It’s Alive !

 The Punisher par Rick Remender et collectif

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Après Garth Ennis, Rick Remender ramène le Punisher mainstream ! © Marvel Comics

Première publication le 10/10/14- Mise à jour le 24/11/17

AUTEUR : TORNADO

VO : Marvel

VF : Panini (kiosque)

Cet article portera sur l’ensemble du run de Remender sur le Punisher entre 2009 et 2011. Parue en fascicule, ces histoires n’ont toujours pas été relié en album dur par Panini.

Pour ceux qui veulent lire la totalité de ces épisodes en VF, c’est simple : Marvel Saga 4, Marvel Saga 6, Marvel Saga 8, Marvel Saga 10, Marvel saga 11 et Marvel Saga 12. Il n’y a que l’épisode « The List » (Daken décapite Frank) qui est dans une autre revue (Dark Reign 02 Hs la Liste).

En 2009, après le run relativement insupportable de Matt Fraction (Punisher War Journal), la série du Punisher subit de nouveau un relaunch pour un volume 8 (!), sous la houlette du jeune scénariste Rick Remender. Mais qu’est-ce qu’il fut controversé le run de Rick Remender sur le Punisher !

Le scénariste aura pourtant réussi à ramener le personnage dans la continuité de l’univers Marvel, alors que plus personne n’y croyait depuis que Garth Ennis en avait fait l’étendard du label MAX, ligne proposant des versions de certains super-héros Marvel dans une tonalité plus adulte.

Frank prêt pour l'action !

Le Punisher selon Garth Ennis : On est loin des super-héros en slip version old-school ! © Marvel Comics

Entre 2009 et 2011, Remender emmènera le Punisher dans pas moins d’une trentaine d’épisodes et cinq arcs narratifs, touchant à tous les aspects du comic book mainstream, du polar urbain à la science-fiction la plus débridée, du premier degré tragique à la parodie la plus décomplexée, tout ça dans une harmonie absolue ! Je vous propose de m’accompagner dans cette aventure, en revenant sur chacun des divers arcs narratifs :

1) Punisher Dark Reign :

Ces cinq premiers épisodes furent publiés à l’origine en 2009, en pleine montée du Dark Reign, période trouble (et un brin factice…) qui voyait le vilain Norman Osborn (le Bouffon vert) prendre le pouvoir sur la communauté super-héroïque de l’univers Marvel. Et voici que notre Frank Castle préféré s’était mis en tête de dessouder Osborn !
Après avoir été pris en chasse par Sentry en personne, Frank est sauvé in extremis par un jeune hacker nommé Henry, un fan du Rainbow Warrior et des idéaux écolos qui lui propose de devenir son nouveau bras droit ! Il va dans un premier temps l’aider à déglinguer l’essentiel du banditisme new-yorkais, avant que le puissant Hood (un vilain plus ou moins à la solde de Norman Osborn) ne décide de déchaîner ses forces sur ce bon vieux Punisher…

Frank Castle, alias le Punisher, contre Robert Reynolds, alias Sentry. Un peu comme si Cassius Clay se battait contre Superman… © Marvel Comics

Remender commence par focaliser l’action sur ce qui correspond le mieux à notre antihéros : les punchlines contre les gangsters les plus pourris. Du coup, après l’entrée en matière musclée face à Sentry, le super-héros le plus puissant de l’univers, Castle se retrouve face à des bandits purs et simples.

Le dernier épisode opère en revanche une plongée dans le fantastique par l’intervention de Hood et sa capacité à ressusciter les morts. Le scénariste avance ses pions : La suite de la série plongera davantage dans le style super-héroïque, propre à la Maison des idées. Le dessin de Jérôme Opena est excellent. Gras et sale, mais d’une minutie extraordinaire, notamment dans les décors, il correspond parfaitement à l’atmosphère poisseuse dans laquelle évolue notre personnage.

Punisher VS the Hood ! Du mainstream, oui, mais sanglant quand même ! © Marvel Comics

Comme son titre l’indique, Punisher Dark Reign est un arc narratif totalement inféodé au concept du Dark Reign, « event » (les spécialistes disent « période ») qui consiste à lier toutes les séries de l’univers Marvel autour des actions de Norman Osborn en position de vil despote tout puissant, histoire de pousser le consommateur à tout lire, et donc tout acheter… Mais bien qu’il s’agisse là d’un travail fort bien troussé, on ne peut pas dire que ces cinq premiers épisodes du run de Remender brillent par leur originalité ! Le lecteur de passage devra donc patienter, car le meilleur reste à venir.

Pour le coup, la couverture de l’album, qui reprend celle d’Amazing Spiderman #129 de 1974, et qui inaugurait la première apparition du personnage, est une note d’intention évidente : Du mainstream, rien que du mainstream !

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La première couverture du run de Remender cite la première apparition du Punisher dans les pages de Spiderman © Marvel Comics

Une note d’intention évidente pour un retour aux sources ? © Marvel Comics

2) Dead End :

Nous sommes toujours en plein cœur du Dark Reign. Et notre héros, assisté du jeune hacker Henry, affronte désormais Hood et ses sbires, tous des super-vilains de troisième zone ressuscités par les pouvoirs de Dormammu, auxquels Hood a maintenant accès…

« Si vous aimez les récits très noirs du Punisher, lisez le titre MAX, mais si vous préférez les histoires qui se situent dans la continuité Marvel alors, plongez-vous dans ma série ». Cette déclaration du scénariste a le mérite de mettre les choses au clair : Frank Castle affronte désormais des super-vilains. Remender le dote d’ailleurs d’un nouvel arsenal bien plus « science-fictionnel » que les guns traditionnels du Punisher, qui parvient même à obtenir la technologie des « particules Pym », lui permettant de rétrécir et agrandir son arsenal à volonté, histoire de le trimbaler partout avec lui !

Plus vous êtes vilain, plus vite Hood vous ressuscite ! © Marvel Comics

Remender se lance dans l’aventure de manière totalement décomplexée, n’hésitant pas une seconde à abuser des raccourcis scénaristiques les plus extrêmes, comme par exemple la capacité d’Henry à pirater toute forme de technologie comme si de rien n’était, où encore cette idée ridicule que la magie noire de Dormammu, non contente d’avoir ressuscité une douzaine de super-vilains, aurait gratuitement renforcé leurs pouvoirs respectifs et même modernisé leurs costumes !

Et bien croyez le ou pas, cette liberté de ton fonctionne du tonnerre et, pour le coup, permet à la série de se renouveler, alors que les cinq premiers épisodes sentaient bien trop le réchauffé.
Mais surtout, malgré la déclaration de l’auteur rédigée plus haut, ces nouveaux épisodes sont d’une noirceur absolument abyssale. Saupoudrant son récit d’une violence extrême, poisseuse et malsaine, Remender n’hésite pas un seul instant à convoquer le passé du Punisher et utilise toutes les figures liées au personnage, mortes ou vivantes, afin de le malmener. La fin de cet arc narratif mènera Frank Castle à des limites tragiques vers lesquelles personne ne l’avait encore emmené ! La lecture de ces épisodes se transforme alors en parcours éprouvant, traumatisant, et certainement pas assez inoffensif pour les classer dans les habituels récits du mainstream Marvel. Une véritable expérience narrative.

Malsain ? Et bien vous n’avez encore rien vu…© Marvel Comics

L’autre point impressionnant de cet ensemble est la densité du scénario. Remender va revenir sur un pan du passé de la continuité de l’univers Marvel, non seulement à travers toutes les figures liées au parcours du Punisher, mais également avec diverses créations oubliées : Il y a quelques années, le scénariste Mark Gruenwald s’était servi d’un personnage similaire au Punisher, mais davantage orienté « super-héros », un certain Scourge, afin de dégommer tout un tas de super-vilains. L’idée était de se servir du personnage de Scourge afin de débarrasser l’univers Marvel des malfaiteurs de seconde zone.

Plus tard, la Maison des idées regrettera ce massacre après avoir réalisé que les personnages les plus anecdotiques pouvaient devenir très intéressants sous la houlette d’un scénariste inspiré. Qu’à cela ne tienne, Remender a résolu le problème ! Les lecteurs les plus pointus de la mythologie Marvel se régaleront ainsi de retrouver des figures oubliées, certaines parmi les anciens ennemis de Spiderman. J’ai par exemple retrouvé la Mouche, que j’avais découvert quand j’étais gamin dans les pages de Strange ou bien aussi Mirage, un ennemi laconique du « Tisseur », vu sur la superbe couverture du Strange #120 !

Le vilain Mirage : Remender révise ses classiques avec le lecteur !

Le vilain Mirage : Remender révise ses classiques avec le lecteur !

Le retour de ces personnages, qui travaillent à présent sous les ordres de Hood (ce dernier tenant littéralement leur vie entre ses mains puisqu’il a le pouvoir de mettre un terme à leur résurrection), est pour Remender l’occasion de se défouler en termes d’horreur malsaine. Que ce soit dans les rixes entre les membres de ce nouveau groupe de vilains ou dans les meurtres sauvages pratiqués sur des innocents (certainement les planches les plus atroces que j’ai pu lire dans le Marvel mainstream), notre scénariste s’en donne à cœur-joie dans le registre des actions sadiques et de l’horreur glauque !

En définitive, ce Punisher mainstream nouvelle formule se révèle comme une excellente surprise ! Hélas, le dessin de Tan Eng Huat gâche un peu la fête. Visuellement désagréable, il dessert surtout le récit dans des scènes d’action laborieuses, parfois presqu’illisibles ! Franchement dommage. L’annual disposé en fin de recueil a le mérite de détendre l’atmosphère en proposant une nouvelle confrontation entre le Punisher et Spiderman, histoire de rappeler que c’est comme ça que le personnage de Frank Castle est apparu pour la première fois en 1974. Drôle et très second degré, cette récréation vient tempérer le parcours de lecture éprouvant que le lecteur aura vécu sur les 5 épisodes précédents. Le dessin est l’œuvre de Jason Pearson, parfaitement adapté à ce type de récit grand guignol.

Spiderman VS le Punisher : le retour ! © Marvel Comics

Qu’à cela ne tienne, voilà du très bon matériel scénaristique. Sans doute ce que j’ai lu de mieux dans tout l’imbroglio de la période Dark Reign, avec les Secret Warriors de Jonathan Hickman. Rick Remender aura réussi, bien mieux que Matt Fraction avant lui, à ramener le personnage dans la continuité de l’univers Marvel après une période MAX que l’on pensait indépassable. Quoi, Le run de Remender dépasse-t-il celui de Garth Ennis ? Certainement pas, mais dans le registre du mainstream pur et dur, difficile de faire mieux !

3 ) Frankencastle :

Norman Osborn, alors maître de la communauté super-héroïque, somme Daken, le fils de Wolverine, de trucider Frank Castle. Celui-ci le tue en le décapitant.
Les restes du Punisher sont récupérés par Michael Morbius et la Légion des Monstres, qui vivent en secret sous les égouts de New York. Ils ont construit leur cité, Monstro-Metropolis, à l’endroit même où sévissaient jadis les Morlocks. Là, Morbius reconstitue le Punisher sous la forme d’un être apparenté à Frankenstein, version Boris Karloff ! A la tête de la Légion des monstres, notre monstrueux héros va se mesurer à une armée de fanatiques japonais destructeurs de monstres, puis à ses pires ennemis, dont Daken…

Enter… Frankencastle ! et sa Légion des monstres !!! © Marvel Comics

Voici venir le « Punisher version Universal Monsters qui a tant divisé les foules. Le meilleur de tous ces épisodes se joue dans le premier arc narratif (épisodes #11-16), dans lesquels notre Punisher  nous plonge dans une virée au cœur de la cité des monstres de l’univers Marvel. Il s’agit pour le scénariste Rick Remender de citer tout autant les classiques de films de monstres (ceux de la Universal, bien sûr, mais également les créations issues de la littérature fantastique en général et même celles de la culture nippone, avec des clins d’œil à Mothra contre Godzilla ou encore X-OR ou Spectreman !), que ceux de la mythologie Marvel, en déterrant de vieilles figures oubliées depuis les années 60 !

Plus encore, avec cette fameuse « Pierre de sang », sorte de talisman qu’il met au cœur de son récit, le scénariste parvient à faire remonter ses racines jusqu’à l’ère hyboréenne, c’est-à-dire celle de Conan le barbare (dont les aventures sous forme de comics furent publiées par Marvel durant toutes les années 70) !

Frankencastle : Un monstre, un vrai !

Frankencastle : Un monstre, un vrai ! © Marvel Comics

Remender se jette dans l’aventure d’une manière si décomplexée qu’elle en devient jouissive, faisant voyager son héros jusqu’en Europe de l’est, où ce dernier va nous trucider toute une armée de zombies nazis, dans le plus pur esprit des films d’exploitation des années 70 ! La violence Grand-Guignol du run de Remender est d’ailleurs impressionnante, sans compter que cette réunion de créatures horrifiques s’y prête tout naturellement. Et puis, l’air de rien, en dessoudant des nazis et des fanatiques japonais qui s’en prennent à des monstres, il y aurait peut-être quelque parabole raciste cachée là dessous…

Parallèlement, le scénariste respecte scrupuleusement la continuité de l’univers Marvel en faisant évoluer cette franchise de la Légion des monstres à des hauteurs vertigineuses, puisqu’il parvient à lui procurer une véritable mythologie interne. Pour le reste, on l’aura compris, il s’agit d’une lecture très fun, très second degré, très… mainstream. Toutefois, il faut faire honneur au solide travail de mise en cohérence, d’inventivité, de plaisir référentiel et de divertissement survitaminé que vous procureront certainement ces six épisodes uniques en leur genre, qui se permettent même le luxe, en pleine période de crossover Siege, de vivre leur vie de manière autonome !

L’heure de la vengeance a sonné ! © Marvel Comics

L’arc narratif suivant, qui oppose un Punisher ivre de vengeance à Daken, puis à son père Wolverine, est le plus faible et le plus convenu de la saga Frankencastle. Il sert surtout à justifier une série de bastonnades homériques. Dans ce sens, il contentera largement les amateurs de comics bourrins centrés sur l’action et les combats. Se succèdent ainsi des planches de bastons à n’en plus finir, dans une avalanche d’os broyés, de chairs transpercées, de bruit et de fureur.
Comme il l’avait fait avec ses arcs précédents, Remender introduit quelques notes de continuité ancienne, notamment avec notre fameuse « Pierre de sang » ou encore avec une certaine Lady Gorgone, le tout saupoudré d’une violence décomplexée.

A la fin de cet arc, Remender introduit un épisode de transition intitulé « l’Île aux Monstres » (en vérité, tous ceux qui furent créés par le dessinateur Jack Kirby dans les années 60 !), qui voit le Punisher redevenir lui-même sous les effets de la magie. Non seulement ce retour à la normale s’avère cohérent et passe vraiment très bien, mais en plus il boucle cette transition fantaisiste de manière parfaite, mettant un terme à la période Frankencastle, décidément aussi iconoclaste que divertissante !

Dan Brereton illustre l’Île aux Monstres de Jack Kirby !

Dan Brereton illustre l’Île aux Monstres de Jack Kirby ! © Marvel Comics

Au dessin, plusieurs artistes se succèdent : Tony Moore et Roland Boschi sont les plus présents. Dan Brereton nous gratifie de deux très beaux épisodes rétros. D’autres, comme Stephen Segovia et Paco Diaz, complètent le programme. Au scénario, Daniel Way et Marjorie Liu relaient Rick Remender sur les épisodes de Dark Wolverine, pour un arc narratif plus faiblard que les autres. A noter que le prologue de cette saga, intitulé Dark Reign : The List, est mis en image par un John Romita jr. en pleine forme.

4) In The Blood :

Ce dernier arc narratif, qui a été publié sous la forme d’une mini-série en six épisodes, clôt le cycle du run de Remender. Plus encore qu’avec son premier arc narratif, le scénariste revient aux sources du personnage et de sa mythologie. Les six épisodes regroupés ici opposent donc Frank Castle à des vilains sans pouvoir, directement issus de la série.
Lorsque commence cette dernière saga, Puzzle est de retour. Il s’est allié à Rampage et tout deux sont fermement décidés à régler son compte au Punisher une fois pour toutes. Les deux criminels commencent par kidnapper Microship (revenu d’outre tombe), histoire d’en faire un appât pour attirer leur ennemi. Puis ils s’en prennent au jeune Henry, car Castle y est à présent très attaché. Pire encore, Maria, la propre femme de Frank Castle, aurait ressuscité et serait devenue la maîtresse de Puzzle…Rick Remender resserre les liens et termine ainsi son run, en forme de réunion familiale autour de la mythologie interne du Punisher, pour des retrouvailles tragiques et sanglantes, d’où le titre…

Retour aux sources ! © Marvel Comics

Le résumé ci-dessus peut donner l’impression que Remender a écrit une histoire abracadabrantesque, indigeste et blasphématoire. Il n’en est rien, tant le bonhomme prouve ici qu’il sait parfaitement où il va depuis le début, réussissant à faire fructifier tous les apports qu’il a semé au fur et à mesure de ses arcs narratifs. Qui plus-est, il arrive à passer d’un genre à l’autre avec une aisance et une harmonie bluffante. Le lecteur remarque ainsi à peine le changement de ton entre le passage Frankencastle et cette conclusion plus naturaliste.

Personnellement, j’ai été captivé par cette réunion de famille tragique et malsaine, tant l’écriture du récit est menée tambours battants. Remender a su donner de l’épaisseur aux relations qu’entretiennent tous ces personnages bousillés par la tragédie, qui conversent par le biais de dialogues tendus et crédibles. Le triangle affectif entre Puzzle, le jeune Henry et le Punisher, clairement attaché au jeune homme qui, d’une certaine manière, lui rappelle le fils qu’il n’a jamais vu grandir, est le plus réussi et le plus poignant de cet ensemble par ailleurs particulièrement dépressif. Le final, explosif et cathartique, tient ses promesses et achève de faire du run de Remender un des plus réussis de l’histoire éditoriale du personnage.Le dessin de Roland Boschi est parfait.

Lors de sa sortie, ce run fut parait-il boudé par les fans puristes du justicier habitués aux productions MAX. Faisant partie de ces fans, il a fallu que je fasse effectivement un effort pour pénétrer cette approche « mainstream » de la franchise, dans laquelle les personnages se transforment, ressuscitent et réalisent des prouesses totalement irréelles. D’autant que je ne suis pas très preneur de ces absurdités éditoriales. Toutefois, je ne regrette nullement d’avoir sauté le pas : Le run de Remender sur le Punisher est ce que j’ai lu de mieux dans la seconde moitié des années 2000 en ce qui concerne les publications Marvel.Avec le recul, ce run est complètement fidèle au style de Rick Remender, sorte de mélange entre le réalisme psychologique et le récit Grand-Guignol, les références pointues de l’univers Marvel le plus reculé, le goût pour les monstres en tout genre et les clins d’œil à tout un pan de l’histoire du cinéma fantastique…

Le Punisher selon Rick Remender : la quintessence du mythe ! © Marvel Comics

Le choix de confier l’essentiel des épisodes au dessinateur Roland Boschi et à son style cru et rugueux aurait pourtant pu me mettre la puce à l’oreille sur le contenu du projet de Rick Remender : Son Punisher ultra référentiel et mythologique serait peut-être un condensé ultime de la franchise du justicier à tête de mort, publications MAX comprises…Et puis, cerise sur le gâteau, cette saga presque totalement auto-contenue (si l’on excepte l’épisode nommé Dark Reign), n’interfère nullement avec les mega-crossovers du moment…

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Le FB du jour : Et puisque on a beaucoup parlé de Frankenstein ces jours-ci, retrouvons ce pauvre Punisher réduit en charpie et transformé en machine. Tornado chante les louanges du run de Rick Remender : « Frankencastle », pour vous résumé et mis en boite chez Bruce Lit.

LA BO du jour :

Aussi increvable que le Punisher, impossible de ne pas évoquer -encore et encore- le roi Vincent et son répertoire geek…

53 comments

  • Présence  

    Un commentaire très convaincant pour une idée de série très improbable.

    Depuis, Remender a prouvé à maintes reprises sa capacité à s’approprier les personnages Marvel, à utiliser sa connaissance encyclopédique de cet univers partagé, pour raconter des histoires articulées autour d’un thème présenté selon différents points de vue. Ce fut le cas sur le « droit de tuer » pour la série « Uncanny X-Force ». C’est le cas pour l’intégration ou le respect des minorités dans « Uncanny Avengers », et la responsabilité et les valeurs paternelles dans « Captain America ».

  • Bruce lit  

    L’article est très tenant avec les images. Je me rappelle avoir convulsé la première fois sur Amazon lorsque j’avais lu ça. Depuis j’ai lu X-force et Uncanny Avengers où effectivement le côté Kitsch le dispute à une excellente psychologie des personnages. Je pense que je vais me laisser tenter et y jeter un oeil sur ma tablette, euh l’emprunter à ma médiathèque, même si je reste très dubitatif autour de l’idée de la résurrection de la famille Castle.

    @ M. Présence : Etant donné que nous sommes maintenant sur un blog professionnel et non plus sur Amazon, puis je vous suggérer de copier 100 fois le mot Article et non plus Commentaire ?

  • Nicolas  

    Merci Tornado pour cet article très fouillé et bien construit, bien que jen’adhère pas spécialement au Punisher de Remender.
    A l’exeption de l’arc avec les villaisn dégommés par Scourge : uen brillante façon de mettre ses personnags de seconde zone en valuer, juste en augmentant leurs pouvoirs et en changeant leurs personnalités.

    Maintenant si Remender pouvait faire ce traitement sur les Hellions, ce serait génial !

  • Tornado  

    Mon arc préféré a été le dernier : « In The Blood ». C’est quasiment du niveau de Garth Ennis pour moi.
    Ensuite les 6 premiers épisodes de « Frankencastle » avec la Légion des monstres, très fun, très référencé. Le reste m’a moins emballé.
    Cela-dit j’insiste : Dans cette période Marvel ultra-pourrie minable et affligeante (2OO7-2012), le run de Remender sur le Punisher est largement ce que j’ai préféré.

  • Bruce Lit  

    Oui je comprends l’argument comparatif fait avec Siege et tout le bordel. Remender fait du Mainstream provocateur et totalement déconnecté du Marvelverse.

  • Stan FREDO  

    J’ai plus ou moins suivi ce run de Remender, mi VO (quelques « commentaires » 😉 disponibles dans amazon.fr) mi VF, toujours avec plaisir. Je suis passé totalement à côté de la version « Max » et ne compte pas y consacrer du temps dans l’avenir prévisible. J’avais bien aimé le Punisher dessiné par Joe Kubert, mais c’est un autre sujet !

  • Jyrille  

    Bravo pour ce mini-dossier, les scans et les anamyses que tu en fais. Je ne connais vraiment rien à ce personnage mais une fois encore, cela me donnerait presque envie d’essayer ça.

  • Marti  

    Très bonne période pour le Punisher que ce run de Rick Remender, assisté de dessinateurs de haute volée la plupart du temps ! Le coup du Franken-Castle était dur à faire avaler, et pourtant le scénariste réussit haut la main le pari, chapeau l’artiste ! Finalement, Remender fait un peu le tour de toutes les formes possibles de Punisher, allant de la lutte contre les mafieux jusqu’aux histoires les plus improbables impliquant des monstres géants. On parle souvent de la version MAX de Garth Ennis, mais c’est oublier ses débuts sur le personnages sous le label Marvel Knight qui est parfaitement intégré à la continuité avec des super-pouvoirs et des situations loufoques qui n’ont pas à pâlir à côté de celles imaginées par Remender…

    Pourquoi tant de haine pour le run de Matt Fraction ? Je l’avais bien aimé, lui aussi avait réussi un tour de force en imaginant le temps d’un arc Frank Castle dans un costume Cap-Punisher !

  • Tornado  

    Merci Marti ! J’ai besoin d’être soutenu pour pouvoir convaincre les gens de lire ce run de Remender ! Je suis tout à fait d’accord sur le volet « Remender fait un peu le tour de toutes les formes possibles de Punisher ».

    En revanche je n’ai pas du tout aimé le run de Matt fraction, exception faite de l’arc où il combat un groupe de terroristes nazis à la frontière mexicaine. J’en avais écrit quelques mors sur Amazon :
    http://www.amazon.fr/Punisher-War-Journal-Volume-Goin/product-reviews/0785126368/ref=sr_1_5_cm_cr_acr_txt?ie=UTF8&showViewpoints=1

    • Marti  

      Je n’ai toujours pas fini le run de Fraction sur Punisher: War Journal, j’avais loupé à l’époque le recueil VF avec les derniers épisodes que j’ai acquis depuis sans trouver le temps de le lire. J’avais bien aimé l’épisode lié à World War Hulk où Franky explosait des insectes aliens à tout bout de champ. Dans le fond je trouvais qu’il y avait quand même un certain lien dans le ton entre son run et celui de Rick Remender… ce dernier officiant en fait sur le personnage comme co-scénariste dans les derniers épisodes de Fraction ! La pratique était assez courante chez Marvel à l’époque d’associer le temps du dernier arc le scénariste sur le départ et le successeur, Fraction a fait de même sur Uncanny X-Men avec Kieron Gillen (pour le résultat que l’on connaît…).

      Même si c’est au coeur de son run, Rick Remender est loin d’être le premier a tenté de métamorphoser drastiquement Castle, j’ai écrit un article là-dessus sur Comixity il y a quelques mois, je me permets de mettre le lien ici si cela peut alimenter la suite de cette conversation : http://www.comixity.fr/2014/01/se-retrouver-dans-le-punisher/

      • Bruce lit  

        Je viens de le relire ton article et après les Xmen de Liu, je vais tenter le Punisher de Rucka !! Gare à tes fesses Marti !
        Fury par Ennis : Une anecdote ; Michele Pfeiffer et Geroges Clooney se sont pointés dans le bureau de Quesada ulcérés par la violence du Fury de G. Ennis. Preuve à l’appui de Fury étranglant son ennemi avec ses boyaux…Un épisode raconté dans le bouquin de Sean Howe

        • Marti  

          Le Punisher de Rucka devrait te plaire… et sinon Sam me protégera !

          Stan Lee aurait aussi été assez désemparé devant le traitement de son personnage par Garth Ennis. La légende veut que Clooney aurait abandonné le projet de film sur Nick Fury auquel il était associé après avoir lu ces épisodes.

          • Matt  

            Petite pique a l’intention de Ennis : béh oui le mec il salit tout pour faire son provocateur trash^^ A quand Tintin qui arrache des boyaux par Garth Ennis ?

          • Bruce lit  

            ça y’ est, Matt se prend pour redwave….^^

            Je ne suis pas d’accord, mais alors pas du tout avec ta vision du Punisher ….qui était aussi la mienne avant de découvrir via un certain JP Nguyen sur la zone l’incroyabletravail de Ennis pour le personnage. Chez Aaron, nous sommes dans la tragédie, mais dure, froide, terrifiante. Chez Ennis, le Punisher devient l’allégorie de la prédation urbaine et la conséquence du Viet-Nam.
            Dans le même ordre idée, je découvre Judge Dredd et c’est magnifique. Loin d’être un truc bourrin, ces personnages explorent comme personne le rapport à la violence, le fascisme, notre besoin de sécurité antinomique à celui de liberté.

            @Présence : et puisqu’on parle de Dredd, j’ai bien bien fait d’insister car ne me familiarisant avec Kev Walker, je dois dire que Mandroïd lu hier est encore un récit exceptionnel. Merci pour cette découverte.

            @Tornado : euh…salut copain !
            PLus le temps passe, plus je suis partagé sur Remender. Sur Gigantic, il est mauvais. Fear agent, Frankencastle mettent en scène des univers qui ne m’interessent pas. Son travail sur les Xmen est très bon. Et il est très bien pour Deadly Class. Dans tous les cas de figure, son tic d’écriture est de multiplier les morts, les monstres pour un retour au statu quo parfois confondant.

          • Matt  

            Redwave ? Eh oh, quand même !
            Je me dis juste que Bendis s’en prend plein la tronche, Morisson aussi…pourquoi je ne pourrais pas vider mon sac sur Ennis ?^^ Je ne manque de respect à personne, quand même.

            Pour le Punisher, ce n’est pas une vision que j’ai, c’est juste un ressenti. Je ne juge aucune histoire vu que je ne les ai pas lues. Mais je n’arrive pas à mon plonger dans un comics avec ce bonhomme comme « héros ». Pourquoi tu ne lis pas du Dr Strange toi ? Parce que tu n’aimes pas la magie. Bon…ben je peux rien dire contre ça. C’est une histoire de goûts. peut être que je n’aime pas les gros durs super violents qui pratiquent la tortures.
            Mais peut être que Remender m’aidera à mieux apprécier le perso. Pour me faire entrer doucement dans son univers et qui sait…lire d’autres trucs après.

  • Tornado  

    Très bon ton article Marti ! Exhaustif, comme on en trouvait avant dans certains magazines !
    Je n’avais jamais entendu parler de l’équipe des « Marvel Knights » !!!

    Je pensais que le run de Rucka avait duré plus longtemps que seulement 16 épisodes sans que les intrigues soient bouclées. Encore une fois la politique éditoriale de Marvel nous prive d’une histoire ambitieuse, comme ce fut le cas avec le Thor de JMS.

    Je ne lirai pas la 10° série (sauf si tout le monde crie au chef d’oeuvre). Marvel est allé trop loin avec moi et j’ai abandonné la continuité avec le Marvel NOW…

    • Marti  

      Je n’ai lu que les 2-3 premiers épisodes de ce dernier volume par Nathan Edmonson, mais ça m’a assez donné envie pour la découvrir intégralement en VF prochainement, ce sera dans un des magasines anthologiques (Marvel Saga sans doute), donc par arcs.

  • Tornado  

    Ah… Comme tu y vas ! Cette publication par arc, additionnée de la certitude de lire une série autonome pourrait finalement bien me tenter…

  • Marti  

    Et en plus graphiquement c’est pas mal ! OK, j’arrête d’en rajouter…

  • Bruce lit  

    Ca alors ! J’ai trouvé l’intégralité du run en médiathèque et en anglais….
    Bon, je n’ai pas beaucoup aimé, mais j’ai pas détesté non plus. Je trouve que la partie Dark Reign est une suite de (bonne) baston mais de voir Frank se fighter avec des vilains de troisièmes zones habillés comme des insectes ne m’a pas soulevé.

    Et la partie Frankenstein itou ! Mais sans doute parce que encore une fois les monstres ne fonctionnent pas pour moi en BD….Toutefois, les dessins de Tony Moore sont remontés dans mon estime.
    Enfin la dernière partie contre Daken a éveillé ma curiosité : Remender saurait il retrouver la tournure épique de The Dark Angel SAga ? A mon sens non, ces deux épisodes sont comme tu l’as noté too much et au delà du bon sens pour le pouvoir guérisseur de Daken.

    Et cette ordure de Wolverine qui passe son temps à attaquer Frank dans le dos…..
    En tout cas je te remercie de m’avoir aiguillé la dessus pour franchir le cap d’un truc qui me titillait depuis longtemps ! Et vraiment, si tu en as la possibilité, achète le run de Remender pour Xforce qui a tout pour te plaire .

  • Tornado  

    Et la dernière partie avec Rampage ? Tu n’as pas aimé ? J’ai trouvé que c’était quasiment du niveau de Punisher MAX pour ainsi dire !

    Si j’ai bien compris, « Dark Angel Saga » sort en deluxe en 2015. On verra…

  • PierreN  

    Pour moi le dernier grand run du Punisher avec celui d’Aaron. Ton article m’a donné envie de le relire en tout cas. Je me souviens que Remender & Chaykin avaient nettement rehaussé le niveau de la série précédente de Fraction, en particulier sur les deux derniers arcs.

  • Matt  

    Moi qui n’arrive pas du tout à m’intéresser au Punisher, parce que…je sais pas…c’est un mec lambda qui tue tout le monde comme un bourrin, et ça ne m’attire pas…je suis pourtant tenté par ce run justement pour la patte Remender avec son côté délirant mainstream mais intéressant.

    C’est marrant, moi j’aime assez le style de Tan Eng Huat. Après je n’ai pas vu sa prestation dans le Punisher donc je ne peux pas juger, mais je l’ai vu officier ailleurs et je trouvais son style déformé qui exagère les perspectives assez sympa.

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