Voyage de cohésion

Une affaire de famille

Une affaire de famille©Marvel Comics

 

 Wolverine & the X-Men 6 par Aaron et Pérez

Première publication le 13/06/14. Mise à jour le 03/09/16

AUTEUR : PRÉSENCE

VO : Marvel

VF : Panini

Ce tome fait suite à Wolverine and the X-Men 5 (épisodes 19 à 24). Il comprend les épisodes 25 à 29, initialement parus en 2013. Ils viennent d’être réédités en dans le volume Deluxe 3 de Panini. Tous les scénarios sont de Jason Aaron.

Les scénarios sont de Jason Aaron, les dessins et l’encrage de Ramón Pérez, la mise en couleurs de Laura Martin, avec l’aide Matt Villa pour les épisodes 27 & 28.

Dans les Rocheuses canadiennes, Dog Logan reçoit les conseils d’un autre lui-même en provenance du futur qui lui enjoint de faire connaître sa présence à son frère.

Wolverine a organisé une leçon sur le terrain : il emmène une poignée d’élèves dans la Terre Sauvage (Savage Land) pour un test de survie, soit parce qu’il s’agit de jeunes recrues à qui il souhaite faire prendre conscience de ce qui les attend, soit parce qu’il s’agit de fauteurs de trouble, soit parce qu’il ne les aime pas.

Un petit selfie avant la débandade©Marvel Comics

Les élèves bénéficiant de cette leçon sont Quentin Quire (Kid Omega), Broo, Trevor Hawkins (Eye Boy), Idie Okwonko (Oya), Robert (Glob) Herman, Iara dos Santos (Shark-Girl), Jia Jing (Sprite) et Evan Sabahnur (Genesis). Wolverine leur a fixé comme objectif qu’ils rejoignent le Blackbird dans un délai de 24 heures tous ensemble.

Il doit n’en manquer aucun, sinon il estimera que le groupe a échoué .Gare aux dinosaures (normal, c’est la Terre Sauvage), aux robots tueurs, et aux bandits de grand chemin pilleurs de train. L’épilogue est l’occasion d’avoir un aperçu de ce que sera devenue l’école dans 25 ans.

Dans 25 ans...

Dans 25 ans…©Marvel Comics

Décidément, Jason Aaron n’a peur de rien : pour cette nouvelle aventure des élèves de l’école, il n’hésite pas à aller récupérer un personnage dans Origin, l’histoire fabriquée par un comité de scénaristes (dont les 2 enfants du PDG de Marvel de l’époque), révélant le vrai nom de Wolverine. C’est ainsi que le lecteur voit réapparaître Dog Logan qu’Aaron avait déjà subrepticement inséré dans Another fine mess (une aventure de Spider-Man & Wolverine).

Franchement décontracté, il y mêle une pincée de voyages dans le temps, sans prise de tête (= ne pas y chercher de logique ou de paradoxe temporel). Le moteur de l’intrigue est donc double : partagé entre ce test à destination des élèves pour séparer le bon grain de l’ivraie, et la réapparition inopinée de Dog Logan.

Plutôt que de narrer ce récit de manière linéaire, Aaron place les séquences dans la jungle de la Terre Sauvage au présent, et il revient en arrière pour l’histoire de Dog Logan depuis sa dernière apparition significative (Origin), ainsi que pour de savoureuses séquences dans le Blackbird amenant l’équipe à sa destination.

Redonner confiance à Evan Sabahnur (Genesis)©Marvel Comics

Pendant ce voyage, Logan va trouver plusieurs des élèves concernés pour leur faire un petit discours de motivation. C’est tout l’art d’Aaron qui ressort dans ces courts dialogues pendant lesquels il montre le tact (relatif) de Logan, et la personnalité de chaque interlocuteur, en rendant un individu attachant dans son manque d’assurance, ou par un de ses défauts, ce qui les humanise.

Si Quentin Quire n’arrive pas à retrouver sa superbe de rebelle (Wolverine ayant assuré son emprise sur lui), il a droit à un moment magnifique quand il prend la tête du groupe (en l’absence de Wolverine) pour organiser les opérations (établir un camp, se mettre à la recherche du professeur). Il est par contre un peu plus difficile de prendre le personnage de Dog Logan au sérieux.

Dog Logan : difficile de le prendre au sérieux©Marvel Comics

Pour commencer, l’apparition d’un Dog Logan venu du futur jette un soupçon de dérision, avec voyages dans le temps un peu trop opportuns (comme par hasard à l’époque présente, avec des déclarations cryptiques bien pratiques pour installer un suspense artificiel). Il n’y a pas d’explication au fait que le Dog Logan se soit installé dans l’époque présente plutôt qu’une autre, à part une vague allusion au mode de transport qu’il utilise.

La conclusion de l’épisode 27 vient contredire le côté dramatique de l’histoire de Dog Logan par une séquence farce à l’humour douteux. Enfin, le lecteur éprouve quelques difficultés pour avaler la facilité avec laquelle Dog Logan a raison de Wolverine, en combat physique.

Des dessins avec de la consistance, mais moins de détails que Bradshaw

Des dessins avec de la consistance, mais moins de détails que Bradshaw©Marvel Comics

Les 5 épisodes sont dessinés par un seul et unique artiste : Ramón Perez. Au tout début de l’épisode 24, il donne l’impression de vouloir mettre autant de détails que Nick Bradshaw, dessinateur principal de la série. Mais bien vite, il opte pour un encrage moins fin, moins minutieux, rendant plus compte d’une impression que d’une volonté de description appliquée.

De ce fait les expressions des visages perdent en nuance. Il reste quand même régulièrement des émotions qui transparaissent avec conviction. Les affrontements physiques restent lisibles, sans être vraiment visuellement intéressants. Les personnages ont gardé toutes leurs spécificités morphologiques qui les rendent uniques, mais ils ont eux aussi perdu en finesse et en grâce.

Souvenirs

Souvenirs©Marvel Comics

Malgré tout, Perez se montre excellent pour 2 composantes. Il a trouvé une complémentarité bluffante avec Laura Martin pour toutes les scènes se déroulant dans le passé et mettant en scène Dog Logan, un rendu qui évoque à la fois le fusain, et des lavis à l’encre de seiche. Il maîtrise comme peu d’autres dessinateurs l’apparence de Glob Herman, silhouette aussi amusante qu’horrible avec ses 2 globes oculaires, un spectacle des plus troublants.

Alors que Jason Aaron construit son récit à parti d’une bonne idée (un voyage organisé pour tester la fibre d’élèves indécis), l’exécution oscille entre l’émouvant (les doutes des élèves, les inquiétudes de Wolverine), et l’anecdotique (le personnage de Dog Logan déchiré entre drame et comédie). Les dessins de Ramón Perez oscillent entre des images saisissantes, et des pages plus quelconques.

Un discours émouvant du directeur

Un discours émouvant du directeur©Marvel Comics

57 comments

  • Matt  

    Je ne comprendrais jamais ce que vous pouvez trouver à Mike Allred.

    Les proportions de Wolverine sur la 2ème image de cette planche me fait saigner des yeux :

    http://comicsalliance.com/files/2012/09/watxma.jpg

    Le coude à hauteur de poitrine, les mains qui ne descendent pas plus bas que l’entrejambe, le pied droit qui doit faire un angle de 180° pour qu’on puisse voir le dessous de la semelle avec une telle perspective…
    C’est douloureux à regarder.
    Je n’adhère pas du tout avec ce dessinateur. Même quand il ne fait pas des horreurs pareilles, son style ne me plaît vraiment pas.

    • PierreN  

      Son style a un aspect « néo-rétro » qui renvoie beaucoup à l’approche et à l’esthétique des histoires des 60’s, ce qui explique peut-être pourquoi tu n’accroche pas.

      Les approximations anatomiques pour moi sont seulement rédhibitoires si elles révèlent les défauts d’un dessinateur plutôt qu’être une composante de son style, éloignée d’une certaine norme dans la représentation.
      Chez Kelley Jones c’est un choix délibéré, alors qu’avec Liefeld c’est plus le signe de sa médiocrité et d’un mec starifié trop tôt qui a du continué dans la même voie.
      Allred ne cherche pas à être réaliste, pas plus que Sam Kieth quand il dessine un Wolverine à la musculature hypertrophiée, mais cela fonctionne pour peu que l’on accepte d’entrer dans leur propre univers visuel, et que l’on met de côté la suspension d’incrédulité (si tant est que cela puisse s’appliquer à ce domaine).

      • Présence  

        Respect PierreN pour cette explication très éloquente de l’attrait des dessins de Mike Allred. Ses dessins pour la série Silver Surfer induisent exactement cette sensation de néo-rétro, avec un aspect un peu suranné qui donne à voir la gentillesse de Silver Surfer, qui transforme ses aventures enfantines (pourvu que Tornado ne lise pas ça) en un conte pour petits et grands. Il m’a fallu aussi pas mal de temps pour m’adapter à ce qui me semblait n’être que de la nostalgie de mauvais aloi, un peu facile ne faisant que singer une époque révolue. Mais en fait les dessins d’Allred sont plus sophistiqués que ceux des années 1960, avec une conscience bien réelle de leur caractère dérivatif d’une époque révolue, une forme de postmodernisme si j’ai bien assimilé les explications de Tornado sur le sujet (je croise les doigts).

  • Matt  

    Moui…ben désolé mais pour moi c’est aussi des problèmes de proportions mal foutus.
    Je ne veux pas faire mon cynique, mais pour moi (c’est mon avis), ce genre de distorsion des dessins fonctionne chez quelqu’un comme Tan Eng Huat qui semble parfois dessiner comme si le personnage se reflétait dans un miroir déformant. ça peut déplaire mais au moins c’est cohérent.
    Chez Allred, un bras trop court, c’est un bras trop court. Quel que soit l’impact du dessin et ce qu’il évoque sur le lecteur, je ne suis pas d’accord pour lui trouver toutes les excuses du monde quand il se plante dans les perspectives et les proportions.

  • Matt  

    Ok, pour les fans de Wolverine & the X-men de Aaron, je conseille le deluxe « amazing x-men » de Aaron. C’est un tome unique avec 6 épisodes (les suivants sont d’un autre auteur). ça a beau s’appeler autrement, c’est clairement du « wolverine & the X-men ». C’est fun, léger, touchant. Le 6eme épisode pourrait être une fin pour les X-men.
    En gros ça ramène Diablo chez les vivants et on apprend ce que sont les Bamfs apparus depuis le début de Wolverine & the X-men. C’est donc clairement une annexe de Aaron pour sa série. Encore une histoire de résurrection me direz-vous ? Oui bon ok…mais sa mort était naze à Diablo, uniquement là pour faire le buzz. Le récit reste chouette avec des moments touchants entre les personnages.

    • PierreN  

      Dommage que Aaron ne soit pas resté plus longtemps sur cette série, mais bon à ce moment-là, l’éditorial lui a fait une offre qu’il ne pouvait pas refuser (Star Wars).
      Avec Bendis qui défaisait certaines de ses idées (le couple Kitty/Bobby), je peut comprendre qu’il ait voulu voir ailleurs, et contrairement à certains internautes, je ne lui en tiens pas rigueur.

    • Présence  

      Je n’avais pas poussé la curiosité jusqu’à lire ces 6 épisodes, mais si tu les as trouvés bons, je vais peut-être revoir ma position. Pour être honnête, sans les avoir lus, je n’y avais vu qu’une résurrection pour faire le buzz. 🙂

      • Matt  

        Bah pour moi c’est surtout les morts qui font le buzz. Les auteurs qui ne peuvent pas s’empêcher de faire mourir des persos pour un pseudo moment choc, c’est péible (alors qu’on sait que personne ne reste mort).
        Peut être a-t-on demandé à Aaron de faire revenir Diablo, j’sais pas…mais il me semblait préparer le truc avec les bamfs depuis un moment. Et il fait bien le taf avec des épisodes fun et plaisants comme dans la série W&the x-men.

  • Eddy Vanleffe  

    Comment dire…. je ne peux plus des histoires de morts/résurrections…
    crossovers… c’est insupportable.
    Schism est la dernière histoire que je trouve intéressante, depuis…

  • Matt  

    Moi ses Amazing X-men j’ai pris ça comme un baume au cœur après des tonnes d’histoires apocalyptiques et des persos qui deviennent de plus en plus détestables. Là c’est agréable, marrant et vraiment touchant. On pourra trouver ça plus enfantin, moins réaliste, et avec une énième résurrection mais je souriais comme un con en lisant ce comics. Je trouve que Aaron nous livre encore une fois des X-men comme on aimait en lire du temps de Claremont.
    Et tant pis si des cyniques viennent me dire que c’est pas bien, moi j’ai trouvé ça vraiment plaisant^^ Et j’ai presque pas envie d’expliquer pourquoi. Voilà. J’ai bien aimé, na !
    Merci Mr Aaron pour ce qui sera surement mes derniers épisodes X-men (chronologiquement parlant, car il se peut que j’achète encore des trucs des décennies précédentes).

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