Focus : Les cartoons de TEX AVERY
Première publication le 20/11/23 – MAJ le 24/11/24
Un article de LUDOVIC SANCHESMa cinéphilie, et sans doute celle de pas mal de gens de ma génération, s’est d’abord construite grâce à la télévision. Si pour toute une cinéphilie orthodoxe de cette époque, la télévision (et plus directement la publicité) était l’ennemi désigné, elle se mettait pourtant volontiers au service du cinéma et son patrimoine, amenant par ailleurs à la situation qui allait définir une grande partie de notre politique culturelle depuis plusieurs décennies, celle qui fait de la télévision le financeur privilégié du cinéma français mais aussi de beaucoup de films partout dans le monde.
Il était donc possible grâce à la télévision de se forger une culture cinématographique et il y avait même des instants privilégiés pour cela qui étaient érigés en petites institutions cathodiques: le CINEMA DE MINUIT par exemple ou encore le CINE CLUB de Claude Jean Philippe repris quelques temps plus tard par Fréderic Mitterrand. Le magnétoscope et la cassette VHS furent d’autres outils indispensables à la constitution de cette cinéphilie.
Bien sur, comme tous les enfants de mon âge, je regardais aussi des programmes pour la jeunesse, je suis de la génération RÉCRÉ A2 (plutôt que CLUB DOROTHÉE) et DISNEY CHANNEL (sur la 3 avec les aventures de Winnie L’Ourson racontées par Jean Rochefort). Mais le temps ayant passé, pouvant enfin voir ce qui a perduré dans les souvenirs de mon entourage, ce qui s’est transmis au delà des générations, chez les plus jeunes, entre l’hégémonie envahissante de Disney (qui s’est payé le luxe de s’approprier d’autres icones de notre imaginaire de Marvel à STAR WARS) et le soft power nippon qui a engendré la génération manga, je me sens parfois un peu seul.
Car si je fouille dans mes souvenirs d’enfant et même de grand enfant, c’est toute une galerie de personnages qui ressurgissent et dont il me semble (mais c’est peut être une idée fausse) qu’ils ont été oubliés et dont, en tous cas, personne ne me parle plus: ce sont Bugs Bunny, Porky Pig, Daffy Duck, Pépé le Putois, Woody Woodpecker, Titi et Grosminet, Tom et Jerry, Bip Bip et le Coyote… pour ne citer qu’eux. C’est surtout une émission en particulier, ÇA CARTOON diffusée en clair (c’est important) sur Canal Plus entre 1986 et 2008. Une émission animée par Philippe Dana dans laquelle il présentait tous les dimanches soirs, le week-end se terminant et l’école reprenant le lendemain matin, une sélection de dessins animés issus des studios Warner Bros., Universal, MGM mais aussi parfois de la Fox ou du studio des frères Fleischer. Bien que s’adressant aux enfants, Philippe Dana présentait les cartoons comme on présente les films, mentionnant les dates, les noms des artistes et en particulier des réalisateurs : Chuck Jones, Friz Freleng, Bob Clampett, Robert McKimson…
A la même époque, Eddy Mitchell animait encore LA DERNIÈRE SÉANCE qui récréait à la télé l’ambiance des doubles programmes au cinéma, la programmation était assurée par Patrick Brion et il y avait entre les deux films un entracte avec un dessin animé, souvent un dessin animé de Tex Avery. L’autre grand rendez vous pour voir les classiques, c’était le CINÉMA DE MINUIT et pendant les périodes de fêtes, Patrick Brion remplaçait le traditionnel film par une selection de cartoons réalisés par Tex Avery présentés en version originale sous titrés. Ca allait devenir pour moi un rendez vous incontournable (d’autant plus qu’il était rare) jusqu’au lycée et même plus tard.
Car le cinéma de Tex Avery, ce n’était pas juste une époque, un univers, un style, un humour, c’était aussi un état d’esprit. A state of mind comme ils disent…
Frederick Bean Avery dit « Tex » Avery naît le 16 février 1908 au Texas. Dessinant depuis son adolescence, il part faire des études à l’Art Institute de Chicago où il étudie le dessin et l’animation. Dans un premier temps, il tente de se lancer en tant que dessinateur de comic strip mais peinant à trouver un emploi, alors installé en Californie, il entre comme intervalliste puis devient animateur chez Walter Lantz au studio d’animation de la Universal. Leon Schlesinger crée en 1930 son propre studio d’animation et s’associe avec la Warner Bros. et donne naissance aux séries des LOONEY TUNES ainsi qu’aux MERRIE MELODIES qui se voulaient une réponse aux SILLY SYMPHONIES produites par le studio Walt Disney des 1929. Il recrute Tex Avery en 1935 et Avery rejoint alors l’équipe créative de la mythique « Termite Terrace » (du nom affectueux donné au bungalow pour le moins délabré qui servait de lieu de travail aux animateurs du studio et dont le cinéaste Joe Dante a longtemps voulu raconter l’histoire dans un film) et qui crée collectivement toute une galerie de personnages célèbres de Bugs Bunny à Daffy Duck en compagnie d’autres figures majeures de ce qui est considéré comme l’âge d’Or de l’animation aux Etats Unis: Friz Freleng, Chuck Jones évidemment ou encore Frank Tashlin, le futur réalisateur de LA BLONDE ET MOI (1956) avec Jayne Mansfield et de nombreux longs métrages avec Jerry Lewis.
Mais c’est vraiment quand il intègre (après un bref détour par la Paramount) en 1942 le studio d’animation de la Metro Goldwyn Mayer dirigé par Fred Quimby que Tex Avery va pouvoir laisser exploser son génie. Une grande partie de ce qui constitue l’humour et le style de Tex Avery existait déjà à la Warner : son sens du rythme, ce gout de la vitesse, son utilisation de la musique, la parodie tout terrain, l’absurdité permanente et le jeu avec les conventions du cinéma. Mais travaillant désormais un peu dans l’ombre de TOM & JERRY, les personnages vedettes crées par William Hanna et Joseph Barbera en 1941 et dont le succès fulgurant fut un vrai véhicule pour le studio durant toute la décennie des années 40 (la série remporta sept fois l’Oscar du meilleur court métrage d’animation en dix ans) alors que jusqu’ici celui-ci était loin derrière Disney et consorts, Tex Avery bénéficie de fait à la MGM d’une grande liberté créative, garantie par une solide équipe de collaborateurs, son scénariste Heck Allen (qui par la suite fit carrière en écrivant des westerns), le compositeur Scott Bradley, ses animateurs Ed Love et surtout Preston Blair qui conçut les inoubliables créatures féminines des cartoons d’Avery. Cet âge d’Or va durer jusqu’en 1953, Avery quittant la MGM (le studio d’animation fermera ses portes cinq ans plus tard) pour retourner brièvement à la Universal puis finir sa carrière dans la publicité.
Il faut dire que la concurrence de plus en plus forte de la télévision aura aussi eu raison de cette période faste de l’animation américaine, le duo gagnant Hanna/Barbera continuera sa carrière avec succés sur le petit écran en créant de nombreuses séries animées qui deviendront très populaires. Néanmoins le travail des réalisateurs de cartoons reste peu reconnu au point que quand certains critiques français voudront s’intéresser à son travail, ils commenceront d’abord par se demander si le nom de Tex Avery n’était pas tout simplement un pseudonyme. L’écrivain Robert Benayoun, qui le considérait comme le seul autre grand cinéaste authentiquement surréaliste avec Luis Buñuel, mit des années à retrouver sa trace aux Etats Unis et Tex Avery, aussi discret que modeste comme beaucoup de cinéastes de l’âge d’Or d’Hollywood, fut bien surpris de voir des gens venir s’intéresser de manière aussi savante à son travail. Son influence est pourtant aujourd’hui aussi manifeste qu’indiscutable sur tout un pan de la culture populaire et aussi de ma culture personnelle, du Marcel Gotlib des RUBRIQUES A BRAC et de GAI LURON (ouvertement inspiré de Droopy) au SQUEAK THE MOUSE de Massimo Mattioli (jadis publié dans L’Echo des Savanes et réédité chez Revival), de QUI VAUT LA PEAU DE ROGER RABBIT (1988) de Robert Zemeckis aux films d’animation de Bill Plympton. THE MASK (1994), le film de Chuck Russell qui fit de Jim Carrey une star et qui fut un immense succés, est évidemment un hommage direct à Tex Avery.
Je vous propose donc une sélection totalement partiale et purement subjective de ses films, tous tirés de cette période magique de sa carrière qui dura onze ans à la MGM et d’une filmographie de plus d’une soixantaine de films.
BLITZ WOLF (1942)
La carrière de Tex Avery à la MGM démarre en fanfare avec ce film qui s’inscrit ouvertement dans un mouvement de propagande anti-nazie à Hollywood suite à l’entrée des Américains dans le conflit en décembre 1941. BLITZ WOLF sort le 22 aout 1942 et la même année d’autres studios d’animations produisent des films anti-nazis. BLITZ WOLF sera d’ailleurs nommé à l’Oscar du meilleur court métrage d’animation mais perdra contre un autre film anti-nazi, DER FUEHRER’S FACE, produit par les studios Disney. Il s’agit donc d’une relecture des TROIS PETITS COCHONS, conte traditionnel auquel Walt Disney avait offert une nouvelle popularité avec sa version animée réalisée en 1933 et sa célèbre chanson QUI A PEUR DU GRAND MECHANT LOUP ? composée par Frank Churchill.
Chez Tex Avery, le loup devient Adolf Wolf dont le générique nous précise que toute ressemblance avec un personnage existant n’est pas du tout fortuite. Le point de départ du conte reste le même, seul le troisième des petits cochons semble se méfier de la menace du Loup, l’insouciance des deux autres étant confortée par un pacte de non-agression que leur a signé le Loup dictateur, référence directe au pacte germano-soviétique conclu en 1939. Le bruit des chars et des canons ne tarde pas à se faire entendre mais des son arrivée, l’armée d’Adolf Wolf apparait ridicule et le Loup est instantanément humilié en se prenant une tomate en pleine face comme si elle provenait du public dans la salle. Sa démarche, qu’il se balade tour à tour faisant le salut nazi et la bave aux lèvres ou qu’il soulève son char comme une dame distinguée soulève ses jupons pour ne pas salir ses vêtements, est un régal d’animation. Une fois le conflit déclaré entre le Loup et les Cochons, la prévoyance du dernier Cochon prend ici la forme d’un armement aussi féroce que délirant qui va mettre à mal l’armée du Loup. Canons démesurément longs, avions aux noms loufoques, bombes hurlantes, missiles qui discrètement mettent le feu aux bottes du méchant dictateur, tout est permis. Et quand il s’agit de contrer les attaques du Loup, il suffit de capter l’attention de ses missiles en leur montrant un magazine de charme aux pin-ups aguichantes.
Dans ce grand barnum parodique, les clins d’œil sont nombreux (notamment au cinéma, d’AUTANT EN EMPORTE LE VENT au DOCTEUR KILDARE en passant par le SERGENT YORK incarné l’année d’avant par Gary Cooper dans le film d’Howard Hawks) et Avery use et abuse de son pêché mignon: les panneaux et autres écriteaux qui servent à briser le quatrième mur et à s’adresser directement au spectateur à coups de « Isn’t it ?« , la blague allant même parfois jusqu’à se commenter elle-même dans un troisième ou quatrième degré de l’humour qui semble infini. Evidemment, il s’agit d’encourager l’effort de guerre, l’armement américain s’avérant ici tellement performant qu’il finit par envoyer Adolf aux tréfonds des enfers où il sera chaleureusement accueilli par toute une bande de diablotins réjouis.
RED HOT RIDING HOOD (1943)
Toujours dans la série des parodies de contes célèbres, Avery s’attaque au PETIT CHAPERON ROUGE dont il avait déjà donné une première version à la Warner en 1937. A nouveau, l’ouverture du film respecte la trame du récit tel que connue par tous mais très vite, ca dégénère, les personnages du film, le Loup, le Chaperon Rouge et Mère Grand en ayant marre de toujours rejouer la même histoire se rebellent contre le film, le réalisateur invisible se retrouvant obligé de donner une nouvelle version de ce classique du conte. Là encore, le pacte fictionnel est brisé et l’humour vient chercher la complicité du spectateur, le genre du récit, l’intrigue, les personnages étant réduits à l’état de clichés narratifs qu’on va pouvoir des lors détourner.
Ce qui sidère encore aujourd’hui, c’est comment l’humour passe ouvertement par une érotisation des enjeux du conte orignal: du Loup libidineux au Chaperon Rouge ultra-sexy en passant par Mère Grand transformée en cougar bling bling totalement hystérique, tout cela parait fou dans le cadre d’un cinéma d’animation s’adressant quand même d’abord à un jeune public. C’est dans ce film-ci que Tex Avery crée la séquence mythique du Loup qui à la vue d’une sublime chanteuse et danseuse de cabaret rentre soudainement dans un état d’excitation et de transe qui permet toute une accumulation de gags visuels, métaphorisant de manière parfois très directe la pulsion sexuelle (le corps du Loup se dressant et se raidissant brusquement tel un sexe en érection) tandis qu’animée par Preston Blair, la beauté fatale se déchaine sur scène. Il faut dire qu’en matière de chorégraphie sexy, l’animateur s’y connaissait: dans un des films d’Avery réalisés à la Warner, il avait fait faire un strip tease à un lézard (notons qu’on lui doit aussi de célèbres séquences du FANTASIA de Disney). Projeté devant le public des G.I pendant la Seconde Guerre Mondiale, cette scène culte faisait parait-il son petit effet.
Très vite, le rapport de force s’inverse, d’abord parce que le Loup dragueur ayant tenté de séduire le Chaperon Rouge se voit infliger le râteau le plus hardcore de toute l’histoire du cinéma mais qu’il devient ensuite la cible de Mère Grand, chaude comme la braise, qui voudrait bien en faire son quatre heures. La course poursuite s’emballe sur un rythme frénétique, Tex Avery jouant aussi sur les ellipses, quand le Loup sort une énorme aiguille pour piquer le postérieur de Mère Grand, nous ne voyons pas la scène mais juste sa conséquence tandis que de manière totalement absurde les personnages apparaissent et réapparaissent ici ou là au détriment de toute logique (Droopy sera aussi coutumier du fait). La scène finale en forme de gag de répétition est très drôle mais ce n’était pas la fin originellement prévue qui fut parait-il censurée, le Loup et Mère Grand y convolaient en justes noces.
SCREWBALL SQUIRREL (1944)
C’est le premier film (il y en aura cinq en tout, tous réalisés entre 1944 et 1946) mettant en scène le personnage de l’Ecureuil fou alias « SCREWY » SQUIRREL, sans doute le personnage le plus furieux crée par Avery, il est vraiment désigné comme étant complètement cinglé, dans un des films suivants, nous le voyons s’évader d’un asile d’aliénés et il se prend visiblement pour Napoléon. Pendant la période Warner, Avery avait déjà donné à Bugs Bunny une personnalité très insolente, typique de son mauvais esprit et qui avait été considérablement adoucie par la suite pour rendre le personnage plus attachant. Avec l’Ecureuil fou, plus besoin de se retenir, on avait vu qu’avec le Loup la pulsion sexuelle s’exprimait ouvertement, mais chez « SCREWY » SQUIRREL, il n’y a plus de surmoi, le Ça se déchaine carrément, c’est un personnage vraiment méchant, régressif, malpoli, vindicatif, incontrôlable, incarnation du sale gosse qui casse tout et adore ça.
La scène d’ouverture est fabuleuse: dans une foret colorée, où les petits oiseaux volent d’arbres en arbres, un écureuil tout mignon gambade et récolte des noisettes, il est interrompu par notre Ecureuil fou qui lui demande de quoi le film en question va parler, ce à quoi l’adorable petite boule de fourrure répond qu’il est le héros du film et qu’il va partir à la rencontre de tous ses petits amis de la forêt. Très vite, le pauvre petit animal est emmené derrière un arbre et l’Ecureuil Fou lui règle son compte sans autre forme de procès. S’adressant directement au spectateur, il le rassure: « De toute façon, cette histoire là ne vous aurait pas plu ! » Difficile de ne pas y voir une pique directement adressée à Disney dont il moque ici la niaiserie et le sentimentalisme de ses dessins animés. Il faut peu de temps pour que l’Ecureuil Fou aille ensuite provoquer un Chien de chasse et il va s’acharner à lui jouer des mauvais tours et à le torturer avec un sadisme assumé. Le Chien, par ailleurs totalement stupide et irrécupérable, passe tout le film à s’en prendre plein la gueule sans aucune raison pour notre plus grand plaisir.
Le rythme est totalement échevelé et l’interruption du mouvement devient source de gags comme quand le film se met à bégayer car le disque qui diffusait la bande son (l’Ouverture du GUILLAUME TELL de Rossini) s’était mis à sauter. Car là réside en fait la folie sans limites du personnage de « SCREWY » SQUIRREL, c’est que c’est bien lui qui a le contrôle total du film, comme le suggérait la scène d’ouverture et ce comme toujours chez Tex Avery, et c’est là sa modernité totale, avec la complicité du spectateur. D’où des gags absolument géniaux comme quand l’Ecureuil décide d’aller regarder la scène suivante du film pour savoir quelle nouvelle vacherie il va pouvoir infliger au Chien ou quand c’est lui-même qui interprète la musique et les bruitages d’une des scènes du cartoon. A bout de force, le Chien supplie alors que le film se termine afin de mettre fin à son calvaire, le générique de fin démarre mais c’est l’Ecureuil Fou lui-même qui l’interrompt pour pouvoir continuer à s’acharner sur le pauvre toutou. La folie furieuse de « SCREWY » SQUIRREL continuera à s’exprimer dans d’autres films mais chose rare, Tex Avery finira par tuer son personnage, celui-ci étant la victime d’un chien triste et solitaire, avide de tendresse. « Sad ending, isn’it ?«
THE SHOOTING OF DAN MC GOO (1945)
C’est le second film mettant en scène la création la plus célèbre de Tex Avery, je parle ici évidemment du personnage de Droopy. Il apparaissait pour la première fois deux ans plus tôt dans DUMB-HOUNDED dans lequel il était déjà confronté au Loup qui était incarcéré à la prison de Swing Swing et s’en évadait, la police lançant à ses trousses une armée de chiens limiers dont le placide et débonnaire Droopy (un pitch qu’Avery reprendra à l’identique dans NORTHWEST HOUNDED POLICE en 1946 avec les mêmes personnages). Droopy est un personnage typique de l’univers d’Avery, d’abord parce qu’il a conscience d’être un personnage et s’adresse directement au spectateur et puis parce que tout est affaire de rythme chez lui. Dans un monde et un médium où règne la vitesse et le mouvement permanent, il introduit la lenteur (qui contraste avec l’énergie du Loup en fuite permanente, opposition burlesque classique) et la désorientation (où que le Loup aille, Droppy y apparait comme par magie, sans qu’on sache comment il a pu arriver là).
Délirante parodie de western, THE SHOOTING OF DAN MC GOO est un des chefs d’œuvres de Tex Avery et un des ses plus représentatifs. Les codes et les clichés du genre westernien sont tous là: la petite ville, le saloon et son pianiste, les fusillades, les pendaisons, le duel, le panneau à l’entrée de la ville indique le nombre d’habitants qui fluctue au rythme des coups de feu, il y a même le croque mort qui répond au doux nom de Rig. R.Mortis ! Le justicier Dan McGoo, le héros, c’est en fait notre bon vieux Droopy, toujours aussi flegmatique, qui va s’opposer au Loup, renégat qui débarque de manière tonitruante dans une voiture à la taille particulièrement impressionnante (un gag qui sera repris presque tel quel par le vidéaste Chris Cunningham dans son clip pour le WINDOWLICKER d’Aphex Twin en 1999).
Comme dans beaucoup d’autres de ses films (et particulièrement dans SYMPHONY IN SLANG en 1951) certains gags consistent à prendre des expressions du langage courant au pied de la lettre, le méchant tueur s’avançant littéralement ici avec « un pied dans la tombe » à la place de sa botte. Le duel entre Droopy et le Loup est vite interrompu par l’irruption d’une sublime jeune femme, Lou, qui comme dans RED HOT RIDING HOOD nous gratifie d’un numéro musical qui ne laissera personne indifférant. C’est un vrai feu d’artifice, un peu une sorte de best of de tout ce que Tex Avery avait fait jusque là.
KING-SIZE CANARY (1947)
Dans les cartoons, les personnages sont souvent réduits à des pulsions primaires, la faim ayant été fréquemment utilisée comme moteur, Avery en ayant donné une illustration particulièrement grinçante dans WHAT’S BUZZIN BUZZARD en 1943 où deux vautours affamés finissaient par envisager la possibilité de se dévorer l’un l’autre, ce sommet d’humour noir ayant été peu apprécié par le patron du studio, Fred Quimby. KING-SIZE CANARY peut être vu comme la réponse d’Avery à la série vedette de la firme, TOM & JERRY et en général à tous les cartoons où un animal plus ou moins affamé en chasse un autre comme TITI & GROSMINET crée en 1942 par Friz Freleng et Bob Clampett et qui annonce évidemment BIP BIP ET COYOTE, chef d’œuvre absolu du genre conçu par Chuck Jones en 1949.
Le burlesque fonctionnant sur l’exagération et sur l’opposition des contraires, Tex Avery, dans son entreprise constante d’inversion des valeurs, a souvent confronté non seulement la vitesse à la lenteur mais aussi la grandeur à la petitesse. Beaucoup de ces films explorent les potentialités comiques de l’infiniment petit, la petite souris terrifiant le lion dans SLAP HAPPY LION (1947), mais aussi les pygmées, les lutins ou surtout les puces dans WHAT PRICE FLEADOM (1948) et dans THE FLEA CIRCUS (1954) qui sont parmi les plus adorables cartoons d’Avery.
Evidemment quand les pulsions sont exprimées avec autant d’intensité, le corps est soumis aux plus improbables transformations et ici par une astuce géniale (une bouteille d’engrais qui ne fait pas grandir que les plantes mais aussi tous ceux qui pourraient en boire) Avery repousse toujours plus loin les limites du gigantisme. Des lors, la banale course poursuite réunissant les personnages habituels de ce genre de cartoon (la chat de gouttière, le petit oiseau, la souris, le gros molosse) prend des proportions hallucinantes, la maison puis la ville puis le monde entier devenant un vaste terrain de jeu (comme dans les films de monstres, quelque part entre KING KONG et GODZILLA) tandis que les rapports de force s’inversent constamment, le canari écrasant le chat, la souris terrifiant le chien et ainsi de suite. Outrance, vitesse, saturation: le concept est poussé jusqu’à l’épuisement et ce sont les personnages eux mêmes qui ne pouvant aller plus haut et plus loin mettront fin au film.
THE CAT THAT HATED PEOPLE (1949)
C’est l’un des chefs d’œuvres de Tex Avery et sans doute mon préféré, un de ses films les plus délirants et les plus surréalistes. Déjà il y a le personnage génial du chat misanthrope qui vient nous expliquer pourquoi il déteste tout le monde et qui passe la première partie du film à se faire maltraiter: c’est un vrai déchainement de violence et de cruauté gratuite, le pauvre matou se prend des coups de balai, de poêle de frire, de hache, se fait tirer dessus à coups de fusil de chasse, est brisé en mille morceaux, piétiné, écorché vif, se fait torturer par des enfants et même par un adorable bébé. Dans un de ces gags qui consiste à condenser une action longue sur une durée ultra-courte, le moment où le chien de la famille tente de faire croire à ses maitres que le chat a essayé de l’assassiner est un sommet.
Définitivement désespéré, le chat décide de fuir et fait appel à une sorte de compagnie touristique qui propose des voyages dans l’espace. Il se retrouve alors sur la Lune au milieu d’un paysage désertique. « Plus de gens ! Plus de bruit ! Plus rien ! » se réjouit-il alors. Mais très vite, un vrai vacarme vient déranger sa tranquillité et des lors ce n’est pas, comme on pourrait s’y entendre, une cohorte d’extraterrestres fantaisistes comme dans les films de science fiction de série B qui débarque, mais une armée d’étranges créatures issues d’un univers où les objets du quotidien et les inventions du monde moderne ont pris vie et se retournent contre le seul être vivant qui est à leur disposition, ce chat qui n’en demandait pas tant.
Tex Avery repousse ici les limites d’un cinéma d’animation communément basé sur l’anthropomorphisme: car puisqu’on peut humaniser les animaux, éventuellement même les machines, pourquoi ne pas transformer aussi les objets en personnages qui, réduits à leur fonctionnalité la plus mécanique et répétitive, semblent être devenus fous: le pneu de bagnole, le marteau, le rouge à lèvres, la paire de ciseaux, le taille crayon et j’en passe. Le dénouement est d’un cynisme total: le chat préfère fuir ce monde de fou pour retourner sur Terre, ce monde soi-disant civilisé (« This good old U.S.A !« ) où comme c’est souvent le cas dans les cartoons dont les personnages principaux sont des animaux, les humains sont réduits à des silhouettes dont on ne voit pas les visages, ici une horde de passants dans une rue qui marchent comme des robots, piétinant en toute indifférence le chat qui, cette fois-ci, accepte son sort, faute de mieux.
MAGICAL MAESTRO (1952)
MAGICAL MAESTRO est l’un des films les plus aboutis de la veine musicale de l’œuvre de Tex Avery qu’on retrouve des ses tout premiers films de la période Warner comme PAGE MISS GLORY et I’D LOVE TO SINGA, tous les deux réalisés en 1936, le premier comportant de nombreux passages musicaux, le deuxième étant un hommage au CHANTEUR DE JAZZ (1927) avec Al Jolson. MAGICAL MAESTRO repose sur une seule idée: par vengeance, un magicien raté prend la place du chef d’orchestre pendant un récital d’opéra et va avec sa baguette (magique) perturber la représentation et la performance du chanteur Poochini qui doit livrer une interprétation du célébrissime Air de Figaro tiré de l’Acte 1 du BARBIER DE SEVILLE de Rossini (encore lui !). Un choix musical évident tant on sait que ce morceau est fameux par son tempo extrêmement soutenu qui favorise la rapidité et la virtuosité dans l’exécution.
Au rythme du morceau répond les transformations incongrues que fait subir le magicien à Poochini qui se retrouve soudain sur scène en tutu puis déguisé en chef indien, en joueur de tennis ou en bagnard. Tout le film est aussi rythmé par les apparitions et disparitions de lapins (ces lapins que tout magicien qui se respecte doit pouvoir faire sortir de son chapeau) et qui constituent un running gag très efficace. Mais le délire monte d’un cran quand à la manière d’un véritable mash up musical, le chanteur est forcé sans crier gare de littéralement changer de disque, se transformant en cowboy pour interpréter un standard de la ballade folk traditionnelle OH MY DARLING, CLEMENTINE (qui donna son titre original à LA POURSUITE INFERNALE, le western de John Ford) ou régressant au stade infantile pour brailler une comptine pour enfant et aussi en imitant la chanteuse brésilienne Carmen Miranda sur la chanson MAMAE EU QUERO.
Evidemment, malgré tous les accidents, Poochini continue de chanter, toujours plus vite et ne s’interrompra qu’une seule fois et c’est sans doute là l’un des gags les plus géniaux de toute la filmo de Tex Avery: au bout de 3 minutes 50 de film, un cheveu apparait à l’image, en effet, il se pouvait dans les projecteurs de cinéma qu’un cheveu vienne se glisser entre la pellicule et la lentille qui, grossi à la taille de l’écran, devenait la phobie des projectionnistes. Le cheveu se balade donc à l’écran pendant une bonne trentaine de secondes (on ne peut pas ne pas le remarquer) jusqu’à que Poochini s’arrête de chanter et vienne lui-même arracher le cheveu pour le balancer en dehors du cadre. Ou quand la folie du gag excède les limites de l’écran pour aller jusque dans la cabine de projection.
La BO du jour : ELYSIAN FIELDS – Red Riding Hood
une autre relecture de la confrontation entre le Loup et le Chaperon Rouge, tout aussi torride que chez Tex Avery
Merci pour cette présentation et cette sélection !
Ça Cartoon, grande institution du dimanche soir. Chaque semaine, nous maudissions le générique de fin, signe de la fin du week end…
Gamin, je n’étais pas fan de la plupart des Tex Avery, en dehors de Snoopy et des déboires du Loup. Bien que j’en ai un souvenir très vague, en relisant ton article très détaillé, j’imagine plusieurs raisons :
– Une cruauté gratuite. C’est la marque de fabrique de ce type de dessins animés mais Elmer, Sam, Tom ou Vil Coyote en prenaient généralement plein la gueule car ils tentaient de tuer le personnage principal. Tex Avery semble retirer tout prétexte dans plusieurs de ses courts métrage, et je n’ai pas dû accrocher avec le sadisme de l’écureuil ou vouloir être témoin des malheurs du chat misanthrope
– l’enchaînement : je pense avoir été habitué à une scène/un gag, mon petit cerveau de l’époque ne devait pas être capable de suivre les personnages-tornades de Tex Avery
– le côté méta. Trop complexe pour mon âge, peut-être trop dépendant du contexte (le gag du cheveu est-il compréhensible en dehors de la projection ciné ?)
Bref, va falloir revoir tout ça avec des yeux d’adulte… ça tombe bien, j’ai une sélection toute prête devant moi 🙂
Un « Ludovic special origins » et un article avec lequel je me sens en symbiose. Je suis moi aussi d’une « génération plus Récré A2 que Club Do« , et je me sens aussi parfois bien seul au milieu d’un monde que je ne reconnais déjà plus.
Toutefois, je transmets mon univers à mes enfants qui l’accueillent très chaleureusement. Ils sont fans de Tex Avery et des Looney Tunes, qu’ils connaissent sur le bout des doigts, de même que les animes de la première période Dorothée (GOLDORAK, TOM SAWYER) et les séries initiées par Miyasaki (CONAN LE FILS DU FUTUR, SHERLOCK HOLMES). Ils sont également très fans, bien sûr, des classiques Disney, ce qui ne les empêche pas d’aimer aussi les nouveautés, notamment les Pixar. C’est bien de connaitre le passé afin de mieux s’ouvrir au présent et à l’avenir, tout en sachant être sélectif. C’est ça, la cinéphilie.
Tex Avery, c’est le génie pur. Onze années de folie chez la MGM où tout est réinventé. Le genre d’oeuvre où l’on peut dire qu’il y a un avant et un après.
La liste proposée est excellente et contient deux de mes films préférés : THE CAT THAT HATED PEOPLE (dont la voix-off hyper-sérieuse contraste à mourir de rire avec les événements) et surtout MAGICAL MAESTRO, mon préféré de tous. À cette liste j’ajouterais mes quatre autres chouchous :
– QUI A TUÉ QUI ? (parodie de films noirs et de films d’horreur)
– SLAP HAPPY LION cité dans l’article
– LITTLE TINKER (irrésistible parodie du Sinatra première période)
– LE CHAT VENTRILOQUE (gamin, je me le passais en boucle, notamment le final génial)
Mais en regardant la liste des 67 films, j’ai du mal à me retenir d’en citer encore une vingtaine ! Au moins !
Je citerais quand même volontiers, comme ça au feeling, HALF-PINT PIGMY, ONE HAM’S FAMILY, BATTY BASEBALL, JERKY TURKEY, LONESOME LENNY (mon Squirrel préféré), HENPECKED HOBOES, ROCK-A-BYE BEAR, DROOPY DOUBLE TROUBLE, et CUCKOO CLOCK.
La BO : Connais pas. Pas sûr d’aimer. Par contre bon choix pour l’article.
Oui QUEEN OF THE MEADOW, disque magnifique avec ma chanson préférée de ELYSIAN FIELDS dessus, DREAM WITHIN A DREAM, Jennifer Charles qui chante un poème d’Edgar Allan Poe, c’est quelque chose !
J’ai moi aussi découvert Tex Avery via le Cinéma de Minuit. Mon père était ultra-fan (comme quoi, la transmission, c’est important) et enregistrait sur VHS les « festival Tex Avery » qui étaient diffusés dans l’émition autour du jour de l’an. Ensuite, c’était parti pour les regarder en boucle !
C’était la première fois que je regardais quelque chose en VO. Je me souviens, alors que la VO ne faisait pas du tout notre ordinaire à la maison, que nous étions tous d’accord pour dire qu’on ne voudrait jamais voir ces dessins animés en VF (et d’ailleurs j’ai détesté et boycotté leur passage dans Ça Cartoon, que je ne regardais donc jamais puisque, en plus, ils avaient refait le doublage des Looney Tunes avec des voix complètement nulles). J’ai toujours été épaté par les voix des Tex Avery. Elles sont aussi géniales que la musique et les bruitages. Tout le travail sur le son, dans un Tex Avery, est aussi génialissime que celui sur l’image. C’est la révolution à chaque seconde. Les voix sont souvent suaves, chaffouines, ou totalement décalées (une voix hyper empruntée et sérieuse derrière une succession de scènes surréalistes, par exemple). Les personnages ont souvent des voix qui ne correspondent pas à leur physique ou à leur stature (la petite souris dans SLAP HAPPY LION qui a une voix ultra-rauque !), ou alors ils sont interprétés par des acteurs déchaînés à la diction hilarante comme les deux frères ours dans RED HOT RANGERS et HENPECKED HOBOES. Enfin, Tex Avery était un mélomane averti et ses films sont souvent axés jazz et musique classique, avec un rafinement exemplaire.
Comparer Buñuel à Tex Avery ! Je n’y aurais jamais pensé. Je choisi de loin l’école Tex Avery et y ajoute celle des Monty Python (étant toujours très réfractaire à tout ce qui est strictement expérimental (dans le sens où ce dernier élément prend le pas de manière exclusive sur le duo divertissement/plaisir), en musique comme au cinéma, je ne tiens pas deux minutes devant le cinéma de Buñuel).
Il y a quelques années, j’ai réalisé un court-métrage scolaire intitulé QUI A VOLÉ QUI ? C’est un remake en live de QUI A TUÉ QUI ? de Tex Avery ! On a gagné le premier prix d’un festival de court-métrage scolaire avec ça. Il est visible sur Youtube.
Encore un superbe article, remarquablement écrit, avec une parfaite balance entre informations factuelles et enthousiasme personnel.
Tex Avery, pour moi comme certainement pour beaucoup de lecteurs ici, ce sont avant tout des souvenirs d’enfance et la sensation de voir quelque chose qui tranche par rapport au reste.
Je me dis souvent que je devrais les revoir aujourd’hui et les apprécier avec un regard beaucoup plus adulte mais il y a tant de choses à faire et si peu de temps pour les faire.
Bonjour Ludovic.
Merci pour cette excellent article, qui doit parler aux fans des comics et culture américaine que nous sommes.
J’ai toujours aimé TEX AVERY, plus que Disney ou les mangas de Récré A2 ou du club dorothée, bien que j’ai passé un nombre d’heure incalculable devant ces deux derniers avec mon chocolat chaud.
Pour moi TEX AVERY c’est en effet LA DERNIERE SEANCE mais surtout les marathons diffusés sur la A2 ou la FR3 pendant les périodes des fêtes de fin d’année. On s’y retrouvait en famille devant, au coin de la cheminée en partageant ce même gout pour les adjectifs que tu as tous cité : impertinence, méchanceté, outrance, non-sens, xième mur … Pas très esprit chrétien de noël, j’en conviens 🙂 Je me rappelle très bien avoir offert un coffret intégrale DVD à mon père.
Droopy a toujours eu ma préférence ainsi que l’écureuil fou.
Je retiens aussi ton introduction, parfait reflet de nos expériences communes, de celles qui ont forgé notre cinéphilie. Loué soit le saint magnétoscope le grand……
Merci du coup à nos ainés qui nous ont permis l’accès à ces trésors.
La BO : bien vu mais pas pour mes oreilles dans ce contexte. Cela serait parfait dans un films US tendance indé un peu trash (Gregg Araki par exemple) des années 90.
Merci à tous pour vos commentaires ! Ravi de voir que cet article réveille de nombreux souvenirs communs chez vous tous !
Et encore merci à ED ILLUSTRATRICE pour sa belle image ! Décidément à chaque fois je suis gâté !
Voilà un article bienvenu : je me souviens de quelques dessins animés de Tex Avery (pas beaucoup, je suis un dilettante en la matière 🙂 ), et je me souviens également de La dernière séance présenté par Schmoll, mais je n’en pas regardé souvent car ça entrait en conflit avec mes devoirs. Quelques souvenirs également d’enregistrement sur VHS des films du Ciné-Club sur Antenne 2.
J’ai beaucoup apprécié les § consacrés à la carrière de Tex Avery, enfin Frederick Bean Avery, car je ne m’y étais jamais intéressé, de la Universal à la MGM en passant par la Warner Bros.
Blitz Wolf : celui-là je pense que je ne l’ai pas vu. Le commentaire donne envie, et je m’en lèche déjà les babines comme un certain loup.
Red hot riding Hood : celui-là je j’ai vu en entier et je m’en souviens encore. Comme tu le pointes, le décalage de ton et de public sautait aux yeux en comparaison avec Titi & Gros minet, ou Tom & Jerry.
Srewball squirrel : j’ai dû voir ce dessin animé que tu analyses, et c’est vrai que l’écureuil brisant le 4ème mur m’a marqué à jamais.
The shooting of Dan McGoo : pas vu, il faut que je le voie. Ça marche toujours quand je parle à quelqu’un en reprenant la phrase d’accroche de Droopy : Bonjour joyeux contribuable !
King-size canari : pas vu non plus. C’était un peu la difficulté avec Ça cartoon : je ne tombais pas forcément sur les bonnes sélections.
The cat that hated people : pas vu non plus, mais qu’est-ce que j’ai fait de ma vie ?!?
Magical maestro : ouf, je n’ai pas complètement raté ma vie, car celui-ci je l’ai vu. 😀
Merci beaucoup pour cet article roboratif et analytique, j’en ai eu le sourire rien qu’à le lire.
Bravissimo Ludovic !
C’est passionnant même pour moi qui me reconnait d’avantage dans la génération Dorothée que Tex Avery. Sans ton article, je me rendais compte que je suis tout à fait capable de confondre avec les personnages Hanna Barbera.
Enfant, je détestais les programmes destiné aux enfants ou identifiés comme tels. Les animés japonais s’adressaient à l’adulte en moi et ces histoires malgré tous ces sous-entendus sexuels que tu pointes me passaient par dessus la tête. Il me fallait du drama, de la tristesse et de la mélancolie.
De nos jours, c’est Miyazaki que je ne peux plus supporter parce qu’associé (malgré lui) à cette tendance respectable du manga à voir absolument. Du Ghibli j’en ai tellement bouffé pendant l’enfance des mes deux gosses que je ne peux plus…
Tu as raison de souligner l’impact de Tex sur la culture populaire, notamment Gotlib dont j’adorais le Gai-Luron inspiré par Droopy. J’ai quand même bien envie de chercher RED HOT RIDING HOOD, ce que tu en écris semble irrésistible.
La BO : EF a eu son heure de gloire. J’adore l’album fait avec Jennifer Charles et Lovage et Murat.
Sur ce morceau, elle allume encore une fois de plus son auditeur.
Bravo.
Merci Bruce !
Pour préciser, j’ai aussi été fan des séries animées japonaises, mais comme c’était avant le CLUB DOROTHEE, mes séries à moi, c’était plutôt ALBATOR et surtout GOLDORAK en fait… alors que quand DRAGON BALL et LES CHEVALIERS DU ZODIAQUE (et quelques autres…) sont arrivés, ben je m’y intéressais déjà plus trop… je comprends bien la distinction que tu fais sur le côté adulte des animés japonais qui te plaisaient (je me demande si on peut pas faire la même distinction entre la BD franco-belge classique et les comics), j’irais même plus loin, il y avait même un côté un peu interdit (la violence de KEN LE SURVIVANT) mais je crois que pour moi mes envies de mondes adultes se sont très vite projetés sur le cinéma: en l’espace de quelques années, entré au collège, j’avais vu des Hitchcock, j’avais vu 2001 de Kubrick, j’avais même vu MAD MAX 2 et mes premiers films d’horreur, POLTERGEIST et CREEPSHOW et c’était joué…
Du coup, comme je le te l’ai peut-être déjà dit, j’ai rattrapé le train de l’animation japonaise que bien plus tard (et celui des mangas encore plus tard, honte à moi) et quand tu parles de Miyazaki, je ne le vois évidemment pas comme toi parce que je l’ai découvert en tant que cinéphile, pour moi je n’ai jamais fait de différence entre lui et un Mamoru Oshii ou un Satoshi Kon mais aussi entre eux et les grands cinéastes asiatiques qu’on découvrait à cette époque que ce soit les Wong Kar Wai, les Takeshi Kitano ou les Bong Joon Ho. Miyazaki n’est pas un cinéaste pour enfants, d’ailleurs certains de ces films sont vraiment pour adultes, LE VENT SE LÈVE, autant dans le fond dans le forme, rappelle le cinéma des grands maitres et se hisse aux côtés de Douglas Sirk, Stanley Kubrick ou Luchino Visconti. On est trés loin de KUNG FU PANDA 4 ou des MINIONS 12 !!
Sur ELYSIAN FIELDS, je continue toujours à les suivre depuis que je les ai découvert, ça remonte à une bonne vingtaine d’années, il y a toujours de belles choses, j’aime beaucoup leurs deux derniers disques…
Super idée de parler du grand Tex ici ! Comme toi j’ai fait ma petite cinéphilie grâce à la télévision en premier lieu, mais mes parents m’ont emmené très tôt au cinéma, dès mes trois-quatre ans. Comme toi je regardais le Cinéma de minuit et La dernière séance (je ne me souviens pas du Ciné Club mais j’ai dû en voir). Tu as raison, tous ces personnages sont un peu désuets. Ils persistent encore dans les goodies et les produits dérivés comme les serviettes de plage, mais on ne les voit plus trop sur les écrans. Il faut dire que les tentatives de reprendre ces personnages, dès les années 70, n’ont pas fourni de la qualité (Hanna Barbera a fait beaucoup de mal) et les Tiny Toons m’ont toujours paru insipides.
Ah oui je me souviens de CA CARTOON en effet, c’était super. Je ne savais pas qu’elle avait duré aussi longtemps. Ce que je sais, c’est que passé les années 60, les Tom et Jerry et Bugs Bunny n’ont plus trop de bons épisodes. Je me souviens bien d’avoir une VHS avec un Bugs Bunny en VO diffusé pendant La dernière séance, celui où il joue une équipe entière de base-ball. C’est un pur chef d’oeuvre.
Comme j’ai moi-même emmené mes enfants très tôt au ciné, mais que je ne pouvais pas leur montrer les Tex Avery, j’ai acheté le coffret DVD de l’intégrale. Ce n’est psd une vraie intégrale et la censure y est présente mais l’essentiel y est. Et c’est avec un énorme plaisir que je peux dire qu’ils ont tout de suite adoré.
fnac.com/a1465281/Coffret-Tex-Avery-Les-63-Oeuvres-de-1942-a-1955-DVD-Zone-2
A part ça j’ai un très beau livre grand format sur Tom and Jerry, avec des pages qui se déplient et des calques de dessin, et j’attends d’hériter de celui sur Tex Avery. Les deux sont de Patrick Brion.
Merci beaucoup pour l’historique de l’auteur, je ne savais pas la plupart de ce que tu relates. Quant à ton choix des dessins animés eux-mêmes, il est excellent et comporte les plus emblématiques de son auteur. Je me souviens de tous. En lisant les commentaires des autres, j’ai les mêmes souvenirs (les fêtes de Noël…), mais comme toi, j’étais déjà très attaché à ça dès mon plus jeune âge grâce à mon oncle qui était cinéphile, qui me faisait regarder les westerns avec Randolph Scott et les films de Kazan ou avec Spencer Tracy et les Hitchcock.
Je suis fan du DA avec Lenny sorti tout droit de DES SOURIS ET DES HOMMES qui tue malencontreusement l’écureuil fou (je l’adore ce perso et ses histoires), je me retrouve aussi dans les choix de Tornado même si je ne les identifie pas tous. J’adore notamment un non cité, COCK-A-DOODLE DOG, avec ce coq qui chante quoiqu’il arrive alors que le chien rentré au petit matin veut dormir. Contrairement à JB, ces personnages méchants et cruels m’ont toujours fait rire, ils ont ma préférence à moi, même si les Simpsons les caricaturent trop violemment avec Itchy et Scratchy. Tu fais bien de parler de ROGER RABBIT aussi, en le voyant au ciné, je retrouvais l’ambiance folle de ces dessins animés impossibles à produire dès les années 60 car trop chers : l’animation est tellement puissante. Si tu n’as pas vu PRESTO, un court de Pixar, fonce, c’est un de leurs meilleurs et un hommage immédiat à MAGICAL MAESTRO (un de mes préférés également, avec RED RIDING HOOD et DAN MC GOO). Bref, un grand merci pour tout ça, tu me donnes envie de ressortir mon coffret DVD.
La BO : je ne connais pas trop Elysian Fields, il faut que j’essaie, je connais juste très très bien l’album de Lovage où Jennifer Charles chante avec Mike Patton sur la musique de Dan The Automator. Album qui s’appelle Music to Make Love to Your Old Lady by. Hot aussi. Je repasse après avoir écouté.
Ah et comme toujours j’oublie de saluer le super dessin de Ed. Ils sont toujours super.
Super article et une évidence!
Tex Avery, auteur des premiers fous rire devant la tv (avec quelques Disney quand même (Goofy, Pluto)
Pour la japanime, je suis né à la période charnière autant Goldorak que Juliette je t’aime pour moi et j’ai aussi rattrapé le auteurs par la suite
PATLABOR, PERFECT BLUE, KIKI LA PETITE SORCIERE, GALAXY EXPRESS 999,NINJA SCROLL sont de purs chefs d’œuvre de cinéma à mes yeux.
Oui j’ai oublié de dire que l’article est super intéressant et bien écrit (et je suis complètement d’accord avec ce que j’en lis dans les analyses de chaque DA) et que pour sûr je repasserai le lire.