Le défi Nikolavitch : Des Wertham et des pas mûres

Le défi Nikolavitch : Wertham was right ?

Texte de ALEX NIKOLAVITCH

Dessin de MATTIE BOY

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Chaque mois, Alex Nikolavitch, traducteur, romancier, essayiste, scénariste et contributeur de Bruce Lit est mis au défi de répondre aux plus grandes énigmes de la culture populaire.

Mon patient, Monsieur Bruce, s’était allongé sur le canapé et dégoisait sur sa vie, son œuvre, son enfance, ses obsessions et la diarrhée qui avait changé sa vie (nothing will ever be the same again) et je l’écoutais d’un air distrait, dessinant des pingouins (évident symbole phallique maintenant que j’y pense) sur le calepin me permettant de faire semblant de prendre des notes, quand il lâcha une question cruciale, m’arrachant à la demi-torpeur qui commençait à m’envahir.

« Dites donc, doc… et si le docteur Wertham avait eu raison ? Et si nos super slips préférés étaient en fait de gros dépravés comme Frank Miller, Garth Ennis et Alan Moore semblent vouloir le démontrer à longueur d’illustrés ? »

Même si j’écoute du punk, j’ai jamais eu les cheveux verts. ©

Même si j’écoute du punk, j’ai jamais eu les cheveux verts.
©Marvel Comics

Bon, en fait il a pas dit « illustrés », c’est mon grand-père qui parlait comme ça, mais j’ai changé parce que ça permettait une rime foireuse, et je fais ce que je veux, c’est mon article à moi, tu vas faire quoi, hein ? (S’ensuit un quiproquo entre Doc Nikolaï et son lecteur, qui se balancent des bagnoles à la gueule, dégomment le Baxter Building, et se réconcilient autour d’une glace chez Luigi Coletta, le neveu de l’autre et pas plus doué que lui dans sa partie, et du coup s’énervent contre le glacier, ravagent la boutique, la mafia lance une vendetta sur leur face et ça se termine en crossover en 74 numéros, un special et trois annuals le tout écrit par Bendis)

M’arrachant à cette vision d’apocalypse, je réfléchis un instant en mâchouillant le bout de mon crayon, puis je m’arrête parce que je me rends compte que c’est peut-être un poil trop suggestif dans une chronique frappée du sceau ancestral du Comics Code, et je passe en revue les pièces du dossier.
Alors Wertham, qui c’est ? Pour ceux dans le fond qui ne suivent pas, c’est ce psy américain qui, a la fin des années 40, a déclenché une panique morale à propos des comics. Ça se termina par des autodafés, une grosse commission sénatoriale, la chute d’EC Comics et l’instauration du Comics Code dont je parlais encore pas plus tard que ci-dessus, quelle stupéfiante coïncidence quand même.

On n’est pas toujours aidé par les auteurs. Ces illus SM avec des personnages ressemblant à Lois et Clark sont bien de la main de Shuster. ©DC Comics

On n’est pas toujours aidé par les auteurs. Ces illus SM avec des personnages ressemblant à Lois et Clark sont bien de la main de Shuster.
©DC Comics

Dans son brûlot Seduction of the Innocent, le bon docteur s’en prenait notamment aux super-héros, dont Blue Beetle (« c’est Kafka pour les petits. »), Wonder Woman, très mauvais exemple qui conduit les petites filles à avoir une mauvaise notion de leur juste place et à sombrer dans le suffering saphisme (Wertham semblait ignorer que Moulton était un confrère et travaillait justement à donner aux jeunes lectrices des modèles féminins positifs, et d’ailleurs j’en profite pour vous annoncer la sortie prochaine, chez Comix Buro, de Fredric, William et l’Amazone, de Jean-Marc Lainé et Thierry Olivier, qui va s’étendre sur ce sujet précis), les rapports douteux entre Superman et Lois Lane, et surtout le triangle amoureux entre Robin, Alfred et Batman (à l’époque, Bruce Wayne traine en robe de chambre dans son manoir et fume la pipe, et il paraît que c’est une preuve accablante).

On peut n’y voir qu’une sorte de vomissure aigrie à la Finkielkraut des mauvais jours (les bons jours, il suit ses propres conseils et il se tait) quand il parle de bande dessinée. Venant de Wertham, qui est tout de même l’expert qui signa un certificat de bonne conduite au serial killer Albert Fish, on peut même faire un procès en incompétence. Les diatribes de Wertham rejoignant celles sur le rock à la même époque, ou plus récemment les royaux délires de Ségolène sur les mangas et les animés ou les bouffées de vitupérations anti rap ou anti jeux vidéos dont nous ressentons encore régulièrement les répliques sismiques. Rappelons qu’un siècle plus tôt, on déconseillait aux jeunes filles la lecture de romans, propres à pervertir les mieux éduquées d’entre elles, et qu’un millénaire plus tôt, l’église jetait l’anathème contre le jeu d’échecs, considéré comme abêtissant.

Pourtant, et revenons à nos Moutons, ou au moins à nos Siegel et Shuster préférés, quoi de moins pervers que ce brave et honnête Clark Kent défendant la vérité, la justice et l’american way ?
Sauf que nous ne sommes plus aux temps simples de Siegel et Shuster, justement quand Kal-L défendait les valeurs du New Deal rooseveltien. Ils ont changé, les temps. Dennis O’Neil et Oliver Queen ont critiqué la défense du statuquo par les anciennes figures de l’héroïsme, et tout le monde a vite compris que les personnages animés par Englehart, Gerber et Starlin dans les années 1970 étaient, à l’instar du Major Tom, de gros junkies. Watchmen a mis à nu les névroses et psychoses de personnages se grimant pour aller taper sur des « méchants », et pour le grand public, les comics sont devenus « adultes ». Depuis, Marshall Law, Enigma ou The Boys ont exploré le fétichisme et les mécanismes de compensation sexuelles associés au port de masques et à l’usage cathartique de la violence.
Dans ces œuvres, les personnages qui n’ont souvent plus de héros que le nom en viennent à valider les thèses délirantes de ce vieux réac de Wertham.

De toute façon, même les légendes des comics ont des besoins. ©

De toute façon, même les légendes des comics ont des besoins.
©Dynamite Comics

Il y a là plusieurs mécanismes à œuvre, parfois conscients et parfois pas, et parfois opposés ou contradictoires.

Le premier, c’est le sous-texte présent dans toute création de l’esprit, qui dépend autant de l’air du temps que de la trajectoire personnelle du ou des auteurs. Tous les non-dits, les zone aveugles devenant très visibles avec le recul, les codes de l’époque, les revendications. Et tout cela permettra plusieurs lectures au fil des changements sociaux et culturels. On ne lit plus Don Quichotte comme il a été écrit, ni Germinal, ni Fantastic Four n°1. Les a-t-on d’ailleurs jamais lus comme ils avaient été pensés ? Leurs auteurs eux-mêmes avaient-ils conscience de tout ce qu’ils mettaient dedans ? Je relève les copies dans deux heures.
La deuxième, c’est que parfois, en s’emparant de l’œuvre, ses lecteurs en font le symbole d’autre chose. L’utilisation du masque de V For Vendetta par des manifestants du monde entier s’est totalement décorrélée du comic book d’origine, et véhicule parfois des idées à l’opposé de celles développées par Moore (et n’oublions pas que le masque de Guy Fawkes, dont le barbu de Northampton fait un symbole anarchiste, servait au départ à commémorer l’écrasement d’un complot catholique par le pouvoir protestant).

Pour autant, il n’est pas absurde que Wonder Woman soit devenue une icône lesbienne et SM, ce qui tendrait à confirmer le discours de Wertham sur l’Amazone. Mais l’icônisation est dans ce cas-là l’appropriation d’une imagerie, quasiment au premier degré, dans une perspective positive de représentation des minorités, quand la position de Wertham était négative, polémique et moralisatrice. Pour lui, être lesbienne était une déviance. Mais pour lui, être une femme forte et indépendante était aussi une déviance, et il associe les deux dans son discours. La focalisation des débats sur les aspects sexuels, faciles à polariser et à marginaliser, voire à criminaliser, a toujours permis de faire l’impasse sur les débats de société plus généraux. Rapprocher spatialement dans le discours la femme forte et la lesbienne, c’est juxtaposer et imposer, surtout dans une société conservatrice comme celle de l’Amérique des années 50, une aura d’anomalie. Brocarder les lesbiennes était un moyen d’empêcher l’émancipation de toutes les femmes.

Les auteurs n’aident pas (bis). C’est vrai que là, c’est un poil équivoque. ©DC Comics

Les auteurs n’aident pas (bis). C’est vrai que là, c’est un poil équivoque.
©DC Comics

Mais l’appropriation des images va plus loin. Car elle peut passer par un retournement. L’intériorisation de la caricature, ou le détournement de celle-ci pour en faire un étendard, ce sont des phénomènes courants. C’est le troisième point. Tout comme les rappeurs américains se donnent du « nigga », on a assisté dans le cas des comics à une réappropriation du regard extérieur. La volonté est alors de s’affirmer en choquant le bourgeois (et Wertham est l’expression, drapée dans l’argument d’autorité scientifique, de ce mépris bourgeois de ce qu’on ne cherche pas à comprendre), et c’est une démarche qu’on retrouve dans les personnages absurdes aux connotations SM que crée Grant Morrison dans Doom Patrol et Flex Mentallo, par exemple.
Et n’oublions pas que s’émanciper du regard des autres en les renvoyant à leur intolérance, c’est émanciper sa sexualité.
Emanciper les super-héros de la cage bien pensante voulant les cantonner à un divertissement un peu idiot pour les enfants, c’est les rendre adultes, ou au moins les amener à une forme d’adolescence : c’est les porter à cet instant où l’enfant déçoit ses parents de façon délibérée, pour pouvoir se construire indépendamment d’eux.
Vouloir avoir une approche adulte, c’est de toute façon se confronter aux aspects de la vie adulte. Sexualité, renoncements, situations de blocage professionnel, relations tumultueuses, antidépresseurs, pognon, etc. Et dans des sociétés de tabous, c’est aussi se confronter aux tabous sociaux. La part cathartique de toute forme d’art prend ici une dimension qui dépasse l’intime.
En devenant adultes, les comics ne peuvent que choquer Wertham dont le discours est systématiquement infantilisant. L’outrance n’est qu’un moyen parmi d’autres de cette émancipation. La narration sophistiquée en est un autre, tout comme le recours à des références, philosophiques ou littéraires, qui n’ont rien d’enfantin.

Et la lecture outrancière n’est que ça : une lecture parmi d’autres. Constatant que Watchmen a été compris comme un blanc sein permettant à tout un chacun de rendre les comics plus noirs et plus violents, Moore a changé son fusil d’épaule et repris Supreme, puis créé Tom Strong afin de montrer que nos justiciers en collants (ou pantalon beaucoup trop serré, dans le cas de Tom Strong, ce qui revient à peu près au même) pouvaient rester des modèles positifs, à l’instar du Superman vintage avec lequel il avait grandi, et auquel le barbu fou de Northampton doit, selon lui, son sens moral. Mais la violence et la description de névroses dans Watchmen n’étaient que la partie la plus apparente de son propos, soutenu par ailleurs par une narration extrêmement travaillée (et que ses continuateurs ont tenté d’imiter également, avec plus ou moins de bonheur) et l’accent mis sur les conséquences, l’impact qu’ont les super-batailles sur les gens normaux, qui deviennent les victimes collatérales des dévastations.

« Nuke Me Slowly », qu’en termes choisis ces choses-là sont-elles dites. ©DC Comics

« Nuke Me Slowly », qu’en termes choisis ces choses-là sont-elles dites.
©DC Comics

Dans le cas de Garth Ennis, les outrances de The Boys soutiennent également un discours sur la résilience des humains et l’histoire du genre. Elles sont la mise en avant des tropismes inhérents aux histoires de justiciers costumés, et l’auteur supprime malicieusement l’aspect « justice », ce qui ravale ses « héros » au rang de rock stars à la dérive.

Pat Mills, dans Marshall Law, prend visiblement sur lui de donner délibérément raison à Wertham, sa série pouvant se lire comme un pamphlet contre la figure héroïque elle-même (quand Moore et Ennis, tout en cherchant à démontrer sa nocivité, lui offrent des portes de sortie en posant des vertus rédemptrices comme l’altruisme, la bonté et l’amour). Il est peut-être celui qui semble le plus en accord, finalement, avec les vaticinations du docteur énervé.
Mais comme toujours, quand une attaque se fait à ce point sur le ton de la vitupération, il est indispensable de bien comprendre d’où elle vient, et si sa cible apparente et anodine ne cache pas un objectif plus important. D’où parlait Wertham, quelle était sa vision de la société idéale, voilà ce qui importe. Dans son cadre de pensée étroit, il avait sans doute raison (en mettant de côté la malhonnêteté de sa méthodologie). Mais son cadre n’est, bien heureusement, pas le nôtre.
Un ronflement sonore m’arrache à mes pensées. Je ne parviens pas à réprimer une pointe d’agacement : ah, elle est belle, l’implication de mon patient dans sa thérapie. Je vais le laisser dormir, tiens, je lui facturerai le temps. Y a pas de petits bénefs.

 

Hein ? Je fais de la pub aux copains ? Ouais, et alors ?

Hein ? Je fais de la pub aux copains ? Ouais, et alors ?

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Pourris, corrompus, pervers : lorsqu’on lit le portrait des super-héros chez Moore, Ennis ou Mills, le portait n’est guère flatteur. Et si Frederic Wertham avait eu raison à leur sujet ? Alex Nikolavitch relève un nouveau défi chez Bruce Lit.

Illustation sonore :

48 comments

  • Présence  

    Oh, c’est pas gentil de tirer sur les morts comme Vince Colletta (1923-1991), en plus en l’amputant d’une aile. Superbe illustration de Joe Shuster (il faut bien vivre, et quand on ne sait que dessiner il reste toujours les comix comme le rappelle Howard Chaykin dans Hey kids! Comics). La couverture de Wonder Woman attachée sur un gros symbole phallique est inoubliable, extraordinaire choix pervers d’iconographie.

    En plus du plaisir immédiat d’une écriture drôle et poil à gratter, j’ai beaucoup apprécié le développement passant d’une lecture (et d’une interprétation différente pour chaque lecteur), aux réappropriations, pour arriver à l’émancipation. Mais quand même quelle vision terrible de l’âge adulte : Vouloir avoir une approche adulte, c’est de toute façon se confronter aux aspects de la vie adulte. Sexualité, renoncements, situations de blocage professionnel, relations tumultueuses, antidépresseurs, pognon, etc.

    Un article de haute volée que je vais relire avec plaisir.

    • Nikolavitch  

      ça se voit tant que ça que mon rapport à l’âge adulte est conflictuel ?

    • Chip  

      Je vais plussoyer ici : il semblerait que la réputation de Colletta, un peu comme Sal Buscema, ait souffert du fait d’avoir été le pompier de service, celui qui sauvait les deadlines.

      En revanche, si je sais que Buscema a fini par protester et découvert qu’un malentendu s’était installé (on avait fini par penser que c’était par choix qu’il travaillait ainsi), je ne sais pas si Colletta s’en satisfaisait ou pas.

      • Nikolavitch  

        On demandait à Gil Kane qui était son encreur préféré.
        – Mon deuxième encreur préféré, c’est Vince Colletta.
        – Oui, mais votre encreur préféré, du coup.
        – Tous les autres.

  • Surfer  

    Joli billet, j’ai appris beaucoup de choses.

    « un millénaire plus tôt, l’église jetait l’anathème contre le jeu d’échecs, considéré comme abêtissant. »

    Damned !!!! Pour la peine, je n’irai plus à l’église le dimanche !

    « On ne lit plus Don Quichotte comme il a été écrit, ni Germinal, ni Fantastic Four n°1. Les a-t-on d’ailleurs jamais lus comme ils avaient été pensés ? Leurs auteurs eux-mêmes avaient-ils conscience de tout ce qu’ils mettaient dedans ? Je relève les copies dans deux heures »

    Tu ne va pas nous faire disserter pendant 2 heures.
    Tu as déjà tout dit: Tout dépend, du contexte de l’époque du vécu…
    Quand il s’agit d’œuvres aussi riches que Don Quichotte, elles peuvent encore être d’actualité.
    Un homme qui rêve sa vie jusqu’à perdre le sens de la réalité: Ne serait-il pas révélateur de notre quotidien avec l’avènement et l’omniprésence du numérique. Ne vivons-nous pas de plus en plus dans un monde virtuel qui nous fait perdre le sens de la réalité ?

    Pour en revenir à la censure dans les comics, Il y aurait encore beaucoup de choses à dire. Notamment comment certains auteurs ont réussi à la contourner.

    • Nikolavitch  

      justement, si Don Quichotte reste d’actualité, c’est bien que c’est une œuvre d’une immense richesse dépassant de très loin sa note d’intention initiale.

      quand au contournement de la censure, je m’y livrais de façon goguenarde quand j’écrivais du scénar pour des revues soumises à la loi de 49 et je me marrais comme un sale gosse.

  • David  

    Oh, le magnifique lapsus dans un article consacré à un psychanalyste. Cachez ce blanc seing que je ne saurais voir.

    • Bruce lit  

      Oui, il manque un point -g…

    • Nikolavitch  

      espèce de lacanien, va.

  • David  

    Sinon, superbe article aussi drôle qu’instructif sur un sujet qui me turlupinait. En un mot.

  • Tornado  

    Bah… Wertham aura fait bien des dégâts et, parmi eux, l’un des pires : Générer des lecteurs comme moi, qui détestent les comics infantiles enfantins et qui ne veulent que du trash et du dark ! 😀

    • Nikolavitch  

      Allongez-vous, mon cher, détendez-vous…

      voulez-vous que nous commencions par là ?

    • Eddy Vanleffe  

      Et sinon Tornado, pas d’attaque en voyant citer Germinal et Fantastic Four 1 dans la même phrase? ^^

      • Tornado  

        Pfff. Y a p’u d’respect ma bonne mère… ( 😀 )
        Et non, pas d’attaque. Rien ne dit que les deux se valent…

  • Eddy Vanleffe  

    comme d’hab je me sens un peu imbécile…
    tellement mon cerveau est unilatéralement formé pour rejeter les thèses de Wertham et donc dans une forme de logique imparable mis en évidence dans l’article également les comics se gargarisant de cette façon de pourrir les héros…
    Au moment où l’on parle de réappropriation du cliché pour l’émancipation du genre, là je me transforme en Homer Simpson …^^
    Du coup c’est brillant et ça donne envie de lire le bouquin en pub.
    ma question à la fin, c’est donner rétrospectivement raison même un tout petit peu à Wertham, à quel point ça ne dit relève pas quelque chose sur l’évolution de notre société, fin prête à tout censurer de nouveau, pour de nouvelles raisons?

    • Nikolavitch  

      il ne s’agit pas tant de lui donner raison que de comprendre d’où il parle. le balayer sans autre forme de procès est contre productif. il nous dit quelque chose sur la société qui le produit.

      (par ailleurs, j’ai découvert en lisant la BD de Jean-Marc sa position sur le racisme, et notamment sa rencontre avec Richard Wright, et ça enrichit nettement ma lecture du personnage)

  • Nikolavitch  

    Matt, je maintiens que je lui trouve de faux airs de Sartre, à ton Wertham…

  • Chip  

    « plus récemment les royaux délires de Ségolène sur les mangas et les animés  »

    Quand tu peux prouver que tu es sur un site de vieux.

    • Nikolavitch  

      c’est plus récent que Wertham quand même…

      • Chip  

        C’est bien qu’est-ce que je disais.

        C’est pas un reproche, hein, j’y vois un signe d’appartenance à une certaine communauté générationnelle.

    • Eddy Vanleffe  

      même pas…la pauvre est coutumière d’une sortie comme ça tous les deux ans… elle s’est fait encore remarquer il y a quinze jour histoire de rester dans les esprits.

      • Chip  

        Vraiment?

        Ceci dit, maintenant on se fout de son avis, sur ça en particulier et sur le reste, mais à l’époque ou ça comptait, elle avait bien foutu le boxon. C’est un peu notre Wertham à nous, posture moralisatrice en carton incluse.

        • Eddy Vanleffe  

          Je peux pas approfondir sans sortir des lieux communs, mais oui, elle ne semble être interrogée que pour se ridiculiser…

          mais elle veut revenir dans le game, et depuis l’explosion de la gauche, c’est à celui qui pense être le nouveau messie…

  • Chip  

    (Sinon, hypothèse technique : la balise italique de la fin du post n’est pas fermée)

  • Chip  

    A noter qu’on a vu Bruce Wayne partager son lit avec Dick Grayson alors même que l’époque était particulièrement pudibonde, donc forcément, si on essaye de lire entre les lignes… Sans compter cette façade d’homme à femmes qui est une métaphore parfaite pour la pratique des « barbes » aidant à feindre l’hétérosexualité.

    Ceci dit il n’a pas l’air détendu. Donc je suis pour qu’on lui déserre un peu la ceinture, qu’il ressorte ses costumes de couleur et devienne fabulously queer! Oui, Wertham avait raison, les (certaines) forces déchaînées par les comics voulaient la mort de son monde étriqué, ou du moins de son hégémonie.

    Mini provocation à part (je suis sûr qu’on peut en tirer un arc correct), la sexualité et la remise en cause du status quo politique autrement qu’en des pôles parfaitement manichéens sont encore aujourd’hui, et possiblement à jamais par définition, assez tabous dans le mainstream. Je continue à penser que c’est fort dommage, et je plongerai donc avec enthousiasme dans « Fredric, William et l’Amazone » en regrettant que le WW Earth 2 de Morrison ne poursuive pas assez loin dans l’esprit de WM Marston. *claque son fouet*

    • Chip  

      (Earth 2 => Earth One évidemment)

  • Matt  

    Tous ces politiques et hommes de lettre et/ou psy…qu’est-ce qu’ils font de leur temps libre ? Ils regardent le patinage artistique ?
    Parce que pour vomir comme ça sur tout…ils ne doivent vraiment trouver d’intérêt à rien. Ils doivent être mortels comme mecs…^^

    Bref, sinon super article.
    Je m’étonne quand même, au delà de l’époque qui peut expliquer pas mal de choses, que ces propos soient venus d’un psy. Je veux dire…c’est pas son boulot au psy de considérer qu’il ne faut rien refouler, qu’il faut s’exprimer. Le concept de la catharsis ne doit pas lui être étranger pourtant.
    Oui je sais on peut être psy et dire des conneries. Et tout ne s’est pas bien terminé avec le psy qu’on a eu ici. Mais pour être complètement honnête, même lui ne tenait pas ce discours.
    C’est bizarre pour un psy d’être fermé comme ça, de voir le mal partout et ne pas comprendre l’exutoire ou la catharsis.
    Ou alors il comprenait mais trouvait ça dangereux à montrer ? Bref…

    • Tornado  

      Wertham n’était pas psychologue ou psychanalyste mais psychiatre. Par exemple, les mecs qui lobotomisaient leurs « patients » à coup d’électrochocs étaient aussi des psychiatres… Ce n’est pas vraiment la même discipline en fait. Même s’il existe assurément des psychiatres meilleurs que notre bon vieux Wertham. Quoique j’en connais pas en fait… (et il existe aussi des psychologues sociopathes)…

      • Matt  

        Ouais enfin…les psychiatres sont les seuls dans le lot reconnus comme médecins.
        Donc ils devraient être meilleurs non ?
        Ou alors ça en dit long sur notre façon de percevoir la médecine. Le psychiatre est le seul autorisé à filer plein de médocs…

        • Tornado  

          @Matt : Ah mais je ne nie pas que le psychiatre est le seul vrai médecin du lot. Mais apparemment il y a eu des psychiatres qui faisaient un peu peur à un moment donné…
          J’ai étudié la biographie d’Antonin Artaud. Un artiste qui s’est un peu trop drogué lors de ses voyages en Amérique du sud (dans les années 30), et qui s’est fait lobotomiser direct par des psychiatres qui pratiquaient encore la lobotomie comme au XIXème siècle…
          Il était interné en camisole de force, probablement comme Alex sur ton dessin…

    • Nikolavitch  

      ils vont à Roland-Garros et trouvent ça fascinant.

      j’ai toujours trouvé ça très révélateur, pour ma part.

  • Bruce lit  

    Une plainte est en cours contre le Dr Nikolavitch pour violation du secret médical, abus d’honoraires et de faiblesse.
    Pour le reste, le défi est relevé haut la main en ce qui me concerne et rejoint ce que j’expliquais dans mon article d’hier sur le mieux ennemi du bien, à savoir que je ne doute pas une seule seconde des intentions de Werhtam d’avoir voulu sauver la jeunesse de son époque.
    Je te remercie en tout cas, car Werhtam, c’est un peu pour moi le Joyce du comics : tout le monde en a entendu parler, mais personne ne l’a lu. D’après ce que Siegfried Wurtz explique dans son livre sur Batman, l’homme auarit reconnu des erreurs sur la fin. Il faut que je me procure le bouquin de Lainé sur le sujet.
    De ce défi pourrait-en naître un autre : Qu’est-ce que la levée du comic code a changé ?

    Je trouve aussi qu’il ressemble à Sartre : Le Werthamisme est-il un existentialisme ? Merci à Matt d’avoir fait pleuré Niko. Il l’a pas volé !
    La BO : le mec a l’air un peu constipé mais pourquoi pas

    • Chip  

      Alors pour Joyce, désolé de te faire mentir mais j’ai lu « Les Conquérants de la Lumière » et « Joyce en Afrique ».

    • Matt  

      Sartre ? Marrant, c’était pas voulu. Je n’avais même jamais vu la gueule de Sartre^^
      Après c’est pas facile de faire ressembler un personnage de papier à une vraie personne. On perd beaucoup en détails, donc si on fait 2 ou 3 traits de travers, il fait penser à quelqu’un d’autre^^

      La sculpture (faite main bien sûr) de personnes réelles dans le domaine de la figurine est également très compliquée, même pour les professionnels de la sculpture. Un truc de travers et on dirait une autre personne.
      Bon de nos jours ils ont recours à l’infographie 3D pour sculpter. Moins d’erreurs. Moins de magie aussi^^

    • Matt  

      Nous savons maintenant où est interné Niko : à Wertham Asylum^^

      • Nikolavitch  

        damned, je suis découvert

  • Jyrille  

    David a raison, quel magnifique lapsus, Niko, sur le blanc seing 😀

    Pour le reste, je suis pantois d’admiration : autant pour la dérision, l’imagination, le ton, et évidemment l’érudition mais surtout l’analyse que tu fais. En fait, c’est un article que je vais relire avec grand plaisir à tête reposée, car tu abordes beaucoup de points importants.

    J’ai vu passer la bd dont tu causes : vaut-elle le coup d’un investissement ? Surtout que cette semaine paraissent le second tome de la Doom Patrol par Morrison en VF, le Moonshadow de Muth et De Matteis et la Mort de Captain Marvel (jamais lu) que je vais forcément tous acquérir.

    • Nikolavitch  

      je suis pas objectif, parce que les auteurs sont des potes, mais j’ai vraiment trouvé ça super. ça contourne les écueils de l’exercice biographique, c’est équilibré (Moulton est pas à son avantage), et très instructif.

      • Jyrille  

        Merci Niko, je regarderai plus en détail.

  • JP Nguyen  

    J’aime beaucoup la partie avec Luigi Colleta et le crossover en 74 parties écrit par Bendis…
    Une des formules de la conclusion m’interroge « Dans son cadre de pensée étroit, il avait sans doute raison »
    Autant je pense comprendre le sens de cette phrase après tout le développement effectué dans l’article, autant je trouve que cela relativise un peu tout, façon « chacun voit midi à sa porte ».
    Ça me rappelle une anecdote lue dans un bouquin sur la philosophie chinoise. Un sage doit résoudre un différent entre deux hommes. Il écoute les arguments du premier et lui répond « Vous avez raison. » Le second s’exprime à son tour et le sage lui dit « Vous avez raison. » Les deux hommes s’écrient alors : « Nous ne pouvons pas avoir raison tous les deux ! »
    Et le sage conclue : « Vous avez raison ! »

  • Kaori  

    Ce que j’aime bien avec les défis Nikolavitch, c’est que je m’amuse tout en apprenant de nouveaux mots…

    Mais cet article me laisse sur ma faim. Peut-être n’en ai-je pas saisi toute la rhétorique. Il faut dire que le monde littéraire n’est pas ma spécialité, loin de là…
    Toujours est-il que j’aimerais bien un peu de détails sur ce qu’il faut comprendre, justement, suite à cette phrase :
    « Mais comme toujours, quand une attaque se fait à ce point sur le ton de la vitupération, il est indispensable de bien comprendre d’où elle vient, et si sa cible apparente et anodine ne cache pas un objectif plus important. »
    On parle de Wertham, ou de Mills ? Parce que si c’est Wertham, bon, je pense qu’on a compris. Mais Mills, moi, je ne connais pas…
    J’ai l’impression qu’on me pose une question dont je n’ai pas la réponse, mais l’auteur oui…

    Sinon, les références à Bendis et Finkielkraut m’ont bien fait rire 🙂

    • Nikolavitch  

      je parlais de Wertham. Mills, on sait, c’est un vieil anar.

        • Bruce lit  

          Il faudrait que je retravaille la mise en forme de cette interview. Je la trouve illisible. J’avais voulu coller à celle de Libé. Ça ne marche pas du tout.

    • Kaori  

      @tous les 3 : merci pour ces éclaircissements 🙂

  • Jyrille  

    @Matt : je le trouve assez ressemblant, ton Wertham, je n’y vois pas Sartre…

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