Le Diable Dépoussiéré (Grendel)

Encyclopegeek : Grendel

Une co-production de PRÉSENCE et JP NGUYEN

1ère publication le 4/02/19 – MAJ le 29/01/22

La simplicité du diable

La simplicité du diable©Darkhorse

Aujourd’hui, nous nous intéresserons à Grendel, création de Matt Wagner. Antihéros arborant un masque noir et blanc, le personnage a connu beaucoup d’incarnations.
Qui est Grendel ? Qu’est-ce que Grendel ? Pour tenter de répondre à ces questions, rejoignons un duo d’archiviste d’un genre particulier

Dans un futur très lointain, deux personnages affublés de masques aux grands yeux blancs, en costume vert ou rose, se retrouvent affectés à une tâche ingrate d’archivage. Ils se saluent au son d’un retentissant Vivat Grendel ! Leur visionnage du film Beowulf (celui de 1999, avec Christophe Lambert) se termine et ils restent un moment hébétés devant ce monument nanardesque.

Grendel Vert : Il fallait vraiment qu’on soit dévoué à notre mission pour se taper ce… truc !

Grendel Rose : Hé oui, Grendel est une créature mythique très ancienne, apparue dans le poème épique Beowulf. Il nous fallait nous confronter aux origines du mythe, et ce, sous toutes ses formes.

GV : Ah oui, mais là, va falloir que je me lave les yeux tellement c’était mauvais. Tu es sûr que les comics Grendel de ce… Matt Wagner feront l’affaire ?

GR : Pour commencer Matt Wagner fut le chroniqueur de l’histoire des premiers Grendel, et ce sur plusieurs siècles. C’est un peu notre père à tous ! Ensuite cette chronique, bien que sous forme de comics, était remarquable pour son époque : un criminel dans le premier rôle, un titre porté par plusieurs personnes successives, et un dessinateur différent par histoire, des chapitres se déroulant chacun à une époque différente, chacun relié par une thématique incarnée par le concept de Grendel. Dans le contexte de la manière de raconter les histoires en comics, c’était du jamais vu.

GV : Comment ? Moi qui pensais que c’était Mark Millar qui avait été un précurseur en donnant la vedette à un super-vilain inspiré de Batman avec son Nemesis !

GR : Je suis consterné par ton inculture ! Il faut vraiment que tu t’imprègnes de notre histoire ! Tu réaliseras alors en quoi la postérité du comics Grendel le rapproche bien plus de Batman que de son pâle ersatz Nemesis !

La beauté du diable

La beauté du diable©Darkhorse

GV : Moui, n’empêche que ça sent un peu la naphtaline, tout ça ! Regarde, les tous premiers datent de 1982 dans une anthologie appelée Comico Primer… Tiens d’ailleurs, l’éditeur « Comico », qui n’a existé que de 1982 à 1990. Tu parles d’un nom ! Comment les prendre au sérieux ? En plus, c’est délirant, la première aventure canonique de Grendel est parue par groupe de 4 pages en fin d’un autre comics appelé Mage. C’est vraiment une entrée par la petite porte. Pas terrible pour le prestige de notre dynastie, tout ça !

GR : Ah ces jeunes ! Ça ne comprend rien à ce qu’ils ont sous les yeux. Vas-y ! Cite m’en d’autres, des comics avec une mise en page en forme de vitrail à chaque page, et une narration exclusivement sous forme de cellules de texte. J’attends.

La logorrhée du diable

La logorrhée du diable©Darkhorse

GV : Justement, le vitrail, on a connu plus moderne et novateur… Et les cellules de texte, c’est un peu la solution de celui qui ne sait pas où placer les bulles… Même en passant outre la forme, le fond n’est pas folichon : un être à deux visages, écrivaillon le jour et criminel la nuit. Un banal génie du mal. Une sorte de Zorro qui serait passé du mauvais côté…

GR : Et bien voilà ! Tu mentionnes-là l’ancêtre commun de Grendel et de Batman et fait ainsi le lien entre ces deux illustres personnages ! Mais ce sont tous deux des individus en quête d’excellence et tu te fourvoies complètement en ravalant Hunter Rose au rang de plumitif ! La critique de l’époque ne tarissait pas d’éloges sur son œuvre littéraire !

L’authenticité de cette archive n’a pas pu être certifiée

L’authenticité de cette archive n’a pas pu être certifiée (C) AFP Bitch

GV : Mouais… tu en connais beaucoup, des 4ème de couverture qui disent : « Ce livre est une merde, ne le lisez pas, torchez-vous avec ? ». Et puis, son écriture ne devait pas être si fine que ça, ce Hunter Rose, si on regarde les clichés de scènes de crime, sa signature était assez grossière…

GR : Le premier Grendel du nom, enfin pour ce qui est de la dynastie dont nous faisons partie (pas le Grendel mythologique), était un jeune garçon précoce prénommé Eddie, un génie n’ayant pas usurpé ce titre. Ayant rapidement fait fortune, il fut accablé par cette maladie très française qui est l’Ennui. Plutôt que de s’exclamer « Madame Bovary, c’est moi ! », comme le premier venu, il a préféré s’adonner à une seconde vie, en devenant un redoutable parrain du crime, mais aussi un criminel flamboyant comme Fantômas, avec un costume, un masque, une arme d’un autre âge (une sorte de fourche) et un don pour le spectaculaire.

GV : Parce que tu penses qu’il y en a beaucoup qui se prennent pour Madame Bovary, toi ? Entre ça et ta référence à Fantomas, tu ne m’envoies pas vraiment du rêve… Et puis bon, super-balaise ou pas, Hunter Rose finit par y passer et… après sa mort, ça devient du grand n’importe quoi ! On saute d’une incarnation à l’autre dans une série qui a duré 40 épisodes, puis il y a eu des miniséries après, et puis Matt Wagner est parti, et en plus ces histoires ne sont pas toutes dans l’ordre chronologique. Et les titres n’ont aucune originalité, ils se sentent toujours obligés de caser le mot « Devil » dedans… Le diable sait pourquoi !

Grendels 1 à 6 : Hunter Rose, Christine Spar, Brian Li Sung, Eppy Thatcher, Orion, Prime

Grendels 1 à 6 : Hunter Rose, Christine Spar, Brian Li Sung, Eppy Thatcher, Orion, Prime©Darkhorse

GR : Ce chaos apparent fait aussi la richesse d’une série qui contient en fait une foultitude de mini-séries. Les arcs se démarquent tous les uns des autres et explorent des personnages et/ou contextes différents. Grendel est une série qui n’a pas choisi le confort de la répétition d’un schéma de base et qui n’a ni distillé ou dilué son intrigue pendant des dizaines d’épisodes. A l’inverse de, disons, Spawn, si on veut le comparer avec un autre comics indépendant.

Ça démarre avec l’histoire de ce fameux Eddie, qui se rebaptise Hunter Rose, pour mener une double-vie de jeune écrivain talentueux le jour et leader criminel la nuit. Mais il disparaît relativement rapidement et le reste de la série explore son héritage et le destin de ceux qui reprennent son masque et perpétuent sa légende, construisant ainsi une dynastie qui accédera, dans un futur lointain, à la domination mondiale.

GV : Heu, ce ne serait pas un peu mégalo, comme récit ? C’est vrai, quoi, ce cliché du type super-doué qui réussit tout et s’engage dans le crime par ennui c’est… comment dire… Enfin, comment peut-on s’attacher à ce personnage ? Et puis, la grandeur du mythe a quand même diminué avec les années, non ? Moi qui porte le masque, je n’ai pas non plus l’impression d’être si exceptionnel que ça !

Le découpage de page du diable

Le découpage de page du diable©Darkhorse

GR : Eddie / Hunter Rose était un véritable génie, un type qui réussissait tout ce qu’il entreprenait, atteignant à chaque fois le summum du potentiel de l’être humain pour le domaine dans lequel il s’était lancé. Même si tous les êtres humains naissent libres et égaux en droit, tous n’ont pas le même potentiel. Certains n’ont pas la lumière à tous les étages, comme un collègue de ma connaissance.

GV : OK mais c’est qui tous ces Grendel qui ont suivi Hunter Rose ?

GR : Après la mort tragique d’Hunter Rose, c’est Christine Spar, la fille de Stacy Palumbo (elle-même la fille adoptive d’Hunter Rose) qui décide d’écrire un livre sur son grand-père. Après que son fils ait été enlevé, elle découvre l’inefficacité de la police et décide d’enquêter par elle-même, en reprenant l’habit de Grendel et sa fourche. Elle ne possède pas les talents d’Hunter Rose, mais elle en a la pugnacité. Elle finit par se retrouver face à Argent (une sorte de lycanthrope en fauteuil roulant), l’ancien ennemi de Grendel. Après la mort de Christine Spar, c’est Brian Li Sung, le régisseur de la troupe de kabuki de Tujiro XIV qui s’inspire des méthodes de Grendel, avec un costume pitoyable cousu main, et un arc parce que la fourche a été cassée. Suivent alors plusieurs décennies d’incubation.

Christine Spar, par Pander Bros.

Christine Spar, par Pander Bros.©Darkhorse

GV : Un peu contre-intuitif, toute cette progression… J’aurais pensé que l’incubation précédait l’épidémie de scénarios bizarres et délirants…

GR : Épargne-moi ton mauvais esprit ! L’idée, c’est que Grendel se propage comme un virus, d’individu à individu, mais la qualité de ses hôtes a baissé à chaque fois. Les chroniques suivantes passent directement en 2350, alors que le dogme de la religion catholique a évolué, remplaçant le mot Diable, par le mot Grendel, et que le pape s’appelle Innocent XLII. Quelques années plus tard, le nouveau chef politique et militaire qui tente d’unifier les états du continent Nord-américain, utilise le nom de Grendel comme un grade, se faisant lui-même appeler Grendel-Khan, comme si la nation de Grendel était un concept vivant s’adaptant à chaque nouvelle phase de la civilisation.

GV : Ah ouais… carrément… Je n’avais pas compris qu’on portait le nom du diable incarné, sinon, j’aurais adopté un autre look… genre costard rouge et masque à cornes… Mais dis-moi, ton résumé express me colle un sacré doute… Ça allait vraiment quelque part, cette série ? Parce qu’on pourrait penser que le scénariste inventait tout au fur et à mesure, sans idée de base bien solide…

GR : D’après les déclarations de Matt Wagner, son plus grand chroniqueur, Grendel, c’est l’essence de l’agression, le principe actif qui pousse l’individu à s’en prendre à autrui. Hunter Rose a décidé de passer son ennui, en faisant plier les autres à sa volonté. Christine Spar a estimé que la seule solution pour retrouver son fils Anson était d’user de la force. Brian Li Sung a décidé de répondre au harcèlement du capitaine Wiggins, en s’en prenant physiquement à lui.

Un Grendel DIY (Do It Yourself), par Bernie Mireault

Un Grendel DIY (Do It Yourself), par Bernie Mireault©Darkhorse

GV : Tu parles d’agression, je dirais plutôt prédation. Dans Grendel, la raison du plus fort est souvent la meilleure. À travers les âges, les individus se parent des symboles du Grendel pour se donner l’illusion d’une force supérieure et tenter de les dominer. À vrai dire, si je suis rentré chez les Grendel, c’était parce que c’était eux les patrons. En d’autres temps, j’aurais pu intégrer les Sons of Batman… C’est vrai que raconter le règne du Mal dans des pages de comics, ça avait sûrement son petit côté subversif… pour autant, ça ne me semble pas vraiment révolutionnaire, ni particulièrement inspirant pour les éventuels lecteurs…

GR : Les lecteurs devaient y voir davantage, vu qu’ils sont toujours restés en nombre suffisant pour assurer une certaine pérennité à la série et ses suites…

GV : Ou alors, y’en a qui aiment souffrir…

GR : En fait, Matt Wagner souhaitait réaliser une série qui conserverait cette dimension de dessins atypiques pour les superhéros, tout en montrant la manière dont les individus sont impactés par le comportement agressif. Du coup, le lecteur a eu droit à une succession d’histoires centrées sur une incarnation de Grendel, avec une équipe artistique différente à chaque fois. À la fin, il a même mis à disposition de plusieurs créateurs l’univers qu’il avait ainsi développé. Ce sont les différentes miniséries regroupées sous l’appellation Grendel Tales. J’ai une affection toute particulière pour Brian Li Sung, individu ordinaire, sans aucune capacité physique particulière, encore moins stratégique. Il finit par être complètement détruit par ce virus, étant totalement inadapté à ce mode de confrontation physique. En plus, les dessins de Bernie Mirault sont totalement atypiques dans la production de comics, avec une sensibilité artisanale, en complète cohérence avec les capacités très empiriques (et très limitées) du personnage principal que l’on peut difficilement qualifier de héros, si ce n’est qu’il résiste comme il peut à une forme de harcèlement caractérisé.

Brian Li Sung, harcelé par l'agressivité de la vie urbaine

Brian Li Sung, harcelé par l’agressivité de la vie urbaine©Darkhorse

Les chroniques de Brian Li Sung présentent une complémentarité parfaite entre leur narration visuelle et le déroulement de l’intrigue. Cela ne diminue en rien les accomplissements des autres phases de Grendel, que ce soit les formes de récit, ou les approches graphiques. Je reste sous le choc de la vivacité énergétique des dessins des frères Pander (pour Devil’s Legacy), de l’état de surexcitation des planches de John K. Snyder III & Jay Geldhof (pour God and the Devil), ou des petites vignettes de Tim Sale (à contre-emploi dans Devil’s Reign).

GV : C’est bizarre, mais j’ai l’impression que pour toi, l’histoire de Grendel s’arrête avec le règne d’Orion Assante dans Devil’s Reign.

GR : C’est vrai que l’histoire de notre ordre prend de l’ampleur jusqu’au règne d’Orion Assante. Par la suite, les chroniques officielles se recentrent sur des individus dont le destin n’est pas national, comme le cyborg Grendel Prime.

GV : Ben dis-donc, justement, dans ces histoires annexes, les Grendel Tales, je sauverais bien les mini-séries écrites par Darko Macan et dessinées par Evin Biukovic. Ce sont des récits de guerre futuristes emprunts de fatalisme avec un graphisme moins expérimental que dans d’autres histoires de Grendel mais clair, net et efficace…

Sinon, il y a aussi Four Devils, One Hell, par James Robinson et Teddy Kristiansen, mais les jolies planches peintes n’ont pas totalement réussi à disperser en moi un certain sentiment de vacuité de l’intrigue…

Eppy Thatcher, par John K. Snyder III & Jay Geldhof

Eppy Thatcher, par John K. Snyder III & Jay Geldhof©Darkhorse

GR : Que penses-tu des rencontres de Grendel (Hunter Rose) avec d’autres individus costumés comme Batman.

GV : Ayant la lumière à tous les étages, et n’étant pas encore atteint de gâtisme précoce, je préfère te renvoyer à une autre étude très bien faite également documentée sur le site Bruce Lit.

GV : avec tout ça, tu n’as pas répondu à ma question !

GR : Hein, quoi !?!

GV : ? Une force pour le mal ? Une force pour le bien ? Parce que là, ça finit par ressembler à un concept bancal de scénariste qui ne sait pas quoi faire de sa série !

GR : Une série expérimentale, c’est sûr. Matt Wagner ne voulait pas se répéter, ne voulait pas faire des comics industriels de type DC ou Marvel, ne voulait pas de l’histoire sans fin d’un seul et unique personnage vivant toujours plus d’aventures, sans coup férir. Au départ, il n’y a pas de doute : Grendel est une force pour le mal. À la fin c’est une force domptée par les êtres humains, et mise au service de leur expansion, de leur civilisation. Par contre, ça ne dit pas si l’humanité est le cancer de la nature.

GV : Mais dis-moi, avec le temps, il n’a pas été gagné par la nostalgie, le Wagner ? Il est revenu sur la période Hunter Rose au moins à deux reprises, non ? Avec les mini « Behold the Devil » en 2010 ( ?) et le crossover Grendel vs The Shadow ? Est-ce qu’il n’a pas réalisé tardivement qu’une incarnation principale forte était préférable à un titre et un concept se transformant et se diluant au fil des transmissions ? Il est même revenu au modèle du héros fort et solitaire avec le Grendel Cyborg en fin de cycle.

GR : Sûrement. Mais aussi Matt Wagner s’est diversifié en travaillant pour DC Comics, sur d’autres individus habités par une idée fixe, comme Batman, Etrigan le démon, ou encore Dr. Mid-Nite. Il a également chroniqué les premières rencontres de la trinité DC. Puis il s’est fait une spécialité des proto-superhéros masqués, et de leur année de début : The Shadow, Green Hornet, et pour boucler la boucle, celui que tu as mentionné au début : Zorro. Récemment, il est revenu au dessin et à l’écriture pour terminer sa trilogie sur Kevin Matchstick, intitulée Mage. Au final, Grendel reste notre guide spirituel, une saga s’étalant sur plusieurs siècles, des visuels personnels s’émancipant des canons visuels des comics industriels, une réflexion sur l’agressivité et la pulsion d’imposer sa volonté, une formidable histoire spectaculaire sans équivalent sur plus d’un millénaire, et un parcours vers la maturité pour utiliser l’agressivité à des fins constructives. C’est à la fois une œuvre d’auteur (celle de Matt Wagner), et une œuvre participative, chaque artiste ayant apporté sa personnalité distincte. C’est aussi une raison de vivre, une force qui nous guide : I feel directed, I’m Grendel.

Grendel Prime, par Patrick McEown

Grendel Prime, par Patrick McEown©Darkhorse

Bibliographie Grendel

Grendel Omnibus volume 1: Hunter Rose – (1) Grendel: Devil by the Deed (dessins de Matt Wagner) ; (2) Grendel: Black, White, & Red, (3) Grendel: Red, White, & Black, (4) Grendel: Behold the Devil (dessins de Matt Wagner)

Grendel Omnibus volume 2: Devil Tales, Devil Child, Devil’s Legacy (dessins Arnold & Jacob Pander), The Devil Inside (dessins Bernie Mireault)

Grendel Omnibus volume 3: (1) Incubation years (dessins d’Hannibal King), (2) God and the Devil (dessins de John K. Snyder III & Jay Geldhof), (3) Devil’s Reign (dessins de Tim Sale)

Grendel Omnibus volume 4: (1) War Child (dessins de Patrick McEown), (2) Devil Quest (dessins de Matt Wagner), (3) Past Prime (roman de Greg Rucka)

Les omnibus du diable grendel

Les omnibus du diable grendel©Darkhorse

Grendel Tales Omnibus Volume 1

1. Devil Worship – Steven Seagle & Ho Che Anderson
2. Four Devils, One Hell – James Robinson & Teddy Kristiansen
3. The Devil’s Hammer – Rob Waldron
4. The Devil in Our Midst – Steven Seagle & Paul Grist
5. Devils and Deaths – Darko Macan & Edvin Biuković

Grendel Tales Omnibus Volume 2
1. Homecoming – Matt Wagner & Pat McEown
2. Devil’s choice – Darko Macan & Edvin Biuković
3. The Devil may care – Terry Laban & Peter Doherty
4. The Devil’s apprentice – Jefrey Lang & Steve Lieber

Le petit supplément de diable

Le petit supplément de diable©Darkhorse

21 comments

  • Matt  

    C’est toujours JP qui fait le rabat-joie qui n’aime rien dans ces team-up non ?^^
    Je suis curieux : ça reflète vraiment ce que tu penses JP, ou c’est pour le fun de la review ?

    Sinon connaissais pas du tout ce comics.
    Je connaissais Grendel de nom par le poème et…euh…les « films ».
    Et il y a un Grendel qui apparaît dans le jeu tiré de Fables The Wolf among us^^

    • JP Nguyen  

      La vérité se situe entre les deux. J’aime certaines histoires de ce perso mais je trouve le concept parfois agaçant ou poussif (en gros, Grendel il est ‘achement fort et ses adversaires sont des tanches ou des demeurés).
      Mais pour les besoins de l’article, je devais forcer le trait pour obtenir un dialogue animé.

      Fut un temps où Grendel constituait une référence du fort maigre rayon comics VF en librairie…

      • Présence  

        Dans le petit monde des comics, les années 1980 ont vu l’apparition de projets indépendants sortant du moule, avec des créateurs ayant un niveau professionnel et des idées originales. Grendel en est un bel exemple, Mage (toujours de Matt Wagner) en est un autre. Toujours publié par Comico, il est possible de cité Justice Machine, Elementals, Xavier LMancel leur a consacré plusieurs pages dans l’avant dernier numéro de Scarce. Comico publiait des séries sortant du moule comme Fish Police (de Steve Moncuse), The Maze agency (de Mike W. Barr & Adam Hughes), ou encore The Rocketeer de Dave Stevens.

        Un peu de temps après est apparu First Comics, avec là encore des séries sortant du moule : GrimJack (John Ostrander, Timothy Truman, Tom Mandrake, Flint Henry), American Flagg (Howard Chaykin), Badger (Mike Baron, Steven Butler), Jon Sable Freelance (Mike Grell), Whisper (Steven Grant, Norm Breyfogle, Spyder)…

        Avec le recul, ces séries ne sont pas juste devenues culte par un phénomène de nostalgie. Il y avait de créateurs de talent, avec une vision claire de leur œuvre.

    • Présence  

      Il m’arrive aussi de rajouter ponctuellement une remarque acerbe ou deux. Mais il est vrai que c’est Jean-Pascal qui donne insuffle le rythme pour le fun.

  • Eddy Vanleffe  

    J’ai deux tp de ce truc l’antique Four Devils, One hell publié par Panini à l’époque et qui m’a laissé un bon souvenir de comics indépendant barré, un truc à la Prédator du futur (je dis ça de mémoire) les planches en couleurs directes sont à la fois superbes et inabordables…
    et aussi l’un des deux Black, white et Red… c’est une anthologie graphiquement sublime mais j’ai pas tout compris…
    Une édition VF serait un bon truc à lire… une preuve du dynamisme caché des comics 90’s…

    • Présence  

      En VF, étaient parus Grendel : L’évangile du démon (l’histoire originelle par Matt Wagner) publié par Semic/Carabas, ainsi que Grendel : L’enfant du démon, publié par Semic, avec des dessins de Tim Sale.

      J’ignorais totalement que Four devils one Hell avait été traduit en VF.

  • Benjamin/Ben Wawe  

    Œuvre fleuve et puissante, Grendel intrigue et trouble, surtout. Bel article qui illustre sa richesse mais surtout son extrême diversité.

    • Présence  

      Merci pour le petit mot gentil.

      Ayant suivi la série en mensuel à l’époque (à partir de l’épisode 16, quand Matt Wagner était revenu dessiner 4 épisodes), c’était vraiment impressionnant de voir à quel point Matt Wagner s’émancipait du format mensuel DC & Marvel, pour réinventer son personnage à chaque nouvelle histoire.

      • Bruce lit  

        Je me suis toujours demandé de quoi il en retournait de cet espèce de mec au masque de Venom bien habillé et à la mise en scène ultra arty.
        Je suis désormais fixé et ne suis pas sûr de m’intéresser plus que ça à ces générations de Grendel surtout si seulement les deux premières itérations sont les plus intéressantes. Globalement mes goûts sont assez similaires à ceux de JP.
        Après j’avais bien aimé de Zorro de Wagner, donc pourquoi pas même si je reste très classique dans ce que j’attends d’une BD. Les cellules de texte, les romans photos, les poèmes, les chansons, les annexes, j’ai beaucoup de mal avec ça même si Sandman, Watchmen, SIP, From Hell, des comics que j’adore en regorgent.
        Pas une priorité donc, mais je dormirai moins idiot ce soir et j’apprécie toujours les teamups de la team.

        • Matt  

          Je comprends un peu ce ressenti même si je reconnais la valeur artistique de l’idée.
          Par exemple j’ai lu les mini histoires Marvel sur la légion des monstres publiées dans un 100% marvel. Et dedans il y a un récit sur the living mummy très « roman photo » avec cellules de textes et aucune bulle, pas de cases, juste des fresques qui racontent une histoire.
          Pour le coup ça colle très bien à l’ambiance et au trip égyptien…mais c’est pas très facile à lire (pour moi)
          Mais bon…j’aime tout de même ce genre d’expérimentations. En sachant que parfois j’aurais du mal.

  • Jyrille  

    J’avais oublié que Grendel était un nom dans un poème… Ce qui est marrant, c’est que j’ai relu la chro sur les Ultimates de Tornado et que Bruce, dans les commentaires, met la BO de BEOWULF comme titre du jour ! Je n’ai jamais vu ce film.

    Comme toujours l’article est impeccable et super clair. J’espère faire un team-up avec Présence un de ces quatre. J’ai souri plusieurs fois !

    Cette série m’intrigue toujours et vous me donnez très envie de m’acheter la VO, je ne pense pas que la VF soit prévue bientôt. Et puis les premiers scans sont splendides, je me souviens très bien que ce sont ces images postées par Présence sur FB il y a bien longtemps qui m’ont fait connaître ce personnage. Je ne retrouve pas du tout le trait du seul Matt Wagner que je connaisse, celui de BATMAN ET LES MONSTRES. Mais bon, cela fait 6 énormes tomes a priori…

    Big up pour le scan avec les textes laudateurs des auteurs réels ou fictifs !

    La BO : pas là, elle est pas là.

    • Présence  

      Il suffit de lire les tomes 1 à 3 pour avoir l’évolution du principe de Grendel, de Hunter Rose à son institution comme moteur de l’action à l’échelle de l’humanité.

      Belle mémoire : j’avais effectivement fait un cycle Grendel sur FB.

  • Tornado  

    Il y a quand même un bras cassé parmi les deux archivistes Grendel, non ? 😀

    Comme dit JP,, il fut effectivement un temps où l’on trouvait le 1° Grendel au maigre rayonnage comics VF dans les années 90…
    Il se trouve que j’ai souvent feuilleté ce livre, que j’ai toujours trouvé les planches magnifiques, mais que je l’ai toujours reposé parce que ce machin étrange avec ses cellules de texte me paraissait n’être ni un livre illustré, ni une BD, et que ça ne me faisait pas envie en définitive.
    C’est vrai qu’on peut apprécier la formule sur quelques pages de Watchmen, sur un seul épisode de LA LEGION DE MONSTRES (par Hickman, pour être précis), mais sur toute une série, c’est autre chose. Même après avoir lu les commentaires Amazon de Présence qui ne tarissaient pas d’éloge sur la chose, je me souviens avoir de nouveau feuilleté l’album persuadé de changer d’avis, mais à chaque fois le résultat est le même : Je repose dans le bac… 🙁

    • Matt  

      Pourtant tu es THE lecteur qui aimes les trucs comme Batwoman ou Promethea^^
      j’ai aussi aimé Batwoman, mais je ne pourrais pas lire uniquement des BD comme ça.

    • Présence  

      Expérimentation sur la forme narrative : ça faisait partie du défi que s’était posé Matt Wagner. La majorité de la série est raconté en bande dessiné traditionnelle. Il n’y a que la première histoire (Devil by the deed) qui soit sous la forme de vitraux avec du texte. Quand Matt Wagner est revenu au dessin le temps de 4 épisodes, il a fait un numéro avec 25 cases carrées de la même taille par page, et un autre avec que des cases verticales de la hauteur de la page.

    • JP Nguyen  

      Tornado, j’espère que tu ne t’es pas formalisé d’être cité dans les critiques du roman d’Hunter Rose !

      Merci à Présence d’avoir apporté toute sa connaissance approfondie de cette oeuvre, qui, quelque part, manquait un peu à l’appel de la section « comics » du blog.

      • Tornado  

        Au contraire, j’en ai été extrêmement flatté, et je me suis bien marré en prime. « Double statout » (comme dirait mon ami Juan Romano czucalescu) ! 😀

  • Nikolavitch  

    Les deux récits de Macan et Biukovic, Devils and Death et Devil’s Choice, sont deux petits bijoux.

    Le contexte de l’effondrement de l’empire Grendel leur permet de se servir de Grendel comme un prisme métaphorique pour parler de la guerre en Yougoslavie, alors en cours ( Dark Horse, en recevant les planches, envoie un mot paniqué : « c’est pas la guerre, chez vous ? vous voulez qu’on trouve à vous faire émigrer aux US ? » – réponse de Macan « non, pas de souci, vous en faites pas, c’est à au moins 60 bornes. »)

    La description des travers humains qui conduisent à la guerre et à sa perpétuation est redoutable de justesse et de finesse. Pour qui a connu la Yougoslavie, les personnages sont ancrés dans un réel très prosaïque, malgré le contexte de SF. Ils sont terriblement vrai.

    Devils and Death m’a fait chialer à cause de ça, j’ai aucune honte à le dire. Peu de comics ont jamais frappé aussi juste.

    • Présence  

      Merci beaucoup pour cette présentation et cette mise en contexte. Les 2 recueils des Grendel Tales sont dans une de mes piles et je lirai donc ces histoires avec un autre œil.

      C’est au moins à 60 bornes !?! – Je me souviens que dans ces années-là, j’étais incapable de me représenter comment ça pouvait être la guerre aussi proche de la France.

      • Nikolavitch  

        c’est une autre mentalité, les Balkans.

        lis aussi l’edito que Kordey/Kordej avait fait pour un de ses épisodes de Cable, où il mettait en parallèle 11 septembre et guerre en yougo. C’est fort.

  • Jyrille  

    Je me suis pris le tome 1 paru chez Urban ce jour.

Leave a reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *