Rémina la planète de l’Enfer par Junji Ito
Un article de : MATTIE-BOY
VF : Delcourt
Copyright : JIGOKUBOSHI REMINA © 2005 Junji ITO / SHOGAKUKAN
1ère publication le 29/05/23 – MAJ le 30/08/23
Nous revoici pour un nouveau Junji Ito, maître de l’horreur japonaise. On ne le présente plus sur ce blog, cet auteur est spécialisé dans les concepts horrifiques assez délirants et originaux et joue souvent sur le grotesque et le malsain. Ainsi que la folie des hommes.
Et justement ici, la folie des hommes est le thème central. Oh, bien sûr avec un titre pareil vous vous doutez bien qu’il y a une histoire de planète et un peu de SF. Oui, complètement. Nous sommes d’ailleurs davantage dans la SF que dans l’horreur pour le coup. Pas vraiment de body horror que l’auteur affectionne en général. Par contre une ambiance apocalyptique, ça oui. L’horreur cède place à la folie des humains terrifiés par un destin inévitable. A votre avis, que feraient les hommes lorsqu’une menace d’ampleur planétaire venait les menacer ? Ils profiteraient de leurs derniers instants calmement avec les gens qu’ils aiment ? Ou ils paniqueraient en faisant n’importe quoi sans souci du lendemain, dévorés par la peur ?
C’est à cela que s’attaque Ito en nous racontant l’histoire de Rémina, une jeune fille dont le père a découvert une étrange planète qui semble se rapprocher du système solaire. Le contexte est celui d’un futur proche qui sert surtout à justifier de certaines avancées technologiques permettant d’en apprendre pas mal sur cette planète alors même qu’elle se situe à des années lumières. Au début, c’est une vraie découverte scientifique qui vaut au professeur une certaine renommée. Il décide alors de donner le nom de sa fille à cette nouvelle planète. Rémina. Ce sera sa plus terrible erreur.
Car en effet, Rémina n’est pas une planète ordinaire. C’est une sorte d’être vivant gigantesque qui se rapproche dangereusement et qui semble ne rien laisser derrière lui. Un dévoreur de mondes. De plus, compte tenu de sa distance et du temps que prend la lumière pour nous parvenir sur Terre, nous savons bien que nous observons le passé dans le ciel. Qui sait donc à quelle distance réelle se trouve Rémina sachant que sa vitesse varie ? Au début cette énorme sphère donnera l’impression de n’être qu’une planète suivant une trajectoire illogique (ce qui est déjà pas mal inquiétant) mais plus elle se rapprochera, plus son vrai visage se dessinera. Et quand je dis visage, c’est littéral. On pourrait un peu rapprocher Rémina de Ego la planète vivante chez Marvel. Sauf qu’elle ne parle pas. C’est un organisme grotesque dotés d’yeux non symétriques et d’une bouche. Cela peut prêter à sourire au début, mais l’immensité d’une telle créature et ses similitudes relative avec un visage lui confèrent, et en particulier à son œil, l’aura d’une entité divine venue nous juger. Mais j’y reviendrais.
Ce qui ne fait clairement pas rire par contre, c’est l’état de panique dans lequel vont se retrouver les terriens, et plus principalement les habitants du Japon puisque ce sont eux que nous suivons. Car voilà, Rémina (la fille) est devenue célèbre entre temps. Elle a été propulsée en couverture de magazines suite à son association avec cette curieuse planète qui fascine tout le monde et comme elle est très belle, elle est devenue populaire. Elle a débuté une carrière de chanteuse et a de nombreux fans. La critique sociale démarre dès cet instant, nous poussant à nous questionner sur les raisons pour lesquelles certaines célébrités ont pu faire carrière. Il semblerait qu’il suffise de faire n’importe quoi ou d’être mis sous les projecteurs à notre insu (ce qui est le cas de la jeune Rémina qui n’apprécie guère d’avoir pu percer pour une raison aussi douteuse).
La rançon de la gloire va être dure quand la planète va s’avérer être un terrible danger pour la Terre. La folie va s’emparer des humains, complètement impuissants face à une telle menace. A quoi s’accrochent-t-ils dans ce genre de cas désespéré où leur vie est menacée et leur quotidien régi par la peur ? A n’importe quoi. Il faut trouver un fautif. Il faut briser la malédiction qui s’abat sur eux. Il faut faire quelque chose, n’importe quoi qui soit en leur pouvoir (c’est-à-dire des choses futiles). Et pourquoi ne pas punir le type qui a découvert cette planète et sa maudite fille qui porte le nom de cette entité destructrice ? Ce sont surement eux qui ont attiré ce fléau sur Terre.
Une hystérie fanatique va s’emparer de la population alors qu’un leader spirituel exhortera la population à traquer et assassiner cette pauvre fille. Cela peut paraître complètement démesuré mais hélas l’histoire nous a déjà prouvé que les hommes sont capables de commettre les pires choses au nom d’idéologies religieuses malsaines. Alors qu’en est-il lorsque la loi et la morale n’ont plus aucun sens à l’aube d’une destruction totale, quand plus aucune barrière ne peut empêcher les superstitions et les peurs de dominer l’être humain ?
Il va s’en suivre un jeu du chat et de la souris pour cette pauvre Rémina qui sera tout de même protégée par quelques amis face à une horde de gens qui n’ont rien à envier aux zombies régis par un instinct primaire de survie. Elle et son père seront ligotés sur une croix auxquels ses tortionnaires mettront le feu. Impossible de ne pas penser au Ku Klux Klan face à de tels agissements.
Nous nous intéresserons entre temps à certains « amis » de Rémina qui lui permettront de fuir. Des fans censés s’inquiéter de sa sécurité. Mais Ito nous montrera les dangers de l’idolâtrie. Il y a bien sûr les fous dangereux qui veulent la tuer car ils la prennent pour une sorte de messie infernal, mais ses anciens fans qui la prennent pour une déesse ne sont guère plus rassurants. La jeune fille se retrouvera bientôt seule tant son entourage est peuplé de déséquilibrés.
L’histoire va ensuite basculer dans la folie furieuse lorsque la planète Rémina s’arrêtera près de la Terre. En effet, comme un gros bébé se préparant à avaler un bonbon, la planète va regarder la surface de la Terre de son œil gigantesque, plongeant dans une terreur sans nom ses habitants. Puis elle va sortir sa langue.
Ici, on bascule dans un aspect un peu Grand-Guignol complètement dingue mais pas déplaisant pour autant. La langue de Rémina va lécher la surface de la Terre, ce qui évidemment va se manifester par de terribles cataclysmes et des morts par millions. La Terre va tourner de plus en plus vite, créant un effet d’apesanteur sur les humains restant.
La jeune fille sera sauvée par un SDF épargné par la folie ambiante. Tiens…faut-il être un homme privé de rêves et d’espoirs pour ne pas craquer face à la fin du monde ?
Quand je dis que ça devient dingue c’est qu’à présent les êtres humains volent quasiment et se poursuivent dans le ciel. Les poursuivants fanatiques sont tel un essaim de fous furieux. Amusant au début, mais avec toujours un petit sentiment de malaise. Je parlais du KKK tout à l’heure. Eh bien c’est un peu comme les regarder faire leurs réunions et se donner les noms de grand dragon violet machin du septième cercle dans leurs accoutrements débiles. Ils sont ridicules et pourraient faire rire s’ils ne commettaient pas des atrocités à côté. En gros c’est la folie, dans sa dimension absurde et grotesque mais aussi effrayante dans son jusqu’auboutisme.
Je vous épargne la fin et les passages s’intéressant à d’autres personnages qui espèrent fuir la Terre et se réfugier sur Rémina elle-même. Si vous connaissez Ito, vous vous doutez que face à l’ampleur d’un tel cataclysme, il n’y a pas grand-chose de possible à sauver. Une lueur d’espoir est toujours là à la fin…mais c’est un espoir bien maigre, voire cruel.
Globalement, j’ai beaucoup aimé le propos de l’histoire mais à ma première lecture j’ai eu un peu de mal avec la dernière partie. Ito joue cette fois-ci davantage avec la terreur engendrée par le gigantisme. Les planches montrant la planète Rémina en arrière-plan d’une foule en délire exhortant au sacrifice d’une jeune fille ont un impact très fort. Mais l’aspect scientifique de la dernière partie délirante me paraît un peu léger, tel qu’il pouvait l’être dans des récits de SF des années 50, comme Weird Science des EC Comics .
Je ne suis pas calé en la matière mais je ne suis pas certain que les humains survivraient à de tels bouleversements de la rotation de la terre avec comme seule conséquence la faculté de flotter dans l’air à toute vitesse. Cela donne un petit côté cheap, non pas à cause du grotesque auquel Ito nous a habitué car j’en suis plutôt client, mais parce que les phénomènes ne reposent pas sur des origines paranormales mais des principes scientifiques un peu survolés (sic).
Dans Spirale par exemple (que je n’ai pas encore lu), une malédiction frappe une ville et provoque plein de déformations en tous genres chez les gens, souvent en forme de spirale. C’est la folie complète, mais puisque cela repose sur une idée de malédiction, on ne peut pas s’offusquer en prétendant que ce n’est pas réaliste et scientifiquement possible. Là, c’est un peu différent dans Rémina. Du coup il en résulte quand même un sentiment un brin comique. Mais difficile de dire si c’est volontaire ou non. Car à certains moments, il est évident que Ito se moque de ces hommes obnubilés par le sacrifice de la jeune fille qui planent dans le ciel. Ils sont complètement ridicules et aveuglés par leur refus d’accepter leur sort. Je ne pense pas que l’auteur ait une très haute opinion du genre humain. Même si on croisera quelques humains gentils par-ci par-là, la majorité est une masse d’imbéciles faibles et pathétiques. Il y a donc une sorte d’allégorie rapprochant la « masse » et sa conscience primitive d’un essaim d’insectes insignifiants à l’intelligence limitée qui viennent se brûler les ailes à la lumière.
Après avoir eu quelques soucis sur la manifestation des actions de la planète Remina, je me suis posé une question. Pourquoi une planète vivante avec un visage presque humain ? Comme vous le savez, il n’existe que peu de types d’histoires. L’intérêt est souvent la façon de la raconter. Ito aurait pu utiliser une apocalypse zombie, une maladie, autre chose pour annoncer la fin du monde. Mais dans ce genre de cas, il y a toujours un espoir, des gens qui luttent pour trouver une solution. Quoi de plus inéluctable qu’une immense planète qui menace de pulvériser la notre ? Quoi de mieux pour déclencher une hystérie collective ?
De plus, je pense qu’il faut voir dans l’humanisation de la planète un moyen de renforcer le gigantisme effrayant. Une planète, tout le monde sait que c’est gros. On ne se sent pas forcément petit face à une planète. Mais ajoutez un œil de la taille de la Terre elle-même, et vous êtes face à un organisme vivant proche d’un visage auquel nous pouvons nous comparer, et donc prendre conscience de notre insignifiance face à une créature aussi démesurée. Un peu comme si nous vivions sur une balle prise entre les pattes d’un chat (une petite pensée pour les insectes SVP). Une force de ce manga est donc son imagerie titanesque et ce qu’elle évoque dans le cœur des hommes. Surtout que, comme mentionné plus tôt, cet œil ajoute un sentiment de voyeurisme étrange ou de jugement porté par une force supérieure. La planète ne semble avoir aucun sentiment et se fout surement de ce qu’elle voit, mais c’est un artifice de narration davantage adressé au lecteur. Une atmosphère qui donne l’impression que toute la folie meurtrière des gens est observée par un œil symbolisant une conscience supérieure telle la malédiction de Caïn qui sera observé par un œil jusque dans la tombe.
Finalement j’aime le récit tel qu’il est. Il perd un peu de sa dimension effrayante dans les passages plus délirants de la dernière partie, mais sans pour autant rendre le récit mauvais. Il le range surtout dans la catégorie des histoires plus intéressantes et visuellement créatives (Ito est très fort pour ça) que véritablement terrifiantes. Mais bon…qui sait ? Ceux qui préfèrent ne pas penser à l’insignifiance de leur personne face à l’univers et craignent la démesure (ça existe) pourraient être plus mal à l’aise que moi.
En tous cas, cela reste une bonne histoire. Quand on pense que tout cela vient d’un malheureux nom et de superstitions exacerbées par la peur…c’est sans doute ça le plus dérangeant.
La deuxième (courte) histoire du recueil intitulée « des milliards de solitudes » est assez effrayante mais malheureusement elle m’a un peu laissé sur ma faim. Comprenons-nous, Ito n’explique quasiment jamais l’origine des phénomènes paranormaux qui ont lieu dans ses histoires. Mais l’intérêt n’est pas là. Certains sont déçus de ces choix narratifs mais souvent ce sont les gens qui ont applaudi les explications bidons du films Cube 2 qui révélait qu’il s’agissait d’expériences militaires et blablabla, ouh les méchants militaires avec leur manque d’éthique etc. Pour ceux qui ne connaissent pas, Cube est un film dont le thème consiste à nous montrer plusieurs personnes enfermées dans un mécanisme infernal de pièces en forme de cube elles-mêmes dans un cube géant, bourrées de pièges.
Un concept simple et qui peut déplaire mais dont l’intérêt résidait sur l’ambiance, l’agressivité visuelle des couleurs et la paranoïa des personnages rendus fous par cette atmosphère et l’incompréhension de leur situation. La suite de ce film a voulu expliquer qui les avait enfermées, quel est le cube et à quoi il sert (quitte à broder une explication débile). Sauf qu’on s’en foutait. Le premier film marchait sur l’ambiance oppressante et ses répercutions sur les hommes. C’est exactement ce que fait Ito. Pour lui, il y a des phénomènes inexpliqués dans le monde, et plutôt que de chercher des explications tarabiscotées que ses héros découvriraient comme par hasard et qui ne tiendraient pas debout tant ses concepts sont parfois complètement fous et bizarres, eh bien il en explore les conséquences sur les gens ou simplement installe une ambiance inquiétante et démentielle.
Alors pourquoi cette histoire m’a laissée sur ma faim ? Peut-être faudrait-il que je vous dise en quoi elle consiste d’abord.
Des cadavres sont retrouvés cousus ensemble dans les rues. S’agit-il d’un serial killer ? Et pourquoi y a-t-il ce message étrange diffusé à la radio, un message presque hypnotique qui scande « soyons tous unis, tous ensemble, être seul est intenable » ? Plus ça va, plus les cadavres se multiplient et de simples couples cousus ensemble font place à des scènes dantesques où des dizaines et des dizaines de corps sont retrouvés cousus dans des arbres dans un amalgame grotesque de chair humaine. Ce n’est certainement pas l’œuvre d’une personne seule.
De plus, un avion parcourt le ciel et lâche des tracts avec le même message d’unité, de réunion que celui de la radio. Les gens prennent peur et n’osent plus sortir. Notre héros (car il y en a un) était déjà très solitaire, presque dépressif à rester enfermé chez lui. Il osera sortir un jour pour une réunion d’anciens élèves où il reverra une fille (son amour de jeunesse) mais à peine s’isolent-ils un moment pour parler que tous les autres disparaissent (même le chéri officiel de cette fille). Plus ça va et plus la paranoïa s’installe, les gens ont peur de sortir mais se sentent seuls. Encore une fois on peut y voir une transposition dans un univers fantastique d’une angoisse sociale réelle : la peur de l’autre, l’aspect confortable de la solitude mais par extension le caractère autodestructeur de l’isolement.
Tout ça a l’air vachement bien. Sauf qu’il fallait expliquer quand même un peu plus ces crimes. Pas forcément qui se trouve derrière l’organisation qui diffuse ces messages, mais qui sont ceux qui se sont sali les mains en tuant tous ces gens. Or, nous aurons juste une révélation, certes assez flippante, d’un criminel, mais sans savoir si c’est son premier crime, si c’était lui depuis le début ou s’il vient juste d’être emporté par la folie ou hypnotisé par le message radio. On sait qu’il ne peut pas y avoir un seul criminel, on sait que ça ne peut pas être cette personne. On ne voit qu’une conséquence qui laisse penser que ce sont les gens ordinaires qui deviennent fous et commettent ces actes. L’idée est très efficace, les crimes sont visuellement perturbants mais je trouve juste que la fin aurait mérité d’être plus développée afin qu’on comprenne qui sont ceux qui ont pété un plomb.
On se dit à un moment qu’une force supérieure doit être à l’œuvre…à moins que les gens s’enfuient et se tuent eux-mêmes ? Mais qui les coud après ? Ne pas répondre à tout est une chose mais l’histoire nous laisse avec un peu trop de questions cette fois.
Si je trouve ça dommage, c’est parce que les prémices de l’histoire sont très efficaces. Donc définitivement pas un mauvais récit. Mais pas assez exploité selon moi.
Ce sera tout pour ce volume très original qui compense ses quelques défauts de narration par des compositions visuelles mémorables teintées de symbolisme.
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Pire que Galactus et Ego : la planète Rémina de Junji Ito. Mattie Boy vous fait redécouvrir cet astre de noirceur et d’horreur chez Bruce Lit.
BO du jour : L’apocalypse selon Kenji Kawai pour illustrer une autre époque de massacres :
Quand même, il est fort, ce Ito, pour pondre toutes ces histoires d’horreur ! Respect.
Et bravo à Mattie-Boy pour mettre en valeur cela à chaque fois avec méthode et précision. Tu fais preuve d’une abnégation quasi-Présencienne pour chroniquer les oeuvres d’Ito !
Mais bon… malgré la richesse des thématiques abordées par cet auteur, le côté inquiétant et dérangeant de son univers m’en tiendra sans doute toujours éloigné…
Je suis étonné qu’entant que fan de Lovecraft, tu n’aies pas cité cette influence une seule fois.
« Ceux qui préfèrent ne pas penser à l’insignifiance de leur personne face à l’univers et craignent la démesure (ça existe) pourraient être plus mal à l’aise que moi. »
Car voilà bien un thème lovecraftien en diable.
Pour le reste, tu mets très bien en valeur, comme d’habitude, ce qui fait la force de cet auteur. Dommage que ça n’ait pas été traduit à l’endroit ces trucs…
Béh…disons que je mentionne Lovecraft dans chacun des autres articles sur Junji Ito donc bon…je prends ça pour acquis en fait^^ C’est une influence avouée du mangaka. On ressent ça dans les anciennes ruines de Spirale, dans les courtes histoires du recueil « le tunnel » et même dans « Black Paradox ».
Non seulement c’est pas traduit à l’endroit, mais bonne chance pour les trouver à prix raisonnable maintenant^^
J’ai eu du bol sur ce recueil, d’autres je les ai pris avant qu’ils soient épuisés (comme Black Paradox à 12€ alors que maintenant son prix crève le plafond)
J’ai un autre article en stock sur des histoires courtes (dont un tome que j’ai fait venir de Martinique parce qu’il n’étais pas vendu cher^^) et j’en ai 2 en anglais aussi (histoires pas encore traduites chez nous pour la plupart)
« Béh…disons que je mentionne Lovecraft dans chacun des autres articles sur Junji Ito donc bon…je prends ça pour acquis en fait^^ »
Le truc c’est que l’on oublie, entant que lecteur, beaucoup du contenu des anciens articles. Sans parler des éventuels nouveaux lecteurs.
Personnellement, je suis venu lire ton article avec davantage de motivation du fait que je sais qu’il s’inscrit dans un cycle d’articles sur Lovecraft. Sinon, un nouveau manga par un auteur que je ne connais pas, ça ne m’aurait pas interpellé.
Ouais c’est vrai.
J’avoue qu’hier j’ai pas pigé pourquoi tu avais remis la malédiction d’Arkham alors que tu en parlais déjà dans un autre article. Mais j’imagine que c’est mieux pour le lecteur qui débarque sur l’article sans avoir rien lu d’autre avant. Faut se répéter alors…
Je n’ai pas vu d’abnégation 🙂 dans cet article, mais une capacité épatante à transcrire l’intention de l’auteur.
J’ai relevé des thèmes ambitieux comme la critique sociale (métier : être célèbre, la facilité de désigner un bouc émissaire comme coupable), une approche psychologique (avec le comportement déviant des fans), une approche philosophique (le pouvoir d’un nom, et les conséquences qui vont avec pour la pauvre jeune femme Remina), la rage impuissante face à un événement arbitraire sur lequel on n’a pas de prise (l’arrivée de la planète), une questionnement sur la nature humaine (l’angoisse de l’inconnu), sans oublier la dimension gore (les cadavres cousus entre eux, voilà une image qui va me rester à l’esprit toute la journée). Si ma pile de lecture n’était pas déjà pleine pour l’année à venir, ce tome l’aurait rejoint direct.
« Si ma pile de lecture n’était pas déjà pleine pour l’année à venir, ce tome l’aurait rejoint direct. »
Et aussi si tu arrivais à le trouver^^
Il est hélas bien cher aussi celui là.
Mais oui tu résumes bien les thèmes qu’on peut trouver dans cette histoire qui est surement l’une des plus ambitieuses de Ito en matière de signification symbolique. Parce que d’autres histoires sont plus délirantes ou folles et terrifiantes sans forcément avoir une portée philosophique. Celle-ci par contre c’est indéniable.
Ah Présence tu as oublié d’ajouter à ta liste « un commentaire sur la pensée de masse », celle qui est toujours nivelée par le bas, plus primitive et exacerbée par une peur ou un objectif commun.^^
J’ai également oublié de dire que j’adore le titre de la seconde histoire : des milliards de solitudes.
Ouah ! Quelle ambiance ! Tu as choisi des scans superbes, Matt ! C’est sûrement le manga de Ito où il semble y avoir le plus d’action non ?
J’enrage de me rappeler être passé devant tout ça en occaz’ il y a à peine deux et d’avoir toujours différé ces achats pour acheter…du Marvel !
Définitivement une priorité à découvrir pour moi.
Je relie les réflexions de Ito sur le star system à nos nombreuses conversations sur le rock, Johnny et les Beatles 😉
C’est vrai qu’on peut dire que ça bouge dans ce manga. Cataclysmes, expédition spatiale pour aller se réfugier sur Remina (ha ha…les pauvres ignorants…), poursuite, meurtres.
Enfin Ito détruit tout dans Rémina. Des missiles sont lancés contre Remina…et ça marche pas et certains retombent sur terre et rasent le paysage. Inondations, etc. L’apocalypse quoi.
Au niveau des scans, crois moi j’en ai laissé un paquet de bons de côté. Visuellement, c’est assez impressionnant.
Mais bon après dans Spirale ça bouge beaucoup aussi avec toutes les manifestations dingues de la malédiction.
Voui tu aurais du sauter dessus quand tu les as vus^^
Bon et ma BO, vous trouvez pas que ça colle bien ? Ben moi si^^ Dans un film Rémina, je pense que ça rendrait bien.
En tous cas, on pourrait dire que « heureusement » Ito ne développe pas beaucoup ses personnages. Pas vraiment au point de les rendre très attachants. On peut les comprendre et ressentir de l’empathie pour eux mais il ne cherche pas à ce qu’on les adore.
Je dis heureusement, parce qu’il est tellement impitoyable avec ses persos qu’il pourrait nous briser le cœur si on les aimait trop^^ Remina (la fille) morfle tellement dans cette histoire…
J’ai beaucoup aimé ton article Mattie Boy, il est assez prenant, et tu m’as vraiment intrigué. Décidément, je dois me mettre à cet auteur. Je commencerai bien par celle-ci.
« toute la folie meurtrière des gens est observée par un œil symbolisant une conscience supérieure telle la malédiction de Caïn qui sera observé par un œil jusque dans la tombe »
C’est aussi une des représentations de Dieu, non ? L’oeil dans le triangle ? En tout cas il est clair que Ito a dû penser à cela. Et oui, je peux être angoissé par l’idée de gigantisme, mais aussi de tout ce qui est microscopique. Une sorte de vertige me prend quand je pense à l’infiniment grand et l’infiniment petit, un peu comme dans certaines visions lovecraftiennes, et cela me perturbe beaucoup. C’est donc très pertinent de la part de Ito. C’est une sorte d’incapacité à pouvoir faire quoi que ce soit face à une menace impossible à arrêter.
La BO : j’aime bien Kenji Kawai je crois mais sur le coup je trouve ça trop pompier.
Pour ceux vraiment intéressés, Gyo et Spirale (Uzumaki) sont dispos en anglais sur mamazone. Les éditions deluxe (intégrale) noires à moins de 20€
Bon certes, pourquoi lire un manga japonais en anglais, hein ? Euh…parce que c’est pas trouvable en VF^^
Enfin moi ça ne m’arrêterait pas.
J’oubliais qu’il y a aussi Tomié (chroniqué par Bruce) dans ces éditions VO noires.
Dommage qu’il n’y ai pas Black Paradox ou Remina…
J’ai enfin lu ce tome. Je me rends compte que l’édition n’est pas de Mangetsu mais de Delcourt Tonkam. Je crois que c’est la première histoire de Ito que je lis qui est de la pure science-fiction. Cela se déroule dans un futur proche avec des voitures volantes, ce qui est très étonnant de la part de Ito je trouve. En tout cas c’est beau, mais terrifiant. Il y a des pages et des pages de torture. Mattie a raison en disant qu’heureusement qu’Ito ne nous fait pas trop aimer les personnages. Encore une idée folle et, pour le coup, radicale de ce mangaka majeur.
« faut-il être un homme privé de rêves et d’espoirs pour ne pas craquer face à la fin du monde ? » Une remarque qui mérite réflexion.
Pour ce qui est de la science avec la présence de Remina, c’est évidemment impossible que les choses se passent ainsi si cela devait arriver. Et je pense que Ito fait de l’humour frontal. Il y a deux ou trois répliques qui m’ont beaucoup amusé.
Dans mon édition, la seconde histoire est en couleurs sur les douze premières planches, et c’est encore plus perturbant que les histoires en noir et blanc : je l’avais déjà lue dans le recueil Histoires courtes (où il y a les mêmes couleurs). Mais comme toi, je trouve que la fin n’est pas assez satisfaisante ni même très claire.