Et toi, quand est-ce que tu t’y mets ? Interview Vero Cazot

Vero Cazot Vs Bruce Lit : Round 3

1ère publication le 26/11/19 – MAJ le 08/03/20

Après BETTY BOOB et les PETITES DISTANCES, voici la troisième interview de la talentueuse Vero Cazot, qui au moment de notre échange, manque de peu le prestigieux EISNER AWARD du meilleur album étranger pour BETTY BOOB.

Pour la consoler (sur un air de ZIGGY STARDUST : You’re not alone, caus’ you’re Wonderful !), voici un coup de projecteur sur son premier travail remarquable paru en 2011 chez Fluide Glacial : ET TOI, QUAND EST-CE QUE TU T’Y METS ?, une bd humoristique en deux tomes cosignée avec Madeleine Martin où elle affirmait son droit de femme  à ne pas vouloir enfanter.

Sainte Vero, patronne de l'avortement et du droit des femmes ! ©Magali Cazot http://cargocollective.com/magalicazo?fbclid=IwAR3BrpGBVVygqQkk6foWjqUG2W7e3_z8a1dOpBrerUmtIudplTyjzfpUJT8

 Vero Cazot, Sainte Patronne de l’avortement et du droit des femmes !
©Magali Cazo 

Bonjour Véro, quelle est ton actualité ?

Je développe une série tous publics en quatre parties chez Dupuis, « Olive », dont le premier tome sortira en mars 2020. Avec la super talentueuse Lucy Mazel au dessin. C’est un projet que je travaille depuis très longtemps et ma première BD qui ne s’adresse pas uniquement aux adultes. Pas de tabou, pas de débat, je me demande bien ce que tu trouveras à en dire.
Je prépare aussi un nouveau roman graphique, mais c’est encore beaucoup trop tôt pour en parler.

Avec Julie Rocheleau, vous venez de manquer de peu le Eisner Awards du meilleur album étranger (décerné à Pénélope Baggieux). Déçues ?

J’avoue que j’ai été aussi contente pour Pénélope Bagieux que super jalouse. Haha. Et j’étais encore plus déçue pour Julie que pour moi parce que je trouve que son talent fou méritait cette récompense. Mais bon, Betty Boob étant une sacrée Culottée, on peut considérer qu’elle a aussi un peu gagné.

L’objet de notre entretien d’aujourd’hui est ET TOI, QUAND EST-CE QUE TU T’ Y METS ? , ton premier album réalisé en 2011. Comment ce projet est…né ?

D’un énorme ras-le-bol. D’une intention un peu naïve de me faire comprendre et accepter comme je suis, et avec moi toutes les personnes qui n’éprouvent pas le besoin de se reproduire. Comme je suis plutôt non-violente, j’ai choisi l’humour pour faire passer le message.
Je voulais écrire un film sur le sujet quelques années avant et je me suis confrontée au même rejet que ce que l’histoire décrivait. Je me souviens même de producteurs d’accord pour produire le film s’il y avait une happy end à la fin, la seule fin heureuse possible étant bien sûr que le couple change d’avis et décide de faire un enfant.
Traiter le sujet en bande dessinée quelques années plus tard m’a complètement libérée de ces contraintes. Pardon, du coup, je viens de spoiler la fin.

Et toi, et toi, et toi ! ©Fluide Glacial

Et toi, et toi, et toi !
©Fluide Glacial

Avec Brétécher, tu fais partie des rares femmes publiées par Fluide Glacial, magazine à l’humour très masculin. 

Oui, d’ailleurs contrairement à Brétécher, je n’ai pas écrit directement pour Fluide Glacial mais pour une collection particulière et assez éphémère de Fluide qui regroupait une majorité d’autrices. Comme s’il fallait bien marquer la différence entre l’humour féminin et l’humour masculin. Aujourd’hui, la collection a disparu et des femmes sont publiées par Fluide sans être mises dans une case à part. Je pense à Anne Rouquette et à Théa Rojzman, dont j’aime beaucoup l’humour.

ET TOI…, c’est clairement du vécu personnel ou l’observation de tes amies ?

Les pensées de Jeanne sont les miennes, mais ce qu’elle vit ne m’appartient pas toujours. C’est un mélange entre mon expérience personnelle et celle d’autres hommes et femmes confrontés aux mêmes pressions que moi à l’époque. Je dis à l’époque parce qu’après la sortie de la BD, il y a maintenant plus de 8 ans, non seulement tout le monde m’a fichu la paix avec la maternité, mais le fait de l’écrire m’a totalement libérée de ce besoin d’être acceptée à tout prix. Ce n’était plus du tout un problème.

Même si le propos est humoristique, le fond est dramatique : le futur d’une femme doit-il forcément se conjuguer avec sa maternité ?

Oui, c’est la question que l’héroïne se pose dans le premier tome. Enfin ce sont plutôt les autres qui la contraignent à se poser cette question. Pour elle, la réponse est évidemment non, mais dans l’imaginaire collectif, ça reste une évidence. Un devoir, même, comme tu le soulignes. Le futur d’une femme est pourtant le même que celui d’un homme : inconnu et plein de possibilités. Le seul devoir que n’importe quel être humain devrait s’imposer, c’est d’essayer d’évoluer le mieux possible en causant le moins de mal possible. Faire le choix de ne pas être parent ne cause aucun mal, à rien ni personne.

Everything is in the right place  ©Fluide Glacial

Everything is in the right place
©Fluide Glacial

Jeanne doit lutter contre les a-priori de sa famille, de ses amies et des autres femmes : ne pas être mère, est un acte contre-nature. On parle souvent de la violence des hommes sur les femmes, mais là on est clairement sur de la violence de femmes entre-elles, non ?

Parmi les personnes les plus virulentes sur le sujet, il y a aussi des hommes. Ce n’est pas la même violence. Les hommes qui m’ont fait des remarques me ramenaient à ma condition biologique et à mon sexe. Je comprends personnellement mieux l’agressivité des femmes sur cette question qui les ramène à leur propre choix et leur propre conditionnement, leurs propres frustrations parfois.
Ça m’arrive aussi d’être en colère contre les femmes qui sabotent et condamnent les actions de celles qui se battent pour leurs droits et leurs libertés. C’est vrai quoi, il faut être à priori vraiment stupide pour refuser d’avoir juste les mêmes droits et privilèges que l’autre moitié de l’humanité. Mais il y a tout un contexte autour, des siècles de conditionnement. Il y a beaucoup de personnes pour qui être quelqu’un de bien -ou simplement en sécurité- consiste seulement à respecter les règles, même si ces règles les maltraitent et les diminuent. Dans ces conditions, c’est plus simple de défendre ces règles plutôt que de les subir.
La violence des hommes sur les femmes me semble toujours une histoire de pouvoir et de domination. Celle des femmes entre elles est souvent beaucoup plus complexe et pardonnable. Je parle en général, bien sûr, il y a aussi des femmes affreuses assoiffées de pouvoir et de domination.

On disait il y a 30 ans que le bébé est une personne. Nous arrivons désormais à un individualisme assumé : Le parent aussi est une personne. Te reconnais-tu dans cette maxime ?

Le parent ou l’adulte ? N’étant pas parent, je ne suis pas sûre de comprendre ta question. Quand tu parles d’individualisme assumé, j’imagine que tu parles d’égoïsme dans le sens négatif du terme. Quand on commence à faire les comptes, il y a autant de raisons égoïstes de faire des enfants que de ne pas en faire, et autant de raisons bienveillantes et généreuses d’en faire ou pas.
Tout comme il a été nécessaire de dire que le bébé est une personne (quand j’étais enfant, il y a plus de 40 ans, c’était loin d’être une évidence) ça me parait important de rappeler que le parent, et en particulier la mère, en est une aussi. Aux anti-IVG par exemple, qui se proclament pro-vie, mais n’ont aucun égard pour les vivants ni pour la condition humaine. A la société toute entière qui a tendance à réduire les mères à leur condition de mère, poussant ces mêmes femmes à s’enfermer dans ce rôle jusqu’à s’oublier pendant des années, parfois toute une vie. J’en ai eu des exemples assez frappants dans mon entourage.

Paranoid Android ©Fluide Glacial

Paranoid Android
©Fluide Glacial

Même si ta littérature est encore jeune au moment de la conception de cet album, on peut voir ET TOI comme le 1er volet d’une trilogie. Vero contre la maternité imposée puis Vero contre le cancer et enfin Vero contre les relations sociales et sexuelles superficielles. Mais en fait, tu es une révoltée !

Mais oui ! Et ça me révolte d’avoir à l’être ! Si on vivait dans un monde plus juste, équitable, où on ne serait qu’amour et bienveillance les uns envers les autres et envers toute forme de vie (en dehors des moustiques), je n’aurais pas besoin d’être révoltée. Après, je pense avoir une révolte plutôt saine et modérée. Dans mes histoires, j’ai plutôt recours à des armes non violentes comme l’humour et l’amour. Dans les familles des révoltées, je crois que je suis plutôt dans celle des bisounours. Mais un bisounours bien vénère quand même.

En plus d’une provocatrice ! Avec le trait doux et harmonieux de Madeleine Martin, tu balances quand même des faits dérangeants et presque incontestables : faire des enfants participe à l’aggravation de l’état de notre planète!

Oui, ce n’est de la provocation gratuite, c’est une réalité. Ma part optimiste se dit que parmi ces enfants se trouvent ceux qui sauveront la planète. Je trouve les nouvelles générations très rassurantes sur les questions de l’écologie et de l’égalité, qui vont de pair pour sauver le monde. Ma part réaliste a de grands moments d’angoisse et d’impuissance en pensant au nombre d’humains sur Terre qui ne cesse d’augmenter proportionnellement à l’inaction de nos dirigeants.

Pourtant tu trouves le juste équilibre pour ne pas stigmatiser les amies de Jeanne, mères de famille…

Oui, ça, c’était pour garder quelques amies !
Non mais, évidemment l’idée n’était pas de dire qu’on a tort ou raison de faire ou non des enfants. Je comprends très bien à quel point ça peut être la plus belle expérience d’une vie pour plein de personnes. Tout est une question de désir ou de non-désir. Ce n’est pas un débat.

Alors que le volume 1 est iconoclaste, le volume 2 est plus académique en étant centré sur l’IVG. C’est presque une ode au Planning Familial et aux 2 Simone : Veil et De Beauvoir.

Pour un dytique qui prône la liberté d’être ou ne pas être parent, c’était important pour moi de rendre hommage à ces deux femmes qui ont oeuvré pour que ce choix soit possible et facilité. C’est vrai que ce tome 2 est assez académique, c’est plus un travail documentaire et informatif, très différent de mes autres récits. Mais j’ai aussi puisé dans mes expériences et mes émotions personnelles pour l’écrire. Ce n’est pas le wikipédia de l’IVG.

Que dirait Véro Cazot scénariste expérimentée et multiprimée à la jeune Véronique Cazot de ces années-là ?

D’imposer le nom Vero Cazot dès le premier album pour ne pas être condamnée à faire corriger mon prénom systématiquement partout jusqu’à la fin de mes jours !!!
En dehors de ça, je préférerais que ce soit elle qui vienne me parler, qu’elle m’explique comment elle faisait pour écrire si facilement, si naturellement. Je pensais que les années d’expérience rendraient mon activité plus facile et c’est tout le contraire. Chaque scénario me prend trois fois plus de temps et de doutes. Les moments magiques où les mots viennent sans effort sont plus rares. Est-ce que le fait d’être lue et d’avoir eu un livre primé me met trop de pression ? Est-ce que je suis de plus en plus exigeante ? Est-ce que les autres le sont plus envers moi ? J’ai toujours beaucoup de plaisir à écrire, je ne pourrais pas vivre sans, mais j’aimerais retrouver plus de confiance et de légèreté dans cet acte.

Ton album est tristement annonciateur d’une remise en question dans les pays occidentaux d’un droit fondamental des femmes à disposer de leur sexualité. Te considères-tu comme engagée ?

Je le suis autant que je peux dans ma vie et dans ce que j’écris. Mais je ne suis pas très militante et je ne suis pas sûre d’avoir envie d’être une porte-parole. Quand j’ai écrit le diptyque Et toi, j’ai vraiment pris plaisir à répondre aux journalistes au début, mais très vite, ça m’a pesée d’être invitée uniquement en tant que « femme qui ne veut pas d’enfant » et non en tant qu’autrice de bande dessinée. Je suis vraiment heureuse que notre BD apporte du soutien aux adultes non-parents, mais je ne voulais pas devenir la représentante de ce qui peut être perçu comme un mouvement. Je voulais juste écrire des histoires. Si possible engagées, mais surtout avec des sujets qui me tiennent à coeur.

Everything is in the right place  ©Fluide Glacial

You did it to yourself
©Fluide Glacial

Dans ET TOI, les séquences les plus réussies à mon sens, sont les séquences muettes. Es-tu d’avantage à l’aise dans le silence ou les mots ?

J’espère dans les deux parce que mes prochaines histoires sont très dialoguées. A chaque fois que je peux me passer des mots pour exprimer quelque chose, je ne m’en prive pas. En bd, l’exagération visuelle passe mieux que celle de la parole. C’est très amusant de jouer avec les images et le langage corporel. Pour les émotions et les sentiments, on est souvent plus justes sans les mots. Malgré tout, j’aime beaucoup donner la parole à mes personnages. Parfois, ça vient facilement, parfois je passe plus d’une semaine à chercher le bon dialogue jusqu’à ce qu’il sonne juste.

S’il fallait te chercher des épines, je dirais que depuis le début de ta carrière, ton univers est composé uniquement de la classe moyenne blanche et de bonne éducation (et fan de Radiohead, avec ça !). N’as-tu pas peur d’être cataloguée de bobo avec le temps ?

Haha. Pour Radiohead, je suis irrécupérable. Je n’ai pas du tout un tempérament de groupie, mais je porte un amour inconditionnel à Thom Yorke.
Si par bobo, tu parles d’une personne qui, parce qu’elle est privilégiée, a le temps de se préoccuper des questions environnementales et la chance de manger bio et de choisir des vêtements et des produits de qualité fabriqués par des adultes à peu près bien traités, j’avoue que je suis un peu bobo. Pour ma défense, ça me paraît moins honteux qu’être privilégiée et ne plus croire en rien, mépriser tout et tout le monde.

Pour la question des représentations, les mentalités sont en train de changer et c’est tant mieux. On sait tous qu’il y a encore quelques années, c’était très difficile de proposer à un producteur ou un éditeur une histoire avec des personnages principaux noirs, par exemple. Ils avaient peur que le public ne suive pas, n’arrive pas à s’identifier. Tu me diras, ils avaient aussi peur qu’un homme ne puisse pas s’identifier à une héroïne féminine alors que le contraire a toujours été possible. Bref, je suis ravie que tout ça évolue dans le bon sens. C’est très important pour moi de mieux représenter la diversité de l’humanité, de mieux représenter notre réalité tout simplement. Après, il y a plein de chemins que je n’ai pas envie de prendre dans l’écriture parce que d’autres le feront beaucoup mieux que moi. Je ne vais pas me mettre à écrire des trucs trop sombres ou trop trash par exemple, ça ne me ressemblerait pas.

Tu soutiens et relais les interventions de Denis Bajram sur ton mur autour du droit d’auteur. Est-ce que tu parviens à vivre de la BD ?

Non. Je me disais privilégiée tout à l’heure, mais je suis aussi très précaire. J’ai un travail intermittent qui me permet de vivre correctement sans me prendre tout mon temps, mais ce travail est aussi de plus en plus menacé. Je passe infiniment plus de temps à écrire de la BD, et en ça je considère que scénariste est mon activité principale, mais ce n’est pas encore ce métier qui paye mon loyer. J’admire vraiment les personnes comme Denis Bajram qui s’investissent avec autant de coeur dans leur métier d’auteur que dans l’amélioration de nos conditions de travail. La moindre des choses est de le soutenir.

2+2=5 ©Fluide Glacial

2+2=5
©Fluide Glacial

5 ans entre ET TOI et BETTY BOOB se sont écoulés. Que s’est-il passé ?

Si j’avais voulu faire une nouvelle bd humoristique sur un sujet de société, j’aurais sûrement sorti mon troisième album beaucoup plus vite. Mais j’avais envie d’écrire de la pure fiction, de développer de longues histoires plus que du gag à la page et c’était comme repartir à zéro malgré le petit succès de Et toi quand est-ce que tu t’y mets. Ce n’était pas simple de trouver des éditeurs et des dessinateurs dans un registre si différent. Il y a un réel snobisme dans le milieu de la BD et on a facilement tendance à te mettre dans une case. Moi je suis scénariste, j’ai avant tout envie de raconter des histoires et de leur donner la forme narrative et graphique qui convient à chacune, ce qui implique presque à chaque fois un changement de dessinateur et un changement d’éditeur. Tout ça peut prendre du temps. J’ai écrit Les petites distances bien avant Betty Boob, mais il y a eu plusieurs contretemps, dont plusieurs tests de dessinateurs non validés par l’éditeur. A chaque fois, ça repousse le projet de plusieurs mois.
Et puis comme je le disais, chaque projet me demande beaucoup de temps, en amont puis dans le suivi de sa conception. Forcément, ça limite et espace pas mal les sorties.

Wilfrid Lupano a refusé une décoration, outré par la politique de Macron. Si demain, Marlène Schiappa voulait te décorer pour services rendus à la cause des femmes, quelle serait ta réaction ?

J’ai applaudi la réaction de Wilfrid Lupano et la justesse de son discours.
De mon côté, autant j’apprécie le soutien et la reconnaissance de mon travail dans le milieu de la BD, par les professionnels et le public, autant les médailles et les décorations de l’Etat, comment dire… Ça n’aurait aucun sens pour moi d’accepter la récompense d’un gouvernement dont la politique me déplaît.

Tes derniers coups de cœur en BD à partager avec nos lecteurs ?

J’ai un peur de m’étaler parce que j’en ai beaucoup cette année. J’espère que tu as de la place.
Très récemment, j’ai eu mon plus gros coup de cœur de l’année avec Préférence système de Ugo Bienvenue. Un regard aussi touchant que singulier sur le futur de l’humanité, la mémoire et l’intelligence artificielle. La couverture : un robot enceint d’un bébé humain. Je n’en dis pas plus.
Nagasaki, d’Agnès Hostache, une histoire intimiste et troublante, dont j’ai beaucoup aimé la narration, cinématographique et poétique. Un type solitaire qui découvre que quelqu’un vit chez lui à son insu, forcément ça m’a plu.
Saison des Roses, de Chloé Wary, une BD sur l’adolescence et le football féminin. Avec un dessin étonnant qui m’a un peu déroutée au départ, mais que j’ai trouvé super adapté aux émotions adolescentes.
Je lis beaucoup de BD en ce moment, alors il y en a plein d’autres. Le dernier Atlas, de Vehlmann, De Bonneval et Tanquerelle. Motor girl de Terry Moore. Le nouveau cycle de FRNCK d’Olivier Bocquet et Brice Cossu qui démarre très fort (Non Bruce, je ne dis pas ça seulement parce que je partage une certaine intimité avec le scénariste. Ces deux auteurs sont objectivement géniaux.)

Il y a aussi le manga Beastars de Paru Itagaki que j’ai trouvé très chouette. Le sublime Ada de Barbara Baldi. Plusieurs BD reportages que j’ai trouvé passionnantes comme La recomposition des mondes d’Alessandro Pignocci et Algues vertes d’Inès Léraud et Pierre Van Hove. Ah et le Roi des bourdons que David de Thuin a réécrit et redessiné entièrement pour sa réédition en version Intégrale.

On se retrouve quand Vero ?

La prochaine fois qu’un de mes albums t’inspirera autant de bonnes questions !

Just ©Fluide Glacial

Just
©Fluide Glacial

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La BO du jour : c’était avant que Véronique ne devienne Vero…

13 comments

  • Jyrille  

    C’est super, troisième interview et encore une fois de nouvelles choses à dire. Je crois que je me retrouve assez dans la philosophie de vie de Véro Cazot, notamment lorsqu’elle dit que ne pas faire un enfant ne fait de mal à personne, que ne pas en faire est aussi égoïste qu’en faire, qu’il faudrait sans cesse s’améliorer et éviter de faire du mal… D’ailleurs je suis un bobo moi-même.

    Je ne suis pas certain de vouloir m’acheter ces bds même si je trouve le dessin très expressif et attirant, mais je serai curieux de les lire quand même…

    Marrants les légendes avec des titres de Radiohead. D’ailleurs, Véro (tu permets que je t’appelle Véro ?), que penses-tu de ANIMA, l’album de Thom Yorke sorti cette année ?

    La BO : je ne connais pas du tout. La voix est parfois trop haute pour moi mais bon c’est sympa. Preisner est l’interprète ou le compositeur ?

    • Bruce lit  

      Merci Cyrille.
      Pour anecdote j’ai entendu LA fameuse question pas plus tard qu’hier au cours d’un repas professionnel autour de la seule femme sans enfants.
      La BO : j’ai pioché ça au hasard ce matin, ne connaissant ni le film ni la BO que je découvre en même temps que vous. C’était d’avantage un clin d’oeil pour Véro.
      Ce n’est qu’après que je me suis rappelé de cette chanson de Gainsbourg qui aurait fait parfaitement l’affaire https://www.youtube.com/watch?v=HrGmbzqnMG8

      Présence saura-t-il s’en rappeler pour le teaser de ce soir ?

      • Jyrille  

        Je ne la connaissais pas cette chanson de Gainsbourg !

        • Bruce lit  

          Ben moi, si….
          Grrrr
          C’est sa période rive droite, pas inoubliable.

          • Tornado  

            J’adore cette période de Gainsb, et ce morceau en particulier aussi. C’est une période très jazz. Je préfère cette période à beaucoup d’autres plus connues.

  • Présence  

    Une interview qui rend jaloux : quelle fluidité et quelle qualité d’échange ! On dirait une vraie conversation, mais pas du tout à bâton rompu, posée et réfléchie, sans être artificielle.

    J’ai aimé beaucoup de questions et leurs réponses : la fin heureuse pour le film, la différence entre humour masculin et humour féminin, la violence de respecter les règles sociales implicites, le droit à être une personne pour les parents (rapproché de la planche sur la communication), la bobo privilégie révoltée (mais est-elle rock ? 🙂 ), l’art des séquences muettes en BD, la liste de BD…

    • Jyrille  

      Je suis d’accord pour la fluidité de l’interview et la suite logique des questions. Du vraiment beau boulot.

  • Matt  

    « Je me souviens même de producteurs d’accord pour produire le film s’il y avait une happy end à la fin, la seule fin heureuse possible étant bien sûr que le couple change d’avis et décide de faire un enfant. »

    Punaise ça me choque !
    C’est fou ces règles sociales qu’il faut respecter sinon c’est considéré comme « mauvais ».

    Je ne suis point une femme mais j’ai eu droit à pas mal de trucs insupportables comme ça qui te pourrissent la vie depuis très jeune.
    Si t’as pas une copine, assez tôt
    Si t’as pas ton appart à tel âge
    Si t’es pas marié à tel âge
    Et oui, si t’as pas d’enfant
    Et tout ça sans tenir compte de tout ce qui fait une vie, des différences ou difficultés qu’on peut avoir (boulot pas stable, parents malades, priorités différentes, difficultés sociales avec les gens, etc.)

    C’est vraiment une pression en effet, et je trouve ça intéressant d’en parler.
    Même si je ne suis pas certain que ce soit le type de BD qui m’attire.
    Mais c’est bien d’écrire là dessus.

    Et j’espère que la BD ne se termine pas avec la fille qui réalise qu’elle a tort et qu’elle doit faire un gosse hein !^^
    Et comme le dit notre Vero Cazot, il ne s’agit pas de débattre si c’est bien ou pas bien. Bon moi je pense que les gens font des gosses sans réfléchir, contribuant à une surpopulation et sans se questionner sur l’avenir qu’auront ces enfants, qu’ils font ça égoïstement pour le plaisir que ça apporte d’avoir un enfant (et le sien surtout, je ne parle pas d’adoption qui n’attire pas grand monde)
    MAIS…évidemment c’est difficile de gueuler sur les gens qui font des enfants. Il y a une part de « naturel » là dedans, c’est une envie normale.
    Mais en tous cas je ne partage évidemment pas cette idée grotesque qu’il FAUT en faire.

  • Matt  

    Et surtout ce qui me tue…et c’est aussi pour ça que je ne lis pas de romans ou BD sociales car il est difficile de ne pas tomber dans le sermon qui t’explique comment bien vivre…en quo ça regarde les gens tout ça ? EN QUOI ???
    Je veux dire…ça regarde chacun la façon dont il vit sa vie.
    Et j’ai envie de dire que s’il n’a pas de boulot, pas d’amis, pas d’appart, etc…il va peut être déjà suffisamment en souffrir lui même, alors pourquoi le pourrir en lui mettant la pression ? ça apporte quoi à qui de faire ça ? A la limite ça regarde son psy.
    Et si le mec est heureux comme ça…ben pareil en fait, pourquoi on viendrait lui dire comment vivre ? Il ne commet pas de crime.
    Il n’y a peut être que des cas majeurs de gens abusifs qui vivent au crochet d’autres qui n’ont plus les moyens de les entretenir qui regardent éventuellement les services sociaux.
    Mais sinon…
    Je n’ai jamais compris ce besoin de juger les gens.
    A moins que ce soit pour les rabaisser histoire de te sentir plus puissant et à l’aise avec les choix que tu as fait. Mais si t’as besoin de ça, peut être que t’es pas convaincu toi-même d’avoir fait les bons choix. Et ce serait plus constructif de te poser ces questions plutôt qu’emmerder les autres.

    • Bruce lit  

      @Prez’ : je ne suis pas sûre que Vero soit rock, mais c’est ma copine 😉
      @Matt : la BD de Cazot reste affectueuse au sens où n’est pas vraiment abordé la naissance d’enfants nés de viols ou de mariages forcés. On reste dans le cadre de gens qui te veulent du bien, tes amis, ta famille.
      Cette BD montre admirablement malgré tout le poids du conformisme, ce poids invisible qui finit par rattraper nos relations sociales. Un peu comme la politique qui tôt ou tard finit par s’inviter dans tes discussions alors qu’il n’existe rien de plus séparateur.

      • Matt  

        Pourquoi tu me parles de viols ? J’ai pas abordé ce sujet.
        Mais même les gens qui te veulent du bien peuvent faire du mal. Surtout eux en fait. C’est plus facile d’en avoir rien à foutre de ce que pensent les gens qu’on ne connait pas.
        Mais si tu te sens même pas accepté par ceux qui sont censés t’aimer, te comprendre…

        • Bruce lit  

          Je reprends : l’ambiance de la BD reste chaleureuse, Vero ne rentre pas dans des situations extrêmes de grossesses non désirées, notamment via le viol.
          L’entourage est effectivement une source éventuelle de discorde qu’elle soit consciente ou inconsciente.
          Et puis, il y a nous même également : combien d’entre-nous n’ont pas été surpris de reproduire des schémas, faire des choses ou en dire que nous nous étions jurés plus jeunes de ne pas répéter ?

  • Kaori  

    J’ai beaucoup aimé cette interview.

    Evidemment, c’est un sujet qui me parle, même si j’ai eu assez tôt le désir de devenir mère, d’avoir des enfants pour enfin m’accomplir.
    Pourtant, pendant une bonne dizaine d’années avant ça, je pensais que faire des enfants étaient égoïste et qu’on était bien trop nombreux, qu’il était dégueulasse d’imposer une vie si difficile à d’autres êtres vivants qui n’avaient pas demandé à naître… Bizarrement, passé la vingtaine, ce genre d’idées m’est passée…
    Mais, étant devenue mère en fin de vingtaine, j’ai connu la pression du « quand est-ce que tu t’y mets » et surtout le « quand est-ce que je vais être grand-mère ? ». Parce qu’il existe quand même des personnes qui sont capables de te faire culpabiliser pour tes choix de vie à toi, qui ne regarde que toi !!!
    Comme dit Matt, les proches, ce sont les pires… avec les « j’en profiterai pas, je serai trop vieille » et cie…
    Ce qui est « marrant », c’est qu’on n’a pas saoulé mon frère, plus âgé et célibataire, avec la même rengaine. Comme si c’était que la femme qui faisait des enfants… Je ne dis pas qu’il n’a pas été emmerdé par d’autres membres de la famille, mais pas par les mêmes. Plus par des hommes, en fait…

    Je crois que les discours des femmes sur les femmes sans enfant est dû au fait d’une certaine jalousie, sans doute inconsciente. Parce qu’être mère, c’est pas une sinécure. Et puis les femmes sans enfant renvoie un peu le message de « c’est mieux de ne pas en avoir », mais c’est pour tout comme ça. Celles qui allaitent contre celles qui biberonnent, celles qui travaillent contre celles au foyer… Il y a une éternelle rivalité et un sentiment de jugement (souvent avéré) terrible entre les femmes.
    Et puis bien sûr, il y a aussi le désir de partager ses galères de parent. Y a le club des « avec enfant » et celui des « sans enfant », indiscutablement. Parce que devenir parent, ça change la vie. Ça change notre vision de la vie aussi…

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