Breaking Bad (Kick-Ass : The New Girl)

Kickass : The New Girl par Mark Millar, Jr Jr et collectif

Un article de BRUCE LIT

VO : Image

VF : Panini

Just a little Patience
©Image Comics

KICK-ASS THE NEW GIRL est une nouvelle saison du concept de Mark Millar : mettre en scène des individus ordinaires sans super-pouvoirs qui choisissent de mettre un costume de plongée sous-marine pour jouer au super-héros.

L’équipe créative qui a fait le succès du 1èr opus sont au rendez-vous : Millar scénarise les 5 premiers épisodes avant de laisser la mains à Steve Niles, célèbre notamment pour ses 30 JOURS DE NUIT.
Aux dessins on retrouve John Romita Jr en pleine forme qui livre encore des planches ultra-gores après des années au service du Comic Code Authority chez Marvel.

Il est ensuite relayé par Marcelo Frusin dont le style moins Cartoon collerait très bien aux CRIMINAL de Brubaker.

Cette review portera donc sur les deux premiers volumes de cette nouvelle minisérie qui en comporte 4. Elle peut se lire de manière totalement indépendante des aventures de Dave Lizewski.

S’il fallait une raison pour racheter du Millar : JrJr bien sûr !
©Image Comics

Cette fois-ci, Kick-Ass n’est plus un ado en mal de déodorant mais une femme mature, Patience Lee, militaire en Afghanistan, de retour au pays après une dernière mission.
A peine arrivée sur le sol américain, elle apprend qu’elle est plaquée par son mari. Sa solde militaire ne suffit plus à payer son crédit, les études de ses enfants et celles qu’elle comptait entreprendre.

Totalement torchée par un pays dont elle défendait les idéaux, Patience décide de braquer les méchants pour se payer (l’équivalent de sa solde militaire), aider sa famille et son voisinage.
Très vite son talent de combattante lui permet d’écraser la mafia jusqu’à ce que, progressivement, elle en prenne le contrôle devenant une lady mafiosa la nuit quand le jour elle endosse la panoplie de la brave mère de famille.

Bon, c’est du Millar hein..Ses concepts sont aussi simples que malhonnêtes. Celui de KICK-ASS a toujours été biaisé (pour être poli) : faire croire que n’importe qui peut devenir un super-héros tout en soulignant le caractère exceptionnel de ses personnages : Hit-Girl est une tueuse inégalable, Patience transforme ses adversaires les plus coriaces en viande hachée le temps d’un gaufrier

Depuis le temps, vous deviez le savoir, non ? faire l’armée aide à devenir un surhomme. Ici, une surfemme !
©Image Comics

Tout va vite, si vite que Millar en rajoute dans sa caricature d’homme pressé : ne pas raconter son histoire pour privilégier des situations, écrire un personnage pour qui le lecteur éprouve une certaine empathie sans lui donner une autre dimension que Patience, elle est super vénère de s’être fait baisée par son pays et comme elle trop balèse c’est à elle de baiser l’oncle Sam.

Sur le concept, pour une fois Millar est moins original que d’habitude. Nous sommes alors en 2019 et il raconte à sa manière un mashup où le PUNISHER virerait BREAKING BAD avec une brave mère de famille qui met la mafia à genoux d’abord pour la bonne cause pour ensuite satisfaire son égo.

Mais le peu qu’il fait, Millar le fait bien. Son sens du rythme est toujours incroyable, un bagout presque attachant à faire avaler des couleuvres qui ont la taille de pythons.
Millar est l’homme des intuitions géniales à défaut d’histoires satisfaisantes. En transformant Kick-ass en conte féministe, il ajoute une dimension clichesque mais non moins réelle : seule avec des enfants, une femme avec un salaire de misère n’a que le choix du moins pire : se crever le cul ultra-libéral ou le vendre.

Patience donne dans le Final Cut !
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Avec cette histoire, Millar qui n’a jamais caché son gout pour les billets verts a mal à son libéralisme. Si bien que c’en est presque fascinant voire social. Il truffe son scénario de pièges qui empêchent une honnête citoyenne de vivre paisiblement et la pousse vers la marginalité. Malgré les garde-fous éthiques que Patience s’impose, elle devient très vite une de ces criminels de génie que Millar affectionne. Son super héroïsme comme chez Spider-Man devient une addiction comme la drogue que Patience prétend combattre.
Le lecteur y appréciera les situations proches de celles du tisseur de Stan Lee avec un vilain hospitalisé qui pourrait révéler l’identité de notre amie s’il se réveillait (comme un certain Norman Osborn).

Millar s’amuse à mettre Patience dans des situations impossibles notamment financer la guérison de son pire ennemi et organiser d’autres casses pour pouvoir le faire. Sans personnages secondaires consistants, Pätience Lee crève l’écran. Son charisme aussi bien avec que sans costume, son efficacité emportent tout sur son passage : rien ne lui est vraiment difficile et il y a quelque chose de jouissif à voir casser des gueules sans discontinuer. C’est Kick-Ass quoi…

Mais il est où Ed Brubaker ?
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Steve Niles rentre aussi bien dans les chaussures de Millar que Capullo en son temps dans celles de Mc Farlane au dessin. Il garde la même voix du personnage et son sens de l’action échevelée, celui d’un TAKEN en son temps. Sans les crédits, il ne serait pas possible de repérer le changement de scénariste.

Passées ces 240 pages, le lecteur est pris dans une bulle temporelle étrange où il adore être pris pour un con dans une histoire sans surprise et déjà mille fois racontée ailleurs et plus subtilement notamment dans BREAKING BAD et sa descendance OZARK.
Le charme ravageur de Patience lui botte le cul, dévaste les roubignoles et lui laisse le gout du sang dans la bouche. Et il en veut encore et en corps.
Balèse.

Patience prend la pose Punisher
©Image Comics

La BO du jour
Impossible de ne pas penser à ce morceau à chaque que l’on évoque Kick-Ass.

36 comments

  • Présence  

    Ne pas raconter son histoire pour privilégier des situations : une très belle formule qui traduit bien mon sentiment.

    J’ai fait l’impasse sur le tome 1, et j’ai commencé direct avec le tome 2 sans avoir l’impression d’avoir raté quoi que ce soit.

    Pour moi, Steve Niles reprend l’idée d’une personne normale (avec un solide entraînement militaire quand même, comme tu le soulignes) qui peut revêtir un uniforme masquant son identité et se battre contre le crime organisé. Il a su faire un personnage crédible de Patience, avec une économie de moyens remarquable, grâce à la narration visuelle solide. Il est visible que l’artiste est dans son élément et qu’il prend plaisir à mettre en scène la violence, sans toutefois pousser jusqu’à la dérision caricaturale.

  • JB  

    Ah, Millar, l’homme du « pitch »… Ce nouveau Kick Ass : Le Punisher rencontre Breaking Bad. The Magic Order ? Harry Potter croisé avec les Soprano. Hush, alias Forrest Gump en superhéros. Reborn : Life on Mars + Les Ailes de la renommée. Et pour ceux que j’ai lu, les comics concernés ne parviennent jamais à s’élever au dessus de leurs prémices.

    Pour autant, je n’ai pas lu dans Kick Ass une sortie de route qui m’ait donné envie de balancer le livre à travers la pièce, du genre l’infâme « Il n’y a pas marqué France » de The Ultimates.

    • Bruce lit  

      @JB : rappelle-toi tout le bien que je pense de ses Ultimates…
      Effectivement Millar est le roi du recyclage. Il est même le plus écolo des capitalistes en fait.

      @Présence : tu n’es qu’un vil dealer qui me fourgue sa came et après me force à acheter les volumes dans lesquels tu n’as pas investis.
      En outre, j’adore les planches de JrJr.

      • JB  

        Ah, j’ai lu un certain Bullshit detector qui donne toujours lieu à des échanges éclairés et courtois sur les réseaux sociaux quand il y est partagé ^^

      • JB  

        En parlant de recyclage, c’est vrai que le superhéros prenant le contrôle de la pègre pour la détruire de l’intérieur n’a rien de nouveau. Daredevil chez Bendis puis Diggle, le Suaire, ou même l’origine de Batman: War Games…

  • Eddy Vanleffe  

    MIllar c’est un peu le nouveau Stan Lee, une sorte de joyeux fumiste qui a des idées, l’ambitions qu’elles soient célébrées mais pas forcément l’envie de la peaufiner ni même de les écrire en fait…
    oui c’est un pitcheur fou et ses idées sont toujours « aguichantes » comme le dit JB, le fait de croiser des concepts/séries opposées en une sorte de nouveau délire, fait mouche… simplement c’est toujorus à la fin 6 épisodes d’un truc qui aurait pu, mais qui s’arrête là…
    souvent on a envie de voir ce gosse qui a construit son petit avion en papier, le faire voler loin loin… il ne se crashe jamais mais qui ne vole pas plus que les autres avions parfois moins jolis…

    il a le sens du rythme et des dialogues marrants mais sa caractérisation est souvent à la truelle.

    • Bruce lit  

      Amen to that.
      De tous les scénaristes de ma liste noir, Millar est paradoxalement celui que je déteste le moins. Son écriture est parfaite pour les soirées de temps de cerveau indisponible. Je me suis laissé prendre à cette histoire sans jamais n’être surpris ou ému mais ça se lit.

  • Fletcher Arrowsmith  

    Je possède le même avis que JB sur Mark Millar. Je me suis trop fait avoir et on ne m’y reprendra plus même pour des planches de John romita Jr (ou alors à 1 euros chez un bouquiniste ou un vide grenier). Le dernier bon Millar ? …. Starlight où il pompe encore (ici Flash Gordon) mais le récit m’a emporté comme les dessins de Parlov. Depuis j’évite, d’acheter surtout, tant je trouve cela creux, peu ambitieux et storyboardé uniquement pour vendre du Netflix, c’est dire l’ambition et le fin fond du fond.

    Cet article ne m’a pas réconcilié avec Millar.

      • Fletcher Arrowsmith  

        Et ses Goldorak également. Jolie cross topic.

    • Eddy Vanleffe  

      Marrant, j’ai attrapé avec le temps une allergie à Bendis, et je trouve que Millar vieillit mieux.
      des petits récits très (trop?) référencés mais où l’auteur se fait plaisir et ça se lit correctement sans réinventer la roue…
      il n’a jamais réellement su sortir l’auteur du fan dans son écriture..

      • Bruce lit  

        Disons que Bendis a trop vouloir singer Tarrantino et Mamet vieillit moins bien oui. C’est comme si on réalisait encore des footage movies, quoi. BLAIRWITCH c’était il y a 25 ans.
        Millar a l’écriture d’un sale morveux. Il a beaucoup d’ambitions mais pas celles d’être un auteur avec un grand A. On peut au moins le remercier pour ça.

  • Surfer  

    « Steve Niles rentre aussi bien dans les chaussures de Millar que Capullo en son temps dans celles de Mc Farlane. »

    Je ne savais pas que Capullo était aussi scénariste !

    La BO…j’ai encore les oreilles qui bourdonnent. Jamais tu ne me fera écouter une note de plus. Même sous emprise d’ecstasy

    • Bruce lit  

      Une comparaison comme une autre.
      Il a souvent été reproché à Capullo de cloner McFarlane.

  • Tornado  

    KICKASS : le 1° HITGIRL et la saison 3 dorment sur mes étagères depuis des lustres. La saison 2 de KICKASS avait été une douche froide pour moi et j’ai stoppé Millar net à partir de là (j’avais déjà acheté le HITGIRL et le 1° tome de la saison 3). On verra si je me décide à reprendre la saga mais je pense que Millar est un des rares auteurs à avoir créé l’événement aussi vite qu’il a démontré ses limites…
    Mais c’est sûr qu’il possède un vrai talent de narrateur.
    Et je suis toujours fan de ses ULTIMATES, la meilleure histoire des Avengers de tous les temps (ce qui n’est pas dur c’est vrai, mais n’empêche).

    La BO : J’ai pas mal écouté Prodigy à l’époque. C’est un des rares cas où je me suis détourné (en général quand j’aime une musique, c’est pour la vie). Je ne me vois pas réécouter ça aujourd’hui.

    • JB  

      À la lecture du passage sur ULTIMATES, je pleure des larmes de sang… Je ne partage pas ton point de vue ^^

      • Tornado  

        A de très, très rares exceptions, je trouve que tout ce qui a été fait avec les Avengers est indigent (quand ce n’est pas complètement infantile). Du coup, quand j’ai lu ULTIMATES pour la 1° fois, c’était l’histoire que j’avais toujours secrètement rêvé de lire…

      • Bruce lit  

        Ah ah ah… J’ai bien fait de t’embaucher JB !

  • Jyrille  

    J’ai totalement laissé tomber cette franchise depuis un certain temps. Je ne dois avoir que trois Kick-Ass et peut-être un Hit Girl.

    Je ne connais Marcello Frusin que dans HELLBLAZER, et j’aime bien. Les dessins de JRJr ont l’air bon. Mais cela ne suffira pas, tu as eu ta dose de bad ass, moi je n’en ai pas plus besoin que ça, ayant des tonnes de films débiles à regarder.

    La BO : toujours efficace, mais je ne me souviens pas qu’elle faisait partie de la BO du premier film que j’ai pas mal écoutée. Pour moi c’est un autre titre : https://www.youtube.com/watch?v=OIPVI6xhSu0

    • Bruce lit  

      Alors oui, ton lien c’est le générique de début et de fin.
      Mais j’ai bon, c’est la scène du tabassage que j’avais adorée. En la revoyant, je la trouve encore au top. La musique est parfaite. C’était bien ce film.
      https://www.youtube.com/watch?v=p7gPv8uXUBc

  • JP Nguyen  

    J’ai survolé ça en ligne hier matin. JR Jr semble plutôt en forme. La trame globale est très prévisible et le passé militaire de l’héroïne sert de prétexte pour en faire un super-soldat. Elle devrait mourir des tas de fois et en réchappe parce qu’elle a le scénario avec elle. Vous me direz, c’est un classique du genre, mais pour le coup, les ficelles sont très très grosses.

    • Bruce lit  

      Tu es jaloux, c’est tout.
      Tiens, un custom Kick-Ass, ça te dirait pas ?

    • Bruce lit  

      Oh, ce truc. Je l’ai survolé sur les réseaux sociaux. J’avoue ne pas être très intéressé par le sujet.

      • Jyrille  

        Je trouve ça passionnant.

        • Bruce lit  

          Tu peux nous résumer le truc ?

          • Jyrille  

            Ca se lit très vite.

          • Eddy Vanleffe  

            J’ai lu le truc et en gros les dessinateurs sont des pervers voir même des pédophiles qui cristallisent l’image de la femme à l’âge de la préadolescence quand son nez est petit… Il n’y a que Margaux Motin qui a des propos censés dans ce délire…
            après j’ai lu ça très vite entre deux nausées… il y a peut être des paragraphes plus nuancés…

          • Bruce lit  

            Concrètement que ce soit en musique ou en BD, je n’aime pas les discours théoriques puisqu’il y a toujours des exceptions. Mais je ne demande qu’à être convaincu.
            Si je devais jouer au con, je me demanderai aussi pourquoi les pieds et les mains sont souvent si mal dessinés.

          • Eddy Vanleffe  

            Théoriser et psychanalyser un truc global notamment culturel, c’est bidon…
            Enfin perso, je ne suis pas client (remember mon premier « différent » ici…^^)
            Je me souviens encore de Psychanalyse des contes de fées du faux psy Bruno Bettelheim, c’était pour moi un tissu d’a… un peu comme ces prophécies auto-réalisatrices) On trouve toujours suffisamment d’arguments pour étayer la théorie mais ça n’en fait pas une réalité.
            le problème, c’est que ce papier est à charge des artistes, qui deviennent des malades, et que le message derrière, c’est « dessiner le charme » c’est mal!
            Ca devient vraiment agaçant à la longue

          • JB  

            La démonstration est bancale. Dans les exemples « sans nez », Yoko Tsuno a bien un trait visible, plus marqué à mon avis que l’exemple « avec nez » d’Otomo. Et les exemples « sans nez » sont de face alors que les exemples « nez » sont pour plusieurs de profils ou 3/4… Bref, on fait dire aux images un peu ce qu’on veut…

          • Tornado  

            Bah… Comme d’habitude, tout ce qui intéresse ces gens c’est la chasse aux sorcières et le tribunal populaire. Il leur faut des proies…
            Autant ne pas donner de l’eau à leurs moulins…

  • JP Nguyen  

    C’est pas pour dire, mais Spider-Man et Venom, ils n’ont pas de nez non plus !
    😉

  • Bruce lit  

    Bon je l’ai lu pour ne pas casser la baraque de Cyrille qui a gentiment posé le débat. Il s’agit bien entendu d’un discours militant, Pénélope Bagieu étant très engagée et Catel également dont j’avais adoré le KIKI DE MONTPARNASSE.
    C’est un discours qui se tient mais peu objectif. Une fois que c’est dit…bon…
    Les exemples sont biaisés : la plupart des héroïnes ont un nez mais pas forcément sous cet angle. C’est très malhonnête comme procédé.
    Kriss de Vlanor ici a un nez : http://www.brucetringale.com/wp-content/uploads/2016/11/qa_03.jpg

    Jolan, non (les enfants ça compte pas donc ? ) http://www.brucetringale.com/wp-content/uploads/2016/11/qa_03.jpg

    La mère de Thorgal bien un nez : http://www.brucetringale.com/wp-content/uploads/2016/11/qa_08.jpg

    Et Gwen stacy, elle a pas de nez ici ? https://www.pinterest.fr/pin/324681454357136146/

    Bref c’est un faux débat. C’est comme si l’on venait reprocher à Bagieu de faire de la BD sans décors au contraire de Rosinski.
    Regardez ici : toutes les femmes ont bien un nez : https://static.wikia.nocookie.net/marveldatabase/images/6/6e/Amazing_Spider-Man_Vol_1_121.jpg/revision/latest?cb=20171227191116

    La femme de Fraction, Kelly Sue De Connick passe son temps à harponner telles ou telles pratiques machistes dans les comics et écrire de nouvelles tables de la loi. Ce qui lui permet sans soute d’oublier que ses comics à elle sont si médiocres qu’elle n’a pas la force de les terminer.

    Une fois que c’est dit, on va disserter sur la façon de dessiner les noirs chez Asterix, recommencer à emmerder Hergé ou se demander si la cruauté de CROSSED est un fantasme phallique de Garth Ennis.

    Moi j’aimais bien ces petits nez retroussés chez ASTERIX. Ce n’est pas un critère de chirurgie esthétique mais un moyen graphique, un code pour rendre une femme plus distinguée que Bonnemine. Le même procédé s’applique pour son fiancé pour le rendre moins trivial physiquement qu’Obelix. Tiens on pourra aussi tergiverser sur le sort des gros dans la BD.
    Non, vraiment c’est ce genre de débat qui consiste à ne regarder qu’un aspect de la BD en omettant des points de détails.

    • Jyrille  

      Merci Bruce. Je ne vais pas rentrer dans le débat, il n’y a sans doute pas à discuter. Par contre ce que je trouve passionnant, ce sont les représentations inconscientes, les critères que l’on a comme acquis.
      Enfin, je note que la fille de ce Kick Ass a bien un nez elle aussi. Quelques citations de l’article :

      « C’est le stéréotype de ce que doit être la beauté: de grands yeux plutôt clairs, de toutes petites narines et une bouche pulpeuse. C’est redoutable la manière dont on est imprégné, endoctriné et ce de façon très inconsciente », se désole Catel

      « Ce n’est pas uniquement lié à la bande dessinée, mais à notre monde », insiste Cosey, Grand Prix du festival d’Angoulême en 2017. « Ça concerne l’image culturelle des femmes. »

      Pour beaucoup, donner du caractère à un visage féminin sans user de stéréotypes est tout bonnement impossible. « Dès que je me retrouve sur la table à dessin, c’est la panique, je ne sais plus quoi faire, je retombe inévitablement dans ces archétypes féminins sans caractère! », confiait ainsi Jean Giraud dans Docteur Moebius et Mister Gir. « Je ne suis pas sexiste mais je suis sexué ; on ne peut pas toujours échapper à la fatalité de son sexe. »

      Le problème ne serait donc pas culturel, mais graphique, avance de son côté Philippe Francq (Largo Winch): « Avec le trait noir, il faut être très, très parcimonieux. Si je mets des rides en dessous des yeux de certains personnages masculins, ça passe, mais si vous faites ça à une jeune femme elle va paraître tout d’un coup très fatiguée. Si je travaillais en couleur directe, je pourrais avoir une manière beaucoup plus réaliste de dessiner les femmes. »

      Cyril Pedrosa (Portugal, L’Âge d’or), dont les héroïnes possèdent toutes des nez, se fait l’avocat du diable: « Il y a des femmes qui ont de grands nez et qui sont très belles, mais en dessin c’est très difficile de ne pas perdre cette beauté-là et de ne pas en faire une espèce de sorcière ou autre chose. Choper la grâce en dessin, ce n’est pas facile. »

      Elizabeth Holleville (Immonde!, prévu en janvier chez Glénat): « On ingurgite tellement de codes graphiques sans même y réfléchir qu’on ne se rend pas toujours compte de comment on dessine. »

  • Kaori  

    Concernant la BD, je fais l’impasse… sur la BO aussi d’ailleurs ! J’avais bien aimé les films, mais je ne sais pas si je saurais me passionner pour cette héroïne.
    Concernant le débat sur les nez, je trouve ça un peu à sens unique ce pseudo-féminisme. C’est comme la discussion que j’avais avec Eddy sur la tenue un peu trop moulante de Batgirl qui avait fait scandale dans HEROES IN CRISIS. C’est au mieux de l’hypocrisie, au pire de la malhonnêteté. Oui il y a des codes graphiques, mais autant pour les hommes que pour les femmes ! On fait des beaux pecs, des beaux culs, des beaux muscles, et alors ? Pourquoi toujours tout politiser, tout transformer ? On est dans la BD, c’est le lieu de tous les fantasmes, non ? Ils prennent les gens pour des cons à ne pas faire la différence entre le réel et le dessin ?
    Après, il y a des batailles que je trouve bien plus intéressantes : le milieu du cinéma et de la télé. Kate Winslet qui milite pour qu’on ne retouche pas ses photos et son corps nu pour qu’on voit ses rides et son ventre de maman, je dis OUI ! (et j’avais été très choquée d’apprendre qu’elle ait dû se battre et menacer la production pour apparaître au naturel, sans retouche !)

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