Focus : les films sur les 4 Fantastiques de 1994 à 2015
Un article de FLETCHER ARROWSMITHBien avant FANTASTIC FOUR : FIRST STEPS et que les films de super-héros ne dominent le box-office et vampirisent le paysage cinématographique, les 4 Fantastiques avaient déjà eu le droit à des adaptations sur grand écran. Tour d’horizon en 4 services par Fletcher Arrowsmith.
Fantastic Four (1994 ; réalisation Oley Sassone)

© New Horizons Constantin Film
En 1994 Roger Corman lance la production et la réalisation d’un premier film sur les Fantastic Four. Produit avec un budget d’environ 1 million de dollars, ce film n’a jamais été officiellement distribué, bien que des copies piratées aient circulé depuis sa création. Le projet a été initié par le producteur allemand Bernd Eichinger, qui a obtenu les droits d’adaptation des Fantastic Four en 1986. Face à l’expiration de ces droits, Eichinger a collaboré avec Roger Corman, spécialiste des films à petit budget, pour produire rapidement une version low-cost du film, afin de conserver les droits sur les personnages. Le tournage a duré environ 25 jours et a été réalisé par Oley Sassone, un réalisateur de clips musicaux.
Le scénario suit l’origine de l’équipe des Fantastic Four et leur premier affrontement avec Doctor Doom. Malgré des efforts de promotion, le film n’a jamais été officiellement sorti en salles. Stan Lee a révélé plus tard que le film n’était pas destiné à être montré au public, mais plutôt à servir de moyen pour Bernd Eichinger de conserver les droits. Cependant, Roger Corman a contesté cette affirmation, déclarant qu’il avait un contrat pour le distribuer. Le film a finalement été racheté par Marvel pour éviter qu’il ne nuise à la réputation de la franchise, et toutes les copies ont été détruites, sauf quelques-unes pour le plus grand bonheur des geeks. Malgré sa qualité modeste, le film a acquis un statut culte parmi les fans, et un documentaire intitulé Doomed! The Untold Story of Roger Corman’s The Fantastic Four a même été réalisé en 2015 pour raconter l’histoire de sa production mouvementée.
Repères
1992 Batman Le défi
1995 Batman Forever
Comics : run de Tom DeFalco et Paul Ryan
Fantastic Four (2005 ; réalisation Tim Story)

© Twentieth Century Fox
Le scientifique Reed Richards, organise une expédition dans l’espace pour étudier un nuage de rayons cosmiques. Il est accompagné de son ami Ben Grimm, de son ex-petite amie Sue Storm et de son frère Johnny Storm, ainsi que de l’industriel Victor Von Doom, qui finance la mission. Pendant leur séjour dans l’espace, l’équipe est exposée à de puissantes radiations cosmiques qui modifient leur ADN. De retour sur Terre, chacun découvre qu’il possède désormais des pouvoirs surhumains auxquels ils vont devoir s’adapter pour contrer Victor Von Doom, qui cherche à détruire New York.
Il fallait bien un film sur le premier comics iconique de Marvel au moment où le genre commençait à prendre de l’importance, fort des succès critiques et publics des X-MEN, SPIDER-MAN ou BATMAN. En 2005 débarque donc le premier film sur le FF.
Là où le film tient ses promesses, c’est dans la légèreté et l’aspect familial qu’il confère à l’histoire. Les relations entre les membres de l’équipe sont bien exploitées, notamment la dynamique fraternelle entre Johnny et Sue Storm ou la profonde amitié qui lie Reed et Ben.
Les effets spéciaux restent corrects pour l’époque car ne jouant pas dans la surenchère, en particulier dans les scènes d’action où chaque super-pouvoir est mis à l’honneur. La réalisation de Tim Story se veut sans prétention. Les scènes d’action sont très lisibles à défaut d’être épiques ou spectaculaires.
Cependant, le film souffre de faiblesses notables. Le méchant Victor Von Doom, interprété par Julian McMahon (NIP/TUCK), manque cruellement de charisme et de profondeur alors qu’il est l’un des plus grands antagonistes des comics Marvel. Il s’éloigne de son avatar dessiné avec une peau métallique et des pouvoirs électriques. Sa transformation en vilain et ses motivations paraissent précipitées, presque caricaturales, ce qui amoindrit la tension dramatique. Le scénario, très linéaire et sans réelle surprise, privilégie un ton bon enfant, parfois au détriment de la construction dramatique. De nombreuses scènes penchent vers la comédie légère, négligeant la gravité des enjeux et la complexité psychologique des personnages, à peine effleurée. La confrontation finale est expédiée, mal chorégraphiée et sans tension véritable.
L’interprétation est inégale. Michael Chiklis tout doit issue de THE SHIELD (La Chose) et Chris Evans (Johnny Storm), qui deviendra le Captain America du MCU, tirent leur épingle du jeu grâce à leur charisme et une alchimie entre eux qui se ressent à l’écran notamment dans les joutes verbales. On croit sans peine en leur personnage de Chose, humain et touchant, prisonnier d’une carapace rocailleuse ou bien en ce diable de playboy tête brûlée qu’est la Torche Humaine. A contrario, Ioan Gruffudd (Reed Richards) et Jessica Alba (Sue Storm) peinent à convaincre, handicapés par des dialogues plats et un développement émotionnel limité. Présentée comme la tête d’affiche et la star du film, Jessica Alba (SIN CITY, DARK ANGEL) semble avoir été recrutée plus pour sa beauté physique (dont une scène dérangeante où elle doit se déshabiller) que pour son jeu d’actrice.
À l’arrivée, on peut dire sans forcer que ce premier film est un divertissement familial et accessible, conçu pour plaire aux petits et grands. L’humour est très bien dosé notamment dans les relations entre Ben et Johnny. On peut reprocher au film un côté naïf ou un manque d’ambition mais il ne trahit pas l’esprit des comics en s’en rapprochant grandement. C’est une adaptation modèle et fidèle mais déjà dépassée en termes de réalisation. L’année précédente sortait LES INDESTRUCTIBLES …
© Twentieth Century Fox
Repères
2004 Spider-Man 2, Hellboy, Catwoman, Constantine, Blade Trinity, Les Indestructibles
2005 Batman Begins
2006 V pour Vendetta, X-Men 3, Superman Returns
Comics : fin de la prestation de Waid et Wieringo, début de JMS et Mike McKone
Fantastic Four : Rise of the Silver Surfer (2007 ; réalisation Tim Story)

© Twentieth Century Fox
Désormais célèbre dans le monde entier, les 4 Fantastiques vont devoir affronter deux situations à hauts risques : la menace de Galactus annoncée par la venue du Silver Surfer et le mariage de Sue et Reed.
Seulement 2 ans après le premier film, la Fox et Tim Story, toujours à la réalisation, remettent le couvert. Le premier film a fonctionné et la FOX ne souhaite pas rendre les droits à Marvel, surtout que les films de super-héros sont alors de véritables poules aux œufs d’or.
Désormais, plus besoin de présenter les héros. Ce deuxième film élève le niveau et va piocher dans les sagas et épisodes les plus emblématiques du comics, entre intime (This Man, This Monster, le mariage de Sue et Reed) et cosmique (Galactus et le Silver Surfer). La dynamique de groupe entre les personnages est renforcée et la complicité entre Michael Chiklis et Chris Evans continue de plus belle. L’esprit famille est bien présent avec en plus une apparition d’Alicia Master (superbe Kerry Washington). Seule ombre au tableau, la composition de Jessica Alba, avec une couleur de cheveux encore plus artificielle et un rôle qui ne l’est pas moins. On voit bien que l’on joue encore sur sa plastique, mais cela ne fonctionne pas.
En plus de la saga sur l’arrivée de Galactus (FF 48 à 50), les hommages à Stan Lee et Jack Kirby continuent. Comme le retour de Julian McMahon sous le masque de Victor Von Doom qui va piéger le Silver Surfer pour s’emparer du pouvoir cosmique (FF 58 à 60). Malheureusement face à la menace annoncée de Galactus, le retour de Doom fait pshitt. Mal exploité, en décalage avec la tonalité du film, il ralentit l’aventure et, in fine, affaiblit le long métrage en faisant retomber la tension installée. À signaler une belle inspiration à partir d’un des plus beaux épisodes des FF, This man, this monster (FF51) qui permet intelligemment de faire apparaître le visage de l’acteur Michael Chiklis. A contrario, la séquence sur le mariage de Susan et Reed (FF annual 3) fait pshitt et tourne au burlesque sans faire rêver.
Mais malheureusement, Tim Story ne déborde pas du cadre. Sa réalisation, bien que plus solide, reste trop sage et manque encore de vision. Son absence de prise de risque ne vient pas compenser les errements du scénario, comme le retour mal amené de Doom ou le fait que l’on ne verra finalement pas Galactus. Dans le film, il est réduit à une sorte de nuage cosmique colorée vaguement menaçant à l’instar de son avatar Ultimate créé par Warren Ellis.
Plus ambitieux que le premier film, Fantastic Four : Rise of the Silver Surfer aurait pu être le film super-héroïque référence de la FOX. Divertissement de qualité, il souffre de la comparaison avec les films du MCU qui ont su alors imposer aux spectateurs de nouvelles références. Néanmoins, rien que pour la bonne camaraderie ambiante et les effets spéciaux, notamment un superbe Silver Surfer, ce deuxième film sur la première famille mérite une nouvelle chance, notamment lors d’un dimanche après-midi pluvieux en famille avec les plus jeunes.
© Twentieth Century Fox
Repères
2006 V pour Vendetta, X-Men 3, Superman Returns
2007 Ghost Rider, Spider-Man 3,
2008 Iron Man, Hancock, L’Incroyable Hulk, Hellboy 2, Batman The Dark Knight, Punisher
Comics : Dwayne McDuffie et Paul Pelletier
Fantastic Four (2015 ; réalisation Josh Trank)

© Twentieth Century Fox
Le film suit quatre jeunes génies : Reed Richards, Sue Storm, Ben Grimm et Johnny Storm, qui découvrent un portail vers une dimension parallèle appelée la Zone Quantique. Leur aventure débute lorsqu’ils participent à une expérience pour explorer cette dimension, dans le but de repousser les limites de la science et de la technologie. L’expérience tourne mal lorsque l’équipe est exposée à une énergie inconnue qui leur confère des pouvoirs qu’ils vont utiliser pour contrer Doom.
En 2015, on remet les compteurs à zéro avec le reboot de la franchise. Devant la machine à cash qu’est devenue le MCU, la FOX relance une nouvelle adaptation, permettant ainsi de conserver ses droits sur les personnages et leur univers. Il s’agit désormais de proposer des adaptations plus sombres, sérieuses et semi-réalistes (hard science ou hard SF) à l’instar de la Warner et des films DC. Comme pour la relance cinématographique de SPIDER-MAN, c’est désormais vers la ligne Ultimate que l’on se tourne pour puiser l’inspiration, notamment le premier arc narratif des ULTIMATE FANTASTIC FOUR. Là où il aurait quand même fallu se méfier, c’est que ces épisodes ont été coécrits par Brian M. Bendis et Mark Millar. Le script retenu lorgne également vers la hard-SF.
Josh Trank, le réalisateur choisi, a fait forte impression avec CHRONICLE, un film mettant justement en scène des adolescents avec des pouvoirs. Le casting d’ailleurs fait la part belle à des jeunes acteurs en devenir : Kate Mara (HOUSE OF CARDS) incarne Susan Storm, Miles Teller (WHIPLASH, DIVERGENTE, FOOTLOOSE) Reed Richards, Michael B. Jordan (CHRONICLE déjà, FRIDAY NIGHT LIGHTS, CREED) se voit confier le rôle de Johnny Storm et Jamie Bell (TINTIN, BILLY ELLIOT) celui de Ben Grimm. Enfin on choisit comme antagoniste Doctor Doom (Toby Kebbell à l’écran) comme une évidence. Je passe volontairement sous silence l’explication foireuse et sans finesse de faire de Susan et Johnny un frère et une sœur de couleurs de peau différentes.
La première moitié du film explore l’enfance de Reed Richards (comme dans ULTIMATE FF). Surdoué scientifique, il intègre la Fondation Baxter tout en développant une amitié avec Ben Grimm et un début de romance avec Susan Storm. Mise à part nous proposer une nouvelle fois une origin story, cela fonctionne, notamment dans les interactions et les dialogues. On a « presque » l’impression d’être dans un film indé. Point de voyage dans l’espace mais une expérience sur la téléportation (idem que Ultimate FF). Les pouvoirs obtenus sont vécus dans la douleur et comme une malédiction. Les FF deviennent des victimes et ne possèdent donc pas l’aura de super héros aux yeux du public. C’est sûrement une première erreur, car on s’éloigne finalement trop de l’univers Marvel.
La production du film a été chaotique. Josh Trank rentre en conflit ouvert avec la Fox, qui finira par demander des réécritures, des coupes dans le montage et même des reshoots (visibles notamment sur la coupe de cheveux de Kate Mara, dotée d’une perruque). Cela se ressent dans un montage très haché, enchaînement de séquences sans transition fluide sous fond de dialogues très pauvres.
Ce déséquilibre entre les deux parties du film gâche complètement la partie sensée être excitante : la découverte des pouvoirs et la résolution de l’intrigue. Sur une photographie plutôt sombre, à l’image du film souhaité par Josh Trank, les effets spéciaux ont du mal à entraîner le récit, quand ils ne sont pas tout simplement laids comme l’aspect rocailleux de The Thing. Le scénario amène de manière bancale un Doctor Doom, encore plus mal traité que lors des 2 précédents films. Cela va désormais trop vite et les héros ne sont même plus développés ou alors sans faire rêver, comme la Torche qui devient une arme pour l’armée. Eux comme le spectateur n’ont qu’une hâte : qu’on arrive vite à la fin, expédiée sous fond vert dégueulasse, et qu’on arrête le massacre.
Le film sera un échec, désavoué par son réalisateur et rejeté du public comme de la critique. La FOX finira par redonner les droits des personnages à Marvel lors du rachat de son catalogue par Disney permettant l’intégration des FF dans le MCU à l’occasion d’une nouvelle relance, FANTASTIC FOUR : FIRST STEPS en 2025. Mais cela c’est une autre histoire, à découvrir également sur Bruce Lit.
© Twentieth Century Fox
Repères
2014 Captain America Le soldat de l’hiver, The Amazing Spiderman 2, X-Men : Days of Future Past, Les Gardiens de la galaxie, Les Nouveaux Héros
2015 Avengers l’ère d’Ultron, Ant Man
2016 Deadpool, Captain America Civil War, X-Men : Apocalypse, Suicide Squad, Doctor Strange
Comics : fin de la prestation de James Robinson et Leonard Kirk. Arrêt du titre.