La richesse d’une vie

La jeunesse de Picsou par  Don Rosa

1ère publication le 27/12/15- Mise à jour le 26/10/17

Une BD en or

Une BD en or©Glénat

 AUTEUR : JP NGUYEN

VO : Gemstone/Boom! Studios/Fantagraphics

VF : Hachette/Glénat

Cet article parlera de The Life and Times of Scrooge McDuck, par Keno Don Rosa, série en 12 chapitres (plus quelques numéros spéciaux) retraçant la destinée du canard le plus riche du monde.

Ces histoires ont été publiées en kiosque sous le titre « La jeunesse de Picsou » dans Picsou Magazine, puis dans des albums « Les Trésors de Picsou » chez Hachette et plus récemment réédités par Glénat en format librairie.

Un héros de ma jeunesse

Balthazar Picsou (Scrooge McDuck en VO) est un personnage Disney ayant fait son apparition dans une BD de Donald Duck en 1947 : « Christmas on Bear Mountain« . Contrairement à Mickey ou Donald, ayant gagné leur notoriété via les dessins animés, le richissime oncle de Donald est surtout devenu célèbre via les comics écrits et dessinés par son créateur, Carl Barks, auxquels succèderont d’autres auteurs plus ou moins talentueux.

Il y aura même des branches divergentes de la continuité de Picsou, certains auteurs prolongeant le travail de Barks, d’autres opérant des ajouts et des modifications à cet univers. Par exemples, les auteurs italiens utiliseront davantage Flairsou que Gripsou comme milliardaire rival de Picsou, et Romano Scarpa créera Brigitte, soupirante contrariée cherchant désespérément à épouser le vieux grigou. Pour ma part, peu au fait de cette complexité éditoriale, j’ai découvert ses aventures dans le mensuel qui portait son nom ainsi que dans « Donald Magazine » (c’était en fait la version du « Journal de Mickey » éditée pour être vendue en colportage…).

En 1987, à l’occasion d’un numéro spécial 40 ans du personnage, j’étais tombé sur une histoire marquante, illustrée dans un style assez détaillé, se démarquant du reste de la production de l’époque. C’était « Picsou et l’argent liquide« , une histoire où les Rapetou, équipés de pistolets spéciaux (un « zouippeur » et un « désplatcheur », annulant respectivement friction et inertie) dévalisaient le coffre de Picsou en faisant couler son argent. Ce fut mon premier contact avec la narration et le dessin de Keno Don Rosa (c’était seulement sa cinquième histoire publiée). Pour ce numéro anniversaire, le rédactionnel était plus fourni que de coutume et le nom de l’artiste était mentionné. Je notais alors mentalement de suivre cet auteur, mais mes habitudes de lecture allaient progressivement m’éloigner de Donaldville (Duckburg, en VO).

 De 1877 à 1947 : la vie d'un canard légendaire

De 1877 à 1947 : la vie d’un canard légendaire©Glénat

La jeunesse d’un héros

Au début des années 90, Disney donna le feu vert pour un projet consistant à raconter la vie de Picsou, avant qu’il ne rencontre Donald et ses neveux. L’éditeur danois Egmont confia le projet au dessinateur américain Don Rosa, qui avait alors une plusieurs dizaine d’histoires de Picsou à son actif. Grand fan de Carl Barks, Don Rosa entreprit d’établir une sorte de « continuité » basée sur les histoires racontées par Barks, qui ne manquaient pas d’anecdotes sur le passé de Picsou. L’exercice n’était pas des plus aisés car, à l’origine, Barks n’avait pas forcément cherché à construire une biographie cohérente pour Picsou et avait plutôt introduit, au fur et à mesure, des éléments dont il avait eu besoin pour ses scénarios. Don Rosa décida également de constituer une chronologie mélangeant les petites histoires Barksiennes et la Grande Histoire. Ainsi; de 1877 à 1947, Don Rosa va raconter comment Picsou a constitué sa fortune en parcourant le monde et en croisant certains de ses futurs ennemis (les Rapetou, Gripsou) et quelques légendes de l’Ouest (Wyatt Earp, Buffalo Bill, Geronimo, Théodore Roosevelt).

Dans les années 90, c’est dans les salles d’attente de quelque médecin ou dentiste que j’eus l’occasion de lire sporadiquement certains chapitres de cette saga dans les pages de « Picsou Magazine« . Mais, en 1998, dans une maison de la presse, je tombai sur le numéro Hors Série reprenant l’intégralité de la série, que j’achetai compulsivement.

Un long voyage dans les souvenirs de Picsou, qui débute en Ecosse au XIXème siècle…

Un long voyage dans les souvenirs de Picsou, qui débute en Ecosse au XIXème siècle…©Glénat

Un récit épique

L’histoire démarre à Glasgow en 1877, alors que Balthazar Mc Picsou est âgé de 10 ans et tente d’aider sa famille, issue de la noblesse écossaise mais totalement ruinée. Cireur de chaussures (premier travail lui permettant de gagner son sou fétiche) puis vendeur de tourbe, le petit Balthazar apprend les affaires et, sur un signe du destin, décide de partir faire fortune en Amérique. Il devient tour à tour capitaine de bateau sur le Mississipi, cow-boy dans le Montana ou encore éphémère propriétaire d’une mine de cuivre. Devant revenir d’urgence prêter main forte à son clan en Ecosse face aux manigances des Biskerville, il repart ensuite en Australie avant de se rendre au Klondike, où sa recherche d’or se révèle enfin fructueuse et constitue le véritable point de départ de sa colossale fortune. Il retourne alors de nouveau en Ecosse mais ne s’y sent plus chez lui. Après des adieux à ses parents, il emmène ses deux sœurs aux Etats-Unis et s’établit à Donaldville, où il fait construire un immense coffre fort. Voyageant de par le monde pour faire grossir son capital, Picsou perd de vue ses valeurs et sa famille, avec laquelle il finit par se fâcher, ce qui fait de lui un canard richissime mais esseulé, jusqu’à un certain soir de Noël 1947, bouclant la boucle avec le récit initial de Carl Barks.

Au fil de ses aventures, Picsou acquiert un statut légendaire, gagnant des surnoms évocateurs (Furie du Far West, Massacreur du Montana, Terreur du Transvaal etc) et une aura pouvant impressionner des personnages du calibre de Wyatt Earp. Malgré une issue connue dès le départ, Don Rosa arrive à maintenir un certain suspense en faisant connaître à son héros plusieurs revers de fortune avant de filer vers la réussite.

Quand deux légendes se rencontrent…

Quand deux légendes se rencontrent…©Glénat

Un grand sens du détail

Don Rosa n’a vraiment pas ménagé ses efforts pour dessiner cette épopée s’étalant sur sept décennies et douze épisodes. Cet autodidacte du dessin, ingénieur en Génie Civil de formation, a mis toute sa passion dans cette œuvre, qui lui valut l’Eisner Award de la meilleure série en 1995. Outre le colossal travail d’étude pour incorporer des éléments d’histoires Barksiennes (exhumés à partir des 6000 planches produites par « l’oncle Carl »), le côté méticuleux transparaît aussi dans le dessin, qui fourmille de détails. Chaque chapitre s’ouvre sur une grande case où Don Rosa s’est amusé à cacher la dédicace D.U.C.K (Dedicated to Uncle Carl from Keno). Les décors, sans rechercher le réalisme, sont quand même très soignés. Du château écossais du clan McDuck à la ville sans foi ni loi de Dawson, le trait de Don Rosa sait transporter son lecteur.

Les personnages sont, quand à eux, vraiment très expressifs et l’action, parfois délirante, est toujours rendue avec beaucoup de dynamisme. Lorsque Picsou se défend bec et ongles contre des prospecteurs voulant s’accaparer sa mine de cuivre à Anaconda ou lorsqu’il réalise qu’il s’est fait avoir par Gripsou en Afrique du Sud, les planches dégagent une énergie démentielle. A plusieurs occasions, Don Rosa incorpore dans ses cases des éléments humoristiques en arrière plan pour raconter un gag se déroulant en parallèle de l’intrigue principale. Malgré ce foisonnement, la lecture des planches reste fluide et très agréable.

Trahi par Gripsou, Picsou va gagner son surnom de Terreur du Transvaal…

Trahi par Gripsou, Picsou va gagner son surnom de Terreur du Transvaal…©Glénat

Les histoires bis

Si la saga comporte 12 chapitres, Don Rosa aura l’occasion de revenir et d’étoffer certaines époques de la jeunesse de Picsou, ce qui donnera des épisodes « bis », « ter » voire « quarter ». L’éditeur danois Egmont n’était pas forcément intéressé par toutes ces histoires mais le marché français, avec « Picsou Magazine« , représentait un débouché intéressant et c’est en partie grâce à l’éditeur hexagonal Hachette que ces histoires purent voir le jour.

C’est notamment toute la période du Klondike qui se vit ainsi développée, et en particulier la relation entre Picsou et la tenancière du Blackjack saloon à Dawson City : Goldie O’Gilt. Cette dernière est le grand amour déçu de Picsou, et Don Rosa lui accorda un rôle prépondérant après avoir découvert des pages de Barks refusées par l’éditeur où une relation forte entre les deux canards avait été esquissée. Dans l’épisode 8 bis « Hearts of Yukon » et 8 ter « Last Sled to Dawson« , l’évocation de cette idylle contrariée donne des passages avec un vrai impact émotionnel, qui peut paraître surprenant dans une « simple » BD destinée à la jeunesse.

Il faut aussi mentionner l’existence d’un épisode 0 « Of Ducks, Dimes and Destinies » mettant en scène la sorcière Miss Tick, s’évertuant une nouvelle fois à voler le sou fétiche de Picsou dans une histoire impliquant un voyage dans le temps et éclairant astucieusement les conditions d’obtention de la première pièce gagnée par le futur milliardaire.

A nos actes manqués…

A nos actes manqués…©Glénat

Un canard très humain

Don Rosa aura réussi à conjuguer action et émotion dans cette maxi-série, ne se limitant pas à narrer des péripéties et des chasses au trésor. Picsou est montré au départ comme un jeune idéaliste, travailleur honnête, qui s’endurcit au fur et à mesure, au contact des filous et escrocs qui croisent sa route. S’il souhaite faire fortune, c’est initialement pour sortir sa famille du besoin. Lorsque Picsou apprend le décès de sa mère, dans une lettre lue à haute voix par le malfaisant Soapy Slick, Don Rosa donne une note très mélancolique à son récit, qu’il contrebalance aussitôt par une scène d’action pleine de démesure, conséquence de la colère homérique de Picsou. Son hésitation au moment où il fait la découverte d’une pépite d’or géante, son retour raté en Ecosse, où il est accueilli en étranger, la tentation d’amasser encore plus d’argent de manière peu honnête sont autant d’éléments rendant Picsou moins lisse et moins caricatural.

Au terme du récit, il possède une montagne d’argent mais a perdu tous ses proches et n’a plus de raison de vivre. C’est l’arrivée de Donald et de ses neveux, qui lui fera retrouver une famille et l’énergie de repartir à l’aventure en quête de nouvelles richesses. Dans une de ses dernières histoires, publiée en 2004, Don Rosa fera d’ailleurs avouer à Picsou qu’il envie la richesse de Donald, entouré d’une famille à laquelle lui-même a tourné le dos dans sa quête obsessionnelle du profit.

La fin d'une vie de labeur simple…

La fin d’une vie de labeur simple…©Glénat

Des éditions de qualité variable

En VF, il existe plusieurs éditions de cette série, la plus récente étant celle de Glénat, dont les planches ont été recolorisées et qui comporte, entre chaque chapitre, les anecdotes de Don Rosa sur les coulisses de la création de chaque épisode. Toutefois, cette nouvelle colorisation est parfois décriée, pour un rendu plus terne sur certaines scènes et une perte de détails sur des arrières plans monochromes. C’est aussi une édition assez onéreuse. Les deux éditions kiosques (parues en 1997 et 2003) sont moins fournies en contenu rédactionnel mais bénéficient de couleurs plus vives. Elles se trouvent assez facilement en occasion.

En VO, ce n’est pas forcément mieux, plusieurs éditeurs s’étant succédé dans la possession des droits de l’œuvre. Personnellement, j’ai l’édition de Gemstone, avec bonus et belles couleurs, dont le seul défaut serait peut-être sa couverture souple et une reliure peu robuste. Boom! Studios a proposé des Hardcovers assez chouettes mais dont la cote a tendance à augmenter. Une nouvelle édition par Fantagraphics est prévue pour octobre 2015, c’est sans doute une opportunité à saisir pour les lecteurs anglophones recherchant une édition à un prix raisonnable.

Une pépite qui vaut la peine d'être recherchée

Une pépite qui vaut la peine d’être recherchée©Glénat

Une œuvre d’une grande richesse

Le titre français « La jeunesse de Picsou » est un peu réducteur et ne retranscrit pas tout à fait l’aspect épique de cette série. « The Life and Times of Scrooge McDuck » c’est en effet une épopée : la destinée d’un petit écossais opiniâtre, désireux d’aider son clan et devenant l’homme le plus riche du monde, ironiquement au détriment de la famille qu’il avait souhaité aider. L’histoire de Scrooge McDuck fait un peu écho à celle de Michael Corleone dans Le Parrain ou encore à Citizen Kane (en 1947, seul dans son manoir, il murmure un « Goldie » qui a tout du « Rosebud »). Tout en étant principalement un récit d’aventure pour tous publics, plein d’actions et de rebondissements, cette œuvre propose aussi une parabole sur la recherche du succès et de ce qui constitue la réussite d’une vie, joliment racontée avec plein de moments drôles et d’autres poignants.

C’est la légende du personnage de papier, créé par Carl Barks en 1947, revisité et sublimé par un Don Rosa à la fois respectueux et inspiré (et aussi bien conseillé par son rédacteur Byron Erickson). Si vous avez l’occasion de découvrir cette série, pour peu que vous ayez été lecteur du canard dans votre enfance, « La jeunesse de Picsou » vous replongera dans la vôtre, sans avoir l’impression de lire une histoire bêbête. Pendant que vous y êtes, jetez un coup d’œil à toutes les histoires de Don Rosa, ses planches truculentes illustrent des histoires souvent très distrayantes.

En 1987, Picsou avait 40 ans et je découvrais Don Rosa. Aujourd’hui, c’est moi qui suis proche des 40 ans et Don Rosa a arrêté de dessiner (pour des problèmes de santé mais aussi de maigre rémunération de la part de Disney). Mais il nous a laissé des tas d’histoires de Picsou, un trésor précieux, plein de pépites à lire seul ou en famille, pour replonger dans sa jeunesse ou agrémenter celle des nouvelles générations…

Une œuvre aussi riche que son héros

Une œuvre aussi riche que son héros©Glénat

30 comments

  • Matt & Maticien  

    Enfin, l’article tant annoncé est publié! Quand on lit que l’édition « Frantagraphics est prévue pour octobre 2015 », on voit le temps qu’il aura fallu attendre pour lire cet article passionnant. (L’édition a t elle parue ?) Ça y est Picsou sur Bruce Lit… les super héros n’ont qu’à bien se tenir sinon Balthazar va tout racheter; ) j’aimerai d’ailleurs avoir une idée des chiffres de vente des Bd picsou en parlant de gros sous. (J’ai l’impression que le système de rémunération des auteurs est le même que celui de Marvel.)

    Merci pour cette superbe évocation des personnages de Carl Barks et Don Rosa. Tous les détails sont très intéressants et en même temps on retrouve bien la saveur de ces personnages.

  • JP Nguyen  

    Merci Matt !
    L’édition Fantagraphics a bien été publiée en novembre 2015, mais elle sera en deux volumes.
    Avec toutes les éditions, pas évident de connaître les ventes totales de life and Times.

    Par contre, je viens de voir sur un site qu’en 1961, le mag Uncle Scrooge était leader des ventes à plus de 800 000 exemplaires, devant Superman !
    http://www.comichron.com/yearlycomicssales/1960s/1961.html

    • Bruce lit  

      « Forever Young » 5/6
      Fauchés après noël ? Et les Soldes qui arrivent ! Bruce Lit fait aujourd’hui dans le social et vous propose de vous refaire financièrement en vous inspirant de l’Oncle Picsou, le canard le plus riche de Disney. Don Rosa reprend le travail de Carl Barks en racontant l’ascension sans chute du vieux pingre teinté d’humour et d’un zeste de nostalgie. Jean-Pascal Nguyen casse la tirelire !
      La BO du jour : Il n’y a pas que les canards qui souhaitent faire fortune ! Les lézards aussi ! Une reprise post-punk délirante et sexy du « Money » de Barrett Strong : https://www.youtube.com/watch?v=E-P2qL3qkzk

      Alors là, je vire ma cuti ! Je n’ai jamais considéré les BD Disney comme du Comics, par association d’idées : truc pour les mômes, manne financière, détestation du volet toc de Disney etc. Et puis, un jour j’ai vu tout ça chez Album et me suis rendu compte, que logiquement, ceci faisait partie de la culture américaine et que tout ça n’est finalement pas si éloigné que ça du monde Marvel, d’autant plus que la souris a tout racheté, n’est ce pas….

      J’ai été sensible à tes évocations de Corléonne et de Citizen Kane. Ma fille m’a réclamé de vieux Mickey Magazine lors de notre dernière escapade chez Aapoum Bappoum. Avec un peu de chance, je vais tomber sur un truc qui me plaira….Maintenant, comme pour les Simpsons, pas sûr que des personnages qui n’ont pas évolué d’un iota m’intéressent.
      Même si Marvel fait n’importe quoi avec ses personnages, il y a quand même une évolution de 1963 à nos jours. C’était d’ailleurs le point de départ des New Xmen de Bendis, cette confrontation du matériel original à celui de nos jours.
      Enfin, merci d’avoir ouvert une brèche JP avec cet article ! Et j’appelle toutes les forces vives de ce blog à me proposer d’avantage de littérature enfantine, grande absente de Bruce Lit. Je n’oublie pas enfin ce que doit ma série adorée Bone à l’oncle Picsou !

      • JP Nguyen  

        Et pour la littérature enfantine, je pose une option sur « Le vent dans les saules ». C’est trop bô.

    • Matt & Maticien  

      Merci pour ces précisions. Ces chiffres donnent le tournis… Je vais peut-être essayer d’investir dans une édition de qualité mais peut-être en français pour la partager avec les plus jeunes 😉

  • Patrick 6  

    Mes parents m’ayant élevé à l’abri des méfaits du capitalisme forcené je n’ai donc quasi jamais lu Picsou ! Quelques Mickey ou bien le Manuel des Castors Junior (Non Bruce je ne ferai pas d’article sur les boyscouts castors) juste de quoi découvrir mon tout premier super héros : Fantomiald ! (à moins que ce ne fut Supermatou dans Pif je ne suis pas certain de la chronologie exacte)

    Bref tout ça pour dire que je ne connais que très mal les histoires du canard avaricieux, mais suffisamment pour être perplexe par rapport à la représentation du prolétariat via les Rapetou, laids et bêtes qui ne veulent que profiter des fruits du dur et honnête labeur de Monsieur Picsou (tu parles un gros usurier oui)

    Quoi qu’il en soit je suis comme toujours étonné par la rigueur de votre prose ! Il y a du canard en vous assurément.

  • Mantichore  

    J’espère que l’édition Fantagraphics sera complète et s’achèvera par cette histoire parue qq temps après la série proprement dite, où Picsou et les neveux reviennent au château ancestral, à l’endroit où toute l’épopée de Picsou a commencé. Ce qu’ils y découvrent confère sa parfaite conclusion à toute l’histoire.

    Quand Don Rosa a annoncé qu’il allait se lancer dans ce projet, j’avais un mauvais pressentiment: corseter les histoires de Picsou par une biographie artificielle, ça semblait une idée absurde et vaine. Le résultat m’a démontré qu’on pouvait en tirer une œuvre épatante.

  • JP Nguyen  

    @Patrick 6 : pourtant, tu as atterri dans la compta, si c’est pas un peu capitaliste, ça 😉
    Donald est aussi un représentant du prolétariat et il est plein de défauts et connait plein de problèmes qui le rendent humain et plus proche que Picsou, l’aventurier milliardaire.

    @Mantichore : je crois que Glénat a prévu (si ce n’est déjà fait) de publier tout Don Rosa. Mais leurs éditions sont chères.
    Fantagraphics, ce sont des hardcovers? Faudrait voir la qualité de la reliure et du papier, mais ça m’embête un peu de racheter des histoire que j’ai déjà…

  • Présence  

    Des branches divergentes de la continuité de Picsou – Encore un article écrit pour Tornado !

    Superbe article qui me permet de mieux comprendre comment s’insère ce projet dans les volumes marquants de Picsou. Je ne me souviens plus de la raison pour laquelle il s’agit d’un projet initié par un éditeur danois. J’avais lu il y a quelque temps une interview de Don Rosa où il parlait de ses relations avec Disney qui visiblement préféreraient que les auteurs de leur comics restent anonymes et que les lecteurs aient l’impression qu’il s’agit de produits tout fait, sans créateurs.

    J’avais commencé à comprendre l’impact de ces BD de Picsou à l’échelle internationale, en lisant un article dans The comics journal qui expliquait comment ils étaient censurés, voire réécrits, pour les pays voyant le capitalisme d’un mauvais œil. L’article présentait ces BD comme des outils de propagande américain au service d’une idéologie capitaliste (un peu ce qu’évoque Patrick 6).

    @Patrick 6 – J’aimerais bien lire un article sur Fantomiald.

    • Mantichore  

      Il y a l’anecdote célèbre d’un livre qui a eu son heure de gloire, « Picsou, ou le capitalisme expliqué aux enfants ». Illustré de cases isolées de leur contexte ou traduites sans vergogne ni honnêteté, le bouquin expliquait que les comics Disney étaient une maléfique opération concertée de lavage de cerveau des enfants pour les endoctriner aux vertus du capitalisme.

      Le bouquin était l’œuvre de deux auteurs originaires de la ville de Kemi, en Finlande. La Finlande, un pays où Akku Anka était une véritable institution nationale (l’histoire où Donald, Picsou et les neveux se retrouvent partis à la recherche du Sampo a d’ailleurs été écrite et dessinée par Keno Don Rosa sur la prière expresse de ses fans finlandais)… où en étais-je? Oui, voyant que le nom de Kemi allait être associé à une entreprise de dénonciation malhonnête, des fans locaux se sont regroupés pour donner naissance au festival de bédé de Kemi, afin de contrebalancer cette influence. Et je pense qu’ils ont gagné: Kemi, le festival de bédé le plus septentrional du monde, vient de tenir sa 34e édition, alors qu’on a bien oublié l’opuscule tout pourri. Bien fait.

      • Présence  

        Merci pour ces explications qui me permettent de mieux comprendre comment ces BD ont pu être instrumentalisées, au service peut-être d’une idéologie, sûrement du profit personnel des auteurs du pamphlet.

  • JP Nguyen  

    @Présence : pourquoi l’éditeur Danois ? tout simplement parce qu’à l’époque (et encore de nos jours), Scrooge n’intéressait plus les éditeurs US tandis que le personnage était très populaire en Europe (du Nord mais aussi en France).
    C’est pourquoi la Jeunesse de Picsou a pu se faire grâce aux danois. Et les épisodes bis ont été commandés par le mag français Picsou magazine.
    Et oui, un personnage créé aux Etats Unis reprenant vie de l’autre côté de l’Atlantique !

    Parfois, je me dis que c’est ce qui attend le Marvel Universe. Lorsqu’il ne sera plus qu’un réservoir de franchises rebootables à l’infini, pour des films, des jeux videos et des produits dérivés. Alors, le support BD sera relégué au dernier rang (ce qui est presque déjà le cas) et les comics seront confiés à qui voudra…

    @Patrick : moi aussi je voudrais lire un article sur Fantomiald ! (on le fait en duo, si tu veux ?)

    • Présence  

      Merci pour cette explication qui m’avait échappé.

  • Jean-Paul Jennequin  

    Pour la petite histoire : j’ai traduit certains épisodes de La Jeunesse de Picsou à l’époque de leur passage dans Picsou Magazine. Quand il a été décidé de rassembler les douze épisodes dans un hors série « La Jeunesse de Picsou », le rédacteur en chef, Pascal Pierrey, m’a demandé de relire tous les chapitres pour essayer de corriger les erreurs et de rétablir une continuité au niveau des noms des personnages (qui avaient parfois été traduits de manière différente par des traducteurs différents). J’ai fait de mon mieux même si je n’ai pas pu arranger certaines erreurs qui ne relevaient pas de la traduction (un aborigène coloré en rose, par exemple). La récente édition Glénat a vu encore une relecture de la traduction et devrait être, à défaut d’autre chose, la moins imparfaite.

  • Lone Sloane  

    Mazette, c’est un bel article, du titre digne de Capra jusqu’à la conclusion à la fois personnelle et invitant au partage de phylactères.
    Je connais peu Carl Barks et Don Rosa, mais nous avons revu en famille, le Noël de Mickey, l’adaptation réussie d’Un chant de Noël de Charles Dickens où Scrooge Picsou montre toute son ambivalente humanité.
    Et vivement que souffle le vent dans les saules!

  • Tornado  

    Et bien j’ai enfin lu cet article (je voulais le lire à tête reposée).
    Je suis très fan de Carl Barks et je ne savais quoi penser de ces Don Rosa, dont j’ai certainement dû lire des passages dans ma jeunesse.
    J’ai commencé à acheter la collection Glénat dédiée à Carl Barks et je me suis arrêté au tome 5 non seulement à cause du prix, mais aussi du format, que je n’aime pas du tout (petit, papier mat, lourd, souple, terne). je me souviens d’une édition en format géant quand j’étais gamin qui était vraiment grandiose.

    Je sais à présent ce que regroupent les deux premiers tomes de la collection « La grande épopée de Picsou » par Don Rosa dans la collection Glénat. J’hésite un peu encore une fois à cause du prix et du format, mais je suis très intéressé.
    J’ai encore plusieurs « Super Picsou géant » de ma jeunesse. Souvenirs délicieux car mes parents m’achetaient le magazine sur la route lorsque nous partions en vacances. C’est là, il me semble (en plus du « Mickey Parade » N°53), que j’ai rencontré Fantomiald, dont je suis également un fan de la première heure. Et oui !

    Sinon, je suis amoureux du dessin animé de Walt Disney dont parle plus haut Lone Sloane. Bien que je lui préfère tout de même encore la version du Muppet Show sur le terrain de l’adaptation du conte de Dickens !

  • JP Nguyen  

    @Mantichore : merci pour l’anecdote du festival de Kemi !

    @Tornado : il existe des éditions VF en format Super Picsou Géant (pas cher en occase). Ca peut te permettre de te décider pour ensuite prendre l’édition Librairie ou pas.

    • Tornado  

      Tu aurais un lien pour voir ces revues ?

  • Présence  

    @JP Nguyen – J’ai suivi tes conseils et j’ai offert le premier tome à mon fils (19 ans) pour Noël qui a beaucoup apprécié.

  • Jyrille  

    Encore un article démesuré, à la hauteur des aventures de Picsou ! Je ne connais pas du tout cette histoire, ni même les dessinateurs Don Rosa et Carl Barks (mais évidemment je connais leurs noms). Le parallèle avec les Simpsons est intéressant puisque effectivement, Disney aime que ce soit des studios sans âmes qui dessinent leurs histoires, tout comme la production des Simpsons. Je me souviens d’un strip de Zep qui parodiait cet état en disant que c’était son pire cauchemar ; que Titeuf soit dessiné par un studio.

    Même si mes enfants ont quelques Mickey Parade et Super Picsou géants à la maison (des gros magazines kiosques qui doivent avoir une dizaine d’années maintenant) et même si j’en ai moi-même lu un nombre non négligeable pendant mon enfance, je n’ai jamais aimé Picsou, ni vraiment apprécié les histoires de Donald, des Rapetou, de Géo Trouvetou et consorts. Pourtant je leur trouve des qualités : ça se lit tout seul et le dessin est ultra-dynamique. J’avais un recueil cartonné des Castors Juniors que je chérissais, il n’était jamais loin, j’y apprenais des tas de choses et j’adorai le dessin. Mais à part Donald et ses neveux, tous les personnages me semblaient détestables ou inintéressant. Je n’ai jamais réussi à m’attacher à Picsou le radin obsédé par l’argent, à Géo Trouvetou dans les nuages et qui ne réussissait finalement jamais, à Gontran qui était suffisant et qui avait tout sans rien faire car il avait la chance avec lui. Et les filles… de vraies caricatures de pestes, uniquement intéressé par la mode. Sans doute ai-je lu surtout des histoires de l’édition italienne, mais ces mauvais souvenirs ne m’aident pas à creuser et chercher le vrai Carl Barks dans tout ça, ni leur humanité. Je n’ai pas eu besoin d’un manuel de mauvaise foi pour me faire à l’idée que ces personnages n’avaient rien compris à la vie par rapport à Gaston et Astérix.

    Tu m’apprends donc encore une fois plein de choses car je suis vraiment inculte dans ce domaine de Disney, et la politique d’édition me semble réellement détestable aussi. Je ne chercherai pas à me parfaire là-dedans avant longtemps, voire jamais.

    Par contre j’ai acheté l’album de Trondheim et Keramidas en hommage à Mickey sorti l’an passé et c’est une réussite autant graphique que scénaristique. J’ai noté, dans ma to write list, quelques albums jeunesse, je vais ajouter celui-là, si tu veux, Bruce. Les autres sont Chi, les Carnets de Cerise et Jacques le petit lézard géant.

    Encore bravo pour ta plume et tes recherches JP, je me sens toujours tout petit lorsque je lis ce genre d’article.

    • Matt  

      Je te dirais bien que si tu ne t’intéresses pas à Picsou radin, les histoires de Don Rosa sur sa jeunesse peuvent te le faire apprécier malgré tout, mais je ne sais pas si ça suffira à te convaincre^^ Il lui confère vraiment un caractère humain et une raison à son comportement après tout ce qu’il a vécu. Et les passages avec Goldie son amour impossible sont vraiment top.
      Moi j’aime bien l’édition Gléant. Certes les couleurs ont été modifiées mais apparemment c’était voulu. J’ai moi-même dit sur l’article sur Killing Joke que ce n’est pas parce que les modifications sont voulues par les auteurs qu’elles sont forcément bonnes, et je m’y tiens^^…mais c’est vraiment une question de goûts et il ne faut pas bouder ces BD pour cela je pense.
      Pour ma part je suis très content que ces histoires aient été rééditées.

  • Matt  

    Je viens de lire le dernier tome (le 6) sorti chez Glénat de l’intégrale de Keno Don Rosa. Et il contient vraiment de belles histoires. Notamment un dyptique sur le trésor des templiers qui montre encore la passion de Don Rosa pour les éléments historiques authentiques (ou considérés comme…vu que l’histoire est souvent fausse) dans ses BD de Picsou.
    D’une certaine manière cette histoire ajoute des éléments intéressants à la jeunesse de Picsou puisque dans « une lettre de la maison », Picsou revient au chateau familial et retrouve une de ses sœurs avec laquelle il s’était brouillé à la fin des épisodes consacrés à sa jeunesse. Don Rosa nous offre là des retrouvailles familiales touchantes et un nouveau témoignage du fait que le coeur de Picsou s’est endurci (trop ?) face à l’adversité mais qu’il n’est pas qu’un simple radin accro au pognon. Don Rosa en fait vraiment un personnage complexe et attachant grâce à un niveau de lecture qui échappera peut être aux plus jeunes mais qui est un vrai plaisir à découvrir adulte.
    Des BD magnifiques.

  • JP Nguyen  

    Je savais que « Une lettre de la maison » était supposée être une très belle histoire et qu’elle se trouvait dans le tome 6 mais je n’ai pas franchi le pas de l’acheter, les tomes VF sont quand même assez chers (radin, moi ?)
    Faudrait que j’étudie ce qui est proposé en VO avant de me décider…
    Sinon, Matt, tu connais et apprécies quoi d’autre, dans l’univers BD de Disney ? Ce n’était pas toi qui avait mentionné l’histoire selon Dingo ?

    • Matt  

      Oui les éditions Glenat sont chères. Mais bon…quand on aime…
      Et puis j’apprécie les notes de l’auteur à la fin de chaque histoire qui décrit ses recherches, les éléments authentiques et ceux inventés. Là, il utilise le Prieuré de Sion comme organisation mauvaise au sein des templiers, organisation qui a depuis été révélée comme étant un canular. Mais ce dyptique sur les templiers (dont « une lettre de la maison » est la 2eme partie) est vraiment bonne.

      Oui, c’est moi qui ai parlé de l’histoire selon Dingo que j’aimais beaucoup lire dans les super Picsou géant (je crois) quand j’étais petit. Dommage que ce ne soit pas réédité ça d’ailleurs.
      Sinon j’aimais bien les histoires de Mickey avec le fantôme noir, un des premiers méchants que je trouvais cool.
      Je me souviens de Super Dingo aussi qui se transformait en super-héros en mangeant des arachides et dont le costume était un pyjama rouge ridicule^^
      Je suis moins fan des histoires de Barks sur Picsou même si Don Rosa le vénère.

      J’aimerais retrouver certaines de ces histoires dans des rééditions. Et des fois je me tâte à racheter des albums « journal de mickey » qui compilaient 20 numéros pour les retrouver. Mais j’ai peur que le temps en aient fait du papier journal tout jauni…

    • Matt  

      Voilà, tout le monde a causé partout et tu n’as surement pas vu que j’avais répondu^^

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