Le code a changé – Matrix Resurrections

Matrix Resurrections de Lana Wachowski

Un enregistrement de données par JP NGUYEN

Ils ont des lunettes noires mais on les reconnaît…
(c) : Warner Bros. Entertainment Inc. and Village Roadshow Films (BVI) Limited
Source : www.whatisthematrix.com

MATRIX RESURRECTIONS est le quatrième volet de la saga MATRIX, sorti dans les salles le 22 décembre 2021, soit dix-huit ans après la conclusion de la trilogie originale. Réalisé par la seule Lana Wachowski, il nous permet de retrouver Keanu Reeves et Carrie-Anne Moss dans leurs rôles iconiques de Neo et Trinity. Cet article formulera le point de vue totalement subjectif d’un spectateur ayant fait la connaissance de ces personnages et de leurs univers il y a plus de vingt ans.

Si vous lisez des spoilers, dites-vous que ce ne sont que des « déjà-vus » !

En 1999, le siècle était vieux et moi encore jeune. J’ai découvert MATRIX sur l’écran d’un PC, grâce aux fichiers de téléchargement pas très légaux qui circulaient sur le réseau informatique du campus. Le film était sorti en mars aux States mais n’arriverait en France que fin juin. Qu’importe, après plusieurs visionnages sur ordi, il me donnait quand même terriblement envie de le voir sur grand écran, ce que je fis (en VF, j’assume la faute de goût). J’avais adoré le message sur la puissance de l’informatique et du réseau mais aussi l’impasse d’une approche ultra-technologique épuisant les ressources et la nature. Et bien sûr, j’avais été bluffé par les nombreuses scènes d’action, au corps à corps ou avec des armes à feu. J’avais même acheté la BO et c’est par cette entremise que je connus les noms de Rammstein, Rob Zombie et Rage Against The Machine.

J’étais fan et même si je n’avais pas été aussi emballé par les deux volets suivants, RELOADED et REVOLUTIONS, qui se perdaient un peu dans des développements alambiqués ; après plusieurs visionnages, au détour de soirées DVD ou de rediffs aléatoires, je trouvais que c’était une trilogie qui se tenait bien, avec une grosse préférence pour le premier opus. Plus de vingt ans après, lors d’une de mes rares visites dans les salles obscures, je suis allé voir le quatrième chapitre, en compagnie de ma fille ainée, pour ce qui serait son premier film « non-animé » sur grand écran.

J’avais lu des critiques assez tièdes et perçu pas mal de déception dans certaines reviews mais j’y suis allé quand même car… je ne sais pas trop. Comme dit plus haut, j’ai vécu le phénomène MATRIX lors de sa sortie dans les salles (voire un peu avant) et sans ériger un autel à cette œuvre et écrire une thèse sur cet univers, je pensais qu’il y avait matière à passer un bon moment de divertissement, tout en faisant vibrer ma fibre nostalgique.

La bande-annonce, avec une chanson qui sera utilisée dans le film

J’ai eu à la fois plus et moins que ce que j’attendais. RESURRECTIONS est clairement la suite de la trilogie même s’il se passe environ 60 ans après REVOLUTIONS. Mais pourquoi Neo n’est-il pas devenu super-vieux ? Et pourquoi Trinity est-elle vivante ? Ne vous inquiétez pas, ce sera expliqué !

Mais plus que la distance temporelle, c’est la distance du film avec son propre univers qui m’a frappé. Dans un exercice de mise en abyme assumé et plutôt réussi, le début du film montre Keanu Reeves, qui a repris l’identité de Thomas Anderson, développeur de jeux vidéo. MATRIX aurait été sa création, vingt ans auparavant et voilà que la compagnie pour laquelle il travaille lui demande de pondre un quatrième volet ! En proie à des crises d’angoisses et de paranoïa, ayant déjà effectué une tentative de suicide, Thomas s’interroge sur ce qui est réel… Il questionne son reflet dans le miroir et se prend à rêver de passer de l’autre côté. Il y a d’ailleurs quantité de plans, plus ou moins rapides, reprenant cette idée d’un reflet différent de la réalité. Mais c’est loin d’être le seul aspect réflexif du film (sic).

Cet opus s’amuse à citer des extraits de ses prédécesseurs, sans que cela n’apparaisse lourd ou forcé. Il y a même une certaine autodérision assumée mais qui garde toujours un équilibre et ne donne pas l’impression que la réalisatrice ou les scénaristes se foutraient de notre gueule. Outre les citations directes, il y a quantités de clins d’œil ou de plans repris de la trilogie originale. Il y a même des scènes entières qui rejouent des bouts d’intrigue du premier chapitre, avec toujours une variation, une résonance différente. Le choix entre la pilule bleu ou la pilule rouge, le duel de kung-fu dans la salle d’un dojo, la fuite désespérée sur le toit d’un gratte-ciel… Il y a tout cela, dans MATRIX RESURRECTIONS, sans pour autant donner l’impression d’un pur recyclage du fait d’auteurs en mal d’inspiration. En fait, ce Matrix constitue un formidable exemple de la répétition « intelligente » et intégrée au récit alors qu’un STAR WARS EPISODE 7 ne faisait que reprendre l’intrigue du 4, en moins bien, et en prétendant raconter une nouvelle histoire. D’ailleurs si la franchise STAR WARS n’est pas nommée, il y a une scène entière où le cynisme des studios et leur penchant pour produire toujours les mêmes histoires formatées est clairement pointé du doigt.

Un univers qui a gardé tout son cachet… et ses pilules !
(c) : Warner Bros. Entertainment Inc. and Village Roadshow Films (BVI) Limited
Source : Allociné

Du côté des personnages, Neo/Thomas Anderson hérite du look de John Wick mais le scénario n’est pas tombé dans le piège d’en faire un badass ultime. Comparativement, son personnage serait même moins puissant que dans les chapitres antérieurs. En revanche, avec les années (et quelques rides) son regard a gagné en expressivité. Trinity n’apparaît pas telle que nous l’avions connue dans les précédents films mais là aussi, Carrie-Anne Moss fait passer pas mal de sensibilité dans son interprétation, même si sa nouvelle rencontre avec Neo ne fait pas très crédible. Lawrence Fishburne n’est pas là pour reprendre le rôle de Morpheus et ce personnage a connu un changement notable par rapport aux opus précédents. Pour le coup, Yahya Abdul-Mateen II s’en sort très bien dans cette nouvelle incarnation. Dans le rôle du nouveau Smith, Jonathan Groff est un peu fade mais il assure quand même une bonne présence physique.

Et pour les nouveaux personnages, Jessica Henwick, dans le rôle de Bugs (savoureux double sens entre le lapin de la Warner et les bugs informatiques) et Neil Patrick Harris, dans le rôle de l’Analyste, livrent des prestations convaincantes, dans des registres assez différents.

Les scènes d’action constituent une déception relative, car elles font le job sans jamais délivrer de moments iconiques. Contrairement aux précédents films qui comportaient leur lot de plans poseurs, la quasi-totalité des bastons est entièrement au service de l’histoire. La chorégraphie des combats est par moment confuse mais jamais frustrante contrairement aux Jason Bourne de Paul Greengrass ou aux Batman de Christopher Nolan. Les observateurs taquins pourront toujours se demander pourquoi les adversaires tirent aussi mal, capables de rater le proverbial éléphant dans le couloir (moi je dis, les lunettes noires, ça modifie défavorablement la visibilité). Le fameux « Bullet Time » est explicitement mentionné dans la diégèse et montre que les créateurs du film savaient tout à fait ce que les fans rechercheraient dans ce quatrième opus. Or, si il y a bien plusieurs scènes où le temps suspend son vol, elles s’inscrivent davantage dans une perspective narrative plutôt que simplement esthétisante.

Matrix Match : Le choix de Néo, les chocs de moto…
(c) : Warner Bros. Entertainment Inc. and Village Roadshow Films (BVI) Limited
Source : Allociné

L’autre point faible est la BO, plutôt discrète, à l’exception de deux chansons marquantes : WHITE RABBIT, des Jefferson Airplane, dans une scène clipesque suivant la vie aliénante de Thomas Anderson dans la première moitié du film et une reprise de WAKE UP, par Brass Against, qui m’a donné le sourire au moment du générique de fin. Forcément, pour quelqu’un qui a découvert ce morceau lors de la scène finale du premier MATRIX, l’impact était maximal.

J’ai lu dans certaines reviews que toutes les références aux anciens films surchargaient complaisamment ce quatrième film en fan service. Je ne partage pas ce point de vue. D’une part, parce que, comme dit plus haut, c’est fait plutôt intelligemment et bien intégré dans l’intrigue. D’autre part du fait du concept même de la Matrice, un programme informatique de simulation du réel devant logiquement comporter son lot de scènes répétitives et copiées/collées. Et tout ce « déjà-vu » est entièrement assumé et même incarné par un chat noir, animal domestique du thérapeute d’Anderson, le même chat qu’on avait aperçu dans le premier film.

Mais ce qui fait que MATRIX RESURRECTIONS dépasse, à mes yeux, le statut de simple remix sympathique, c’est qu’il fait l’effort d’actualiser son message et ses réflexions. En 1999, les GAFA n’avaient pas acquis la puissance qui est désormais la leur, les smartphones n’existaient pas, de même que Facebook and co. Le terrorisme islamiste n’avait pas encore très durement frappé l’ensemble du monde occidental. La conscience d’un changement climatique irréversible, l’émergence de pandémies mondiales, tout cela ne faisait pas partie du programme. Ces « mises à jour » sont intégrées de manière fluide dans le récit, comme quand Bugs évoque l’obsolescence des cabines téléphoniques ou lorsque la meute des anonymes attaquant Néo et Trinity m’évoque, sans qu’ils soient nommés, les harceleurs des réseaux sociaux.

Un film avec des portes mais aussi des fenêtres sur notre monde…
(c) : Warner Bros. Entertainment Inc. and Village Roadshow Films (BVI) Limited
Source : Allociné

Mais le film porte son regard au-delà du cyberspace et évoque les conflits causés par la pénurie de ressources, les agents dormants du terrorisme se transformant en kamikazes et plus généralement la paranoïa de notre époque, où chaque passant peut être un danger, car porteur d’un virus, pas forcément informatique…

Programmation sociale et formatage culturel, désir de posséder ou peur de perdre, humain ou machine, rêve ou réalité… Dans un monde codé par des zéros et des uns, cette œuvre nous invite à imaginer un autre monde, qui serait régi par des valeurs non binaires.

C’est cette richesse thématique qui élève ce quatrième volet et en fait plus qu’une suite opportuniste qui aurait uniquement été réalisée pour capitaliser sur la nostalgie des geeks. Certes, cela reste un blockbuster, avec son lot de passages plus ou moins obligés et recyclés, ses explosions, ses séquences de baston et mitraillage au ralenti et ses moments d’émotion hollywoodiens. Mais à l’instar des robots de la Matrice, qui ont développé leur sentience, MATRIX RESURRECTIONS est une grosse machine, consciente de ce qu’elle est, avec un supplément d’âme.

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La BO du jour :

« I think I heard a shot »

51 comments

  • Tornado  

    Bien joué JP ! Tu as relevé le défi avec classe, et bien plus vite que je ne le pensais (jamais je n’aurais cru voir cet article en première semaine) !

    Tu as relevé tout ce que j’espérais trouver dans ton article, et plus encore.
    « la meute des anonymes attaquant Néo et Trinity m’évoque, sans qu’ils soient nommés, les harceleurs des réseaux sociaux. » : Bien vu ! Je ne m’étais même pas fait la réflexion alors que je suis particulièrement sensible à ce phénomène catastrophique, conséquence nauséabonde de la cancel culture.
    Ta conclusion est également parfaite.
    Merci beaucoup pour avoir fait l’effort de régurgiter tout ça. Je n’avais vraiment pas envie de me triturer le cerveau pour en faire sortir tout ce que le film pouvait offrir comme pistes de réflexion, comme enjeux et sous-texte. Ç’avait déjà été désagréable de m’impliquer autant dans l’article sur la trilogie, pour la plupart du temps me voir opposer des arguments à charge qui tentaient de tout saper sur l’autel du « tout ça est surfait », comme si j’avais écrit, « prêché » et réfléchi dans le vide.
    Merci de défendre cette oeuvre en laquelle j’ai toujours eu foi. C’est probablement l’une des sagas cinématographiques les plus intègres et intelligentes de l’histoire du médium. Et ce quatrième opus un nouveau film qui, contrairement aux Star Wars (de la prélogie et de la postologie) effectivement, méritera moult visionnages pour en décortiquer la richesse.

    C’est une suite crépusculaire et en grande partie désabusée par son regard sur notre monde. Mais elle n’est exempte ni d’humour ni d’une pointe d’espoir. Et par dessus tut elle a osé faire ce que peu de blockbusters, de reboot et de suites n’osent se permettent : Mettre l’accent sur le scénario et les personnages plutôt que sur l’action. Ainsi je ne ferais pas de commentaires sur ses détracteurs qui ont critiqué avant tout le manque d’action et la faiblesse de la bande-son…

  • Eddy Vanleffe  

    Le phénomène Matrix m’est passé dessus comme l’écume d’une vague sans visage.
    je l’ai vu pourtant deux fois en salle et je l’ai eu en vidéo.

    victime de la mode, tel est mon nom de code… 🙂
    En vrai, j’en ai jamais rien eu à faire, ces histoires de vrai/faux mondes, dans quel état j’erre? je n’ai jamais rien compris, il parait qu’il y a plein de messages sur l’aliénation, la découverte de soi contre la masse etc… pour moi c’était un clip publicitaire de deux heures pour Nokia.
    j’ai même vu le deux mais j’ai roupillé pendant la deuxième heure donc je ne sais pas ce qui arrive après la scène d’une salle où il refait le monde dans une salle blanche…
    En fait biberonné au ciné HK et à la japanime et ayant surtout vu THE KILLER, GHOST IN THE SHELL, BLACK MASK etc….j’avais la sensation que ça ne pouvait épater que des yankees malades de leur protectionnisme culturel.
    je préfère largement DARK CITY qui raconte la même chose.

    • JB  

      Très beau film de Proyas, moins tape-à-l’œil que la saga des Wachowski

    • Tornado  

      @Eddy (et même JB) : Voilà le genre de post qui me conforte dans ma décision de ne pas avoir écrit l’article… 🙂

      • JB  

        Je ne suis pas aussi extrême qu’Eddy, j’aime bien Matrix et son côté spectaculaire, je trouve surtout que sur le fond, elle reprend une histoire bien proche de celle de Dark City qui, selon moi, est un meilleur film.

        • Eddy Vanleffe  

          Sorry d’apparaître brutal,
          4 ans a m’immerger dans un milieu socio-culturel online afin de faire des recherches et de tenter de dire le moins de connerie possible quand je rédige, m’a amené peu à peu à une sorte de dégoût du la « global-gloubi-boulga-culture américaine » qui déforme, triture, défigure tout ce qu’il trouve pour la modeler à leur canon et ensuite l’imposer à la planète sur le cadavre de centaines d’oeuvre précédentes…
          je ne cache pas un sourire en coin quand j’ai appris que la version yankee de Cowboy bebop s’était faite remballer…
          Sus aux ersatz! Resistance! HASTA SIEMPRE COMMANDANTE! BELLA CIAO BELLA CIAO BALLA CIAO CIAO CIAO….

          « Quand au mois de mars, je le dis sans arrière-pensée politique, ça m’étonnerait qu’il passe l’hiver….. »

          • Tornado  

            Je m’attendais un peu à ça.
            Je comprends qu’on puisse être agacé par le Hollywood qui régurgite tout à sa sauce, surtout quand c’est mal fait. Ou idiot.
            Mais MATRIX n’est pas comme ça. C’est une oeuvre postmoderne, au sens noble du terme, qui régurgite toute une contre-culture en une oeuvre-somme. On pourrait y voir un pillage du cinéma asiatique. Mais c’est plus un hommage, un héritage, une continuité, une assimilation dans le bon sens du terme. Pour un résultat intelligent, qui intègre chaque élément, y compris l’action, dans un scénario, de manière intègre et intelligente.
            On ne peut pas nier le coup de génie des Wachowski en matière de sous-texte : MATRIX est le représentant d’une époque qui vire soudain vers le tout-virtuel et la surconsommation de son propre patrimoine mondial. Et là encore le discours est tellement intelligent !
            Pour en revenir à Hollywood qui pille le cinéma asiatique, c’est un débat auquel je n’adhère pas. La cinéma asiatique a, en son temps, également été influencé par le cinéma français, le cinéma italien ET le cinéma américain, qui influence également le cinéma indien, entre autres (Bollywood, ça ne s’invente pas).. Tout comme en musique les anglais et les américains se sont influencés les uns-les-autres dans les années 60 où, pour les uns « tout le monde pillait tout le monde », alors que pour les autres « tout le monde inspirait tout le monde ».
            Je ne suis pas agacé comme vous par les remakes américains. Pour moi THE RING ou THE GRUGE, c’est mieux en américain. Et oui. Je le pense vraiment, profondément, sincèrement. C’est pas de la provoc. Les RING américains sont d’excellents films d’horreur, alors que les versions originales m’ont emmerdé au plus haut point.
            MATRIX et KILL BILL sont des films qui clament leur amour pour le cinéma asiatique. Pas des pilleurs de tombe. Ce sont des films intelligents, cultivés, originaux et impertinents.
            Je déteste 90% de ce qui sort actuellement de l’industrie hollywoodienne, à commencer par les films de super-héros. Mais mettre MATRIX dans le même sac, c’est impossible. C’est justement « l’exception culturelle ».
            On ne peut pas râler contre ceux qui pensent que les geeks sont des débiles boutonneux et en même temps cracher dans la soupe. En continuant de prétendre que MATRIX, Alan Moore ou Christopher Nolan c’est prétentieux et pas mieux que des trucs de base, en jouant le jeu du « tout se vaut », on se tire une balle dans le pied et c’est un peu absurde.

          • Eddy Vanleffe  

            Je ne voulais pas forcément entamer un vrai débat sérieux…
            Je ne déteste pas Matrix, simplement ça ne me m’épate pas!
            pour le reste, c’est comme le souligne JP un peu du vécu, le tout fait écho à des malaises que je ressens dans toutes les sphères culturelles et qui m’ennuient profondément…. moi aussi, comme toi, je me fais chier trop souvent devant mon écran et je pense trouver une sorte de fil rouge à cela…
            JE N AIME PLUS LES USA, de manière viscérale et j’ai du mal pour tout….
            je ne cherche pas non plus à imposer des vérités, je parle que de mon ressenti.
            COBRA KAI saison 4 démarre et je n’ai pas envie par exemple…
            pour les échanges et les influences, bien sur que la culture circule, mais il ne faut non plus nier une différence de représentation mentale. les USA sont un mastodonte et les autres des petites industries locales qui ne génèrent pas le même chiffre d’affaire. quant les usa sont intéressés par un truc, ils remakent de manière automatique (même le grand blond…), parce qu’ils veulent lire de sous titres, qu’il ne veulent pas doubler etc… c’est un modèle économique. pas plus pas moins.
            comparer les films, ben les goûts sont indiscutables…. Comme je ne comprends pas vraiment tes exemples (tu dois bien être le seul que je connaisse me disant du bien de la version américaine de THE RING, je ne sais pas quoi répondre à part que tu ne dois pas être sensible à ce qui en fait un film japonais et de ce fait mieux accueillir la version américaine plus proche) je vais dire qu’on cherche et trouve pas la même choses dans ces films.
            Pour ma part, je réalise souvent que j’apprécie mieux les trucs un peu plus terre à terre que des trucs « perchés ». c’est vrai que le cinéma de Nolan m’ennuie prodigieusement. (comment le sais tu?) . je n’avais pas fait de rapprochement. le pire étant LE PRESTIGE pour moi. mais en même temps, je ne le critique jamais, ni son talent…
            Tarantino est un mec passionné et sincère et Kill Bill le prouve tant c’est un fantasme de gosse. le mec emploie Gordon Liu, Yuen Woo Ping, va chercher des acteurs locaux cultes en les confrontant à Carradine, c’est du grand art, une partie de Playmobil géant avec toutes les boites …
            Matrix aussi sans doute d’ailleurs mais je n’y suis pas sensible. les Wachowski ont quand même osé le SPEED RACER avec des partis pris radicaux et des hommages à l’animation nipponne décomplexés.

            Encore une fois je m’exprime de manière maladroite, mais je ne pense pas dire que tout se vaut…
            j’ai une prédilection pour beaucoup de choses venant d’Asie, c’est totalement assumé et j’ai à cœur de partager le travail d’artistes souvent peu connus ou reconnus qui n’ont pour moi rien à envier avec les vaches sacrées yankees.
            je n’enlève rien à ces derniers… de tout façon il sont déjà écrasé le paysage avec une puissance de feu atomisant toute concurrence possible alors…

          • JB  

            @Tornado : Tu m’as donné envie de me replonger dans Ectokid et Doc Frankenstein, des Wachowski en collaboration avec Steve Skroce, artiste auteur de storyboards pour MATRIX ^^ Avec Ectokid, on a déjà (6 ans avant Matrix) un personnage qui se débat entre 2 mondes (dans ce cas, le monde réel et celui des morts)

          • Fletcher Arrowsmith  

            Pas mal le Doc Frankenstein mais on voit une cassure dans le récit, la conclusion ayant été proposé tardivement.

            Mais je ne trouve pas que les Wachowski poussent très loin le curseur au niveau scénario qui finalement se rapproche plus d’un Shaolin Comboy autant sur la forme (Skroce étant un émule de Darrow, les deux ayant travaillés sur Matrix) que sur le fond : des planches d’affrontements extrêmement fouillées.

          • Tornado  

            Tout le monde a le droit de ne pas aimer MATRIX. Comme j’ai le droit de ne pas aimer la plupart des comics de super-héros ou les films du MCU. Mais la saga ne doit pas endosser, par mauvaise foi, des habits plus petits que sa taille. Ce n’est pas, comme je l’ai trop souvent entendu, un truc qui pête plus haut que son cul ou un truc creux et prétentieux.
            Par contre la trilogie d’origine a mal vieilli par endroit et le côté « poseur » des acteurs avec les fringues-tout-cuir commence à devenir kitsch. Et là si on veut se moquer de ça y a aucun soucis. Parce que c’est vrai. Mais dire que c’est con ou creux. C’est faux. Et dire que c’est chiant c’est à mon avis suicidaire quand d’un autre côté on essaie de vendre le divertissement geek pour du spectacle pas moins con que les films d’art et d’essai ou les pamphlets de science-po. Même si on a le droit de dire que c’est chiant quand même… 😅

          • Eddy Vanleffe  

            C’est là parfois que je ne pige pas le glissement qui mène aux films de super héros…
            Je ne me souviens même pas en avoir particulièrement porté un aux nues… Jyrille m’a même trouvé sévère envers eux…
            Matrix je l’ai comparé à DARK CITY de Proyas ou GHOST IN THE SHELL de Mamoru Oshii qui sont pour moi je l’avoue bien supérieurs… on est pas dans le divertissement lambda…
            quant au fait que ce soit un chouia prétentieux, ben chacun voit….

            il y en a qui trouvent Astier prétentieux et d’autres complétement bas de plafond… ça dépend de la sensibilité…
            par contre le second, oui je maintiens, je me suis fait chier… le premier non, ç’était équilibré, mais le deuxième on dirait un album récent d’Iron Maiden quand on réalise que chaque chanson n’est pas mal, mais qu’elles pourraient faire 3 minutes de moins chacune.

          • Tornado  

            Mais y a pas de problème Eddy ! Je parlais en général, pas pour toi (c’est un hasard pour Nolan, je ne suis pas spécialement fan non plus… Sauf du PRESTIGE ! 😆).
            J’adore DARK CITY. Mais je ne trouve pas ça supérieur à MATRIX.

  • JP Nguyen  

    @Tornado : ton article était un dossier roboratif, avec le contexte, les inspirations et les trois films.
    Merci de me rassurer sur le fait que, de ton point de vue, je n’ai pas été trop à côté de la plaque !
    J’avais un peu la pression mais j’ai décidé de la faire redescendre et j’ai adopté mon approche habituelle du subjectif, avec un peu de « je raconte ma vie » en début d’article.
    J’ai écrit l’article sur 2 jours, quasiment tout de suite après avoir vu le film, la semaine dernière.
    Après, le sous-texte, c’est toujours touchy et tout le monde ne voit pas les mêmes choses mais du moment qu’on garde en tête que ce n’est que mon point de vue et pas la vérité ultime que tout le monde doit accepter…

    @Eddy : voilà, on est carrément dans le subjectif, chacun reçoit et perçoit une oeuvre différemment, selon son contexte et son vécu. Pour ma part, Matrix fait vibrer certaines cordes sensibles. Et la nostalgie n’est certainement pas neutre dans mon appréciation de ce 4eme opus.

    • Eddy Vanleffe  

      oui Pour revenir à ton article le 4e film doit être très intéressant pour le fan et dans sa critique métaphorique de ce qu’est devenu Hollywood…une façon de démontrer par l’exemple la putasserie de cette industrie…
      Je vois partout et dans ton article que ce film met des taquets bien sentis et ça en fait sans doute un film à part en 2022. une façon de surprendre aussi en assénant « vous croyez qu’on avait plus rien à dire mais en fait l’évolution des choses a écrit cette suite tout seule  »

      Le vécu, ça explique un tas de choses…. il est vrai que je ne supporte presque plus le moindre produit yankee, j’entre dans un rapport schizophrène avec le comics d’ailleurs… ^^
      en film quand c’est ricain récent, j’essaie de ne pas le voir…
      En ce moment je n’aime qu’ARCHER parce que on a un vrai propos critique et dégueulasse….

  • Jyrille  

    Comme je vais le voir ce soir, je ne lirai ton article que plus tard, et ma réponse suivra 😀

  • Fletcher Arrowsmith  

    Très bon article JP et quelle célérité. Il faudra que tu m’indiques la marque de tes pilules ou alors leur couleur. J’y retrouve exactement ce que j’y ai vu. On avait déjà entamé la discussion mais on va la poursuivre ici.

    Je vais reproduire ce que j’ai déjà donné comme arguments ailleurs.

    J’ai un énorme souvenir du premier Matrix, visionné à l’occasion de la fête du cinéma. Grosse claque à l’époque surtout que la salle était bondée et j’étais aux premiers rang avec la difficulté d’avoir une vision panoramique.

    Je n’ai vu les 2 suites que …. l’an dernier et je les ai trouvé un poil complexe sauf pour les scènes d’actions d’une maitrise absolue, à l’image d’un John McTiernan, d’un John Woo, voire d’un Spielberg pour la lisibilité.

    A la maison nous sommes également des défenseurs des Wachowski , on ne jette pratiquement rien de leur production depuis Bound en passant par Speed Racer et surtout Cloud Atlas. Sense8 est une très bonne série. Matrix 4 était donc très attendu.

    Et on a pas été déçu. Tu as très bien développé tes arguments notamment sur les GAFA que je n’avais pas perçu ainsi.

    Si je dois en ajouter une couche. Même en étant un pur produit hollywoodien, Matrix 4 se présente comme l’anti christ, l’anti MCU-Disney refusant le fan service. Avec Matrix 4 on est dans le blockbuster « indé » genre qui a complétement disparu des grands écrans. Un film où les idées et la réalisation sont les stars et moteurs du produits, devant le fan service malheureusement devenu la carotte du lapin pas blanc mais immaculé de billets verts.

    Matrix 4 c’est tout le contraire d’une suite logique. Le film qui ré invente la notion de suite, de franchise. Cela a le gout de Matrix, cela ressemble à Matrix mais est ce bien du Matrix ? Je ne voulais surtout pas voir Matrix 4, la suite de Matrix 1,2 et 3. Cela aurait pu s’appeler Matrix Reborn ou bien The Matrix ou encore far from the Matrix. c’est à dire un nouveau Matrix qui n’est pas exactement dans le même univers que les 3 premiers tout en y puisant ses origines qui ne sont pas effacées.

    Il y a même des explications, logique et cohérente sur le retour de certains personnages, voire pourquoi même ce n’est pas les mêmes acteurs (même si on sait que derrière il y a des histoires de contrats, d’argent, d’égo voire des refus tout simplement). Assez brillant dans l’explication.

    Matrix 4 refuse de donner aux spectateurs de 2021 ce qu’ils veux. Le spectateur n’est plus roi au contraire du MCU-Disney. Il y a un côté jouissif de voir à l’écran ce refus, d’aller à l’opposé des standards actuels, le côté méta étant très explicite. L’apparition du Mérovingien reste quand même un uppercut énorme à la production de divertissement de masse actuelle. . Plutôt culotté d’avoir fait en 2021 une suite qui va « moins loin ». Moins d’effets spéciaux, plus de bla bla, moins d’hommes forts ou surpuissants, moins d’humour, moins de design (c’est frappant) … moins de tout sauf de scénario qui devient la vedette du film, cela change pour une fois.

    La première partie, la meilleure on est d’accord refuse l’action, comme si Matrix 4 refusait sa filiation avec ses illustres ainés. Honnêtement dans un film dépourvu d’humour, la première partie peut s’apparenter à une vaste blague, un canular géant. J’y ai même cru : la BA vous montre des séquences qui ne seront pas dans le film, qui chasse sur les terres de Quentin Tarentino : un films à sketchs et dialogues à profusion. Vous avez payé pour cela ah ah aha ….

    bien aimé également l’inversion du rôle de Neo et de Trinity. Plutôt intelligent et bien joué. Neo devient même exaspérant, un anti héro dont le scénario se moque constamment ainsi que l’acteur. Logique finalement quand on connait la transformation physique des Wachowski. Et à ce sujet Lana a mis la pédale douce (quand on compare avec Sense8 par exemple).

    Matrix 4 est un formidable film, avec des mises en abîmes fabuleuses et surtout un regard cynique mais percutant sur le monde du divertissement actuel et son overdose.

    Matrix 4 c’est une vraie vision cinématographique avec une réalisation à la hauteur (même si moi aussi j’ai trouvé les scènes d’actions un peu confuses alors que c’était un point fort des 3 premiers).

    Même bémol que toi pour l’interprétation de Jonathan Groff. Le reste du casting est impeccable et je souligne la direction des actrices et acteurs d’ailleurs avec un Keanu Reeve qui participe, pleinement à déconstruire et détruire un des rôles qui l’a rendu si célèbre. A l’image de sa carrière. A se sujet les gens lisez BRZRKR bientôt chez Delcourt.

    J’adore lire les avis négatif sur ce film car on voit la cassure entre ceux qui vont chercher autre chose qu’un divertissement lambda. Globalement ceux qui n’ont pas aimé n’ont pas compris le film, n’ont pas compris comment en 2021 on peut proposer 0 explosion, 0 blague lourdingue, sollicité autant les neurones pendant 1h. Tu ‘étonnes qu’ils rejettent le film.

    Enfin on terminera en disant que j’ai vu la scène post générique la plus énorme de ma vie. Celle qui enfonce les autres.

  • Présence  

    Total respect : un article complètement intelligible, même pour moi qui n’ai vu aucun Matrix.

    Je suis sincèrement épaté parce qu’il me semble avoir tout compris, alors même que indiques que : Cet opus s’amuse à citer des extraits de ses prédécesseurs, sans que cela n’apparaisse lourd ou forcé.

    Mais ce qui fait que MATRIX RESURRECTIONS dépasse, à mes yeux, le statut de simple remix sympathique, c’est qu’il fait l’effort d’actualiser son message et ses réflexions. – Cette phrase et les exemples que tu développes ensuite donnent la vision d’une œuvre aussi ambitieuse qu’intelligente.

    La BO : très sympathique comme morceau. Je connais également White Rabbit de Jefferson Airplane, bien psychédélique.

  • Patrick 6  

    Well done ! Et bien dans l’ensemble je partage ton opinion, ce film est malin et drôle, il évite l’écueil de la simple relecture en situant le film dans un autre contexte : une trilogie de jeux vidéo et non pas de films. Il se permet donc de se moquer de lui même et du système des films US (la séance post-générique est à ce titre très drôle !)
    Donc c’est le quasi sans faute jusqu’à la conclusion du film qui me parait passablement bâclée ! Je ne peux pas en dire trop, pour ne spoiler personne, mais bon s’en sortir par un simple « Ah tu peux faire ça ? » me parait bien capillotracté ! J’ai eu un peu l’impression que le/la réalisateur/trice a lancé plein d’idées en l’air sans savoir comment les agencer, ni savoir comment conclure son histoire !
    C’est fort dommage car cela décrédibilise un peu le reste du film… et si toutes les métaphores sur le fonctionnement des studio US n’étaient que de simples pirouettes narcissiques ?

  • Bruce lit  

    « J’étais fan et même si je n’avais pas été aussi emballé par les deux volets suivants, RELOADED et REVOLUTIONS, qui se perdaient un peu dans des développements alambiqués » Si même un fan le dit.

    Bon j’ai déjà dit que je n’aimais pas cette série, non pas pour son intelligence (c’est quand même le seul divertissement geek à avoir gagné un droit de cité dans un dissertation au bac philo, ce n’est pas rien) ou sa mise en scène époustouflante, mais parce que mon esprit peu scientifique décroche.
    Je n’irai donc pas voir ce film parce qu’il faudrait déjà que je me repasse les 3 et vraiment ce n’est pas dans mes priorités.

    Par contre j’adore te lire JP : ce mélange de souvenirs et d’analyses fluides et agréables. Je note donc que sur le papier, c’est passionnant et que MATRIX épingle tout ce que je déteste dans la pop culture actuelle. C’est un allié de choix dans la lutte contre la non pensée. Je suis même un peu surpris sur la dénonciation des abus progressistes car j’aurais juré y mettre les deux ex-frères.

    Mon frère m’en a également dit le plus grand bien sur le devoir de dénonciation de l’aliénation du cinéma populaire. Voilà qui me rend ce film très sympathique sans l’avoir vu.
    J’ai l’impression d’y retrouver un peu du TWIN PEAKS 3 qui refusait de donner au fan ce qu’il attendait. C’est couillu.

    La BO : j’aime bien, joli grain de voix même si sur la longueur la dynamique des cuivres n’est pas aussi percutante que les guitares de RATM. J’ai écouté l’album du coup et c’est moins convainquant. J’ai l’impression d’écouter un Tribute Band place de l’opéra. Par contre, respect pour la chanteuse qui a fait scandale en ayant en concert une envie d’uriner. Pour déconner elle demande si un spectateur veut boire sa pisse et un mec s’est dévoué. Tout ceci est visible sur Youtube. Alienation….
    Il va falloir que

    • Eddy Vanleffe  

      @Bruce…
      c’est ça que que ça me disait quelque chose ce groupe… c’est la nana qui fait pipi….
      bon si ça te fait rire, je vais pouvoir proposer mon article sur des mangas bien crades…. niark….

      • Bruce lit  

        Aussi dégoutant puisse être cet acte, j’adore.
        Tout d’abord parce que les exactions de rock star au féminin sont rares et encore plus aujourd’hui depuis que tout le monde s’est mis à la tisane dans le monde du rock. Parce que Sophia Urista sait parfaitement ce qu’elle fait (je suis sûr que le mec qui monte sur scène est de mèche. Ou alors elle risque un procès) et qu’elle fait une performance théâtrale : pisser sur un homme soumis au moment du refrain final visant à dénoncer l’abrutissement collectif et notre soumission aux dogmes.
        C’est brillant et rentre dans les cases du rock que j’aime : celui qui provoque, scandalise et fait réfléchir.

      • Jyrille  

        Ah la vache ! C’est énorme ! Merci ! Je rejoins l’avis de Bruce (et c’est clairement dégoûtant).

  • JP Nguyen  

    @Fletcher : avec ma fille, on n’est pas restés jusqu’à la fin et j’ai vu la scène post-générique sur youtube. Mouais, c’est un gros pied de nez, cohérent avec le reste du discours du film.

    @Présence : merci. La chanson White Rabbit des Jefferson Airplane est vraiment utilisée à bon escient, avec des paroles faisant écho au choix de Neo, en particulier « one pill makes you larger and one pill makes you small »

    @Patrick : Ben, c’est quand même dit que quand Neo et Trinity seront réunis, ça enverra du bois. Et que c’est pour ça que les méchants de l’histoire les tenaient séparés, mais en les faisant se croiser, histoire de leur donner le seum. Ca sort pas de nulle part même si c’est pas ultra original.

    @Bruce : Franchement, il n’y a pas forcément besoin de revoir les trois premiers pour regarder celui-là. C’est juste que l’expérience sera différente mais les messages principaux du film seront tout aussi intelligibles.

    @tous : merci de m’avoir lu.

  • Jyrille  

    Bravo JP pour la rapidité d’exécution de l’article et pour le condensé assez complet de ce film que j’ai enfin vu hier soir. Je te rejoins quasiment sur tous les points et j’avoue avoir pris pas mal de plaisir à voir ce film. Mais je suis moins enthousiaste pour plusieurs raisons (attention je vais SPOILER à mort), la plus prégnante étant que c’est tout de même le remake du premier opus. Tu cites Star Wars VII, j’ai eu exactement le même sentiment : il recycle le IV, ici on recycle l’histoire du premier sans finalement changer la trame générale. Des plans entiers sont repris, des personnages et même des acteurs et actrices des trois films reviennent sous différentes formes et on il coche toutes les cases de ce que Matrix est Matrix (j’ai beaucoup aimé la mise en abyme des concepteurs de jeux vidéos qui cherchent l’âme de Matrix : au final, tout ce qu’ils citent sera utilisé, y compris le message anticapitaliste et un peu écolo). Il est clairement expliqué pourquoi ce film existe : Warner le fera, avec ou sans toi, Wachowski. Pas bête la Lana, elle a bien eu raison de le faire elle-même.

    Donc on a tout : des types avec des lunettes noires dans des combats stylisés (même si en effet le manque de passages iconiques rend les scènes d’action moins marquantes) qui grimpent aux murs tout en mitraillant à tout va, des poursuites en moto, des discussions ineptes sur des programmes informatiques qui ressemblent à Neil Patrick Harris, une romance un peu nunuche entre les deux personnages principaux, une ville réelle qui n’a toujours pas de ciel, des combats de kung-fu bref on est dans Matrix, pas de doute possible. La présence même de Keanu Reeves et de Carrie-Ann Moss est du fan service. C’en est à tous les étages.

    Pour la meute, je ne vois pas la même chose que toi : pour moi c’est un hommage aux films de zombies qui ont fleuri depuis 2000. La scène du train au Japon, c’est clairement un hommage à DERNIER TRAIN POUR BUSAN.

    C’est là que je m’interroge sur la notion de fan. Toi-même JP n’est pas vraiment fan de Matrix, tu le dis toi-même : le 1 super, le 2 ok le 3 bon merci pour la fin. Et je pense que c’est la majorité des gens qui pensent ainsi. Si il y a des fans de la trilogie, ont-ils eu ce qu’ils attendaient ? A mon avis oui. Chaque film est différent du précédent, pourquoi celui-ci dérogerait ? Surtout que si on suit les Wacho depuis (je n’ai pas vu tous leurs films), on sait qu’elles cherchent toujours un fond, un thème sur le monde réel et la société dans laquelle nous vivons. Si il y a des saillies envers le monde hollywoodien, je pense que c’est avant tout pour leur propre expérience, pour l’obligation de faire ce Matrix sous peine de se le faire voler par un autre faiseur.

    Personnellement, j’ai surtout apprécié le début. Voir Neo entouré de goodies de son jeu vidéo, devant des écrans reprenant le vieux code iconique, c’est la meilleure idée du film. En fait j’ai même eu un espoir à un moment : toute la première trilogie était en fait un jeu, et le film allait continuer dans ce monde, et les joueurs, ceux qui vivent à Sion et se battent contre des robots volants, ce sont des gamers en VR, dans le code de Neo, et tout aurait été totalement inversé. J’aurais adoré ce retournement. Mais non, pour d’obscures raisons, contre sa volonté, on ramène Neo dans le monde réel. D’ailleurs je ne suis pas certain que les intentions soient claires : on ne sait pas grand chose de la situation entre hommes et machines, les humains ne semblent pas vraiment persécutés, et ils se font même potes avec les sentients. Pourquoi ce besoin d’aller chercher un Jésus déprimé ?

    L’autre bonne idée, qui éclaircit bien le propos, c’est la présence du psy. Il est bien plus convaincant que l’Architecte-Dieu-Dreud-Ozymandias dans sa bulle. Vraiment un beau boulot de Neil. Par contre, on a du mal à s’attacher à la nouvelle équipe (sauf Bugs) pour la plupart des acteurs de SENSE8.

    Enfin la scène post-générique est ridicule et inepte. La blague est mauvaise et déjà éculée et surtout, on y entend une contre-vérité : les hommes auront toujours besoins d »histoires. On a en a jamais autant eu.

    En conclusion, j’ai bien aimé, passé un bon moment, c’est un bon divertissement, mais à l’image de la reprise de RATM, (notons d’ailleurs cette fin identique entre le premier et le dernier opus), c’est beaucoup moins bien que le premier.

    • JP Nguyen  

      Ma foi, je retiens que tu as quand même passé un bon moment ! Et par les temps qui courent, c’est déjà pas si mal ! 😉

      • Jyrille  

        Ah mais clairement. D’ailleurs je suis assez client de Matrix en général malgré ses défauts : le cyberpunk, les programmes informatiques, ça me parle.

        Juste pour préciser : dans WALKING DEAD, on parle de horde, ici, c’est une meute.

        • Tornado  

          Avez-vous remarqué que la ville dans laquelle évolue Néo dans MATRIX RESSURECTIONS n’est plus Sidney comme dans la film de 1999, mais cette fois San Francisco ?
          Quant à la scène post-générique elle n’est pas inepte. C’est une caricature des scènes du MCU, qu’elle inverse en n’annonçant rien du tout… Personnellement j’ai éclaté de rire.

          • Bruce lit  

            C’est CATRIX c’est ça ?

          • Jyrille  

            Oui Bruce. J’ai trouvé ça pas drôle du tout, justement, comme une mauvaise blague du MCU. Navrant.

            Je n’avais pas vu pour les villes, Tornado, mais je n’avais jamais fait attention à ce détail non plus, je ne savais même pas que c’était Sydney dans la trilogie.

          • Bruce lit  

            Effectivement, c’est assez lourd. L’aspect vidéo gag VHS est assumé j’imagine. Peut-être que vu en salles après un film de deux heures ça fait son effet.

          • Jyrille  

            VHS ? Je n’ai pas vu ça dans le film mais oui pourquoi pas. En fait le film dure 2h30 et il y a clairement des passages un peu longs voire inutiles, mais cette scène bonus, elle invalide un peu tout ce qu’il y a avant, ça n’a strictement rien de subtil et manque de bol j’ai trouvé la blague hyper nulle. Si les scénaristes en avaient choisi une autre qui m’aurait fait rire, je pense que j’aurai applaudi.

          • Bruce lit  

            Alors, moi je trouve ça juste très long.

  • Kaori  

    Bon, alors je suis mitigée pour celui-là… Déjà il faut qu’on (re)voit la trilogie avec notre ado très impatient. Ensuite, comment dire… je n’aime pas cette façon d’attaquer un certain cinéma et ceux qui l’apprécient par l’intermédiaire d’un film. Quand je regarde un film, c’est d’abord l’histoire et ses personnages qui m’intéressent. Bien sûr que c’est encore mieux quand ça dénonce des choses. Mais des attaques sous couvert, je trouve ça bof.
    Après, je suppose que j’apprécierai certainement, je trouve ça juste un peu dommage. Mais ça me fait un drôle d’effet. Comme s’il fallait choisir un camp. Comme si on ne pouvait pas aimer MATRIX et les films du MCU.

    Au fait, sait-on pourquoi seule Lana Wachowski a voulu reprendre et conclure la saga ?

    • JP Nguyen  

      Pour les coulisses et pourquoi seule Lana est revenue, je ne sais pas.
      Je ne trouve pas que les attaques soient « sous couvert ». Je trouve qu’elles sont frontales et sans déguisement. « Brutally honest », je dirais. Warner Bros est même cité !
      Et ce ne sont pas les films du MCU qui sont attaqués mais le processus créatif des grosses prods en général, où l’histoire et les messages passent après le buzz et la coolitude,pour pondre l’épisode 23, qui sera surtout le prequel du 24, and so on…

    • Eddy Vanleffe  

      C’est la rançon de la gloire, le succès du MCU est trop énorme pour être bien vécu par tout le monde. Ridley Scott, Scorcese (des nains quoi! ) commencent à en avoir marre de ces téléfilms blindés aux CGI ….
      Comme Garth Ennis ne manque jamais de tacler les super héros parce qu’il n’y a que ça sur les étals des comics shop au détriment de la diversité de genre et des auteurs….
      comme les cuisiniers qui n’ont pas d’estime pour le mc do

      • Kaori  

        Tu peux t’en plaindre, mais j’ai du mal à apprécier les œuvres « exprès ». Pourtant j’ai beaucoup aimé la série THE BOYS. Sauf que je trouve que c’est davantage une critique de la société américaine, son puritanisme, ses idéologies religieuses à outrance, son capitalisme, que les super-héros (et ceux qui les aiment).

        Bref, on verra bien si j’apprécie quand je verrai ce film, mais du coup ça m’attire moins à cause de ça.

        • Kaori  

          (Le « tu peux t’en plaindre » était un « tu » général, pas « toi, Eddy » ^^; )

  • Tornado  

    Oui, le film n’est pas une charge contre le MCU en particulier mais contre le système hollywoodien du blockbuster et son cahier des charges en général. Cahier qui s’alourdit sans cesse. Jusqu’avant-hier, scénaristes et réalisateurs devaient cocher les cases « explosions », « baston », « blagues », « romance », « happy end », « effets spéciaux », « fan service », etc. Depuis hier, ils doivent cocher la case « woke » aussi.
    MATRIX RESURRECTIONS s’amuse à flinguer tout ça, jusque dans la scène post-générique qui se moque de celles du MCU mais pas seulement puisqu’il y en a aujourd’hui dans plein d’autres films (il y en a une, assez réussie, dans le dernier SOS FANTÔMES).
    Notons que MATRIX a été l’un des premiers à mettre du woke. Mais c’était bien fait. Naturel. On ne se demandait pas pourquoi Trinity était une femme et Morpheus un homme de couleur. C’était naturel. Pas comme dans Spiderman où la copine est métisse et le copain un asiatique obèse alors que tout le monde voit bien que c’est pour faire bienpensant. Idem pour le DRACULA de Moffat qui m’a gonflé la deuxième fois que je l’ai vu avec son Dracula bi, sa Mina black et son docteur indien. En faisant ça, on frôle le révisionnisme et on n’est pas loin de cette idée à la con de censurer le baiser du prince à la Belle au bois dormant parce qu’elle n’est pas consentante et qu’en 2020 c’est pas bien de montrer ça aux enfants et patati et patata. Enfin, voilà, quoi…
    Imaginons : CONAN LE BARBARE version 2025. Avec Virginie Efira dans le rôle de Conan, Muriel Robin dans le rôle de Tulsa Doom, Omar Si dans le rôle du père de Conan, Cyril Hanouna dans le rôle de la mère et Gad Elmaleh dans le rôle de Valeria. What else ?

      • Kaori  

        Et Flash Thompson ? Parce que bon, j’ai mis un certain temps à le reconnaître…

  • Tornado  

    Effectivement c’est bien lui. Je ne connais pas du tout ce personnage. Et je vois que c’est le copain de Miles Morales. Les adaptations de Spiderman deviennent donc schizophrènes. Ce n’est pas grave en soi. Et il joue très bien l’acteur de Ned Leeds qui ressemble à Ganke Lee. C’est juste le cahier des charges qui est pénible.
    En regardant l’affiche de la nouvelle adaptation du TOUR DU MONDE EN 80 JOURS (la série) je suis parti en courant. Un humoriste français black pour Passepartout et une femme pour Fix. Heu… Non. Je ne suis pas la cible. Ça ne me dérangeait pas quand j’étais gamin que ce soient un lion, un hamster et un chat (la série animée). Ça me dérange que ce soit un black et une femme non pas parce que ce sont un black et une femme contre qui je n’ai rien, mais que ce soit un black et une femme parce que c’est le cahier des charges…
    Du coup c’est factice. Du coup ça se voit que c’est factice. Et du coup ça passe pas.
    C’est super de mettre en avant les minorités. le problème c’est que si c’est fait sans intelligence, sans logique, le remède est pire que le mal parce que ça devient ridicule. Je ne suis pas certain que l’image des minorités soit forcément améliorée.
    Quand j’étais gamin j’adorais Bruce Lee et SAN KU KAÏ. Tous les acteurs étaient asiatiques et j’en avais rien à foutre. J’adorais Lando Calrissian qui était black et Leïa qui était une femme. J’étais déjà fan de James Brown et d’Henri Salvador. Et de LA CAGE AUX FOLLES.
    Pour autant je n’ai pas envie de voir Will Smith en James West dans LES MYSTERES DE L’OUEST ou Johnny Storm black dans les FF au cinéma. Et je n’ai pas envie non plus de voir un acteur blanc dans le rôle de SHAFT ou à la place de Bruce Lee. Maintenant si la majorité du public veut ça et que dans le prochain SEIGNEUR DES ANNEAUX Aragorn sera black et que Frodon sera une femme… Ben ce sera sans moi.

  • Jyrille  

    Je sors de SCREAM 5, enfin, le nouveau SCREAM en tout cas. Je vous préviens, je SPOILE à mort. Je suis très étonné qu’un nouveau Scream sorte, mais je ne devrais pas, Hollywood nous a habitués à refaire sans cesse les mêmes franchises, et je dois en louper plein d’ailleurs. Bon, on ne retrouve jamais la saveur du premier (le seul qui vaille le coup) mais il y a des choses intéressantes. Déjà, ça commence par un écran noir qui nous demande d’interagir, en VOST, et c’est marrant. Ensuite, en terme de méta-commentaire, ça va bien plus loin que les précédents, qui étaient des suites et où on écrivait et sortait un film sur le premier. Dans un salon où les personnages discutent du contenu même du film, on voit des affiches de Hitchcock et un des persos utilise un terme que je n’avais jamais entendu : requel. Un mix entre reboot et sequel, soit exactement la même chose que le dernier Matrix. En gros il refait le premier, avec des lieux emblématiques et une trame presque identique, mais avec de nouveaux persos et des anciens, qui valident, qui passent le flambeau, tandis que les nouveaux décortiquent tout ce qui ne doit pas être fait dans ce genre de film (ici, le slasher). La liste des règles qui change tout le temps, elle est à la fois suivie et non. C’est à la fois très lucide mais également artificiel, car ça nous sort complètement du film qui n’arrête pas de dire que ce n’est pas un film, tout en utilisant les passages obligés. En gros, il commente ce qu’il fait, comme si on suivait un fil de réseau social en le regardant, comme lorsqu’on commente l’Eurovision ou Miss France sur FB ou Insta ou Twitter. Ca n’a donc pas de réelle plus-value, ça perd sa substance et loupe le fait qu’on nous raconte une histoire. Or on ne veut que ça, voir une histoire, c’est tout, pas besoin de souligner que les rebondissements et les situations sont usées jusqu’à la corde. En se croyant malins, les scénaristes font du spectateur un témoin de leur propre incapacité à renouveler les genres. Autre chose : c’est beaucoup plus gore que d’habitude. Une scène est particulièrement tordue : un personnage regarde un slasher (un autre Scream je crois) dans lequel un personnage regarde lui-même un autre slasher, et chacun hurle à la télé « Regarde derrière toi ! » C’est une spirale sans fin. C’est Hollywood qui est bloqué dans sa propre inanité. Et c’est le sujet principal, comment faire renaître un intérêt sur des personnages qui n’ont plus rien à vivre, sur une suite à faire alors que le dernier film en date trahit l’esprit (c’est un des sujets discuté, le Stab 8 étant une trahison dans le film, avec un Ghostface qui ressemble à Jason) ? D’ailleurs, notez bien qu’il n’est pas nommé Scream 5, mais bien Scream. Pas besoin de le resituer, il veut remplacer le premier, ce qui est impossible puisqu’il ne cesse d’en parler.

    • Fletcher Arrowsmith  

      Premier Scream qui reste un monument. Je me le suis maté pour la nième fois lundi soir et cela fonctionne toujours autant. Une BO d’enfer, de l’hémoglobine et une mise en abime très subtile (et de jolies actrices Neve … Courtney….)

      • Jyrille  

        On est d’accord. Je les ai tous regardé cet automne, ils sont tous les quatre sur Netflix, or je n’avais vu ni le 3 ni le 4, alors que les deux premiers je ne les avais vus qu’une seule fois au ciné.

        • Eddy Vanleffe  

          ils sont sur Netflix?

          je pensais qu’ils étaient supprimés…

          • Fletcher Arrowsmith  

            en effet les films n’y sont plus. Tu as la série par contre.

    • Kaori  

      J’ai cru comprendre que la démarche était aussi de rendre hommage à Wes Craven…

      • Jyrille  

        En effet il est écrit POUR WES à la fin…

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