Le crépuscule des Dieux (St Seiya Hadès : 1/3)

 

ST SEIYA : HADES 1/3

En avant, BRUCE LIT !

Mais où sont les chevaliers de bronze ? ©Toei Animation © AB Video

Mais où sont les chevaliers de bronze ?
©Toei Animation
© AB Video

Cet article portera uniquement sur la conclusion animée de la célèbre série ST SEIYA (LES CHEVALIERS DU ZODIAQUE). Un peu comme les STAR WARS, la série ST SEIYA est découpée selon les arches narratives suivantes :

– 1 – La saga du sanctuaire
a/ Les chevaliers noirs
b/ Les chevaliers d’argent
c/ Les chevaliers d’or

-2 – La saga d’Asgard

-3- La saga de Poséidon
La saga de Poséidon s’enchaîne dans le manga directement avec la saga des chevaliers d’or. A l’écran, elle est raccordée habilement avec le final de Asgard. Mais l’animé donnant l’impression de faire dans la répétition et la surenchère est stoppé net en 1989 sans adapter la conclusion officielle de la série : Hadès.

4- La saga Hadès
Il faudra attendre 2002 pour que la Toei Animation distribue au compte goutte les 31 derniers épisodes entre 2002 et 2008. Le découpage est le suivant :
a/ Le sanctuaire de Hadès <== VOUS ETES ICI
b/ Inferno
c/ Elysion

Le sanctuaire de Hadès est découpé en 13 épisodes de 20 minutes chacun accessible sur Netflix. L’article portera sur ces 13 premiers épisodes qui marquaient donc le grand retour des chevaliers de bronze après 13 ans d’absence sur le petit écran.

Armez-vous du huitième sens : ça spoilera à la vitesse du son ! 

Seiya et ses amis : des chevaliers désormais inutiles !

Seiya et ses amis : des chevaliers désormais inutiles !

En 2002, je fête mon anniversaire avec un jeune geek asiatique rencontré pendant mes vacances, Yvon (si tu lis ces lignes Yvon, ça fait 17 ans que je cherche à te recontacter, tu ne m’as jamais donné ton nom de famille !).  J’ai alors 29 ans, le mot Geek ne signifie rien pour moi et bien loin l’idée de savoir qu’un jour je créerai un blog où je pourrai parler de mes passions, notamment celle des CHEVALIERS DU ZODIAQUE.  Pour l’instant, on fait ça à l’ancienne : on s’invite, on se présente à des potes de potes, et jusque tard dans la nuit on débat sur le niveau de puissance de chaque chevalier, sur la force et les incohérences de la série.

Et puis Yvon se pointe en m’offrant une superbe figurine de Seiya et me balance alors cette phrase culte : « C‘est pour te faire plaisir, bien sûr mais aussi pour que l’argent des figurines persuade la Toei Animation de financer la nouvelle série Hadès ! Tiens, je t’ai fait une copie des 13 premiers épisodes » .  Il était sympa Yvon : toujours de bonne humeur, complètement dingue (« Là, je prends des cours de Japonais, pour pouvoir suivre directement ST SEIYA en VO, marre de la VF ! »), je m’en suis toujours voulu d’avoir paumé son téléphone pendant un déménagement et ne jamais lui avoir rendu sa Nintendo Portable.

Une fois les invités reconduits à la frontière de mon impatience, j’insère le DVD et là, le choc !  Hadès a décidé d’envahir le sanctuaire d’Athéna. Les chevaliers d’or décédés ressuscitent avec pour mission de ramener au Dieu des Enfers la tête de celles qu’ils protégeaient de leur vivant.  Commence alors une nouvelle course contre la montre de 12 heures pleine de coups de théâtre et de combats épiques.

Les dessins sont somptueux, les décors en 3D et l’histoire inhabituelle.  Durant ces 13 épisodes, nos héros ne servent à RIEN !  Le schéma des bronze qui épaulent Seiya jusque la victoire finale est modifié pour la plus grande cohérence de la mythologie : le Sanctuaire étant attaqué, c’est aux Chevaliers d’Or survivants de le défendre.  Les chevaliers de Bronze sont désormais des hors-la-loi interdits de fouler le sanctuaire.  C’est donc, enfin, le moment où Mu du Bélier va montrer toute l’étendue de ses pouvoirs, accompagné de Shaka de la Vierge, Aiolia du Lion et Milo du Scorpion.


La mort de Shaka : le plus grand moment de Hadès

Ce qui frappe en revoyant l’animé 17 ans après, c’est que l’animation n’a pas vieilli. La mise en scène est époustouflante avec des angles de caméra dramatiques, des scènes d’une poésie indéniable notamment lors du combat de Shaka sous un cerisier digne d’un film de Samourai où les protagonistes se toisent longuement. L’ambiance est crépusculaire, étouffante, angoissante.  Certes LA SAGA ASGARD offrait déjà un paysage désolé dans la neige nordique après la luminosité du sanctuaire grec, mais rien à voir avec le sentiment de désolation nocturne totale qui règne tout au long de l’histoire. Les ennemis sont blafards, décolorés, leurs armures sombres et tristes.

Alors que chronologiquement,  un mois sépare les terribles combats contre les chevaliers d’or, l’animé joue sur la durée et l’affection portée à ses héros. S’ils n’ont pas vieilli, nos amis sont usés, meurtris de corps et d’âme : leurs armures sont en miettes, Hyoga et Shiryu ont définitivement perdu la vue. Consciente que les Bronze ont déjà tout donné, les voilà désormais interdits de fouler le sol du sanctuaire par la Déesse qu’ils sont censés protéger. Désormais considérés comme des Chevaliers Inutiles, Seiya et ses amis assistent impuissants, dépassés, humiliés à une guerre totale entre des chevaliers d’or entre eux (la terrible expiation de Kanon des Gémeaux face à Milo du Scorpion), à l’invasion du sanctuaire autrefois si glorieux  et à la trahison de leurs anciens compagnons d’armes et mentors.


Le chevalier du bélier montre enfin l’étendue de ses pouvoirs

Dés révélations majeures attendront ceux pour qui cette saga est inédite : les secrets autour du vieux maître Doko sont enfin dévoilés ainsi que l’identité de l’ancien pope. Le spectateur est bercé d’une atmosphère de mensonges et de faux semblants. Le jeune âge des chevaliers et leur impudence s’opposent à la sagesse de leurs aînés et la connaissance de conflits millénaires, où tous, amis et ennemis, ne sont que les jouets de Dieux cruels.
Hadès est la saga d’un jeu de dupes : les traites n’en sont pas, les héros ne sauvent pas la journée, les mensonges sont des vérités qui nécessitent de changer de point de vue sur le monde et les autres.

On sait les fans conservateurs et parfois c’est normal : pouvez-vous imaginer la voix de Sylvester Stallone, Bruce Willis ou de Jr Ewing sans celles de Alain Dorval, Patrick Poivey ou Dominique Paturel ? Et bien, c’est ici le cas avec l’intégralité du casting VF qui se passe des voix historiques de la série. On peut comprendre les producteurs ; à l’époque de sa diffusion chez Dorothée, les doubleurs étaient moins de dix. On en arrivait à des aberrations agaçantes où 80 chevaliers à l’écran parlaient avec 5 timbres différents (quand ça ne changeait pas de semaine en semaine voire carrément de sexe d’un épisode à l’autre !)

Si la VF est ici de qualité et les voix plus conformes à la VO, notamment pour Shun d’Andromède, on ne peut que déplorer qu’elles manquent de caractères, des personnalités et de la sensibilité du doublage historique ; il est impossible de reconnaître et de mémoriser les timbres des chevaliers, interchangeables. La suite, INFERNO, corrigera -partiellement- cette hérésie en rétablissant à leur poste Seiya-Legrand et Athéna-Ledieu pour un résultat tout de suite différent.


Le vieux maître de la Balance montre enfin son vrai visage !

Les combats sont variés et jouent sur le niveau de puissance acquis par les bronze et celui impressionnant des or. Du mur de cristal érigé par Mu du Bélier à l’attaque de Myu du Papillon qui joue sur l’horreur de la chrysalide comme Toriyama avec Cell dans DRAGONBALL Z, les attaques sont originales et superbement mises en scène.
Pourtant, il règne une certaine confusion, voire une grande frustration. Ouvertement miroir inversé de la saga du sanctuaire, le potentiel de Hadès est parfois bâclé. A l’inverse de son glorieux aîné, il est impossible de réellement se concentrer sur les combats et les enjeux : le public fait des allers-retours entre maisons, personnages et combats sans réelle fluidité. Le drama du Sanctuaire était de jouer sur la tension du duel en temps limité et la différence de puissance. Tout ceci est balayé ici, et l’horloge du sanctuaire semble tourner dans l’indifférence générale. La progression entre les différents temples est oubliée à tel point, que l’histoire se termine après la maison de la Vierge pour s’achever directement au pied de la statue d’Athéna.

Certains des personnages avancent, d’autres restent en retrait ou parfois réapparaissent là où ils ne sont pas censés être. Un beau bordel faisant qu’à un moment, plus personnes ne sait qui est où, preuve en est que l’ambition et la multiplicité des personnages et des intrigues de cette saga auraient eu besoin d’un plus long développement.
L’hypermythe de Kurumada se déchaîne : la mythologie grecque fusionne avec la sagesse de Bouddha pour qui la mort n’est qu’une étape d’un long voyage. Se déchaînent également les incohérences habituelles de la série notamment autour de l’âge de Shion du Bélier, de l’inaction totale de Shaka qui pourrait tuer toute cette racaille sans attendre avec son chapelet et du temps qu’il faut à Shun, Shyriu et Hyoga pour arriver en Grèce du Japon, de Chine et de Russie. Quant à Athéna, plus sexy que jamais, elle attend paisiblement dans son temple que tout le monde se fasse étriller sans daigner expliquer à ses protecteurs ce qui est en train de se jouer.


Les Chevaliers de bronze : des enfants perdus au milieu d’un conflit entre parents

Pourtant quand se termine HADES, le spectateur reste époustouflé : malgré ses maladresses , ce premier chapitre  offre son lot de situations inédites et une atmosphère de mélancolie rehaussée par les thèmes fabuleux de Seiji Yokoyama (les musiques du Sanctuaire et d’Asgard sont recyclées avec quelques inédits à base d’orgues très efficaces).

Portée par une animation formidable où chaque personnage en impose, des vilains nobles et déterminés, des morts tragiques et la destruction des codes de la série, ce premier volet de cette lutte contre La Mort d’une jeunesse éperdue d’idéaux n’a pas pris une ride et confirmait la vitalité d’une série laissée à l’agonie 13 ans auparavant.  Lorsque se terminent  ces 13 épisodes, tout le casting est plongé en enfers où attendent des grandes figures mythologiques comme Minos, Charon, Pandore et Orphée.

(A suivre dans un prochain article)


La mort d’Athéna !

—–
La BO du jour :

14 comments

  • JP Nguyen  

    Je me souviens quand j’avais découvert ces 13 épisodes : un choc et un enthousiasme renouvelé pour cet univers.
    Hélas, après cela, ce sera l’enfer (dans l’intrigue ou la qualité de l’écriture et de l’animation…)

    • Bruce lit  

      @Jp: je revoie pour la quatrième fois l’intégralité de la saga Hadès avec mes enfants. Je ne trouve pas que l’animation pêche par la suite (même si c’est un reproche que j’ai souvent entendu) Le scénario est encore intéressant avec de très bon moment dans INFERNO. Ça commence à sentir le roussi pour ELYSION, effectivement.

  • Manu  

    J’avais acheté un manga en VO ( mon premier) où les chevaliers de bronze se font réparer leur armure. J’avais l’impression d’avoir un trésor caché au monde et j’en parlais a tout mon entourage à l’époque.
    Pour ce qui est des voix, effectivement, c’est un peu dommage dans cette première partie de ne pas avoir voulu garder les voix d’origine.
    Concernant l’animation, c’est superbe du début à la fin. Et la musique d’intro créée pour cet arc et chantée par cette artiste japonaise reste vraiment en tête.
    Pour l’histoire, les passages incluant Doko et Shaka sont superbes.
    Par contre, on a parfois l’impression qu’à force de ne rien dévoiler de l’intrigue, les chevaliers d’or deviennent un peu bêtes alors qu’ils pourraient faire autrement. C’est le seul point noir que j’ai à dire.

  • Présence  

    Je n’aurais jamais imaginé que cette série était aussi longue, ni qu’elle puisse faire un retour après 13 ans d’absence.

    L’animation n’a pas vieilli. – Voilà qui est remarquable quand on pense aux progrès en animation avec l’avènement de l’informatique.

    80 chevaliers à l’écran parlaient avec 5 timbres différents (quand ça ne changeait pas de semaine en semaine voire carrément de sexe d’un épisode à l’autre !) – Sympa comme gestion du doublage. Je n’avais pas pas conscience qu’il y avait autant de chevaliers !

    Certains personnages réapparaissent là où ils ne sont pas sensés être : les joies de l’écriture en comité quand il n’y a personne pour formaliser un suivi rigoureux.

    Cette lutte contre la mort d’une jeunesse éperdue d’idéaux : un beau thème

    • Bruce lit  

      @Présence : si l’on compare à DRAGONBALL, NARUTO ou ONE PIECE, la saga des CHEVALIERS DU ZODIAQUE est relativement courte. Je ne tiens pas compte des spinoffs. Comme dans le monde des comics et de la BD, je n’accorde aucune considération pour cet exercice.
      @Manu : oui, tu as raison. Les Chavaliers d’oR perdent progressivement de leur superbe tout au long de la saga Hadès. Il se passe top de choses, ils sont complètement dépassés. Seuls Shaka et surtout Kanon gardent une classe indestructible.

  • Kaori  

    J’ai pris le temps de lire, regarder, puis relire l’article et les vidéos.

    Je suis toujours mitigée… A la lecture, je me disais « non, hors de question ».
    En regardant les vidéos, je me suis retrouvée avec les poils et les larmes à la mort de Shaka…

    Mon gros problème, avec les Chevaliers, c’est qu’il y en a trop, qu’ils se ressemblent tous, et que je les mélange tous. Bref, je me retrouve vite larguée dans les intrigues.
    Mais il y a quelque chose, c’est certain… Si un jour je suis d’humeur à avoir envie de me faire du mal, pourquoi pas…
    Par contre, je me rends compte que j’ai vraiment beaucoup, beaucoup de mal à supporter Saori et Seiya…

    • Bruce lit  

      IL y a un moment où la construction des personnages s’arrête, disons à la fin du Sanctuaire. Agard montre une Saori en pleine possession de ses moyens, hélas la série se désintéresse des persos pour se concentrer sur les vilains. Hadês n’y fait pas exception, donc si tu attends des moments des chevaliers de bronze, tu peux pas passer ton chemin. Mais les papiers qui arrivent tendent à essayer de te persuader du contraire.

      • Kaori  

        Ah non mais Saori, dans tous les cas, j’ai du mal… Que ce soit peste ou sainte, elle me gonfle… La scène du sacrifice, là… J’ai toujours du mal avec ce genre de personnages…
        Seiya, le côté geignard, j’ai du mal aussi…

        • Bruce lit  

          La scène prend sens dans la continuité. Seiya est anéanti, c’est pas un calme ni un malin, Seiya…C’est quand il arrête de s’énerver comme un couillon qu’il me touche.

  • nicolas  

    Bel article mais je n’ai jamais accroché. Pour moi Saint Seya c’est les épisodes allant jusqu’à l’arc narratif de Poseidon (le moins bon).
    Le reste relève de la fanfiction à mon humble avis.
    J’ai vu l’arc Hadès mais je n’ai simplement pas accroché..

    • Bruce lit  

      Hadès est pour moi l’occasion de mettre un point final à cette saga qui m’a tant fait rêver. J’en reparle prochainement.

      • nicolas  

        Je te suivrais jusqu’en Hadès, Bruce !

  • Jyrille  

    J’ai un aveu à faire : une angoisse monte en moi à chaque fois que je me dis que je vais lire un article sur Saint Seyia. Je n’y comprends rien. Vraiment, je n’assimile pas du tout les personnages et les histoires, et vos commentaires semblent m’embrouiller plus que m’éclairer… car mon cerveau refuse, je pense, de comprendre. Mais je vais les lire tout de même. Il y en a quatre, celui-ci étant le premier. Je ne sais absolument pas ce que je vais bien pouvoir raconter.

    Je ne savais même pas que certains épisodes étaient sur Netflix ! Oserais-je dire que comme mon grand (et sa copine, et ses copains) ne s’y intéresse pas du tout, c’est une saga has-been ? Alors qu’ils avalent des kilomètres d’anime ?

    Superbe intro, Yvon est-il arrivé jusqu’ici ? Pour le reste, c’est plaisant à lire, mais je ne regarderai évidemment jamais.

    La BO : j’aime bien. On en a déjà parlé.

  • Michaël  

    Je cite l’article en ce qui concerne la VF : « La suite, INFERNO, corrigera -partiellement- cette hérésie en rétablissant à leur poste Seiya-Legrand et Athéna-Ledieu pour un résultat tout de suite différent. »

    Je crois aussi que Shina a retrouvé la voix de Laurence Crouzet, comme dans les années 80.

Leave a reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *