GOLDEN AGE OF GROTESQUE (Orville)

The Orville par Seth Mc Farlanne

Un article de PATRICK 6

1ère publication le 9/11/20 – MAJ le 13/03/22

Bon où est le Vulcain ? 
© Fox

Bah PICARD c’est nul ! Si tu veux retrouver le vrai esprit STAR TREK c’est THE ORVILLE que tu dois regarder ! Ceci est l’un des commentaires que j’ai retrouvé à plusieurs reprises (dans un formalisme parfois plus nuancé) suite à mes articles consacrés aux nouvelles séries de la franchise de Gene Roddenberry ! Très intrigué je me suis donc procuré les 2 saisons de THE ORVILLE, la série produite (et interprétée) par Seth MacFarlane (aucun rapport avec Todd).

Celui-ci n’est pas un inconnu de la Geekosphère puisque c’est à lui qu’on doit le désopilant TED (Euh enfin surtout le premier) ou encore la série d’animation LES GRIFFIN. Cette fois-ci, en bon fan de STAR TREK, c’est aux commandes d’une série d’exploration spatiale que nous retrouvons l’acteur déjanté.

SAISON 1 (12 épisodes) 2017-2018

Lorsque l’action débute, nous sommes au 25ème siècle. L’officier de l’Union Planétaire, Ed Mercer (Seth MacFarlane donc) en rentrant d’une mission surprend sa femme, Kelly Grayson (Adrainne Palicki), au milieu d’une relation extraconjugale avec un alien ! Légèrement ébranlé par cette expérience il demande le divorce… Quelques mois plus tard Ed obtient ce qui est, pour lui, l’aboutissement d’un rêve : le commandement de son propre vaisseau spatial, le USS Orville ! (Pour info le navire est ainsi nommé en hommage aux frères Wright, les pionniers de l’aviation. Il s’agit du prénom de l’un d’entre eux).

Le nouveau capitaine pense sa vie partie sur les rails de la félicité lorsque, à sa grande surprise, il apprend que son ex-femme est nommée comme officier en second à bord du même vaisseau ! Prendre son deuil de son ex en travaillant directement avec elle n’est pas exactement la situation rêvée ! Quoi qu’il en soit Mercer n’en constituera pas moins un équipage international, excentrique et haut en couleur, afin d’explorer le cosmos, découvrir de nouveaux mondes (et bien évidemment, au mépris du danger avancer vers l’inconnu !)

Boum bitch ! La bande annonce qui arrache tout.

Bon pour évacuer ce point au plus vite, commençons par aborder frontalement les « troublantes » similitudes avec son glorieux ainé : STAR TREK ! Cette ressemblance frappante n’est absolument pas le fruit du hasard ! Seth MacFarlane ne s’étant jamais remis de la fin de THE NEXT GENERATION en 1994, il souhaite réaliser une série de science-fiction à l’ancienne en utilisant tous les codes autrefois instaurés par Roddenberry ! Ça tombe bien Brannon Braga (bien connu des fans pour avoir produit/réalisé/co-écrit plusieurs épisodes et deux films de la franchise) souhaite écrire une série futuriste mais dans l’esprit de M*A*S*H, c’est-à-dire en abordant des sujets dramatiques par le biais de la comédie.

Au niveau points communs rien ne manque à l’appel : le casting multi-origines issu de planètes différentes, Starfleet (ici renommé Planetary Union), la prime directive (ne pas intervenir dans le développement de civilisations moins avancées), des extraterrestres belliqueux récurrents (les Krills seront les nouveaux Klingons), les épisodes le plus souvent auto-contenus (l’ordre dans laquelle vous regardez les épisodes n’a finalement aucune importance), le discours humaniste, les décors kitchs (Bon là nuançons le propos, tant les effets spéciaux sont assez convaincants pour une série télé, par contre on retrouvera surtout l’aspect ringard dans la décoration intérieure du vaisseau qu’on jurerait tout droit sorti d’un catalogue Ikéa), etc.

Notons malgré tout la différence (mineure) avec son modèle des années 60 : l’absence curieuse du téléporteur ! (Mince ! Mais nous sommes au Moyen-âge ma parole). On s’attend à tout moment à ce que le capitaine s’écrie « Beam me up Scotty », mais non rien ! Le capitaine prend la navette comme tout le monde !

Bon après tout ça vous allez me dire « Hey c’est du copié/collé ton truc ! » Je répondrai, oui certes, mais ce qui marque définitivement la différence avec la période de Kirk (ou même de Picard) c’est l’humour tonitruant de la série ! Qu’on pense que les œuvres précédentes du réalisateur étaient TED ou ALBERT A L’OUEST et on aura une idée de l’humour trash et décalé qui régnera en maitre sur THE ORVILLE ! Qu’on se rassure cependant, MacFarlane a un peu levé le pied sur les vannes façon gros-rouge-qui-tache. Même si les blagues de l’équipage volent souvent en dessous de la ceinture, on est quand même loin de l’humour caca-pipi de TED 2.

Best-of punch lines spatiales

A la manière d’un soap opéra la résolution des problèmes personnels des membres d’équipage est au moins aussi importante (parfois plus) que l’intrigue spatiale principale. Bien que doté d’un casting conséquent, chaque personnage est bien défini et est doté d’une vraie personnalité caractéristique. Si les personnages sont souvent présentés comme de joyeux drilles, vaguement ridicules, ils n’en sont pas moins confrontés à des situations plus grandes qu’eux et leur sens éthique se retrouve lourdement mis à l’épreuve. Ceci contribue grandement à les rendre attachants et renforce le côté humainement addictif de la série.

Par ailleurs en dehors de son aspect « équipage en folie » les scénaristes ont pris la peine de d’aborder des thèmes sérieux et profonds tout au long de la première saison. Par exemple l’un des membres d’équipage appartient à une société extraterrestre où être une femme est considéré comme une tare – comment éviter un féminicide sans contrevenir directement avec la prime directive de non intervention ? Ou bien encore un épisode où l’équipage arrive incognito sur une planète régit par les réseaux sociaux : vous likez ou dislikez votre voisin selon votre humeur. Seul problème, si vous vous retrouvez avec un nombre de Dislike trop important vous serez arrêté pour être lobotomisé !

Bref féminisme, eugénisme, exclusion, acceptation de la différence, autant de thèmes peu courants pour une série estampillée SF et qui seront abordés ici…

Les scénarios, assez fouillés et malins, permettent (pour ceux qui le souhaitent) une vraie réflexion sur des problèmes actuels de notre société. La saison 1 peut se lire à plusieurs niveaux, selon votre envie, ou votre temps de cerveau disponible. La série balançant dans un parfait équilibre la sainte trinité : Humour / Emotion / Action.

Niveau casting en toute bonne logique Seth MacFarlanne se taille la part du lion en cumulant le plus de temps d’antenne, cependant les autres personnages ne sont pas oubliés, chaque épisode mettant généralement l’un d’entre eux à l’honneur. Outre le couple (pardon ex-couple) Capitaine/Officier en second, la passerelle compte un équipage hétéroclite : un officier taciturne et patibulaire issu d’une race hermaphrodite pondant un œuf par an (un épisode complet le montrera en train de couver son œuf alors que le Orville est en danger), un robot extraterrestre dont ses compatriotes méprisent les humains (il n’a été, du reste, envoyé sur ce vaisseau que pour étudier le niveau de nullité de l’espèce humaine), un pilote surdoué se faisant passer pour un parfait crétin afin de s’intégrer au commun des mortels, une femme officier de la sécurité au physique fluet mais dotée d’une force surhumaine…

Ceci dit tout n’est pas rose non plus sur ce premier tour de piste, puisque la série tarde à trouver ses marques sur le début de la saison. L’humour donne parfois l’impression de parasiter le déroulé de l’action (en clair on a un peu le sentiment que l’épisode n’est qu’un prétexte à balancer le plus de punchlines possibles). Heureusement, partant d’un défaut, l’aspect comédie ne tardera pas à devenir la force principale de The Orville, en la mettant un peu en veilleuse par la suite. Les premiers épisodes demandent une indulgence (relative) mais le spectateur sera rapidement récompensé de sa ténacité.

En résumé la saison 1 après des débuts hésitants explose finalement et brille de mille feux. Sans se prendre au sérieux, elle développe des sujets de fonds, tout en faisant rire le spectateur. On ne regrette finalement qu’une chose : qu’elle ne fasse que 12 épisodes !

La folle histoire de l’espace volume 2 ? 
© Fox

SAISON 2 (14 épisodes) 2018-2019

Les choses se compliquent un peu avec la saison 2. Cette dernière sera diffusée sur la Fox à compter de décembre 2018 jusqu’en avril 2019 et contiendra cette fois 14 épisodes. Au niveau duré les épisodes se voient rallongés de quelques minutes supplémentaires (7 pour être plus précis).

A priori le postula reste inchangé par rapport à la saison 1. L’esprit de Gene Roddenberry règne toujours sur la série : la tolérance, l’humanisme, les liens affectifs forts entre les membres d’équipage se développant au fur et à mesure du voyage…

Le concept reste lui aussi identique : les personnages se débattent toujours au milieu de problèmes de notre société actuelle mais transposés dans un contexte futuriste. Ainsi donc dans cette saison l’équipage du Orville rencontre une nouvelle race d’extraterrestre (tout en retrouvant leurs éternels antagonistes, les Krills), les intrigues spatiales s’enchainent et les situations ubuesques se succèdent en complet décalage avec ce qu’on attend d’une série SF…

Cependant la série semble cette fois-ci toucher ses limites, écartelées entre, d’une part son désir de présenter des histoires indépendantes et sans conséquences (il est donc impossible pour les personnages d’évoluer dans le temps, tout occupé qu’ils sont à balancer des vannes de cul) et d’autre part le désir de revisiter les classiques de la science-fiction 60’s s’inscrivant dans la durée…

En clair un statuquo complet est observé pour les personnages, qui semblent figés dans le marbre. C’est particulièrement vrai pour Kelly (alias Adrianne Palicki), qui ne parait exister que par son identité d’ex-femme du capitaine ! Ce sentiment est encore rendu plus criant avec le départ de l’actrice Halston Sage alors même que son personnage (Alara) comptait parmi les mieux définis de la saison 1 !

Au niveau histoire la pédale douce est mise sur les blagues salaces et l’aspect comédie est mis en retrait par rapport aux intrigues spatiales, détruisant au passage l’équilibre gracieux de la saison précédente ! Finie la bouffonnerie, Seth MacFarlane tient manifestement à prouver que sa série ne se limite pas à un numéro de Stand-up spatial !  Cependant le manque d’enjeux dramatiques importants plombe un peu la première moitié de cette saison, qui semble ronronner gentiment sur ses lauriers. Quoi qu’il en soit bénéficiant d’un budget supérieur par rapport à la saison 1 cette nouvelle mouture se révèle plus spectaculaire et plus riche en grand spectacle ! Selon le syndrome habituel des Blockbusters, on gagne en aspect visuel ce qui est perdu en finesse scénaristique. Heureusement à mi-parcours la révolte des Kaylons (race extraterrestres robotiques) créée enfin un vrai suspens et une vraie tension dramatique au long terme.

On l’aura compris la série n’est toujours pas parfaite et elle continue à chercher la formule qui permettra de l’inscrire définitivement au panthéon des grandes séries SF contemporaines (et des grandes séries tout court) ! La saison 2 aura permis de partiellement faire disparaitre le coté superficiel et lourdingue. Alors que l’on annonce la diffusion de la saison 3 pour la fin de cette année, son créateur semble décider à faire rentrer The Orville dans son âge adulte. De la part du créateur de TED on ne peut que s’en féliciter !


La BO du jour : Choisir c’est renoncer, pourquoi ne retenir qu’un morceau en guise de BO alors que The Orville vous en offre 10 !

13 comments

  • Matt  

    Voilà une série qui fait plaisir.
    C’est complètement du Star Trek en mode plus bouffon, mais avec malgré tout des sujets sérieux et intelligents.
    Tu dis que les sujets abordés sont rares pour une série de SF ? Bah…c’était pourtant complètement le concept de Star Trek.

    Et du coup plutôt que se taper du Discovery ou du Picard qui ont changé l’utopie futuriste de SF intelligente en gros bourrinage dystopique plein de personnages odieux et cons, The Orville c’est le truc à se mater ! ^^

    Bon j’ai pas vu la saison 2 cela dit…

  • Présence  

    Sympa de découvrir ainsi une nouvelle série. Je peux enfin savoir ce à quoi correspondent ces visuels que j’ai pu apercevoir et qui me rappellent tant Star Trek. Je suis épaté qu’une série aussi proche d’une autre ait pu échapper à un (ou plusieurs) procès.

  • Nikolavitch  

    Faut que je m’y remettre. j’avais pas fini la première saison, mais oui, y a un pur esprit Trek !

    (Tiens, la saison 3 de Discovery développe des choses intéressantes, et semble mieux bordée que les précédentes dans son arc narratif global)

  • Bruce lit  

    Bon.
    Tu as réussi à attirer mon attention si le truc venait à passer sur Netflix.
    Et c’était putain de mal parti parce que TED doit faire partie des 10 films que je déteste le plus au monde. J’ai pourtant l’humour noir et trash mais là c’est pas grossier mais vraiment vulgaire.
    Mais en regardant tes vidéos, j’y trouve effectivement un esprit cool et bon enfant qui pourrait me plaire ainsi qu’à Madame.
    Bien joué, parce que ce n’était pas gagné…

  • Eddy Vanleffe  

    Putain, ça a l’air d’être du tout bon ce truc… Je n’en n’avais jamais entendu parler (enfin si vous dans les commentaires mais comme je ne voyais pas de quoi vous parliez, je ne réagissais pas trop…
    il faudra que je mette la main dessus…
    thanks.

  • Tornado  

    Je ne connaissais ni d’Eve, ni d’Adam, n’avais jamais entendu parler de ce Seth machinchose et encore moins de TED. Ou alors mon cerveau-laser a tout effacé entre-temps. Je doute fort de regarder ça un jour étant donné la pile de truc à voir avant, mais c’est du tout bon pour ma culture d’en savoir autant, désormais, en un seul article. Merki !

    • Bruce lit  

      @Tornado : J’avais chroniqué / Massacré en son temps TED sur la zone.
      @Pat : au fait, sympathique ton clin d’oeil à Marilyn Manson

  • Surfer  

    La science-fiction humoristique n’est pas trop mon truc.
    Mais, tu l’as tellement bien vendu ( la petite référence à M*A*S*H ) que si c’est proposé par Netflix j’y jèterai sûrement un œil.

  • Jyrille  

    Je ne suis vraiment pas un connaisseur de Seth McFarlane. J’ai vu Ted, que j’ai bien aimé, et quelques épisodes de son animé Les Griffin sans doute. Ca tombe bien, Netflix vient d’ajouter deux de ses films, je vais les regarder pour sûr.

    J’avais entendu parler de The Orville sans vraiment savoir de quoi il retournait, merci donc Patou pour cette présentation claire et riche en informations !

    Ca peut être sympa à regarder, je note donc dans un coin au cas où. Dans les vidéos que tu as mises, on peut voir qu’il y a un certain budget et ça a l’air d’avoir de la gueule, même au niveau costumes.

    La BO : mais dis donc c’est très classique tout ça, et bien éloigné de tes goûts habituels !

  • Patrick 6  

    @ Matt : « gros bourrinage dystopique plein de personnages odieux et cons » Ahah tu es bien radical avec Discovery et Picard ^^
    Mais effectivement l’humanisme de Roddenberry est définitivement aux abonnés absents de ces deux séries !

    @ Présence : Je me suis posé la même question que toi : comment The Orville a échappé au procès ! Je pense que des tractations ont eu lieu en amont…

    @ Nikolavitch : Hum la saison 3 a déjà commencé ?

    @ Bruce : Tu as vu Ted en VO ou VF ? Je pense que cela change beaucoup de choses ^^
    Le premier épisode est assez drôle et beaucoup plus trash que vulgaire (je n’en dirais pas autant du 2ème par contre).

    @ Eddy : Je ne sais pas trop si la série est diffusée en France sur une quelconque chaine ou plateforme. Par contre au niveau DVD c’est le zéro absolu. J’ai dû me tourner vers les éditions allemandes !
    Pas sûr que la série rencontre un grand succès dans l’hexagone.

    @ Tornado : et bien ma foi tant mieux si je peux servir à quelque chose … ^^

    @ Surfer : The Orville est quand même totalement atypique (même en tant que comédie) et ne pas être comparé à grand-chose (euh à part à Star Trek of course ^^)

    @ Jyrille : Oui en effet la BO est assez éloignée de mes goûts habituels mais dans le cadre de la série ça fonctionne. Et puis bon dans une série tirant sur la comédie on ne va pas lui demander de passer de la musique de dépressif ^^
    Et autrement oui les effets n’ont rien à envier à certains long métrages !

    • Présence  

      En ce qui concerne sa diffusion en France et en Suisse, la série est diffusée à partir du 1er octobre 2018 sur Warner TV. Elle reste inédite dans les autres pays francophones. (source wikipedia)

      Pour compléter : Warner TV (typographié WB TV) est une chaîne de télévision française lancée le jeudi 9 novembre 2017. Elle est disponible uniquement dans les offres Canal1 en France et dans les offres Teleclub en Suisse. (source wikipedia)

    • Nikolavitch  

      non seulement la saison 3 a commencé, mais elle nous ramène nettement plus aux valeurs de base de Star Trek.

  • JP Nguyen  

    J’ai du voir un extrait par hasard une fois sur FB. J’avais bien aimé l’humour. Mais comme je suis pas très connecté aux diverses sources officieuses, je ne suis pas sûr de mettre facilement la main dessus.
    En ce moment, je suis à fond sur Silicon Valley.

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