat allemand. À L’OUEST RIEN DE NOUVEAU vient d’obtenir 9 nominations pour la 95e cérémonie des Oscars dans notamment les catégories meilleur film, meilleur scénario adapté, meilleurs décors et direction artistique, meilleur son.

Nous allons commencer notre article avec un premier coup de gueule : sa diffusion sur Netflix, donc sur un écran d’ordinateur tout riquiqui. Ce qui est une hérésie totale et réellement préjudiciable au film et à sa photographie magnifique, qui aurait certainement été amplifiée par la puissance d’une salle obscure. Là vous regardez un film impressionnant devant votre écran de télé ou d’ordinateur alors que vous auriez pu en prendre plein les yeux. Quel gâchis.

Surtout qu’à l’époque, c’est-à-dire début décembre, se battaient en duel sur les écrans français des chefs d’œuvre du septième art comme PLANCHA avec Franck Dubosc ou LE JOUET avec Jamel Debbouze. Les voies des exploitants sont impénétrables. Ils se sont privés d’un film potentiellement Oscarisable. Peut-être le verra-t-on dans les salles s’il gagne une statuette de grande importance.

© Netflix
Source : Allociné.fr

À L’OUEST RIEN DE NOUVEAU nous raconte l’histoire de Paul Baümer, un jeune étudiant allemand, et de ses amis. Tous rêvent de s’engager sur le front de l’ouest. Ils marcheront sur Paris en moins de 6 semaines, c’est une évidence ! Il faut dire que nous sommes en 1917 et que la guerre de tranchée fait rage. Pas sûr que les Allemands soient en bonne position mais Paul et ses amis n’en savent rien. Ils sont au contraire galvanisés par les discours de leurs enseignants. Il faut dire que quand on a à peine 18 ans, on se dit qu’on va la gagner tout seul cette guerre. Que l’on va revenir en héros ! Que la guerre c’est fun. Paul et ses amis vont, vous vous en doutez, rapidement déchanter. 

Petite mise en contexte : le livre de Erich Maria Remarque est un véritable pamphlet anti-guerre, publié dans les années 30 et qui a été interdit rapidement en Allemagne lors de l’accession d’Hitler au pouvoir. Dans le livre, Remarque fait vivre à Paul les pires horreurs. Il décrit sans ménagement ces abominations que sont les tranchées, infestées de boue, d’eau et de rats. Il dépeint brutalement et méthodiquement les blessures les plus terribles du corps et de l’âme de ces soldats et l’espoir qui les quitte petit à petit. Cette accoutumance à l’horreur qui fait perdre à Paul son humanité pour le transformer en brute, en bête de guerre insensible. La fin, ironique, n’en sera que plus tragique. Si vous ne l’avez pas lu, je vous conseille vivement ce roman très important et encore très significatif à notre époque. Je l’avais découvert il y a 5 ans et il m’avait profondément marqué !

© Netflix
Source : Allociné.fr

Adapter une œuvre aussi importante n’est pas facile. Et contrairement aux précédentes tentatives, Edward Berger, le réalisateur qui est aussi scénariste a décidé de ne pas reprendre scène pour scène le roman. Il préfère coller plus à l’esprit qu’à la lettre. Il reprend bien évidemment un ou deux éléments très importants du livre mais c’est tout. À L’OUEST RIEN DE NOUVEAU, le film, se concentre ainsi sur les derniers jours de la guerre, alors que le livre nous fait vivre les deux ans de Paul dans l’armée, puis son retour en famille et finalement son retour au combat.

Le film crée aussi de nouveaux personnages qui prennent une importance non négligeable pour mieux appuyer son propos anti-guerre. Par exemple, alors que les soldats sont en train de mourir de faim et de froid dans les tranchées, nous suivons lors de quelques scènes des généraux allemands en route vers la France afin de signer l’armistice. Généraux qui sont dans des appartements luxueux, en train de se goinfrer de gâteaux et de sucreries. Et qui, pour des raisons idéologiques, politiques, se fichent royalement de gagner un jour ou deux de paix. Ce contraste est peut-être un peu trop appuyé, mais terriblement significatif.

L’un de ces personnages est interprété par Daniel Brühl, le Baron Zemo de CAPTAIN AMERICA CIVIL WAR mais surtout le Frederick Zoller d’INGLORIOUS BASTARDS. Le réalisateur confronte donc son personnage principal, (sublimement interprété par l’acteur débutant Felix Kammerer) à des ignominies sans nom, à des horreurs terribles qui ne respectent pas celles du bouquin. On ne peut pas choquer de la même manière sur une page blanche ou sur un grand écran. Et Edward Berger adapte, enchaîne les situations tragiques et parfois assez difficiles à regarder. Avec une maîtrise de son image qui est totale mais avec peut-être encore un peu de naïveté dans le scénario. On y reviendra plus tard. 

D’entrée, le réalisateur nous met dans le bain. Le film s’ouvre sur un champ enneigé où l’on distingue petit à petit des cadavres congelés, qui tressautent sous le feu d’une mitrailleuse isolée. Rien que cette première scène, ce premier décor plante tout ce que va être le film : un bijou de photographie, de cadrage, de plan, de décor. Car le réalisateur filme en cinémascope, ce qui lui permet de s’attarder longtemps sur les champs, sur les arbres, sur les paysages. À L’OUEST RIEN DE NOUVEAU nous expose une horreur contemplative. Qu’on pourrait quasiment rapprocher de celle de Terrence Malick dans LA LIGNE ROUGE.

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Source : Allociné.fr

Ces longues plages de silence entrecoupées par un mouvement inattendu. La quiétude malaisante du champ se transforme ensuite en une scène immersive de bataille. On y voit un soldat, après de longues minutes de souffrance et de tension, se faire écharper par des obus. A la fin de la bataille, la caméra s’attarde sur le manteau du soldat mort et le suit. Après avoir été récupérée à même le corps, la redingote est nettoyée, recousue et donnée comme neuve à un Paul tout heureux de pouvoir endosser son uniforme. Il ne se doute bien évidemment pas qu’il porte l’habit d’un mort. Funeste présage. Rien qu’avec cette scène, le spectateur comprend toute l’horreur et l’hypocrisie de cette guerre. Les mensonges et les petits arrangements d’une bataille que l’on risque de perdre. Pas besoin d’en faire plus, ces quelques images de manteau viennent de nous exposer avec finesse tout le thème du film.

Et quelles images ! Chaque plan, chaque séquence est un bonheur de composition, de lumière, de cadrage et de réalisation. Pas étonnant que le film ait été nommé dans toutes ces catégories aux Oscars. Comme je l’ai écrit plus haut, on est souvent en cinémascope. Et on prend son temps. Mais même en s’attardant sur l’immensité de ces champs, de ces terrains, de ces forêts qui semblent tellement immenses par rapport aux hommes qui s’y trouvent, il y a toujours un petit détail, un oiseau, un objet, un soldat qui passe en fond. Heureux hasard d’une caméra qui attend l’imprévu ? Non. Tout est chorégraphié au millimètre. Une maitrise totale de l’image et du décor. Forcément immersif.

L’immersion est le maître mot du film, notamment lors de ses scènes de bataille. Les acteurs ont réellement souffert durant le tournage, ils l’ont avoué en interview. Cette volonté de suivre les combats au plus près des corps nous permet de tenter une comparaison entre les scènes de bataille d’À L’OUEST RIEN DE NOUVEAU et celle d’IL FAUT SAUVER LE SOLDAT RYAN. Et ce n’est pas si exagéré que ça. À la seule différence qu’ici, tout est sombre, noir, boueux. Les effets spéciaux sont présents, mais totalement invisibles, ce qui est toujours signe d’une grande qualité. Le spectateur est happé par les scènes de batailles, toutes sont plus subites, brutales et désordonnées les unes que les autres.

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Source : Allociné.fr

Et pourtant on comprend tout. Le réalisateur a pris soin de définir Paul et ses amis lors de scènes plus calmes, dévoilant des caractéristiques précises, des particularités qui les rendent immédiatement identifiables, même lorsqu’ils se trouvent sous des tirs de mortier ou au milieu d’un bataillon qui charge. Ici des lunettes, là des cheveux, on ne se perd pas dans l’intrigue et le casting. Et on s’attache à tous ces jeunes. Parce que les acteurs sont bons, voire excellents. De plus, le maquillage leur donne de véritables gueules qu’on n’oublie pas. Au fil des minutes, on les voit se transformer physiquement, passer de jeunes étudiants remplis de fougue et d’entrain à des zombies émaciés, les yeux exorbités qui répètent machinalement les pires exactions militaires. L’ensemble du casting est tout simplement parfait, et parfaitement mis en valeur par les maquillages et les costume. On notera pour l’anecdote la présence de quelques acteurs français, dont Thibault de Montalembert (de la série DIX POUR CENT) qui joue le rôle du maréchal Foch.

Et que dire de la musique !
Avec trois notes, trois notes seulement, le compositeur Volker Bertelmann écrase totalement ses personnages, rajoutant une atmosphère oppressive et glauque qui vous tient au corps durant les 2h30 de film voire après. Ces trois notes, lourdes, électroniques ne sont pas sans nous rappeler les meilleurs moments de la musique industrielle allemande des années 90. Accompagnée de sons lancinants et répétitifs, elles traversent tout le film comme une prophétie mortelle, un destin inévitable. Et insupportable.

Vous l’aurez compris, À L’OUEST RIEN DE NOUVEAU est un véritable coup de cœur, que je regrette de ne pas avoir découvert sur un grand écran.
Chef d’œuvre donc ? Pas tout à fait quand même.

Je mettrais quand-même une petite réserve. Parce qu’à force de vouloir être trop démonstratif dans la dureté de la guerre, le message du réalisateur devient un peu redondant sur 2h30. Peut-être aurait-il fallu supprimer une scène de tranchée, mais cela semble difficile car chacune d’entre elles, que ce soit celle d’ouverture, celle où Paul découvre ce qu’est la guerre, celle où il se bat à main nues contre un français et la scène finale ont toutes une importance concernant l’évolution de notre personnage. Les scènes entre les batailles revêtent aussi une grande utilité dans la mesure où elles nous font découvrir et apprécier les personnages qui vont servir de point d’ancrage à Paul. J’aurais à la rigueur supprimé les scènes avec le général va-t’en guerre, un peu trop caricatural et démonstratif.


Et alors que tout le film se drape dans une langueur contemplative, j’ai aussi trouvé la fin trop expédiée. On aurait paradoxalement aimé passer plus de temps avec Paul, ressentir encore plus en profondeur sa transformation. Mais plus gênant, la fin ne correspond pas du tout à celle du livre. Dans le film, je la trouve trop théâtrale. Celle du livre aurait été parfaite. C’est d’ailleurs l’un des plus grands reproches qui a été fait au film, qui s’est fait un peu houspiller par la presse allemande. C’est dommage car ce final un peu en fanfare n’état pas utile. Il réduit de plus la portée de l’œuvre.

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Source : Allociné.fr

Tragique, frustrant, inutile, tellement injuste, le destin de Paul nous renvoie parfaitement à l’absurdité de la guerre, à son horreur, à son inévitabilité crasse. Alors oui, le message n’est pas nouveau. Des films pacifistes qui dénoncent les horreurs de la guerre, il y en a eu des tonnes. Mais peu ont été aussi bien réalisés, peu nous ont proposé autant de beaux moments de cinéma. Il faut voir cette caméra survoler un champ de bataille sur des kilomètres puis s’engouffrer brutalement dans les tranchées et suivre des soldats afin de comprendre que le réalisateur a voulu sublimer son discours avec une maitrise technique et formelle assez pointue.

C’est un vrai régal pour les yeux. Et cela donne forcément beaucoup plus de force au propos, toutefois un peu atténué par sa fin pas à la hauteur du détachement morbide des 120 minutes précédents. Mais cela ne change rien :  À L’OUEST RIEN DE NOUVEAU est une véritable expérience, un film dont on ne sort pas indemne, visuellement et mentalement. Un film choc, qui m’a réellement impressionné. Et que j’espère voir triompher aux Oscars.


La BO du jour :

Ce qui existe existe, ce qui n’existe pas est possible.

22 comments

  • JB  

    À ma grande honte, je dois avouer n’avoir pas lu le roman originel ni vu aucune des adaptations.
    Je dois avouer que si je ne doute pas de la maestria du film que tu mets si bien en valeur, j’hésite à me plonger dans un récit aussi dur. Par contre, la comparaison avec le film contemplatif de Malick pourrait bien me convaincre !

    Merci en tous les cas de cette présentation magistrale !

  • Eddy Vanleffe  

    Pile poil pour les Oscars les mecs….
    bon tout le monde sait que ce n’était pas mon choucou…^^
    Le livre étudié en 3é fut un gros choc pour moi un manifeste de l’absurdité de la guerre proche des œuvres de Tardi
    J’ai pas encore vu le film, je ne pensais pas qu’il était oscarisable mais comme c’est une fête quand même très marquée par l’actualité, j’imagine que la guerre en Ukraine a porté chance au film
    je compte bien me le faire mais comme un peu tout le monde, il faut que je prenne le courage d’affronter un sujet aussi dur.
    Bel article en tout cas.

    • Doop  

      je crois que j’ai écrit l’article en janvier et j’ai découvert à ce moment là qu’il était oscarisable. il a gagné la musique, la photo et le’ meilleur film étranger. je suis peut être naïf, mais rien ne m’a fait penser à l’Ukraine.

      • Eddy Vanleffe  

        Pas dans le film, mais dans sa montée vers les marches….le côté air du temps…

        • Eddy Vanleffe  

          Je suis joie depuis ce matin au réveil!

  • Fletcher Arrowsmith  

    sa diffusion sur Netflix, donc sur un écran d’ordinateur tout riquiqui : même si je comprends le coup de gueule, Netflix est au départ prévu pour une diffusion télé. Le mode de consommation de chacun fait que désormais nous sommes emparés de tous les supports pour visionner des films. Ne pas oublier que nombre de chef d’œuvre du cinéma ont été vu à la télé (le film du mardi et du dimanche soir) ou sur support physique comme VHS ou DVD. Je comprends le coup de gueule (j’estime également qu’un film cela doit sortir sur grand écran) mais j’y ajoute volontairement un bémol.

    Surtout qu’à l’époque, c’est-à-dire début décembre, se battaient en duel sur les écrans français des chefs d’œuvre du septième art comme PLANCHA avec Franck Dubosc ou LE JOUET avec Jamel Debbouze. Les voies des exploitants sont impénétrables Là aussi un peu gratuit, non ? Ce n’est pas les exploitants qui ont se pouvoir. La commande a été faite par Netflix qui exploite sur sa plateforme. Logique. Les exploitants français n’y sont pour rien. Je pense même qu’ils auraient bien voulu avoir un tel film, quand je vois comment ils sont près à baisser leur culotte devant Disney (affaire Black Panther 2).

    le livre de Erich Maria Remarque est un véritable pamphlet anti-guerre : voilà, tu viens en quelques mots de pointer de ta plume ce qui m’a dérangé dans cette adaptation.

    le réalisateur qui est aussi scénariste a décidé de ne pas reprendre scène pour scène le roman. Il préfère coller plus à l’esprit qu’à la lettre. je trouve justement qui n’a pas su capter l’esprit du roman.

    à des ignominies sans nom, à des horreurs terribles qui ne respectent pas celles du bouquin. On ne peut pas choquer de la même manière sur une page blanche ou sur un grand écran. oui c’est là que le bat blesse. Le poids des mots, le choc des photos. Le film fait quand même beaucoup dans le spectaculaire. J’ai été soufflé par la maestria des images dans les tranchés. Une boucherie, une horreur sans nom, une façon de faire la guerre absurde (facile de juger plus d’un siècle plus tard). Mais à part cela, rien. Je préfère revoir PATH OF GLORY de Stanley KUBRICK qui bien que moins spectaculaire (ennuyeux diront les jeunes générations) appui beaucoup plus sur les aberrations et les décisions des généraux.

    Pas vu non plus la comparaison avec le cinéma de Malick. Mais alors pas du tout. A la rigueur avec le sur-estimé 1917 de Sam Mendes, dans le genre prouesse de réalisation d’abord. Je le vois plus chasser sur les terres de Spielberg (comme tu le signales) pour la réalisation avec SAVING PRIVATE RYAN ou WAR HORSE (qui se passe également pendant la 1ere guerre mondiale)

    Je suis dur. J’ai aimé le fait que ce film soit sur la première guerre mondiale, ce qui est rare. Clairement il y a un véritable choc visuel, et là j’en resté soufflé, dégoutté même. Mais pendant tous le long des 2h30 de film (ce qui est long) il m’a manqué toutes les fameuses scènes du roman, qui appui justement sur ce qui se passe en dehors du champ de bataille. Le choix de ne pas filmer les permissions et de volontairement allonger les séquences de guerres est à mon avis un pari raté pour en faire un grand film. L’évolution psychologique du personnage principal est forcé. Le scénario nous met devant les faits, sans appuyer finalement sur le processus, que l’on doit forcément admettre car la guerre c’est horrible.

    Reste quand même un très bon début de film (la naïveté des presque adultes, l’entrainement, la première bataille).

    • Doop  

      la première scène, le temps dans les bois, les grands espaces. si je dois le rapprocher de quelqu’un c’est plutôt de Malick. Après le film je crois n’est pas une commande Netflix. il est sorti en salles… mais pas chez nous.
      et oui, c’est totalement gratuit pour plancha et le jouet, mais bon…

      • Fletcher Arrowsmith  

        wikipédia : À l’Ouest, rien de nouveau est présenté en avant-première au festival de Toronto, le 12 septembre 20221, avant une diffusion mondiale sur Netflix à partir du 28 octobre 2022.

        Ton article est très bon, notamment les références. Et tu as lu le livre, tu as d’autant plus de légitimité vis à vis ce cette adaptation. J’avoue l’avoir lu pendant mon adolescence (donc cela date), mais j’ai quand même des souvenirs des passages d’introspection et de permission. D’ailleurs sur wiki (encore) il y a un assez bon résumé du livre (et analyse également), confirmant que cela manque dans le film.

        Le moteur du film est dans l’implicite, un peu trop simpliste :
        argument : la guerre c’est mal et violent
        exemple : des images horribles
        Conclusion : donc on devient fou et désabusé.
        CQFD … c’est un peu court non ?

        La séquence à Rethondes (armistice) est par contre assez savoureuse. Elle montre bien l’humiliation allemandes et la bêtise de l’attitude des militaires aux conséquences dramatiques que l’on connait maintenant

        Après on est dans la suggestivité. J’ai apprécié ce film, mais le côté démonstratif m’a dérangé. Surtout les critiques, assez bonnes, qui vont avec, justement en portant essentiellement l’image.

        Mais j’encourage quand même nos jeunes générations (et même les plus âgés, à la mémoire courte, et aux mauvaises notes en histoire, matière qui se sert surement à rien, hein !!) à voir cette adaptation plutôt en effet que PLANCHA et LE JOUET (tu me connais assez pour savoir où je me situe dans le spectre cinématographique).

        Et le top : lisez le livre, les gens.

        • doop  

          Le livre : la base.

  • zen arcade  

    Oh my god, doop, ta chronique coche systématiquement toute les cases de ce que je déteste au cinéma et particulièrement dans le genre du cinéma de guerre.
    Je vais donc m’empresser de fuir ce film.
    Et qu’est-ce que ça me gave cette injonction à l’immersion de tous ces films techniquement tape-à-l’oeil. Le cinéma, c’est un regard. Et un regard, ça implique un travail sur la distance. L’immersion, c’est du bazar de foire.
    Je suis trop vieux pour tout ça. 🙂

    « il y a toujours un petit détail, un oiseau, un objet, un soldat qui passe en fond. Heureux hasard d’une caméra qui attend l’imprévu ? Non. Tout est chorégraphié au millimètre. Une maitrise totale de l’image et du décor. Forcément immersif. »

    Je ne parviens pas à comprendre comment on peut voir là une qualité à porter au crédit du film.
    Le projet du film tel que tu le décris, c’est l’élimination systématique de tout élément qui pourrait renvoyer à quelque chose qui pourrait ressembler à du réel derrière une maîtrise technique de tous les instants. L’immersion, censée pourtant procurer une sensation de réel, ce n’est en fait qu’ajouter une couche de factice au factice.
    Je déteste ce cinéma qui cache son absence de regard derrière la vacuité de ses prouesses technologico-industrielles.

    Bon sinon, le livre est très bien et son adaptation par Lewis Milestone en 1930 est un chef d’oeuvre.

    • Fletcher Arrowsmith  

      Je ne l’aurais pas dit comme Zen Arcade, mais je crois qu’il a finalement réussi à capter mon malaise devant ce film … (écrit celui qui a fait une bonne chronique de AVATAR 2)

  • Tornado  

    Je ne l’ai pas vu mais la description me rappelle forcément la séance du SOLDAT RYAN que j’ai vu à sa sortie en salle. J’en étais ressorti éreinté, l’estomac noué et le sang glacé. Un incroyable moment de cinéma, qui conciliait une sensation unique de montagnes russes et un message anti-guerre imparable.
    Passionné jusque-là par le sujet du débarquement de Normandie, j’y étais allé dans un état d’esprit plutôt fun et ça m’avait sacrément calmé… Une claque, à la fois visuelle et sonore, avec cette même sensation immersive de se retrouver comme au milieu des combats (on entendait les balles siffler tout autour de soi, c’était insoutenable !). À cheval entre le film de guerre et le film d’horreur. Incroyable.
    Je suis partant pour essayer cette nouvelle adaptation (je n’ai pas lu le livre mais j’ai vu le film des années 30 au lycée, qui était très bien). Mais il faut que je me prépare quand même psychologiquement…

    La BO : Inécoutable ! 😱

  • JP Nguyen  

    Ça fait longtemps que je connais le titre de ce roman sans l’avoir lu ou en avoir regardé une adaptation.
    En classe de Première, le prof de français avait parlé de ce roman. Et dans ma jeunesse, le téléfilm avec Ernest Borgnine en second rôle avait eu plusieurs diffusions. Le fait que ça soit raconté par le côté allemand m’avait semblé rare à l’époque.
    En parcourant Wikipedia, je m’interroge sur les choix faits pour cette nouvelle adaptation. Pas de temps consacré aux permissions, fin différente…
    En fait, ça me motiverait davantage pour aller choper le livre en médiathèque…

  • Bruce lit  

    Avec le carton du film aux Oscars hier, ton coup de gueule prend un peu l’eau je trouve. Parce que quoiqu’il arrive ce sont toujours ce genre de films qui glanent des récompenses et non des comédies.
    C’est d’ailleurs lamentable qu’il faille en France toujours faire du militantisme, du pathos et de la bonne conscience pour obtenir sa statue. Je ne déteste pas les comédies françaises qui remplissent à mon sens aussi la fonction première du cinéma : divertir et s’évader. Je ne suis pas plus fan que ça de Dubosc mais je suis incapable de résister au numéro de vieux grincheux de CAMPING. Il y a beaucoup de Bidochons dans ces films de beaufs que l’on arrive pas totalement à apprécier.
    Au final ces films que tu critiques sont toujours ceux qui se font enfler devant le parisianisme qui n’aime rien tant que de voir grincer le parquet de ses immeubles parisiens à l’écran.
    Tu parles de Thibault de Monthalembert qui provient justement de ce genre divertissement.

    ceci étant dit, je note de ton article passionné des écarts importants avec le livre que j’ai découvert en cinquième. Autant dire que c’était il y a 35 ans et que je me souviens juste du fait que ce soit un allemand qui démontait la guerre.
    Ce n’est pourtant pas ça qui m’en dissuade mais encore une fois la durée : je boycotte sans aucun remords ces films qui font de 2h30 la nouvelle normalité cinématographique. Il ne s’agit pas seulement de mes gouts, oui j’aime la concision en tout, mais reste persuadé qu’une bonne histoire n’a pas à durer des plombes. D’après ce que tu en dis, ça tourne vite en rond et le format des séries qui racontent une histoire en 12 h y est sûrement pour beaucoup. Il faudrait que je me fasse mon idée mais malgré ton beau papier, je ne suis pas tenté.
    Disons que le contrat de confiance entre Netflix et moi est rompu depuis longtemps et que j’en apprécie 1 film sur 5 (au contraire des animés de grande qualité). Je me rappelle encore de la revisitation Woke de LA VIE DEVANT SOI qui dénaturait complétement le livre d’Emile Ajar.

  • Kaori  

    En voilà un article passionné !
    J’avoue moi aussi n’avoir jamais lu le livre ni vu aucune adaptation. Et n’ai pas envie de m’y mettre.
    C’est vraiment un sujet qui me met profondément mal à l’aise, cette première guerre mondiale…
    Ton résumé me suffit…

    Je rebondis juste sur Daniel Brühl, que j’avais adoré dans le rôle du pilote de Formule 1 Niki Lauda dans RUSH. INGLORIOUS BASTERDS, j’avoue ne pas me rappeler qu’il a joué dedans. J’ai du mal avec ce film…

  • Kaori  

    Ah ! J’ai oublié de dire que certains films ont commencé leur carrière sur le petit écran. C’était le cas du PERIL JEUNE que j’ai découvert par hasard un samedi soir sur ARTE, avant sa sortie officielle au cinéma plus de six mois plus tard (wikipedia te le confirmera).
    Maintenant, Netflix prend un monopole, non ? Le fait qu’il sorte sur la plateforme n’empêcherait-il pas sa diffusion sur grand écran ?

  • Patrick 6  

    Hum la bande annonce m’avait mis l’eau à la bouche mais ton article me refroidit un peu : l’adaptation n’est pas fidèle, le pathos est mis en avant… j’ai comme un doute tout à coup ^^
    Bon l’avantage de Netflix c’est qu’il m’évitera de payer une place de ciné 😉
    Quoi qu’il en soit je reviendrai ici même pour donner mon feedback…
    Concernant la BO j’adore Blixa Bargeld mais je regrette de ne pas parler allemand sur ce coup 😉

    • zen arcade  

      « Concernant la BO j’adore Blixa Bargeld »

      Ah ben oui, évidemment.
      J’ai une admiration sans la moindre réserve pour Blixa Bargeld et l’ensemble de sa carrière, en tant que frontman d’E.N., au sein des Bad Seeds et dans les multiples autres projets auxquels il a participé..
      Je considère Einstürzende Neubauten comme un des groupes majeurs de l’histoire mondiale du rock. Et leur influence est tout simplement énorme.
      Mais le morceau proposé ici ne fait vraiment pas partie de ce qu’ils ont fait de mieux…

  • Présence  

    Adapter une œuvre aussi importante n’est pas facile : Tornado sort de ce corps.

    Généraux qui sont dans des appartements luxueux, en train de se goinfrer de gâteaux et de sucreries : mais c’est War Pigs de Black Sabbath !

    L’immersion est le maître mot du film, notamment lors de ses scènes de bataille : houlà, pas sûr que je tienne le choc d’une immersion aussi réaliste.

    Tragique, frustrant, inutile, tellement injuste, le destin de Paul nous renvoie parfaitement à l’absurdité de la guerre : difficile d’accepter que d’autres hommes (généraux, politiques) puissent ainsi décider à leur guise du sort de ceux qu’ils envoient au combat, et dans le même temps comment faire face à l’agression physique quand elle prend la forme d’une invasion ?

  • Fusain  

    Hello Doop,
    De ce que je retiens de ton article c’est une adaptation qui prend ses distances avec le bouquin de Remarque et permet une expérience immersive intense de la première guerre mondiale.
    Outre l’intérêt mémoriel ou le plaisir de faire l’expérience guerrière par procuration, je me dis que voir des films de guerre dans la période d’escalade absolue à la connerie que nous connaissons est au-delà de ce que je recherche. Mais tu m’as donné envie de relire le texte.
    Pour le cinéma et l’expérience immersive, si j’ai envie de vivre l’inconnu effrayant qui laisse.le champ à mon humanité, je reverrais Johnny got his gun de Dalton Trumbo, mais j’ai pas le coeur à ça en ce moment.

  • Surfer  

    Salut Doop,

    J’ai survolé rapidement ton article car je compte bien visionner ce film. Le sel souci c’est que je n’aime pas voir un film seul et j’ai du mal à convaincre mon épouse.😠

    Les Oscars ont changé la donne et maintenant, elle veut le voir.👍

    Je reviendrai donc te relire avec plus d’attention, histoire de voir si mon avis corrobore ton article.

    « sa diffusion sur Netflix, donc sur un écran d’ordinateur tout riquiqui. Ce qui est une hérésie totale et réellement préjudiciable au film et à sa photographie magnifique… »

    Même si je préfère aussi les salles obscures pour le grand spectacle…Une Grande télé 4K avec un home-cinéma de qualité et une bonne connexion internet ça le fait aussi !
    Et puis à va pas bouder son plaisir parce que Netflix propose des films avec de belles images 😧.

    La BO : Putain, je ne sais pas ce que le mec raconte avec une feuille de papier à bout de bras. Je pige que dalle à l’allemand. Une chose est sûre, musicalement rien d’interessant à mes oreilles.
    Quel supplice d’écouter ce truc 🥴

  • Tornado  

    J’ai fini par me laisser tenter…
    C’est incontestablement un grand film. Un grand film sur la guerre, de ceux qu’il faut regarder au moins une fois dans sa vie pour prendre conscience de l’horreur et de l’absurdité de la chose.
    La réalisation est effectivement très impressionnante dans les scènes de combat et le fait que le film soit très long permet au spectateur de rentrer dans l’intimité et le quotidien des personnages et de s’attacher à eux.
    Maintenant, c’est extrêmement éprouvant et dégueulasse. Je ne suis quand même pas près de le revoir parce que, quand même, ça revient à s’infliger deux heures et demi d’horreur. Et cerise sur le gateau : La musique, avec ses trois notes malsaines, reste gravée pour tout le restant de la journée et il est impossible de se l’enlever de l’esprit ! Une pure abomination !
    Bref. C’est très fort. mais c’est atroce !

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