Comme au cinéma

The Killing Joke par Alan Moore et Brian Bolland

Une édition longtemps convoitée, achetée dès sa sortie !

Une édition longtemps convoitée, achetée dès sa sortie ! © DC Comics

Première publication le 15/03/14. Mise à jour le 04/08/16

Par TORNADO

VO : DC

VF : Editions USA/ Panini/ Urban

The Killing Joke est une graphic-novel réalisée en 1988 par le scénariste Alan Moore et le dessinateur Brian Bolland. Il s’agit d’un récit important pour la continuité, qui revisite les origines du Joker et propose une approche conceptuelle des personnages.

Alan Moore n’a écrit que deux histoires sur la figure de Batman. La première, Mortal Clay (Batman Annual #11, 1987), un court mais brillant récit de 23 pages, est disponible dans l’anthologie  L’univers des super-héros DC et celle-ci donc.

Tous les goûts sont dans la nature. Ainsi, The Killing Joke ne fait-il pas l’unanimité et certaines personnes contestent son aura. Il faut tout de même remettre les pendules à l’heure à destination de ceux qui parlent de cette œuvre avec mépris. Certains critiquent d’ailleurs ce comicbook sans l’avoir lu, ou bien en l’ayant juste survolé ! Et puis aujourd’hui, on assiste à un retour en force du public mainstream qui plébiscite les comics infantiles et un grand nombre de ces lecteurs snobent Alan Moore par principe, jugeant ses dernières œuvres pompeuses et obscures.

Mais revenons à l’œuvre en question. Rarement récit aussi court aura été aussi intense. Toute la quintessence de Batman est présente ici, en seulement 46 pages. Comme dit plus haut, Alan Moore revisite les origines du Joker. L’auteur de Watchmen (paru seulement deux ans auparavant) imagine le passé du vilain sur un mode triste et déchirant. Le personnage devient évident, palpable, naturel.

Champ/Contre champ

 Champ / Contre champ © DC Comics

Par une série d’ellipses et de sauts dans le temps, le lecteur découvre comment la Némésis de l’Homme chauve-souris a sombré dans le chaos et la folie meurtrière. Une mise en scène aussi simple que prodigieuse qui semble résister à l’épreuve du temps.

La figure de Batman, sous une forme épurée, est également très bien assimilée. L’homme est sinistre, brutal et assez basique. Mais il cache sous une façade de marbre les mêmes névroses et les mêmes douleurs que ses ennemis. En ressort une vision iconique et monolithique du héros nocturne, peut-être un peu simple en définitive, mais parfaitement adaptée au mythe du personnage.

Traumatisant,simple et diablement efficace !

Traumatisant,simple et diablement efficace ! © DC Comics

La virtuosité se trouve ici partout: Dans le scénario, dans le dessin (sacrée leçon de graphisme old-school infligée par l’immense Brian Bolland), dans la mise en scène, le découpage et l’ambiance. C’est tragique, profond et glauque (Il faut voir cette planche entière nous montrant le Joker abattant Barbara Gordon !).
C’est également créatif au plus haut point, car si à la première vision le découpage peut paraître classique par sa symétrie, il recèle en vérité des trésors de trouvailles et de points de vue inédits, le montage étant pensé comme au cinéma, avec fondus enchaînés et ellipses de pure écriture cinégénique !

Voir les photos de son enfant violée  : du sadisme haut de gamme

Voir les photos de son enfant violée : du sadisme haut de gamme © DC Comics

Enfin, la construction de l’intrigue en boucle bouclée autour du titre original The Killing Joke nous dévoile une confrontation « héros/vilain » anti-manichéenne telle qu’elle ne sera jamais égalée par la suite. Et tous les auteurs de la série, depuis, considèrent cette histoire comme une pierre angulaire de la continuité batmanienne…

En 1988, alors que se profilait à l’horizon le premier film de Tim Burton dédié au personnage Batman et que la Batmania menaçait de tout emporter sur son passage, une rumeur circulait sur la possibilité que le scénario du long métrage adapte la trame de The Killing Joke, entérinant le fait qu’Alan Moore avait écrit un récit très cinématographique! Ce postulat, hélas, ne dépassa jamais le stade du fantasme…

Oui ! C’est la folie… © DC Comics

84 comments

  • patrick  

    Moi, j’aime pas ce que fait Alan Moore! Tout comme Shakespeare, il est surestimé et ses textes sont horriblement prétentieux!

  • Matt  

    En fait, concernant les couleurs, je dirais que même si l’ancienne colorisation est pleine de défauts (des scènes anodines qui ont des arrière plans de couleur unie : orange, jaune, etc comme ça se faisait à une époque pour ne pas trop se fatiguer à tout colorier en détails), autant elle utilise ces couleurs de façon pertinente dans des cènes clés. Alors que le nouveau coloriste qui fait un bon boulot du début à la fin en soignant le rendu de chaque case…eh bien on dirait qu’il n’a pas lu le comics vu qu’il fait disparaître toute la tension et la folie de certaines séquences en restant fidèle aux couleurs froides choisies (blanc comme le Joker, noir comme Batman)
    Je ne sais pas s’il existe une édition avec la colorisation d’origine mais elle me tenterait davantage. C’est comme ça que j’ai découvert Killing Joke et je me souviens avoir été agressé par les couleurs à des moments pertinents où ça renforçait le malaise d’une scène.

    Refaire les couleurs c’est moins anodin que ça en a l’air. Je n’aime pas les publications VO des EC comics par exemple qui ont des couleurs modernes photoshopées avec plein de dégradés. ça ne colle pas avec les dessins, l’époque, etc. Et ça reste en plus trop flashy. Je sais qu’à l’époque les EC comics étaient en couleur…et avec des couleurs aujourd’hui vieillottes. Mais pour le coup je préfère largement le choix du noir et blanc de l’éditeur VF.

    Au passage, je crois bien avoir lue une version non-censurée de Killing Joke. Dans mon souvenir, la photo centrale de Barbara Gordon sur la planche scannée ici ne montrait pas un gros plan de son visage mais sa poitrine nue.
    D’ailleurs à l’époque je n’avais pas compris qu’elle se faisait violer (c’est sûr ça ? Faudrait que je le relise)
    On voyait ses jambes (sans personne au milieu), du sang, donc j’avais pensé qu’elle était torturée. Elle serait donc violée en pissant le sang ? C’est…dégueu.

    • Patrick 6  

      Concernant la colorisation il y a debat puisque j ai lu qqpart que Moore autant que Bolland avaient ete decu du resultat final et que la nouvelle version aurait ete faite a la demande des auteurs… Je suis d accord avec l idee de conserver l original en l etat mais si c est une volonte des auteurs d ameliorer leur oeuvre par le biais de moyens techniques qui n existaient pas a leur epoque…
      Concernant le viol il faudrait que je le relise mais il me semble bien que deja dans la version de l epoque c etait sous entendu….

  • Patrick 6  

    Oh un article court ! Il date de 2014 c’est sans doute pour ca 😉 Epoque ou Bruce signait encore Charles Xavier (c est ce qui s appelle avoir la grosse tete :))
    « Rarement récit aussi court aura été aussi intense » je pense que ca marche aussi pour ton article Tornado !
    Bref Killing Joke est une des premieres histoires de Batman que j ai reellement trouve passionnante autant que derangeante. Pas etonnant que quelques decennies plus tard elle continue de dechainer les passions !

    • Bruce lit  

      La signature Charles X, était pour prôner la coexistence pacifique entre les anti et pro Moore…

  • JP Nguyen  

    Alors, my 2 cents… On pourrait signaler que l’histoire a été adaptée en dessin animé très récemment (sortie le 25 juillet) avec le rajout d’une première partie centrée sur Batgirl, avant qu’elle ne devienne victime du Joker.
    Bruce Timm a été interviewé dessus et a donné son point de vue sur l’agression subie par Barbara : pour lui, il n’y a pas viol, même si le tir + les photos sont déjà horribles et traumatisants.
    Lien vers l’interview :
    http://www.vulture.com/2016/07/batman-the-killing-joke-sexual-violence.html

    Pour ce qui est des couleurs, il me semble que c’est le dessinateur Brian Bolland lui-même qui a voulu cette nouvelle colo… Je possède l’ancienne version et ne suis que moyennement intéressé par la nouvelle (le bouquin est assez cher pour un nombre de pages réduit…)

  • Bruce lit  

    « Les rediffs de l’été »
    Et puisque le dessin animé vient de sortir suscitant de nouveau une belle controverse, redécouvrez The Killing Joke version comics par Alan Moore et Brian Bolland. Sur le blog, le débat fait rage : les origines du Joker sont elles crédibles ou plutôt ce qu’en attendent les Bat-Fans ? Tornado à l’arbitrage !

    La BO du jour : les origines tragiques du Joker, c’est la mort d’un clown ? https://www.youtube.com/watch?v=coCjlhyFug8

    //Le viol. C’est un album que j’ai aimé, acheté puis revendu pour allergie au Batman. Pourtant rétrospectivement, c’est l’une des meilleurs que j’ai pu lire…Et dieu sait que je suis exigeant concernant ce personnage. Je vais peut être le racheter.
    Concernant Barabara, peu importe de savoir s’il y a viol physique ou pas. Est ce que ça fait une différence en fait ? L’agression qu’elle subit est un déjà un viol psychique de son honneur et son sentiment de sécurité. Le viol moral est présent dans ce qu’elle subit. C’est je crois, l’essentiel qu’il faut (sic) tirer de cette séquence. Cette élipse est au contraire très habile de Moore quand d’autres moins doués que lui, vous savez à qui je pense, aurait lourdement insisté là dessus.

    @patrick : arguments STP…

  • Présence  

    The killing joke version 2008 – A priori, c’est Brian Bolland lui-même qui s’est chargé de la nouvelle mise en couleurs (source wikipedia et des souvenirs d’interview de 2008).

    La comparaison avant / après montre que les nouvelles couleurs atténuent la dimension comics avec des couleurs vives, pour essayer de tirer vers quelques choses de plus neutre (mais pas forcément de plus insipide).

    http://io9.gizmodo.com/372026/killing-without-color-in-remastered-batman-comic

    En outre Brian Bolland a retouché quelques cases, par exemple en supprimant l’ovale jaune sur la poitrine de Batman, en corrigeant un ou deux visages un peu gauches, et en supprimant la nudité de Barbara Gordon lors de l’agression du Joker.

    • Jyrille  

      J’ai offert la version noir et blanc à un ami mais je ne l’ai pas lue ainsi. Peut-être est-ce une bonne option, sans couleurs…

  • Tornado  

    Oui, c’est Bolland himself qui a refait les couleurs.
    Vaste débat, que nous avons déjà eu avec Présence.
    Le refus d’une nouvelle colorisation est une pensée puriste. Ça peut se comprendre, en ce sens que le lecteur qui lit un récit publié il y a 30 ou 40 ans, ne veut pas avoir l’impression de lire quelque chose qui a été publié aujourd’hui. Surtout si, effectivement, l’ancienne colorisation est liée à un souvenir particulier.

    Pour ma part, je suis l’inverse d’un puriste et je préfère les comics remasterisés. Simplement parce que les anciennes couleurs étaient industrielles et vraiment affreuses. Evidemment, lorsque les anciennes couleurs sont conceptuelles et qu’elles ont été réalisées par l’artiste lui-même, il ne faut pas y toucher. Sauf dans les rares cas où c’est le même artiste qui décide de les refaire.
    J’adore ma collection des Conan par Barry W. Smith avec les nouvelles couleurs. C’est vrai que ça dénature la chose. Mais vous ne serez pas étonné si je dis que je m’en fous un peu tant que ça apporte un peu de modernité à un truc que je trouve trop naïf.
    Idem pour les Miracleman. J’aime beaucoup la nouvelle mise en couleur. Et je rêve d’une version de Born Again avec une nouvelle colorisation, tant l’ancienne est abominable !

    Enfin, je trouve que Cyrille a raison : Un nouvelle édition en NB (comme les EC Comics ou les Chroniques de Conan), c’est encore finalement le mieux.

  • Tornado  

    Le premier scan en haut montre l’édition Comics USA avec l’ancienne colorisation. C’est la version que je possède. Je dois néanmoins avouer que la tentation de m’offrir la nouvelle a souvent été forte, notamment parce qu’il y a une histoire bonus de Brian Bolland. Mais comme j’ai vu que cette même histoire est également dans l’anthologie « Black & White », je me suis finalement retenu ! 😀

    La question du viol ? Je ne pense pas qu’elle ait été violée au sens sexuel du terme. Mais le terme de viol n’est pas forcément sexuel. C’est une violence physique au départ. Je me souviens d’une conférence sur Guernica de Picasso où le prof décortiquait chaque figure du tableau. En ce qui concerne la jument au centre, il parlait de « viol » et expliquait que ce n’était pas au sens sexuel, justement.

  • Matt  

    Alors comment dire…que le dessinateur lui-même le veuille ou non, je ne suis pas forcément d’accord sur le fait que c’est forcément pertinent que ce soit refait.
    Et je ne veux pas qu’on pense que je suis puriste à cause de ça. Mais vous connaissez l’expression « le mieux est l’ennemi du bien ? »
    Georges Lucas lui-même a voulu rajouter plein de trucs dans les vieux Star Wars. Ces ajouts sont-ils tous réussis ?
    Les auteurs eux mêmes peuvent avoir de mauvaises idées, hein.
    Pour le coup, je raisonne vraiment en terme de ressenti et pas de respect pour les vielles couleurs qui, je suis d’accord, sont parfois moches. Je suis plutôt pour un respect de ce que peut dégager une ancienne colorisation. Et si ça ne dégage rien, le mieux c’est le noir et blanc. Pour moi par exemple, les colorisations de Conan de BWS, je peux pas. C’est juste…je peux pas, je trouve ça affreux. Comme les EC comics en VO. Et pas parce que je suis offensé qu’on ait osé toucher au truc. Mais parce que je ne trouve pas que cela apporte de la modernité. Je trouve même que ça fait ressortir encore plus le côté vieillot parce que le contraste est trop fort. ça veut donner l’impression que c’est moderne alors que la narration et les dessins font vieux. On a donc l’impression que ça vient de sortir dans le commerce et que l’auteur n’est pas plus doué que dans les années 60. Je rêve d’une édition noir et blanc.

    En lisant Killing Joke pour la première fois, même si je me suis fait la réflexion « ça fait vieillot » sur certaines pages, j’ai par contre ressenti des choses liées à la couleur. J’ai trouvé qu’à certains endroits c’était parfait. Notamment à la fin dans cette fête foraine et un Batman noyé dans le rouge, orange, comme s’il était assailli par la folie de l’endroit aux couleurs de fête.
    J’ose dire que le mieux serait un mix entre l’ancienne et la nouvelle version. La nouvelle version s’enferme trop dans des couleurs froides qui ne dégagent aucune folie, rien. On dirait un exercice de style moderne de type bichromie qui oublie de mettre en valeur les scènes.

    Ressenti personnel hein. Et puis je ne dis pas que ça fout en l’air le comics. Mais je n’ai vraiment pas ressenti la même chose en regardant la nouvelle colorisation. J’ai été déçu. Plus joli oui, mais trop artificielle à des endroits ou l’agressivité des couleurs anciennes avaient du sens (pour moi en tous cas).

    • Matt  

      Je précise que ça n’empêche pas que les auteurs aient le droit de tout modifier s’ils le veulent et si ça correspond mieux à leur vision d’origine. C’est évident.
      Mais en aucun cas on ne peut prétendre que puisque c’est une version plus fidèle à ce qui était voulu, c’est forcément mieux. C’est forcément plus représentatif de leurs intentions ok (encore que…des années après, sommes-nous encore dans le même état d’esprit qu’au moment de la création de l’oeuvre ?) Mais la vision « réelle » de l’auteur peut finalement avoir moins d’impact sur le lecteur que la vision déformée qu’a pu avoir une colorisation différente de celle souhaitée.
      Après tout est une question de ressenti personnel.
      Mais c’est pour pinailler hein. Le comics reste un bon comics dans les 2 versions.

      • Bruce lit  

        Personnellement les recolorisations ne me choquent pas. Il y’a toujours la possibilité de garder l’ancienne édition après tout. Je sais que supervisée par Jeff Smith, la série Bone me plait plus en couleurs qu’en N&B. Les nouvelles couleurs de Sandman m’ont fait réinvestir dedans. Les traductions nazes par contre je supporte pas.
        Et pour faire un comparatif avec la musique, j’aime les remasterisations de CD qui nous extraient du son caverneux des premières éditions.

        • Matt  

          C’est vrai que les recolorisations de Sansdman sont belles. Je ne peux le nier.
          Mais Sandman n’a pas un look vieillot non plus. Je ne sais pas comment l’expliquer, il faudrait des scans en fait.
          Le Conan de BWS ou les EC comics en VO ont une sorte de colorisation standard sans aucune âme MAIS disposant de dégradés de couleurs là où c’était une couleur unie à la base. ça reste une colorisation basique qui sonne un peu moderne via les dégradés, mais c’est très anecdotique, et pour moi trop en décalage avec le caractère ancien des dessins et de la narration.
          Mais après je suis aussi quelqu’un de sévère sur les couleurs.
          Je ne suis pas non plus un snob qui dit que tout est mieux en noir et blanc, mais en fonction de la colorisation, je peux être rebuté ou pas.
          Par exemple je n’aime pas la mise en couleurs des BD Largo Winch. C’est difficile à expliquer pourquoi. Les teintes, une histoire d’harmonie avec les dessins, je sais pas…
          Je possède une édition noir et blanc petit format des premiers albums qui me convient très bien.

        • Matt  

          Surtout que chez Conan et les EC comics finalement, les teintes restent très vives, quasiment autant que la vieille version. Ce ne sont pas quelques dégradés qui vont rendre ça beau. Tout est trop propre et flashy.

          • Tornado  

            En fait dans les Conan, il y a des passages plus ou moins réussis. « La Fille des Géants du Gel » et « Clous Rouges » sont à la fois dessinés ET encrés par BWS. Du coup, ils ont un aspect très moderne et la mise en couleur ne dissone pas. Et en plus, elle est effectuée par Richard Isanove, un excellent coloriste, qui a sû trouver les bons dosages de manière conceptuelle.
            Toutefois, ces deux mêmes épisodes sont également publiés dans la première anthologie des Chroniques de Conan (1971-1974) en noir et blanc. Et ils sont magnifiques comme ça aussi.

  • Bruce lit  

    Ouch Lionel ! Pas de délire scatophile, hein ?
    Ce qui m’avait plu c’était le récit auto-contenu : je n’avais pas besoin d’avoir lu 1000 Batman pour apprécier cette histoire. J’avais bien apprécié également l’intro où Batman tente de raisonner le Joker de stopper la violence. Et la fin, où les deux ennemis rigolent ensemble. Mince, mais pourquoi j’ai revendu ça en fait ?

  • JP Nguyen  

    @Lionel : certes, au niveau scénar, c’est pas extraordinaire mais du coup, c’est quand même un bijou de concision, là où, des années plus tard, il faut un event en 6 épisodes + 18 tie-in pour au final aboutir à un gros pschitt.. Là, il s’agit d’une histoire ayant eu un impact sur la fameuse continuité tout en restant tout à fait appréciable en stand-alone. Et je ne suis pas un « ultra » d’Alan Moore…
    Et lorsque Tornado mentionne le « montage étant pensé comme au cinéma, avec fondus enchaînés et ellipses de pure écriture cinégénique », il touche du doigt ce qui m’a toujours marqué dans cette BD : ses transitions superbement bien pensées, qui donnent toute sa fluidité au récit…
    Dans le même genre, il y avait un stand-alone de 100 Bullets qui était aussi chiadé (celui où Cole Burns essaye de se rabibocher avec sa copine…)

  • Matt  

    Au fait Tornado, la scène avec Barbara qui se fait tirer dessus est tirée de la première colorisation aussi, non ? Tout ce rouge a disparu de la nouvelle version je crois bien. C’est un exemple efficace je trouve que je préfère dans la première version.

    Tout comme tout le passage avec Gordon qui devient fou, Batman qui cherche le Joker.
    Je sais, j’insiste je suis pénible, mais j’ai trouvé des images^^ :

    http://image.noelshack.com/fichiers/2014/01/1419890545-madhouse.jpg

    https://rightearleft.files.wordpress.com/2015/06/martin-dupuis-the-killing-joke_31.jpg

    Je trouve que les versions modernes n’ont plus rien de « fou » ni d’inquiétant. Il y a un côté psychédélique oppressant dans l’ancienne version.

  • Matt  

    On est d’accord que c’est beaucoup moins pertinent sur une page comme ça :

    http://www.washingtonheightswarlord.com/KJC05.jpg

    mais sur une scène comme ça aux couleurs de la fête foraine, c’est bien plus dérangeant :

    http://i.imgur.com/BNJAxLc.jpg

    C’est pourquoi je me dis qu’un mélange des deux versions serait bien. Certaines scènes anodines aux teintes réalistes, et d’autres aux couleurs de la folie.
    Après encore une fois, je ne généralise pas sur cette pratique de recoloriser. C’est juste que là j’ai ressenti des émotions en lisant cette BD dont le changement de couleurs m’a privé.

  • Matt  

    On est d’accord que c’est beaucoup moins pertinent sur une image anodine comme ça :

    http://www.washingtonheightswarlord.com/KJC05.jpg

    Mais dans la folie de la fête foraine, c’est bien meilleur :

    http://i.imgur.com/BNJAxLc.jpg

    Après je ne généralise pas en disant que c’est mal de recoloriser. Là c’est juste que la nouvelle version m’a privé d’émotions que j’ai ressenti en lisant le comics dans sa version précédente.

  • Matt  

    Il est évident que c’est moins pertinent dans une scène comme cela :

    http://www.washingtonheightswarlord.com/KJC05.jpg

    Là on se demande ce qui a motivé le choix de ces couleurs. Ce qui peut laisser penser que ce côté psychédélique inquiétant à la foire vers la fin n’est pas volontaire. Mais c’est ce que j’ai ressenti. Et j’ai aimé ça. D’où ma remarque sur le fait qu’un mélange des 2 versions en fonction de la nature des scènes pourrait être cool.

    Du coup je ne veux pas généraliser en disant que c’est mal de recoloriser, mais dans ce cas précis, les nouvelles couleurs m’ont privé d’émotions que j’avais ressenties à la lecture de la vieille version.
    Si tu veux t’en séparer au profit de la nouvelle version Tornado, je suis preneur^^

    • Matt  

      woups mais que s’est-il passé avec mes messages ? Désolé pour le spam mais ça ne semblait pas passer. Et là tout est arrivé.

      • Bruce lit  

        A ton avis, grâce à qui ? 😉
        Les liens sont aléatoires, je vous le rappelle et risque d’être classés en Spam par mon Askminet. 125 000 à ce jour…

    • Tornado  

      Sans vouloir te vexer, je crois que je préfèrerais avoir les deux ! 😉
      (Et c’est exceptionnel car je n’achète quasiment jamais une BD que j’ai déjà et je n’ai, à ce jour encore, aucune BD en double même si elle a connu 120 000 éditions différentes, comme le font certains collectionneurs).

  • Tornado  

    Alan Moore et ses groupies.

    Il y a deux jours, je discute avec un membre de la famille de ma femme et il me dit, à propos de Picasso : « Celui-là est très surestimé pour moi il n’avait aucun talent ».

    Qu’est-ce que tu veux répondre à ça ?
    Picasso était, est et sera toujours un artiste qui ne plait pas à tout le monde. Il a brisé les codes et les obligations esthétiques des arts plastiques (obligation de plaire) afin d’explorer et libérer les domaines inconnus de la création artistique. Il ne s’est jamais soucié de faire quelque chose de beau, mais possédait systématiquement un million de longueurs d’avance sur tout le monde. De plus, chaque fois qu’il essayait quelque chose, il le faisait mieux que tout le monde (voir ses oeuvres réalistes de jeunesse absolument virtuoses alors qu’il avait 10 ou 11 ans).
    Je ne suis moi-même pas un grand fan de Picasso (je ne mets pas ses œuvres sur les murs). Mais je l’ai suffisamment étudié en long, en large et en travers pour savoir qu’il n’est en rien surestimé. On pourrait passer une vie entière à l’étudier, que l’on n’aurait toujours pas réussi à le rattraper…

    A mon humble avis, c’est la même chose avec Alan Moore. Je ne me considère pas comme une groupie car, avant de penser qu’il s’agit du grand génie de son medium (les comics), j’ai quasiment tout lu et tout décortiqué. Et, de la même manière, chaque fois qu’il essaie un truc, il le fait mieux que tout le monde.
    Réussir à raconter une simple et courte histoire de Batman avec autant de virtuosité et de force, ce n’est pas donné à tout le monde. Je ne parle pas de la caractérisation des personnages ni même du fond et des arcanes du récit (qui est laconique mais c’est le but), mais surtout de sa mise en forme narrative, qui est plus que brillante. Je l’ai dit et de le répète, j’avais 15 ou 16 ans lorsque je l’ai lue, et depuis je suis éternellement en quête des mêmes sensations de lecture.

    En relisant les posts de l’autre dingo plus haut (qui datent de 2ans), je constate qu’il ne parle jamais de la forme d’un comics. Il ne fait que relever « ce que dit ou ce que fait le personnage ». Mais la BD ce n’est pas qu’une simple histoire avec des personnages. C’est aussi une manière de la raconter et de la mettre en image. Sinon, il suffirait de lire un roman ou même un roman illustré pour la jeunesse.
    La BD, c’est du texte et du dessin. C’est un découpage séquentiel et conceptuel. Ce sont des dialogues et une voix off. Ce sont des trouvailles narratives et un échange perpétuel avec ses deux voisins, la littérature et le cinéma. Ce n’est pas juste des personnages et leur histoire. En ce sens, TKJ est un grand moment de bande-dessinée.

Leave a reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *