La poule aux œufs d’war

Civil War : Prélude, par J.M. Straczynski et collectif

Attention, Marvel sort les intellos !

Attention, Marvel sort les intellos !©Marvel Comics

AUTEUR : TORNADO

VO : Marvel

VF : Panini

Cet article portera sur le recueil de la collection Civil War, intitulé Civil War : Prélude. C’est le tome 0 d’une série de sept (à suivre : les tomes 1 à 6).

Comme cet Event Marvel a connu beaucoup de succès (un « event » est, comme tout le monde le sait, un événement majeur réunissant la totalité des séries sur un crossover prétexte), Panini Comics n’a cessé d’ajouter des tomes et aura fini par publier tout et n’importe quoi, assimilant la franchise Civil War a une véritable poule aux œufs d’or.
Ce dernier tome en date, alors qu’il est en réalité le prologue à toute la saga, regroupe néanmoins des épisodes assez intéressants pour les lecteurs passionnés par la chose…
L’essentiel des épisodes compilés ici a été publié initialement entre 2005 et 2006, juste avant que ne commence réellement l’event. Ils étaient à l’époque réunis sous la bannière Road to Civil War

L’album se divise en quatre parties distinctes :
1) Amazing Spiderman #529 à 531 (scénario de J.M. Straszynski, dessins de Tyler Kirkham et Ron Garney).
2) New Avengers Illuminati (scénario de Brian M. Bendis, dessins d’Alex Maleev).
3) Fantastic Four #536 et 537 (scénario de J.M. Straczynski, dessins de Mike McKone).
4) New Warriors (Vol.3) #1 à 6 ((scénario de Zeb Wells, dessins de Skottie Young).

On the road to Civil War !

On the road to Civil War !©Marvel Comics

– Amazing Spiderman : Voyage à Washington

Il était temps ! Panini Comics s’est enfin décidé à intégrer dans sa collection le VERITABLE prologue au crossover Civil War, qui envoie Peter Parker et Tony Stark en voyage à Washington (d’où le titre). C’est effectivement avec ces trois épisodes que l’éditeur Marvel a réellement introduit les prémices de la saga. On voit les personnages « affronter » les membres du parlement et tenter de négocier la future loi sur le recensement des surhumains, loi qui aboutira au déclenchement de la « Guerre Civile des super-héros ». C’est également dans ces épisodes que Tony Stark offre à Spiderman son beau costume high-tech copié sur celui d’Iron Man…
Ces épisodes n’ont rien d’exceptionnels (les dessins sont très fonctionnels) mais, entant que réel prologue au crossover à venir, ils sont indispensables pour le complétiste souhaitant contempler les événements liés à Civil War dans leur ensemble.
A noter que ces trois épisodes complètent le run de JMS en librairie paninesque (à 5 épisodes près). Cela commence avec les trois tomes de la collection Spiderman par J.M. Straczynski. La suite reprend dans Spiderman : L’Autre (épisodes #525 à 528), Civil War : Prélude (épisodes #529 à 531), Civil War tome 2 : Vendetta (épisodes #532 à 538) et Spiderman : Un Jour de Plus (épisodes #539 à 545). Panini n’a pas souhaité publier de tomes 4 et 5 à sa collection Spiderman par J.M. Straczynski, car tous les épisodes suivants sont des crossovers (en relation avec d’autres sagas, notamment Civil War), échouant ainsi dans divers recueils de la collection deluxe…

Peter Parker défend la cause des super-héros au Parlement !

Peter Parker défend la cause des super-héros au Parlement !©Marvel Comics

– New Avengers Illuminati

Le one-shot Illuminati sert également de prologue à Civil War, mais aussi à Planète Hulk (une autre grande saga du moment). Ce récit en huis-clos use de rétro-continuité en révélant que, depuis la première guerre Krees / Skrulls, les plus grands super-héros de la planète (au sens intellectuel du terme, heureusement que les autres ne le savent pas !!!), à savoir Dr Strange, Iron Man, le Professeur X, le Prince Namor (ce dernier n’est peut-être pas si intellectuel que ça, finalement…), Flèche Noire et Mr Fantastic, se réunissent en secret afin de prévenir le monde des dangers qui le menacent.

Ces quelques pages n’ont rien de particulièrement transcendant et se contentent de servir de prologue à deux des grandes sagas Marvel à venir. Maleev réalise un travail assez original, où les super-héros dans leur version old-school sont traités en mode réaliste !
La chose a déjà été publiée dans tous les coins. Notamment dans un recueil deluxe de la série navrante de Brian M. Bendis du moment : New Avengers.

Les intellos de chez Marvel, entre réalisme et imagerie old-school…

Les intellos de chez Marvel, entre réalisme et imagerie old-school…©Marvel Comics

– Fantastic Four : Un objet Céleste

Entre 2001 et 2007 (l’âge d’or du Marvel moderne pour votre serviteur !), le scénariste J.M. Straczynski fait feux de tout bois. Il conduit parfois trois séries majeures de concert, à savoir Amazing Spiderman, Thor et Fantastic Four. Le fait est que, à l’époque de Civil War, Thor est mort ! En effet, on a vu le dieu nordique trépasser dans la (superbe) saga Ragnarok, en 2004. Et c’est notre scénariste (JMS pour les intimes) qui doit s’occuper de sa résurrection dans la série dédiée au personnage (ben oui hein, vous ne pensiez tout de même pas que le Thor allait rester mort ? Déjà qu’il tue…). Il profite ainsi de cette période de transition menant à Civil War afin de préparer ce retour dans les pages de la série Fantastic Four. Car, oui ! « L’objet céleste » annoncé dans le titre n’est rien d’autre que Mjolnir, le marteau de Thor, qui tombe du ciel et échoue dans le désert de l’Oklahoma où, telle l’épée Excalibur, git sans que personne ne puisse l’en déloger !
C’est alors que l’infâme Fatalis entreprend de convoiter le dit-marteau, envoyant derechef une armée de « fatalibots » affronter les quatre Fantastiques…

Ceux qui se demandaient ce qu’il s’était passé entre Ragnarok et le run de JMS sur la série Thor doivent donc lire ces deux épisodes de la série Fantastic Four, qui ne servent pas à grand chose dans la perspective de Civil War (enfin, si, ils servent à rappeler que Thor est mort !), mais qui expliquent comment et pourquoi (bien que de manière un peu nébuleuse…), Mjolnir a atterri en Oklahoma, future terre d’accueil du royaume d’Asgard…
Pour le reste, ces épisodes en eux-mêmes ne sont pas d’un niveau intellectuel très élevé et l’on y voit surtout la Chose ratatiner un maximum de fatalibots…

Ça va castagner les fatalibots !!!

Ça va castagner les fatalibots !!!©Marvel Comics

– New Warriors (Vol. 3) : Dure Réalité

Et nous terminons par le plat de résistance de cette compilation.

Aïe aïe aïe ! C’est vraiment à reculons que je me suis engagé dans la lecture de cette mini-série, qui compose tout de même l’essentiel de ce recueil puisqu’elle occupe la moitié de sa pagination.
Ce n’était pas gagné d’avance : Une équipe de super-héros adolescents (le genre de postulat qui peut vite tomber dans le racolage), un super-héros infantile que je hais (Speedball, l’ado qui rebondit sur les murs !!!) et, pour finir, le dessinateur de comics que je déteste le plus au monde, à savoir Skottie Young !).
Les premières pages m’ont vite mené à la nausée : Humour de merde, dessins hystériques, super-héros caricaturaux insupportables et têtes à claques. La cata. (Ouch ! Tornado pas content ! Tornado déclencher Civil War chez Bruce Lit ! – Ndr).
Oui, je sais, tout le monde aime Skottie Young sauf moi. C’est une impression tout à fait personnelle et subjective mais, à moi, il me rappelle les dessins racoleurs que les ados adorent sur les graffitis, avec des pantalons baggy et des grosses baskets (car Young dessine vraiment ses personnages comme ça). Une esthétique qui côtoie l’idolâtrie religieuse, qui crée l’émeute par sa simple connotation ado. C’est-à-dire que le dessin en lui-même déclenche une attraction fétichiste chez le lecteur, qui se délecte uniquement de l’état d’esprit de ce qu’il lit, et non du contenu (ce que ça raconte). Enfin, pour moi, Skottie Young c’est du fétichisme régressif. Ce sont des fans de comics qui veulent retomber dans leur état larvaire, c’est le retour des super-héros dans leur sphère infantile, d’où il a été si difficile de les extraire à coup de Watchmen (oh la vache, vous me l’avez énervé là ! -Ndr).

Skottie Young  : Une imagerie au diapason de celle du gangsta rap ?©Marvel Comics

J’ai ainsi franchi courageusement -j’allais dire héroïquement- les deux premiers épisodes. En grande partie par admiration pour le scénariste Zeb Wells, dont j’apprécie beaucoup le travail en règle générale (Daredevil : Battlin’ Jack Murdock). Et j’ai quand même bien fait, car il aura fallu trois épisodes au duo Wells/Young pour trouver le bon équilibre.
Le troisième épisode est effectivement un petit bijou. Là, les auteurs se calment et Zeb Wells s’intéresse de près à ses personnages, auxquels il apporte un regard sensible en revenant sur les origines de la formation de l’équipe. En plus d’épaissir la personnalité de ses héros, l’épisode est également l’occasion de développer enfin le sous-texte de la série, qui explore les arcanes de la téléréalité (car les New-Warriors, c’est une équipe de super-héros formée par une chaîne de téléréalité afin de surfer sur la fascination du jeune public pour les héros en slip !), développant ainsi une passionnante toile de fond sociétale.

Les trois épisodes suivants sont très sympathiques, puisqu’ils permettent encore de développer les personnages en les confrontant à des supervilains de seconde zone particulièrement bien utilisés dans le script (respectivement le Penseur fou et le Corrupteur). Hélas, l’action reprend vite le dessus et, surtout, la fin de la série est précipitée, coupant net cet élan au moment où ça devenait intéressant. Car l’éditeur Marvel, à ce stade, décide que les New Warriors seront les déclencheurs de Civil War, faisant d’eux les responsables involontaires de la catastrophe de la ville de Stamford, causant la mort de 600 personnes et conduisant à la loi sur le recensement des surhumains. D’où la présence de cette mini-série dans ce Tome 0.

Ce dernier récit est donc relativement réussi mais gâché par un arrêt prématuré, ce qui va devenir la spécialité de l’éditeur Marvel pour toutes les bonnes séries à venir, les réorientant systématiquement sur un crossover ou un event banquable !
Je dois enfin avouer que le graphisme de Skottie Young, en définitive, est plutôt bien adapté à la tonalité des personnages, dont l’état d’esprit immature fait écho au style cartoony du dessinateur. Si l’on excepte les insupportables tics racoleurs relevé plus haut, on peut effectivement trouver un rapport harmonieux entre le fond et la forme dans cette perspective de développer les aventures d’une bande de super-héros juvéniles, qui au passage en prennent plein la poire !
On est toutefois loin de la réussite exceptionnelle d’autres séries Marvel centrées sur des héros adolescents, comme Les Fugitifs ou les Young Avengers.
A noter, enfin, que cette mini-série était jusqu’ici inédite en VF.

Purée ! J’ai lu du Skottie Young !!!

Purée ! J’ai lu du Skottie Young !!!©Marvel Comics

4 comments

  • Présence  

    J’avais lu la version VO de ce recueil qui ne comprend pas les épisodes des New Warriors de Skottie Young et Zeb Wells. Globalement je l’avais plus apprécié que Tornado.

    Les épisodes de Spider-Man prennent plus de sens s’ils sont lus dans la continuité de la série de Joe Michael Straczynski car ils montrent l’effet du comportement paternaliste (dans le bon sens du terme) de Tony Stark sur Peter Parker. Le scénariste développait un thème plutôt original dans la série Spider-Man, avec le jeune Peter bénéficiant d’une figure paternelle dans laquelle il a confiance (pour quelques épisodes du moins), une relation très délicate pour un orphelin.

    Fantastic Four – JM Straczynski prépare effectivement sa série Thor, mais pose aussi les bases du désaccord fondamental entre Reed et Sue au sujet du recensement et du traitement des prisonniers.

    Tornado qui dit du bien de Skottie Young : Bwa Ha Ha, comme dirait Booster Gold dans la Justice League International de JM DeMatteis & Keith Giffen.

  • Bruce lit  

    Je l’avais ce prélude avant de le revendre dans ma purge anti Bendis…Les épisodes des FF et de THor, je les avais lus en diagonale voire en oblique pour le héros marteau…
    Mais je trouve que les histoires de Spidey au sénat sont d’excellentes factures. Je dirai même qu’elles sont supérieures (sic) au récit de Millar, car on sent Strasczynski habité par une vraie conscience politique et les débats au sénat sont pleins d’arguments intéressants… Et puis ce Stark quel connard fini….
    Je suis d’accord avec les dessins fonctionnels de Garney.

    Les Illuminati : à l’époque, la poudre de perlinpin de Bendis fonctionnait encore. J’adorais voir ces héros se parler et force est de constater que c’était plutôt pas trop mal tourné. En le relisant je n’y trouvé aucun interêt . Pire l’idée que les super héros constituent un groupuscule secret est une hérésie, le premier pas vers leurs transformations en super-connards…Tous deviennent des comploteurs machiavéliques parlant de leurs intérêts au mieux, au pire cette tendance de Bendis à vouloir regrouper toutes les familles de héros comme un giga club select. Malgré toute l’estime que j’ai pour Maleev, il dessine ici le Namor le plus laid de tous les temps. Ne manque que les vapeurs d’odeur de poisson pour que ce personnage soit totalement repoussant. A égalité en tout cas avec Stark pour la palme du plus beau connard de Marvel.

  • Tornado  

    Oui, les épisodes de Spiderman sont bons. J’ai sans doute manqué d’enthousiasme parce que ces derniers temps ce n’est pas l’enthousiasme qui m’envahit lorsque je parle des events Marvel !

  • Jyrille  

    J’ai lu quelques épisodes que tu présentes ici : ceux de Spidey et ceux entre Stark et le comité. Je n’ai pas tout compris et c’était effectivement fonctionnel même si les échanges du jury américain et Stark et Peter n’étaient pas inintéressants. Ce qui est sûr c’est que tu résumes et présentes très bien tout ça tellement le marvelverse est compliqué à suivre et surtout en VF !

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