If you should see George, say hello… (RIP George Perez)

Focus : La mort de George Perez vue par la rédaction

1ère publication le 16/05/22 -MAj le 04/08/22

The King George par David Mack
©David Mack

A peine une semaine après la mort de Neal Adams, la planète Geek pleure la disparition d’un autre Titan des Comics : George Perez.
La nouvelle était moins surprenante : il avait annoncé il y a quelques mois souffrir d’un cancer incurable. Sur les quelques photos de sa page, il était amaigri, fatigué mais, sûrement inspiré par ces chemises à fleurs dont il s’était fait l’illustre ambassadeur, il souriait à ce qu’il lui restait de vie, chaque message étant un modèle de dignité, de courage et d’amour.
On dit souvent que le moral est essentiel dans la guérison d’une maladie. Si c’était si simple, Perez se serait déjà autoguéri comme Wolvie.


Sa famille annonce une mort paisible et entouré. Comme CAPTAIN MARVEL. C’est tout le bien que l’on pouvait souhaiter à ce maniaque du détail, ce fin connaisseur de l’âme où chaque personnage jouait sa partition dans des fresques dont il avait le secret.
Une partie de la rédaction a levé la main pour lui rendre hommage augmentée de la présence d’un autre passeur : Xavier Fournier, entre deux deux trains, deux festivals et dans son opération résurection du légendaire mag’ COMIC BOX dont le financement participatif se termine cette semaine, a également répondu présent.
Merci à lui et Hail to the glorious dead.

-BRUCE

SPECIAL GUEST STAR : XAVIER FOURNIER

©Dc Comics

Certains artistes sont des modèles d’économie. Un trait pour symboliser un horizon. Une courbe pour évoquer une épaule. Quelques silhouettes pour évoquer une foule. George Pérez, lui, chargeait chaque page comme une scène de péplum. Certains ont été tentés de voir en cette avalanche de personnages une simple façon d’occuper la page, de cacher la narration, de meubler le vide. Une « simple façon » ? Détrompons-les, détrompons-nous… Et soulignons que Perez a fait carrière dans une industrie où l’on paie à la page et ou la cadence, la vitesse pour produire ces pages, se traduit en revenus.

George Pérez avait toutes les raisons de pondre de la page vite. Il a préféré dire non. Le maître a pris le contre-pied de la cadence et a décidé de n’ abandonner aucun détail. Quand Pérez dessinait des foules de héros, il ne manquait personne a l’appel. Il ne manquait aucun bijou, aucun pli. Quand Pérez représentait l’apocalypse, c’était avec tous les nuages possible. Quand Pérez représentait un arbre, on voyait les feuilles des arbres. Une maison en pierre ? Il dessinait la moindre fissure. Dans une générosité sans borne, Perez a été, est et restera un type qui remplissait des pages, oui, mais comme d’autres ont peint le plafond de la chapelle Sixtine. Pérez a été, est et restera un artiste dont on regardera les pages bouche-bée devant le tour de force que cela représente. Chapeau l’artiste !

Sans doute la couve DC mainstream la plus iconique des années 80
©DC COMICS

Alex NIKOLAVITCH

La coïncidence de la mort, à quelques jours d’intervalle, de Neal Adams et de George Perez a pour moi un sens particulier. Parce qu’ils représentaient à mes yeux deux facettes bien distinctes de ce que j’aime dans les comics. Si Adams, par son exubérance graphique, a révolutionné les comics DC jusqu’alors très sage, et pavé la voie à des dessinateurs expérimentaux comme Sienkiewicz, Perez, c’était une autre approche, beaucoup plus classique et sobre, héritière justement des gens qu’Adams avait ringardisés d’un coup. Avec Perez, on était dans le mainstream pur, dans la continuité d’un DC presque patrimonial. Pourtant, Perez est tout comme Adams, associé à une forme de démesure telle qu’on n’en trouve que dans les comics. Simplement, elle s’exprime chez lui d’une façon radicalement opposée. Si Adams avait un dessin ultra dynamique et lâché, faisant éclater le cadre et la page, l’immense précision de Perez, si elle lui donne un trait presque froid, lui a permis de démultiplier les personnages à un degré que le dessinateur de KREE/SKRULL WAR n’avait fait qu’approcher.

NEW TEEN TITANS, d’abord, rajeunit d’un coup un concept gentillet de groupe de sidekicks pour en faire de vrais ados aux prises avec leurs émotions et leurs contradictions, qui rivalise au début des années 80 avec les X-MEN de Claremont.

Mais le magnum opus de Perez, c’est bien sûr CRISIS ON INFINITE EARTHS. Là encore, le projet part de choses très classiques chez DC, les destructions planétaires, le pathos qui va avec, et les team-ups interdimensionnels. Perez parvient à représenter TOUT l’univers DC, tous les univers, tous les personnages, et à les faire rentrer dans des planches démentielles. Et puis il y a la couverture du n°7, directement entrée dans la liste des plus iconiques de tous les temps. Avec CRISIS, Perez accomplit toutes les potentialités du mainstream façon DC, qui n’avaient été qu’en germes dans les décennies précédentes.
Il y a eu des dizaines d’héritiers d’Adams l’unique, il n’y a eu qu’un seul Perez le multiplicateur. Magie des comics.

Parfois Merci, ce n’est pas assez.
©Marvel Comics

EDDY VANLEFFE

C’est facile pour moi de revenir sur mon premier choc signé George Perez. C’est indubitablement les Marvel Fanfare 10-11-12-13 (compilé dans un album Arédit que je garde précieusement). L’histoire mettait en scène la Veuve Noire dans une intrigue rythmée lorgnant vers un espionnage à la James Bond assez «too much». La séduction vénéneuse de Natasha tournait à plein régime et déjà les décors faisaient la démonstration d’un sens de la minutie à part dans un monde souvent amené à privilégier l’évocation plutôt que la description. Pourtant, jamais les planches ne sont chargées. Plus tard, à l’âge où l’ont fait à peine attention à ce petit bandeau de crédit en bas de la première page, le nom de George Perez revenait régulièrement dans AVENGERS, dans FANTASTIC FOUR, et dans MARVEL TWO-IN-ONE.

Accumulant chez Marvel les missions courtes, George déménagea chez la Distinguée Concurrence. Et ce fut les NEW TEEN TITANS, ces fameux rivaux des X-Men. Je les cherchais dans toutes les braderies dans leurs éditions Arédit. Puis je me tournais sur les volumes américains pour ne trouver que deux trade paperback (JUDAS CONTRACT et TERROR OF TRIGON), pour enfin profiter d’une édition plus pérenne chez Urban. Dans ces pages, on voit George devenir Perez, son style s’affirme et devient meilleur de chapitre en chapitre au point de devenir un cas d’école. Pas étonnant que l’éditeur l’associa à ses projets les plus iconiques. Bien sur je veux parler de CRISIS ON INFINITE EARTHS et WONDER WOMAN. Depuis je vais de claques (CRIMSON PLAGUE) en redécouvertes (INFINITY GAUNTLET) . Chaque fois, je referme ses livres épaté devant son sens du spectacle, de la mythologie et son soin à ne jamais bâcler ni aucun visage ni aucun décor et, détail qui fait la différence: son amusement visible (THE BRAVE AND THE BOLD). Son talent l’a placé si haut qu’il n’a pas du monter beaucoup en partant.

FLETCHER ARROWSMITH

Ma première véritable rencontre avec Georges Pérez a eu lieu sur un lit d’hôpital en février 1992. A ma demande ma mère m’avait acheté le RCM 33, LE DEFI DE THANOS, avec les deux premiers numéros de INFINITY GAUNTLET.
J’avais déjà eu l’occasion de lire des comics dessinés par George Pérez mais je n’avais pas forcément fait plus attention que cela à son trait si spécifique. La couverture ouvrait le bal de façon magistrale. Puis les planches intérieures m’ont littéralement transporté. Le niveau de détail à chaque case, le nombre de personnages croqué de façon si parfaite, la vie qui fourmillait quand on prenait le temps de lire et relire comme Rintrah qui coursait Pip cigare à la bouche. L’alitement aidant, je tenais là surement un des comics que j’ai le plus lu et je commençais alors à m’intéresser au nom du dessinateur. Je me rappelle très bien m’être demandé pourquoi on ne voyait pas plus ce George Pérez dans d’autres comics tant son trait me semblait parfait.

Je ne l’ai retrouvé que quelques mois plus tard sur FUTUR IMPARFAIT et surtout pendant longtemps (et même encore maintenant) le fait de lire son nom en tant que scénariste de la série SILVER SURFER fut un mystère : mais est ce bien le même George Pérez ou bien un homonyme ? J’aurais par la suite une infinité d’occasions de me régaler devant les planches regorgeant de détails de ce génie du 7ème art. SACH & VIOLENS avec Peter David, NEW TEEN TITANS, CRISIS ON INFINITE EARTHS puis GAMES avec Marv Wolfman, La saga du PROJET PEGASUS (MARVEL TWO IN ONE), AVENGERS avec Kurt Busiek et surtout la rencontre tant attendue pour tous les fans de comics, JLA/AVENGERS. A ce sujet comme un ultime cadeau de la part de George Pérez, bien que possédant les fascicules VF, mon comics shop a réussi à me procurer le recueil en tirage limité dans le cadre de Hero Initiative pour le jour de mon anniversaire. Merci George.

Avoir comme passion les comics peut sembler évident en 2022 mais pendant des années, sans MCU ni internet, nous étions une communauté plutôt discrète. J’ai passé des années sans pouvoir partager cette passion. En 2004 je me suis inscrit sur le forum Buzz Comics où je n’ai réellement commencé à être actif que 9 plus tard. C’est Buzz Comics qui m’a réellement ouvert de nouveaux horizons dont une des facettes, l’écriture, m’a mené cette année, à pouvoir écrire ces quelques lignes ici même. Sur Buzz Comics j’ai découvert des fans de George Pérez. Des adultes comme moi, qui avaient comme avatar Starfire ou encore Flash dessiné par George Pérez, qui pouvaient discuter pendant des pages des fameux TEEN TITANS des années 80, allant même jusqu’à déclarer que cette série était meilleure que les UNCANNY X-MEN de Claremont. CRISIS ON INFINITE EARTHS devenait l’event ultime. Et surtout il y avait Scarletneedle, la légende du forum. Celui qui publie plus vite des pages, sujets et commentaires que Wally West. Scarletneedle, Hervé de son prénom, est assurément le fan autoproclamé n°1 de George Pérez. Il savait que ce jour allait arriver et je ne doute point de la tristesse qui a dû s’emparer de lui, ce samedi 7 mai 2022, jour du Free Comics Book Day où nous fêtions notre passion commune.

Je suis devenu ami avec Hervé. Il m’a hébergé chez lui afin que nous fassions des festivals ensemble (dont un FACT 2015 sur lequel je vais revenir). On a travaillé ensemble pour que le forum continue à vivre et grandir. Sa passion pour George Pérez est communicative et a fortement contribué à mon rapprochement de cette communauté que j’ai longtemps recherchée.

De gauche à droite : Wonder Woman, Fletcher Arrowsmith, George Pérez
©Fletcher Arrowsmith

Enfin j’ai une la chance de rencontrer en personne George Pérez, en 2015 au FACT de Gand (Belgique). J’ai dormi chez mon ami Scarletneedle, et un autre buzzuki (EsseJi) m’a offert des produits de sa région car il ne pouvait pas nous accompagner au festival. Mon dos se souvient des quelques kilos que représente l’omnibus WONDER WOMAN que j’ai transporté à travers deux pays pour qu’il puisse m’y laisser une Diana éternelle en souvenir de ce moment. Je me rappelle très bien lui avoir également présenté l’album LES ETRANGES X-MEN n°1 DESCENTE AUX ENFER datant de 1983 publié par Lug avec à l’intérieur X-MEN ANNUAL #3, son unique réelle contribution aux mutants de Marvel.

Il a été doublement étonné. A la fois que je lui demande une signature sur un comics qu’il avait dessiné 36 ans avant mais c’est surtout l’édition française qui l’a intriguée. Il l’a ouvert, regardé sous toutes ses coutures avec des sourires qui en disaient long. Les artistes adorent voir leur travail sublimé ou bien sous des formats respectueux des heures passés dessus. George Pérez était la tête d’affiche du FACT. Nous étions nombreux de tout horizons et nationalité à s’être déplacés pour rencontrer la légende. Dans la file d’attente nous échangions nos sentiments de lecture ; « Tu en penses quoi de SIRENS ? .…et toi tu as amené quoi ? …Je ne savais pas qu’il avait dessiné du Witchblade. …Perso je vais lui demander une Donna Troy…. ». George Pérez nous unissait. Il était la septième pierre d’infinité, celle de l’amitié.

JB VU VAN

Mon premier contact avec l’artiste
© DC Comics

Né en 1980, j’ai commencé à collectionner les comics au début des années 90, souvent dans les bacs à soldes en magasin. On y trouvait beaucoup de lots d’albums mélangeant les éditeurs : Lug, Sagédition et Arédit. J’ai ainsi découvert George Pérez avec un album des Jeunes T. (TEEN TITANS), “L’Alliance”. Dès la couverture, le choc. J’y retrouvais des personnages familiers (Robin, Kid Flash, Wonder Girl) entourés de héros plus monstrueux (les Oméga Men). Sur les côtés de la couverture, 2 visages de femmes, l’une en pleurs, l’autre au sourire sadique. Après les histoires naïves de Superman dans les récits Sagédition, j’entrais dans un univers plus violent. L’histoire elle-même s’ouvre sur une équipe de Titans en piteux états (Cyborg a perdu ses jambes) et le récit revient régulièrement sur les tortures que fait subir Komand’r à sa sœur Koriand’r. Malgré la jeunesse des héros, je découvrais un univers DC graphiquement et narrativement bien plus mature grâce aux récits de Marv Wolfman et de George Pérez. Les autres albums des Jeunes T. que je récupère à cette époque confortent cet opinion, notamment une histoire consacrée à l’emprise de la drogue sur la jeunesse américaine, avec plusieurs scènes de témoignages tirées d’interviews avec des personnes bien réelles.

J’ai retrouvé George Pérez sur des albums épars de Super Star Comics, série VF fourre-tout dans laquelle a été publié pour la première fois CRISIS ON INFINITE EARTHS. Là encore, ce sont des couvertures qui restent en mémoire : le rassemblement de tous les supervilains faisant face aux lecteurs, menaçant. Et surtout Superman en pleurs tenant le corps inerte de Supergirl, entouré des autres superhéros l’accompagnant dans son deuil. Là encore, les intérieurs ne déçoivent pas et je découvre les morts successives de Barry Allen et de Supergirl face à l’Anti-Monitor. Sans vraiment comprendre l’intrigue, je sais que j’assiste à un moment charnière de l’Univers DC.

Le lecteur n’est pas à l’abri !
© DC Comics

Puis ce sont des retrouvailles occasionnelles avec l’artiste. Un JUSTICE LEAGUE OF AMERICA anniversaire, le n°200, qui rassemble plusieurs artistes mais dont George Pérez illustre la trame principale, où les membres historique de la Ligue, contrôlés par leurs premiers adversaires, affrontent leurs partenaires plus récents. Dans les albums pocket en noir et blanc Les Vengeurs, je découvre les AVENGERS de George Pérez avec l’affrontement des Vengeurs et des Gardiens de la Galaxie contre Michael/Korvac qui tourne au massacre. À chaque fois, l’artiste est synonyme de claque visuelle, seul dessinateur capable de représenter de manière fluide des dizaines de personnages.

Je perds de vue le travail de George Pérez jusqu’à l’ère Heroes Return où, avec Kurt Busiek, il propose un retour en force des Avengers après une longue traversée du désert pour l’équipe, après un catastrophique crossover TRAHISON et une non moins décevante série Heroes Reborn par l’écurie Liefeld. Et Busiek offre à Pérez l’occasion de réimaginer ses héros à plusieurs reprises. Des versions médiévales des Avengers transformés par Morgane la Fée dans les premiers numéros, une mise à jour des costumes de Wanda et de Firestar, des touches barbares lors d’un affrontement contre Kulan Gath (l’espace de quelques cases, Miss Hulk se retrouve notamment dans le costume de Red Sonja !). Un véritable retour en grâce pour l’équipe.

Mais fin 90, je me tourne vers les VO et peux enfin découvrir les inédits VF. Je découvre alors un George Pérez auteur sur Wonder Woman. Pérez réimagine le personnage et le ramène à ses racines grecques. Si George Pérez s’éloigne de la philosophie originelle du personnage, il fait véritablement de Diana une ambassadrice, et lui construit un véritable entourage qui évoluera avec elle. Une saga de plus de 60 numéros durant lesquelles l’auteur passe la main à Jill Thompson pour la partie graphique, tout en continuant à assurer l’écriture qui atteint son point d’orgue avec le crossover WAR OF THE GODS. Une vision fondatrice du personnage qui, à mon avis, remplace celle de William Moulton Marston dans l’imaginaire collectif et les adaptations à venir.

Le climax d’un run fondateur
© DC Comics

Enfin, c’est l’apothéose graphique de l’artiste avec son JLA/AVENGERS où George Pérez retrouve son complice Kurt Busiek. Loin d’un crossover prétexte, les 2 hommes réalisent une lettre d’amour aux 2 équipes et récompensent les fans qui attendent cette rencontre depuis les années 80. D’une part avec l’affrontement tant espéré entre les équipes. Puis avec un hommage aux personnages : Busiek balaie l’histoire des héros des 2 univers et Pérez retrace leurs moments les plus marquants (la chute de Hal Jordan, celle de Hank Pym, Knightfall ou la mort de Superman). Et enfin avec le team-up final. Des fluctuations temporelles dans le récit donnent notamment à George Pérez l’opportunité de dessiner plusieurs versions des personnages : en plein combat, Hal Jordan adopte son costume de Parallax avant de laisser la place à Kyle Rayner. Alors que Superman fait équipe avec Thor, il se retrouve avec ses pouvoirs électriques aux côtés d’Eric Masterson. Le récit est ainsi truffé d’easter eggs visuels caressant le lecteur féru de continuité que je suis dans le sens du poil.

Merci à vous, Mr Pérez, pour ces souvenirs qui m’ont accompagné durant toutes ces années. Je continuerai à vous retrouver avec plaisir au fil de mes lectures et relectures, en pensant à votre héritage au monde des comics.

KAORI

© DC Comics

George Pérez nous a quittés. Depuis l’annonce de sa maladie, le monde du comics, professionnels et lecteurs, se préparait à son départ. Et c’est depuis cette annonce, il y a maintenant presque 6 mois, que je découvre vraiment qui est/était George Pérez.

Bien sûr, pour moi, avant cela, c’était non seulement un dessinateur reconnu, mais surtout le co-créateur du personnage de Nightwing. Un dessinateur dont le travail me rappelait un autre grand nom du comics dont j’adorais le trait, John Byrne. Je connaissais sa renommée, mais je n’imaginais pas à quel point il était aimé.

C’est ce qui m’a frappée dans les échanges que j’ai pu lire sur les réseaux sociaux. Trop souvent l’actualité nous rappelle à quel point les réseaux sociaux peuvent être dangereux, néfastes et pleins de haine. Mais dans ce genre d’occasions, ils peuvent aussi être vecteurs d’amour. Ils ont permis à George Pérez de garder un lien avec ses fans et de recevoir une montagne de bienveillance, de respect et de preuves d’amour.

Plein de personnes, anonymes comme grands noms de l’univers du comics, ont souhaité exprimer tout ce que George Pérez leur avait apporté : inspiration, modèle, réconfort à des époques difficiles de leur vie, grâce à son travail sur les Jeunes Titans notamment.

Mais ce que je retiens surtout, c’est la gentillesse qui se dégageait de tous ses souvenirs. Le sourire de George Pérez lors des photos des conventions, dans ses chemises vives et bariolées, pleines de vie, tout comme lui. La gentillesse relatée par ses proches, ses fans, ses amis. Ce sourire qui ne le quittait jamais.

George Pérez a accueilli la nouvelle de sa maladie avec une rare dignité, et a continué de rendre heureux les gens qui l’aimaient, et qu’il aimait. C’est en cela que pour moi, en plus d’être un excellent dessinateur, un modèle et une inspiration, c’était aussi un être humain exceptionnel qui mérite qu’on se souvienne de lui pour ce qu’il a fait mais aussi pour qui il était.
Reposez en paix, Monsieur Pérez. Et merci pour tout.

JP NGUYEN

En tant que lecteur de comics, ma première rencontre avec George Perez s’est sans doute faite grâce à une revue Aredit consacrée aux Vengeurs. C’était le numéro où ils affrontaient le Taskmaster, super-vilain capable de reproduire les talents de certains super-héros. Le mimétisme cumulatif de cet antagoniste pourrait tracer un parallèle avec le dessinateur dont le trait pouvait reproduire n’importe quel héros costumé et qui excellait à placer un maximum de personnages dans ses pages.

Des années plus tard, c’est avec FUTUR IMPARFAIT que je me prenais une grosse claque, notamment avec la double-page de la salle des souvenirs du Rick Jones du futur. L’exposition des vestiges de tous les héros disparus mêlait le grandiose et le tragique, parsemé de quelques touches d’humour, comme la cape du Docteur Strange auto-suspendue ou la taille de l’urne des cendres de la Guêpe à côté de celle du Blob. Mais le récit que je considère le plus emblématique du talent de cet artiste et de son amour du genre super-héroïque, c’est JLA VS AVENGERS, un crossover orgiaque où les champions des deux univers s’affrontaient puis s’alliaient au fil de planches pleines à craquer.
Quand viendra l’heure de tirer ma révérence, j’espère pouvoir dire que ma vie aura été aussi remplie qu’une double-page de George Perez !


La BO du jour

Et si tu vois mon ami, dis-lui bonjour

7 comments

  • Présence  

    Superbe hommage.

    Pérez est tout comme Adams, associé à une forme de démesure telle qu’on n’en trouve que dans les comics. – Très belle formule, très juste quant au fait que le talent de George Pérez met à profit les propriétés des comics : des images que le lecteur peut regarder et détailler en prenant son temps.

    Son soin à ne jamais bâcler ni aucun visage ni aucun décor : ça m’a toujours épaté ce soin et cette implication, en opposition, comme le fait remarquer Xavier FOURNIER, avec le mode de rémunération à la page.

    Pourquoi on ne voyait pas plus ce George Pérez dans d’autres comics tant son trait me semblait parfait ? Je me reconnais parfaitement dans ce genre de questionnement, quand la qualité d’un artiste est telle qu’il devrait dessiner au moins la moitié de la production des comics de superhéros. 🙂

    L’apothéose graphique de l’artiste avec son JLA/AVENGERS : une chasse aux œufs comme tu le dis si bien. Je suis sûr que toutes ces années après, je ne les ai pas tous trouvés.

    Surtout le co-créateur du personnage de Nightwing : j’aurais dû parier que cet événement serait mis en avant. D’un autre côté, il le mérite amplement : un assistant adolescent qui accède à l’âge adulte, une vraie révolution.

    Le mimétisme cumulatif de cet antagoniste pourrait tracer un parallèle avec le dessinateur dont le trait pouvait reproduire n’importe quel héros costumé : très belle image.

  • Matt  

    Ah les dessins de George Perez c’était souvent la grande classe !
    Je le connais mal comme scénariste. Je sais surtout qu’il a beaucoup participé à la réécriture de la mythologie du perso de Wonder Woman et certaines séquences lui ont été inspirées par les films de Harryhausen dont il était très fan (lu dans l’interview de la préface de l’intégrale Urban)
    Et la partie graphique est très chouette.

    R.I.P monsieur Perez.

  • Eddy vanleffe  

    Après avoir beaucoup lu de ses comics cette année, après avoir réagi énormément sur les RS, Après la lecture de cet article fleuve où je ne peux que remarquer à quel point quand on ne pinaille pas sur tel ou tel arc narratif, la communauté comics est une sorte de fraternité quand même.
    Nous avons connu George à peu près de la même manière, vibré de la même façon et nous partageons énormément de choses.
    C’est un peu l’héritage de ces géants.

  • Jyrille  

    Très bel hommage, ça fait plaisir de découvrir un auteur que je ne connais pas du tout à travers vos témoignages. Je crois bien n’avoir rien lu de lui, ou alors peut-être très jeune, mais je n’en ai aucun souvenir. Je n’ai sans doute aucune planche de Perez chez moi. Je guetterai peut-être des rééditions best of ou marquantes, pour ma culture. Désormais, je sais de quoi il retourne et tout ce que je lui dois : je ne suis que le MCU et la série télé TITANS…

    La BO : sympa. Toujours pas de déclic pour ma part sur ce groupe.

  • Matt  

    Un truc que j’aime bien dans certaines de ses planches, c’est la façon dont il s’amuse à représenter les décors. Un exemple avec le mont Olympe de la série Wonder Woman ou il imagine le lieu comme un truc échappant aux lois de la physique terrestre.

    https://thebristolboard.tumblr.com/post/616570284413173760/perez

  • Bruce lit  

    Merci à toute l’équipe pour cet hommage en récit complet.
    Fier d’accueillir Xavier Fournier qui entre deux festivals a eu le temps de griffonner son hommage. Je garde en tête sa comparaison postée sur son FB : la mort de Neal Adams et George Perez à moins d’une semaine d’écart, c’est comme si le cinéma avait perdu tour à tour Spielberg et Lucas.
    Reste à savoir qui est qui.
    @Eddy : je n’ai jamais lu ce MArvel Fanfare. Merci pour avoir inspiré le titre de l’article. Le dernier Stranglers est une pure merveille.
    @Fletch’ : quelle photo ! Superbe dédicace ! Le genre de dessin qui prend encore plus de sens après la mort de son auteur ! Ton témoignage rappelle que les comics ne se lisent pas toujours dans d’heureuses conditions et qu’ils servent aussi d’échappatoire aux lits d’hôpitaux. Lorsque mon frère avait hospitalisé de l’appendicite je me rappelle avoir acheté un STRANGE avec la DIVISION ALPHA en cover. Et il me semble même que ce fut le dernier.
    @JB et Kao : la mort de Perez me touche forcément moins car si peu lecteur de l’univers DC. Pourtant son album avec les Xmen contre les Baddons fait partie de mes histoires préférées de tous les temps.

  • Bruno :)  

    Hében, je n’étais pas trop fan de son travail : le fourmillement des détails et le côté très appuyé des traits d’expression des personnages avaient tendance à m’empêcher de profiter de l’histoire en cours, mon attention étant trop sollicitée par le dessin. Je reconnais cela-dit la qualité intrinsèque de ses planches, notamment le X-Men/Arkon, avec ce Colossus rutilant !
    Paradoxalement, il reste pour moi ce visage souriant et ouvert, caractéristique annexe des qualités humaines principales du bonhomme, si l’on en croit l’avalanche des commentaires lus en hommage à sa mémoire, un peu partout et même ici. Croisé au détour d’un article (Comics Journal ?!), je me rappelle l’avoir contemplé avec cette réflexion immédiate :  » Woah ! Il a l’air adorable ! ». Je ne me suis pas trompé, à l’évidence.
    Salut l’artiste.

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