Black Power (Marvin Gaye)

Pochette de disque I Want You de Marvin Gaye, par Ernie Barnes

Par : TORNADO

 

La black attitude

La black attitude

I WANT YOU est un album de Marvin Gaye. Il est sorti en 1976.

Cet article vous propose de vous attarder sur la pochette de cet album, réalisée par le peintre afro-américain Enie Barnes.
L’idée est de remettre cette illustration dans le contexte de sa découverte par votre serviteur, afin de créer un axe par rapport à sa propre culture geek, qui a ainsi joué un rôle important dans son parcours et son arrivée in fine au sein de ce blog.
Par extension, je vous invite à revisiter toute une époque et de faire le lien entre divers mediums qui, même si cela ne paraissait pas gagné au départ, finissent par former un tout unique et global au sein de la sphère geek…

L’art d’Ernie Barnes

L’art d’Ernie Barnes

1- Un peu d’histoire.

Il y a donc tout d’abord le tableau intitulé Sugar Shack, que le peintre Ernie Barnes réalise initialement en 1971. C’est ce tableau qui sera « recyclé » cinq ans plus tard pour les besoins de la couverture du disque I WANT YOU, enregistré par Marvin Gaye sous le label Motown.
A l’époque, Marvin livre son treizième album et l’auteur-compositeur-interprète est déjà, depuis longtemps, une immense star internationale. Il s’agit donc d’une consécration pour Ernie Barnes. Ce dernier n’est pourtant pas un inconnu puisqu’il a été, dans un premier temps, une vedette du football américain durant toute la première moitié des années 60 !
Au tournant des 60’s et des 70’s, Barnes entame un virage radical en embrassant une carrière d’artiste peintre. Dans un premier temps, il se fait remarquer en illustrant le sport. Mais, peu à peu, il abandonne cet univers pour des thèmes plus personnels, privilégiant une vision romantique et positive de la condition afro-américaine.
Il fait partie, au bout du compte, du mouvement américain néo-maniériste, un sous-genre du Pop’art qui aura marqué son époque aux USA, en embrassant une certaine idée de la contre-culture.

Quand les artistes actuels citent leurs classiques…

Quand les artistes actuels citent leurs classiques…

Les artistes afro-américains ont le vent en poupe en ce début des années 70. En 1971, la ségrégation a pris fin depuis sept ans (seulement !) et le phénomène de la Blaxploitation envahit tous les mediums, principalement la musique pop et le cinéma, mais également les arts plastiques et la bande dessinée.

Une mode lancée par le film Shaft Les Nuits de Harlem de Gordon Parks (après un Sweet Sweetback’S Baadasssss Song plus confidentiel réalisé par Melvin Van Peebles), et doublée par le succès de la bande-son, écrite, composée et interprétée par un Isaac Hayes tout puissant, fraichement auréolé d’une poignée de disques au succès planétaire à base de reprises de Burt Baccharach, sur-transcendées et lancinantes (Walk On By, The Look Of Love, etc…).
Au passage, Shaft le film se traîne une réputation totalement injustifiée de film ringard, alors qu’il s’agit en réalité d’un solide polar social estampillé 70’s, dominé par le charisme de l’acteur Richard Roundtree, et bien meilleur que la plus-part de ses avatars. Mais c’est bel et bien l’album d’Isaac Hayes qui demeure aujourd’hui le fer de lance du mouvement Blaxploitation, car le succès du disque fut tel qu’il lança à lui seul la mode des productions black durant la première moitié de la décennie aux pantalons « pattes d’eph ».
A noter, peut-être, l’importance du compositeur Lalo Shiffrin dans le contexte de la Blaxploitation. Car la bande originale du film Bullitt, pourtant composée en 1968, portait déjà l’essence du son qui deviendra l’apanage de la Blaxploitation (sorte de jazz funky gorgé de guitares rythmiques, d’énormes basses et d’instruments à cordes à volonté).

La grande époque de la Blaxploitation !

La grande époque de la Blaxploitation !

La rencontre entre la musique de Marvin Gaye (qui avait lui-même participé à la Blaxploitation avec la B.O. du film Trouble Man sorti en 1972) et des images d’Ernie Barnes se situe ainsi parfaitement au carrefour de cette tendance « black-power ».

Pourtant, lorsque I WANT YOU sort en 1976, la critique musicale lui réserve un accueil très mitigé. Marvin, qui bénéficie d’une liberté créative totale, accouche d’un album qui, s’il reste dans l’esprit de la black-music des 70’s, erre un peu à la croisée des genres. Ainsi, nul ne peut classer ce disque qui semble zigzaguer entre la soul vieillissante, le funk encore larvaire et le disco naissant. Dans cet état d’esprit postmoderne avant l’heure, l’artiste était tout simplement en avance sur son temps.

Depuis le succès de What’s Going On (1971), son chef d’œuvre, le crooner a également enregistré Let’s Get It On (1973). Soit deux albums qui l’imposent comme un auteur à même d’aligner les albums-concept, ce qui reste exceptionnel au sein de la production musicale afro-américaine (quand bien même c’était la mode). Si What’s Going On était un véritable pamphlet à l’encontre des maux de notre monde (Marvin y chantait la lutte pour les droits civiques, les affres de la guerre du Vietnam et l’éveil à l’écologie), Let’s Get It On opérait un virage à 180 degrés en se détachant des sujets graves pour mieux plonger dans une quête mystique où le chanteur entreprenait d’associer l’extase charnelle (inspirée de sa relation extraconjugale avec Janis Hunter, une mineure de dix-sept ans !) avec une communion céleste et un rapprochement de Dieu. Soit une manière toute personnelle d’exprimer sa foi…
I WANT YOU est l’album de la libération pour Marvin, qui exprime pleinement sa sexualité amoureuse avec Janis, attestant d’une certaine plénitude, même si cette dernière ne sera que passagère…
C’est cette alchimie entre la liberté sexuelle de l’époque et l’émancipation toute personnelle de l’auteur, ajoutée à la richesse visionnaire de sa partie musicale qui fait toute la magie de cet album, à la fois chaud comme la braise, sophistiqué et parfaitement dénué de toute vulgarité primaire.

Ainsi, s’’il ne s’agit pas de l’album phare de l’artiste, il marquera durablement les esprits jusqu’à briller aujourd’hui à la lumière de la nouvelle génération qui s’en nourrit directement (Lenny Kravitz, Seal, Cunnie Williams, Robin Thicke…). Un album qui capte par ailleurs un Marvin au sommet de son art vocal (il faut entendre le maître additionner une, deux, puis trois voix sur le sublissime « Soon I’ll be loving you again »), laissant couler une poignée de titres qui s’enchaînent comme s’il n’y en avait qu’un, pour un ensemble épuré, parmi les plus cohérents jamais entendus. D’ailleurs, si vous aimez le single « I Want You », tout l’album en est le prolongement !
Probablement l’album que j’emmènerais sur une île déserte, sachant que l’édition deluxe sortie en CD offre le plaisir infini d’y découvrir une tripotée de bonus alignant les versions allongées, les titres inédits ou alternatifs. En bref, le bonheur, estampillé 70’s…

Le rendez-vous du dimanche après-midi…

Le rendez-vous du dimanche après-midi… © Sony Pictures

2- Dans la sphère du geek.

Lorsque Bruce m’a proposé d’écrire un article sur la pochette d’un album rock, j’ai immédiatement joué les mauvais élèves en bifurquant sur un autre univers musical (Exact ! -5 ! Ndr). Non pas parce que je n’aime pas le rock. En vérité, j’écoute du rock, mais pas seulement. Et surtout, ce n’est pas le genre musical qui a fait de moi le geek que je suis aujourd’hui.
Avant tout, il y a eu la musique des noirs et l’univers du disco. C’est là dedans que j’ai grandi. Mon grand frère et ma grande sœur sortaient en discothèque au son des Bee-Gees à l’époque où je n’aurais, pour rien au monde, raté un épisode de Starsky & Hutch à la télé (diffusé initialement lors de l’été 1978, exactement en même temps que la première saison de Goldorak  !). Et d’ailleurs, puisque l’on parle des animes japonais, je me souviens que la musique que l’on y entendait (en dehors des génériques massacrés par nos chanteurs français) suintait le disco ! Et pour boucler la boucle, la première saison de Starsky & Hutch, en partie écrite par Michael Mann (et ouais !), bénéficiait d’une bande-son signée… Lalo Schifrin !

Starsky & Hutch étaient les petits frères blancs de Shaft et je m’identifiais parfaitement à leur black-attitude. Quant à leur copain indic, le truculent Huggy-les-bons-tuyaux, avec le recul, il semble sortir tout droit de la pochette de disque peinte par Ernie Barnes, et nombreuses sont les scènes de la série qui font écho à l’ambiance de cette image !

Ainsi, toute mon enfance est dominée par la musique noire. Elle y est présente dans tous les coins. Et l’univers de la Blaxploitation s’affiche dans tous mes souvenirs d’enfance.
D’aussi loin que je me souvienne, ce bon vieux Scooby-Doo rencontrait, juste après Batman (crossover !), les Harlem Globetrotters, l’équipe de basket dont la popularité allait engendrer la première série animée dédiée à des afro-américains dans une production des studios Hanna-Barbera, qui se déclinera, à son tour, en une série de comics !

Geek’s special origins…

Geek’s special origins…

Si l’on cherche encore, on va retrouver les ramifications de cet univers de la Blaxplotation jusque dans les histoires de super-héros. L’exemple le plus célèbre étant probablement la série Heroes for Hire, où l’éditeur Marvel Comics associait Iron-fist et Power-man (alias Luke Cage) en faisant d’une pierre deux coups puisqu’il effectuait, ainsi, la fusion entre la blaxploitation de Shaft et le kung-fu de Bruce Lee , soit les deux genres à la mode du moment…

On retrouve d’ailleurs le parfum de la blaxplotation chez Marvel avec un autre mélange iconoclaste où un énième clone de Shaft, qui s’appelle désormais Blade, rencontre Dracula, pour une recette mélangeant cette fois la black attitude avec l’horreur de la Hammer (ou la diversification selon Marvel) !
Forcément, cette iconographie me fascinait encore plus lorsqu’elle se déclinait jusque dans les Strange, les Titans et les albums Artima de mon grand frère ! L’ensemble, imagerie et musique, formait un tout cohérent, un univers excitant et coloré, qui m’a accompagné tout au long de cette enfance placée sous le signe de la contre-culture.

Geek’s special origins (suite)

Geek’s special origins (suite)© Marvel Comics

Ainsi, bien des années plus tard, lorsque j’étais étudiant et que je suis tombé sur un exemplaire CD de l’album de Marvin Gaye, la pochette du disque m’a frappé. Car c’est tout un univers qui est remonté de mon inconscient, en ligne directe depuis l’enfance.
A cette époque, d’ailleurs, j’écoutais principalement du rock, et mes étagères étaient remplies de Led Zeppelin, Alice Cooper, ACDC, voire de Red Hot Chilli Peppers et de Rage Against the Machine pour les découvertes les plus récentes. Et au dessus de tous, trônaient mes Pink Floyd.
Mais cette pochette peinte par Ernie Barnes allait bouleverser la donne et me replonger dans mes racines noires car, dès la première écoute, la musique de Marvin Gaye a eu sur moi l’effet d’une madeleine de Proust. Et mon amour passé pour cette musique s’est réveillé de manière fulgurante !

J’ai alors replongé dans les années 70 au rayon de la soul et du disco. Et j’ai renoué avec Marvin Gaye, avec James Brown, Aretha Franklin, Willie Hutch, Gil Scott-Heron, Curtis Mayfield, Isaac Hayes, Barry White, Al Green, Bill Withers, les Temptations, Stevie Wonder et le grand Donny Hathaway, comme si je retrouvais de vieux amis perdus de vue depuis des lustres. Et pour moi, aujourd’hui, cette musique forme avec ma stature de geek un tout parfaitement cohérent dont les racines viennent de la même matrice.
Un peu comme le cinéma de Quentin Tarantino, qui réalisera d’ailleurs le film Jackie Brown comme un hommage à Foxy Brown, l’un des étendards de la blaxploitation, avec la même actrice-phare, de retour trente ans plus tard : Pam Grier !

Le résultat ? Une passion jamais démentie pour la culture geek et la musique dans ses multiples formes culturelles (sauf pour le hip-hop qui, même s’il vient des mêmes racines, s’est à mon sens détourné de l’élégance originelle de la musique black afin d’épouser le bling bling vulgaire et racoleur). Et ma discothèque idéale affiche désormais un best-of parfaitement varié, où Pink Floyd et Marvin Gaye côtoient Miles Davis, Jeff Buckley, Stan Getz, Gainsbourg, Talk Talk, Santana et David Sylvian. Quant à Bruce Lee , Star Wars, Spiderman , Dracula , King Kong et tous les germes de la culture geek, ils font étrangement écho, en ce qui me concerne, à cette pochette de disque signée Ernies Barnes…

 A chacun son best of !

A chacun son best of !

—-
LA BO du jour : I want you so bad…

46 comments

  • Présence  

    Dès que j’ai vu Marvin Gaye annoncé sur facebook, j’ai su qui était l’auteur de l’article. La remise dans le contexte est magistrale, à commencer par la présentation de l’artiste de la pochette que je ne connaissais pas du tout.

    J’avais déjà écouté l’album de Shaft avant de rencontrer Tornado sur amazon, et j’étais déjà un grand amateur de Lalo Schiffrin dont les sonorités avaient marqué ma mémoire, sans que je m’en rende compte, avec le générique de la série Mannix. Mais c’est Tornado qui m’a convaincu d’écouter Marvin Gaye. Je ne suis pas en phase avec ce type de musique, ce n’est pas ma culture.

    Par contre c’est à nouveau les articles de CD écrits par Tornado qui m’ont permis de me faire une idée plus juste de la blaxploitation et de la forme abâtardie qu’elle a prise dans les comics, avec Shaft et Power Man (quelle tiare !), généralement des comics écrits par des blancs qui singeaient des codes sociaux qui n’étaient pas les leurs.

  • Bruce lit  

    Alors, j’ai bcp aimé le volet autobiographique et sociologique de l’article. Tout simplement parce je suis totalement ignare en culture noire: je dois avoir à la maison quelques Nina Simone, 2 stevie Wonder, 1 Prince et 2 Jackson.Et je n’ai jamais vu un seul Blackploitaion. Même pas Shaft. Ma culture est totalement white trash en fait.

    Surement par esthétisme : je n’appércie ni le blues, ni le jazz. J’ai horreur du funk et du disco. Je n’apprécie la Bo de Staurday Night Fever que depuis 3 ans…Je deteste les envolées de corde, les sons de basse, les harmonies vocales, et ces sons de guitares. J’ai fait un effort titanesque pour écouter ton Marvin là. J’entends tout ce qui va me sortir par les orseilles : du Kool and the gang, du Barry White, c’est trop sexe, trop cocktail, trop lascif pour moi qui ait besoin de souffrances, de violence en musique.
    Du coup à te lire tout est cohérent : je comprends également pourquoi rejetant cette culture je n’apprécie ni les heros à louer, pourquoi Scoubidou ne m’a jamais passionné et le fait que Starsky et Hutch, je n’en aimais que le générique.
    Les rues de San Francisco, ça rentre dans le kit non ?

    Quant à la pochette, je l’aime pas du tout même si c’est tout à fait le genre de fresque que l’on pourrait croiser dans les rues d’Amérique Latine.

    Ne crois pas pour autant que je n’aime pas ton article. Bien au contraire, c’est un beau moment d’écriture entre ce que tu étais et voulait être que tu décris et reçu parmi les premiers des contributeurs, il m’a obligé de par sa paertinence à revoir le mien sur Pink Floyd. POur moi, à ce jour, le meilleur Tornado 2017.

    • Matt  

      Oh là là, tu n’aimes ni jazz, ni blues ni les harmonies vocales (donc pas de gospel) ? On n’a vraiment pas les mêmes goûts musicaux…

      Sinon très chouette article. Je ne connais bien entendu pas grand chose à tout ça. Ma culture musicale se résume à ce que j’entends dans les films et parfois même je n’ai pas la curiosité d’aller voir si ce sont des reprises de groupes connus.
      J’aime la musique comme tout le monde, mais je n’ai jamais suivi de groupe. J’aime rarement tous les titres d’un groupe donc je navigue.
      J’y connais pas grand chose non plus en blacksploitation. Même si le jazz, soul, blues, gospel, j’aime beaucoup. mais là encore ça dépend par qui.
      J’ai cru que j’allais lâcher l’article au début avec toutes les références musicales qui me donnaient l’impression de lire du chinois…mais quand tu commences à raconter ton vécu personnel, c’est sympa^^

      Et je ne connaissais pas Marvin Gaye. C’est pas trop mon truc non plus mais ce n’est pas désagréable pour autant.

        • Bruce lit  

          Ah ! Si ! La Motown j’adore ! ouf…..

        • PierreN  

          @Matt: Je te rassure, je n’ai aucun gênes en commun avec les Skrulls, les Klingons, les Cardassiens ou les Kryptoniens. 100% terrien certifié ! X)

          Mais sinon oui il y a plein de sujets sur lesquels je n’y connais que dalle, et pas qu’un peu (la philo, les Maths, le bricolage, tout ce qui a trait aux bagnoles et au sport), surtout quand ils ne m’intéressent guère, et dans ce domaine j’ai tendance à les oublier, comme si mon cerveau me disait plus ou moins consciemment « c’est pas la peine d’encombrer le disque dur avec ça, contente toi de l’essentiel et de ce qui t’intéresse, les Maths du balais ».
          En littérature j’ai pas mal de lacunes aussi, alors que pourtant je suis passé par la filière L.

  • Matt  

    Tiens le film Ladykillers des frères Cohen perdrait pas mal d’intérêt sans sa BO

    https://www.youtube.com/watch?v=74fM13LTV5Y

    Je ne suis pas croyant mais si on chantait ça dans nos églises plutôt que de réciter des versets chiants, j’y serai allé plus souvent.

    • PierreN  

      Si l’ambiance habituelle des églises était plus proche de la fameuse scène de Blues Brothers, j’y serais aussi allé plus fréquemment, et pas seulement pour les marriages et les enterrements.

      https://www.youtube.com/watch?v=Q3ypX22-SYY

  • JP Nguyen  

    Arf, voilà un article très bien mené qui allie érudition décontractée et confessions intimes.

    Bon, pour que vous compreniez bien mon niveau en culture musicale : je connais « I want you » via sa reprise par Madonna sur l’album « Something to remember ».
    Et encore, ça, c’est l’époque où j’ai commencé à écouter des albums entiers (gravés sur CD puis partagés en MP3, vive le campus)
    Avant ça, j’étais biberonné au top 50 et à la radio.

  • Tornado  

    Pfiou ! Le hasard a voulu que le jour où mon article est publié soit une très grosse journée de boulot !
    Merci pour les retours ! J’ai conscience que je fais un peu figure d’exception au sein du blog avec cet amour pour la soul et le disco.

    @Bruce : Toi qui adore Abba, c’est du disco ! Bon, d’accord, c’est des blancs.
    Les Rues de SF entre effectivement dans le moule – Musique : Qincy Jones (terrible !).

    @Pierre : Marvin s’épanouit effectivement à partir du moment où Berry Gordy (fondateur de la Motown et… son beau-frère !) lui lâche la grappe. C’est là qu’il écrit son chef d’oeuvre, l’album « What’s Going On », qui condense des années de frustration artistique (un peu comme lorsque George Harrison quitte les Beatles et réalise son album All Things Must Pass.

    @Matt : Dans le genre de BO funky relativement récente, qui pioche pas mal dans l’esprit de cette époque, tu as celle de Ocean’s Eleven. Encore plus récemment, il y a eu aussi celle de « The Nice Guys ».

    A propos de Marvin, un biopic est dans les cartons d’Hollywood depuis des lustres et fait partie des arlésiennes du cinéma.

    • Bruce lit  

      Pff…Moi ça fait deux jours que je suis sous l’eau…
      Bref…Je rappelle quand même que je n’ai pas ma carte KKK hein ?
      Abba : j’aime tellement leur musique (depuis à peu près 2 ans maintenant) que je pensais à chroniquer le film Mamma Mia…Mais bon je me dois d’être raisonnable.
      Je ne suis pas tout à fait d’accord : Abba est un groupe de pop dans la plus pure tradition qui a eu des tubes disco. Comme les Bee Gees ou…Cloclo..

    • Matt  

      Bon moi j’ai un peu de mal avec la classification des genres de musique, mais si la soul c’est ça :

      https://www.youtube.com/watch?v=thUQr7Q1vCY

      Ben t’es pas tout seul Tornado, j’aime beaucoup^^

      Mais moi entre blues, soul, funk, j’ai du mal. Ray Charles ça emprunte aussi au gospel alors…aspirine !

      • Bruce lit  

        ah…Les PLatters, oui c’est chouette. J’adore Armstrong aussi.

  • Patrick 6  

    C’est amusant parce que si nous avons été bercé par les même ambiances et les même musiques pendant notre enfance (ah le générique des Harlem Globetrotters ! je l’aimais bien plus que le dessin animée en lui même ! Huggie les bons tuyaux, tout ça tout ça…) pour autant la suite des événements fut bien différente pour moi car la musique que j’ai écouté n’était noire qu’au sens figuré 😉
    Je suis revenu aux musiques dites Black que plus tard par le biais de Nina Simone ou Billie Holiday par exemple…
    Ceci dit tu m’as bien vendu cet album de Marvin Gaye, je vais le télécharger de ce pas !

  • Jyrille  

    Je crois que je suis d’accord avec Bruce : le meilleur Tornado de 2017 à ce jour. Tes rapprochements avec les dessins animés Hannah Barbera sur les Harlem Globe Trotters m’ont immédiatement parlé, j’adorai ça. J’adorai également celui sur les Jackson 5, mon amour pour ce genre de musique (la Motown en gros) doit dater de là. Ton article est fantastique et passionnant pour toutes les raisons que Présence invoque, et les autres aussi, et sans doute grâce à la partie autobiographique, tu as su lier tous ces éléments pour expliquer que nous formons un grand tout, influencés par diverses sources.

    Je connais peu Marvin Gaye, à part ses tubes de la Motown et son album What’s Going On (que j’écoute peu mais qui me file des frissons à chaque fois), même si j’ai déjà écouté son Let’s Get It On et celui-ci. Mais je ne les ai pas. Grâce à Captain America 2 Le soldat de l’hiver, j’avais tenté Trouble Man, mais je l’ai trouvé plutôt moyen, avec quelques bons titres. Par contre je suis fan de la BO de Shaft. Je n’ai pas réussi à regarder le film jusqu’au bout mais je retenterai sans doute (il est tout de même un peu amateur par certains côtés). J’ai aussi écouté Superfly de Curtis, Curtis, un peu d’autres trucs que j’ai oubliés, mais je ne suis vraiment pas un spécialiste de cette frange de musique. Pour moi, Marvin Gaye est le mec le plus classe du monde à égalité avec Bowie et Nick Cave.

    Je n’avais pas remarqué que Starsky et Hutch avait cette attitude cool hérité de la blaxploitation pourtant c’est évident en revoyant les photos. Je ne connaissais pas Ernie Ball mais cette iconographie me parle énormément, j’aime vraiment. Je suis d’ailleurs étonné que comme Miles, tu ne mettes pas plutôt On The Corner, qui est très légèrement antérieur, et qui partage cette imagerie que tu dissémines tout au long de l’article. Je suis vraiment soufflé, même si j’ai un peu dû batailler sur FB ce matin suite à une de tes phrases (musique des noirs au lieu de musique noire…). D’ailleurs tu devrais peut-être essayer de jeter un oeil à la bd de Bourhis et Brüno.

    Enfin, même si je crois avoir oublié de dire des trucs, j’aimerai partager avec vous une reprise de Marvin Gaye par les Dirtbombs que je trouve terrible : https://www.youtube.com/watch?v=AF63YhFtSsc

    • Tornado  

      « musique des noirs au lieu de musique noire… »

      Moi et les doctrines… hein. Et les doctrines des critiques de musiques…
      J’assume pleinement ma formule : C’est LA MUSIQUE DES NOIRS. Le titre de l’article est bien BLACK POWER. Mon amour pour cette musique et pour ces musiciens est suffisamment inconditionnel pour que je n’aie pas peur d’assumer les mots. Ces artistes sont pour moi des idoles, que j’admire et que je respecte. Je ne me rabaisserais pas à employer des mots politiquement corrects pour flatter la bienpensance de certaines personnes qui voient le mal partout où il n’y est pas.

      J’ai lu le post de l’internaute sur Facebook. Son ton est arrogant, donneur de leçon et gratuitement prétentieux puisque il n’y a pas d’arguments dans la balance. Je ne suis pas certain d’avoir envie de lui répondre.
      Puisque, apparemment, je n’y connais rien à cette musique et que mon article témoigne d’une bêtise et d’une méconnaissance crasse ; que le passage où je dis que le hip-hop s’est détourné de l’élégance originelle de la musique black afin d’épouser le bling bling vulgaire et racoleur est mal passé, voici quelques précisions :
      La fin de la ségrégation aux USA date de 1964 (année où la loi stipule donc que les noirs peuvent fréquenter les mêmes établissements que les blancs, monter dans le même bus, dormir dans les mêmes hôtels, etc.). Quand on y pense, c’est édifiant de se dire qu’un pays aussi civilisé que l’Amérique ait voté cette loi aussi récemment ! Et pour ces musiciens du début des années 70 auxquels mon article fait référence, 10 ans ne s’étaient pas encore écoulés depuis. Il y a donc bel et bien une frontière, à l’époque, entre les musiciens noirs et les musiciens blancs. Il y a bien entendu des exceptions : Le jazz est métissé depuis longtemps déjà. mais pour ce qui est de certains styles de musique, comme la soul ou le rythm’n blues, c’est le domaine des noirs. A cette époque, le mouvement Black Panther opère une très grosse pression dans ce milieu et les artistes noirs qui embauchent des musiciens blancs sont extrêmement mal vus par leur communauté. Je me souviens d’une anecdote savoureuse : Alors qu’à l’époque Miles Davis noue des liens avec pas mal de musiciens blancs, les Black Panther lui enjoignent de cesser ce genre de collaboration et de ne jouer qu’avec des frères noirs. La réponse de Miles est aussi fine qu’imparable : « Si vous trouvez un guitariste noir meilleur que John Mac Laughlin, je m’engage à le remplacer » ! Superbe parade qui coupe l’herbe sous les pieds de ses détracteurs tout en témoignant de son respect pour ses musiciens, même les plus causasiens !
      Dans le même temps, vous pouvez toujours chercher dans le milieu de la soul pour trouver des musiciens blancs. A part autour d’Otis Redding ou de Sam Jones (qui viennent d’ailleurs de mourir), qui incarnent le « bon noir » aux yeux de l’Amérique raciste, il n’y en a pas ! James Brown est ouvertement sympathisant du mouvement Black Panther et annule à tour de bras des concerts où il ne voit aucun noir dans le public ! Et franchement, même pas 10 ans après la fin de la ségrégation, est-ce qu’on ne peut pas les comprendre ?

      Tiens, pour ce qui est du hip-hop, l’internaute m’accuse d’une rare méconnaissance des années 70 lorsque je dis que ce mouvement musical s’est détourné de l’élégance de ses racines. Dans les années 70, il y a le grand Gil Scott-Heron qui se fait connaitre par ses poèmes scandés sur des percussions (uniquement sur ses premiers albums entre 1969 et 1973). Plus tard, on dira de lui qu’il est le père du rap et que le rap est né à ce moment là. Sauf… Sauf… Sauf que Gil Scott-Heron, qui est une de mes idoles absolu et dont je connais la discographie et la biographie sur le bout des doigts, a complètement tourné le dos à cette paternité, refusant la chose sans ambiguïté. Voici d’ailleurs ce qu’il répond aux rappeurs dans sa chanson « Message To The Messengers » :
      -« Four letter words or fours syllable words won’t make you a poet, It will only magnify how shallow you are and let ev’rybody know it. »
      -« There’s a big difference between putting words over some music, and blending those same words into the music. »
      Je campe ainsi sur mes positions et je l’assume : Le hip-hop représente pour moi, trois fois hélas, la mort de la musique des noirs. Ils se sont majoritairement détournés de la classe initiale de leur musique (et je suis d’accord avec Cyrille quand il dit que Marvin est le mec le plus classe du monde !), eux qui ont totalement inventé la musique moderne depuis le blues et le gospel, pour embrasser le bling-bling racoleur de la variété actuelle. Oh ! bien entendu il y a des exceptions. Mais musicalement, le hip-hop, c’est quand même majoritairement extrêmement vulgaire. C’est mon avis.

      Voilà. Ça c’est juste pour réagir au malentendu qui voudrait qu’en disant « musique des noirs », j’ai pu laisser entendre que je faisais le débile…

      • Matt  

        C’est politiquement incorrect de dire « musique des noirs » maintenant ?
        Pfiou…
        Et la vigie noire dans Astérix c’est du racisme odieux, etc. Les gens cherchent le mal là où il n’y est pas, c’est fou.

        Par rapport à la fin de la ségrégation assez tardive, en France on a quand même interdit aux femmes de voter jusqu’en 44.
        Et même si on a dépénalisé l’homosexualité à la fin du 18eme siècle, en Angleterre c’était encore puni de prison après la seconde guerre mondiale. Des trucs choquants, il y en a.

        Je n’aime pas le hip hop non plus, mais j’imagine que ça ne fait pas plaisir à ceux qui sont fans.^^

      • Jyrille  

        Merci pour ta réponse, Tornado. Certains passages mériteraient d’être dans l’article, il faudra y penser un jour de reboot… J’ai beaucoup aimé tes explications sur Gil Scott Heron (que je ne connais que très peu) et les réparties de Miles.

        Notre internaute m’a dit qu’il avait été mal compris, ce que je peux aisément admettre, mais il ne souhaite pas relancer un débat qui n’en est pas un. Au moins, tu nous as donné plein d’infos supplémentaires grâce à cette joute !

        Je suis tombé l’an passé sur un concert de James Brown à Montreux, au début des années 80 (merci Arte, seule chaîne télé correcte). Il avait de nombreux musiciens blancs, et je crois bien que c’était déjà un retour pour lui, qui avait déjà sombré après son album de 73 ou des environs. Et c’était dément.

        Pour ce qui est du hip-hop, je suis cependant en désaccord avec toi. Il n’est pas récent et même si je ne supporte pas le rap actuel commercial (et cela depuis très longtemps), car c’est la variété d’aujourd’hui, il y a toujours du bon rap. Je ne suis pas du tout un spécialiste, et je suis encore moins à la page, et j’ai même un retard monstrueux, et je pense sincèrement ne pas savoir parler de cette musique, mais j’ai des albums qui font partie de moi et que je vénère. Je te fais une petite liste, sans aucun ordre et encore moins de chronologie, même si bien sûr si ça se trouve, tu connais déjà tout ça. Et pour le coup, tu peux être sûr que les trois-quatre premiers de la liste me sont vitaux, et les autres, ils sont bien :

        – 3030 par Deltron
        – It Takes A Nation Of Millions To Hold Us Back par Public Enemy
        – Paris sous les bombes par NTM
        – Beauty And The Beat par Edan
        – Check Your Head par les Beastie Boys (et Ill Communication et Hello Nasty tant qu’on y est)
        – L’homicide volontaire par Assassin
        – Illmatic par Nas
        – les trois premiers Cypress Hill
        – Hypocrisy Is The Greatest Luxury par The Disposable Heroes of Hiphoprisy

        et j’ajouterai ceux que je ne connais pas assez, A Tribe Called Quest, The Roots, Warren G, un peu de fusion des années 90 avec Smoking Suckaz Wit Logic, N.W.A., Eminem… y en a beaucoup que je n’ai pas assez écoutés. Par contre je passerai sur les Casseurs Flowters (le groupe de Orelsan) que je subis trop souvent depuis l’été dernier même si j’aime bien.

  • Tornado  

    @Cyrille : La reprise de Got to Give it Up par les Dirtbombs est bien cool ! Merci parce que je ne la connaissais pas !
    Bon, par contre, je ne suis pas certain d’être fan de la reprise des Slits (que je ne connaissais pas non plus), alors que je vénère celle des Creedence !

    • Jyrille  

      Je suis content que ça t’aies plu ! Bon The Slits c’est du pur post-punk hein. Par contre les Dirtbombs c’est du pur garage. Je te conseille fortement cet album de reprises (et une originale) qu’est Ultraglide In Black. Un disque terrible et qui met toujours de bonne humeur. Tu devrais vraiment y trouver ton compte. J’adore également leur Dangerous Magical Noise mais il est beaucoup plus bruyant (mais il a une super reprise de Brian Eno, aussi).

      • Tornado  

        Ecoute, je vais te parler du fond du coeur : Je suis fan des Beastie Boys. je les écoute depuis que je suis au lycée et autant Paul’s Boutique que Check Your Head et lll Communication ont longtemps fait chauffer mes platines. On en reprenait des morceaux entiers avec mes potes musiciens. Eminem est le seul rappeur récent que je respecte. Et oui, ce sont tous des blancs ! Il y a quelque chose de rock et de funk dans leur groove que je ne retrouve pas chez nos frères blacks. C’est là que je divorce avec le hip-hop : Pour moi, les noirs ont perdu quelque chose. Seuls quelques uns continuent de passer la flamme. Musicalement je veux dire.
        Je dis que je déteste le rap, non pas parce que tout est nul, mais parce que -presque- tout est nul pour moi. Les exceptions ne suffisent pas à me faire changer d’avis. Je me range du côté de Gill Scott-Heron, qui espérait que les rappeurs cessent de répéter toujours les mêmes choses et qu’ils finissent par produire des chansons plus artistiques.

        Pour James Brown, mon beau frère, plus vieux que moi, et fan absolu du godfather of soul, m’a raconté une anecdote : James faisait une tournée en France au début des années 80. Un concert sous un chapiteau. Au milieu du concert, le maitre s’arrête soudain. Il parle avec un roadie, le concert est suspendu, il s’en va en coulisses. Il revient un moment après et fait dire : « Tous les spectateurs blancs dehors. Ou j’arrête le concert ». Tous les blancs sortent, et la minorité de noirs reste. Le concert a continué et les spectateurs ont écouté la fin depuis l’extérieur du chapiteau. Et jamais personne n’a su pourquoi il avait fait ça !
        Moi, cet homme, je l’aime, malgré toutes les horreurs qu’on lui reproche. Sans doute avait-il ses raisons ! Voilà pourquoi je comprends aujourd’hui qu’il y a eu, à une certaine époque, une musique de noirs, avec des auteurs engagés pour leur cause. Putain, merde, la ségrégation a été abolie en 1964 ! Je les respecte ces gens !

        Bon, sinon, je vais tâcher d’écouter un peu plus les Dirtbombs 😉

        • Jyrille  

          🙂

          Tente quand même le Edan, le Public Enemy et le Deltron, je te promets que tu vas être étonné (enfin je me dis que PE tu as déjà dû essayer…).

          • Tornado  

            Je me souviens que j’étais fan de Grand Master Flash quand j’avais 15 ans. Je n’en ai jamais réécouté depuis…

          • Tornado  

            Et oui, j’écoutais aussi Public Ennemi au lycée. Mais je t’avoue que je n’en ai gardé aucun souvenir.

        • Bruce lit  

          Et bien non, le rap je ne supporte pas. Qu’il soit blanc, noir ou rouge n’est pas la question. Même les racines du truc RunDmc, Public Enemy, les Beasties, c’est insupportable à mes oreilles. Surtout que la plupart d’entre eux samplent des morceaux de rock. Et bien, je préfère écouter les originaux plutôt que ces bricolages prétextes à scander leurs rimes. Je trouve que la musique, enfin ce qu’il en reste est pris en otage. Dylan rappait bien avant tout le monde….bref…
          Eminem j’aime bien les 3 premiers lbums….parce que tout simplement ses plus grands hits lorgent du côté du Rock que du Rap où il retourne s’engouffrer à partir de Encore.
          Ceci n’est qu’une opinion partiale et orientée, sachant qu’il existe DES raps comme DES Rocks.
          Voyons….quelques titres d’IAM ou d’Arrested Develppement ou encore Miss Dynamite sont agréables.

        • Matt  

          Moui…moi ça m’aurait fait chier de me faire mettre dehors parce que je suis blanc.
          Je ne vois pas en quoi c’est mieux. C’est de la ségrégation aussi.
          Que Ray Charles refuse de jouer en Georgie à cause des lois qui n’avaient pas changé concernant les noirs, oui. En France dans les années 80…non.
          Je comprends bien sûr qu’il ait pu avoir de la rancune sur le cœur, et je ne vais pas hurler que c’est un sale type et arrêter de l’écouter. Mais je ne cautionne pas ce genre de trucs pour autant.

          • Tornado  

            Le fait est, apparemment, que les gens qui étaient sortis n’avaient même pas râlé. Ils étaient abasourdis et ont écouté la suite du concert dehors ! Et personne n’a jamais sû pourquoi il avait fait ça. Peut-être avait-il entendu une insulte ?
            Sur le principe, c’est sûr que ce n’est pas génial comme réaction de la part du chanteur. Mais être noir en Amérique, ça n’a manifestement pas toujours été facile. James Brown fait partie de cette génération qui a dû lutter sévèrement contre la ségrégation.

          • Matt  

            Oui, je veux bien admettre que c’est compréhensible.
            Mais pas admirable ni très sympa.
            C’est assimiler les gens en fonction de leur couleur aussi.
            Moi je sais que j’ai été très souvent emmerdé dans ma jeunesse par des sales types blancs. Je ne veux pas être assimilé à ces enfoirés parce que je suis blanc aussi. D’ailleurs les noirs que j’ai connus ne m’ont pas fait chier.

        • Bruce lit  

          Je trouve ça naze comme réaction. Un musicien n’a pas le droit de faire ça. James Brown ne m’était déjà pas très sympathique, mais là tu m’aides pas….Quand la musique est otage des conflits sociaux plutôt que libératrice…
          Longtemps une phrase dans la presse rock me choquait : les trucs du genre : les blancs ont volé la musique des noirs…Et bien je me sentais vachement coupable. De quoi ? Des péchés des pères fondateurs ?
          Ca veut dire quoi voler une musique ? Car plagier sans citer ses sources, oui c’est dégueulasse.
          Mai pour bien connaître ma mythologie rock : Clapton, Page, Richards, Elvis et tous les autres ont toujours cités leurs sources et invités les musiciens noirs en tournée avec eux…
          Après que Brown, Little Richards ou Chuck Berry aient ramé pour imposer leur musique parce que noirs, oui, ça c’est lamentable, c’était l’époque.
          Quand aux années de vaches maigres, elle sont communes à tous les groupes.
          Enfin, lorsque le Rap s’est mis à son tour à emprunter des morceaux de rock en entier, il n’a jamais été reproché de voler qui que ce soit.

          • Tornado  

            Pour le rap, tu prêches un convaincu. Je hais cette musique. A part quand c’est rock, comme avec les premiers albums des Beastie Boys ou d’Eminem. Et le rap français me donne envie de vomir.

            En ce qui concerne James Brown tu as raison aussi. La réaction est trop extrême et pénalise ses propres fans à cause de leur différence de couleur de peau. En tout cas, cette anecdote démontre, contrairement à ce que prétendait l’internaute venu me rabaisser sur Facebook, qu’il y a bel et bien une « musique de noirs » à cette époque. Quelque chose de fortement communautaire, principalement dans le registre de la soul et du funk.

          • Jyrille  

            Pour l’attitude de James Brown, on est d’accord.

            Mais pour le rap, non : il ne sample pas que du rock, loin de là ! J’ai offert à un pote la série des compiles Shaolin Soul (3 cds), qui présentent nombre de morceaux soul de Syl Johnson ou Marvin Gaye et qui ont en commun d’avoir été samplés nombre de fois par le rap ou la variété, y compris le rap français.

            D’ailleurs le rap, avant de devenir la norme commerciale, a longtemps été honni comme une sous-musique, comme un sida (je cite), et leurs DJs ont surtout été traités de voleurs.

            Et je me répète mais sérieux, tentez Deltron et Edan ! 🙂

  • Marti  

    Merci pour cet article qui parle de genres musicaux que je n’écoute que très rarement. J’ai notamment une méconnaissance totale sur l’oeuvre de Marvin Gaye.
    Concernant les comics, si je pense que Luke Cage et Blade sont bien des produits de leur temps, surfant sur la blaxploitation, la bruceploitation (celui qui fait du karaté, pas le blogueur !), le retour de l’horreur… il y a eu une véritable ambition militante dans la deuxième moitié des 60’s chez Marvel : Joe Robertson le supérieur hiérarchique de Peter et pendant moral du journal tenu par l’irascible rédacteur à la petite moustache, Bill Foster qui devient un soutien scientifique des Avengers, les tensions sociales entre blancs et noirs évoquées dans Cap avec notamment l’arrivée du Faucon… Tout n’est pas fait sans maladresse, comme l’époque « pimp » du Faucon qui a par la suite été un peu expliquée par le truchement du Cube cosmique, mais il y a réellement une volonté d’avancement chez Marvel qu’on retrouvera beaucoup moins chez DC et le autres alors.

    • Matt  

      C’est vrai que les intentions étaient là. Après il est parfois difficile selon le contexte de l’époque de ne pas avoir une vision maladroite au stéréotypée d’une autre culture.
      ça passe pour du racisme de nos jours, mais on ne peut plus rien dire de nos jours, bon dieu !
      C’était maladroit mais il y avait une volonté de changer les choses, oui.

  • Bruce lit  

    @Tornado : et l’exemple que tu donnes est parfait.

  • Jyrille  

    Ca y est, je l’ai écouté. Tout comme son précédent album, Let’s Get It On, c’est assez compliqué à écouter : ça donne très envie de faire l’amour. D’ailleurs, certaines musiques sont très kitsch et font un peu musique de film coquin des années 70… mais à part ça, c’est chouette.

    Dis Tornado, tu connais D’Angelo ? J’ai ses deux premiers albums, faut que je les réécoute, mais j’aime beaucoup.

  • Tornado  

    Oui, c’est tout à fait kitsch (contrairement à What’s Going On). Mais ça fait partie de son charme et de son effet de voyage dans le temps ! Un titre est plus beau que les autres selon moi : Le 9.
    Les critiques disent que le chef d’oeuvre de Marvin, après What’s Going On, est Here, My Dear. Mais je lui préfère I Want You…

    Je n’ai jamais écouté D’Angelo. Tiens, bonne idée, je vais essayer deux ou trois titres au boulot, pendant la pause ! 🙂

    • Jyrille  

      C’est ça, moi qui connais bien What’s Going On et sa prod léchée et son élégance, c’est étrange. Il faut que je réécoute Let’s Get It On. Et alors, D’Angelo ?

  • Tornado  

    Youtube m’a rappelé que j’avais déjà écouté certains titres de ce monsieur, mais je ne m’en souvenais pas !
    Ce n’est pas désagréable, mais le bit est vraiment très orienté RNB, ce qui me gène quand même (j’ai parfois l’impression d’écouter NRJ). Mais l’influence de Marvin est évidente. Je dirais quand même que dans le genre je préfère Robin Thicke.
    Cela dit, je vais quand même en écouter encore, car peut-être certains titres seront meilleurs que d’autres pour mes oreilles ! 🙂

  • Lone Sloane  

    A 11 ans, j’ai êcouté Sexual healing et je suis tombé sous l’emprise de Marvin Gaye.
    What’s going on me procure toujours autant d’émotion et d’inspiration à chaque nouvelle écoute et je savoure, en vieillissant, Here my dear, l’album sorti après I want you , dont la production et l’absence de succès sont d’une ironie cruelle.
    Les deux premiers albums de D’Angelo sont des standarts de la Nu Soul, en particulier le second, Voodoo, que j’ai probablement autant écouté que What’s going on ou Let’s get it on. Un des grans albums de l’année 2000, dont je doute fort qu’NRJ ait passé la moindre piste. Il mérite que tu lui accordes une nouvelle chance

  • Matt  

    Bon ça n’a pas trop de rapport avec l’article mais j’ai vu le film Whiplash.
    Et…faut m’expliquer. Qu’est-ce que les gens voient dans ce film ?
    Bon ok c’est bien joué et la musique est cool si on est fan de ce genre.
    Mais sinon ? ça raconte comment un prof abusif pousse un gars dans ses retranchements pour qu’il se dépasse.
    Déjà vu 1000 fois, et en plus au final le film donne raison à cet infect salopard qu’est le prof.
    Sans déconner…on parlait récemment d’idéologie capitaliste que les gens sont capables de voir dans des BD inoffensives comme celle de Picsou.

    Si je voulais faire l’avocat du diable, là on a un prof qui maltraite et brise psychologiquement des gens pour qu’ils se dépassent. Et on apprend qu’un de ses anciens élèves devenu célèbre s’est suicidé car il était sous thérapie depuis qu’il avait été suivi par ce prof.
    Et à la fin, finalement le héros est devenu bon grâce à ce prof. ça veut dire quoi ? Que ça justifie la maltraitance parce que dans de rares cas, certains arrivent à ne pas tomber dans le gouffre de la dépression ? Et tant pis pour ceux qui échouent, au final ils étaient faibles et indignes ?
    Franchement les gens comme ce prof dans la vraie vie, je les déteste. Des types abusifs qui ne se remettent jamais en question, persuadés qu’ils ont raison, et plus soucieux de créer des légendes célèbres que d’aider les jeunes à s’épanouir dans un truc qu’ils aiment. Car au final peu importe s’ils sont malheureux et sous traitement le reste de leur vie, au moins ils auront été célèbres ?

    Bon…je sais pas si je suis passé à côté du film ou quoi…mais bon sang j’en ai pas retiré grand chose de positif. Je ne vois pas ce que les gens trouvent de bien dans ce film. A part les performances d’acteurs. Mais le message…houlàlà…

  • Matt  

    Un film qui devrait plaire aux manager d’entreprises qui aiment mettre la pression en tous cas^^
    Soyons de foutus fascistes, parfois ça fait ressortir les meilleurs éléments les plus solides, et on emmerde ceux qui s’écroulent en chemin.

Leave a reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *