Le défi Nikolavitch : du rififi dans les pétunias (Tante Pétunia )

Pourquoi n’a t-on jamais revu Tante Pétunia ?

AUTEUR: ALEX NIKOLAVITCH

1ère publication le 14/01/18- MAJ le 27/12/18

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Chaque mois, Alex Nikolavitch, traducteur, romancier, essayiste, scénariste et contributeur de Bruce Lit est mis au défi de répondre aux plus grandes énigmes de la culture comics. Aujourd’hui, après consultation populaire sur Facebook, il répond au jeune Pierre N:

Pourquoi n’a t-on jamais revu Tante Pétunia ?

La question qu’on m’a fait passer dernièrement à la cantine, hâtivement griffonnée sur un coin de serviette en papier maculée par ailleurs de taches indéfinissables, c’est :  Pourquoi n’a t-on jamais revu Tante Pétunia ?

La réponse à cette question est complexe. Et d’ailleurs êtes-vous bien sûrs de l’avoir vue, tante Pétunia ? Mais revoyons l’action au ralenti.

Les belles histoires de Tonton Ben © Marvel Comics

Dès le Fantastic Four n°25, un nouveau membre arrive dans la « Marvel First Family » : Ben Grimm, alias la Chose, commence une phrase par un « comme dirait ma Tante Pétunia ». Dans la suite de la série, cette référence reviendra de façon assez systématique pour faire de Tante Pétunia une présence immanente et appréciée des lecteurs. Il faut dire qu’en peu de temps, la tata s’est imposée comme un réservoir en apparence inépuisable de vieux aphorismes, d’une sagesse populaire et simple. On l’imagine bien faire son café dans son petit appartement de Brooklyn, sortant peu pour ménager son arthrite, et son neveu passant la voir régulièrement pour vérifier qu’elle ne manque de rien.

Et tel que c’est dit dans la série, si ça se trouve, la vieille a passé l’arme à gauche depuis des années, et Ben ne la cite que par nostalgie des goûters après l’école, quand elle lui préparait des cookies avec des recettes d’Europe de l’Est, pleins de cannelle, de cardamome et d’épices plus exotiques encore, dans l’odeur du chou farci ou de la truite aux amandes qui cuit doucement dans un coin de la cuisine, avec au mur, sous cadre, des photos cornées d’ancêtres morts dans des pogroms à Prague, à Lodz ou à Poznan.

Petunia : Mais qui est cette délicieuse personne qui hésite devant l’immeuble aux initiales, aux initiales B.B. © Marvel Comics

Et puis vingt ans passent et plus. Et voilà que débaroule dans la série un gars qui s’est souvent singularisé par ses fausses bonnes idées et qui a souvent semé un bazar conséquent (rappelez-vous qu’il a fallu plus de dix ans pour rafistoler la continuité de la Vision après son passage dans West Coast Avengers). Je parle bien sûr de John Byrne. Et John Byrne a une idée qui lui semble géniale : montrer la tante Pétunia.

Alors d’emblée, tout le monde aurait pu lui dire que l’idée était foireuse. Montrer tante Pétunia à l’image, c’est un peu comme faire coucher ensemble Bruce Willis et Cybill Shepherd. Tous les fans en ont envie, mais c’est forcément décevant à l’arrivée (non, je ne suis pas en train de dire que Bruce Willis est un très mauvais coup, juste que… bref, en sautant Cybill, il a fait sauter le requin à sa série)(sinon, autre métaphore, ce serait comme de montrer Dark Vador à l’époque où c’était un adolescent boutonneux et enamouré)(le truc improbable, quoi). Mais pire encore, Byrne a le chic pour trouver la mauvaise idée potentielle et la cerise sur le gâteau en prime DANS ce qui était déjà à la base une mauvaise idée. Il décide de jouer le contrepoint et de montrer une tante Pétunia jeune et pleine d’allant, l’infirmière qui a épousé le vieil oncle pour l’aider dans ses vieux jours (et accessoirement peut-être palper l’héritage, le cas se serait déjà vu). C’est un peu comme si, au cinéma, on mettait une bimbo dans le rôle de Tante May. Oh, elle est bien sympathique, cette tante Pétunia pétulante et moderne à laquelle on ne s’attendait pas, mais une fois l’effet de surprise passé, ça tombe un peu à plat.

Petunia : Je vous ai déjà dit que John Burne est compliqué, façon fantasmes ? © Marvel Comics

Du coup, ça dure exactement deux épisodes, et rapidement, on ne voit plus la chère tata. Et le mal est fait, Ben Grimm en parle de moins en moins.
D’où la question posée. Où est-elle passée ?

La réponse simple, c’est qu’en fait, elle a été tuée par un méchant tout nul et tout pourri dans le run complètement oubliable de Mark Millar sur les FF. Donc, ça ne compte pas, parce que Mark Millar. Faut déjà qu’on tienne compte de John Byrne, alors ne poussons pas Mémé dans les orties ni tantine dans les pétunias. J’aime bien le côté sale gosse de Millar, et il est tout à fait à sa place quand il s’agit de réinventer des concepts connus en version destroy dans l’univers Ultimate, par exemple, mais je suis toujours plus dubitatif quand je le vois toucher aux « vrais » personnages. Si John Byrne a souvent un côté vieux tonton bourré qui raconte n’importe quoi et met tout le monde mal à l’aise lors d’un mariage (on en a tous, des tontons comme ça) (même mes neveux en ont un, et il est gratiné), Mark Millar, c’est le tonton bourré qui rentre en bagnole en chipant une voiture de sport et emplafonne trois platanes et deux cabines téléphoniques tout en s’en sortant indemne (mais en pliant la caisse).

Comme de toute façon l’histoire de Millar en suit une autre dans laquelle il avait réintroduit une espèce de vraie-fausse Contre-Terre, on peut tout à fait imaginer que la tante Pétunia qui se fait dessouder dans Doom’s Master n’est que le double d’un clone. Une bouture de Pétunia. Et hop, du coup, je peux vous asséner la version d’oncle Niko, le tonton bourré qui vous lâche pas de toute la soirée alors que vous aimeriez plutôt rejoindre la demoiselle d’honneur dans les buissons, mais je m’égare.

On sait déjà que Tante Pétunia s’était réfugié en Angleterre où elle avait épousé un moldu du nom de Vernon Dursley et se trouve embarquée dans des histoires bizarres de sorcellerie, tellement étranges que même la joyeuse bande de Captain Britain (qui à l’époque tape quand même pourtant bien dans le bizarre) refuse de s’en mêler. Mais ensuite ? Quand son autre neveu, Harry, arrive à l’âge d’homme, la tante Pétunia a encore disparu. Pourtant, entre les détecteurs top moumoute de Reed Richards et les boules de cristal qui traînent à Poudlard, il devrait être facile de la retrouver, non ? Donc, elle n’est plus sur Terre. Alors où est-elle ?

C’est là que s’impose un nouveau retour en arrière.

La tante Pétunia dans les FF, c’était un peu comme la femme de Columbo. Le lieutenant Columbo passe son temps à nous parler de sa femme en nous agitant sous le nez un cigare puant. Et forcément, un producteur a fait son John Byrne et s’est dit « et si on faisait une série télé où Madame Columbo résout des enquêtes comme son mari, mais sans le cigare et l’œil de verre ? » (le pire, c’est que suite à des résultats décevants, le personnage a été renommé et du coup elle s’est brièvement appelée « Kate Callahan » et voir la femme de l’inspecteur Harry mener des enquêtes sans .44 magnum, le soufflant le plus puissant de la création, qui vous arrache la tête comme le vent vous enlève votre chapeau, c’était dur aussi)(c’est peut-être elle qui meurt au début de Gran Torino, en fait, si avec un petit effort d’imagination on fait de ce film de « Dark Knight Returns de l’Inspecteur Harry », ce à quoi je ne me risquerai pas, mais pour le coup je suis bien content de vous avoir collé cette juxtaposition dans la tête).

Et peut-être Tante Pétunia a-t-elle d’ailleurs fait comme Madame Columbo et a-t-elle préféré s’engager dans Starfleet pour échapper à l’attention qu’on lui portait du fait des références incessantes, et peut-être pour ne pas coller la honte à son mari qui n’est resté que lieutenant alors qu’elle passait capitaine (on a découvert récemment que Lucius Malefoy avait fait pareil, s’était coupé les cheveux, teint en brune et était devenu le plus dark des capitaines d’USS-machin-trucs)(il manque de peu d’être le plus stylé des captains de Starfleet, mais le problème c’est que le Professeur Xavier avait mis la barre très haut)(C’est probablement Malefoy qui a filé la combine à Petunia, d’ailleurs. À moins que ce ne soit l’inverse).

La chasse est donc ouverte, mes chers amis. Dans quel vaisseau se cache donc désormais la tata de Ben Grimm ? Le premier qui la retrouve gagne un no prize !

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Plus fort que la cure de jouvence ciné de Tante May : le mystère de la fameuse Tante Pétunia dévoilé par John Byrne qui n’avait pas que des bonnes idées. Un nouveau Défi Nikolavicth chez Bruce Lit. Que fait Mme Colombo ?

La BO du jour : Petula ça ressemble à Pétunia non ?

34 comments

  • PierreN  

    J’avais justement en tête cette scène du run de Millar (on m’a offert l’intégrale de ce run en VF à Noël, je vais devoir me le farcir à nouveau et ça ne m’enchante pas) lorsque j’ai posé cette question, en me demandant si la scène était réelle ou juste un illusion fantasmagorique pour mieux faire souffrir la Chose (le maître de Fatalis ayant justement fait la même chose avec son ancien apprenti, en lui faisant miroiter un avenir illusoire).
    En enlevant le « ud » et en rajoutant un « l » à Poudlard, ça fait Pollard, comme Keith Pollard, le dessinateur des FF de la fin des années 70. Coïncidence ? Je ne crois pas. Tout est lié comme l’indique cette article ! ^^
    Il semblerait qu’elle apparaît aussi dans la série de The Thing de Slott sinon (et ça, c’est bien mieux que le run de Millar dans mon souvenir).

    • Nikolavitch  

      La maxi série de Slott est en effet très cool. Comme tout ce que fait Slott, d’ailleurs.

      • Marti  

        Dommage qu’en France nous n’ayions eu que les quatre premiers épisodes dans un HS et le dernier dans (je crois) un numéro de Comic Box, ce qui fait que trois numéros restent injustement inédits… C’était l’époque où Slott était prolifique sur She-Hulk, autre série injustement boudée chez nous !

  • Bruce lit  

    Bon c’est dimanche, j’ai passé hier une journée atroce (en espérant que ce soit la pire de l’année 2018, merci), donc je n’ai pas peur de dire que j’ai jamais aimé Colombo sans déclencher l’ire de mon équipe. Sans doute parce que enfant j’aimais bien…euh…pas grand chose à part Hulk et le Prisonnier. Même Starsky et Hutch et Amicalement Vôtre me donnaient envie de zapper avant l’invention de la télécommande.
    Pour le reste, j’ai lu l’épisode de Byrne avec Pétunia que j’ai trouvé effectivement complètement à côté de la zone négative.

    La réponse simple, c’est qu’en fait, elle a été tuée par un méchant tout nul et tout pourri dans le run complètement oubliable de Mark Millar
    Tout à coup la vie vaut la peine d’être vécue ! Texte hilarant comme d’habitude.

    @Pierre : on te veut du mal ou quoi ? Quel cadeau ! Du coup tu vas pouvoir vérifier si c’est bien ici que Susan parle de ses orgasmes multiples du fait du pénis élastique de son mari.

    • PierreN  

      Je ne sais plus si c’est dans le run de Millar, mais dans celui de Waid il y a un dialogue qui explique en partie pourquoi elle l’a préféré à Namor :
      « howzit youze got such a hot wife ?
      I’m told she likes the way I stretch my… imagination. »

      • Matt  

        AH ! Comme quoi on peut s’en prendre toujours aux même mais même chez Waid qui a fait un bon run, il y a des vannes à la con^^ Bon cela dit…ça peut être juste une blague de beauf de la part de Reed. Pas la vraie raison. ça dépend toujours comment c’est présenté.

        • PierreN  

          Surtout que c’est Jane qui lui pose cette question.^^

  • Marti  

    Une idée aussi con ne pouvait mérité qu’une réponse aussi barrée ! J’avais complètement oublié la mort de Petunia aux mains du maître de Doom, un personnage dont la création est sans doute une idée encore plus mauvaise que de montrer la célèbre tata.

  • Tornado  

    Hahahaha !!! 😀
    Quel couillon ce Byrne ! Déjà que je ne peux pas le piffer ! 🙁
    C’est effectivement une idée débile que de montrer la tata, et en plus comme ça (jeune et pimpante). Le truc c’est que ce sentiment (trouver une idée débile), ça me le fait 21 page sur 22 quand je lis un comics de super-héros old-school…
    Comme quoi il ne faut JAMAIS montrer un personnage fantasmé pour son absence.
    Je ne savais pas tout ça. Vivement que Pierre nous fasse l’article complet sur le run de Millar ! (et vas-y qu’on lui met la pression pour qu’il l’écrive sous la torture !) 😀

    Ah… Bruce… Bruce…
    Columbo et Starsky & Hutch sont les deux séries TV préférées de tous les temps. T’aar ta gueule à la récré tu vas voir que je vais finir par te faire l’article ! 😀

    • Bruce lit  

      Et au passage, merci à Matt pour les covers de ces articles qui me font toujours autant marrer.

  • Présence  

    Rooh! Une référence à Moonlighting (Clair de Lune), ça nous rajeunit pas.

    John Byrne a souvent un côté vieux tonton bourré qui raconte n’importe quoi et met tout le monde mal à l’aise lors d’un mariage. – Un monsieur Nikolavitch très en verve qui fait presqu’oublier qu’il n’y a pas de Figure Replay aujourd’hui. J’ai bien rigolé à la lecture et la suite d’idées à ne pas mettre en oeuvre. Même si le mal est fait (par John Byrne), ce personnage n’est apparu que dans 4 épisodes : les 2 de Byrne, celui de Millar, et effectivement un épisode de She-Hulk par Dan Slott (que je n’ai pas lu, vivement une réédition), quel puits de science que ce PierreN, chapeau bas.

    Dans les allusions aux pétunias, j’aurais bien ajouté une référence à la convention des pétunias (Petunia Con) dans Cerebus 37 à 39.

    • Marti  

      J’ai lu l’épisode de The Thing par Slott… et je n’ai plus grand souvenir, ou tout du moins pas de la présence de Pétunia.

      Je me demande pourquoi Byrne n’a plus jamais utilisé le personnage : il n’avait plus rien à dire dessus ? Il a compris que c’était pourri ? On le lui a interdit ?

  • Fred le Mallrat  

    J ai oublié cet élément du run de millar.. bon en fait je sais même pas si j en ai retenu quoi que ce soit..

    • PierreN  

      Les scénaristes suivants n’ont pas non plus retenu grand chose de ce run mis à part le Nu-World et l’intelligence de Valeria.

      • Marti  

        Et sans aucune surprise tout le monde a passé sous silence cette histoire de maître de Doom ou la jolie cape mauve qui accompagne les pouvoirs qu’obtient Victor à la fin du run. Ce dernière arc était vraiment nul et too much comme Millar sait si bien le faire, mais l’ensemble n’est pas foncièrement illisible, les arcs sont plutôt inégaux.

        • Présence  

          Je ne me souviens plus de tout dans le détail, mais après Master of Doom, ce brave Victor avait pu repartir du bon pied à partir du passé, grâce au passage des Thunderbolts (alors écrits par Jeff Parker) dans le tome Dark Avengers: The End is the Beginning (épisodes 175 à 183 de la série Thunderbolts).

          • Marti  

            Ah je n’ai pas lu ces épisodes, au temps pour moi !

  • JP Nguyen  

    Une chronique joyeusement loufoque de Mr Nikolavitch, avec une illustration de couverture toujours bien vue de la part de Matt (ayant lu l’article à minuit 03, je suis sûr qu’il y a eu une correction de dernière minute dans le texte du titre, un « vu » corrigé « en revu »).
    La présence de Tante Pétunia est répertoriée dans l’épisode 8 de The Thing par Slott, mais c’est la scène de la Bar Mitzvah et on la voit/devine seulement sur un plan d’ensemble, sans autre dialogue ou mention…

    • Matt  

      Même pas de dernière minute la correction, non^^ J’ai été étonné aussi, la bonne version était déjà entre les mains de Bruce.
      Merci pour le retour sur ma mini touche personnelle.

      Pour cette histoire de tante, c’est en effet bête de la montrer. C’est un running gag qui n’appelait pas qu’on voit le personnage. ça n’a pas d’intérêt. Et puis d’ailleurs quand Ben dit « tu as déjà vu ma tante Pétunia ? » dans le premier scan…et qu’on la voit ensuite jeune et jolie…ça n’a plus aucun sens^^

      • Marti  

        On peut toujours extrapoler en disant que sa tante et lui se taquinent sur leur physique, mais oui, ça gâche toutes les remarques de ce genre qui ont été faites jusque-là !

    • Bruce lit  

      Alors euh continuité….Pétunia est morte ou ressuscitée ?
      @Tornado : Bon pour accord pour tes deux machins 70’s. Je les attends pour dire pourquoi je n’aimais pas. Inutile d’anticiper le débat.

  • Jyrille  

    Très bon article, toujours aussi drôle et érudit ! De plus je ne connaissais pas cette tante, j’apprends donc plein de choses. Je me souviens de la série Madame Columbo, c’était vraiment mauvais. Et une mauvaise idée à la base, comme celle de Byrne.

  • Manu  

    Vindjuuuu mais j’ai lu quoi là? C’est complètement barré. Et moi en plus j’ai lu jusqu’au bout tellement j’ai été happé par la prose ! ( J’devrai peut être consulter).
    Chapeau bas au rédacteur de ce texte! C’est du très grand art ( pas comme les épisodes qu’il relate).

    • Nikolavitch  

      n’hésite pas à explorer les autres « défi Nikolavitch », c’est généralement du même tonneau

      • Bruce lit  

        Il serait d’ailleurs temps de le remplir (le tonneau) 😉

  • Eddy Vanleffe  

    Le fameux épisode de Byrne était…oui vous l’avez déjà dit.

    Je suis un grand fan de son run sur les FF mais je dois avouer que quelques passages ne m’ont pas du du tout comme Alicia avec la Torche ou cette fameuse tante toute jeune et deux ou trois autres détails…

    il est de bon ton aujourd’hui »hui de cracher dessus par contre et comme pour Claremont, starlin etc…
    c’est encore plus compliqué de vieillir pour auteur de comics que pour une actrice canon à Hollywood

    • Nikolavitch  

      Y a des trucs géniaux, dans le run de Byrne (je le relis assez régulièrement), mais il a quand même de beaux dérapages.

  • Léo Deroclès  

    Merci de m’avoir rappelé son existence ! Je l’avais complètement (mais avoir complètement) oublié !
    Soit dit en passant, je préfère Madame Columbo en capitaine de Starfleet !

  • Ozymandias  

    Pauvre John Byrne, il restera décidément incompris. Allez, je me lance, à partir d’aujourd’hui, je deviens officiellement l’avocat du Diable. Je me laisse pousser la barbe (rendez-vous dans dix ans) et je deviens irascible dès qu’on touche à mon poulain.

    Je dois avouer que la continuité… Je n’en ai absolument rien à foutre. Si tous les personnages doivent rester inféodés au CANON (merci Conan Doyle), il est bien évident que certaines idées vont poser problème. Mais je trouve personnellement plus intéressant de secouer le bananier de temps à autre plutôt que de limiter notre imagination.

    Car ce qui pose problème avec John Byrne, ce ne sont pas ses idées, mais la nécessité éditoriale de revenir constamment au statu quo. Le principe de la résurrection de Logan, par exemple, je n’ai rien contre, même si je ne donnerai pas un euro pour la lire (option bandeau de pirate sur l’oeil gauche), mais pourquoi nécessairement tuer dans la foulée OLD MAN LOGAN ? Ce principe des vases communicants est un peu pénible à la longue.

    En passant, la série MADAME COLUMBO était un coup marketing vraiment stupide. le type qui a eu cette idée aurait dû se tirer une balle dans la main ou se couper la langue. En revanche, je ne vois pas le problème de donner chair à un personnage comme la Tante Pétunia dont l’impact sur la continuité est minime. Pourquoi, en outre lui reprocher le même parcours romantique que Susan Storm. D’ailleurs à bientôt 47 ans, je vote sans complexe pour la gérontophilie.

    La série CLAIR DE LUNE, ne l’oublions pas, a subi un sérieux revers avec le départ de Cybill Shepherd, enceinte à l’époque. Quoi qu’il en soit, pourquoi devrait-on condamner le spectateur de toutes les séries au même fantasme du JE TE KIFFE, MAIS ON NE COUCHERA JAMAIS ENSEMBLE ? Ça devient complètement invraisemblable. Si les ménagères de plus de cinquante ans ne croient plus au bonheur conjugal, tant pis pour elles. Vive le sexe dans les séries et les comics. À force de recettes qui impliquent toujours les mêmes ingrédients, moi j’ai fini par éteindre la télé et à mater une série sur quarante.

    Je peux concéder un minimum de continuité sur les personnages-phares, mais sur des électrons libres, je m’en fiche comme de l’an quarante.

    • Nikolavitch  

      Alors, sur Clair de Lune, bien sûr qu’il est logique qu’il couche ensemble. mais en termes de dynamique de la série, ça change tout. (c’est comme quand les héros ont un bébé, etc. les structures sérielles ont beaucoup de mal à le gérer) (d’où les yoyo d’âges de Franklin Richards)

      Sur Byrne… il peut sembler ma tête de turc, et je lui fais subir bien plus d’avanies qu’à, mettons, Hickman ou Soule. iil y a là un effet de miroir déformant : je l’aime bien, Byrne, je le lis toujours avec plaisir, même quand il dérape (alors que les Avengers ou les FF de Hickman, je n’y arrive tout simplement pas, pas plus qu’avec les DD de Soule), du coup, je le taille sur ses défauts récurrents. qui ne m’empêchent donc pas de le lire (l’autre jour, j’avais un voyage en train, j’ai pris en kiosque le Meilleurs Récits Marvel avec ses Namor, par exemple) (je sais que ça fait un peu « je ne suis pas raciste, la preuve, j’ai plein de comics Byrne chez moi ») mais sur la longueur, y a un pattern d’idées qui seraient bonnes s’il ne les assénait pas avec l’absence de subtilité d’un porte-parole gouvernemental.

      et dire que les interférences éditoriales condamnaient au retour au statuquo, si c’est vrai, c’est passer néanmoins à côté du fait qu’un bonne partie des idées de Byrne (Magneto, la Vision… )constituent des retours à des statuquo précédents, au mépris d’évolutions au long cours.

      Aussi doué soit-il (et il est doué, l’animal), il a du mal à reconnaître que certains de ses collègues ont le droit de faire évoluer aussi les personnages et l’univers.

      quant à Pétunia, oui, ça n’a pas d’importance (spoiler : rien n’a d’importance dans les comics, ce ne sont que des comics) mais l’idée (et mes arguments sont clairs dans ce domaine, je crois, sous la couche de rigolade) était à mon sens assez mal venue.

      il ne s’agit pas ici de faire le procès de la continuité (ou de ses violateurs). j’ai déjà écrit par ailleurs que sur la longueur, vu la structure épisodique et régulière des comics, c’est quasi intenable. mais quand on bricole dedans, autant le faire avec finesse, au scalpel, pas au marteau-piqueur.

      La plupart des idées de Byrne peuvent très bien fonctionner, dès lors qu’il crée sa propre continuité : ses NextMen en sont une démonstration assez brillante. il y traite de tout ce qui l’ntéressait dans les X-Men, et plus frontalement qu’il ne pouvait le faire chez Marvel. Résultat, un truc dans lequel on sent sa patte (pour le meilleur et pour le pire : ses obsessions s’y voient bien) mais qui est tenu et maîtrisé, bien meilleur que tout ce qu’il aurait pu faire chez Marvel.

      Le problème de Byrne, ce n’est pas que ce soit un caractère de cochon (Moore est pire dans ce domaine) ou qu’il réinterprète la continuité à sa sauce en faisant le tri de ce qui l’arrange (JMS a donné dans le genre) mais qu’il le fasse en mode « laissez-moi passer et après moi le déluge ».

      • Nikolavitch  

        excusez les nombreuses coquilles du truc, la semaine a été dure et je n’en suis qu’à mon premier café de la journée.

  • Ozymandias  

    Ce que j’apprécie dans ce groupe, c’est que personne n’est dupe concernant les comics. Nos opinions sont souvent contradictoires (c’est une chance), mais on peut vivre avec l’idée que nos goûts et nos idées ne vont pas fédérer la majorité des lecteurs. Ainsi, je ne m’en cache pas, j’aime beaucoup quand un personnage est retourné comme une chaussette, tout en conservant son essence, sinon ce serait quelqu’un d’autre, sachant que tout cela, au final, n’a pas grande importance puisque un autre scénariste va prendre le relais. C’es un peu la théorie du multiverse :JOHN BYRNE arrive avec ses gros sabots et crée une continuité différente. Un terrain de jeu qui correspond à ses idées et à ses thématiques. Rien n’empêche son successeur de trouver une pirouette quelconque pour sauver les meubles. En attendant, quand je lis son run sur WEST COAST AVENGERS, je jubile, contrairement aux épisodes qui ont précédé. Car oui, je reste avant toute chose inféodé au principe de plaisir. Pour reprendre l’idée de CANON si chère aux amateurs de Sherlock Holmes, j’apprécie énormément le corpus originel, mais certaines des meilleures histoires mettant en scène ce personnage n’ont pas été écrites par Conan Doyle, voire « pervertissent » complètement le concept de base.
    Alors bien sûr, je ne vais pas cracher dans la soupe, renier tout ce qui a été fait avant, d’autant que je reste grand amateur de certaines périodes classiques (Gene Colan sur Daredevil, Jack Kirby sur Fantastic Four, etc…) sans lesquelles nous ne pourrions pas avoir d’électrons libres.
    Je lisais récemment encore dans un commentaire (cf. La Saga du Phénix Noir) qu’un lecteur (j’ai oublié son nom) ne lisait que ce qui a été publié à partir de 1986. Selon moi, ce serait vouloir construire une maison sans avoir poser au préalable les fondations. Il ne s’agit pas pour autant de sombrer dans le travers inverse et de vénérer l’ARBRE et de rejeter toutes les racines qui s’aventurent au loin pour le nourrir.
    Je comprends parfaitement qu’il existe plusieurs écoles et ce sont ces idiosyncrasies (j’adore ce mot) qui rendent intéressants le débat RAISONNÉ. Il me paraît donc important, parfois, de radoter un peu en serinant que JE n’est pas un autre, que je ne condamne personne a priori parce qu’il m’oppose des arguments pertinents concernant un auteur/dessinateur que j’apprécie beaucoup. Je sais aussi qu’on ne peut émettre de bonne critique, défendre son point de vue qu’après avoir finalisé la lecture. Pour moi, une critique antérieure à toute lecture n’a aucune valeur. Je suis donc heureux, mais je m’en doutais, que tu aies lu du John Byrne. C’est important de le préciser car, aujourd’hui, les billets d’humeur et le bashing remplacent trop souvent la connaissance réelle de l’oeuvre incriminée.
    Concernant la dynamique de la série (CLAIR DE LUNE), je suis d’accord, mais pourquoi ce qui est valable dans un cas devrait forcément être axiomatique pour l’ensemble des productions ? Peut-on parler d’évolution quand le mariage de Peter et Mary Jane est effacé de la continuité par un deus ex machina du plus mauvais effet ? Doit-on obligatoirement en appeler aux mêmes recettes pour procurer du plaisir au lecteur ? NON.
    Somme toute, je suis un ÉPICURIEN en matière de lecture, je laisse toute autorité au PLAISIR et, même si je ne suis pas nostalgique, je continue à avoir du goût pour ce qui a précédé, sans pour autant accepter toutes les recettes qui sclérosent l’imaginaire.
    Merci pour cet échange ; j’aurai sans doute l’occasion, dans mes futures chroniques, de revenir sur JOHN BYRNE que je continue à suivre en VO et que j’espère revoir chez MARVEL, persuadé qu’il a plus à apporter à leurs franchises que Chris Claremont (CHAMP DE FORCE ACTIVÉ).

  • Eddy Vanleffe....  

    La continuité, on est tous d’accord que c’est un « piège à cons », c’est voué à se mordre la queue…
    il reste que simplement quand tu lis un truc qui te dis que le personnage a fait tel machin en Janvier, si l’épisode d’après qu’il a passé tout l’hiver un continent plus loin. tu es obligé à moins d’avoir Alzheimer de déconnecter du récit.
    après on accepte ou non de suivre un univers inepte où de temps en temps un auteur envoie tout valdinguer pour se draper du manteau du génie. ou on finit par lire autre chose qui propose un univers cohérent.
    Il y a eu des heureuses retcon, mais à l’heure où M

    • Eddy Vanleffe....  

      oups again
      a l’heure où Marvel accuse ses 60 ans et que l’univers ciné devient un modèle contradictoire de plus en plus parasite, on est plus dans une configuration de racines éloignées mais bien d’un sapin déraciné destiné à briller une quinzaine de jours avec d’être jeté aux encombrants…

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