Immatériels – 1° partie (Le Horla et ses émules-1)

Encyclopegeek : LE HORLA et ses émules…

Par : TORNADO

1ère publication le 14/09/17 – MAJ le 22/02/20

Cet article est le premier d’une série explorant le legs des nouvelles fantastiques de Guy de Maupassant, et plus précisément de la plus célèbre : Le Horla.
Nous nous intéressons ici aux classiques du cinéma, car le but est d’exposer une thématique développée à travers deux médiums privilégiés par les geeks : le cinéma et la BD (soit les deux vecteurs principaux de narration par l’image).

La série d’articles est publié en trois parties distinctes :
1 –Le Horla et ses émules cinématographiques (<- Vous êtes ici)
2 –Le Horla et ses émules bédéphiles
3 – Le Horla par Guillaume Sorel

Quelle est donc l’origine de cette folie ?

Quelle est donc l’origine de cette folie ?

Dans l’ensemble, les deux premières parties s’intéressent au thème développé par Maupassant à travers ses nouvelles fantastiques. A savoir cette frontière ténue entre la folie et le surnaturel, avec en corolaire d’autres thèmes immatériels comme la peur de l’indicible, la peur suggérée et enfin la schizophrénie. Où quand le lecteur et le spectateur hésitent entre le réel cartésien et les manifestations surnaturelles. Entre l’affabulation et le fantastique …

Si vous vous souvenez bien, dans sa nouvelle emblématique, Maupassant imagine un personnage de bourgeois réveillé la nuit par un cauchemar récurent : Une créature invisible vient s’agenouiller sur son corps et lui aspire son essence de vie. Le personnage se figure au fur et à mesure qu’il ne s’agit peut-être pas d’un cauchemar, mais bel et bien d’une sinistre réalité !
Le lecteur se demande alors peu à peu si ce phénomène est bel et bien dû à une manifestation surnaturelle de l’ordre du fantastique, ou plutôt à une solution bien plus réaliste, dont l’origine se trouverait dans la folie et dans l’esprit tourmenté du protagoniste…

Maupassant inventait alors une nouvelle forme de fantastique, rendant la frontière entre le réel et le surnaturel particulièrement ténue. La peur de l’indicible et la schizophrénie s’imposaient alors comme deux thèmes propres à donner le frisson…

Je vous propose sans transition de voyager dans l’histoire du cinéma avec dix titres, dix classiques propres à illustrer notre sujet…

Celle que l’on ne voit pas : la peur suggérée…

Celle que l’on ne voit pas : la peur suggérée…

Du côté du 7° art, le double thème de La peur de l’indicible et de la schizophrénie a été brillamment illustré dès les années 40, avec les productions Val Lewton au sein de la RKO (le studio de King Kong / et de Citizen Kane). Associé à des cinéastes comme Jacques Tourneur, Robert Wise ou Mark Robson, le producteur initia toute une série de films marchant sur les traces de Maupassant. A partir de La Féline, il y eut ainsi Vaudou (I Walked With A Zombie) et L’Homme Léopard (Jacques Tourneur), La Malédiction des Hommes-Chats et Le Récupérateur de Cadavres (Robert Wise), ou encore L’Île des Morts et Bedlam (Mark Robson).
Val Lewton était le maître à penser de l’école de la suggestion, où la peur devait être indicible. Ce parti-pris était né de la nécessité de palier aux impératifs commerciaux de la RKO, que son propriétaire Howard Hughes avait mis dans le rouge. C’est donc le talent combiné de ce producteur et de ses trois réalisateurs qui réussit à transcender les limites imposées par le budget de la production afin de créer des œuvres puissantes jouant sur le hors-champ et sur l’imagination du spectateur, voire des personnages….

Toutes les œuvres de Maupassant qui flirtent avec le fantastique jouent sur ce même terrain : Le personnage est-il face à une manifestation surnaturelle, ou bien cette manifestation est-elle issue de son esprit tourmenté ? Un thème fascinant que l’écrivain mêlera tragiquement à celui de la Folie, cette même folie qui s’emparera de lui peu avant sa mort…
Lewton et ses sbires vont ainsi reprendre la formule, quasiment à la lettre.

La Féline : Le prédateur (Irena, sur son lit) et sa proie (Alice, dans la piscine).

La Féline : Le prédateur (Irena, sur son lit) et sa proie.
Source Allocine 
Copyright D.R.

1- La Féline (1942).

Le pitch : Irena et Oliver tombent amoureux l’un de l’autre. La jeune femme est une immigrée serbe qui pense porter le poids d’une malédiction liée à ses origines. Elle accepte d’épouser Oliver mais se refuse à lui de manière charnelle, car elle redoute de lui faire du mal si ses instincts animaux, profondément enfouis, venaient à se réveiller. Devant cette réticence, Oliver finit par se rapprocher d’une collègue de travail, Alice, loin d’être insensible aux charmes du jeune homme. Profondément jalouse, Irena sent la malédiction de la « Féline » prendre le dessus sur sa nature humaine et paisible…

La réalisation de Jacques Tourneur, chapotée par les directives de Val Lewton, va faire date. Il faut remettre les choses dans leur contexte : A l’époque, le principe de suggestion relevé plus haut était une nouveauté absolue. Toute la décennie précédente avait été dominée, dans le domaine de l’horreur, par les films du studio Universal, qui faisaient la part belle aux maquillages en nous montrant les effrayants Dracula, Frankenstein et autres Loup-garou. Dans La Féline, Tourneur & Lewton ne montrent rien. La panthère n’apparaît même pas (on ne voit qu’une vague ombre portée complètement abstraite, lors du dénouement).
Ce parti-pris au départ imposé par les limites budgétaires deviendra alors une véritable trouvaille, riche en possibilités dramatiques et symboliques. C’est ainsi que les spectateurs de l’époque hurlaient de terreur devant la célèbre scène de la piscine, dans laquelle on ne voit rien d’autre qu’une ombre, que le réalisateur avouera plus tard être celle de son poing devant la caméra ! Et c’est ainsi que, par le biais de cette ellipse, qui mettra le spectateur face à un doute réel (la panthère était elle là ? L’héroïne s’est-elle réellement transformée ou bien a-t-elle seulement pensé qu’elle se transformait, nous obligeant ainsi à penser comme elle ?), les auteurs développaient une véritable allégorie de la schizophrénie

Vaudou : L’art de l’ombre portée. A noter une réplique du célèbre tableau d’Arnold Böcklin : L’Île des Morts…

Vaudou : L’art de l’ombre portée. A noter une réplique du célèbre tableau d’Arnold Böcklin : L’Île des Morts…
Source : Nouvelle Acquitaine 
Copyright D.R.

2 – Vaudou (I Walked With A Zombie) (1943)

Le pitch : Une jeune infirmière est convoquée dans une île des caraïbes afin de veiller sur l’épouse malade d’un riche propriétaire terrien, qui aurait tragiquement perdu la raison. Mais une ambiance familiale tendue et des tambours dans la nuit semblent indiquer que les choses sont bien plus compliquées et qu’un mystère effroyable plane sur cette île tropicale…

Onirique et indolent, cette perle du cinéma d’épouvante aligne les non-dits et laisse planer le mystère jusqu’au dénouement final qui se joue sur une révélation échappant complètement aux habituelles histoires manichéennes de bien contre le mal, annonçant le splendide et méconnu Les Amants Du Capricorne (1949), d’Alfred Hitchcock… Tout au long de l’intrigue, la plongée dans le vaudou se fait croissante. D’abord rejetée par des considérations scientifiques, cette dimension se fait de plus en plus oppressante jusqu’à laisser le spectateur perplexe à l’idée de son existence, comme s’il était passé du naturel au surnaturel sans s’en apercevoir, et sans en être certain… Une vision du vaudou exemplaire, presque documentaire, sans jugement, sans effets racoleurs ni manifestation théâtrale ampoulée.

La réalisation est une nouvelle fois, après La Féline, un modèle d’angoisse à peine perceptible (qui se joue d’ailleurs surtout une fois le film terminé). La voix-off de l’héroïne se fait murmure, l’horreur attendue laisse la place à la mélancolie, et bien entendu, les jeux d’ombres et de lumière assurent quasiment à eux-seuls le spectacle. Telle était la méthode du tandem Lewton/Tourneur : Un noir et blanc expressionniste directement issu des films d’horreur de la Universal des années 30 (dont on ne reprend ici que l’esthétique, et non les monstres…), une atmosphère onirique et mélancolique, accentuée par un voyage exotique particulièrement envoutant. Le son des tambours résonne ainsi longtemps après la vision du métrage, distillant une angoisse diffuse mais réelle, plus fascinante que terrifiante…


Elle marche avec un (des premiers) zombie (de l’histoire du cinéma) !

3 – L’Homme Léopard (1944)

Ce troisième film réalisé par Tourneur est certainement le moins impressionnant de la trilogie Lewton/Tourneur du fait qu’il n’est pas vraiment un film fantastique. C’est surtout un exercice de style cinématographique sur fond d’intrigue policière, le tout nimbé d’une atmosphère angoissante, qui lui donne un statut de film d’épouvante et une aura de film fantastique. C’est également l’un des pionniers du genre dans le domaine des tueurs psychopathes.
Très court mais particulièrement bavard et hiératique, il déçoit un peu dans le fond, mais se révèle éblouissant dans la forme dès lors que l’on s’intéresse un peu à sa construction. Les auteurs se servent de toute une série d’artifices filmiques (la nuit, le mystère, le suspense, les bruitages, une menace invisible) afin de donner corps à une intrigue plutôt banale. Tout se joue ainsi dans la manière dont l’histoire est racontée, davantage que dans son contenu. Les scènes bavardes et domestiques laissent ainsi la place, de manière chronique, à des séquences graphiques et expressionnistes de pure angoisse, comme celle du tunnel, celle du cimetière ou encore celle de la procession finale. La fameuse scène de la mort de la jeune Teresa Delgado, dont on entend les cris avant de voir le sang couler sous la porte, résume à elle-seule le pouvoir de suggestion d’un cinéma de la peur diffuse, qui devient plus impressionnante encore lorsqu’on se retrouve dans l’obligation d’imaginer les événements, plutôt que de les voir…

Film relativement mineur dans le fond, L’Homme Léopard est à prendre comme un exercice de style qui démontre que face aux limites budgétaires, l’inventivité de la mise en scène et les trouvailles formelles peuvent à elles-seules transcender leur sujet.

But where is the leopard-man ?

But where is the leopard-man ?
Source Attaboy
Copyright D.R.

4 – La Malédiction des Hommes-chats (Curse of the Cat People – 1944)

Réalisé par un Robert Wise débutant, tout droit sorti du montage de Citizen Kane, conçu comme une suite de La Féline, ce film au titre incongru n’a pourtant rien avoir avec la précédente histoire. Pas plus qu’il ne comporte de malédiction, ni d’homme-chat !

Il s’agit en fait d’un conte pour enfants, superbe d’ailleurs, qui convient parfaitement à l’ambiance de Noël, avec en plus un zest d’épouvante, ce qui est la marque de fabrique des productions Lewton. Le titre ne se justifie en réalité que dans l’emploi des personnages de La Féline, à savoir le couple formé par Kent Smith et Jane Randolph, ainsi que le personnage joué par Simone Simon, qui ne se transforme plus en panthère puisqu’elle est morte, mais qui vient visiter la petite fille du couple sous la forme d’un fantôme bienveillant. La petite fille trouve alors dans cette compagne de l’au-delà, l’alter-égo qui lui est refusé dans le monde réel. A moins que cette amie ne sorte tout simplement de son imagination, après qu’elle ait aperçue une photo de la défunte…

Voilà une remarquable parabole sur la difficulté de passer la barrière de l’enfance, comme une sorte de pendant mystique au Peter Pan de J.M. Barrie, ou de Walt Disney ! Mais le sous-texte va beaucoup plus loin puisqu’il suggère que l’éducation des parents, lorsqu’elle est trop exigeante et se manifeste par un dogme trop appuyé, peut mettre en danger l’évolution psychologique des enfants, danger marqué dans le film par un climax angoissant durant lequel l’enfant risque une mort bien réelle…

Nous retiendrons de ce petit bijou d’un autre temps, outre son histoire merveilleuse, une atmosphère onirique parmi les plus envoûtantes que nous ait offertes le 7° art, ainsi qu’une nouvelle allégorie de la schizophrénie

Fantôme ? Ou bien hallucination ?  Source Allociné
Copyright RKO Radio Pictures Inc.

5 – L’Île des Morts (1945)

Nous terminons ici le cycle Val Lewton.
Le pitch : En pleine Guerre des Balkans, le général Pherides (Karloff) se rend sur une petite île grecque qui fait fonction de cimetière. Il vient se recueillir sur la tombe de sa femme, mais constate qu’elle a été profanée. Parallèlement, il découvre que les quelques résidents de l’île sont victimes d’une épidémie de peste. A moins qu’ils soient victimes d’une menace bien moins tangible…

L’originalité du projet vient de la fascination qu’éprouvait Val Lewton pour le tableau romantique d’Arnold Böcklin. Ainsi, au début du film, c’est une véritable reconstitution en trois dimensions du tableau vers laquelle se dirige la petite barque dans laquelle se trouvent le général Pherides et son ami Oliver Davis. Mais qui est « Caron » ?

Comme tous les films produits par Lewton, celui-ci exhale une atmosphère onirique particulièrement envoûtante. Peu à peu, le spectateur se retrouve pris au piège d’un exercice de style qui le met face à ses doutes : Sommes-nous dans le réel ou dans le fantastique ? La dimension surnaturelle est-elle présente de manière littérale ou bien ne se dissimule-t-elle que dans l’esprit des protagonistes du récit, et par extension de celui du spectateur ?
Jusqu’au bout, cette ambiguïté demeurera le fil rouge d’une intrigue à la fois extrêmement simple dans le fond, et très originale dans la façon d’aborder le sujet. Soit, une fois encore, le parti-pris d’une épouvante invisible et purement conceptuelle….

Objectivement, le film n’est pas parfait. Sa construction est particulière car durant une heure, aucune action, ni même aucune véritable tension ne vient nous réveiller de l’atmosphère suspendue et onirique d’un montage particulièrement lent et bavard. Et ce n’est qu’au bout de ces soixante minutes de dialogues en huis-clos que le film décolle soudain, pour dix minutes d’épouvante cathartique, d’une poésie macabre absolument somptueuse, magnifiée par un noir et blanc expressionniste et des décors de toute beauté.
Une expérience troublante et magnifique pour ceux qui savent dépasser le poids de l’âge dont souffrent les vieux films d’épouvante, afin d’en redécouvrir toute la beauté et la poésie…


L’île des Morts… vivants ?

6 – L’Aventure de Mme Muir (1947)

Toujours dans les années 40, on peut citer l’unique incursion dans le fantastique de Joseph L. Mankiewicz.
Le film nous conte l’amour impossible entre une veuve (Gene Tierney, l’une des plus belles actrices de l’histoire du cinéma !) et le fantôme d’un vieux loup de mer (Rex Harrison, futur Jules César dans le Cléopâtre du même réalisateur). Mais au cœur d’une Amérique puritaine et catholique, le récit nous parle en vérité de l’émancipation de la femme, jouant de la métaphore…
Dès le départ, Lucy Muir tente de fuir les conventions sociales et de mener sa propre vie. Hélas, le destin semble sans cesse lui barrer la route la menant à ses rêves.
A partir d’un portrait accroché au mur de sa chambre qui la fascine, se matérialise alors le fantôme d’un aventurier à la hauteur de ses fantasmes. A moins que ne ce soit une création purement onirique et freudienne sortie tout-droit de son esprit !

L’Aventure de Madame Muir fait ainsi partie de ces films qui, sous les atours du conte fantastique, ne font rien d’autre que de poser les bases d’une réflexion sur la vie.
Cette toile de fond accompagne le récit comme une vague au dessus de la mer. Elle en devient le sujet principal, les événements surnaturels et paranormaux (ou tout bonnement parapsychologiques…) n’étant que le vernis derrière lequel se développe la parabole humaine et sociale. Et c’est bien ce qui fait de ce cas d’école une œuvre unique en son genre : Cette manière de raconter le drame humain, celui d’une femme ne pouvant s’émanciper au cœur d’une société sclérosante, où l’on voit poindre le thème de la schizophrénie, sous les atours d’un conte fantastique et onirique, envoûtant comme un tableau diaphane…


Un drôle de Horla !

7 – Au Cœur de la Nuit (1945)

Une fois n’est pas coutume, ce sont les anglais qui nous offrent à la même époque un fleuron du cinéma d’épouvante avec cet étonnant film à sketches.
Le pitch : Un architecte est invité dans un vieux cottage anglais afin d’y effectuer des travaux de rénovation. Arrivé sur les lieux, il a l’impression de revivre son cauchemar récurent, reconnaissant tous les convives qu’il rencontre pourtant pour la première fois. L’un des invités, un éminent psychanalyste, reste septique, mais les autres prennent très au sérieux ses élucubrations. Car chacun d’eux a vécu une expérience surnaturelle du même type, revenant sur un événement de leur vie pour le moins étrange (d’où les sketches)…

A cette époque, le cinéma fantastique vit le chant du cygne de son âge d’or. Le studio Universal est sur le déclin et n’a de cesse de ramener Dracula, Frankenstein et le Loup-garou de manière quasiment systématique (jusqu’à la parodie avec le truculent Deux Nigauds Contre Frankenstein…).
Au Cœur de la Nuit va jeter un pavé dans la marre en renouvelant complètement le genre.
Plutôt que de convoquer les monstres et les fantômes, le script va opérer un virage à cent quatre vingt degrés et lorgner du côté des récits fantastiques naturalistes comme on pouvait les trouver chez Maupassant (le genre de truc qui tombe au poil pour mon article !), où la question du surnaturel surgissait du réel le plus domestique. Le personnage du psychanalyste pragmatique devenant ainsi le pivot d’une série de petites histoires pouvant être interprétées par le spectateur, ce dernier décidant d’y croire, ou pas…
Ce faisant, le film révolutionnait le genre en proposant une nouvelle approche du fantastique, distillant une angoisse complètement subjective

Voilà une merveille surannée qui a certes beaucoup vieilli, mais qui conserve un charme indéniable. Les sketches sont inégaux mais l’humour noir n’a rien perdu se son mordant et le final demeure superbe, d’une puissance incroyable, qui devait être bien angoissant à l’époque. Le dernier sketch intitulé Le Ventriloque offre à lui seul les cinq étoiles d’un film désormais hors du temps et des oripeaux propres à sa genèse.
Aucun des acteurs n’est connu et les quatre réalisateurs (Alberto Cavalcanti, Charles Crichton, Basil Dearden et Robert Hame) ont fait des carrières modestes. Mais le film n’en est pas moins un chef d’œuvre du genre.


La peur de voir ce que l’on ne veut pas voir…

Au final, Au Cœur de la Nuit est une œuvre séminale qui représente un renouvellement total du genre. Le principe du film « à sketches » sera repris à maintes reprises. Mais le modèle des courts récits surnaturels où la résolution prend une forme de justice poétique fera école bien au delà du simple médium cinématographique, donnant naissance, quelques années plus tard, aux célèbres EC Comics (les Contes de la Crypte et autres anthologies) et par extension aux éditions Warren (Creepy, Eerie & Vampirella).
Du côté du cinéma, Au Cœur de la Nuit connaîtra de nombreux émules fondamentaux, à commencer par le Psychose d’Alfred Hitchcock, dont le segment Le Ventriloque peut être considéré comme une ébauche. Ce même « Ventriloque » qui donnera naissance à pas moins de deux épisodes de la Quatrième dimension qui en proposeront le remake !

En plus de constituer le lien entre l’œuvre de Maupassant et le cinéma fantastique, Au Cœur de la Nuit incarne le renouveau qui va transcender le genre depuis la fin de l’âge d’or des films de monstres. On retrouvera cette influence marquée dans tous les mediums, de Stephen King aux X-Files, pour ne citer que les plus évidents. Un film majeur, que tout amateur de fantastique doit impérativement voir au moins une fois…

On retrouve cette thématique autour de 1960 avec une superbe série de films sur la frontière entre l’esprit et le surnaturel, à commencer par Rendez-vous Avec la Peur de Jacques Tourneur (encore lui !), et notamment à travers les films de maisons hantées, dont La Maison du Diable de Robert Wise (encore lui aussi !) et surtout Les Innocents de Jack Clayton.

8 – Rendez-vous Avec la Peur (Curse of the Demon) (1957)

Le pitch : En Angleterre, le Dr Julian Karswell est à la tête d’un culte démoniaque. Il élimine ses ennemis en levant sur eux une terrible malédiction, qui prend la forme d’un démon de l’ancien temps. Jusqu’au jour où un psychologue américain nommé John Holden, adepte des théories cartésiennes qui ne croit pas en la magie, se dresse sur son chemin. Qui l’emportera, de la raison ou du surnaturel ?

Tout comme il l’avait fait dans ses films précédents, le réalisateur met en scène un récit conceptuel, dans lequel l’élément fantastique demeure la plus-part du temps hors-champ, de manière à ce que le spectateur hésite sans cesse entre le réel et l’imaginaire. De ce point de vue, la réalisation de Jacques Tourneur est brillante et les scènes d’anthologie ponctuent le film de leur puissance d’évocation, comme celle où le Dr Karswell déconcerte son ennemi incrédule en provoquant soudain une tempête en pleine campagne. Ou encore celle dans laquelle Holden hypnotise un adepte du culte de Karswell, qui lui révèle la teneur de la malédiction, avant de se défenestrer…

Hélas, comme tous les fans le savent, le producteur Hal Chester remonta lui-même le film et ajouta les images du démon, une marionnette absolument grotesque. Tourneur tenait absolument à ce que ce monstre n’apparaisse que furtivement à la fin, de manière à ce que les spectateurs se demandent s’ils l’avaient réellement vu. Mais Chester ajouta son joujou à trois endroits : Au début du film, ruinant ainsi tout le suspense et l’ensemble du travail du réalisateur afin d’installer une terreur croissante ; lors du dénouement à l’heure de la malédiction fatidique, ainsi que sur l’affiche originale !

Quoiqu’il en soit, Rendez-vous Avec la Peur demeure un grand classique du cinéma d’épouvante. Ceux qui le découvrent aujourd’hui doivent l’appréhender en toute connaissance de cause, prenant les apparitions du monstre au second degré, afin de profiter de l’atmosphère magique et envoûtante de l’un des plus beaux films fantastiques de son époque…

Un monstre ajouté au montage par un producteur qui aurait mieux fait de lire Le Horla…

Un monstre ajouté au montage par un producteur qui aurait mieux fait de lire Le Horla… Source Imdb 
Copyright D.R.

9 – La Maison du Diable (The Hauting) (1961)

Le pitch : Un éminent docteur en parapsychologie invite un groupe de personnes possédant des aptitudes psychiques à intégrer une maison réputée hantée afin de mener une expérience paranormale.

Ce film divise beaucoup de cinéphiles. Non pas sur sa qualité puisqu’il s’agit de l’œuvre fondatrice sur le thème de maison hantée, mais sur la question de la peur. En effet, nombreux sont ceux qui considèrent que l’œuvre ayant beaucoup vieilli, elle ne fait plus peur !
Pour ma part, je me positionne clairement dans l’autre camp : Je trouve le métrage toujours terrifiant !

Le cinéma d’épouvante possède effectivement deux tendances bien distinctes : la peur montrée (Exemple : L’Exorciste, La Nuit Des Morts Vivants, Evil Dead) ET la peur suggérée. La Maison Du Diable boxe essentiellement dans la seconde catégorie, raison pour laquelle elle possède une dimension effrayante résistant mieux au poids de l’âge : Les fantômes, on ne les voit jamais. On les devine, on les imagine, on les ressent. Et de là à penser qu’ils sont issus de notre esprit, il n’y a qu’un pas !

Robert Wise (réalisateur sous-estimé au vu de son impressionnante carrière dans laquelle on peut puiser L’Invasion des Profanateurs de Sépultures, Le Jour Où La Terre S’arrêta, Nous Avons Gagné ce Soir et Marqué Par La Haine , West Side Story, La Mélodie Du Bonheur, La Canonnière Du Yang-Tsé, Star Trek Le Film…) va faire de La Maison du Diable un véritable laboratoire de la peur, étudiant toutes les possibilités de terrifier le spectateur sans jamais lui montrer la source de sa frayeur ! Bruitages, musique insoutenable (rarement l’art du son aura été autant décliné), gros plans sur les visages, zooms brutaux, déformation du décor à coup de focale hypertrophiée et de travelling contrarié, ellipses cauchemardesques (mais qu’y avait-il à cet endroit ?!!!)… Le tout culminant dans cette scène tétanisante où l’une des protagonistes croit serrer la main de sa voisine de chambre avant de s’apercevoir, une fois la lumière allumée, qu’elle est à l’autre bout de la pièce !

Qui a peur de quoi ? ou de qui ?

Qui a peur de quoi ? ou de qui ?

La caractérisation des personnages joue également un rôle important dans le malaise distillé tout au long du métrage, car les vivants eux-mêmes ne sont pas des modèles d’identification (Julie Harris interprète une vieille fille hystérique, Claire Bloom une lesbienne frustrée, et Russ Tamblin un noceur alcoolique !).

A l’arrivée, La Maison du Diable s’impose comme une œuvre fédératrice. Une école de la peur suggérée toute en nuances et en poésie macabre. Une peur de l’indicible qui prend tout son sens lorsque l’on prend conscience que les manifestations surnaturelles viennent autant de l’esprit tourmenté de l’une des invités que des fantômes ! Et le dénouement nous laisse sur le carreau, lorsque le personnage de Julie Harris (c’est donc elle, l’invitée qu’il fallait à la maison !) doit choisir entre la folie ou la mort, entre une vie morne avec les vivants ou une existence post mortem en compagnie de fantômes qui ne sont peut-être que la manifestation de son esprit particulièrement propice à la suggestion paranormale et à la schizophrénie…
Soit une brillante déclinaison sur le sujet de la peur qui nait de l’esprit tourmenté… Nul doute que Maupassant aurait adoré !

En 1998, le réalisateur Jean DeBont proposera un remake complètement à côté de la plaque produit par Spielberg (Hantise), où il nous montrera les fantômes (Pfff !)… Mais Stephen King écrira le scénario original d’un très bon téléfilm en forme d’hommage au chef d’œuvre de Robert Wise : Rose Red .

10 – Les Innocents (1963)

Le pitch : Miss Giddens (Déborah Kerr) est la nouvelle préceptrice de Miles & Flora, deux jeunes orphelins isolés dans un vieux manoir victorien. Avant elle, la gouvernante l’ayant précédée s’était adonnée à des plaisirs interdits avec le jardinier et ce, devant les enfants ! Avant de mourir avec ce dernier, dans d’atroces circonstances…
Notre nouvelle nounou, vieille fille frustrée, surprise par l’attitude étrange des deux bambins, soupçonne l’ascendance des défunts libertins de perdurer. Comment ? Et bien peut-être par leur présence spectrale…

Adaptation extraordinaire du roman Le Tour D’Ecrou d’Henry James (maintes fois adapté au théâtre, à la télévision et à l’opéra), Les Innocents est peut-être la plus belle itération jamais réalisée sur le sujet de la peur suggérée et de la schizophrénie.
Réalisé par Jack Clayton (le polar ultime Les Chemins de la Haute Ville, avec Richard Widmark, c’était lui !), scénarisé par Truman Capote, photographié par Freddie Francis (le chef opérateur d’Orson Welles sur Citizen Cane), avec une musique de George Auric, Les Innocents préfigure, avec plus de trente ans d’avance, moult films contemporains sur le sujet qui nous intéresse ici, tels Sixième Sens, Les Autres et autres pépites ibériques comme L’Echine du Diable


Voyez-vous LE HORLA ?

Toute la force de ce chef d’œuvre réside dans sa mise en scène toute en nuance et en tension psychologique (la bande son venant renforcer les images, avec écho lointain et chuchotements). Le spectateur, qui voit les événements à travers le personnage de Déborah Kerr, se trouve à plusieurs reprises persuadé d’apercevoir les fantômes… Sans pouvoir le jurer ! Dès lors, une question se pose : Sont-ce réellement des morts-vivants ou sortent-ils purement et simplement de l’imagination de notre bien instable gouvernante ?
Le film bascule alors dans une atmosphère angoissante n’ayant pas pris une ride et se révèle bien plus effrayant que la plus-part des films d’épouvante actuels, avec un final qui vous laissera assurément sur le carreau !

En bref, une autre illustration de la frontière ténue entre la peur et la folie, avec le fantastique tapis dans l’ombre du quotidien…
Mais aussi un film sur le monde de l’enfance et la cruauté du parcours initiatique qui mène à l’âge adulte. Effrayant, angoissant, sublime, bouleversant, un des plus beaux films de l’histoire du cinéma.

Notre petite promenade dans le cinéma flirtant avec l’esprit de Maupassant est terminée… Nous achevons ainsi notre voyage au pays de la peur. La peur de l’indicible. La plus insaisissable. La plus inquiétante de toutes. Celle qui se cache dans notre esprit…

Les dix exemples relevés ci-dessus ne prétendent bien entendu à aucune exhaustivité et, sans doute, de nombreux autres classiques peuvent figurer sur le podium. Je vous invite donc à venir faire vos suggestions, même s’il s’agit de films moins anciens (Fight Club ?)…
Quant à moi, je vous donne rendez-vous dans la deuxième partie de notre article, qui traitera cette fois de la bande-dessinée…

 Une vue de l’esprit…

Une vue de l’esprit…

——
Lorsque Maupassant écrit Le Horla, il ne se doute pas qu’il va creuser le sillon d’un genre qui s’épanouira quelques années plus tard dans un tout nouveau médium, celui du cinéma !
C’est le thème de notre article du jour, qui explore le legs de Maupassant à travers l’Histoire du 7° art ! Tornado vous éclaire à la torche et vous montre votre fauteuil chez Bruce Lit.

Dans notre sélection de films sur le thème de la peur suggérée et de la schizophrénie, vous trouverez le magnifique « The Ghost & Mrs Muir », de Joseph L Mankiewicz. L’occasion est donc trop belle de vous faire écouter la magnifique BO de Bernard Herrmann, le compositeur attitré d’Alfred Hitchcock…

97 comments

  • Matt  

    Superbe article ! C’est vraiment un plaisir de lire ce genre d’article de passionné dans lesquels je me retrouve. Je me sens moins seul à aimer ces vieux films^^ Je n’aurais pas pensé à un rapprochement avec le Horla, tiens. C’est intéressant comme thématique.

    Je n’ai pas vu tous les films mentionnés. En fait je n’en ai vu que la moitié d’ailleurs. La trilogie Tourneur je l’ai vue (et achetée dans un coffret carré pénible qui ne se range pas bien avec les autres DVD…) Mais je n’ai pas vu « la malédiction des hommes chats » et je n’avais même pas entendu parler de « Madame Muir » ni de « Au coeur de la nuit ». Il va falloir que je remédie à cela. J’ai vu « l’île des morts » il y a un moment mais pour le coup il ne m’a pas laissé un souvenir impérissable. Mais je m’enchainais les vieux films à la pelle à l’époque, je ne lui ai peut être pas accorder l’attention qu’il fallait.

    Quant à « Rendez vous avec la peur »…c’est un Tourneur que je n’ai pas vu non plus. C’est lamentable cette histoire d’ajout de gros monstre par le producteur. C’est peut être les rumeurs là dessus qui m’avaient décidé à ne pas le regarder.

    Quant à « La maison du Diable », c’est un excellent film. Je ne dirais pas qu’il fait encore bien peur en ce qui me concerne mais ça ne le rend pas moins inquiétant, beau, poétique, intéressant dans sa représentation des manifestations paranormales et dans la dépiction de ses personnages principaux qui ont en effet chacun leurs problèmes. Les monologues intérieurs de l’héroïne c’était assez nouveau aussi non ? Il y a des films qui faisaient entendre les pensées des personnages comme ça avant ? Je trouve que, contrairement aux bulles de pensées des comics (ahem…^^) cela contribue bien à dresser le portrait torturé du personnage. Robert Wise est en effet un très bon réalisateur.

    Pas vu les Innocents non plus. J’ai l’impression d’avoir loupé un truc là, tellement tu donnes envie.

    Et sinon, I walked with a zombie (dont le titre VO est quand même bien plus poétique que « Vaudou », vous ne trouvez pas ?) est vraiment un chef d’œuvre que je conseille à tous ! Le vaudou vu sous un angle qui ne porte pas de jugement en effet, et avec une ambiance aux petits oignons.
    Un passage un peu iréel de provocation que j’aime bien avec le chanteur de Calypso Sir Lancelot :

    https://www.youtube.com/watch?v=kJyVB_sqh3E

    Bref parmi ceux que j’ai vu, je trouve qu’il ne faut pas louper ces 2 là : la maison du diable et Vaudou. Bon si vous pouvez tout voir c’est mieux aussi mais…voilà^^

  • midnighter  

    robert Wise n’ a jamais réalisé l’ invasion des profanateurs de sépultures, c’ est don siegel

    sinon, bel exemple de regroupement transversal de films que je n’ aurait pas forcément associé ensemble

    • Tornado  

      C’est vrai, tu as raison pour le film de Don Siegel. C’est une erreur (de ma part).

  • Présence  

    La vache ! Quelle encyclopegeek !

    Je dois avouer que je n’ai vu qu’un seul de ces films : L’aventure de Mme Muir. Quel plaisir que la lecture de cet article, de se voir ainsi guidé dans la découverte d’une approche cinématographique, par un passionné bienveillant et attentionné.

    Je ne peux pas résister à la tentation de me montrer taquin. Les 2 vecteurs principaux de narration par l’image : et le roman photo ?

    • Tornado  

      Quat au roman-photo, je me dis que c’est un medium qui n’a jamais vraiment offert d' »oeuvre » marquante, non ?

      • Présence  

        Ma remarque était une boutade, mais c’est vrai qu’il ne me vient pas à l’esprit de recueils de roman-photo, mais sans aller jusqu’à parler d’œuvre marquante. Ma curiosité est piquée.

        • Patrick 6  

          Bien qu’étant fan de Boilet je n’ai pas lu son 286 jours, il me semble cependant qu’on ne peut pas vraiment parler d’un roman photo, mais plus de photos (érotiques) sensées illustrées la vie et la mort d’une passion… Difficile d’en parler alors que je me suis contenté de le feuilleter mais il me semble que cela ressemble plus à un prétexte pour une compilation de photos…

          • Présence  

            Effectivement, les critiques que j’ai pu lire parlent de journal photographique, et pas de de roman-photo. Tu m’as démasqué.

            Je n’ai plus qu’à retourner farfouiller sur internet pour essayer de trouver un exemple pertinent. Peut-être les romans-photo qui apparaissaient dans Hara-Kiri ?

          • Jyrille  

            Les romans-photos de Léandri dans Fluide Glacial !

  • Tornado  

    Merci, Matt. Un article dont on a déjà parlé avant sa parution puisque j’évoquais son contenu peu après l’avoir envoyé à Bruce, il y a plus d’un an !

    En ce qui concerne le monologue intérieur du personnage de Julie Harris, tu as raison : c’est un élément important dans la forme du film dont je n’ai pas parlé. Je serais bien incapable de dire si c’était là une première dans l’histoire du cinéma par contre (et instinctivement je serais tenté de penser que ç’avait déjà dû être fait ailleurs).

    « Rendez-vous Avec la Peur » et « Les Innocents » sont sortis en blu-ray récemment, « L’Aventure de Mme Muir » aussi. N’hésite pas une seconde, tu vas forcément les adorer, même le 1°, qui a une ambiance comme tu les aimes malgré la grosse bébête !
    « La Malédiction des Hommes-Chats » est également un bijou, facile à trouver en DVD (3 euros en occaz).
    Le DVD du film « Au Coeur de la Nuit », par contre, est assez recherché aujourd’hui et on le trouve difficilement à bas prix. J’en ai vu un exemplaire à 14,50 euros sur Priceminister ce matin…

    « L’Île des Morts » est extrêmement soporifique dans sa 1° heure (il dure 1h10 !), mais réserve 10 dernières minutes à tomber à la renverse ! Une des plus belles séquence de poésie gothique jamais tournée, à mon sens. Si ça peut te rassurer, je l’avais également « zappé » à la première vision…

    Et je partage pleinement ton avis sur « Vaudou », que je trouve plus beau à chaque fois que je le revois (et j’adore le calypso).

    • Matt  

      Oh je trouverai bien un moyen de regarder ça (siffle innocemment…)

      Au passage, le grand black qui joue le rôle de Carrefour dans Vaudou est assez flippant. Je me demande s’il était aveugle parce qu’il a des yeux…euh…gloups !
      D’ailleurs son nom et son rôle, bien que flou dans le film, est surement une référence à l’Iwa Mèt Kalfou (Maitre carrefour) qui garde selon les croyances les embranchements de plusieurs routes qui sont des lieux de convergences de différents plans de l’existence. Il donne accès au monde invisible des Iwas.
      C’est curieux les croyances vaudou, on en sait très peu mais quand on creuse un peu, on remarque qu’il n’y a pas trop de raison de les considérer comme plus flippantes que d’autres. Il y a eu beaucoup de diabolisation de la chose de la part des « non-païens ».

      Je me souviens d’un film de Wes Craven sur le vaudou « l’emprise des ténèbres » (the serpent and the rainbow en VO, encore un foutu titre VF à la con) qui démarrait bien mais je crois que ça partait en vrille à la fin. Je me souviens mal, faudrait que je le revoie. Mais le début faisait presque documentaire, c’était intéressant.

  • Tornado  

    Je te recommande au moins la vision du film « Les Innocents ». Offre-toi un moment pour le voir un de ces jours, tu ne regretteras pas le voyage… 🙂

  • Matt  

    Ah oui et le remake de the haunting…argh ! On dirait un crique de marionnettes dans lequel on oublie la subtilité et la confusion réalité/folie. Plein de fantômes tout moches en CGI qui flottent partout. La honte ce film…

  • JP Nguyen  

    Encore un article Tornadesque où on imagine un personnage assis dans un fauteuil confortable vous proposer un petit tour dans l’arrière boutique des horreurs, façon 4ème dimension…
    Je n’ai rien vu de tout cela mais les images choisies sont très belles.
    J’ai lu Le tour d’écrou en classe de première après… Le Horla et c’était l’idée directrice de mon prof de français de l’époque : la littérature fantastique joue sur l’ambiguïté. Quand on montre et qu’on lève l’ambiguïté, c’est de l’horreur, du gore ou autre chose, mais plus vraiment du fantastique (dans la définition littéraire du prof…)

    • Tornado  

      Ma femme, qui est prof de français au lycée, est d’accord avec toi. Et moi aussi d’ailleurs, qui n’ose la contredire… 😀

  • Bruce lit  

    J’adore cet exercice de littérature comparée même sur de vieux films dont vous savez que ce n’est pas ma friandise. La plupart du temps, ils sont plus intéressants sur le papier qu’en vrai. C’est cool de les voir résumer ainsi même si j’imagine que ne pas voir la panthère de la Féline doit être sacrément frustrant. Au moins dans Jaws, on voit notre requin en carton 10 minutes…
    De tous ces films je n’ai vu que Les Innocents qui, comme tu le sais, ne m’avait impressionné « que » pour sa beauté plastique.
    Un film façon Horla ?
    Ummm
    Voyons, n’importe quel film de Polanski : Le Locataire ou Rosemary’s Baby même si en le revoyant récemment, l’ambiguïté est levée à la toute fin du film. Je dirai aussi l’échelle de Jacob.

    • Matt  

      Tu devrais essayer Vaudou ou la maison du diable. Pas de frustration car techniquement il n’y a rien à voir. Il n’y a pas de monstre. Et c’est le propre des fantômes et de la « magie » de ne pas être visible. Vaudou est surement le plus dépaysant par son contexte (plutôt que la classique « maison qui fait peur » de la maison du diable, même si le film est super aussi, hein !)

      Ou alors tu fais le blasé et tu ne vas rien voir. Your choice. On aura essayé^^

    • Tornado  

      Bien vu pour « L’Echelle de Jacob ».
      Je trouve que « Fight Club » entre assez bien dans la catégorie. Peut-être « Ça » aussi. Mais c’est plus complexe comme approche du fantastique.

      • Matt  

        L’échelle de Jacob est complètement une inspiration pour les jeux vidéo SIlent Hill dans lesquels il y a certes à l’origine une histoire de rituel satanique qui a été perpétré dans une ville mais qui par la suite donne lieu à des histoires dans lesquelles la folie des personnages (dont même le perso principal dans le 2eme jeu) prennent forme et/ou ont lieu uniquement dans leur tête.

        Je sais que les jeux c’est pas ton truc, mais je dis ça aussi pour Bruce qui a toujours boudé Silent Hill selon ses dires alors que l’horreur y est très symbolique malgré la présence de monstres qui sont des démons intérieurs. En tous cas même si le film n’est pas la pire adaptation de jeu vidéo, ça ne transparait pas vraiment dedans. Le film n’est carrément pas subtil.

        Pour les curieux, l’histoire et la symbolique de SIlent Hill 2 ;

        http://www.silenthill.fr/sh2_explications_histoire.php

        Et concernant les monstres pris de spasmes, l’hôpital flippant avec le fauteuil roulant et sa roue qui tourne, cela vient aussi de l’échelle de Jacob et de la scène de l’hôpital. Silent Hill est une sorte de purgatoire ou le héros doit faire face à ses tourments. Cela ressemble aussi au film.

        • Bruce lit  

          @Matt Silent Hill : le film dispose-et c’est rare- d’une vraie identité et d’une ambiance oppressante.
          Le Jeu ? Tout simplement à l’époque je louais ça pendant deux jours à mon video club en bas et que la prise en main m’avait vite gonflée. Des fois, ça ne se joue qu’à ça.

          @Tornado : ah oui, j’ai confondu effectivement.Je pense aussi à Shining et dans une certaine mesure à Eyes Wide Shut.

          • Matt  

            Si tu jouais encore, je te conseillerais le reboot « shattered memories ». Pas besoin de jouer aux autres (un reboot quoi…), une maniabilité moderne, et une histoire d’un type qui cherche sa fille mais qui n’est pas ce qu’on croit. Pas de baston, de la fuite, une enquête…et je ne peux pas spoiler la fin mais certains choix influencent la fin et définissent le comportement du père que tu es (absent, queutard, alcoolique ou attentionné)…et la destinée que connaitra…ou qu’a connu ta fille (oui, le temps est un des mystères. Est-ce que le jeu est un flashback ? Un fantasme ?). Une belle histoire triste sur la culpabilité, le deuil, la difficulté à tourner la page. Les monstres à fuir ne sont que des démons intérieurs…ou peut être des manifestations pour te ramener à la réalité). Enfin je ne peux pas être plus clair sans spoiler.
            Mais bon…tu ne joues plus^^

      • Jyrille  

        Ah, et j’oubliais toute la série de Lars Van Trier, L’HOPITAL ET SES FANTOMES (The Kingdom en VO (?)). Terrible. Avec du vaudou dedans mais pas que.

    • Jyrille  

      Je confirme pour l’Echelle de Jacob, j’y avais pensé à la lecture et oublié de le citer. Mais ça marche aussi pour Fight Club et Le locataire (un des films les plus traumatisants que j’ai pu voir). J’ajouterai LITAN de Mocky mais j’en ai un très vague souvenir.

      • Tornado  

        Jamais vu L’HOPITAL ET SES FANTOMES (je suis ne pas fan de Lars Van Trier, comme je le répète souvent).
        Par contre j’ai vu Le LOCATAIRE le mois dernier et ça joue à mort dans le thème. Bien plus que ROSEMARY’S BABY. Dans Le LOCATAIRE il y a clairement un parti-pris fantastique à la Horla avec une grosse probabilité de schizophrénie pour le personnage principal.

        • Jyrille  

          Ce Lars Von Trier n’a pas grand chose à voir avec ses films je trouve. Je te le conseille même si tu ne l’aimes pas.

          Je me demande comment je réagirai à une revision du Locataire…

  • Tornado  

    Bruce a déjà vu « La maison du Diable », suite à mes recommandations il y a quelques années (il est possible qu’il le confonde avec « Les Innocents »). Il avait trouvé ça assez kitsch mais l’avait vu en VF, ce qui en atténue considérablement l’impact à mon avis.
    « Les Innocents » est inattaquable. C’est un chef d’oeuvre qui n’a pas pris une ride. Tous ceux à qui je l’ai montré, même les plus difficiles (ceux qui n’aiment jamais rien ou qui détestent les films de genre, les vieux films, etc.), sont restés sur le cul, si je puis m’exprimer ainsi…

  • Eddy Vanleffe  

    Merci pour cet article et la grille de lecture particulièrement pertinente de mes films préférés.
    J’adore voir des vieux Tourneur, même si je n’ai pas souvent la possibilité de mettre la main dessus

  • Tornado  

    L’un des mes films préférés de Tourneur, un de ceux qui ont bercé mon enfance : « La Flèche et le Flambeau » !

    • Matt  

      J’avoue que de Tourneur je n’ai vu que la trilogie évoquée dans cet article (dont Vaudou est le meilleur selon moi)
      Comme d’hab je dois ces découvertes au site devildead que je consultais régulièrement à l’époque. J’y vais encore mais moi souvent. On y trouve une review de Vaudou

      Sinon un film fantastique japonais avec un somptueux noir et blanc et un thème horrifique également proche de la folie qui est est très sympa : Onibaba.

      http://www.devildead.com/indexfilm.php3?FilmID=978&NamePage=onibaba–criterion-

  • Patrick 6  

    Bon je me réveille après la bataille (c’est le décalage horaire hein) mais je n’ai ma fois que du bien à dire sur ton article « Tornadien » en diable !
    Bon le lien avec Maupassant est parfois un brin ténu disons-le (mis à part l’ambiance gothico étrange) mais c’est un réel plaisir de t’entendre parler de ces chef d’œuvres du 7éme art dont certains d’entre eux sont hélas quasi tombé dans l’oubli…
    Du reste je dois moi même confesser n’avoir vu que 4 des films dont tu parles (bonne chance à moi pour trouver les autres en dvd…)
    Mention spéciale pour Catpeople dont le titre n’a comme tu le soulignes que très peu de rapport avec le contenu et qui en effet évoque plus un conte de fée… Du reste je pense que le jeune Tim Burton a dû regarder ce film en boucle 😉

  • Tornado  

    Quels sont donc les quatre films que tu as vus ? Si ça continue, il va falloir que je vous réunisse et que je vous impose un visionnage en bonne et due forme des Innocents ! Scrongneugneu !

    • Bruce lit  

      Seulement en version couleurs…

      • Matt  

        M’enfin c’est beau le noir et blanc. Surtout quand on joue sur les contrastes et les jeux d’ombres. Cela donne des ambiances impossibles à reproduire en couleurs.

      • Tornado  

        Grblglbb… Tout le charme de ce film est son magnifique noir et blanc !!!

      • Matt  

        Respire Tornado !
        Mais oui, j’imagine que c’est comme demander une version couleur du masque du démon…

      • Patrick 6  

        Bruce tu fais un blocage sur le noir et blanc ? ^^ Si tu veux un traitement incroyable des contrastes je te conseille vivement « La nuit du chasseur » où n’importe quelle image du film pourrait faire un magnifique poster !! (et je ne te parle même pas de la poésie inhérente au film)

        • Bruce lit  

          Hey les mecs, c’est pas parce que j’aime pas le noir et blanc que je suis ignare : Freaks, la nuit du chasseur, Sa majesté des mouches , Lifeboat de Hitchcock n’ont pas de secrets pour moi.
          Ces films sont sublimes en noir et blanc et il y a quelques années j’avais été émerveillé par celui de Bianca Nieves.
          Je dis simplement que le noir et blanc ne fonctionne pas à tous les coups chez moi, mais je connais mes classiques hein….

          • Bruce lit  

            Je le répète : le noir et blanc lorsque il participe à la vision assumée d’un média m’interesse. Pas lorsque c’est une contrainte de moyens de l’époque ou financiers. Je n’ai aucun scrupule à investir dans des versions colorisées de Bone ou Dragon Ball. Et si un jour Bastien Vivès fera une version couleur de LAst Man, pareil.
            Inversement lorsque le noir et blanc est incrusté séminalement dans une oeuvre, bien entendu que je ne dis rien. Sin City a été conçu pour du noir et blanc. Tout comme les films de Chaplin ou la nuit du chasseur.
            Maintenant on ne me retirera pas de l’idée que si la couleur avait existé plus tôt, certains réalisateurs l’aurait choisie. Inversement, certains films tournés en N&B pendant la couleur n’ont rien de particulier. J’ai revu hier l’Enfant Sauvage de Truffaut avec ma fille. Outre le fait que j’ai trouvé la réalisation incroyablement plate, le noir et blanc n’apporte rien au film. Pire : il le rend encore plus vieux.

  • Patrick 6  

    Les quatre films que j’ai vu sont donc :
    La Féline
    La Malédiction des Hommes-chats
    La Maison du Diable
    L’Aventure de Mme Muir
    (Avec une nette préférence pour le premier de la liste)
    En ce qui concerne la projection commune, elle risque d’être géographiquement compliquée mais ça reste une bonne idée 😉

    • Matt  

      Faut voir Vaudou, m’sieur ! Les innocents aussi j’imagine, mais je ne l’ai pas vu moi même^^

  • Eddy Vanleffe  

    Je viens de me procurer 3 des films dont j’avais la lacune….Tornado tu es le diable héhé.
    Par contre impossible de trouver la Féline…dommage

    Je partage votre avis sur le noir et blanc?
    Je trouve déjà que les version colorisées de Corto Maltese ne sont pas dut tout adaptées et pour le cinéma c’est pareil, le Corbeau de Clouzot est juste magnifique.

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