Lâcher le fil (Mazebook)

Le labyrinthe inachevé, de Jeff Lemire

VO : Dark Horse

VF : Futuropolis

Au cœur du labyrinthe
© Futuropolis 

Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Il regroupe les cinq épisodes, tous doubles, de la minisérie, initialement parus en 2021/2022, écrits, dessinés et encrés par Jeff Lemire, avec un lettrage réalisé par Steve Wands. Il contient les couvertures originales de Lemire, ainsi que les couvertures variantes réalisées par Andrea Sorrentino, Dustin Nguyen, Gabriel Hernández Walta, Werther Dell’Edera, Dean Ormston, Matt Kindt. Il s’achève avec une postface de six pages dans laquelle l’auteur évoque la période de gestation de l’œuvre, l’influence de l’écriture de Haruki Murakami dont il avait lu plusieurs livres, sa volonté de faire quelque chose de différent de la précédente série qu’il avait écrite et dessinée, l’extraordinaire ROYAL CITY, une visite et une discussion déterminante avec son ami Matt Kindt, la décision de choisir un environnement urbain de grande ville à partir de quartiers réels de Toronto, la difficulté pour lui de créer les couvertures, trouvant finalement l’inspiration auprès des illustrations de Greg Ruth et de Michael Cho.

William Warren se souvient de sa fille Wendy, décédé avant d’avoir atteint l’âge adulte. Il se rappelle qu’il avait un vieux pull rouge avec des motifs, et qu’elle le portait chaque fois qu’elle en avait l’occasion. Son épouse Elena ne l’aimait pas, et il sentait la naphtaline. Elena essayait de le jeter mais Wendy le retrouvait dans la poubelle et le récupérait. Will ne sait pas pour quelle raison elle l’aimait autant, mais maintenant quand il se souvient d’elle, c’est toujours dans ce pull rouge, avec ses mailles qui se défaisaient, et quelques bouts de laine qui s’enroulaient en tirebouchon. Au temps présent, Will est dans le métro, en train de se rendre au boulot : il exerce le métier d’inspecteur de la construction. Il ne comprend pas pourquoi il se souvient si bien de ce pull, alors qu’il a oublié les traits du visage de sa fille. C’est comme si chaque jour qui passe, et chaque pas effectué l’éloignent un peu plus d’elle. Mais il ne peut pas remonter le temps.

Le fil du souvenir
© Dark Horse   

William arrive à son bureau. Ses collègues le saluent l’un d’eux lui propose son aide pour le gros dossier qui vient de lui tomber dessus. Il s’installe à son bureau et commence à tracer un trait rouge sur un plan : ça fait dix ans et il a oublié autre chose. Un collègue s’approche de lui pour lui proposer d’aller boire un pot pour l’anniversaire de Chuck. Will décline l’offre, il préfère se rendre sur son premier chantier. Il quitte son cubicule et se met en route. Sur le site de construction d’un immeuble, il fait observer au contremaître que les barres d’armature sont trop espacées et qu’il va falloir casser et refaire. Son interlocuteur lui demande son indulgence : ça va lui demander une semaine supplémentaire. Will maintient poliment sa position, et indique qu’il repassera vendredi. Il s’éloigne tout en pensant à la pièce qu’il a à l’intérieur de lui, celle où se trouvent ses souvenirs de sa fille. Il s’y rend mentalement et en ouvre la porte. Elle est là allongée par terre, dans son pull rouge, sans traits de visage, en train de résoudre un labyrinthe dans un recueil de labyrinthes. Il la serre dans ses bras.

La carrière d’auteur de comics de Jeff Lemire a débuté dans la seconde moitié des années 2000, avec des récits indépendants, à savoir la trilogie ESSEX COUNTY. Par la suite, il a continué à créer des comics indépendants, avec un passage de scénariste pour DC (ANIMAL MAN, FRANKENSTEIN AGENT OF S.H.A.D.E., GREEN ARROW avec Andrea Sorrentino pour ce dernier) et pour MARVEL (EXTRAORDINARY X-MEN, OLD MAN LOGAN, MOON KNIGHT). Il a également écrit pour Valiant Comics avec la série BLOODSHOT. Il a développé ses propres séries, y compris un univers partagé de superhéros : BLACK HAMMER. De temps à autre, il réalise un récit plus personnel dont il assure également les dessins, comme l’émouvant ROYAL CITY, le rude ROUGHNECK, ou bien le présent récit. Dès la première page, le lecteur comprend qu’il s’agit d’une histoire de perte d’un être cher : Wendy est décédée à l’âge de onze ans, et son père n’a pas achevé son deuil. Voilà qu’un signe se manifeste laissant planer le doute : il est peut-être possible de la joindre, et son père se raccroche de toute sa force à cette éventualité. S’il s’est résigné au décès de sa fille, il ne l’a pas accepté.

La passion de sa fille
© Dark Horse  

Le lecteur fait connaissance avec William Warren, surnommé Will, inspecteur de la construction, un fonctionnaire de la ville de Toronto, même si elle n’est pas nommée dans le récit, Lemire le précise dans le dossier en fin de tome. Sa vie est devenue mécanique, une routine répétée chaque jour, pour ne plus ressentir, parce qu’il n’a plus de raison de vivre, mais aussi parce qu’il ne veut pas aller de l’avant et reconnaître que sa fille est partie définitivement. Son épouse a divorcé, elle s’est remariée avec un dénommé Daniel, et ils ont eu un fils Jack : elle a refait sa vie. Ses collègues essayent de le tirer de sa solitude choisie, en l’invitant à prendre un verre, ce qu’il refuse systématiquement. Sa voisine Lisa lui adresse régulièrement la parole, essayant d’établir un contact amical. Pour autant, Will a fait le choix très conscient de rester isolé, de conserver ses souvenirs de sa fille dont il ne parvient déjà plus à se souvenir des traits du visage. Une nuit, il est persuadé d’avoir reçu un appel téléphonique de quelques secondes, cela ne peut être qu’elle. Cela suffit pour qu’il se mette en tête de la retrouver, en se raccrochant à ce qu’il lui apparaît comme un bout de laine rouge, et en se plongeant dans ces labyrinthes qui étaient sa passion. Un fil rouge, un labyrinthe : l’inspiration est transparente, elle provient du mythe de Thésée, avec le labyrinthe, le fil d’Ariane, et peut-être un Minotaure tapi quelque part.

De manière implicite, l’esprit du lecteur lui souffle qu’il n’y a aucun suspense dans cette histoire, pas vraiment une intrigue. Le monde dans lequel Will évolue est très prosaïque et l’irruption de la féerie ou du surnaturel s’avère fort improbable. Même s’il ne met pas en marche son esprit critique, il ne voit pas comment le décès de Wendy pourrait être remis en question. L’enjeu réside dans un récit intimiste, l’équilibre instable de l’état d’esprit de Will. Va-t-il se réfugier dans un monde de fantaisie, en choisissant de se comporter comme s’il restait une possibilité que sa fille soit en vie quelque part ? Va-t-il sombrer en reconnaissant la réalité brutale de son décès ? La manière de dessiner de l’artiste convent parfaitement à ce récit intimiste et à la personnalité de William Warren : des traits lâches irréguliers, avec un rendu en apparence négligé comme celui de Will. Des apparences âpres, sans souci d’embellissement, sans volonté de paraître agréable, à l’image de l’état d’esprit de Will. Les traits de contour sont irréguliers, souvent fins et presque malhabiles, en particulier pour les visages, les coiffures, les vêtements. Les décors sont représentés sommairement. Pour autant cette manière de transcrire la réalité conserve toute l’immédiateté des personnages, toute leur expressivité.

Un chemin de vie
© Dark Horse     

Dans un premier temps, la narration visuelle peut donner une sensation parfois un peu pauvre. Il est vrai que l’auteur a choisi de faire usage de la décompression pour que le lecteur prenne le temps de s’imprégner de l’état d’esprit de Will, de subodorer ses états d’âme. Ainsi dans le premier épisode, il réalise un dessin en double page, avec uniquement un fil rouge qui part de la gauche et finit à droite séparant le tiers en bas de page du reste, avec un effet de nuage ou d’eau à l’aquarelle pour tout fond, et un cartouche qui ne contient que deux mots : onze ans. Deux pages plus loin, une autre double page avec la silhouette de Will et le même fil rouge, cette fois-ci décrivant des arabesques de part et d’autre de son corps, et remplissant ce dernier comme avec un gribouillis. La moitié du chapitre quatre est composé de Will et du chien Vern qui déambulent dans les rues vides. Dans le même épisode, Lemire réalise quatre pages avec quatre cases de la largeur de la page, et juste la tête de Will qui progresse lentement dans les ténèbres. Mais ça correspond également à une forme d’anesthésie de Will par rapport à la manière dont il vit son quotidien.

Par ce mode narratif, la détresse de Will est poignante : son intensité ne se manifeste pas des accès de dépression ou par de la colère, mais elle est très profonde et elle étouffe son élan vital. Sans recours à des termes psychologiques ou psychanalytiques, Jeff Lemire fait partager la détresse de cet homme, un non-dit sur la culpabilité qu’il éprouve, sentiment qu’il refuse de s’avouer, sa manière très efficace de détourner toute chaleur humaine, à la fois parce qu’il estime qu’il ne mérite pas ce genre de relation positive, à la fois parce qu’il ne veut pas que de nouveaux sentiments positifs viennent accélérer l’effacement de ceux liés à sa fille. Le lecteur voit bien la manière dont la situation et le comportement de Will répondent au mythe de Thésée, comment le labyrinthe devient la métaphore de son cheminent intérieur. Il est perdu dans un labyrinthe émotionnel, celui du deuil, et il erre à l’intérieur sans volonté d’en sortir, sans méthode pour chercher la sortie… ou le centre du labyrinthe.

Autant de symboles
© Dark Horse 

Au fil des pages, l’évidence de cette métaphore devient telle que le lecteur peut se dire que c’est trop facile, trop téléphoné. Dans le même temps, cette image illustre avec une justesse parfaite le dilemme de Will, ainsi que le processus mental et émotionnel à l’œuvre, la manière dont sa volonté de conserver à tout prix le souvenir même de sa fille, l’être humain qu’elle a été, le conduit à se montrer actif, un paradoxe puisque l’action induit de nouvelles expériences et donc le début de changement qu’il redoute tant, qu’il a tout fait pour éviter, ce changement qui induit l‘éloignement des souvenirs, une autre forme d’abandon de sa fille qu’il est impuissant à combattre.

Jeff Lemire a montré à plusieurs reprises dans ses récits les plus personnels qu’en tant qu’auteur, il a des thèmes de prédilection, comme les relations au sein d’une famille et le deuil. Il a également fait preuve à plusieurs reprises d’une sensibilité d’une grande justesse et d’un grand talent pour faire ressentir les émotions associées à ces thèmes. Ce récit se situe dans cette veine, les idiosyncrasies de sa narration visuelle faisant sens au regard de ce qu’il raconte, l’apparence fruste de ses dessins exprimant l’état d’esprit du personnage. Le lecteur ne peut pas rester de marbre devant une telle honnêteté émotionnelle, une empathie si bien exprimée. En fonction de sa propre sensibilité, il peut éventuellement ressentir que Jeff Lemire l’avait plus touché dans Royal City ou dans Rough Neck, ou au contraire que Mazebook est plus poignant.

Ce qui me rattache à ma fille
© Dark Horse 

La BO du jour

22 comments

  • JB  

    Ah, Lemire sur ce genre de récit, je suis preneur. Autant je déteste ses comics super-slip (y compris Black Hammer et Bloodshot), autant j’ai été amateur de ses histoires aussi diverses que ROYAL CITY ou TRILLIUM (avec pas mal de réserves quand même sur GIDEON FALLS).
    En espérant que l’histoire ne soit pas trop décousue. (j’ai honte de moi…)

    • Présence  

      Décousue : bien joué. Je n’ai pas osé me lancer dans cette veine.

      Je me suis rendu compte que j’ai lu beaucoup de Jeff Lemire, et que j’ai eu une petite sensation de redite avec ce récit, malgré la qualité de la narration. Une question de sensibilité qui m’est propre.

  • Fletcher Arrowsmith  

    Bonjour Présence,

    très beau texte.

    Je trouve également que c’est un très grand LEMIRE, du niveau de ROYAL CITY, ROUGHNECK ou le méconnu FROGCATCHERS (inédit en VF).

    Les dessins de Lemire ne me dérangent pas. comme toi, plus j’en lis plus j’apprécie. Etre un artiste complet n’est pas donné à tout le monde, surtout comme on ne joue pas dans le bac à sable bling bling des artistes tape à l’œil aux graphismes bien léchés et « faciles ».

    Très ému par cette histoire, où une nouvelle fois comme tu le relèves, les thèmes du deuil et surtout de la parentalité par la père sont mis en avant.

    J’avais fait le pari d’un édition VF, et je ne suis pas déçu. Les « bonus » sont passionnants et éclairent le récit que l’on vient de dévorer.

    On peut insister sur l’environnement urbain, peu familier chez Jeff Lemire qui nous a habitué plutôt aux grands espaces naturels. Comme il l’indique dans son billet, il a pris des photos de rues et quartiers de Toronto pour s’en inspirer donnant un peu plus d’authenticité.

    Enfin une nouvelle fois, on remarquera que Jeff Lemire sait jouer avec le média et déconstruit sa narration graphique. Tu as parlé des compositions de pages, on peut ajouter qu’il ajoute des entrées et sorties dans l’entourage des cases proches des bordures des planches pour renforcer l’aspect labyrinthique de son histoire. simple, sobre mais efficace. Il fallait y penser tout simplement.

    Pour l’instant ma lecture de cette rentrée.

  • Présence  

    Frogcatchers m’avait laissé sur ma faim, par comparaison avec Royal City et Roughneck : une intrigue trop ténue à mon goût. J’ai trouvé Mazebook plus conséquent.

    En lisant tes remarques, je me dis que je n’ai pas assez développé les jeux graphiques sur le labyrinthe, merci beaucoup pour cette prolongation de l’analyse.

    • Fletcher Arrowsmith  

      Oui je m’étais fait une idée que tu aurais plus axé ton analyse sur la partie jeux graphique, le thème du labyrinthe s’y prétend bien. Dans mon esprit c’est l’axe de rédaction que j’avais envisagé si je m’y étais penché.

      • Présence  

        En lisant ta réaction, je me suis rendu compte que cette dimension ludique sur les formes ne m’a pas fortement impressionné, parce ce que j’ai déjà eu l’occasion d’en voir des plus sophistiquées dans d’autres BD, et que le fil d’Ariane rend le dispositif assez linéaire. Mais c’est vraiment du ressenti personnel de lecteur un peu blasé.

  • Jyrille  

    Je n’ai toujours lu aucun Lemire, mais après lecture de cet article, j’ai bien envie d’essayer celui-ci. Déjà parce que c’est édité en VF par Futuropolis et en général ces gens savent ce qu’ils font en plus de produire de beaux livres. Ensuite parce que le sujet me parle un peu en ce moment (de façon bien moindre, mes enfants ne sont pas morts et j’espère que cela va continuer pendant des siècles) et enfin parce que c’est un one shot. Je l’ai feuilleté hier, et je dois avouer avoir du mal avec le trait de Lemire, trop économe pour être honnête je trouve… je ne sais pas comment le dire, mais j’ai le sentiment que le trait importe peu, qu’il passe au second plan et lorsque je lis un ouvrage avec cette famille de dessin, il me faut plus que ça.

    Je crois que je vais la mettre dans une liste cadeaux ou attendre qu’on me la prête, parce que je fais un rejet sans doute idiot du dessin.

    La BO : j’aime beaucoup Katy Perry mais là bof.

    • Présence  

      Le trait de Jeff Lemire : au début, je n’aimais pas du tout, n’y voyant que les pages d’un dessinateur très limité en dessin. Mais à la lecture, ces images racontent très bien l’histoire, font passer l’état d’esprit des personnages, leurs émotions, établissement clairement où se déroule l’action, etc. Ce n’est pas mon esthétique de prédilection, mais la narration visuelle s’avère parlante, et par la force des choses, elle est en cohérence avec l’intention du scénariste puisqu’il s’agit d’un seul et même créateur.

      En outre, comme le fait observer Fletcher Arrowsmith, Jeff Lemire se montre inventif dans la construction des pages.

      • Jyrille  

        J’ai en effet oublié de dire que la figure du labyrinthe est également attrayante, promesse d’énigmes, de jeu, d’escape game et de poursuites dans la neige… Mais comme toi, je crois que je suis un peu un lecteur blasé (alors que j’ai beaucoup moins lu de bds que toi et que je n’en lirai jamais autant), rien qu’avec Capricorne de Andreas (toujours pressé de lire tes retours à ce sujet), Edika et Marc-Antoine Mathieu, j’ai vu pas mal d’expériences de mises en page. J’attends de pied ferme la sortie de LA PRISONNIERE de Stanislas Gros, une bd qu’il avait commencée en ligne et qui doit sortir en bd incessamment sous peu, je suis très pressé de l’avoir. Il joue énormément avec ce genre de choses sur la page dans cette bd.

        https://pbs.twimg.com/media/EU7VgTPUYAAm3fA?format=jpg&name=large

        https://www.magcentre.fr/wp-content/uploads/2021/02/prisonniere-214×300.jpg

  • Tornado  

    Lemire fait partie de ces auteurs avec lequel je n’ai pas accroché. Pas de coup de coeur immédiat comme avec un Joe Hill ou un Rick Remender, par exemple. Du coup je m’en tiens éloigné depuis.
    Maintenant… Ce type d’histoire qui parvient à raconter les problèmes les plus durs de la vie sous le vernis du merveilleux, c’est quand même tout ce que je recherche…
    On verra bien, là encore, si je tombe dessus en médiathèque, car tu as clairement éveillé mon intérêt malgré, pour moi aussi, un attrait très faible pour la partie graphique.

    La BO : Je ne sais pas quoi dire. Ce n’est pas mon truc et je n’en écoute jamais. 🙁

    • Présence  

      Même si mon esprit a encore des réactions spontanées négatives sur l’apparence des dessins, j’ai dû m’obliger à reconnaître (mais ils sont combien dans ma tête ?) que j’aime des auteurs très limités en termes de dessins. Bruce a dans ses cartons un article sur un recueil de gags de Dilbert par Scott Adams : des images minimalistes. Scott Adamas ne s’en cache pas : il l’a déjà écrit dans une introduction qu’il estime qu’il ne sait pas dessiner et ça n’empêche pas que je rigole régulièrement à ses strips.

      • Tornado  

        Le plu important c’est l’immersion dans le récit. Je suis fan de FROM HELL malgré le dessin brouillon de Campbell. Parce qu’au final c’est ultra-immersif. Donc oui, je pense qu’une fois dedans, le dessin de Lemire peut passer tout seul s’il est suffisamment immersif.

  • Eddy Vanleffe  

    Bon ce n’est pas encore aujourd’hui que je me mettrais sérieusement à Lemire.
    Le genre de lecture que j’évite à tout prix.

    • Présence  

      Tu les évites pour le thème ou pour les dessins ?

      • Eddy Vanleffe  

        Lemire m’ennuie profondément…je le trouve grossier, larmoyant et facile caché derrière des mis en pages qui sont pour moi comme des tours de Gerard Majax.
        Je n’arrive pas à comprendre Lemire, tellement je le trouve surestimé….
        MAIS
        Comme on le dit dans les meilleurs ruptures, c’est moi, c’est pas lui..
        Je ne supporte plus l’écriture Yankee sur les sujets intimes, ça ne me plait pas du tout.

        • Présence  

          Merci beaucoup pour ce développement personnel. J’accorde une circonstance atténuante à Jeff Lemire : il est canadien, et pas Yankee.

          Je comprends ta réflexion sur la mise en page : c’est à double tranchant, séduisant d’un côté, artificielle de l’autre.

  • Bruce lit  

    Allez, je vais me ranger du côté de Présence pour une fois.
    Oui, Lemire a la larme facile. Mais cette histoire m’a touché même s’il l’a mieux racontée ailleurs. Lemire a ce talent de savoir exploiter un pitch et d’en faire non pas une histoire mais un conte qui s’appellerait « comment savoir faire son deuil » : de ses illusions, de sa jeunesse, de son père, de ses enfants etc.
    J’ai trouvé ici son dessin très abouti : ses décors sont puissants et son trait unique en son genre : tout semble insécure, capable d’être gommé, modifié à tout moment. Ses regards transpirent l’angoisse, la peur. Il est à mon sens le meilleur dessinateur pour illustrer ses histoires dépouillées.
    Ce qu’il n’arrivait pas à raconter dans GIDEON FALLS, il parvient à le faire malgré quelques facilités (Le Minotaure).
    Il invoque beaucoup Lynch en postface. Moi j’y ai beaucoup vu le Mazzucchelli de CITE DE VERRE.
    Un grand album.

    • Présence  

      Je vais me ranger du côté de Présence pour une fois : ça se voit que c’est la rentrée, ça ne durera pas. 🙂

      Trait unique en son genre : tout semble insécure, capable d’être gommé, modifié à tout moment. – Je suis jaloux : je n’ai pas réussi à exprimer aussi bien la qualité de ses dessins.

      • Bruce lit  

        Allons plus loin : son trait est labyrinthique en soi.

        • Présence  

          Ouf ! Retour à la normale : ah ben non, je n’irais pas jusqu’à dire qu’il est labyrinthique. 🙂 🙂 🙂

  • Tornado  

    Ce qui m’intéresse dans l’approche de cette BD : C’est conceptuel. Le labyrinthe/le deuil/la survie/le sens de la vie/le fil rouge = Une vraie recherche artistique. Un vrai questionnement sur la mise en forme thématique. On est quand même à des années lumières des gentils en costume d’araignée bleue ou de chauve-souris violette qui se bastonnent contre des méchants en costume de mouche verte ou de clown rose.

    • Présence  

      Entièrement d’accord : ce n’est pas du tout le même registre.

Répondre à Fletcher Arrowsmith Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *