Interview Olivier Bonnard

Interview Olivier Bonnard

Par : 6 PATRICK FAIVRE et BRUCE LIT

1ere publication le 21/09/17- MAJ le 30/08/19

Voici une bien étrange interview : menée par un Patrick exilé au Japon via Facebook pour un livre, Collector,  lu et commenté alors qu’il était encore sous nos contrées.  Un premier jet arrive durant l’été avant que, enthousiasmé par la lecture de ce qui pourrait être une véritable sociologie du geek, votre serviteur assaille à son tour Olivier Bonnard de questions (identifiables par le *) et se charge de l’iconographie de l’article.  Une interview chaleureuse tout en 80’s.

Olivier Bonnard et son déguisement d'être humain

Olivier Bonnard et son déguisement d’être humain

Bonjour Oliver, il est de coutume de demander aux interviewés du blog leur identité secrète !

Ouh là… J’en ai plusieurs! Mais je sévis sur les forums de fans de jouets vintage sous le nom de Macflan, en hommage à la géniale VF de Retour vers le futur .

Ton premier roman parlait de la machine hollywoodienne et tu es parti vivre dans le décor de ton livre pour mieux t’en imprégner. Pour le second tu as emménagé dans les caves d’un magasin de jouets ?
Ahhhhh.....Il l'a !, il l'a ! (sur un air de France Gall)

Ahhhhh…..Il l’a !, il l’a ! (sur un air de France Gall)

C’est l’inverse: mon chez-moi ressemblait déjà à l’arrière-boutique d’un magasin de jouets! Et je me suis dit: « Tiens, ce serait marrant d’écrire là-dessus… »

T’adonnes-tu encore au plaisir coupable du Toy hunting ?

Oui, j’avais cette idée que, peut-être, l’écriture du roman me « guérirait » de cette passion onéreuse et chronophage, mais il n’en a rien été. Au contraire… Les pièces dont je suis le plus fier? Je dirais le mannequin ROM  en boîte Meccano, kitsch à souhait mais que je désespérais de trouver un jour; mon Steve Austin version « bras karaté », là encore en boîte française Meccano; la petite figurine Bomber X  en blister Ceji, rarissime; et puis le Maître d’armes, des figurine Maîtres de l’Univers, dont je possède la version « Yellow Border » (made in France), casefresh.

Cumules-tu toujours les métiers d’écrivain et de journaliste ? Tes (ex) confrères ont été sympas avec toi pour la sortie de ton livre ?

Je fais encore quelques papiers ciné, mais je ne suis presque plus journaliste. Le livre a reçu un bon accueil critique, oui – je me souviens notamment de très beaux papiers dans les Inrocks et Libé. Mais ce qui m’a le plus touché, c’est la réaction des lecteurs, qui m’ont contacté spontanément par Internet, et qui continuent de le faire. Un truc revenait souvent: ils avaient l’impression que j’avais parlé de leur vie. C’était troublant. Et très gratifiant. Le roman a clairement touché une corde. Il s’y passe quelque chose d’universel qui transcende le petit monde du toy, et que les gens ont reconnu.

Collector !

Collector !

De manière plus générale, les critiques négatives t’ont-elles affectées ?

Ça ne fait jamais plaisir, les critiques négatives. Mais j’ai la chance d’avoir été à peu près épargné aussi bien sur ce livre, que sur le précédent. Et puis, on apprend à relativiser: même les gens qui ont adoré le livre en ont chacun leur interprétation personnelle, parfois complètement à côté de la vôtre! Personne n’y verra jamais exactement tout ce que moi j’ai voulu y mettre.

Le personnage principal de Collector s’appelle Thomas Strang, on imagine bien qu’il s’agit d’un clin d’œil aux éditions LUG.  Comment s’est passée ta première rencontre avec le monde du comics ?

Bien vu. C’est un hommage aux comics de mon enfance, en effet. De même, le détective de mon premier roman, Seth Banner, ne s’appelait pas ainsi par hasard… Gamin, j’étais abonné à Strange, et j’étais tout le temps en train de griffonner des super-héros dans les marges de mes cahiers… J’ai découvert ces revues grâce à mes petits voisins, on devait être en 1981 ou 1982, et j’ai été immédiatement frappé par les magnifiques couvertures de Frisano – que j' »exposais » d’ailleurs sur mon bureau. Puis un jour ma mère a mis son nez dedans. Elle a trouvé ça trop violent, et m’a convaincu de tout mettre dans la cheminée – un « traumatisme » que j’évoque dans Collector. Du coup, je n’ai pas une énorme culture comics, mais c’est un univers qui m’a beaucoup marqué, gamin.

Le vrai visage d'Olivier

Le vrai visage d’Olivier

En basant le livre dans le monde du Toy hunting n’as-tu pas eu peur de ne t’adresser qu’à un public bien spécifique ?

C’est le risque, en effet, mais c’est aussi ce qui fait le sel, l’originalité du récit. Je ne connais aucun autre roman qui parle de ce petit monde bizarroïde des Toy hunters, et c’est un monde passionnant, dont j’ai la chance de faire partie. Je suis persuadé qu’on n’est jamais meilleur que quand on parle de ce qu’on connaît intimement. Ça ne sert à rien d’essayer de surfer sur une tendance: il faut faire avec ce qu’on a. Écrire avec sincérité. La mentalité du collectionneur m’intéressait, c’est presque une forme de folie en un sens. Et le monde du toy permettait de toucher à l’enfance; plus précisément, au rapport qu’on entretient, adulte, avec l’enfant qu’on a été. J’ai fait le pari que le lecteur saurait voir au-delà du côté « toys » – Actes Sud l’a d’ailleurs sorti en littérature générale, et non dans sa collection thriller Actes Noirs. Collector n’est en aucun cas un roman sur les jouets; c’est un roman sur les origines, et en quoi elles nous fondent.

La structure de ton livre m’a parfois rappelé celle de Plateforme : du sexe explicite, la dénonciation de notre consumérisme et des fiches techniques entre les chapitres. Être le Houellebecq Geek ça te conviendrait ? *

Et comment! Tu me fais là un énorme compliment, car je révère Houellebecq! Je le tiens pour LE grand écrivain français en activité. Notre Balzac, si on veut. Pour les fiches techniques sur les jouets, je me suis plutôt inspiré de la démarche de Bret Easton Ellis dans American Psycho« , où les scènes de meurtres alternent avec des dissertations hyper cliniques sur les pop stars des années 80 – mais Houellebecq est animé par une même volonté de dénoncer les travers de notre société malade.
Il y a une dimension « sociétale » dans Collector : j’ai beau faire partie du monde que je décris, cela n’empêche pas une certaine lucidité. Une distance critique vis-à-vis du merchandising de masse, dont la génération Goldorak essuya les plâtre; vis-à-vis, aussi, de ce « passéisme » dont je suis moi-même coupable. Dans les années 80, on rêvait au futur; aujourd’hui, on fantasme sur les années 80. Ce sont un peu les nouvelles fifties: le temps d’une certaine innocence pré-Internet. En tant que société, on regarde dans le rétroviseur, surement parce qu’on s’est créé un monde un peu trop anxiogène. Ça m’interroge.

Bonne nuit les petits...

Bonne nuit les petits…

En parcourant le net, les deux termes qui reviennent le plus souvent pour qualifier ton livre sont « Un Da Vinci Code version Geek » et « un roman sur l’adulescence ».Ca t’agace ?

Non. Comme je l’écris dans le prologue du bouquin, les journalistes aiment bien mettre des mots sur ce qu’ils ne comprennent pas. Je suis bien placé pour le savoir 😉

La question suivante qui en découle : qu’est-ce que l’adulescence et te reconnais tu dans ce terme ?

Personnellement, je ne me reconnais pas dans ce terme, non. Encore une fois, les journalistes aiment bien mettre les gens dans des cases, mais les gens sont plus complexes que ça. Moi, par exemple, je suis un geek doublé d’un collectionneur de jouets impénitent, mais je suis plein d’autres choses: écrivain, père… Reste que ce terme d' »adulescent » recouvre un phénomène générationnel qu’on ne peut pas nier. Certains ont des théories là-dessus: on est une génération qui travaille et fait des enfants de plus en plus tard, la fameuse « génération Tanguy »; on est une génération qui n’a pas connu la guerre, et qui donc peut s’adonner à la satisfaction de besoins aussi absurdes que collectionner les jouets de son enfance; on est la première génération qui a la possibilité de ne pas grandir, et de revivre son enfance en boucle en revoyant les DA de son enfance sur Internet, en rachetant les jouets de son enfance sur eBay; on est une génération qui ne trouve pas sa place, coincée entre parents babyboomers et millenials nés avec le Net…

Mais non, putain, je vous dis que je ne suis pas immature !

Mais non, putain, je vous dis que je ne suis pas immature !

Le moins que l’on puisse dire est que tu ne fais aucune concession à ton personnage principal, que l’on imagine pourtant (peut-être à tort) comme ton alter égo ! Il est prêt à tout pour assouvir sa passion : mentir, tricher, voler, rien ne lui fait peur ! Accessoirement il va jusqu’à tabasser un gamin et surtout à draguer sa propre mère ! (nous avons un psy dans les rangs de ce blog nous pouvons éventuellement lui adresser Thomas Strang si nécessaire). Masochisme ou souci du réalisme ?

Pourquoi faire des concessions? Le roman, c’est le terrain de l’imaginaire. Un cadre « safe » pour assouvir des fantasmes, se confronter à ses pires frayeurs. C’est comme Kubrick avec Shining : le personnage de Jack Torrance représente sans doute la pire version du père qu’il aurait pu être. Thomas reflète le Toy hunter compulsif en moi, j’ai juste forcé le trait. J’ai pu constater que la collectionnite ne fait pas toujours ressortir ce qu’il y a de plus noble en nous: elle excite la convoitise, voir la jalousie… Mais ce sont les défauts de Thomas qui le rendent attachant, je crois. C’est un héros limite, voire un anti-héros, mais qui reste « moral ». Par exemple, quand il tabasse le gamin à la sortie de l’école, c’est pour venger petit Tom (c’est-à-dire lui-même!), qui n’a pas su se défendre. Il essaie de lui transmettre quelque chose, de se transmettre quelque chose à lui-même, mais il s’y prend mal. Il se plante, et il s’en rend compte. Même chose quand il drague sa mère: ça le met très mal à l’aise, évidemment, mais c’est pour la « bonne cause »: en faisant ainsi imploser le couple de ses parents, il se dit qu’il précipitera leur divorce, et, évitera ainsi des années de souffrance à tout le monde. C’est Retour vers le futur à l’envers.

Plusieurs petits points ont interpellé ma sensibilité de lecteur : comment le Thomas adulte a t-il pu oublier la relation dysfonctionnelle de ses parents  ?

Je ne pense pas que Thomas ait « oublié » la relation dysfonctionnelle entre ses parents; il l’a supprimée de son disque dur. Gommée de ses souvenirs, car elle ne l’arrangeait pas. Elle ne cadrait pas avec l’idée qu’il se fait de son enfance, cette enfance dont il a fait une espèce d’eldorado. Il est dans le déni. Mais une fois de retour en 1985, il se prend la réalité en pleine figure, et réalise pourquoi il lui a fallu revenir: non pas pour revivre cette enfance soi-disant idyllique, mais bien pour sauver sa famille.

Autre surprise du livre, Thomas est étonnement sexué ! On a même l’impression que sa quête tient autant du tourisme temporel que du tourisme sexuel ! Est-ce pour aller à l’encontre du cliché décrivant les Geeks comme des introvertis et vaguement asexués ?

Le livre aurait peut-être pu s’appeler « la Vie sexuelle des geeks »… Je n’ai pas consciemment cherché à aller contre les clichés qui collent aux baskets des geeks, j’ai juste suivi le personnage où il m’emmenait. En l’occurrence, vers un récrit d’apprentissage, y compris sur le plan sexuel. Hélène endosse le rôle classique du mentor, c’est le Yoda de l’histoire, sauf qu’elle est vachement plus sexy. Thomas a une petite copine, Penelope, mais quelque part Hélène est la première vraie femme qu’il rencontre. Elle le pousse dans ses retranchements, ne lui fait pas de cadeau.
L’autre aspect, c’est que je voulais faire de Thomas quasiment un super-héros. Quelqu’un qui a une identité secrète, journaliste le jour, Toy hunter la nuit. Une sorte de Don Draper geek, qui tromperait sa copine avec des jouets. Il a une double vie, et au début du récit, cette double vie fonctionne. Mais l’irruption des robots ArkAngel va tout dérégler. Tom devient comme un junkie qui aurait découvert une drogue super bonne. Ces petits robots lui font quelque chose, il le ressent physiquement. À leur contact, il se sent puissant – y compris sur le plan sexuel! Toute l’ambiguïté réside dans la question de savoir s’il est en train de se révéler, de quitter sa chrysalide… ou bien s’il court à sa perte.

Ton personnage d’Hélène est mémorable. Qui choirais-tu pour l’incarner à l’écran ? *

Merci! Je crois bien que j’ai créé Hélène afin de pouvoir en tomber amoureux. Qui pour l’incarner à l’écran? Peut-être Gillian Anderson, qui est devenue terriblement sexy, bien plus qu’à l’époque de X-Files. Dans The Fall, elle est démente.

Hélène, Pénélope, « tes » femmes ont des prénoms d’héroïnes grecques. Coïncidence ou influence d’Ulysse (31) ? *

Influence d’Ulysse 31, sans aucun doute, mais surtout du mythe d’Ulysse lui-même. J’avais étudié « l’Odyssée » d’Homère en 6ème, et ça m’a beaucoup marqué. Bref. Péné n’est pas infirmière et ne s’appelle pas Pénélope pour rien. Collector, c’est peu l’Odyssée de Tom: lui aussi est perdu dans des limbes, lui aussi cherche son chemin. Sauf que dans son cas, pas sûr que Pénélope l’attende. Ils se retrouveront, mais quant à se remettre ensemble.. La fin est ouverte.

Si tu avais la possibilité de te retrouver l’enfant que tu étais, que lui dirais-tu ?

Souvent, on se dit « Si seulement j’avais su, enfant, tout ce que je sais maintenant », non? C’était tout l’enjeu de l’écriture de ce roman que de pouvoir retrouver le petit Olivier et dialoguer avec lui.

C'était demain....

C’était demain….

La couverture attire forcément l’œil de ceux qui ont eu ce jouet dans leur enfance (j’ai moi-même découvert ton roman grâce à sa couverture); l’utilisation de Maskatron est-elle libre de droit ?

J’aime beaucoup, beaucoup la couverture. C’est moi qui ai trouvé la photo, du fan-made, superbe, avec ce fond orange hyper 70s. Il n’y avait plus qu’à ajouter une belle typo bien pop, ce dont s’est chargé mon éditeur, et on s’est retrouvés avec cette couverture puissante sur le plan graphique, mais surtout mystérieuse. Je ne possède pas la figurine de Maskatron, mais lui et les fembots m’avaient traumatisé dans L’Homme qui valait 3 milliards et Super Jaimie« . D’ailleurs, ces deux séries ont beau avoir vieilli, ces épisodes fonctionnent encore très bien. Bref, je trouve le personnage inquiétant à souhait, et moins segmentant que, disons, Goldorak.

Tu convoques beaucoup la culture US et Japonaise. Pourtant, pendant le roman je n’ai pas arrêté de penser au Secret de la Licorne de Tintin et ses trois parchemins qui réunis indiquent un trésor…

C’est marrant parce qu’un camarade Toy hunter m’a fait la même remarque, mais je n’avais pas du tout fait le rapprochement pour ma part! Du coup, je l’ai relu, avec un grand plaisir. J’adore la fin, quand on découvre la fabrique de fakes – un motif que, pour ma part, je n’ai pas exploité.

Quels sont tes prochains projets ? Travailles-tu sur un nouveau roman ? Après les starlettes et les geeks… now what?

J’ai peut-être une nouvelle idée de roman, mais c’est encore un gestation. Un truc autour de la paternité, mais toujours par le biais du thriller.

Par ailleurs il est question d’une série télévisée made in US basée sur ton livre. Où en est le projet ? Jusqu’à quel point es-tu impliqué dans sa réalisation ?

Très fortement! J’en suis le créateur, mais ne peux pas encore faire d’annonce officielle.

Un dernier mot pour les lecteurs de Bruce Lit ?

Juste une spéciale dédicace à tous ceux qui jouaient à « Bruce Lee » sur leur Amstrad CPC 😉

Espion modèle !

Espion modèle !

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Il est geek, il a créé le personnage de Thomas Strang, il possède une version du Maître d’armes Yellow Border, c’est un toyhunter réputé avec l’ami Carletti et c’est surtout un écrivain qui a publié chez Actes Sud son deuxième roman : « Collector ». Olivier Bonnard donne une interview pour Bruce Lit en chair et en plastique à Patrick Six avec des photos de son agaçante collection.

La BO du jour Ne me traitez pas d’adulescent !

35 comments

  • Présence  

    Comme Tornado, je fais l’expérience de me lancer dans la lecture d’une interview sans appétence particulière, et je me retrouve à la dévorer.

    Chacun en a son interprétation personnelle. – Mais, c’est de l’École de Constance dans le texte, ça ! Quelle belle preuve de recul de la part de l’écrivain. Ça augure bien de la suite de l’interview.

    Le rapport qu’on entretient, adulte, avec l’enfant qu’on a été – Mais ! C’est du Tornado dans le texte, ça !

    Le monde des collectionneurs de jouets et l’universalité des comportements et des ressentis – Mais c’est la thèse de l »universalisation du particularisme et la particularisation de l’universalisme, du sociologue Roland Robertson.

    Les années 80 sont un peu les nouvelles fifities. – Je peux comprendre l’analogie, mais je n’éprouve pas du tout ce ressenti. Quand même un point qui me différencie de l’auteur (déjà le teeshirt Huey Lewis ne correspond pas vraiment à mes goûts musicaux 🙂 ).

    Une génération qui n’a pas connue la guerre – J’aime bien cette remarque qui met le doigt sur une caractéristique qui influe fortement sur notre vie quotidienne.

    La première génération qui a la possibilité de ne pas grandir, et de revivre son enfance en boucle – Une autre caractéristique incroyable de notre époque, où tout ou presque est à portée de main, ou il est devenu impossible de se faire une culture généraliste du fait du volume d’œuvres classiques existantes.

    Amstrad PC – Ouais, moi ! moi ! J’ai joué sur Amastrad PC, avec chargement à partir de cassettes audio, et réussite très aléatoire du chargement.

    • Bruce lit  

      Yeah ! Patrick ! Notre premier teamup !
      @ qui ça intéresse. Le roman de Bonnard est un « vrai » roman, pas un simple catalogue geek. Je l’ai lu avec beaucoup de plaisir avec un léger à priori au départ, justement. Je ne voulais pas d’un catalogue de références populaires gratuites qui ne s’adresseraient qu’aux geeks. Ça ne m’intéresse absolument pas, puisque, on l’aura compris, ce qui compte pour moi ce sont ces passerelles entre l’art majeur et celui considéré comme mineur.
      J’ai été happé par ce thriller mélancolique, même si à mon sens les meilleures pages sont à chercher dans la partie « Quartier Lointain ».

      Je pense que les années 80 ont ceci d’exceptionnel : elles auront été au cinéma populaire ce que le punk fut à la musique : un redémarrage de licences décomplexées où il était facile de sortir nanar et chefs d’oeuvre sur un pied d’égalité, et souvent au détriment du bon goût. Qu’on se rappelle du mépris et des sifflets lorsque Stallone reçut un Cesar d’honneur des mains de Polanski.
      Bon…euh, Rambo III, c’est de la merde, on est d’accord, mais au delà de ça était sifflé l’idole du cinéma américain des années 80. Je me rappelle aussi du mépris de Claude Sarraute lorsque Jacques Martin présentait la bande annonce de Robocop dans Dimanche Martin. Ce cinéma, ces dessins animés aujourd’hui réactivés pour le mieux et pillés pour le pire. Moi j’avoue, j’en ai marre de Star Wars, de Dragon Ball, de Seiya. J’adorerai ces séries pour la vie mais il est temps de passer à autre chose, à d’autres icônes. Je ne comprends pas (enfin si….) le principe de faire une nouvelle version de Seiya.

      Concernant les jouets, je ne suis pas collectionneur. Pas la place, pas l’argent, pas l’envie. Mais j’adorerais à titre « touristique » visiter le musée Bonnard. J’ajoute que le musée de Patrick 6 et ses centaines de figurines en plomb Marvel n’est pas dénué d’intérêt non plus.

      • Matt  

        Moi j’ai revu récemment une vieille interview de Michel Blanc qui qualifiait Terminator de grosse connerie débile.
        Ah c’est sûr quand on a des films intelligents et profonds comme les bronzés à son actif, on peut se la péter sur le « vrai » cinéma hein !

        • Bruce lit  

          Oh….
          Je me rappelle avoir adoré certains films avec Blanc notamment Monsieur Hire, Tenue de soirée ou Je vous trouve très beau. Je suis un grand admirateur de Patrice Leconte.

        • Matt  

          C’est pas la question. Tu parlais de mépris pour le ciné de genre. Ben j’en donnais un exemple. Robocop est aussi une critique d’une société dirigée par les médias. Mais faut croire que dès qu’il y a de la SF, de l’action, et pas des drames sociaux à base d’histoires de coucheries, c’est forcément con…
          Je préfère voir 10 fois le film Alien qu’un film sur les bronzés.

  • Matt  

    Je ne connaissais pas du tout le monsieur. Je ne suis pas spécialement intéressé par le bouquin mais c’est sympa de voir quelqu’un assumer sa passion et, en un sens, donner tort à cette vision clichée du geek immature et abruti qui collectionne des jouets. C’est un peu cette tendance à « mettre des gens dans des cases » qui me pose toujours problème pour que je me sente d’assumer que j’aime bien bricoler des figurines. Bon faut dire aussi que je ne suis ni marié ni papa donc je ne peux pas dire « éh regardez j’suis normal en fait » (même si ce serait jouer leur jeu de considérer la situation maritale plus normale qu’autre chose). En gros, ça fait chier le jugement des gens. Au point que des fois on pense à renier ses passions pour ne pas être regardé de travers. Mais ça ne fait aucun bien.

    Et puis cette histoire de génération qui n’a pas connu la guerre, c’est bien vrai mais des fois on dirait qu’on devrait s’en excuser « ah ben pardon de ne pas en avoir pris plein la gueule et d’avoir des loisirs qui paraissent inutiles » alors que bon…je pense que tout le monde aurait préféré ne pas la connaître la guerre. Mais les gens qui ont souffert ont souvent tendance à reprocher aux autres de ne pas en avoir autant chié. Et je ne vise personne, ça s’applique à moi aussi bien sûr avec mes humbles problèmes que d’autres n’ont pas forcément eu et que je peux voir comme des privilégiés.
    Mais je m’égare…

    Je ne suis pas un « toy hunter », ou alors dans une proportion bien moindre puisque ma collection est petite et que je ne tiens pas à la faire devenir énorme. Mais ce genre de livre est surement intéressant.

  • PierreN  

    « Et puis cette histoire de génération qui n’a pas connu la guerre, c’est bien vrai mais des fois on dirait qu’on devrait s’en excuser »

    Cet éternel couplet s’applique aussi au service militaire. Si vous avez des grands-parents qui ont fait l’armée, il y a une chance sur deux pour qu’il rabâchent sur le sujet en souhaitant sa ré-intauration.

    • Jyrille  

      J’ai fait l’armée. C’était bien au final, j’ai bien ri, j’ai découvert pas mal de choses. Mais je n’ai aucune envie de la réinstaurer.

  • Tornado  

    Et encore une interview que je me retrouve à dévorer !
    Chapeau aux questions et aux réponses, toutes pertinentes et, ma foi, assez passionnantes !
    Ça fait du bien de se sentir intégré à une sorte de « famille virtuelle » et à des gens qui nous ressemblent, même si la portion geek peut varier d’un individu à l’autre. Par exemple moi aussi je collectionne quelques jouets de mon enfance (et aussi des disques et des livres). Mais dans une moindre mesure.
    Mes trophées sont modestes : casimir pouet-pouet, Albator élastique, Goldorak en PVC (Minos et Hydargos aussi), diverses autres figurines, voiture Starsky & Hutch, L’Homme qui Valait 3 Milliards et quelques figurines et vaisseaux Star Wars, la plupart trônant dans ma salle de cours…

  • Matt  

    Les mecs, vous me rassurez mais d’un autre côté, suis-je le seul couillon à assumer difficilement mon côté geek ? Je demande ça sérieusement hein. Je ne m’en cache pas spécialement mais je suis loin de pouvoir l’afficher à la vue de tous comme Tornado dans sa classe…

  • Tornado  

    Non non, j’assume très mal mon côté geek selon les personnes. Avec les gamins ça passe tout seul. Ils se sentent concernés. Mais avec les adultes intellos ou même ceux qui ne s’intéressent plus du tout aux trucs de gamins, ça ne passe pas très bien du tout. Condescendance, mépris, moqueries. C’est la totale.
    Je suis moi-même, comme je l’ai déjà écrit souvent, assez paradoxal sur le sujet. J’ai vite fait de mépriser un fan de comics old-school si je ne m’autocensure pas immédiatement sur le sujet, par exemple. J’envie les geeks -intelligents- qui sont décomplexés.

    • Matt  

      Faut pas les mépriser parce qu’ils sont fans de vieux comics, mais quand ils te prennent de haut. Sinon tu nous mépriserais aussi. Là c’est encore un cas à part les geeks plus « fiers » que décomplexés. Mais là je pense qu’ils se la pètent sur le net mais peut être qu’ils restent discrets dans la vie.
      Par contre oui, il y en a qui sont geeks et décomplexés. Ceux capables de dire juste « et alors ? » à quelqu’un qui se moquerait bêtement du fait qu’il aime les comics et les figurines.

      • Jyrille  

        Je ne me sens pas trop concernés et pourtant je suis totalement geek (accro à la musique et assez élitiste sur le rock, lisant des bds, fan de jdr et de livres dont vous êtes le héros, une tonne de dvds… mais je me refuse à toute envie de para-bd, de jouets etc). Je ne le montre pas du tout au travail (ou très peu) mais je me sens totalement décomplexé par rapport à ça. J’imagine qu’à partir d’un certain âge, les critiques ne touchent plus.

    • Eddy Vanleffe  

      cette attitude sur le old school est vraiment bizarre ma fenêtre…non pas parce que tu n’aimes pas le machin. je peux très bien le comprendre puisque j’ai moi même énormément de mal à lire du Edgar P jacobs que je trouve chiant à lire…
      mais quand j’ai lu- avec passion d’ailleurs-ta série d’articles sur le Horla, l’ardeur que tu as a défendre un pan du cinéma que beaucoup qualifieraient de ringard, je me dis que tu avoir le même genre d’obstacles face à toi. le cinéma qui évoque plutôt que de montrer est souvent vu comme un truc fauché tout simplement.
      Les dialogues sont souvent surannés et pas très naturels compte tenu des conventions artistiques de l’époque.

      j’ai depuis regardé les innocents, et ça m’a emballé, mais je suis à peu près le seul dans mon entourage.

      Mon côté geek est assez discret et finalement je ne me reconnais pas trop dans cette lubie, MOn oncle est incollable sur les westerns des années 60 au point d’en avoir une collection et même parfois les romans dont ils sont adaptés (des trucs introuvables aujourd’hui). les gars qui écument les braderies dans l’espoir de trouver des baïonnettes ou des verres de bières yougoslaves ou mon frangin qui adore les livres d’histoires qui datent d’avant la chute du mur sont ils des geeks? les téléchargeurs fous qui n’ont pas le temps de regarder ce qu’ils prennent. les collectionneurs d’étiquettes panini…C’est quoi un geek, un aduclescent?
      au bout du compte on bosse, on vote, on paie nos factures, on perd des gens proches
      comme n’importe qui
      Le fait de juger l’autre est devenu plus étouffant, avec les réseaux sociaux qui sont devenus le rendez-vous virtuels de tous les fascismes , c’est peut être ça qui est le plus difficile à supporter et truc très bien incarné par the Big bang theory…cette fausse bienveillance qui donne une image d’Épinal encore plus néfaste

    • Matt  

      Sans vouloir répondre pour Tornado, d’après ce que j’ai compris, c’est purement du vécu personnel. Il a connu des fans de old school qui l’ont pris de haut. Mais pour ma part en effet, étant fan de vieux cinéma, je respecte les vieilles BD aussi. ça ne veut pas dire que tout est bien mais si des gens trouvent ça bien, ben tant mieux pour eux.
      Ce jugement dont tu parles favorisé par les réseaux sociaux est en effet un vrai problème. Tout le monde peut s’exprimer, mais donc également dire des conneries, harceler des gamins et les pousser au suicide, insulter des personnalités célèbres…et puis il y a aussi ceux qui lancent des polémiques sur rien du tout pour faire le buzz et se faire entendre. Il y a un noir qui bégaie dans Astérix ? Oh ! Racisme !
      Si on pouvait laisser les gens être comme ils le souhaitent sans juger…
      Honnêtement je ne veux pas avoir l’air de me jeter des fleurs, mais je n’ai jamais compris ce « plaisir de se moquer ». Si quelqu’un aime un truc bizarre, bon ben je ne vais pas forcément comprendre ce qu’il trouve d’intéressant là dedans, mais du moment qu’il ne fait chier personne, je n’ai aucune raison de l’emmerder.

      Mais non visiblement faut se conformer à une certaine norme sinon on mérite des insultes…
      On se fait emmerder si on est fan de BD ou de jeux, si on collectionne des figurines, si on est malade, si on est au chômage, si on baise trop (surtout les femmes) ou pas assez (pour les mecs), si on est gay, si on est pas assez bien sapé, etc.
      Des fois ouais, l’enfer c’est les autres…
      Et des fois ils nous aident…mais juste quelques uns qu’on a choisi. Et malheureusement on ne choisit pas tous les gens qu’on croise.

      • Tornado  

        Effectivement, mon « mépris » vient surtout du fait que les types te font la leçon en te disant que leurs comics de Kirby, ça vaut Balzac. A l’extrême inverse, la copine de mon beau-père à pouffé de rire en voyant le Goldorak que ma femme m’avait offert et lui a dit « t’as pas honte ?!!! ».
        Dans les deux cas, ça m’exaspère ; 1) Que l’on prétende que tout se vaut en confondant les vessies avec les lanternes 2) Que l’on méprise les adultes qui ont le goût de la culture populaire.

      • Matt  

        Je dirais en plus simple que les gens qui pensent détenir la vérité universelle font sacrément chier. Des gens qui te disent comment vivre ou quoi penser.
        Il y a ceux qui vivent et qui laissent vivre, et ceux qui viennent te dire ce que tu devrais faire. Que ce soit au niveau relationnel ou de tes goûts. Je ne supportais pas les fêtards plus jeune qui considéraient que si tu n’aimais pas aller en boite faire la teuf t’étais un loser. Mais mêle toi de ton cul ! Je ne viens pas t’imposer de lire des bouquins moi !

  • JP Nguyen  

    Pour répondre à la question de Matt, je n’ai pas trop de problème à assumer… mais en fait c’est l’étiquette « geek » qui devenue vide de sens, si tant est qu’elle en ait jamais eu…

    Les super-héros, par exemple, sont à présent connus du très grand public. Du coup, si je me pointe au boulot en été avec un t-shirt DD ou la Chose, on va me demander si je suis allé voir tel film ou ce que j’ai pensé de telle série… Alors que pour moi, cet univers-là se retrouve surtout dans des livres, des vieux mags ou des TPB voire des omnibus… et dans mon imaginaire… Les films, il m’arrive de les regarder, mais je n’ai pas d’attentes très élevées…
    En fait, quand il m’arrive d’échanger sur ce sujet, mon malaise vient surtout du fait que j’ai l’impression d’être snob, que, pour faire court, « mon » Marvel n’est pas celui dont me parle par mon interlocuteur…

  • Patrick 6  

    @ Bruce : Youpi et tralala pour ce premier Team up (un brin inattendu et improvisé disons-le).
    Un grand merci à Mister Bonnard pour sa gentillesse et sa disponibilité (et of course la pertinence de ses réponses) !

    Ce que tu dis sur le cinéma est intéressant car les franchises eighties autrefois décriées sont toutes de retour de nos jours ! (Curieusement il n’y a que « Retour vers le futur » qui ne soit pas revenu)
    On demandait récemment à Harrison Ford s’il comptait réactiver toutes ses franchises vieilles à succès (Indie, Blade runner….) et lui de répondre « Tu m’étonnes que je vais le faire ! » ^^
    Entre goût prononcé pour la nostalgie et manque de créativité nous vivons une drôle d’époque…

    Ah oui je veux bien aussi un ticket pour visiter le « Musée Bonnard » ! Le Musée Patrick 6 est totalement dérisoire en comparaison… (aucune pièce n’a plus de 20 ans)
    Et pour cause je me suis débarrasse de tous mes vieux jouets (Albator, Goldorak, San Ku kai…) à l’orée des années 2000, bradés en l’échange (oui « échange » car il n’était pas question de faire de l’argent avec mes « amis d’enfance ») du Goldorak soul of chogokin GX-04S! ( https://www.amazon.fr/PHOSSOIRAK-FULGUROPOINGS-EJECTABLES-ACCESSOIRES-GRENDIZER/dp/B000Q0S4BG )
    Une petite merveille bien plus esthétique que mes vieux jouets, certes plein de charmes (et de souvenirs) mais surtout pas très jolis 😉

    @ Présence : « Universalisation du particularisme et la particularisation de l’universalisme ». La vache le titre fait un peu peur quand même ^^

    @ Pierre : En effet les personnes âgées regrettent souvent la disparition du service militaire, mais pour l’avoir fait je ne vois pas trop ce qu’elles regrettent !
    Une perte de temps absolue, apprendre à marcher au pas n’a jamais sauvé personne ni de la criminalité ni du chômage… (mais bon c’est un autre sujet)

    @ Tornado : Oui la « Geekitude » peut prendre plusieurs forme mais relève souvent d’un même phénomène…
    Dis tu nous montreras une photo de ton « Casimir Pouet-pouet » ?

    @ Matt : Hum en 2017 (contrairement aux années 80 ou c’était clairement une tare) être Geek est plutôt « cool » non ?

    • Matt  

      Euh…non, je n’ai jamais perçu ça comme étant « cool ». Auprès de gamins peut être. Si t’es toi-même au collège peut être. Éventuellement peut être avec des gens de mon âge (et encore…) mais auprès des plus agés (comme vous…pardon, hein !), comme ils viennent justement d’une époque ou c’était une tare, on ne s’attend pas du tout à ce qu’ils réagissent bien. Et comme le confirme Tornado, il y en a toujours qui se moquent, qui méprisent…

      • Patrick 6  

        Bon et bien alors c’est que ma carapace d’indifférence est très efficace ^^

    • PierreN  

      @Patrick: Pour Retour vers le futur, je crois qu’il y a une clause qui empêche Universal de faire un nouveau film sans l’accord de Robert Zemeckis et Bob Gale.

      http://www.syfantasy.fr/20909-Robert_Zemeckis_ne_veut_pas_de_remake_de_Retour_Vers_le_Futur
      http://www.syfantasy.fr/21417-en_refusant_un_nouveau_Retour_vers_le_Futur_Robert_Zemeckis_rend_dingue_universal_Pictures

      Le terme Geek est tellement galvaudé dorénavant que je préfère employer celui de fan de culture populaire (le mot nerd a une petite connotation péjorative). Ça me rappelle une réplique de Ben Wyatt dans Parks and Recreation, portant sur la revanche de cette culture pop à l’orée des années 2000 : http://38.media.tumblr.com/1272935f7b240c2a378897539c38d5a0/tumblr_nkege9ZnwL1rlr2dlo1_250.gif

      La situation des trois ados dans Freaks and Geeks (cette série de la fin des 90’s, dont l’intrigue se déroule au début des années 80) est intéressante de ce point de vue. À un moment, ils se demandent si leurs centres d’intérêt seront un jour moins mal vus qu’avant (donjons et dragons, les comédies avec Bill Murray, les comics, les séries de SF). Effectivement, l’air du temps allait finir par tourner en leur faveur, une fois arrivé à l’âge adulte (mais la série n’a pas eu l’occasion d’aller jusque-là).

  • PierreN  

    Certains réagissent différemment à l’évolution de cette culture désormais plus en vogue, en allant même parfois jusqu’à regretter la période où leur médium favori était moins « mainstream » et plus confidentiel (à l’époque où il faillait attendre que Frank Miller passe par la case librairie pour que certains médias daignent s’y intéresser, rapport à ce culture de l’album typiquement française, alors que les lecteurs de Strange savaient depuis longtemps qu’il s’agissait-là d’un auteur à suivre).

    http://www.buzzcomics.net/showthread.php?t=66646

  • Bruce lit  

    @Pierre : ce sont des arguments qui me parlent beaucoup. Celui des vieux à qui le trésor, les efforts, la passion a été volée par des gamins pour qui tout est facile, édité mais aussi pour qui la bande dessinée est l’antichambre inévitable de films et de séries débiles, et ça c’est franchement insupportable.
    Pour ma part en tant que blogger, j’essaie de relativiser quand je vois des gamins de douze ans faire des chroniques sur des comics dont l’année 0 est le Old Man Logan de Millar….
    C’est….c’est….c’est….comme si un merdeux te dirait que Sum 41, c’est mieux que les Pistols….
    Là où j’en suis actuellement : A l’inverse des collusions de Hickman, leurs chemins et le mien ne sont pas obligés de se croiser. J’ai une vision de loin de leur langage sms et de leur vision du comic-book. Je ne rentre jamais dans un dialogue à l’inverse de mes amis Facebook qui tentent de sauver les meubles.
    Je les laisse se vautrer dans leur idolâtrie du Joker, Deadpool ou Harley Quinn, je les laisse bander sur les bouses de Netflix, ou s’exciter sur le Punisher à venir.
    Les réseaux sociaux ne font qu’amplifier des opinions qui ne m’intéressent pas et qui me navrent la plupart du temps. Il y a sûrement des gens biens là dedans, j’en connais même.
    Mais au final ce qui m’intéresse c’est l’intégration des comics dans la culture plus large. Je m’aliène plein de lecteurs et mon blog n’aura jamais 200 000 abonnés. Mais en retour j’ai connu Matt ou Pierre, des d’jeuns avec la tête sur les épaules et les meilleurs discussions avec mes amis sur un lieu-sanctuaire dans toute cette hype.

    @Tous ceux que Tornado torture avec son allergie old-school.
    Une petit souvenir personnel : quand j’étais petit, j’étais nul en maths. Si NUL que j’en pleurais d’impuissance. J’ai eu beau avoir des profs à domicile, des cours du soir, des méthodes, des encouragements , des réprimandes et des menaces, rien n’y a jamais fait. Un jour plein de pensée positive, je me suis même dit que les Maths étaient une langue étrangère dont il me suffisait d’apprendre les rudiments. Ça n’a pas marché non plus.
    Je pense que c’est la même chose pour notre ami Tornado : cette vieille langue ne lui parle plus, il est inutile de lui pointer ses contradictions, ses ambivalences, il est évident qu’il s’agit de son vécu personnel et qu’aucun argument n’ira contre ça.

    @Omac: une statuette en tenue d’esclave chez un psy….Rien que pour ça la vie de geek vaut la peine d’être vécue :).

    • Matt  

      C’est moi le Matt d’jeun ? C’est sympa mais je me sens vieillir quand même…
      La tête sur les épaules, je sais pas…mais juste assez je pense pour que les modes ne me touchent pas. Je m’en tiens éloigné. Seule la mode des zombies m’a affecté à une époque car trop envahissante. Mais je fais gaffe depuis. Par exemple tu dis que Harley Quinn est devenue une idole ? Même pas fait gaffe. J’aime bien le personnage (d’après ce que j’en connais) et je ne laisserais pas une mode me le faire détester. Tout comme aucune mode ne me fera aimer un truc juste pour suivre le mouvement.
      C’est pour ça aussi que je ne comprends ni la vénération ni la haine des comics old school. Personne n’est venu me gonfler avec en disant que c’est le Saint Graal, ni que c’est la pire des bouses, je n’ai pas remarqué de mode à leur sujet donc je suis neutre. Je pioche dedans. Parfois j’aime, parfois c’est naze. C’est tout.
      Je pense que c’est la meilleure approche. C’est comme ne pas se laisser contaminer par le buzz d’un film qui alimente nos attentes…pour au final être exagérément déçu si on s’attendait au plus grand chef d’œuvre du cinéma.

    • Bruce lit  

      @Omac : Bataille ? C’est un crossover Marvel ?

    • Eddy Vanleffe  

      rigolo les anecdotes, elle nous construisent j’imagine ou en tout cas,elles construisent une part de nos opinions.
      au collège, ma mère n’avait des masses de sous, donc j’achetais ces trucs pas chers en kiosques et je lisais plein de trucs chez mes oncles. et comme les thunes, ben… c’est important dans la vie, on échangeait nos revues entre potes pour en lire deux fois plus.
      un jour je me suis fait gauler par un surveillant de lire Le retour des broods, il me l’a confisqué.
      quand j’ai été dans son bureau pour le récupérer, il l’a arraché avant de me dire que je ferais mieux de lire de la VRAIE BD de SF comme Bilal que je lisais aussi mais…ailleurs…
      j’ai jamais compris ce refus, parce que pour moi, c’était « kif-kif bourricot ». des persos en costumes et aux looks étranges qui parlaient à des dieux égyptiens (qui jouet au monopoly je vous le rappelle^^) qui en fait son des aliens…
      Geek aujourd’hui ne veut plus rien dire je trouve mais parce qu’on vide de son sens tous les mots les uns après les autres… regardez les ch’tis qui s’en enorgueillissent de cette étiquette alors que c’était une injure souvent accolée à celle des « boches du nord »…
      les jeunes aujourd’hu,i aiment différemment les trucs qu’on a aimé autrefois parce qu’ils ont perduré et le décalage se fait déjà de là. ils ne sont pas plus dans le vrai que nous.
      les Sex Pistols n’ont rien inventé non plus et l’aura du punk n’a pas été si massif que ça. 1977 c’est surtout la période disco, Rock et Folk ont une vue assez révisionniste de la chose et John Lennon regardait ça d’assez haut estimant avoir déjà joué cette musique à Hambourg en 1962. les Beatles eux mêmes empruntaient à mort à Buddy Holly et à Smokey Robinson.
      Jean Jacques Burnel(Stranglers) racontait une fois avoir été choqué d’avoir surpris ses parents au lit, il pensait à 16 ans qu’il avait inventé la baise.
      On pense tout devoir remplacer ce qui nous a précédé en balayant l’héritage de son aïeux. quand la roue tourne on estime être spolié par tout un tas de morveux venant piller notre bac à sable. mais parfois ça donne un Alan Moore (parfois un Matt Fraction) on continue d’avancer…
      Ça fait longtemps qu’on a plus eu d’Alan Moore en revanche…

      • Bruce lit  

        Top ton anecdote sur Burnel ! Je vais voir sa version des Stranglers d’ailleurs en novembre à Paris.
        Je suis toujours mal à l’aise pour savoir qui a inventé quoi, parce que c’est tout simplement impossible. Puisque tu cites Moore, même lui a pioché dans ce que proposaient ses contemporains pour faire ce que l’on sait. C’est comme la cuisine, n’est ce pas : à partir des mêmes ingrédients on réussit ou on loupe. Tout dépend du temps, du matériel, de l’humeur et du savoir faire du cuisinier.
        Kubrick d’ailleurs n’a rien inventé non plus puisque que tous ses films viennent de livres.
        Donc oui, les Pistols n’ont rien fait que répéter ce que les Who, les Stooges ou Alice avaient fait avant eux. Par contre on ne peut nier que le Punk fut le retour du volume, de l’outrance avec ce que ça a de bon et de navrant (Sid Vicious, le loser ultime) en injectant du sang neuf et une influence indéniable sur les moeurs britanniques. Une outrance que tu respectes d’ailleurs en accolant à Alan Moore, Matt Fraction 😉

        Ton anecdote sur les Broods est très représentative de la discrimination de l’époque. Et de ce qui forgea à mon sens le ciment de notre génération : ce mélange de rancune et de fierté de lire des comics contre le système. Car on peut le dire franchement en tout amour, lire Stan Lee aujourd’hui n’a rien de révolutionnaire. C’est ce qui fera, je pense, la différence entre « notre » époque où lire des comics résultait d’une démarche personnelle de curiosité et de « prise de risque » et celle d’aujourdhui où tout, presque tout est disponible dans les bacs.
        Comme les Bootlegs. Avec le recul, je n’en écoute presque plus aucun mis à part quelques démos du Floyd. Mais quel régal d’avoir passé pendant des années mes samedis aux puces de Saint Ouen pour chercher tout ce qui pouvait exister sur mon groupe préféré, investir dans des live merdiques, des tee shirts imités, des pochettes mal imprimées, c’était aussi ça le plaisir de la chasse au trésor. Comme Tintin, qui finalement ne trouve dans la Licorne que des -bonnes- bouteilles d’amphores en lieu et place de perles et de diamants.

        • Tornado  

          Pour moi le punk dans les années 70/80 ça n’existait même pas. On écoutait du disco et, à la limite, du hard-rock ou du Pink Floyd. J’ai découvert l’existence du punk au début des années 90, au lycée, et j’ai trouvé ça abominable ! J’ai l’impression que ce mouvement « musical » a pris de la hype lorsque les auteurs anglais de la génération d’Alan Moore (encore lui !) l’ont mis en avant comme un « truc trop cool » à travers leurs créations (comme par exemple Jamie Delano qui fait de John Constantine le chanteur d’un ancien groupe punk dans la série Hellblazer).
          Du coup, l’importance de ce mouvement est quand même très relative (aucun membre de ma famille ne sait ce que c’est et la plupart des gens que je connais pensent que c’est un style de look à crête sur la tête !).

          Léo ferré était le plus grand anar de sa génération et, aujourd’hui, la quasi-totalité des gens ne connaissent aucune de ses chansons et pensent que c’est un vieux crouton périmé.
          Et moi je trouve que ce qu’écoutent les gamins aujourd’hui, à savoir le hip-hop, ce n’est pas de la musique mais juste de l’excrément sonore.
          Le temps nous échappe, je crois…

          • Eddy Vanleffe  

            Si, si quand j’étais gamin en France j’avais des oncles qui écoutaient une drôle de galaxie qui allait allègrement de Trust, Motorhead, Exploited, Metal urbain, Renaud, Thiéfaine, Leo Férré et Gainsbourg en faisant des apartés du coté de Bob Marley, en lisant Hara Kiri et Fluide Glacial mais avec le recul, je crois que c’était une sorte de marché de niche correspondant pour la plupart à une phase. Aujourd’hui l’un n’écoute plus que du folk finlandais et l’autre du jazz comme Charlie Parker. ils écoutaient ça pour ne pas écouter du disco ou Michel Sardou justement.
            mais cette époque leur doit vachement plus. Alexandrie, Alexandra sera toujours plus représentative que tous ces groupuscules… 🙂
            le hip-hop, je ne peux même pas juger tellement je ne suis pas dedans. je déteste ça, mais c’est extra-moral. je ne peux pas juger de la qualité de certains, mais bon c’est devenu extrêmement commercial et surfait je crois.
            Les anglais aiment beaucoup leur aspect punk c’est certain par contre, Londres est une ville fantastique où l’on peut croiser sur le même park, des punks, des joueurs de cornemuse en kilts et des femmes en burqa tout en traversant les rues sous le signe LGBT.

            @Bruce

            aah les bootlegs…
            Je dois posséder une trentaine de cd des Stranglers alors qu’ils n’ont fait que 17 albums… ça doit faire une dizaine de live de toutes sortes (dont celui sans Hugh Cornwell quand il purgeait une peine de prison pour possession de drogue, il y a plein de chanteurs à la place dont Robert Smith)

            Pour Stan Lee et Kirby et tous les autres, je pense que ce sont des « génies accidentels » ils ont crée un univers qui donne envie de le prolonger à l’inifni et ce de toutes les manières possibles. sans leur création, c’est pas possible (aucun truc en creator owned n’a cette portée tentaculaire) et sans le travail de marée des générations successive d’ auteurs, ça reste du Picsou (parce qu’à la base, ça n’est rien de plus mais avec un dessin « réaliste »)

          • Bruce lit  

            Ah oui ! Hazel’o’Connor forever ;).

  • Jyrille  

    Super interview. J’ai tout aimé et je comprends complètement les obsessions et questionnements de Olivier Bonnard. Là j’ai très envie de lire son livre, tout à coup. J’ai laissé tomber Houellebecq depuis belle lurette, je crois que je me suis arrêté à Plateforme. Mais j’avoue que je le trouve très important dans la littérature.

    • Bruce lit  

      LA possibilité d’une île est un formidable roman….de science fiction. Sûrement le seul que j’ai réussi à lire dans toute ma vie :).

      • Jyrille  

        Possible ! Mais je n’en ai pas la force là… J’ai attaqué le dernier Harry Potter, lu un K. Dick, mais finalement je suis surtout en train de relire un Lovecraft (Je suis d’ailleurs), ma vieille édition toute moisie de Présence du futur qui rappelle une certaine époque dont on parlait récemment.

        Ah tiens, je me souviens que j’ai encore les catalogues des Jeux Descartes, de 87 à 93, des catalogues de jeux de rôles et de jeux de société. Je suis vraiment un nerd.

  • Matt  

    Espèce de riche !^^
    Sont chouettes les Bowen mais trop chères.

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