Japan Expo (Les classiques de l’horreur japonaise)

 Les classiques de l’horreur japonaise

Par MATTIE BOY

Bienvenue dans ce dossier sur le cinéma d’horreur japonais vintage. Il sera constitué de 5 films des années 50/60 et parsemé de références à d’autres films pour vous donner des pistes.
Peut-être plus tard me pencherai-je sur les films plus récents.

Illustration Mattie-Boy

Lorsqu’on parle d’horreur japonaise, tout le monde a en tête la figure de Sadako du film RING, ce fantôme féminin aux longs cheveux. Ou encore les spectres de JU-ON (THE GRUDGE.) Mais cette popularité des histoires de fantômes japonais (qui coïncide comme par hasard avec les remakes américains qui comme souvent se sont emparés d’un pan de culture d’un autre pays pour le modifier à leur sauce et en offrir une version occidentalisée) ne constitue pas le début de ce qu’on appelle la j-horror.

Et quand bien même les remakes sont parfois de bonne facture, ils n’en demeurent pas moins inutiles selon moi si on veut pouvoir découvrir des mythes et peurs propres à une culture différente. Mais ne perdons pas de temps à débattre là-dessus. Dans cet article je vous propose de replonger plus loin en arrière pour découvrir que bien avant ces films, le Japon avait déjà son lot d’histoires horrifiques et de films d’épouvante dits « classiques » à l’époque même où la Hammer sévissait en Occident avec ses relectures de mythes de vampires et autres monstres.

Dans cet article, je mentionnais déjà que LE CHATEAU DE L’ARAIGNEE (1957) de Akira Kurosawa revêtait des airs de films d’épouvante. Mais nous allons commencer par un film adaptant un mythe fondateur parmi les classiques du « kaidan » (littéralement « histoire de l’étrange, du mystérieux. ») Je veux parler de la légende du YOTSUYA KAIDAN (histoire du fantôme de Yotsuya.) Qu’est-ce donc ? J’en avais parlé dans cet article sur KASANE de Gou Tanabe qui était une adaptation d’une autre pièce intitulée Kaidan Kasane ga Fuchi (histoire du fantôme du marais Kasane) de San’yūtei Enchō (1839-1900), elle-même héritière du YOTSUYA KAIDAN.

Cette pièce de théâtre Kabuki, écrite en 1825 par Tsuruya Namboku IV, est une histoire fondatrice de la littérature horrifique japonaise. Peut être la première histoire de fantôme écrite sous forme de divertissement (au même titre que CARMILLA ou DRACULA furent les premières histoires de vampires romancées par des auteurs, quand bien même des légendes et superstitions sur les suceurs de sang existaient bien avant.) Tout fantôme féminin japonais avec de longs cheveux noirs tel la Sadako de RING ou autres itérations de cette figure emblématique de la culture populaire japonaise doivent beaucoup au fantôme d’Oiwa, la femme bafouée de l’histoire.

Oiwa par l’artiste Utagawa Kuniyoshi (1798-1861)
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Yotsuya_kaidan

Cette pièce, elle-même entourée d’une aura mystique « maudite » puisqu’il y aurait eu de nombreux accidents lors de représentations, a été adaptée plus de 30 fois au cinéma au Japon, et même dans quelques animes (le premier segment de 4 épisodes de la série AYAKASHI JAPANESE CLASSIC HORROR.)

Hélas quasiment aucun de ces films n’est trouvable par des moyens conventionnels chez nous. J’ai pu en voir 4. Je n’en chroniquerai que 2 puisque j’ai d’autres films dans ma besace à présenter.

YOTSUYA KAIDAN (1956) de Masaki Môri

C’est donc l’histoire d’Oiwa (ou Iwa, selon la transcription) et de son époux Tamiya Iemon qui va rejeter son épouse pour se trouver une femme plus jeune. Il le fait pour des raisons d’argent à contrecœur, poussé par sa mère, afin d’améliorer sa condition en épousant une femme riche. Les histoires de famille visant à arranger ce nouveau mariage conduisent Oiwa à être empoisonnée par une toxine qui va la défigurer et lui faire perdre des cheveux, la rendant hideuse (souvent sur une seul moitié du visage. Le syndrome Two-face avant l’heure.) Elle sera ensuite tuée et jeté dans un marais par son époux Iemon. Mais elle reviendra d’outre-tombe pour faire de sa vie un enfer.

Avec cette version de 1956, Masaki Môri propose un film très réussi, surtout quand on considère son âge. Non seulement les personnages ont de l’épaisseur mais les effets horrifiques, bien que moins efficaces de nos jours évidemment, s’avèrent réussis. Dans cette version, Iemon est campé par le charismatique Tomisaburo Wakayama (futur interprète de Ogami Itto de la saga BABY CART.) Et bien que ce dernier soit souvent cantonné à des rôles d’ordures ou d’assassins patibulaires, son interprétation de Iemon n’est pas la plus cruelle de toutes les adaptations. Il joue bien le personnage torturé manipulé par sa mère et par un sinistre individu qui le fait chanter, tous les deux le poussant à renier son épouse Oiwa pour choisir Ume et s’assurer un avenir plus riche. Iemon reste impardonnable par les actions qu’il fera par la suite, mais semble plus pathétique que maléfique. Partagé entre ce qu’il ressent pour Oiwa et les avantages d’une vie plus aisée, il va franchir le point de non-retour et voir sa vie supposément rêvée virer au cauchemar.

La photographie noir et blanc, en particulier lors des scènes de nuit est très réussie. Quand je disais que les histoires ont parfois une résonnance culturelle qu’il est dommage de dénaturer par des remakes, on peut considérer le YOTSUYA KAIDAN comme une critique de la condition féminine dans une société japonaise très patriarcale et sexiste. Alors certes le japon n’a pas le monopole du sexisme mais c’est néanmoins le pays ayant produit le plus d’histoires à base de fantômes de sexe féminin. Ces femmes se vengent par-delà la mort des mauvais traitements subis de leur vivant.

HISTOIRE DE FANTÔMES JAPONAIS (1959) de Nobuo Nakagawa

Attention, il y a 2 films YOTSUYA KAIDAN datant de 1959. Je ne vais pas tous les chroniquer mais nous pouvons noter le film de Kenji Misumi (réalisateur de 4 des 6 films BABY CART et de certains films ZATOICHI.) Dans sa version, c’est Ume, la nouvelle prétendante amoureuse de Iemon qui, en bourgeoise capricieuse, insiste pour l’épouser bien qu’il soit marié. Et ses serviteurs empoisonneront alors Oiwa.

Mais intéressons-nous surtout à la version considérée comme une des meilleures adaptations de la légende du YOTSUYA KAIDAN. Celle du réalisateur Nobuo Nakagawa, qui s’est d’ailleurs spécialisé dans les adaptations de classiques de l’horreur de son pays. Bien qu’hélas quasi inconnu chez nous, il a réalisé LES FANTÔMES DU MARAIS DE KASANE en 1957 qui adapte la pièce du même nom, ou d’autres histoires d’horreur comme LE MANOIR DU CHAT FANTÔME ou encore JIGOKU.

Dans cette version, Iemon est bien moins ambigu. Ici point de mère possessive qui le pousse au crime. Dès le début il ne montre que peu de scrupules à tuer le père d’Oiwa opposé à leur mariage. Puis, avec la complicité d’un serviteur d’Oiwa, il va tout faire pour écarter les gêneurs et masquer ses crimes. Il se lassera ensuite d’Oiwa et viendra au secours d’une jeune femme (Ume) pour s’attirer les faveurs de son père. C’est lui-même aidé de son complice Naosuke (qui reste cependant le plus diabolique des deux) qui imaginerons un plan pour empoisonner Oiwa.

Si le travail sur les personnages est peut-être moins subtil que la version de 1956, le film gagne en modernité dans sa mise en scène. Les apparitions fantomatiques sont plus créatives et bien aidées des jeux de couleurs rappelant parfois Mario Bava avant l’heure, surtout à la fin. Les maquillages sont convaincants et les effets plus sanglants.

Un des gestes les plus marquants d’Oiwa (pas toujours repris dans chaque adaptation mais qui a lieu dans la pièce et dans ce film) est sa décision avant de mourir d’emporter avec elle son nouveau-né pour ne pas le laisser aux mains de Iemon. Comment oublier cette figure de la femme vengeresse défigurée dont les pleurs de l’enfant résonnent dans les ténèbres ?

Le fantôme d’Oiwa a cimenté dans la pop culture l’image du fantôme japonais plein de rancœur à la vengeance implacable.

ONIBABA (1964) de Kaneto Shindô

Changeons un peu de registre pour un film d’horreur assez original jouant davantage sur la peur psychologique. C’est au passage le seul de la liste à avoir eu droit à une sortie DVD chez nous.

En pleine période Sengoku (l’ère des provinces en guerre) une femme et sa belle-mère vivent dans une hutte cachée dans un gigantesque champ de roseaux isolé du monde, en attendant le retour d’un homme (mari de l’une, fils de l’autre), parti à la guerre.

Pauvres et démunies, elles sont obligées pour survivre de piéger des soldats égarés, les tuer et leur voler leurs affaires qu’elles peuvent échanger à un receleur contre de la nourriture. Mais un jour, un compagnon d’armes de leur disparu vient leur annoncer sa mort. Rapidement, il s’installe à proximité de leur domicile et devient un complice des activités meurtrières des deux femmes. Mais sa présence perturbe l’équilibre jusqu’alors établi. Tensions sexuelles, rivalités entre les deux femmes, jalousie, peur de rejet, tous ces sentiments auront des conséquences tragiques.

Le film met en scène des personnages humains mais réduits à l’état primitif. Les rapports sont dénués de sentiments. Il s’agit d’attirance physique et de rivalité pour la survie. Le thème central de ce film est le désir, les pulsions animales.

Inspiré d’un conte bouddhiste, ONIBABA n’en garde finalement pas grand-chose. L’histoire d’origine ne comportait pas d’homme venant troubler les désirs des deux femmes et il s’agissait surtout d’un récit religieux. Le film de Kaneto Shindô supprime la dimension religieuse pour mieux s’adonner à l’étude d’un triangle passionnel inquiétant.

Vous allez peut-être me dire « en quoi est-ce un film d’horreur ? » Eh bien par sa mise en scène. Par la symbolique visuelle de ses images et ses choix esthétiques. Ainsi qu’un élément fantastique.

En effet, Kaneto Shindô choisit de mettre en valeur un décor naturel original fait de roseaux à perte de vue, ondulant au gré du vent, de la pluie. D’une hauteur masquant tout être humain, ils offrent un décor propice à l’égarement, l’isolement. Le monde extérieur semble inexistant. La photographie de Kiyomi Kuroda joue pour beaucoup dans l’atmosphère oppressante et inquiétante du film. Les contrastes sont renforcés, donnant lieu à des jeux d’ombres travaillés qu’on pourrait rapprocher du VAUDOU de Jacques Tourneur.

Le film introduit un élément fantastique au travers d’un masque qu’un samouraï assassiné portait (et refusait de retirer) qui semble devenir maléfique. Cette idée, sans doute inspiré par la punition divine qui existait dans le conte bouddhiste d’origine, revêt ici une dimension symbolique. Plus le film progresse dans la noirceur et développe la sauvagerie animale de ses protagonistes, plus le masque que la belle-mère va porter pour effrayer sa belle-fille semble devenir partie intégrante de sa porteuse. Au point qu’elle ne pourra plus le retirer (le titre ONIBABA signifie d’ailleurs « vieille femme démon. »)

A l’époque le film a évidemment fait parler de lui pour son aspect érotique. Chose amusante tant le film en montre peu, et désexualise d’ailleurs complètement les femmes lorsqu’elles travaillent ou lavent leur linge torse nu à cause de la chaleur. La tension sexuelle se ressent davantage dans les scènes habillées ou la légèreté des vêtements portés par les femmes (c’est l’été) vient titiller les pulsions de l’homme. Mais ce qui a pu déranger aussi, c’est que pour une fois c’est la sexualité primitive des femmes qui est abordée. Pas celle de l’homme. Il n’y a pas de viol, et ce qui s’en rapproche le plus est d’ailleurs l’œuvre de la vieille femme envers l’homme.

C’est un beau film dont l’esthétique en noir et blanc et les contrastes poussés subliment les décors naturels en les rendant inquiétants tout en proposant une étude de la nature humaine via des idées visuelles horrifiques. C’est un film qui n’a pas perdu grand-chose de son aura malgré son âge.

KURONEKO (1968) de Kaneto Shindô

Le film commence fort. Deux femmes (mère et belle-fille à nouveau) isolées dans une hutte en pleine campagne sont violées par tout un groupe de bandits puis assassinées. Le ton est donné : on est dans un rape & revenge movie.

Kuroneko signifie « chat noir ». On peut considérer que c’est là une variante de l’histoire du chat noir de Edgar A. Poe qui voyait un chat venger son maître en rendant l’assassin fou. Mais c’est ici habilement mélangé à la mythologie japonaise qui, comme vous le savez suite à mes articles sur les yokaï, compte parmi ses membres des créatures vengeresses appelés « bakeneko » (contraction de bakemono = monstre, et neko = chat.) Ce sont des esprits vengeurs qui ne revêtent pas uniquement l’apparence d’un chat d’ailleurs, mais souvent celle de leur maître assassiné ou une forme hybride de femme-chat (car là aussi, dans les légendes il s’agit souvent de femmes.) Le chat semble être un vecteur, comme un lien entre le monde des morts et des vivants. C’est à travers lui que reviennent se venger les esprits. Il est amusant de voir que le chat a souvent été, dans bon nombre de cultures, auréolé d’une aura mystique.

C’est ce qui arrive ici. Les deux femmes reviennent sous forme d’esprits et vont piéger des hommes, se venger de leurs bourreaux. Leur massacre sera interrompu par le retour de la guerre du mari de la jeune fille (et fils de l’autre femme.) Encore une fois, Kaneto Shindô insère de la sexualité dans son film. Moins brutale et repoussante que dans ONIBABA, elle sert ici à créer un dilemme chez les femmes-chats. Car leur nouvelle nature d’esprits vengeurs réclame vengeance. Elles ne peuvent vivre autrement, quand bien même elles retrouvent l’homme de leur vie, innocent de tout crime. Qu’adviendra-t-il de lui ?

Le film, bien que datant de 1968, est encore en noir et blanc. Mais un noir et blanc maitrisé, peut-être même volontaire, tant Kaneto Shindô semble être le Jacques Tourneur japonais, et maitriser parfaitement le clair-obscur.

Les fantômes en eux-mêmes ne sont pas spécialement effrayants, ce sont de belles femmes dont les apparitions ne sont pas nécessairement mises en scènes de manière inquiétantes mais plutôt mystérieuses. Mais l’ambiance du film est incroyable, sinistre et triste, teintée d’une poésie horrifique. Il s’agit d’un « beau » film d’épouvante à la photographie très soignée (on pensera au brouillard qui s’infiltre dans la forêt de bambou, aux temples isolés dans la nuit magnifiquement éclairés)

Kaneto Shindô joue également habilement avec le son. Selon l’ambiance, il alterne entre la musique, le silence complet ou les bruits naturels du vent secouant les arbres. Le film pourra sembler lent à certains (les japonais aiment la lenteur, notamment pour installer une ambiance lourde et lancinante.) Il faut adhérer au rythme, mais le film est un tel régal visuel que ce fut chose aisée pour moi.

KAIDAN YUKI JOROU (1968) de Tokuzô Tanaka

KAIDAN YUKI JOROU ou « la légende de la femme des neiges » est une autre histoire tirée du folklore japonais. La yuki-onna (femme des neiges) est un esprit/yokaï mentionnée dans d’anciennes légendes (la saga LADY SNOWBLOOD joue d’ailleurs surement la carte référentielle à l’esprit des neiges.)

C’est une histoire de fantôme (ou d’ayakashi/yokaï/mononoke pour être plus précis tant la définition de fantôme à l’occidentale ne s’applique pas vraiment ici) mais c’est aussi une tragique histoire d’amour impossible.

Moins du domaine de l’horreur et plus du fantastique, la femme des neiges est une créature qui ôte la vie de voyageurs imprudents qui se perdent dans la tempête. Mais elle n’est pas infaillible ni insensible. Le film commence par nous montrer un jeune sculpteur (Yosaku) et son maître se réfugier dans une hutte en pleine tempête pour passer la nuit. Le vieux maître ne se réveillera jamais. Car cette nuit-là, la sorcière leur rend visite et recouvre le vieil homme d’un voile de gel. Elle décide cependant de laisser la vie sauve au jeune homme, lui disant qu’il est jeune et beau et qu’elle se montrera clémente s’il ne parle jamais à personne de cette rencontre.

Terrifié mais soulagé d’être en vie, Yosaku pourra reprendre une vie normale et succéder à son maître. Il rencontrera une femme, Yuki, et aura un enfant. Vous devinez la suite. Surtout si vous connaissez le signification du nom Yuki. Alors que des sbires du gouverneur local ont des vues sur Yuki et cherchent à discréditer Yosaku qui doit s’acquitter d’une sculpture pour le temple sacré, sa femme se révèlera être très différente de ce qu’il imaginait. Et au fil d’évènements étranges, il deviendra difficile pour Yosaku d’occulter les soupçons qu’il a à son encontre. Il finira par parler du secret qu’il ne devait jamais révéler, et sa vie entière basculera.

Le film est tragique car il nous dépeint une sorcière prisonnière de sa condition, et qui malgré son apparente cruauté, essaie de réprimer sa nature et de vivre une vie normale pour connaître le bonheur.

A nouveau, nous sommes face à un film à la photographie magnifique où chaque apparition ou manifestation du pouvoir de la femme des neiges est d’une grande beauté, aussi sinistre soit-elle. Shiho Fujimura est particulièrement charismatique dans le rôle de cette sorcière tragique. Quant à la fin, elle nous arracherait presque une larme.

Le film à sketchs KWAIDAN (1964) de Masaki Kobayashi (déjà réalisateur de HARA-KIRI) adaptait déjà une histoire de femme des neiges. Si je n’ai pas retenu ce film pourtant récompensé, c’est parce qu’il est quand même très austère, quasi dépourvu de musique. Néanmoins il mérite d’être vu pour sa beauté plastique à couper le souffle. Il faut être dans le bon état d’esprit et le regarder comme une pièce de théâtre. Il s’agit d’un film qui est parvenu chez nous et qui a obtenu des récompenses, les connaisseurs m’en voudraient surement de ne pas le mentionner. Je vous mets donc le trailer en bonus (même si ce n’est pas mon préféré…mais chut, hein !)

On peut également mentionner un des derniers films d’Akira Kurosawa DREAMS (1990), également composé de sketchs (avec Martin Scorcese qui joue Vincent Van Gogh) qui consacre un segment à la femme des neiges dans un contexte plus contemporain.

Voilà pour ce tour d’horizon. Bien évidemment il existe bien d’autres films d’épouvante classiques mais beaucoup sont encore moins facilement trouvables que ceux-ci. Et tous ne se valent pas. Le cinéma japonais, assez mal exporté chez nous, recèle bon nombre de pépites pour les fans de fantastique et d’horreur.


BO du jour : des musiques de KAIDAN YUKI JOROU sur des images dudit film mélangées à celle du sketch de KWAIDAN et de DREAMS de Kurosawa

18 comments

  • Eddy Vanleffe  

    Oui le seul film que j’ai pu voir c’est le KWAIDAN de Kobayashi qui est quand même pas très récréatif en effet, mais très beau plastiquement.
    J’aimerais donc pouvoir mettre la main sur ces films un jour…
    J’ai de mon côté amassé la petite série de film à thème J-Horror, où 6 réalisateurs reprenaient les mythe du fantôme de manière moderne.
    Hideo Nakata a dans ce cadre fait un film qui reprend le mythe de KASANE dont tu as déjà parlé pour un manga, les autres sont plus dans la même lignée que The Grudge…

    • Matt  

      Hello Eddy. Comment va ?
      J’ai vu le Kaidan de Nakata mais c’est un peu décevant et avec trop d’effets numériques.
      J’aime bien son Ring et Dark Water mais le mec a été un peu surestimé aussi.
      Les films de fantôme des années 60 sont parfois plus efficaces que certains films modernes.

      KWAIDAN est très austère ouais, ça m’a fait bizarre. Peu de son, quasi pas de musique. C’est étrange.
      A côté les films de Kaneto Shindo sont magnifiques
      Et certaines adaptations du Yotsuya Kaidan aussi. j’ai bien aimé celle de Nobuo Nakagawa. J’ai été surpris d’y voir du Bava (avant l’heure vu que ça date de 1959)
      Peut être pas aussi poussé que les jeux de couleurs de Bava mais on voit un peu dans la bande annonce les effets de couleurs assez classes avec le fantôme d’Oiwa.

      Ces films je peux te les filer ou te dire ou chercher. Avec Tornado on a trouvé un blog depuis quelques années qui met à dispo des films non sortis chez nous. Sans doute à la limite de l’illégalité le truc (ou même illégal) mais y’a pas d’alternative en fait. Sauf acheter un DVD japonais sans sous titres…

  • Nikolavitch  

    Pour ceux que ce folklore intéresse, les éditions Ynnis viennent de sortir Mononoké, histoires de fantômes japonais, de Yakumo Koizumi (nom japonais de Lafcadio Hearn, occidental installé au Japon à la fin du 19e siècle, qui a entrepris de compiler toutes sortes de contes populaires qui, en pleine modernisation du pays, étaient en train de se perdre)

    • Matt  

      Ah ouais j’ai entendu parler de ce Lafcadio Hearn.
      Merci pour l’info, ça peut clairement m’intéresser moi^^

      • Nikolavitch  

        les éditions Noctambules avaient sorti un truc illustré y a quelques années, une sorte de best of d’histoires de Lafcadio Hearn.

        notons que l’épisode de Hellboy où il combat des vampires japonais à têtes volantes sort directement de là.

  • JP Nguyen  

    Merci pour ce tour d’horizon. On retrouve assez bien tes goûts et le type d’histoires ou de films qui te parlent (horreur, féminisme, photographie soignée…)
    Je dois avouer que je ne me donne aucune peine pour accéder à ce type d’œuvres. A une époque, j’avais à certaines chaînes qui diffusaient parfois des vieux films japonais et je pouvais me faire surprendre par l’un d’eux, au hasard d’un zapping…
    Avec l’usage plus important du streaming, ces rencontres aléatoires se sont raréfiées…
    En consultant ton article de 2019 sur les Yokai, j’ai vu que je t’y parlais de Dororo, je ne sais plus si tu as eu l’occasion de le regarder depuis (bon y’a pas trop de meufs mais c’est la seule réf japon médieval + horreur que j’ai…)

    • Matt  

      J’aime pas le streaming pour ça. ça réduit le champ des trucs accessibles et les gens auront tous vu le dernier Adam Sandler plutôt qu’un vieux film japonais. Dieu m’en préserve !

      Eh je regarde des trucs ou y’a pas de meufs ! C’est même un peu un hasard que ces films soient tous à base de femmes fantômes. Mais il faut reconnaître que c’est assez répandu dans les légendes japonaises de fantômes.
      Les trucs masculins ce seront plutôt des yokaï, des monstres.

      Je connais Dororo de nom mais nope, toujours pas regardé.
      Mais j’ai envoyé un article à Bruce qui fait écho à celui ci et qi parlera de 2 animes dans le genre fantasy/horreur/mythologie jap

  • Présence  

    Chic, le retour de Mattie Boy !!!

    Les remakes n’en demeurent pas moins inutiles selon moi si on veut pouvoir découvrir des mythes et peurs propres à une culture différente. – Bien dit !

    Le Japon avait déjà son lot d’histoires horrifiques et de films d’épouvante dits classiques à l’époque même où la Hammer sévissait en Occident. – Une contextualisation édifiante et enrichissante, je sais que je vais déguster un excellent article.

    En passant, il semblerait qu’il existe un vampire sous forme littéraire qui ait précédé Carmilla (1872) et Dracula (1897) : Lord Ruthven, premier vampire dans une œuvre de fiction dans la nouvelle The Vampyre (1819) de John Polidori (1795-1821).

    Hélas quasiment aucun de ces films n’est trouvable par des moyens conventionnels chez nous. J’ai pu en voir 4. – Mais tu as pu mettre la main sur une version sous-titrée, ou tu l’as regardé en VO non sous-titrée ?

    Une critique de la condition féminine dans une société japonaise très patriarcale et sexiste. Le japon est néanmoins le pays ayant produit le plus d’histoires à base de fantômes de sexe féminin. – Ma culture en la matière étant assez limitée, je ne me rendais pas compte qu’il en est ainsi, très intéressant.

    Histoire de fantômes japonais (1959) : si je comprends bien, les réalisateurs japonais cèdent eux aussi à la tentation de simplifier l’intrigue pour être sûrs d’être compris des spectateurs ?

    Onibaba (1964) – Le film met en scène des personnages humains mais réduits à l’état primitif, le thème central de ce film est le désir, les pulsions animales. – Voilà qui annonce des tensions psychologiques et émotionnelles, d’un degré paroxystique.

    Le décor naturel fait de roseaux à perte de vue ressort très bien dans la bande annonce : très envoûtant comme environnement.

    Kuroneko (1968) – Visiblement une expérience esthétique marquante.

    Kaidan Yuki Jorou (1968) – Une photographie magnifique où chaque apparition ou manifestation du pouvoir de la femme des neiges est d’une grande beauté, aussi sinistre soit-elle : à nouveau une belle expérience esthétique.

    Merci beaucoup pour ces découvertes nourrissent ma culture, et élargissent mon horizon.

    • Matt  

      Hello Présence. Merci de ton retour
      « Mais tu as pu mettre la main sur une version sous-titrée, ou tu l’as regardé en VO non sous-titrée »
      J’ai pu voir en VO sous titrée français. Faut pas trop dire publiquement comment. Mais disons que certains passionnés traduisent.

      « Histoire de fantômes japonais (1959) : si je comprends bien, les réalisateurs japonais cèdent eux aussi à la tentation de simplifier l’intrigue pour être sûrs d’être compris des spectateurs ? »
      Alors non, c’est un peu sévère. Le film n’est pas plus simple en soi. Ni compliqué. Iemon est juste plus mauvais. Ce sont des variantes je pense pour ne pas proposer à chaque fois exactement les mêmes rebondissements. N’oublions pas qu’il y a plus de 30 adaptations de ce récit. N’ayant pas lu la pièce je ne saurais dire d’ailleurs quelle adaptation est la plus fidèle. Il se pourrait que celle de 1959 soit plus fidèle que celle avec plus de personnages de 1956.

      Et oui tous ces films sont très beaux visuellement. Kuroneko en particulier si on aime le noir et blanc contrasté façon « le masque du démon », c’est magnifique.

  • Jyrille  

    Ca fait plaisir de relire Mattie Boy qui parle de films ultra confidentiels dont je n’ai jamais entendu parler et dont j’ai du mal à retenir les noms. Quel élitisme ici ! 😀

    J’adore ton dessin en début d’article, vraiment classe. Si j’ai l’occasion de voir un de ces films je n’hésiterais pas, mais bon, je dois déjà regarder Yojimbo et tenter de revoir les Sept Samouraïs (très peu de souvenirs) et bien sûr, de lire tout Lone Wolf and Cub. D’ailleurs est-ce que quelqu’un a une idée du nombre total de tomes dans cette nouvelle édition ?

    Le truc cool avec ton article, ce sont les liens que tu fais avec les anciens, ça explicite pas mal de trucs, et ça pérennise l’article, qui, comme plein d’autres ici, devient une référence (pour moi en tout cas).

    J’ai beaucoup aimé tes présentations et les points forts et faible de chaque titre. Dans les vidéos, je suis assez épaté par la qualité de la photo, ça donne bien envie d’essayer la contemplation dont tu parles.

    La BO : ça s’écoute bien. De la musique de film à l’ancienne quoi.

    PS : j’ai vu Le 13ème guerrier de Jon McTiernan pour la première fois hier et j’ai trouvé ça très bien. Il a, je trouve, de nombreux points communs avec Le dernier des Mohicans de Michael Mann mais n’est pas aussi marquant tout en étant d’excellente facture.

    • Matt  

      Loin de moi l’idée de vouloir faire de l’élitisme. Je suis juste passionné par certains sujets et donc je farfouille dans les films qui existent.
      Mais je suis certainement très nul en cinéma nordique, iranien, français aussi^^

      Moi aussi j’ai été surpris de voir que ces films sont très beaux plastiquement. Mais je les ai vus en version HD restaurée, ça aide aussi. En fait ils savaient soigner leurs films aussi à l’époque mais sans restauration, je pense qu’on a eu l’habitude de voir des films à l’image dégradé sur des VHS ou des DVD pourris.

      Le 13eme guerrier, film maudit qui a eu mille problèmes si je me souviens bien. Et dont la version intégrale ne sera jamais visible (il y avait une histoire comme ça)
      J’en ai peu de souvenirs mais je crois que ça tient du miracle s’il reste bon comme film malgré les coupes et tous les ennuis qu’a eu McTiernan.

  • Bruce lit  

    Welcome back à Mattie Boy et à ses films dont (presque personne) n’a jamais entendu parler 😉
    Tout ça pourrait m’intéresser désormais puisque j’ai fait l’acquisition d’un lecteur DVD (!) et d’un rétroprojecteur.
    Très belle affiche épurée avec jolie maîtrise des couleurs.

    • Matt  

      Hello
      Ah bah ouais mais à part ONIBABA faut se tourner vers les fichiers numériques et pas les DVD^^
      Bon moi j’ai pris le blu ray/DVD de Kuroneko mais il est sous titré anglais seulement.
      Sinon ce sont des fichirs à prendre sur un blog consacré aux films introuvables/rares.
      Je suis surpris de voir que ces films sortent aux USA. Eux qui se regardent plutôt le nombril en général, il faut croire qu’il y a une forte communauté japonaise là bas et des éditeurs qui sortent les films japonais.
      Chez nous on ne trouve pas grand chose en matière d’horreur japonaise à part les trucs modernes.

  • Tornado  

    Comme tout le monde, je ne connais aucun de ces films, bien que je sache où les trouver…^^
    C’est un bien bel article, et une opportunité incroyable pour tous ceux qui ont accès au blog et qui peuvent y revenir le jour où ils ont envie de regarder un de ces films pour retrouver la bonne référence. Je partage aussi l’avis de Cyrille, en m’apercevant que tous les articles de Matt sur cette univers cinématographique oriental finissent par former une grande frise qui se complète peu à peu et qui constitue une manne pour le néophyte. Bravo pour tout ce travail limpide, passionné et passionnant. Et même si je l’avais déjà dit en mp, je trouve l’illustration de l’article d’une beauté terrible. On croirait une vraie affiche d’anime japonais !

    • Matt  

      Mais c’est un peu triste que ce ne soit trouvable que « là »
      Je me dis avec tous ces films, le ciné jap fantastique et d’horreur semble avoir autant de richesse que le ciné anglais ou italien. Mais quasi rien n’est arrivé chez nous.

      Je pense que ces films pourraient te plaire. Ils sont très beau visuellement. Surtout le Yotsuya Kaidan de 1959, Kuroneko et Kaidan Yukijorou. Onibaba est beau aussi mais peut être que le sujet sera moins ton truc.

  • Fletcher Arrowsmith  

    Hello Matt.

    un dossier bien complet, impressionnant voire intimidant même tant tu sembles maitrisé le sujet.

    Les deux films que je retiens, c’est à dire sur ma liste de priorité si j’ai un jour l’occasion sont ONIBABA et KAIDAN YUKI JOROU (pas lu non plus Lady Snowblood). Sur ce dernier je me suis demandé si nos légendes occidentales de la dame blanche que l’on croise sur le borde la route ne trouve pas des origines communes.

    Ce qui m’a rassuré dans ma petite culture du Japon, c’est que j’ai réellement eu l’impression de déjà connaitre ses légendes à travers les mangas ou bien les livres que j’ai lu. Peut être aussi quelques films et comme Alex l’ relevé il y a Hellboy.

    Très belle BO.
    Esthétiquement et tu as raison d’insister cela a l’air à chaque fois superbe.

    Je t’ai par contre peu vu insister sur les musiques ? Quelques choses à ajouter là dessus ?

    • Matt  

      Merci pour ton retour. Les 2 films que tu retiens sont de bons choix^^ Et si tu aimes Onibaba, il faut voir Kuroneko après.
      Les musiques c’est vrai je n’ai pas insisté, si ce n’est que la BO de l’article est la BO de Kaidan Yukijoro.
      Sinon, comme en témoignent les trailer de Onibaba et Kuroneko, on a souvent droit à des musiques à percussions qui marchent bien pour le suspense. Je sais que certains n’apprécient pas plus que ça ces sonorités japonaises mais je trouve que ça marche très bien et que ça contribue au dépaysement et à une autre approche du fantastique/horreur.

  • Matt  

    Je sais que pour beaucoup c’est « has been » le format physique, mais pour info le 5 mars sort un coffret blu-ray Kaneto Shindo avec pour la premiere fois en France KURONEKO
    Ainsi que ONIBABA, qui existait déjà en DVD chez nous mais je pense épuisé depuis.

    Cela peut vouloir dire aussi qu’on les verra diffusés sur des sites de streaming. Je vois qu’ils les ont re-sortis au cinéma même. Je sais pas où, surement à Paris dans un truc bien confidentiel mais bon…^^

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