Y a-t-il un psychiatre dans la salle ?

Suicide Squad 1 – Trial by fire par John Ostrander & Luke McDonnell

Feu à volonté !

Feu à volonté !© DC Comics

AUTEUR : Présence

VO : DC Comics

VF : Urban

Ce tome est le premier d’une série consacrée au Suicide Squad débutée en 1987. Il comprend le 14 de Secret Origins consacré au Suicide Squad, ainsi que les épisodes 1 à 8 de la série, initialement parus en 1987, tous écrits par John Ostrander et dessinés par Luke McDonnell. Dave Hunt a encré le numéro de Secret Origins. Karl Kesel a encré les épisodes 1 à 3, Bob Lewis les épisodes 4 à 8.

Cette histoire évoque régulièrement les événements de Legends, aux cours desquels le Suicide Squad a accompli sa première mission, en perdant un membre sur le champ de bataille.

Secret Origins 14 – Le président des États-Unis (Ronald Reagan) reçoit dans son bureau Amanda Waller (responsable du service Task Force X) et de Sergeant Steel, son superviseur. Ils lui retracent l’histoire de Task Force X, ainsi que celle de Rick Flag, et de son père. Il est également question du passé d’Amanda Waller et de ses motivations.

Épisodes 1 à 8 – L’Escadron du Suicide est le surnom donné à l’équipe opérationnelle de Task Force. Elle est composée d’individus dotés de superpouvoirs, soit cherchant à expier une partie de leur passé, soit des criminels acceptant d’accomplir des missions à haut risque pour réduire leur peine de prison. Au début l’équipe est dirigée par Amanda Waller, avec le Colonel Rick Flagg comme chef d’opération. Elle comprend Bronze Tiger (Ben Turner), Captain Boomerang (George Hakness), Deadshot (Floyd Lawton), Plastique (Bette Sans Souci), Enchanteress (June Moone), Nemesis (Tm Tresser), et Nightshade (Eve Eden).

En direct dans le bureau ovale (avec Ronald Reagan)

En direct dans le bureau ovale (avec Ronald Reagan) © DC Comics

Au cours de ces 8 épisodes, le Suicide Squad doit démanteler un groupe de terroristes disposant de superpouvoirs, faire face à l’irruption des Female Furies qui viennent récupérer Glorious Godfrey dans la prison Belle Rêve (également leur base d’opérations), mettre fin à la récupération clandestine de criminels de rue par un parti d’extrême droite, libérer une dissidente détenue en URSS, et passer leur évaluation psychologique.

Après Crisis on infinite earths, les responsables éditoriaux relancent plusieurs personnages à neuf. Superman a droit à une version bien pensée et propre sur elle grâce à John Byrne. Wonder Woman bénéficie d’un traitement tout aussi soigné et pur par George Perez. À côté de ça, les lecteurs découvrent la série du Suicide Squad, pas du tout attendue, avec des personnages d’arrière rang, méconnus ou inconnus, un ramassis de criminels et de névrosés prêts à se taper dessus, que leurs chefs envoient au combat en sachant qu’il y aura des pertes en vie humaine des 2 côtés.

Suicide Squad par John Byrne dans Legend

Suicide Squad par John Byrne dans Legend © DC Comics

À la tête de la série, John Ostrander commence par narrer les origines de cette équipe, en remontant jusqu’à la seconde guerre mondiale, avec là aussi des héros méconnus, jusqu’à un groupe bien nommé des Forgotten Heroes (sic). Il prend soin de relier cette origine à quelques éléments historiques comme le maccarthysme ou les violences dans les quartiers défavorisés (et noirs). Il a la main un peu lourde en termes de drame, que ce soit à l’encontre de Rick Flag ou d’Amanda Waller. Le tout produit une impression étrange, assez adulte dans son propos, avec des éléments fantaisistes typiques de l’univers partagé DC, comme cette île aux monstres, ou la Justice Society America (JSA) sommée de révéler les identités secrètes de ses membres.

Ce léger décalage entre le fond et la forme reste présent tout au long des 8 épisodes suivants. Carl Gafford accomplit des prouesses pour s’éloigner des couleurs primaires spécifiques aux superhéros, mais il se trouve parfois limité par la technologie de l’époque. Il ne peut pas non plus atténuer le jaune pétant du T-shirt de Rick Flag, ou les costumes chamarrés des supercriminels (le rouge et le jaune pétants de celui de Deadshot). De la même manière, le dessinateur est bien obligé de dessiner ces costumes tels qu’ils existent jusqu’à leur aspect parfois infantile (toujours celui de Deadshot, ou le chapeau pointu d’Enchanteress, ou le motif de Boomerang sur la tunique de Captain Boomerang, ou encore les ailes diaphanes de Black Orchid).

Attaque terroriste dans un aéroport américain

Attaque terroriste dans un aéroport américain© DC Comics

Au fil des épisodes, le lecteur ressent fortement l’impression que la présentation politique en toile de fond est au mieux condescendante, au pire partiale, avec des relents nauséabonds. L’aventure en URSS montre des dirigeants cyniques et manipulateurs (tout autant que ceux montrés pour les États-Unis qui envoient des repris de justice se faire massacrer), à la tête d’une armée particulièrement incompétente. La première mission se déroule dans un pays fictif appelé Qurac (mélange d’Iran et Iraq), où le gouvernement a créé une équipe de terroristes (appelée Jihad), dont il souhaite vendre les services aux plus offrant. À ce niveau-là, ça dépasse la caricature, pour devenir de la diffamation.

Derrière ces maladresses un peu pesantes, le lecteur découvre un récit bien noir, très différent de la production mensuelle de l’époque. John Ostrander montre des individus névrosés et traumatisés, souffrant de manque d’empathie (Deadshot), d’absence de tout sens moral (Captain Boomerang), de culpabilité du survivant (Amanda Waller, Rick Flag), de troubles sévères de la personnalité (June Moone). La pulsion de mort se manifeste de bien des manières, aboutissant à des comportements suicidaires, et pas seulement parce que les missions sont à haut risque.

Mikhaïl Gorbatchev, sous le portait de Lénine

Mikhaïl Gorbatchev, sous le portait de Lénine © DC Comics

Le principe de la série est assez séduisant, mais très délicat pour trouver un point d’équilibre. Le scénariste doit concevoir comment doser les personnages récurrents (le lecteur les identifie immédiatement et sait qu’ils ne risquent pas de mourir sur le champ de bataille, malgré le titre), et ceux qui peuvent passer l’arme à gauche (sans que cela ne soit trop prévisible). Il est évident dès le départ qu’un personnage comme Plastique (inconnue de tous les lecteurs ou presque) ne manquera pas à grand monde, et que son espérance de vie sera courte. Ce qui fait tout le sel de sa mort est la manière dont elle succombe, et plus encore qui en porte la responsabilité.

Il devient vite évident que John Ostrander articule ses histoires sur le principe de la série Mission : impossible, schéma sur lequel il crée un vrai suspense (même s’il s’agit de personnages récurrents, pour certains). Il s’attache également à donner de l’épaisseur à ces personnages, à la fois par le biais de leur histoire personnelle, mais aussi par le biais de leurs interactions. Enfin, il imagine des récits qui justifient l’intervention de ce commando très spécial, donc qui impliquent soit des criminels sans remords, soit des situations qui ne peuvent pas être réduites à une simple dichotomie bien/mal.

Tir impossible à réussir du premier coup

Tir impossible à réussir du premier coup © DC Comics

De son côté, Luke McDonnell doit également trouver des solutions graphiques pour sortir du moule graphique habituel des superhéros. Il essaye de dessiner des décors réalistes. Mais le degré de simplification reste encore trop important, aboutissant à des pièces sagement rectangulaires, des avions aux proportions bizarres, et des trains qui ressemblent à des modèles réduits. Le lecteur note qu’il accomplit un réel effort pour s’inspirer de références photographiques, afin de représenter des bâtiments vaguement russes, et des façades évoquant les bâtiments de la Nouvelle Orléans.

Avec l’arrivée de Bob Lewis comme encreur, les dessins de Luke Mc Donnell perdent toute prétention de séduction. Les visages sont griffés par des traits secs. Les rondeurs des silhouettes (même féminines) sont cassées par de petits angles. Par cette apparence, ils s’adressent plus à des adultes qu’à des enfants, présentant une vision de l’anatomie peu flatteuse. Ça ne suffit pas toujours à amenuiser le ridicule des costumes de superhéros, en particulier quand l’artiste doit représenter les Female Furies, des créations hautes en couleurs de Jack Kirby. Certes, il fallait bien traiter les conséquences de Legends, mais ça casse l’ambiance noire et pesante.

Amanda Waller n'a pas peur de la confrontation

Amanda Waller n’a pas peur de la confrontation © DC Comics

Par contre, cette approche graphique un peu rêche met parfaitement en valeur le caractère pète-sec d’Amanda Waller, McDonnell faisant l’effort manifeste de ne jamais atténuer sa corpulence (une femme noire, en surcharge pondérale, et chef de ce ramassis de cas, une belle prise de risque pour l’époque).

Ce premier tome des aventures du Suicide Squad datées de 1987 surprend par sa noirceur, surtout comparé aux aventures de Superman et Wonder Woman de la même époque. John Ostrander réussit à captiver le lecteur avec des personnages tous plus insignifiants les uns que les autres dans l’ordre du grand univers partagé DC, avec des missions à la moralité douteuse, et avec des comportements relevant pour la majeure partie de la psychiatrie. Il subsiste reliquats des superhéros sains et bon teint (costumes naïfs, et couleurs criardes), mais la tonalité du récit lui permet de rester captivant toutes ces années après. 5 étoiles malgré les maladresses réelles.

Édition d'Urban Comics

Édition d’Urban Comics © DC Comics

50 comments

  • Artemus Dada  

    Voilà un avis bien argumenté [-_ô]

    Merci.

    • Présence  

      De rien. J’ai été très agréablement surpris en relisant ces épisodes près de 30 ans après les avoir lus la première fois lors de leur sortie, en découvrant l’univers DC pour la première fois.

  • JP Nguyen  

    Merci pour cet éclairage sur la série, Présence.
    Je n’aurais pas reconnu Luke McDonnell, dessinateur que je n’ai connu que via son run sur Iron Man (période alcoolo dans Strange). Ici, les encreurs donnent un rendu final différent…
    Ca m’a quand même l’air bien vintage, tout ça…
    A la limite, je serais plus tenté pour me faire le run de Gail Simone sur Secret Six (une autre équipe de vilains DC avec aussi Deadshot). J’en avais lu quelques épisodes en ligne il y a des années et aussi tes avis sur la zone (je crois) mais je ne me rappelle plus pourquoi je n’avais pas franchi le pas (disponibilité des TPB, argent, temps…)

    • Présence  

      Luke McDonnell – C’est un dessinateur dont l’esthétique ne me plaisait pas quand je l’ai découvert sur Iron Man, il y a de cela des décennies. Je trouvais ses dessins encore un peu moches pour Suicide Squad, mais avec le recul je comprends mieux ce qu’ils apporté à cette série. Par contre, le décalage avec les dessins de Starlin a été trop radical pour moi quand il a repris la série Dreadstar, à la demande de Jim Starlin.

      Vintage – Oui, très vintage. Il suffit de regarder les costumes comme le dit Matt pour se rendre compte que les créateurs avaient encore du chemin à parcourir pour s’éloigner des gentils superhéros aux costumes colorés des années 1950/1960. Je viens de finir le tome 4 des rééditions du Suicide Squad VO et Ostrander est assez irrégulier sur la série. Il sera nettement meilleur avec les séries du Martian Manhunter et du Spectre, toutes les 2 dessinées par Tom Mandrake.

      Secret Six de Gail Simone – J’avais trouvé la scénariste assez irrégulière sur le titre. Sur première série débutée en 2006, elle avait même invité John Ostrander comme coscénariste, le temps de 2 épisodes pour rendre hommage à son Suicide Squad. Elle a relancé la série Secret Six en 2015, dans le cadre de New 52, faisant repartir les personnages de zéro, comme le reste du New 52. Pour l’instant, 1 seul tome est paru (le commentaire est sur amazon comme d’habitude).

  • Matt  

    Ben alors ? C’est la saison 4 déjà ? C’est un nouvel article ça non ?

    Merci de nous faire découvrir d’où vient ce Suicide Squad dont j’entends beaucoup parler à cause de sa future adaptation au ciné, et aussi dont j’ai vu un dessin animé (assaut sur Arkham) avec majoritairement des méchants de l’univers Batman dans les rangs de l’équipe. Le dessin animé ne faisait rien cela dit pour qu’on comprenne qui est Amanda Waller. Peut être que j’en ai loupé un avant ?

    Je dois admettre cela dit que quitte à devoir supporter les aspects un peu kitsch des costumes des héros DC dans ce genre de récit, j’aurais préféré connaître les personnages. Et comme je n’y connais rien à DC à part Batman…
    Mais cela vient peut être du fait que j’ai découvert ce concept justement avec des vilains de l’univers de Batman.

    Afin de déclencher une guerre idiote DC vs Marvel, qui peut me dire quel éditeur possède le plus gros pourcentage de costumes ridicules dans ses rangs ? Moi je vote pour DC. (c’est une boutade, ne déclenchez pas réellement une guerre DC vs Marvel svp)

    • Présence  

      Ne regardant pas les dessins animés, je ne peux pas t’en dire plus sur la première apparition d’Amanda Waller en DA.

      Je pense que DC Comics gagne haut la main le concours des comics les plus ridicules, ne serait-ce que parce qu’ils existent depuis plus longtemps que Marvel. Il suffit de se plonger dans la production des années 1950/1960 pour assister à un festival, que ce soit dans les séries les moins connues, ou la Légion des SUperHéros.

      • Matt  

        En général je me contente des comics de super héros, voire des films que je rechigne parfois même à aller voir par peur d’une déception et parce que je ne ressens pas l’envie de voir tout adapté à l’écran. Mais Batman, j’ai très peu de comics et j’ai surtout connu via la série TV des années 90 qui était excellente. Donc j’ai encore tendance à regarder ce qui se fait autour de Batman en dessin animé.
        Mask of The Phantasm que j’avais en VHS à l’époque est excellent par exemple. Et du coup je suis tombé sur ce Assault on Arkham qui mettait en scène des tueurs de l’univers de Batman.
        Mais je crois que ça s’adresse vraiment aux connaisseurs de Suicide Squad parce que ça commence très vite dans le vif du sujet sans qu’on nous explique grand chose sur cette équipe et Amanda Waller (qui passe vraiment pour une sale garce)

  • Bruce lit  

    Le teaser FB:
    Oui, je sais, on avait dit que le mois d’août était consacré aux rediff’s ! Mais l’occasion de vous présenter les origines de la Suicide Squad était trop belle au vu de la sortie du film aujourd’hui. Présence vous présente donc la genèse de cette équipe de barjots menés par John Ostrander et Luke McDonnell
    La BO du jour : Harley Quinn ? Une Suicide Blonde !https://www.youtube.com/watch?v=0FRI5Eatbas

    • Présence  

      Pour information, Urban Comics réédite ces épisodes sous le titre Les archives du Suicide Squad. Le premier tome contient l’équivalent des tomes 1 et 2 en VO : épisodes 1 à 16 Suicide Squad par John Ostrander, Secret Origins 14 et 28, Doom Patrol/Suicide Squad et Justice League International 13.

  • Matt  

    As-tu lu la série récente Suicide Squad avec Harley Quinn d’ailleurs ?
    Pour savoir ce que ça vaut.

    • Présence  

      Non, je n’ai pas lu la série relancée à la faveur du redémarrage à zéro de l’univers DC pour New 52, ni les suivantes. Je n’avais pas d’appétence particulière pour ces scénaristes et ces dessinateurs. En prime, je ne suis pas sûr que j’aurais trouvé ces histoires meilleures ou aussi bonnes que celles écrites par Ostrander.

  • Tornado  

    Le contraste entre le fond et la forme indiqué par Présence fait que, à coup sûr, ça ne me plaira pas beaucoup. Je trouve que le fait de partir d’un truc aussi infantile que la mini-série « Legends » (et là je ne lâcherais pas l’affaire car il s’agit de l’un des trucs les plus infantiles que j’ai pu lire de toute ma vie !) pour bifurquer sur un truc aussi sombre que ce Suicide Squad (ancêtre des Thunderbolts) est une idée bien saugrenue !

    Je vote moi aussi pour DC en termes de persos ridicules (« Psycho Pirate », « Blue Beetle », « Geo Force », « Firebrand », « Firestorm », « Dr Polaris », « Le Monitor »…). Et surtout de personnages ayant le charisme d’une huitre. D’ailleurs, ces membres de la première Suicide Squad, à première vue, ne me paraissent pas très charismatiques. Je dit « à première vue » car, n’ayant pas lu la chose, il est probable que je me trompe.

    Notons, pour terminer, l’impatience du boss, incapable de se retenir de publier de nouveaux articles jusqu’à la rentrée ! 😀

    • Bruce lit  

      C’est Présence qui m’avait proposé de surfer sur la vague du Squad.
      J’aimais bien les dessins de McDonnell au moment de la période picole de Iron Man.
      Je sais désormais qui cette Suicide Squad dont je n’avais jamais entendu causer. Ça s’arrêtera là, parce que même si tout ceci semble avoir inspiré les Thunderbolts, je ne suis pas intéressé par du DC old school.
      Gail Simone : tiens j’ai lu son Clean Room offert par un certain P. Les dessins sont plutôt sympas, j’accroche bien au personnage de Chloë la journaliste noire, mais scnéristiquement parlant, c’est quand même un joyeux foutoir, un mélange étrange de précipitation à ne pas faire exister des émotions (la nana essaie de se suicider et repart deux pages après au taquet) et de scènes lénifiantes : les tortures mentales des personnages avec lesquels on ne sent pas plus d’affinités. Je suis curieux de voir où ça va mener….

    • Présence  

      Des personnages avec le charisme d’une huître et une narration vieillotte – Je plaide coupable. En 1987, un copain me fait découvrir la boutique Album, encore implantée 8 rue Dante, et s’appelant encore Temps Futur. J’y découvre une quantité de comics en VO dont je ne soupçonnais pas l’existence et je découvre l’étendue des productions DC, juste après Crisis on infinite earths. J’ai même pu m’acheter (en temps réel) le numéro 1 de la série Superman (j’étais sûr à l’époque que ça prendrait de la valeur rapidement…).

      Alors oui : cette forme de narration correspond à l’état naturel des comics à mes yeux. Le comics de base, pour moi, c’est ceux de la fin des années 1980. Toujours à l’époque, en découvrant le premier épisode de Suicide Squad, je n’avais pas de repère qui me permettait de savoir si c’était une série importante, si les personnages étaient de premier plan ou non (j’avais bien conscience que ce n’était ni Superman, ni Batman quand même).

      En proposant cet article, j’ai d’une certaine manière suivi le conseil de Tornado qui répétait encore il n’y a pas longtemps (dans l’article sur Pif) qu’il n’y a pas de honte à regarder en arrière, qu’il est même nécessaire de comprendre d’où l’on vient pour savoir qui on est et où on va.

  • Tornado  

    C’est vrai. Il n’y a pas de honte à regarder en arrière.
    Maintenant, tout ne se vaut pas. Et pour moi tout ne vaut pas « Batman Year One » qu’étrangement tu n’as pas cité dans l’article.
    Jai personnellement beaucoup de mal avec les lecteurs qui prétendent que tout se vaut (personne ici n’est concerné, mais il y a beaucoup de ce type de lecteurs sur la toile), et que tel ou tel auteur mainstream vaut tel ou tel auteur au dessus du lot, comme Frank Miller.

    La nostalgie c’est une chose. La qualité artistique d’un ouvrage en est une autre. Je n’échangerais mon exemplaire de Pif Gadget N°488 pour rien au monde. En revanche je ne chercherais jamais à prétendre que son contenu est du même niveau que Watchmen.
    C’est à cause des lecteurs qui prétendent que tout se vaut et qui mettent les comics de super-héros old-school sur un piédestal (comme le faisait remarquer Matt), que je suis devenu revêche envers ces créations.
    Cela ne m’empêche pas, effectivement, d’entretenir une tendresse particulière avec certains numéros de Strange ou de Titans ayant bercé mon enfance.

    • Matt  

      Ne te laisse pas aigrir par les gros fans hardcore des comics old school Tornado !
      Tu focalises ta colère au mauvais endroit. Les comics old school en eux-mêmes ne prétendent pas être géniaux^^, ils sont innocents ces pauvres bouts de papier.
      ça me fait penser aux gens qui défoncent un film qui fait un carton au box office parce qu’ils trouvent que le film « ne vaut pas toutes ces éloges qu’on entend »
      Ben ouais mais…c’est pas la faute du film si plein de gens ont aimé. A moins qu’on soit en présence d’un réalisateur opportuniste qui a capitalisé sur plein de choses racoleuses qui rameutent les masses peu évoluées (sang, sexe, blagues de merde, etc) pour s’assurer un succès auprès d’un public de niche (mais de grosse niche) Là on peut être agacé par la démarche du réal. Mais les auteurs de comics old school se vantent-ils d’avoir produit des chef d’œuvre ?
      Faut laisser les gens rager ou déclarer qu’un truc est meilleur que tout sans que ça influence notre jugement je pense.
      Je ne dis pas que c’est facile, ni que je ne suis jamais agacé quand des foules entières tombent en adoration devant la saga Twilight…mais bon…

      Il n’y a pas de honte à aimer n’importe quelle œuvre de toutes façons. Après il faut savoir admettre qu’on aime peut être des trucs cons pour cause de « plaisir coupable » mais comme ils nous ont fait passer un bon moment, on n’ira pas les descendre en flèche…mais pas en vanter les grandes qualités non plus.

      • Bruce lit  

        Je ne dis pas que c’est facile, ni que je ne suis jamais agacé quand des foules entières tombent en adoration devant la saga Twilight…mais bon… Oserai je dire que j’aime bcp la saga Hunger Games ?

        • Matt  

          Je n’ai pas d’avis sur Hunger Games. Jamais vu.

          • Matt  

            Vous semblez avoir un point commun concernant Morrison^^
            Mais il devrait faire de la méditation s’il est vraiment autant sur les nerfs que le laisse penser ses réactions à tes propos.
            Et je trouve ça moyen de se retrancher derrière l’avis d’un mec qui pense comme lui sur le run de Morrison sans développer lui-même, comme si ça rendait son opinion plus « vraie ». Je vois un peu le genre de bonhomme qui déclare quand les personnages sont les vrais ou pas selon s’il aime ou non l’approche de tel ou tel auteur.
            Je ne me déclare pas fan de Morrison, mais le reléguer à une grosse merde…faut pas déconner. Son run a de bonnes idées et des personnages intéressants, même si parfois pas ultra fidèles à la continuité (je comprends Tornado quand cet argument seul devient un moyen d’enfoncer des auteurs plein de bonnes idées)

          • Bruce lit  

            Attention : je n’aime pas Morrison, mais je lui reconnais son importance en tant qu’auteur.
            Hunger Games : comme je vis déconnecté du buzz’ et des on-dit, je ne sais rien de ce qui se dit sur Hunger Games, si ce n’est que certains soulignaient la ressemblance avec Battle ROyale. Je trouve que quand même il y’a bcp de morts, de sang et de souffrance dans ces films, que Jennifer Lawrence y est magnifique et que l’histoire se tient. Je n’ai pas de honte à le dire, HG m’a bcp plus touché que certains films MArvel.

          • Matt  

            Bah peut être que ça vaut le coup, je me garderai bien de juger sans avoir vu.
            Après ça ne m’attire pas plus que ça.

  • Tornado  

    Il y a un ou deux ans, un excité du bocal est venu ici me rire au nez à propos de mon article sur « The Killing Joke ». Il me faisait la leçon en me prenant de haut, en prétendant que Moore était nul, que son Batman était minable, et que c’était trèèès loin du niveau du Batman de Steve Englehart.
    J’ai commencé par être humble. Patient. Courtois. Et je suis allé lire ce fameux Batman old-school… P….n !!! C’est une bouze infantile ! Un truc tarte à souhait interdit aux plus de sept ans !
    Du coup, énervé, j’ai fini par le traiter de tous les noms (sur Fessebouc, où il venait aussi fanfaronner) et de lui interdire de revenir me casser les pieds avec de telles conneries. Il a disparu depuis… 😀

    C’est à cause de ce genre de fans qui confondent tout et n’importe quoi, qui prétendent que des trucs pour gosses mal fichus sont du domaine de la grande littérature, que je suis devenu « aigri » comme tu dis.
    Ses arguments « Là le Joker il a dit ça c’est nul » ne tenaient aucun compte de la qualité de la mise en forme du récit, du découpage, du dialogue, de l’aspect conceptuel. Bref, une vision au ras des pâquerettes. Et pas de négociation possible, il avait raison, les autres avaient tort !
    S’il m’avait dit poliment « je préfère le Batman old-school d’Englehart parce qu’il correspond davantage à mes goûts et à ma sensibilité » au lieu de prétendre que le type est supérieur à Alan Moore parce qu’il a tout compris d’un personnage alors qu’il écrit ses comics avec les pieds, là on aurait pu discuter… 😀

    • Bruce lit  

      L’histoire est en marche parce que j’ai remis à jour l’article Killing Joke et bien sûr gardé les échanges avec Kais.

    • Matt  

      Ah ben oui mais des gens irrespectueux, il y en aura toujours. Si quelqu’un venait me dire que le meilleur de Spidey c’est dans les années 60 que je le trouverai, je ne serai pas d’accord. Mais je n’ai pas de raison de m’acharner sur ces vieux comics qui ne font de mal à personne et qui ont surement fait rêver des gosses à une époque comme toi avec ton Pif^^
      C’est pareil pour ce Batman. Ce n’est pas Englehart qui a prétendu être meilleur que Moore. Donc quoi que vaille son Batman, il a le droit d’avoir ses fans et d’être jugé avec autant de bienveillance que n’importe quelle autre BD. Ce qui ne veut pas dire qu’il faut prétendre que c’est bien. Mais je sens que t’es particulièrement remonté contre ces comics old school, davantage que contre Pif par exemple, à cause de gros relou comme ça. C’est dommage.

      @Bruce : Hunger Games est visiblement réputé pour être une saga pour ados dans la même veine que Twilight en effet. Mais je ne peux rien en dire en ne l’ayant pas vue. Je sais juste que j’ai horreur de ces trucs pour jeunes midinettes avec des acteurs tous huilés, épilés qui luisent au soleil (vive le culte du corps) et bourrés de clichés et de situations grotesques qui rendent les vampires ridicules.

  • Présence  

    Je ne pense pas qu’il existe des critères universels qui s’appliquent à tous les récits quelle qu’en soit leur nature. Je suis incapable de mettre sur le même plan Pif Gadget (pourtant important dans mon développement de lecteur), Mon ami Dahmer (pour reprendre un exemple récent sur le site) et Suicide Squad. Mais je peux leur reconnaître des qualités de nature différente à chacun. Wtachmen constitue pour moi un maître étalon, mais pas en termes de biographie ou de récit à caractère historique.

    • Matt  

      Je ne sais pas trop à qui tu réponds, mais si c’est par rapport à ma remarque sur le fait de juger de la même façon n’importe quelle BD, il est davantage question d’objectivité que de critères similaires à juger de la même façon. Je sais que rien n’est vraiment objectif, mais on peut du moins éviter de se lancer dans une croisade violente contre le fameux effet tribu dont parle Tornado pour critiquer une BD. Parce que si cette BD n’avait pas eu de succès, malgré un contenu similaire, la critique aurait surement été moins révoltée.

      Je précise que je ne te vise pas Tornado. Du moins je ne tente pas de te faire la morale. On a tous des trucs qui nous agacent. Mais on sent bien que ça t’affecte ces fans trop puristes, et c’est dommage.

    • Jyrille  

      Tu as lu Mon ami Dahmer finalement, Présence ? J’adorerai avoir ton avis !

      • Présence  

        Non, je ne l’ai pas encore lu, je souhaitais prendre un exemple d’un article récent, dans un registre ne relevant pas de l’aventure ou du superhéros.

  • Jyrille  

    Holala les gars vous parlez trop ! J’ai du mal à vous lire. Je remarque effectivement que c’est un nouvel article, qui tombe à pic cela dit puisque je ne connais rien de la Suicide Squad et que je compte bien aller le voir avec mes monstres. Donc merci pour l’ouverture et la présentation, Présence. Je ne pense pas que cela m’intéresse mais je ne peux que comparer cette série à Doom Patrol puisqu’elles semblent avoir quelques points communs : des héros relevant de la psychiatrie, un équipe disparate, des personnages au look ridicule, et un ton adulte. Cela doit s’arrêter là, surtout que les défauts que tu relèves semblent être carrément rédhibitoires pour moi. Surtout le point de vue politique. Mais aussi le dessin, trop vintage… Je ne connais pas du tout ces auteurs, ni les autres séries Iron Man dont vous parlez par ailleurs.

    Quant au coup dans le rétroviseur, je viens d’y passer, puisque avec mes monstres, on vient de regarder la première saison de Stranger Things, la série rétro type ET, Goonies, Carpenter, Stephen King etc… qui se passe dans les années 80. C’est très réussi, très divertissant, mais avec peu d’humour. J’ai bien aimé, mais comme Matt, ne croyez pas ceux qui disent que c’est la série de l’année. J’ai également remarqué que notre jugement est facilement influencé par les critiques trop négatives ou trop dithyrambiques. Pas évident de les éviter, mais le mieux est de les prendre pour ce qu’elles sont : l’avis de l’autre spectateur / lecteur. Il vaut mieux se faire son propre avis sans tenir compte de celui des autres, même si parfois, ça donne des envies de meurtres 🙂

  • Tornado  

    Ça ne m’empêche pas de dormir, hein ! 😀
    Mais c’est juste que je n’aime pas la mauvaise foi. On a le droit d’aimer un truc vieux et naïf. Ou même idiot et infantile. Mais il ne faut pas tout mélanger. Tout ne se vaut pas. C’est tout. Et c’est aussi simple que ça.

  • Matt  

    Bon les gars…je sais que je ne pourrais tous vous convaincre car on a tous des avis variés et plus ou moins l’envie de se faire sa propre opinion…mais je vous aurais prévenu, j’aurais quand même fait ma BA.

    N’allez pas voir ce film !

    Je n’ai même pas le courage de perdre du temps à expliquer en détails pourquoi. Imaginez juste les pires clichés hollywoodiens, les pires caractérisations de personnages (et je ne parle pas en comparaison de la BD vu que je connais très peu les personnages…mais simplement par rapport au fait que les persos sont censés être des méchants), les pires blagues nulles, le fait que Will Smith (insupportable) occupe tout le temps d’antenne (sauf Harley Quinn qu’on voit un peu…mais en mode pute vulgaire) et que les autres personnages ont à peine 4 répliques et sont donc involontairement comiques tellement ils ne servent à rien. Comme le Joker aussi…en mode racaille de banlieue qui est une sorte de sous Heath Ledger (faudrait arrêter de vouloir faire comme lui sous prétexte que c’était bien dans Dark Knight, ça devient parodique)
    Ajoutez encore à ça une intrigue et des révélations qui n’ont aucun sens tellement c’est bourré d’incohérences et vous obtenez le pire film tiré d’un truc de super héros depuis…je sais même pas. J’ai des exemples de films mauvais comme le premier Daredevil ou ghost rider mais j’ai moins souffert à leur vision que sur ce suicide squad.

    • Tornado  

      Oulah ! Effectivement si Will Smith a réussi à imposer sa gueule dans tout le film, il vaut mieux éviter le prix du billet ! Merci pour le conseil ! 🙂

  • Nikolavitch  

    Ah, le Squad version Ostrander, j’adore depuis longtemps. pour la petite histoire, s’il se trouve à ramasser tous les persos ringards, c’est que c’était sa feuille de route : il avait proposé une liste de vilains plus intéressants, mais l’éditeur lui a chaque fois dit non : tel ou tel était à nouveau sous les feux de l’actualité dans Batman ou Flash, il ne fallait pas courir le risque de les abîmer. Du coup, il a fallu qu’il demande quels étaient les vilains dont les auteurs des grosses séries ne voulaient pas, et il a monté sa mayonnaise avec. Et avec brio (oui, je suis vraiment très fan de ce que fait Ostrander, et je recommande d’aller voir du côté de ses séries indés comme Grimjack, une de mes séries préférées de tous les temps).

    Une des forces d’Ostrander, c’est de parvenir à créer une évolution des rapports entre les personnages sur le long terme, et à rendre attachants même des gros ringards comme Boomerang.

  • Présence  

    Content de croiser un autre fan du Suicide Squad d’Ostrander. Je les relis au fur et à mesure de la réédition par DC et je trouve qu’Ostrander a du mal à conserver le cap et une constance dans l’intensité de ses récits. En particulier, le crossover Janus Directive était particulièrement pataud, alors même qu’Ostrander en écrit pus de la moitié.

    Je garde aussi un excellent souvenir de Grimjack, peut-être plus de la période avec Flint Henry, que de celle avec Timothy Truman.

    • Nikolavitch  

      j’adore tout Grimjack, et particulièrement la période assez mal aimée avec Tom Mandrake aux crayons (constitution de la dream team de Spectre et Martian Manhunter) où Ostrander secoue le statu-quo, allant jusqu’à inventer avec plusieurs années d’avance ce qui sera la résolution de Death of Superman.

      • Présence  

        Argh ! Ce sont justement les épisodes que j’avais sautés en complètement ma collection à l’époque, parce que le trait de Tom Mandrake ne m’attirait pas (bon, je le trouvais franchement repoussant), alors que récemment j’ai beaucoup aimé les rééditions du Spectre et du Martian Manhunter ainsi que Sidekick avec JM Straczynski.

        • Nikolavitch  

          ça a été repris en TPB chez IDW y a quelques années, donc c’est trouvable.

    • JB  

      Très longtemps après le débat Grimjack, je dois dire que je suis dans le camp Truman/Mandrake, assez peu friand de la période « James Twilley » illustrée par Flint Henry

  • Farid  

    Ça m’a donné envie tout ça.
    Merci.

  • Loyd Hayles  

    Une fusillade dans un bar gay, 50 morts et 53 blesses. Je ne comprend pas. Qu est-ce qui peut bien vous deranger de voir des gens heureux?

    • Bruce lit  

      Qu est-ce qui peut bien vous deranger de voir des gens heureux?
      @Lord Hayles : vous vous êtes trompés de blog, je crois…

Leave a reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *